2.3.5.
QUELQUES EXPLICATIONS
L'AM est déterminée par :
n Des déficits biologiques et/ou psychologiques
primaires (une vulnérabilité
génétique ou des antécédents pathologiques
personnels).
n Des déficits biologiques et/ou psychologiques
secondaires à un état de dénutrition et/ou
à l'anxiété, à la peur d'être grosse,
à l'hyperactivité, à la faible estime de soi, au manque de
confiance en soi.
n Une stratégie adaptative
d'évitement (dans un contexte de changements).
Une manifestation marquant une rupture et le refus (de
quitter le statut de l'enfance, du corps féminin, de l'image maternelle
ou paternelle, de la sexualité, des sensations affectives, de
l'autonomie et/ou de la dépendance, des conflits relationnels et
familiaux, des sensations physiques désagréables et de la
culpabilité éprouvées en mangeant, etc.). Une addiction
telle une échappatoire aux problèmes et choix de vie.
n Une stratégie adaptative de contrôle
(dans un contexte de non contrôle) et
d'autonomisation (dans un contexte de dépendance et
d'intrusion).
La maîtrise du poids fluctuant, de la faim, des formes
féminines, du cycle menstruel, des pulsions sexuelles, des affects et
des relations, des capacités physiques et intellectuelles, des peurs,
etc. L'affirmation d'une nouvelle identité indépendante et
spéciale, d'une volonté et ou foi intérieure, d'ambitions
... Une tentative de prise d'autonomie et de réappropriation du corps
par la puissance du mental.
n Des conséquences protectrices et
bénéfiques multiples (dans un contexte
d'insécurité).
L'obtention d'une sensation de toute-puissance sur sa vie
par cette addiction au rien, du plaisir par la faim et la maigreur, d'un
recouvrement de l'estime de soi et de reconnaissance sociale par les
réussites de contrôle, d'un équilibre affectif par la
diminution du stress et des conflits familiaux (redirigés sur
l'adolescente malade unissant ainsi la famille). Et la
découverte : de l'investissement ou du désinvestissement du
regard d'autrui sur son corps, de son monde intérieur par
l'introspection et du monde extérieur par la Connaissance, etc. Une
recherche d'homéostasie et de bien être.
n Une tentative de conformisme social et/ou familial
(dans un contexte de compétitivité).
L'identification à des idéaux de minceur et de
perfection basés sur de fausses croyances collectives ... Une
tentative de sublimation de l'être ou du paraître.
n Une réaction à des
évènements traumatisants (dans un contexte
d'évitement).
Des relations négatives avec l'entourage et/ou la famille
(négligences affectives, moqueries, violences physiques et/ou morales,
inceste ou contexte familial incestueux, etc.). Une façon d'affronter
ses souffrances, de lutter pour survivre.
L'adolescente ne choisit donc pas consciemment d'être
anorexique, mais va le devenir progressivement et insidieusement par addiction
au rien, en s'enfermant dans ses conduites de restriction alimentaire. C'est
là que la confusion se pose pour l'adolescente : confusion des
sentiments, des comportements, des relations ; car ce qui semble
être un choix est plutôt une obligation, et les résultats ne
peuvent être que faussés. En bref, l'adolescente anorexique
s'adapte, évolue à sa façon et surtout selon ses
moyens, en prenant l'AM comme alternative à ses problèmes,
comme bouclier face aux menaces intérieures et extérieures et
à ses sentiments et envies inexprimables.
Retenons de cette tentative profondément ambivalente, que
c'est un appel à l'aide, au dialogue, à l'autonomie,
à la Vie, et à l'Amour. Un appel qui résonne sans
trouver de récepteur adéquat.
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