CHAPTRE II :
LES OBSTACLES
INTERNES A L'UA
Depuis sa première mission de maintien de la paix au
Tchad qui se situe entre 1979 et 1982 en passant par les missions d'observation
organisées au Rwanda en 1991 avec le Groupe neutre d'observateurs
militaires (GNOM), au Burundi avec l'envoie de la Mission pour la protection et
le rétablissement de la confiance (MIPROBU) en novembre 1993..., les
opérations de maintien de la paix (OMP) n'ont jamais étaient un
succès pour la défunte OUA. Aujourd'hui avec l'avènement
de l'U.A, tout espoir était permis que l'Afrique allait enfin être
autonome sur ce domaine. Cependant avec le soutien sollicité par la Muas
aux NU, pour pouvoir continuer ses activités au Darfour,
l'humanité se rend compte que les vieilles habitudes n'ont pas
changé. C'est pourquoi William Assanvo n'a pas hésité
à dire que « le chemin à parcourir pour
développer des capacités dans le domaine de la
sécurité et de la stabilité [...] pour en devenir l'acteur
à part entière est parsemé d'embûches et
caractérisé par des avancées et reculs, des moment de
doute »48. En effet les difficultés
rencontrées au Darfour mise à part la nature du conflit
lui-même, ont principalement deux raisons. La première est due
à la façon dont la Muas a été
élaborée (section I). La deuxième raison
a pour fondement le traditionnel problème de moyens (section
II).
48 CF. W Assanvo, l'Afrique à
l'épreuve du maintien de la paix, op. Cit.
SECTION I : LA MUAS : UNE MISSION VOUEE A L'ECHEC.
Au lendemain de l'Accord de cessez- le- feu signé
à N'djaména le 08 avril 2004 entre les autorités
soudanaises et les rebelles du Darfour, le CPS de l'U.A prit d'urgence des
mesures pour envoyer des observateurs dans la Province. Cette mission qui aura
comme nom la Mission de l'Union Africaine au Soudan (MUAS ou AMIS sous son
acronyme anglais) était chargée de ramener la paix au Darfour.
Cependant quatre ans depuis le début de ses activités, la MUAS
est toujours au stade embryonnaire au point de solliciter le soutien des
Nations Unies. Il s'agira d'abord dans cette partie de monter que la dimension
de la crise est très grande par rapport à une organisation qui
vient à pêne de « naître » (paragraphe
I). Ensuite de prouver que l'U.A avait une tendance
négligente de la crise au départ (paragraphe
II).
PARAGRAPHE I : UN MANQUE D'EXPERIENCE DANS LE DOMAINE DU
MAINTIEN DE LA PAIX.
La volonté des africains de régler leurs propres
conflits a toujours été présente dans l'esprit des
dirigeants. Et cela s'est matérialisé avec l'ancienne Commission
de Médiation de Conciliation et d'Arbitrage et avec l'ex
Mécanisme de Prévention de Gestion et de Règlement des
Conflits. Cependant les actes posés par ces deux organes dans le domaine
du maintien de la paix n'ont pas produit un grand succès. Aujourd'hui
avec la mise sur pied du Conseil de Paix et de Sécurité de l'U.A
beaucoup d'espoir vient de renaître. C'est ainsi que cet organe qui a vu
le jour en plein conflit du Darfour n'a pas hésité à
constituer une mission de paix. Mais ce fait non négligeable constitue
aujourd'hui l'une des principales limites de la MUAS au Darfour
(A). On se demande également vu la réaction
tardive de l'U.A si celle-ci pouvait mieux faire (B).
A / Le CPS : un organe jeune pour résoudre une
telle crise.
L'Acte Constitutif de l'U.A est entrée en vigueur en
juillet 2002. Dans cet acte iiétait prévu de la mise
sur pied du CPS. Le Protocole portant création de ce CPS
est entré en vigueur le 26 décembre 2003 et son
lancement officiel a eu lieu le 25 mai 2004. C'est sur le fondement de ce
protocole que l'U.A est intervenue au Soudan. En effet à travers ce
conseil les dirigeants africains affirment leur volonté de jouer un
rôle plus actif dans la prévention et la résolution des
conflits et crises et plus généralement dans la promotion de la
sécurité et de la stabilité du continent49.
