0.2. INTERET ET CHOIX DU SUJET
Les pays en développement et d'une façon
générale les pays en retard ont lancé à la science
économique un défi dont l'urgence se mesure par l'importance de
la misère et par l'ampleur de la paupérisation qui les
tenaillent.
Nous considérons avec J.MAC GAFFEY3 et G. de
Villiers4 que, la microfinance a un contenu social diversifié
en ce qu'elle constitue un creuset de lutte de classes diverses ; il s'agit
essentiellement de lutte de masse populaire contre la
3 J. MAC GAFFEY,<<Entrepreneurs and
parasites>> the struggle for indigenous capitalism in Zaire, Ed.
Cambridge University press ,Cambridge 1987
4 G. DE VILLIERS, le pauvre, le hors-la loi, le
métis et la question de l'économie informelle en Afrique, in
cahier du CEDAF n°06 ;1992 ? P.6.
pauvreté, la faim et contre la classe dominante qui a
la main mise sur l'économie. La microfinance apparaît ainsi comme
une réponse populaire aux réalités du moment et une
adaptation aux réalités de l'environnement économique,
politique et social de la République Démocratique du Congo.
Il ne suffit pas de constater l'adaptation de la population
congolaise à ce qui leur arrive, il faut aussi et surtout essayer de
donner à cette dernière une finalité. Celle-ci est pour
nous la lutte contre la pauvreté. Par ailleurs, soulignons que la
microfinance est un mécanisme qui renferme plusieurs dimensions :
politique, économique, morale socioculturelle, technique, juridique,
psychologique, historique..., elle ne peut pas par conséquent être
étudiée de façon monodisciplinaire au risque de la
dénaturer par le caractère sectoriel d'une telle analyse ; comme
cela fût le cas avec le concept de développement dont on
considérait l'économie comme un milieu naturel d'étude. Un
tel risque peut facilement être transféré sur l'analyse de
microfinance du fait que celui-ci a son origine dans la théorie
économique du développement.
Cependant, cela fait plus de trente ans que le
microcrédit change la vie des gens et revitalise les communautés
du monde entier. Des microentrepreneurs ont utilisé des prêt d'un
montant aussi réduit que cent dollars américains pour se
transformer en commerce florissant et, en retour, pouvoir s'occuper de leurs
familles, ce qui permet de rendre solides et prospères les
économies locales.
Que ce soit pour un outil, une nouvelle machine, une
échoppe dans un magasin, des millions des congolais pauvres et des
personnes disposant d'un faible revenu ont profité d'un petit prêt
pour améliorer leur vie. Les populations pauvres ont prouvé sans
cesse qu'elles étaient capables de rembourser ces prêts à
temps. Mais le crédit n'est pas la seule solution, ces populations
peuvent avoir besoin d'autres services financiers de base tels que l'assurance,
une caisse d'épargne où l'on peut transférer de l'argent
à un parent qui vit au village.
Grâce à l'accès au crédit et cet
éventail d'outils financiers que l'on recouvre sous le terme de
microfinance, les ménages peuvent investir en suivant leurs propres
priorités : frais scolaires, soins de santé, nourritures,
logement...,au lieu de se concentrer sur la survie au jour le jour ; les
pauvres peuvent planifier l'avenir. Bien que la microfinance fonctionne foyer
par foyer en République Démocratique du Congo, les espoirs et les
opportunités qu'elle apporte se répercutent dans toute la
société.
En effet, l'intérêt de cette étude est de
permettre l'établissement du secteur financier ouvert et le renforcement
de l'esprit d'entreprise souvent étouffé, qui existe dans la
communauté congolaise pauvre. L'étude de la microfinance
permettra par la suite :
Premièrement, d'accroître la sensibilisation du
public congolais et sa compréhension du mécanisme du
microcrédit et du Microfinancement afin de contribuer à
l'atténuation de la pauvreté - un des objectifs de
développement du millénaire (O.M.D.) clés de
l'organisation de Nations Unies : « réduire de moitié d'ici
2015 la proportion de la population dont le revenu est inférieur
à un dollar par jour et par personne, et la proportion de la population
qui souffre de la faim 5 »
Deuxièmement, aider à développer les
stratégies pour intégrer pleinement le microcrédit au
système financier congolais.
Troisièmement, permettre aux organisations de
microcrédit et de microfinancement d'être efficaces dans l'offre
de crédit aux pauvres ; et attirer l'attention des donateurs et du
gouvernement congolais afin de soutenir ces organisations.
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