3.2. Le régime de change congolais
La BCC, vu l'ordonnance-loi n° 67/272 du
23/06/1967 définissant le pouvoir réglementaire de la BCC en
matière de réglementation de change, vu la loi n° 005 du
7/05/2002 relative à la constitution, à l'organisation et au
fonctionnement de la BCC, édicte les dispositions ci après
:
A. Organisation et Fonctionnement de marché des
changes en RDC38
Dans le cadre de la libéralisation des
opérations de change, telle que stipulée dans la
règlementation des changes, et en vue d'assurer le bon fonctionnement et
le développement de l'économie en République
Démocratique du Congo, il a été convenu entre la Banque
Centrale du Congo et les Banques agréées en République
Démocratique du Congo ainsi que les intermédiaires financiers et
non financiers égarées, ce qui suit :
37 MALINGUMU SYOSYO, Plaidoyer pour la
création d'une bourse des valeurs en RDC, Journal le Potentiel,
n°4224 du 22 janvier 2008, P44
38 Banque Centrale du Congo, Journal Officiel
numéro spécial, 20 janvier 2010, P 127
1. Organisation de marché des changes
Il est créé un marché de change au
comptant et à terme entre la Banque Centrale du Congo et les
intermédiaires agréés, sur lesquels sont traitées
:
Les opérations d'achat et de vente entre monnaie
nationale et devises étrangères
Les opérations d'achat et de vente des devises
étrangères contre d'autres devises étrangères
librement convertibles.
Signalons que les participants sont les Banques
agréées citées ci haut, qui adhèrent à la
convention par l'institut d'émission.
Dans le cadre de cette convention, elles acceptent
(les banques) mutuellement comme partenaires et s'engagent à respecter
strictement les termes de la présente convention. Chaque participant
portera par écrit à la connaissance des autres, le nom de son
chef cambiste et la liste de ses autres agents cambistes autorisés
à s'engager irrévocablement sur le marché. Tout changement
du chef cambiste et toute modification de la liste des autres agents
autorisés, doivent être signalés aux autres
participants.
Enfin, le marché de change est marché
non localisé, et les opérations y sont relatives, traitées
par téléphone, télex ou tout autre moyen de communication
requis. Durant les jours ouvrables, les intervenants peuvent réaliser
des transactions de change qui sont traitées de gré à
gré aux cours déterminés par le libre jeu de l'offre et de
la demande.
2. Fonctionnement de marché des
changes
Lors de chaque transaction, chaque partie doit
indiquer (verbalement, par écrit ou par voie électronique), la
date de la transaction, la monnaie vendue, le montant acheté et vendu,
le cours de change, la date de la conclusion et d'échéance (pour
les opérations de change à terme), la date de valeur, le
correspondant et le lieu de paiement de la monnaie achetée et
vendue.
Au cas où une opération a
été conclue verbalement, elle doit être confirmée le
même jour par l'une et l'autre partie. La confirmation se traduit par
l'échange d'un écrit, lettres, télex,
télécopie ou d'autre moyen électronique accepté par
les participants et, c'est à la
charge de chacun d'entre eux. Elle doit contenir les
éléments que ceux énumérés ci
précédents.
La confirmation d'une transaction par une partie
n'entraîne pas sa nullité et ne le soustrait pas de ses
obligations au titre de cette opération. Les données à
communiquer à la BCC, portent sur les opérations conclues entre
9heures et, les informations y relatives sont intégrées dans les
données de la journée.
Les participants sont tenus de mettre en place les
procédures de contrôle interne nécessaires au respect des
règles de gestion des opérations de change. Ils sont à cet
effet, tenus notamment de procéder à une stricte
séparation entre les fonctions de négociation des contrats de
change (Front - office) et celles de contrôle des contrats de change
appelé (Back - office).
Les participants sont en dépit de tout ce qui
est développé ci-haut, tenus de communiquer à chaque appel
d'un membre, un cours acheteur et vendeur pour chaque devise demandée
exceptionnellement et lorsqu'un participant ne désire pas s'engager, il
doit le mentionner expressivement au préalable en disant « cours
à titre indicatif ». La contre - valeur en Franc Congolais de cours
indiqué est arrondi à quatre décimales.
Cependant, les participants au marché des
changes peuvent effectuer les opérations au comptant et/ou à
terme. Les opérations au comptant se dénouent dans les deux jours
ouvrables au plus tard et celles à terme, à
l'échéance contractuelle.
Les contre-valeurs en CDF des opérations des
changes sont calculées au cours convenu entre les contractants et sont
payées à la date convenue selon les choix des contractants par
:
I La chambre de compensation I Le
crédit en compte et
I Le versement de numéraire.
