C.Prix
La notion de prix relatif peut être
définie de différentes manières. On peut
privilégier la comparaison internationale du niveau ou de la variation
des prix ou des coûts, mais on peut également resserrer l'analyse
sur le rapport interne des prix entre les biens internationalement
échangeables (ceux dont le prix est exogène aux décisions
de production nationales) et les biens non échangeables (ceux dont le
prix est endogène aux conditions de l'équilibre local des
marchés).
Dans le premier cas, on met en avant la notion
d'indice du taux de change effectif réel (TCER), ce dernier pouvant
être calculé par référence à
différents types de partenaires selon que l'on considère le
commerce bilatéral du pays ou les relations de concurrence que celui-ci
rencontre sur ses marchés d'exportation. Dans le second cas, c'est la
notion de taux de change réel (TCR) défini comme prix relatif
interne entre les prix à la consommation et les prix d'exportation qui
est mise en évidence. Ce rapport détermine les incitations
à produire et, par suite, la composition de la production entre biens
échangeables et biens non échangeables.
D. Bien échangeable
Le bien échangeable est tout bien qui fait
l'objet d'exportation ou celui dont le prix est exogène aux conditions
de l'équilibre local des marchés. En d'autres termes, les
produits échangeables (abréviation BE) sont ceux
susceptibles de faire l'objet du commerce international soit comme exportations
(les exportables), soit comme importations (les importables).
On y trouve la plupart des produits agricoles, les biens manufacturés et
certains
services, comme le transport maritime ou aérien
ainsi que les services financiers et d'assurance.
a) Le problème des biens non
échangeables
L'effet Balassa (voir Balassa, 1964) vise à
expliquer pourquoi les pays en développement à forte croissance
ont un taux de change réel qui tend à s'apprécier
continument, contrairement aux conclusions de la théorie de la PPA.
Selon Balassa, ce phénomène est lié à des
différences d'évolution de la productivité du travail
entre secteur exposé et secteur protégé dans les
différents pays.
Un pays à forte croissance (qualifié ici
de pays pauvre) se caractérise en effet par une progression de la
productivité du travail dans le secteur exposé plus rapide que
dans le pays à faible croissance (qualifié ici de pays riche). En
revanche, on peut estimer que la productivité du secteur abrité
progresse à des rythmes voisins, plus faibles, dans les deux pays, dans
la mesure où il s'agit d'activités où l'impact du
progrès technique est peut-être plus limité et/ou
l'accumulation de capital est plus faible. Selon Balassa, la loi du prix unique
est valide pour les biens du secteur exposé, en raison de la concurrence
internationale (au moins dans sa forme relative). En revanche, elle n'a aucune
raison de l'être pour les biens nonéchangeables, dont les prix
doivent au contraire croître plus vite dans le pays pauvre
(exprimés en monnaie commune). Ce phénomène tient au fait
que la hausse de salaires du secteur exposé tend à se diffuser
dans le secteur abrité. Par conséquent, les coûts salariaux
unitaires du secteur abrité seront plus élevés dans le
pays pauvre (où la hausse de salaires va être forte en raison des
gains de productivité dans le secteur exposé) que dans le pays
riche, et il en ira de même des hausses de prix20.
Le comportement concurrentiel des entreprises les
conduit à égaliser le salaire réel à la
productivité marginale du travail. Sous l'hypothèse d'une
fonction de production de Cobb-Douglas, la productivité marginale est
une fonction linéaire de la productivité moyenne du travail.
D'où vient donc l'engouement de certains économistes (en
général ceux qui conseillent les acteurs sur le marché des
changes) pour cette théorie ?
20 Hervé JOLY et Ali, Document de
travail, 139, rue de Bercy - Bâtiment VAUBAN 75572 - PARIS CEDEX
12N° 96-10, Novembre 1996
Vraisemblablement de sa facilité de mise en oeuvre
et de sa capacité à fournir des résultats
numériques21.
b) Prix relatif des biens non échangeables et
compétitivité macroéconomique : deux dimensions distinctes
du change réel
La définition du taux de change réel
d'équilibre comme le prix relatif des biens échangeables
vis-à-vis des biens non échangeables reposent sur une approche
walrasienne de l'équilibre. Le prix relatif est suffisamment flexible
pour assurer l'égalité entre l'offre relative et la demande
relative de biens échangeables par rapport aux biens non
échangeables. En ce sens, il synthétise l'ensemble des
incitations qui orientent dans un pays l'allocation des ressources entre les
deux secteurs, et reflète les préférences des
consommateurs entre les deux types de biens. La littérature
académique s'est donc essentiellement penchée sur ce concept pour
évoquer la notion de change d'équilibre. Il faut noter
que le taux de change réel ainsi défini apparaît dans un
premier temps, comme une grandeur interne, puisque les deux prix sont
domestiques:
Pe
TCR =
Pile
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