CONCLUSION GENERALE
Au terme de notre travail intitulé :
« la jouissance du droit de l'homme à la santé des
patients : approche psychosociologique des médecins des Cliniques
Universitaires de Kinshasa, entre 2005 - 2010 », le problème
crucial soulevé dans cette étude tourne autour d'un constat
actuel des inégalités d'accès aux traitements
médicaux à travers le monde et, en Afrique spécialement en
RDC particulièrement. A ce titre, il constitue un véritable
fléau socio - économique et culturel pour les CUK à l'aune
de la mondialisation.
De même, une telle problématique ouvre des
perspectives de recherche et des approches nouvelles en vue de mieux comprendre
le phénomène et en assurer la réalisation effective par l'
intégration des droits de l'homme à la santé.
Notre question de recherche était de savoir quelle est
l'influence de l'état de santé mentale des médecins sur la
jouissance du droit fondamental à la santé des patients aux CUK,
entre 2005 - 2010 ?
Cette interrogation était formulée dans le but
d'expliquer les concepts en corrélation et de vérifier
qualitativement l'étendue de celle - ci.
A cette question principale, nous avons émis
l'hypothèse fondamentale selon laquelle, il existe une
corrélation entre l'état de santé mentale des
médecins et l'état de jouissance du droit de l'homme à la
santé des patients aux CUK, entre 2005 - 2010.
En effet, nous pensons que l'état
psychologique (mentale) des médecins dans cette institution
hospitalière, succède à une situation de privation durable
de satisfaction des besoins fondamentaux qui déterminent des attitudes
agressives et de violations flagrantes des droits des patients.
Aussi, si les patients ne jouissent pas suffisamment du droit
spécial à la santé, c'est parce que :
ü Le travail des médecins se déroule dans
un cadre des structures contradictoires et/ou des conflits
identitaires ;
ü Les facteurs importants de risque aux stress et des
désordres psycho émotionnels génèrent des crises
identitaires ; celles - ci possèdent un impact sur la santé
mentale, à savoir : la perception, la communication et la
jouissance des droits de l'homme comme droit inaliénable.
Notre objectif général était de
contribuer à la protection, la promotion des droits de l'homme et ceci
pour la jouissance effective du droit fondamental à la santé dans
les formations de santé publique en RDC.
Sur le terrain de recherche aux CUK, nous avons ciblé
les objectifs spécifiques visant d'abord à examiner
l'étendue de la corrélation entre l'état de bien -
être mental des médecins aux CUK et l'état de jouissance du
droit élémentaire à la santé des patients ;
ensuite, à identifier les facteurs psychosociaux
faisant obstacle à la jouissance du droit spécial à la
santé des patients ; enfin à formuler des solutions
appropriées pour la promotion et la protection de la jouissance du droit
élémentaire à la santé aux CUK.
Pour atteindre ces objectifs visant à assurer la
réalisation effective du droit à la santé et,
prétendre répondre à notre questionnement de recherche,
nous avons utilisé la méthode systémique dans une approche
dialectique et descriptive ; en plus nous avons eu recours à la
méthode clinique en psychologie. Ces méthodes ont permis
d'appréhender les contingences, des liens des différents
systèmes en interactions et ce, à partir d'une description des
concepts « santé mentale » et
« jouissance du droit à la santé » en tant
que phénomènes psychosociaux.
Aussi, par l'observation naturaliste des systèmes, nous
avons dégagé suffisamment des contradictions, à
savoir : la thèse concernant la protection du droit à la
santé, l'antithèse des inégalités d'accès
aux soins comme violation et, enfin la synthèse comme l'émergence
de la jouissance du droit de l'homme à la santé des patients, du
respect des principes des droits et libertés fondamentaux, telle une
base de cette corrélation, en vue de la jouissance réelle du
droit à la santé des patients.
La deuxième démarche clinique a permis une
observation naturaliste des sujets (médecins) dans leur
singularité en vue d'émettre les significations de leurs actes de
violations du droit à la santé des patients.
Nous avons utilisé les techniques suivantes pour
procéder à la récolte des informations qualitatives
recherchées auprès des médecins aux CUK, à
savoir :
ü Entretien semi directif avec un guide
d'entretien ;
ü Observation participative ;
ü Analyse de contenu des résultats et
données statistiques ;
ü Documentaire (documents écrits et oraux, le
verbal et le non verbal).