Pour les opérations à terme,
l'échéance contractuelle doit tenir compte des jours
fériés en RDC et à l'étranger.
B. Régime de change en République
Démocratique du Congo
Depuis l'indépendance, la RDC a adopté
trois régimes des changes, à savoir :
· Régime de change fixe : 1960 - septembre
1983, où la monnaie congolaise a été rattachée
successivement au Franc belge, au dollar américain et puis au
DTS
· Régime de change contrôlé :
septembre 1983 - février 2001
· Régime de change flottant : depuis
février 2001
De plus, dans la vie économique du Congo
démocratique, il y a deux périodes où il est noté
un véritable phénomène inflationniste de la nature de
sous-développement. La première va de 1960 à 1967 et la
seconde de 1990 à 1999. L'inflation de la première période
« est une inflation du type institutionnel. Celle-ci trouve sa cause
profonde dans la désarticulation de l'organisation politique dès
l'accession du pays à l'indépendance ». La seconde est
« caractérisée par des mutations politiques avec
l'amorce du processus démocratique, mutation ayant les mêmes
incidences économiques néfastes que durant 1960- 1967, incidences
liées à la faiblesse des gouvernements et à une gestion
économique et budgétaire laxistes
»39.
Le pays est entré dans la spirale hyper
inflationniste avec des taux d'inflation à quatre chiffres à des
niveaux impensables (9786,9 % en 1994). À part 1997 où le taux
d'inflation est tombé miraculeusement à 13,7 %, les autres
années sont caractérisées par une très forte
inflation. Au cours de la période 2001-2005, le taux d'inflation annuel
moyen a été de 367,4 % et le taux de change de la monnaie
nationale par rapport au dollar américain s'est
déprécié en moyenne de 70,5 %. Néanmoins, c'est
exactement en 2001 que cette situation semble s'améliorer et l'on
assiste à une baisse drastique du niveau général des prix
qui vont être ramené à une inflation à un
chiffre40.
Par ailleurs, l'histoire monétaire de la RDC se
révèle être importante aux yeux des économistes dans
la mesure où, elle offre un champ d'étude vaste et riche pour
vérifier
39 MABI MULUMBA, La monnaie dans
l'économie, Kinshasa, CERDI, 2001, p. 157-158
40 LUWANSANGU Paul, Bilan économique de la
RDC 2001-2005 : est-ce la fin de la malédiction ? Journal Le
Potentiel, n°3467, 6 juillet 2005, P 67
quelques théories de l'économie
monétaire. Dans ce cadre, la réforme monétaire, par
exemple, opérée le 22 août 1993 avec un changement de
signes monétaires, illustre avec beaucoup d'évidence le
rôle de l'élément confiance dans la monnaie. Suite au refus
des deux provinces du Kasaï d'utiliser les nouveaux signes
monétaires, il s'est créé, dans le pays, un nouvel espace
monétaire où les anciens signes monétaires ont
continué à circuler malgré leur
démonétisation41.
1. Détermination du taux de change
La question de la détermination du taux de
change a pris progressivement une part grandissante dans les analyses de
l'économie tant nationale qu'internationale. De nos jours, la valeur des
monnaies les plus importantes connait des fluctuations continues et le
rôle des variations de taux de change est au centre d'un grand nombre des
problèmes économiques.
Durant la plus grande période du
XXème siècle, les taux de change étaient
simplement déterminés par les pouvoirs publics et non
définis sur un marché ouvert. Jusqu'aux années 1970, le
système des changes fixes ont en effet prévalus d'abord sur un
étalon-or.
La notion de la détermination du taux de change
à long terme, présente quatre déterminants qui sont : les
niveaux de prix comparés, les barrières commerciales (taxes et
quotas), les préférences des consommateurs relatives aux produits
domestiques ou étrangers et la productivité. Dans ce cas, nous
pouvons examiner l'impact de chacun d'eux sur le taux de change. Tout en ayant
l'idée que, tout ce qui accroît la demande de la monnaie
domestique au détriment des biens étrangers, provoque
l'appréciation de la monnaie domestique. D'autant plus que ces produits
continueront à bien se vendre si la monnaie est forte.
Réciproquement, tout ce qui augmente la demande de biens
étrangers aux dépens des produits domestiques, provoque une
dépréciation de la monnaie, car sa valeur doit baisser pour que
ces produits continuent à se vendre.
