III.4. INTERPRETATION DES RESULTATS
Les résultats de nos investigations attestent que les
couples du quartier Kindele sont informés ou ont une certaine
connaissance sur les méthodes de planification familiale. Mais le
problème réside au niveau de leur utilisation ou de leur
comportement vis-à-vis de ces méthodes en vue d'espacer ou de
limiter leurs naissances.
A ce sujet, un échantillon de 90 personnes dont 32
hommes et 58 femmes a été constitué d'une façon
aléatoire.
La majorité de nos enquêtés ont une
moyenne d'âge qui varie entre 25-35 ans, et cela s'explique par le fait
que ce sont les enquêtés de cet écart d'âge qui nous
avaient reçus et répondus chaleureusement.
Sur ce, 21% de nos enquêtés du sexe masculin
n'ont pas pu achever leurs études et ont reçu une formation
pratique dans un domaine bien déterminé et 7% seulement ont un
niveau universitaire ; 37% d'enquêtés du sexe féminin
ont un niveau primaire/secondaire et enfin, 8% sont des universitaires. Nous
comprenons que dans ce quartier, la scolarisation ou le niveau supérieur
ou inférieur d'études ne semble pas modifier de façon
significative les comportements et pratiques des hommes comme des femmes en
matière de fécondité. Tous sont confrontés au
problème des naissances nombreuses.
De ce fait, 16% des enquêtés du sexe masculin
sont du secteur informel et 8% sont des salariés des entreprises
privées ou publiques ; 39% des enquêtés du sexe
féminin sont des commerçantes et 11% sont des salariés des
entreprises privées et de l'Etat. Nous comprenons que bien au contraire,
la rationalité économique, critère de décision qui
devrait favoriser le déclin de la fécondité à
travers l'adoption de comportements favorables à une bonne pratique
contraceptive, semble être masquée, voire inhibée, par des
attitudes pronatalistes, surtout chez les hommes.
Par conséquent, 20% des enquêtés du sexe
masculin et 33% du sexe féminin ont au moins 2 enfants. Et 29% des
enquêtés du sexe masculin ainsi que 33% du sexe féminin ont
4 ou plus de personnes au ménage. Cela s'explique par le fait que ce
désir de familles nombreuses constitue une nouvelle stratégie des
populations face à la pauvreté, qui ne cesse de prendre des
proportions alarmantes dans ce quartier. Il traduit aussi, une manifestation de
l'adhésion de l'homme aux idéaux d'une famille élargie.
Ces comportements pronatalistes résultent
également des stratégies familiales pour la sauvegarde de la
tradition en ce sens que « l'enfant fait l'honneur de ses parents. C'est
par lui que l'homme devient père et la femme devient mère ; non
seulement père et mère, mais aussi et surtout père et
mère du clan». Cette situation fait que, même à des
âges élevés, on trouve des hommes avec des épouses
et des enfants très jeunes. Ajoutons à cela le manque d'une bonne
utilisation des certaines méthodes contraceptives.
Or, 16% des enquêtés du sexe masculin et 64% des
enquêtés du sexe féminin ont déjà entendu
parler de la planification familiale. Généralement les femmes en
ont entendu parler lors des consultations prénatales et
postnatales ; 16% seulement des hommes sur 36% en ont entendu parler
à la Télévision ou à la radio ou encore par
d'autres moyens. Cela s'explique par le fait que beaucoup d'hommes pensent que
la planification familiale avec ses méthodes n'est peut être
utilisée que chez les femmes ; or celles-ci est une affaire des
couples, donc, de l'homme et de la femme.
La plupart des nos enquêtés de deux sexes
confondus connaissent au moins une méthode contraceptive et l'utilisent
aussi. La plus connue est le préservatif avec 19% pour le sexe masculin
et 32% du sexe féminin. Cela s'explique par leur présence sur le
marché Congolais ; les spots publicitaires
télévisés sur ce produit semblent atteindre la population
de ce quartier.
Enfin, 26% sur 32 enquêtés du sexe masculin et
34% du sexe féminin n'utilisent que les méthodes contraceptives
dites naturelles. Nous comprenons par là pourquoi les couples de ce
quartier ont plusieurs enfants et pourquoi ils n'arrivent pas à bien
espacer leur naissance. Car, les méthodes naturelles sont moins
efficaces. Par ailleurs, les préservatifs sont utilisés chez les
hommes pour des relations clandestines et pas nécessairement pour les
besoins de planification familiale.
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