0. INTRODUCTION GENERALE
0.1. LA PROBLEMATIQUE
La faim mobilise les médias de plus en plus
fréquemment. Les organisations non gouvernementales occupent une place
importante dans l'actualité internationale consacrée à la
pauvreté. Pourquoi cet intérêt de la coopération
privée pour le développement ? L'intérêt que suscite
l'action non gouvernementale s'explique par la crise des Etats et la crise de
la coopération internationale.1
Par ailleurs, la crise que connaît le Congo aujourd'hui
sur le plan économique et social est sans précédent et
inimaginable, elle date d'il y a environ un quart de siècle, mais elle
s'est particulièrement amplifiée depuis les années 1990 au
point que d'aucuns la considère résistante à toute
thérapie. O.GAMELA N. ; fait observer qu'au Congo, l'ouverture
démocratique depuis 1990 revêt l'aspect d'un détonateur qui
a provoqué l'aggravation d'une crise dont les ingrédients sont en
place depuis deux décennies.2
Le libéralisme économique intégral
instauré pendant la deuxième République où
régné un régime sociopolitique à bases corruptives,
clientélistes et totalitaires, avait donné naissance à un
système économique considéré comme « un
ensemble de filières qui partent du sommet de la pyramide politique et
redescendent d'échelon en échelon des relations
personnalisées entre patrons et clients jusqu'à la base de la
pyramide nationale, dans un système d'échanges
personnalisés avec un rapport d'échange inégal de
supérieur à inférieur (...), le clientélisme
devenant un système de redistribution en cascade durant toute la
période ». Ce système est marqué par une rupture des
équilibres fondamentaux de la République Démocratique du
Congo.
La non prise en charge de la population par le secteur formel
comprenant l'Etat, les entreprises publiques et privées dans cette
République et les vaines revendications sociales dues à ce
désengagement du secteur formel ont engendré le
développement des stratégies de survie individuelles et
collectives. Ces stratégies de survie ont renforcé à leur
tour cette rupture des équilibres macroéconomiques à
travers une hyper expansion de la pauvreté de masse.
1H.ROUILLE D'ORFEUIL, <<coopérer
autrement>>cité par M. C . GUENEAU, dans <<l'Afrique
:les petits projets de développement sont-ils efficaces
?>>,Ed. Harmattan, Paris 1986 p. 13.
2 .O.GAMELA N. <<quelles politiques
économiques pour l'Etat zaïrois>>, Actes du IX° S.
scientifique, Kinshasa, Facultés catholiques de Kinshasa 1996, p. 15
.
La pauvreté a envahit, en effet, toutes les couches
sociales, le secteur bancaire est devenu individualisé et le
chèque ne constitue plus un médium des transactions. Les banques
publiques quant à elles entretiennent des relations obscures avec
l'Etat, ces relations sont généralement basées sur le
clientélisme et le népotisme. C'est pourquoi ces banques sont
sans véritable autonomie de gestion et sont dirigées par les
personnes nommées par favoritisme. Ce qui explique leur mégestion
et tendance actuelle à leur privatisation.
En effet, les entreprises publiques, les banques et
l'administration publique fonctionnent en République Démocratique
du Congo comme instruments par lesquels l'Etat exploite la population. Nous
nous demandons s'il pouvait en être autrement dès lors qu'au Congo
lors de la deuxième République et pendant la période de
transition d'après guerre d'agression, l'Etat a représenté
plutôt l'intérêt de la classe dominante et les composantes
que l'intérêt général.
Un comportement qui a plongé la masse populaire dans
une trappe à pauvreté et un cercle vicieux qui fait que,
lorsqu'on interroge un congolais sur la pauvreté il déclare
:<<je suis pauvre parce que je ne suis pas instruit ou je ne suis pas
instruit parce que je suis pauvre >> ;<<je suis pauvre parce que je
n'ai pas l'accès au crédit, je n'ai pas l'accès au
crédit parce que je suis pauvre.>> Voilà comment le pauvre
congolais est évincé par le système bancaire.
La désintégration des équilibres
économiques fondamentaux étant rattachée au
libéralisme économique et l'expansion du secteur informel
à la non prise en charge de la population déjà
paupérisée par le secteur financier formel. La crise que
connaît la République Démocratique du Congo a une cause
multiple. Si la microfinance revêt un aspect particulier dans le monde
entier, au Congo, il n'est pas sans intérêt de voir comment la
microfinance a fait irruption dans notre économie, car la situation
économique des pays du tiers monde est souvent tributaire de celle des
vielles économies, c'est à dire des systèmes
économiques des pays occidentaux.
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