1.3.5. Contribution de la
psychosociologie à la jouissance du droit à la santé
Lorsque la psychologie aide à la compréhension
de la personne (individu) en le replaçant dans son milieu familial et
sociétaire, la sociologie à son tour rend compte des faits
sociaux en les faisant sortir du jeu de « libido »
(énergie psychique) des instincts, besoin et des désirs de la
personnalité.
L'homme possède deux tendances ou
instincts de mort (thanatos) et de vie (éros), l'une est antisociale et
destructive tandis que l'autre sociale et vitale. De ce fait, la perspective
psychanalytique montre qu'au moment où le peuple perd son
autodétermination ou la « connaissance de
soi», la censure et la conscience réfléchissante
lassent et les pressions inconscientes du tréfonds émergent et
commandent les conduites de violations et de corruption, en tant que l'abus des
pouvoirs et profits des avantages indus de manière narcissique.
Pour S. Freud (1966), la psychologie sociale est la
constellation familiale dans laquelle se développent et se forment des
expériences de vie relationnelle, où autrui exerce l'influence
sur l'enfant. Ainsi, la dialectique entre les disciplines sociales, biologiques
et psychologiques est très féconde, pour la compréhension
du comportement humain en situation personnelle et en interaction sociale.
Selon Roger Bastide (1970), la sociologie de Durkheim, de M.
Mauss et de G. Gurvitch englobe l'anthropologie culturelle et l'ethnologie,
dans une perspective phylogénétique et ontologique de
l'anthropologie psychanalytique. Cette sociologie fut encore, disait Georges
Devereux :
« La forêt qui cache les
arbres » quant à la recherche d'un langage commun par la
structurologie.
Toutefois, les faits sociaux peuvent s'expliquer par les faits
d'ordre psychologique tels qu'instincts, désirs, besoins,
intérêts individuels. Les sentiments et intérêts
sociaux sont conscients tandis que les tréfonds psychologiques de
l'individu sont inconscients. Par sa conscience collective, la
société joue le rôle de censure, c'est le Surmoi ou la
conscience morale des lois et des interdits sociaux (sentiment,
intérêts, raison) tandis que l'individu à son tour, par sa
nature biologique d'instincts et des pulsions inconscientes (besoins,
instincts, désirs), réagit aux situations sociales.
La perception permet la prise de conscience de soi par le
sujet et de son milieu social ou physique.
Ce faisant, l'approche psychosociologique
permet de comprendre l'individu à travers la société et
d'expliquer les phénomènes collectifs à travers les
personnalités et leurs jeux pulsionnels (sentiments, émotion,
passion). Ce sont les attitudes conscientes et inconscientes des individus qui
déterminent leur comportement de communication sociale favorable ou non
et, que les droits humains doivent protéger et promouvoir.
Lorsque S. Freud pense que la
« censure » du
« moi » est créatrice que de façon
indirecte, à travers la sublimation, le déplacement et la
déformation du circuit naturel des énergies psychiques (pulsions
sexuelles) ; par contre, E. Durkheim démontre que la
« contrainte sociale » est créatrice car,
l'homme social est l'ensemble de représentations collectives
imposées par le groupe comme « l'âme
sociale ». Au total, nous pensons que l'individualité
(personnalité) existe par une lutte des instances dynamiques psychiques
tandis que la société existe par la coopération
psychosociale et/ou la communication des individus dans leur groupe.
C' est pourquoi, la dialectique matérielle selon Marx
ou celle dite rationnelle selon Hegel, s'appuient sur le primat psychologique
subjectivant et sur le primat sociologique objectivant dont leur produit
commun est le complexe de « plaisir -
réalité » ou « pulsion psychique -
institution sociale ». Il est un espace déterminant pour
la jouissance effective et l'exercice du droit à la santé des
personnes humaines.
Selon Jones (1925, p .13 ; cité par R.
Bastide, op. cit.), le principe de plaisir exprime toujours le principe de la
réalité, sous forme de l'humeur ou énergie psychique alors
que la sublimation de transformation est la perception du sens de la
réalité sociale et physique extérieure, elle s'effectue en
accord avec les exigences sociales et des idéaux conscients. Elle
représente un gain important pour le progrès de la civilisation
et de la culture, elle se traduit par la mise en liberté d'une certaine
quantité d'énergie utilisable pour le travail social et, la
satisfaction des besoins de la société en créant un monde
ou « espace des valeurs ». La
société a un rôle de censure, d'inhibition, de
contrôle et de contrainte sociale.
C' est pourquoi la sublimation, comme mécanisme, permet
d'écouler, canaliser les forces psychiques vers les buts sociaux
(socialisation) et ce, au moyen de l'éducation (formation -
information). Autrement dit, le conditionnement social des pulsions
individuelles ou collectives serait voué à la barbarie des
civilisations humaines.
Pour Sona Ba' Basawon Ignace (2006), la
compréhension de l'autre s'appuie sur la compréhension et la
conscience de « soi». C'est pourquoi, la psychologie du
professionnel de santé, ainsi que ses motivations conscientes et
inconscientes de l' activité médicale exigent une investigation
scientifique, en vue de la défense réelle des droits humains des
patients en milieu hospitalier ; surtout que les médecins ont pour
métier les contacts humains d' une valeur éthique et personnelle
importante, du fait que le psychologique et le somatique s'y trouvent
étroitement interdépendants.
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