Dans l'objectif de réaliser cet ambitieux projet, le CPS a crée
une mission de maintien de la paix au Soudan. Cependant cette première
expérience de cet organe a toutes les difficultés du monde
à arriver au bout de cette crise. Cela peut être du à deux
raisons fondamentales :
La première raison concerne la dimension de la crise.
En effet comme nous l'avons évoqué dans le premier chapitre,
cette crise a des origines solides car se déroulant dans un pays
où l'instabilité politique et la guerre civile constituent la
règle et la stabilité l'exception. Dans cette hypothèse
vouloir résoudre une telle crise n'est pas une chose aisée, cela
relèverait même de l'imaginaire pour des organisations africaines
dont le règlement des conflits les moins complexes n'a jamais
était une chose facile pour elles.
La deuxième raison touche le processus de mise en
oeuvre du CPS. En effet entré en vigueur le 26 décembre 2003 mais
lancé qu'en mai 2004, le protocole portant création du CPS a
démarré officiellement ses activités qu'un an après
le déclenchement des hostilités au Darfour c'est-à-dire le
23 février 2003. Cette donnée qui peut paraître sans
importance pour certains constitue à notre égard un
élément de taille dans les nombreuses limites que la MUAS
rencontre aujourd'hui au Soudan. En effet cet organe de l'U.A n'a même
pas eu le temps de poser ses jalons pour s'engager dans une résolution
de crise. Ce manque
49 CF. W Assanvo, l'Afrique à
l'épreuve..., op.cit, p. 2
d'expérience dans un domaine aussi complexe que celui
du maintien de la paix a été notoire. C'est ainsi que toutes les
actions que le CPS a entreprises pour régler la crise du Darfour ont
été pris avec un manque de précision. Par ailleurs le
nombre réduit du personnel administratif et militaire de la
première mission d'observation ainsi que l'ambiguïté des
accords donnés par les différentes parties au conflit illustrent
bien la précipitation dans laquelle la MUAS a été
élaborée.
Cependant cette seconde justification peut être
relativisée pour deux motifs. D'abord parce que le règlement des
différends en Afrique a toujours été l'apanage d'une seule
personnalité. Cette personnalité qui a toujours pris le nom de
facilitateur (le plus souvent un chef d'Etat) a toujours utilisé les
techniques africaines de règlement des conflits pour parvenir à
ses fins notamment la médiation, la conciliation et l'arbitrage. Les
organisations africaines dans le cadre de leur mission de paix ont l'habitude
de s'appuyer sur cette personnalité pour arriver à régler
leurs conflits à ce titre on peut donner l'exemple de la
médiation du Président Blaise Comparé dans la crise inter
ivoirienne, celle du Président Yaya Jammeh dans le conflit
casamançais, l'implication de l'Algérie dans la recherche de la
paix dans le différend qui oppose l'Etat malien et les Touaregs... . Sur
cette hypothèse le CPS pourrait s'appuyer sur la médiation
déclenchée par le Président tchadien depuis le
début de la crise pour résoudre la crise. En effet depuis
septembre 2003 des efforts ont été fournis par son excellence
Idiss Deby pour régler le conflit et cela a permis la signature d'un
accord de cessez-le-feu à Ndjaména en avril 2004.
Ensuite, bien que les activités du CPS soient
postérieures au déclenchement de la crise, l'ensemble du
processus de l'U.A était mis en oeuvre pour obtenir l'arrêt des
violences au Soudan. En effet, tous les efforts déployés par
Ndjaména ont été soutenus par la Commission de l'U.A en
procédant à des consultations des différentes parties
soudanaises. Sur cette lancée le CPS pourrait s'appuyait sur le travail
de la commission pour continuer le processus de paix. Dés lors on se
demande si l'antériorité de la crise par rapport
à l'entrée en vigueur du Protocole portant création du CPS
constitue en soi un handicap majeur pour la paix au Darfour. Cependant faudrait
t-il que les organisations africaines dans le cadre des missions de maintien de
la paix qu'elles créent apprennent à réagir vite pour
pouvoir maîtriser les crises à temps.
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