PARAGRAPHE II : UNE NECESSAIRE OUVERTURE POUR
L'ACCES AUX INSTITUTIONS DE LA REPUBLIQUE.
En 1989, quand le Général Omar AL Béchir
accédait au pouvoir à la suite d'un coup d'Etat organisé
sans effusion de sang, il avait promus trois choses : l'instauration d'un
système fédéral, l'application de la charia sur la partie
nord du territoire et la démocratie populaire participative. Cependant
ces réformes ayant effectivement eu un début d'application sont
presque totalement tombées en désuétudes. Aujourd'hui de
nouvelles réformes s'imposent pour prendre en comptes les données
fondamentales du pays. Parmi celles-ci la participation aux instances de
décisions (A) et l'autonomie des régions
(B) qui constituent les sources principales des conflits au
Soudan.
A / Une participation populaire aux instances de
décision.
En 1989, le régime soudanais qui venait
d'accéder au pouvoir, avait exprimé son intention d'organiser une
conférence nationale. Celle-ci devait se faire en remontant à la
base : le peuple s'exprimant dans des conférences populaires, qui ont un
rôle politique, prenant des décisions. Ces conférences
étaient ouvertes à tous, au niveau du quartier, du village, du
campement ; le débat y était libre, sur tous les
problèmes, y compris sur la politique générale de l'Etat,
sur les affaires politico- administratives locales96.
Conformément au calendrier établi, la
conférence nationale a été élue le premier
trimestre 1995, le Parlement national en mars 1996 et le président de la
République, au suffrage universel fin 1996, le général
Omar Al Bachir. Cependant cette conférence nationale n'aura permis
qu'organiser ces élections. En effet comme le souligne Marc Lavergne
« ce schéma fort complexe, qui vise pourtant à redonner
la voix au peuple, n'a pas eu le succès escompté
»97. Car dans un pays ou prédomine largement
l'illettrisme, mais où la conscience
96 M Lavergne, Le nouveau système soudanais
ou la démocratie en trompe- l'oeil, op. Cit.
97 M Lavergne, Le nouveau système soudanais
ou la démocratie en trompe- l'oeil, op. , cit.
politique et ou l'attachement à des notables
confrériques sont très anciens, ce projet conçu par des
hommes « modernes » comme Hassan Al Tourabi formés dans des
universités occidentales, avait peu de chance de fonctionner
correctement. En outre le succès d'une conférence nationale en
Afrique dépend en grande partie de la détermination de la
population si l'on se fie aux propos de l'auteur camerounais Fabien Eboussi
Boulaga qui nous montre comment le facteur peuple a été
déterminent dans l'exemple béninois. En effet selon ce dernier
« le principal acteur du miracle béninois, c'est le peuple.
Derrière ce mot, se profilent d'abord ces masses qui descendent dans la
rue pour manifester leur insatisfaction, les grévistes qui affrontent
les forces de répression, la foule de Porto- Novo qui arrache les
effigies de Kérékou et les piétinent, la rage au
coeur98 ». Ainsi on dira que l'échec de l'exemple
soudanais résiderait à ce manque de déterminisme de la
part du peuple.
Aujourd'hui ce dont le Soudan a besoin c'est d'actualiser ce
système pour deux raisons essentielles.
La première tient au fait que la plupart des mouvements
qui se sont crées au Soudan ont fait la réclamation d'une
participation à la gestion des affaires de l'Etat. En effet, que ce soit
la SPLA ou l'ALS ou encore le MJE, tous ces mouvements ont pour principale
revendication le partage du pouvoir. Et ce partage pourrait se réaliser
à travers la réadaptation du système soudanais aux
circonstances actuelles du pays. C'est-à-dire non seulement revoir la
méthode de désignation des membres des exécutifs locaux
(nommés par le président de la République), le mode
d'élection des parlements (un reliquat des députés est
nommé directement par le chef de l'Etat notamment 6
députés dans une assemblée de 60) mais aussi revoir le
mandat des députés locaux (deux ans à partir de la
première séance mais qui peut être étendue de la
même durée par un simple décret présidentiel).
98 F Eboussi- Boulaga, Les conférences
nationales en Afrique : une affaire à suivre, Paris Karthala, 1993,
pp. 33- 34
La deuxième raison réside à
l'inefficacité du système. En effet malgré les efforts des
autorités du régime de 1989 d'instaurer une démocratie
populaire participative, « il règne toujours un climat de
méfiance des administrés à l'égard des cadres de
l'Etat »99. Tout ceci s'explique par le fait que dans la
pratique le système ne se retrouve plus et le pouvoir en place doit le
revoir car le Soudan ressemble plutôt à un Etat
déconcentré qu'un Etat fédéral. Cependant le
succès du « nouveau système soudanais » doit passer par
une autonomie pousser des régions qui ont été
créées par le régime du général Al-
Bachir.
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