6.1.3. Potentialités et faiblesses agronomiques des
écotypes de riz du Bénin
La collection de riz (Oryza spp.) du Bénin
obtenue lors de la récente collecte de 2011, et dont la présente
étude fait l'objet, dispose de potentialités agronomiques
exploitables par la recherche scientifique, notamment l'amélioration
variétale. Les huit classes issues de la classification sont, non
seulement distinctes au seuil de 1°/00 mais diffèrent
aussi, surtout pour certaines variables quantitatives. Les caractères
tels que le cycle semi - épiaison (CSE), la verse, la taille des plants,
la longueur des feuilles, la longueur des feuilles paniculaires, le nombre de
talles par touffe et le nombre de panicules par touffe sont ceux qui
discriminent la collection étudiée. Moukoumbi et al.
(2011) ont aussi trouvé que la taille des plants, les longueurs des
feuilles simples ainsi que celles des feuilles paniculaires discriminent les
populations de riz. C'est également le constat fait par Ojo et al.
(2009) concernant le caractère nombre de panicules.
Les résultats de la présente étude
révèlent que la classe 7 est composée d'écotypes
d'O. glaberrima, notamment les variétés
contrôles CG 14 et TOG 5681 (annexe 3). Ces écotypes sont
sensibles à la verse (Figure 5.3 A ; verse moyenne = 80,83 %). En effet,
la verse fait partie des caractères indésirables présents
chez l'espèce africaine O. glaberrima (Bezançon et
Diallo, 2006). Par contre, la précocité du cycle des
écotypes de ladite classe (CSE moyen = 70 jours) est un trait
intéressant et exploitable pour la sélection variétale. A
ce titre, en se référant à la classification faite par
IRRI (2002) et celle de Sanni et al. (2008), il est possible
d'affirmer que les écotypes de cette classe sont très
précoces. Nos résultats sont semblables à ceux de Isdine
(2007) qui a observé que 12 accessions de glaberrima du Mali
ont un cycle précoce dans une collection de 34 accessions. Selon Takeshi
(2007), le cycle végétatif est un facteur important qui peut
être utilisé comme facteur dans le contrôle des aléas
climatiques, des ravageurs et aussi dans la garantie de la
sécurité alimentaire des populations.
D'après l'échelle de Hien et al.
(2007), les écotypes des classes 2 et 6 sont résistants
à la verse (verse = 0 %). Aussi, en considérant le
caractère taille des plants et selon la classification de IRRI (2002),
les individus de la classe 6 sont caractérisés par de grandes
tailles (147,63 cm > 1307 cm). Un tel résultat est en
accord avec ceux de Rosa (2005) et de Hien et al. (2007) selon
lesquels, la résistance à la verse n'est pas
corrélée à la taille des plants. Mais, il faut retenir que
dans la collection, il y a d'autres écotypes plus grands de taille que
ceux de la classe 6. Il s'agit notamment des écotypes de la classe 8 qui
ont en moyenne
7 Seuil donné par IRRI
164,20 cm de hauteur. Ces écotypes ont également
les plus longues feuilles (longueur des feuilles > 60 cm). Les classes 4 et
6 regroupent les écotypes ayant des tallages moyens (respectivement 15
et 16) en se basant sur les critères de IRRI (2002) et de Sanni et
al. (2008). Le même constat a été fait pour le
caractère nombre de panicules par touffe pour lequel les classes 4 et 6
regorgent également d'individus plus performants. En revanche, les
écotypes de la classe 5 (figure 5.2 B) possèdent les plus petits
nombres de talles et de panicules de la collection, alors que cette classe
regroupe les variétés NERICA 1, WAB 32-80, Moroberekan et NERICA
2 (annexe 3). De ce résultat et d'après l'analyse du tableau 5.2,
on déduit qu'il existe des écotypes au Bénin qui soient
plus productifs que les variétés améliorées NERICA
1, WAB 32-80, Moroberekan et NERICA 2 (annexe 3) provenant de la banque de
gènes d'AfricaRice. En effet, Sié et al. (2010) ont
établi que le rendement en grains est positivement corrélé
avec le nombre de panicules/m2 et négativement
corrélé avec le nombre de talles stériles8.
Signalons de même que, les individus de la classe 7, celle des
«glaberrima»ont en moyenne 12 talles et 11 panicules ;
valeurs qui sont supérieures à celles de la classe 1
constituée des écotypes de l'espèce asiatique et le
témoin Gambiaka kokum, supérieures également à
celles de la classe 5 qui regorge les variétés
améliorées NERICA 1, WAB 32-80, Moroberekan et NERICA 2 (annexe
3) provenant de la banque de gènes d'AfricaRice. En considérant
la corrélation positive entre le rendement en grains et le nombre de
panicules par m2 (Sié et al., 2010), les résultat de
cette étude sont contraires aux affirmations de Linares (2002) qui
estime que la productivité des écotypes de l'espèce
africaine (O. glaberrima) est faible. Toutefois, l'obtention des
données de rendement permettront d'infirmer ou de confirmer une telle
observation.
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