1.2.3 La Culture de la Résistance
Selon Said, après avoir vaincu les colonisateurs il
faut que les pays auparavant colonisés s'efforcent de
récupérer leur culture déjà effacée par les
formes de dominations coloniales. Said postule que les écrivains des
pays auparavant colonisés gardent leurs blessures de l'époque
précédente ce qui les amène à envisager leur avenir
dans un espace réclamé aux pays coloniaux- comme une
résistance contre ces pays.
Said élabore sa théorie avec les motifs de la
quête et du voyage qui apparaissent dans le livre de l'écrivain
d'origine kenyane James Ngugi. Selon la perspective de Said, l'écrivain
dans son roman: La Rivière de Vie réinterprète et
recrée l'idée du fleuve décrit par Joseph Conrad dans son
livre Le Coeur de Ténèbres13.
13 Edward W. Said; Résistance et Opposition dans
Culture et Impérialisme : Fayard Le Monde Diplomatique ; 2000
p.302.
Dans Résistance et Opposition qui fait partie
de son livre Culture et Impérialisme paru en 1994 Said postule
qu'apres la période de : « résistance primaire», qui a
été en fait le combat contre l'intrusion extérieur, vient
le temps de la résistance secondaire, c'est-à-dire
idéologiques14. Trois grands thèmes font surface dans
la résistance culturelle décolonisant mais en
réalité lies15. : a) le droit du pays à voir
son histoire dans son ensemble, b) au lieu d'être une réaction,
l'idée de résistance peut être une manière
alternative de décrire les histoires de pays autrefois colonisés
À dans lesquels les récits du colonisateur et du colonisé
sont mélangés. Par exemple le roman Les enfants de minuit
de Salman Rushdie16, c) remplacement d'un nationalisme
séparatiste par un nationalisme interne qui intègre les
communautés humaines.
Se référant aux stéréotypes Said
estime que personne n'est purement une chose. Les marques comme indien, femme,
musulman, américain ne sont que des points de commencement, et peu
importe le moment où ils sont suivis par les expériences
réelles. Le don pire et paradoxal du colonialisme fut de laisser les
peuples croire qu'ils sont seulement, notamment, noirs, blancs, occidentaux ou
orientaux.
1.3 Les représentations dans le monde actuel
Vivant dans une époque postcoloniale on trouve que les
théories d'Edward Said
14 Ibid p.300.
15 Ibid p. 307
16 J'aimerais bien ajouter ici les oeuvres de Ruth Prawar
Jhabvala. Ecrivaine d'origine juive allemande. Elle s'est installée
en Inde après son mariage avec un Parsi indien Cyrus Jhabvala en
1951. Elle a écrit plusieurs oeuvres qui mélangent récits
indiens, européens et américains. Ses oeuvres les plus connues
sont Heat and Dust/Chaleur et Poussières (1975), How I
became a Holy Mother and other stories/Comment je suis devenue une
mère sainte et autres contes ( 1976) et East Into upper East
: Plain Tales from New York and New Delhi/Les contes de New York à
New Delhi(1998). Actuellement elle vit aux Etats-Unis.
nous aident à comprendre les images et des
stóéotypes du pays autrefois colonisés. Ce sont ces
mêmes images et symboles qui restent figés dans l'imaginaire
collectif. Bien qu'il existe une réalité différente dans
chaque pays et culture, les images, les histoires, les idées sont
conceptualisées selon le schéma des cultures dominantes. Les
représentations « clichés » des pays du Moyen Orient et
d'Asie continuent. L'Arabe dans l'image populaire est conçu portant
robe, coiffure, sandales. Selon Said, l'Occident garde l'image des arabes comme
« fournisseurs de pétrole », porteurs de violence et
menaçants.
Le stéréotype arabe: un
cliché de Lawrence d'Arabie
Le cinéma et la télévision associent
l'Arabe soit à la débauche, soit à une
malhonnêteté sanguinaire. Il apparaît sous la forme d'un
dégénéré hypersexué, assez intelligent, il
est vrai, pour tramer des intrigues
tortueuses, mais
essentiellement sadique,
traître, bas. Marchand d'esclaves, conducteur de
chameaux, trafiquant, ruffian haut en couleur, voilà quelques-uns des
rôles traditionnels des Arabes au cinéma... (Said 1978 : 320).
Les cultures de la Chine, de la Corée et du Japon sont
représentées par une idée de fermeture et de discipline
qui soutient leur croissance économique. Le dragon qui représente
la Chine lui donne une image du pouvoir propre qu'elle réclame
aujourd'hui. La Chine est aussi représentée par la couleur rouge
À la couleur du parti communiste À qu'on peut interpréter
comme le désir de la Chine de devenir une puissance mondiale.
Bien qu'il se trouve de grands bâtiments et des
autoroutes dans son continent, l'Afrique est représentée par ses
forêts, sa nature, ses animaux, ses religions animistes et surtout par la
pauvreté. Pendant la période coloniale les africains furent
perçus à travers une théorie dite du Mythe du
Nègre17.
Egalement l'Amérique Latine est
représentée par les fêtes, le carnaval, les belles femmes.
Sa réalité de pauvreté et d'exploitation est peu
représentée dans les médias. Comme on vit actuellement
dans un monde de séduction audio-visuel ces représentations sont
utilisées pour attirer l'attention des gens, qu'il s'agisse de celles
des pays anciens colonisateurs ou anciens colonisés.
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