DEUXIEME PARTIE : MICROFINANCE &
DEVELOPPEMENT
Cette deuxième partie analyse l'impact social,
économique et politique de la microfinance en République
Démocratique du Congo (troisième chapitre). L'impact de la
microfinance ainsi identifié, permettra enfin de proposer une politique
pouvant aider à réduire les inefficacités et les
imperfections de marché de crédit (chapitre quatrième) ;
c'est par là que la microfinance pourrait contribuer à la fois
à l'augmentation des revenus c'est à dire à stimuler la
croissance, et à la réduction de la pauvreté en
République Démocratique du Congo .
CHAP.III. L'ANALYSE DE L'IMPACT SOCIAL,
ECONOMIQUE ET POLITIQUE DE LA MICROFINANCE EN RDC
III. 1. L'IMPORTANCE DE L'ANALYSE.
L'analyse de l'impact des interventions en microfinance est
essentielle lorsque celles-ci ont pour objectif ultime la réduction de
la pauvreté comme cela est toujours le cas. Si les opérateurs de
la microfinance en République Démocratique du Congo ne font pas
l'effort d'identifier les personnes qu'ils cherchent à toucher par le
biais des services de la microfinance et de déterminer les incidences ou
les implications de ces services sur leurs vies, il devient difficile de
justifier la microfinance en tant qu'outil favorisant la réduction de la
pauvreté.
L'analyse de l'impact désigne au sens large, tout
processus visant à déterminer si une intervention a abouti au
résultat recherché. Si par exemple l'intervention concerne le
programme de vaccination et que le but recherché est la
prévention de la polio en République Démocratique du
Congo, l'analyse d'impact mettra l'accent sur le taux de prévalence de
la polio ; si elle démontre une baisse du taux de prévalence de
la maladie attribuable aux vaccinations, l'impact du programme pourra
être considéré comme positif. L'impact analysé doit
correspondre au résultat recherché.
En microfinance, la question serait de savoir si le micro
crédit, lorsqu'il est accordé, aide vraiment le
bénéficiaire à se dégager d'une situation de
pauvreté. Pour autant que nous le sachions cette question n'est pas
abordée dans la littérature empirique sur le micro crédit
en RDC, tout simplement par ce que nous manquons des données fiables.
En fait, il n'existe pas des données permettant de
suivre ceux qui, après avoir bénéficié d'un micro
crédit, n'en bénéficient plus. Cette interruption d'un
crédit peut avoir plusieurs explications : les
bénéficiaires peuvent y avoir mis fin parce qu'ils ne parvenaient
pas à respecter l'échéancier de remboursement ; ils
peuvent aussi ne pas avoir demandé le second crédit une fois le
premier remboursé parce qu'ils n'en voyaient pas l'intérêt,
ou encore la version positive de chose, le micro crédit leur a
réellement permis de développer leur activité au point de
pouvoir accéder au marché formel du crédit (ils ont
été en mesure de présenter des garanties).
Le micro crédit ne pourra éventuellement briser
le cercle vicieux de la pauvreté que dans le dernier cas de figure,
c'est à dire lorsqu'il conduit à une utilisation plus efficace
des ressources du ménage, globalement, à une forte croissance.
En attendant, nous sommes obligés de ne voir dans le
microcrédit qu'un mécanisme de redistribution potentiellement
puissant, notamment en raison de l'auto-selection qu'il provoque. Il devrait
être évalué en fonction de sa capacité réelle
à permettre la redistribution et à soulager les plus pauvres
même s'il ne suffit pas, à lui seul, à les sortir
durablement de la pauvreté.
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