Il est évident que le recours à la technique des
tests psychologiques a été bénéfique en vue de
compléter les données issues de l'observation et de l'entretien
clinique auprès des médecins.
Après la présentation,
l'analyse et l'interprétation des résultats qui sont issus des
données qualitatives et, recueillies auprès des 120
médecins représentant notre échantillon de convenance
(occasionnel), tiré de la population de 519 médecins des CUK.
Notre échantillon représente cette population cible à 23
%. L'étude montre qu'il existe une relation entre l'état de
santé mentale des médecins et l'état de jouissance du
droit élémentaire à la santé des patients aux CUK,
entre 2005 - 2010.
Il convient de noter que, les facteurs
psychosociaux de risque aux stress sont importants chez les médecins qui
courent le risque supérieur à 50 % d'attraper un trouble mental
ou physique. L'anxiété et la dépression sont
évaluées à plus de 50 % d'importance et, une chance sur
deux d'avoir des troubles déjà importants et en évolution.
La réaction à la frustration et le psycho traumatisme sont deux
cas rares chez les médecins aux CUK, entre 2005 - 2010.
L'étude montre enfin qu'il existe un creuset entre les
deux concepts (droit et santé mentale) et la jouissance du droit
à la santé des patients comme une réalisation pratique de
l'accès aux soins médicaux, sans discrimination ni
inégalité ; ce qui soulève le paradoxe de
capacité de jouissance/ capacité d'exercice du droit fondamental,
dans un contexte des conditions aliénantes et aliénées.
A ce titre, nous pensons que pour pouvoir accéder
pleinement avec égalité des libertés au droit à la
santé, la satisfaction aux besoins fondamentaux est essentielle. Et ce,
à travers une approche sociologique et psychologique de motivation des
besoins de l'homme selon Abraham Maslow (1908 - 1970) ; de même, une
approche médicale de 14 besoins fondamentaux de l'être humain
selon Virginia Henderson (1897 - 1996) et/ou une approche philosophique
pragmatique des besoins de l'homme d'être utile, besoins de
l'éternité selon Jean Marc Damien (2009).
Dans le même ordre d' idées, c'est justement de
l'idée de l'universalité comme fondatrice des droits humains, ou
de la pensée de l'homme que prend naissance le concept
d'égalité et de protection des libertés de toute
l'humanité au monde (R. Bruyer, René Cassin, Marc Agi, op. cit).
Lorsque les besoins fondamentaux sont perturbés, il apparaît un
trouble de l'état de santé mentale et du comportement de la
défense des droits de l'homme et du droit spécial à la
santé des patients. L'inconséquence de cette corrélation
dans les institutions en générale et aux CUK en particulier
constitue l'obstacle à la jouissance des droits des patients aux CUK.
C'est ainsi que, Murray et Lopez (op. cit.) confirment que l'état de
santé mentale actuellement constitue la première cause
d'incapacité au monde et que les prévisions donnent la proportion
de 15 % en 2020, selon l'OMS (2001).
En dehors des droits et libertés fondamentaux comme
base de référence selon l'OMS (1991), les droits fondamentaux des
patients entre autres, le droit au soulagement de douleur, à
l'information et consentement libre et éclairé, droit à
l'accès à son dossier médical, à l'aide pour
victime d'accidents médicaux et aléas thérapeutiques des
médecins, droit de participation à la recherche
biomédicale (bioéthique), à la dignité, au non
discrimination dans l'accès aux soins, au respect de la vie
privée, droit au secret médical des informations le concernant,
droit au travail, à l'assurance maladie à l'invalidité et
droit au quotidien méritent tous la protection et la promotion sans
inégalité ; tout ceci partir d'une approche nouvelle bien
élaborée.
En cas des violations de ces droits humains des patients, les
règles de droit commun doivent s'appliquer et ce, sous forme des
contraintes légitimes en vue d'assurer la jouissance effective des
droits des personnes vulnérables (patients).
C' est pourquoi, l'ONU (1978) recommande une
recherche d'approches nouvelles par une analyse globale des méthodes et
moyens qui s'offrent au sein du système de l'ONU, pour mieux assurer et
réaliser la jouissance effective. Le développement
socioéconomique et culturel assure les progrès durables dans la
voie d'application de tous les droits de l'homme et du droit spécial
à la santé pour tous.
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