SECTION II : LES INSUFFISANCES DE LA MUAS.
La MUAS est la Mission de l'Union Africaine au Soudan ou
encore African Union Mission in Sudan (AMIS II). Elle a été mise
en oeuvre après l'échec de la Mission d'Observation. A la
différence de la première mission celle-ci est une mission
d'opération de maintien de la paix dont le processus de mise en place a
été approuvé par le CPS lors de la 17ème
réunion tenue le 20 octobre 2004 et entériné
ultérieurement par le Conseil de Sécurité des Nations
Unies. Cette opération a la lourde tâche :
- de désarmer et de neutraliser les milices janjawids,
- de protéger la population civile,
- de faciliter l'acheminement de l'assistance
humanitaire54.
Cependant cette Mission n'a pu remplir correctement son mandat
à cause d'un manque criard de ressources (paragraphe I)
et des limites énormes dont elle souffre (paragraphe
II).
PARAGRAPHE I : L'INSUFFISANCE DES RESSOURCES.
Les difficultés que rencontre la MUAS au Darfour sont
en grande partie dues à sa carence en ressources financières
(A) d'une part et d'autre part à son personnel
militaire très insignifiant par rapport à la grandeur de la
mission (B). Ces difficultés ont poussé
aujourd'hui à la MUAS à solliciter le soutien de la
communauté internationale.
54 CF. Opérations de Paix, Muas.... Ibid
A / L'insuffisance des ressources
financières.
Le constat des observateurs est unanime. Il a toujours
existé un décalage entre les tâches confiées aux
missions de paix des organisations africaines de façon
générale et les moyens financiers mis en leur disposition.
Cependant avec la naissance de l'U.A, une organisation qui s'est dotée
d'institutions financières propres55 notamment de la Banque
centrale africaine, du Fond monétaire africain et de la Banque africaine
d'investissement, l'on pensait que ce problème serait un vieux souvenir.
En outre la difficulté majeure que rencontre la MUAS au Darfour illustre
que le problème de financement des missions africaines de paix est
toujours présent.
Pourtant l'expérience de l'ancienne OUA sur ce domaine
aurait du permettre à l'U.A de trouver une solution à cet
obstacle qui handicape souvent les opérations de paix des organisations
africaine. En effet ce problème de financement apparut très
tôt avec la première opération de maintien de la paix
créée par l'OUA pour restaurer l'ordre au Tchad entre 1979 et
1982. Cependant cette mission n'est pas parvenue à faire cesser la
guerre civile et l'opération s'était avérée
très coüteuse pour le Nigeria. Depuis l'organisation de
l'unité africaine se limitait à des groupes d'observateurs, comme
se fut le cas au Burundi avec la MIPROBU, au Rwanda56
également. Cette volonté de l'OUA « d'éviter des
opérations de maintien de la paix complexes et onéreuses »
et de se cantonner à des opérations d'observation et de
vérification a permis selon Anne Sophie Millet-Devalle à l'OUA
« de jouer un rôle marginal dans les conflits africains
»57.
La première opération de maintien de la paix sous
l'ère de L'U.A démontre que le financement des missions de
paix des organisations africaines n'est pas un
55 CF. Acte Constitutif de l'U.A, article 19
intitulé les institutions financières.
56 CF. A. S Millet-Devalle, L'évolution des
opérations de maintien de la paix en Afrique, Revue Arès, no 50,
Volume XX, Fascicule 1 janvier 2003 pp 11 et s
57 CF. A S Millet --Devalle,
L'évolution.....ibid.
obstacle facile à surmonter. En effet la MUAS souffre
aujourd'hui d'énorme limites financières au Darfour comme en
illustrent ces deux faits :
D'abord l'aveu fait par l'Union africaine d'être
incapable de résoudre seule la crise. En effet le 12 janvier 2006 le CPS
avait pris la décision de principe de transférer la MUAS aux
Nations Unies, compte tenu des limites objectives, liées au manque de
ressources financières, pour une opération qui coûte
près de 23 millions de dollars américains par mois.
Ensuite la Conférence d'appel de fonds pour la
mobilisation des ressources nécessaires au maintien et au renforcement
de la MUAS, tenue à Bruxelles, le 18 juillet 2006. En effet lors de
cette conférence l'Union africaine avait exprimé une
requête de 440 millions de dollars américains, sous forme de
soutien logistique et financier. Bien que cette demande ait obtenu une
réponse favorable de la part de seize Etats, pour un montant global de
près de 200 millions de dollars américains, l'on constate que la
somme dégagée ne répond pas à toutes les attentes
de la MUAS.
Par ailleurs ces limites financières ont eu pour
conséquences de paralyser les activités de la MUAS. En effet
cette dernière n'a pu empêcher les attaques contre elle-même
et contre les populations civiles. Elle n'a pas pu non plus faire face aux
nombreux problèmes croissants au Darfour. Ces difficultés de la
MAUS au Darfour ont également comme motif l'insuffisance du personnel
militaire déployé sur le terrain.
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