41 KABUYA KALALA et MATATA PONYO MAPON, L'espace
monétaire Kasaïen, crise de légitimité et
souveraineté monétaire en période d'hyperinflation au
Congo (1993-1997), Éditions L'Harmattan, Paris, 1999, P
170
a. Les niveaux prix comparés
D'après la théorie de la PPA, quand les
prix des biens européens augmentent (les prix de biens étrangers
étant constants), la demande portant sur ces produits chute, et l'euro a
tendance à se déprécier pour qu'ils continuent à se
vendre. Inversement, quand les prix des biens japonais augmentent de sorte que
les prix relatifs des produits européens baissent, ceux-ci peu
demandés ; l'euro a alors tendance à s'apprécier et les
produits européens continuent à se vendre, même avec un
euro plus fort42. Cela nous pousse à émettre
l'hypothèse selon laquelle une augmentation à long terme, du
niveau général des prix dans une économie relativement au
niveau général des prix dans le reste du monde, provoque une
dépréciation de sa monnaie.
b. Les barrières
commerciales
Que ces barrières soient tarifaires, (droits
de douane que les produits étrangers doivent supporter à leur
entrée dans une économie) ou non tarifaires (limitations
quantitatives : contingentements ou quotas), les barrières au commerce
international peuvent influencer le taux de change. Cependant, le renforcement
des barrières commerciales protégeant une économie
provoque une appréciation de sa monnaie sur le long terme.
c. Les préférences relatives aux biens
domestiques ou étrangers
Cette explication se fait preuve dans le cas
où, si les congolais montrent plus d'appétence pour les produits
européens. Par exemple, les fromages français ou les voitures
allemandes, la demande de biens européens augmente (exportations), ce
qui provoque une appréciation de l'euro : les produits européens
continuent à se vendre même si l'euro est plus fort. De la
même idée, si les européens se mettent
préférer les voitures japonaises aux voitures européennes,
la demande accrue de produits japonais (importations) affaiblit l'euro. Cela
étant, une hausse de la demande de produits exportés par une
économie provoque une appréciation de sa monnaie dans le long
terme. Dans le contraire, un accroissement de sa demande de produits
importés provoque une dépréciation de sa
monnaie.
42 F. MISHKIN, op cit, P 600
d. La productivité
En ce qui concerne ce type de déterminant, si
les gains de productivité sont plus élevés dans une
économie que dans le reste du monde, ses entreprises peuvent baisser
leurs prix (relativement à ceux de leurs concurrents étrangers),
tout en réalisant des profits identiques ; leurs produits sont alors
plus demandés et la monnaie de cette économie a tendance à
s'apprécier. Dans le cas contraire, ses produits deviennent relativement
plus chers et sa monnaie a tendance à se
déprécier.
D'où, sur le long terme, plus une
économie ne devient productive par rapport aux autres, plus sa monnaie
s'apprécie43. Dans le cas de la zone euro, cela se justifie
du fait que le taux de change se lit en unités de monnaie
étrangère par euro.
2. Prélèvement de la redevance de
contrôle de change en RDC
La BCC perçoit une redevance en change de 2%
sur tout paiement vers ou en provenance de l'étranger sans distinction
de la qualité du donneur d'ordre ou de bénéficiaire. Elle
peut mandater les intermédiaires agréés ou tout autre
organisme d'Etat à percevoir, pour son compte, la redevance du
contrôle de change. Par opération soumise à la redevance de
contrôle de change44, on attend :
v' Tout paiement effectué ou reçu par les
banques agréées vers ou en provenance de l'étranger
;
v' Toute exportation sans rapatriement des
devises.
Ne sont pas concernées par la perception de la
redevance de contrôle de change :
v' Les opérations de change effectuées pour
compte du trésor public et la BCC ;
v' Les opérations de change effectuées
par les banques agréées pour leur propre compte au titre
d'arbitrage, d'intervention sur le marché des changes interbancaires des
frais et commissions décomptés par les correspondants ainsi que
les arbitrages effectués par les bureaux de change ;
v' Les opérations de débit et crédit
entre les comptes en devises ouverts auprès du système bancaire
national ;
43 F. MISHKIN, op cit, P 601
44 BCC, journal officiel numéro
spécial, 20 janvier 2010, P 127
v' Les retraits en espèces sur les comptes en
devises, quel que soit le titulaire ;
v' Toute vente et tout achat de monnaies
étrangères contre monnaie nationale par les banques ou autres
internationales ;
v' Toute opération de débit ou
crédit effectuée par les résidents sur leurs comptes
à l'étranger ;
v' Les opérations des missions diplomatiques et
des organismes internationaux.
La redevance de contrôle de change est payable
en monnaies étrangères et les montants y relatifs sont
versés à la BCC conformément aux instructions
administratives édictées par celle-ci. L'annulation d'une
opération de change entraîne la résistance de la redevance
de contrôle de change perçu. Cette annulation ne peut intervenir
que dans un délai de 15 jours maximum à dater de la perception de
la redevance de contrôle de change par la banque
intervenante.
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