De la liberté à la soumission de la vérité. Une lecture de l'encyclique "veritatis splendor" de Jean Paul II( Télécharger le fichier original )par Daniel KIBAMBA KAHYA Université catholique du Congo (RDC) - Graduat 2009 |
I.2.2. « Ne vous modelez pas sur le monde présent » (Rm 12, 2)Après avoir développé dans le premier chapitre le récit du jeune homme riche, le pape Jean Paul II s'est mis à présenter certaines tendances de la théologie morale actuelle par rapport aux positions de l'Eglise. Il précise que l'Eglise, dans sa mission, doit veiller sur l'agir humain. Et c'est grâce à la théologie morale qu'elle accomplit cette lourde mission car, elle est une réflexion sur le caractère bon ou mauvais des actes humains et de la personne qui les pose (V.S. n° 29). Dans cette deuxième partie de l'encyclique, le Pape Jean Paul II utilise les concepts techniques appropriés à la théologie morale, qu'il essaie d'expliquer, concepts qui causent actuellement problème à cause des déviations que l'on observe dans le monde actuel, quant à leurs explications, surtout dans le monde des théologiens. Ne le souligne-t-il pas lui-même lorsqu'il écrit : « dans le cadres des débats théologiques post-conciliaires, se sont toutefois répandues certaines interprétations de la morale chrétienne qui ne sont pas compatibles avec la `' saine doctrine '' » ? (V.S. n°29) C'est pourquoi il explique à ses frères dans l'épiscopat certains principes qui aideraient au discernement de ce qui contraire à la saine doctrine. Voici les thèmes développés : I.2.2.a. La liberté et la loiDans le monde d'aujourd'hui, les problèmes les plus débattus se rattachent à celui de la liberté humaine. Car pour certains, l'homme doit agir en vertu de ses propres options et en toute libre responsabilité, non sous la pression d'une contrainte, mais uniquement par la conscience de son devoir7(*). C'est à partir d'une telle conception de la liberté que certaines tendances se sont écartées de ce qui est vérité sur l'homme, un être créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, jusqu'à absolutiser cette nouvelle conception de la liberté. On retrouve parmi les adeptes de cette doctrine les athées ainsi que tous ceux qui ont déjà perdu le sens de la transcendance. Le pape commence d'abord par énumérer quelques conceptions erronées de la liberté. La première tendance est l'attribution à la conscience individuelle des privilèges qui le rend comme une instance suprême du jugement moral. L'homme devient capable de juger de ce qui est bien et de ce qui est mal, à partir de sa propre conscience. Ce jugement est considéré vrai et irréfutable parce qu'il provient de la conscience. La vérité, dans cette tendance, a cédé sa place à une conception subjective du jugement moral. Il sied de comprendre que cette crise au sujet de la vérité peut amener à une mauvaise compréhension de la notion de la conscience humaine même, qui généralement se traduit comme un acte de l'intelligence humaine qui doit conduire à l'application universelle du bien, par celle de déterminer uniquement les critères du bien et du mal, de manière autonome (V.S. n° 32). La deuxième tendance est celle relative à certaines doctrines qui font de la liberté une absolue souveraineté. Ici la liberté est considérée comme créatrice des valeurs et est autonome dans sa substance. La vérité est pour eux une création même de cette liberté. Cette tendance a marqué même certains théologiens catholiques qui pour eux, parlant dans le sens de la raison et de la foi, soutiennent la notion de la souveraineté totale de la raison dans le domaine des normes morales, et oublient la dépendance de la raison humaine à la sagesse divine. Ceci entraîne comme conséquence le fait de nier que Dieu est l'auteur de la loi morale naturelle et que l'homme par sa raison, participe à la Loi éternelle (V.S. n° 36). Et que l'Eglise n'est devenue qu'une parénèse générale. Elle n'a plus aucune compétence doctrinale spécifique. Après avoir stigmatisé les conceptions erronées de la liberté et de la loi, Jean Paul II se livre par la suite, à expliquer la véritable conception de la liberté ainsi que celle de la loi. Il part du livre du Siracide où il montre que Dieu, en créant l'homme, l'a laissé à son propre conseil, afin qu'il découvre seul celui qui l'a créé. C'est le premier sens de la liberté. De ce point de vue, l'homme participe à la seigneurie divine et possède un pouvoir sur lui-même. Nous développerons ce point sur la liberté et la loi assez largement dans le deuxième chapitre de notre travail. Mais à présent, passons sur ce que le pape entend sur la conscience et la liberté. * 7 JEAN PAUL II, Encyclique Redemptor hominis, n°4, cité par V.S. n°31 |
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