F. L'agnosie
Observations psycho-comportementales
Un sixième symptôme du conflit mental de
l'adolescente est l'agnosie. C'est un trouble neuropsychologique qui
désigne la méconnaissance par l'adolescente de ses
symptômes et son indifférence morbide quant à la
gravité de son état de santé. Au début surtout, la
jeune fille dénie les troubles, les minimise ou les motive par des
rationalisations. Cette attitude l'aide à supprimer ses angoisses et la
conforte dans ses comportements. Sa maigreur croissante étant sa plus
grande réussite, elle va s'opposer au traitement qui consisterait
à ses yeux à lui dérober ce succès de maigreur
difficilement obtenu et donc de revenir à zéro dans ses
stratégies de contrôle. Ceci explique en grande partie les
consultations tardives et donc le retard diagnostique et
thérapeutique.
PCO
- Le déni des troubles
L'adolescente nie ses symptômes, assure qu'elle va changer
ses conduites, etc.
- La rationalisation des troubles
L'adolescente se plaint de douleurs abdominales, se plaint
d'embonpoint, etc.
- Le refus du traitement
L'adolescente refuse de consulter un médecin, refuse
de manger, etc.
G. Une grande
labilité émotionnelle
Observations psycho-comportementales
Un septième symptôme du conflit mental de
l'adolescente est une grande labilité émotionnelle. On constate
un refoulement massif des affects se traduisant par des réactions
émotionnelles impulsives : des changements importants de l'humeur
qui peuvent survenir facilement et disparaître rapidement, souvent
associés aux différentes périodes d'exaltation ou
d'abattement de l'AM.
L'adolescente soumise à diverses tensions adopte une
conduite défensive à l'égard des émotions et des
relations affectives. Au début, ses réactions
émotionnelles face à des évènements négatifs
ou positifs, deviennent plus vives, plus versatiles, tout en restant
superficielles et réservées. Puis, peu à peu, elle va
perdre le contrôle de ses émotions, manifestant de la
susceptibilité, de l'irritabilité, voire de la colère.
PCO
- L'affectivité bloquée
L'adolescente cache ses sentiments, n'éprouve pas de
sentiments, etc.
- Des changements rapides et importants de
l'humeur
L'adolescente se fâche, s'énerve, pleure, rigole
soudainement, etc.
H. La
pauvreté et les changements de la vie relationnelle
Observations psycho-comportementales
Le dernier symptôme majeur du conflit mental de
l'adolescente se manifeste par des changements relationnels et une
pauvreté de la vie relationnelle. L'adolescente va se désengager
progressivement de toutes ses activités sociales habituelles pour vivre
son anorexie pleinement en solitaire. L'AM devient sienne : sa seule amie,
sa seule confidente, sa victoire sur le monde.
Au commencement des troubles, la jeune fille va ressentir des
conséquences sociales positives de sa perte de poids. En effet,
l'approbation de l'amaigrissement ou des performances par ses pairs, qui n'en
reconnaissent pas encore l'état pathologique, va développer un
sentiment d'appartenance à un groupe social et l'aider à gagner
de l'estime de soi par le biais de ce regard extérieur. Cependant,
d'autres problèmes comportementaux surviennent, car pour
dissimuler sa conduite active de restriction elle doit user de ruse, de
manipulation et de mensonges. Ensuite, avec le début des
inquiétudes et des conseils sur sa santé, un sentiment profond
d'incompréhension va s'imposer. Les troubles ainsi mieux reconnus
deviennent alors source d'anxiété sociale et de rupture. Afin
d'éviter les conflits interpersonnels conséquents, dans une
attitude défensive, l'adolescente va se replier sur elle-même,
réduire peu à peu son entourage relationnel devenant nuisible
à son anorexie, et finalement préférer l'isolement.
Cependant, grâce à son surinvestissement intellectuel et scolaire,
elle maintiendra une apparente adaptation sociale.
Pour l'adolescente qui vit avec ses parents, de nouveaux liens
familiaux de dépendance et de culpabilité vont ainsi se tisser
à travers des situations conflictuelles majeures. On remarquera une
inversion des rôles, dans la mesure où la famille devient
dépendante des exigences de la jeune fille qui refuse de se
nourrir ; ou encore parfois, des oppositions importantes engageant une
prise de distance et/ou une séparation précoce. Dans tous les
cas, la problématique de la dépendance est soulevée.
Au niveau de la vie sexuelle et affective, on constate un
investissement nul ou si existant partiellement, souvent négatif voir
malsain. Comme la faim et le corps, le désir sexuel est
neutralisé, contrôlé.
PCO
- Des perturbations relationnelles
L'adolescente refuse de s'alimenter en
société, s'isole régulièrement, ne parle pas ou
peu, ne s'intègre pas, ne rit pas, ne s'intéresse pas aux
activités ou conversations de ses pairs, se dispute, ment, manipule,
évite ses proches, abandonne ses loisirs collectifs, se
désociabilise, etc.
- Des perturbations familiales
L'adolescente évite les repas en famille, évite les
sorties familiales, impose ses exigences alimentaires, se sent coupable des
problèmes familiaux, s'isole dans sa chambre, veut quitter sa famille
prématurément, etc.
- Des perturbations de l'activité sexuelle et
affective
L'adolescente n'a pas d'activité sexuelle ou
affective, a une activité sexuelle ou affective pathologique, ne veut
pas de petit ami, montre des excès de pudeur, évite le contact
avec des garçons, etc.
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