1. Diversite des sporophores
Au cours de la période de récolte (7 mois), nous
avons identifié six espèces de champignons ectomycorhiziens :
Inocybe littoralis, Inocybe xerophytica, Russula
cremeolilacina, S. bermudense, Cantharellus cinnabarinus
et Amanita arenicola. Les six champignons avaient déjà
été répertoriés sous C. uvifera sur
différentes plages en Guadeloupe (Bandou, 2005). Nous avons
collecté 194 sporophores des six espèces fructifiant
sous le houppier des 3 arbres sur sol peu salé (2%0) et 30 sporophores
d'une espèce (S. bermudense) sous le houppier des 3 arbres en
milieu salé (15%0) sur le transect. Parmi les 194 sporophores
récoltés, on a trouvé 27 I. littoralis, 28 I.
xerophytica, 32 R. cremeolilacina, 19 S. bermudense,
51 C. cinnabarinus et 37 A. arenicola. C.
cinnabarinus appara»t le plus abondant et S. bermudense le
moins représenté en milieu non salé (Figures 9A, 9B et
10). Par contre, on a trouvé que des sporophores de S.
bermudense sous le houppier des 3 arbres poussant en milieu
salé.
A B
+
+
*
*
*
Figure 9. (A) Sporophores de Scleroderma
bermudense matures ouvertes en &toile liberant la sporee (*) et
immatures fermees (+). (B) Sporophores de Cantharellus
cinnabarinus.
Les sporophores étaient inégalement
distribués le long du gradient de salinité. S. bermudense
serait plus tolérant au sel que les cinq autres espèces.
L'aptitude de ce champignon à résister au sel a été
démontrée en particulier lorsqu'il est en symbiose avec C.
uvifera (Bandou et al., 2006). La faible diversité des
sporophores sous C. uvifera pourrait s'expliquer en partie par les
conditions stressantes du milieu. En effet, le spectre des champignons
colonisant C. uvifera est plus étroit que celui de C.
pubescens et C. swartzi, deux espèces de
Coccoloba distribuées à l'intérieur des terres en
Martinique (Bessard et al., 2008).
Figure 10. Nombre de sporophores
récoltés sous Coccoloba uvifera pendant 7 mois en milieu
peu salé.
2. Diversité des morphotypes
Afin de déterminer la diversité des ECM, nous
avons inventorié les MT ectomycorhiziens sur les racines des six
arbres-mères et de leurs plantules le long du gradient de
salinité. L'inventaire avait porté sur 3537 et 5366 apex
racinaires examinés respectivement sur des arbres-mères et des
plantules et en milieu peu salé. En milieu salé, l'inventaire
avait porté sur 2668 apex racinaires examinés sur trois arbres vu
qu'il n'y avait pas de plantules.
Sur 3537 apex racinaires d'arbres-mères en milieu peu
salé, 57% ont été mycorhizés alors que chez les
plantules, le taux de mycorhization était à peu près le
même pour 5366 apex comptés. Au total, 9 MT ( mcgs, bcc, bff, bcf,
jpf, bp, bfp, jpp et bbl), répertoriés sur la base de quelques
caractères macroscopiques et microscopiques, étaient
différents par la texture et la couleur du manteau, la présence
d'anses d'anastomose, de cordons mycéliens et de sclérotes
(Tableau 4; Figure 11). Sur les 9 MT répertoriés, 3 (bcc, bfp et
jpp) ont été présents sur les plantules et les 6 autres
(mcgs, bff, bcf, jpf, bp et bbl) ont été communs aux
arbres-mères et plantules (Figure 12). Globalement, la fréquence
des MT communs a été à peu près la même sur
les arbres -mères et leurs plantules (Figure 12). Elle a
été supérieure à celle des 3 MT présents
uniquement sur les plantules. Les arbres-mères et leurs plantules
partagent un cortège ectomycorhizien commun. Ces résultats
suggèrent l'existence de réseaux ectomycorhiziens potentiels
entre arbres-mères et plantules.
Tableau 4. Description des neuf morphotypes
ectomycorhiziens sur quelques caractères macroscopiques et
microscopiques.
Morphotype Couleur, texture Anse d'anastomose Cordon
mycélien Sclérote
mcgs Marron clair, garni de soies - + -
bcc Blanc crème, cireux + + -
bff Brun foncé, feutré + + -
bcf Brun clair, feutré + + -
jpf Jaune p%ole, feutré - - -
bp Blanc, poilu + - -
bfp Brun foncé, poilu + + -
jpp Jaune p%ole, poilu + - -
bbl Blanc brillant, lisse + + +
(+), présence ; (-), absence
a) b) c)
d)
g)
h)
e)
f
i)
Figure 11. Morphotypes des
arbres-mères et de leurs plantules en milieu peu salé. (a), bff ;
(b), bcf ; (c), bfp; (d), bbl; (e), bp; (f), bcc; (g), mcgs; (h), jp ; (i) jpp
(voir tableau 4 pour les abréviations).
Figure 12. Fréquence des morphotypes des
arbres -mères et leurs plantules en milieu peu salé. Les valeurs
assorties d'une même lettre ne sont pas significativement
différentes au seuil de 5%.
En milieu salé, on n'a pas observé de plantules
au pied des arbres. Ceci suggère que les plantules seraient sensibles au
sel. Seuls trois MT (bff, bbl et mgcs) ont été présents le
long du gradient de salinité, ce qui laisse penser que les champignons
impliqués seraient tolérants au sel (Figures 12 et 13). Comme
pour les sporophores, la diversité des MT est affectée par le
sel.
Le nombre de sporophores et de MT n'étaient pas le
même. On a trouvé moins de sporophores que de MT le long du
transect. De plus, il n'a pas été possible d'identifier les MT et
de les relier au mycélium de la base des sporophores. Compte tenu des
limites du morphotypage des ECM, l'utilisation d'outils moléculaires
nous a paru nécessaire pour caractériser les sporophores et les
MT (Diédhiou et al., 2004 ; Diédhiou et al.,
2009).
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