Ces sentiments antisémites propagés par tous
les médias furent accaparés par les nazis. La radio
émergea, en effet, comme un moyen idéal et le moins cher pouvant
communiquer cette propagande nazie instantanément aux gens. Le
gouvernement nazi obtint le contrôle sur le
Reichsrundfunkgesellschaft (RRG) la station de service public. Les
allemands ont pensé que la radio allait faciliter la création de
la communauté du peuple ( la Volksgemeinschaft).
Volkemsfanger : l'appareil de la
radio pendant l'époque nazie
L'élargissement de l'audience passait tout d'abord par
le développement du parc des récepteurs. Goebbels opta dans ce
domaine pour une politique volontariste, popularisée par un slogan :
«La radio dans chaque foyer allemand!». Le lancement en grande pompe,
en aoüt 1933, d'un récepteur bon marché, le
Volksempfänger (littéralement «
récepteur du peuple »), fut suivi de la commercialisation, en 1938,
d'un appareil plus petit et moins cher, mais moins performant, le
DeutscherKleinempfänger. Même si elle n'atteignait pas son
but, un taux d'équipement de 100%, cette politique porta ses fruits
puisqu'en 1941, près de 65% des ménages allemands
possédaient un poste de radio, contre 25% en 1933 (Favre, 2004). Pendant
le lancement de cet appareil, Goebbels a fait un discours décrivant la
radio comme « la huitième grande puissance du monde »30
Pendant la période nazie, il fallait écouter la
radio avec la fenêtre ouverte pour que les voix et des idées
nazies se répandent partout. C'est pourquoi Marshall Mc Luhan dans
Pour comprendre les Média en 1964, a qualifié la radio
comme « tam-tam tribal » et « qu'un Hitler ait seulement pu
exister politiquement est une conséquence directe de la radio et des
systèmes de sonorisation » Hitler disait à la radio de
Munich, le 14 Mars 1936 : « Je fais mon chemin avec une assurance de
somnambule ». Ses victimes et ses critiques ont été
aussi somnambules que lui. Ils ont dansé, envoûtés, par le
tam-tam tribal de la radio, qui prolongeait leur système nerveux central
et leur imposait à tous une participation en profondeur. « Je
vis véritablement à l'intérieur de la radio quand je
l'écoute. Il m'est beaucoup plus facile de me perdre dans la radio
que
30 Joseph Goebbels: The radio as the Eighth Great
Power; disponible sur
http://www.calvin.edu/academic/cas/gpa/goeb56.htm
dans un livre » disait un auditeur interrogé
au cours d'un sondage sur les habitudes radiophoniques » (Mc Luhan, 1964 :
326-328)31.
En trouvant que les discours politiques, les campagnes
électorales, les rassemblements de Nuremberg faisaient fuir l'attention
d'auditeurs, Goebbels a commandé la diffusion des émissions
musicales. La part des émissions musicales et de divertissement augmenta
fortement entre 1934-1935 et 1938, pour baisser de nouveau en 1939, lorsqu'il
s'agit de préparer la population à la guerre (Favre, 2006). D'une
part la radio était un moyen de communication très efficace et de
l'autre le fait que les chefs ne pouvaient pas voir la réaction des
auditeurs, limitait leur contrôle. Le poste de gardien de la radio fut
créé pour que la radio ait un médiateur. Le gardien
réunissait les auditeurs dans les clubs de radio, qui poussaient comme
des champignons en Allemagne, et contrôlait les réactions des
auditeurs32.
La propagande nazie n'était pas limitée au
territoire allemand. Entre 1939-45 la propagande nazie fut diffusée
partout dans le monde, dans plusieurs langues étrangères. Selon
une enquête menée par Jeffrey Herf sur la propagande nazie,
diffusé en Arabe au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et Persan en
Iran, s'appuyaient sur les sentiments anti-juifs existant chez ces peuples pour
propager d'avantage l'antisémitisme.33 L'Allemagne avec sa
station radiophonique de Zeesen est devenue le plus grand poste de propagande
dans le monde. Après les Jeux Olympiques de Berlin en 1936, le poste de
Zeesen fut utilisé pour diffuser les émissions en langue
allemande pour les Allemands demeurant en Afrique du Sud, en Amérique du
Sud et aux Etats-Unis pour
31 Tirée de La Radio Idéologies et la
Sociétés collection dirigé par Rémy Martel,
Libraire Larousse; 1980 p. 100-101
32 Eugen Hadomsky, The living bridge, On the nature of radio
warden activity: disponible sur
http://www.calvin.edu/academic/cas/gpa/hada3.htm
33 Jeffrey Herf : Hate Radio: The long toxic after-life
of Nazi propaganda in the Arab world in The Chronicle of Higher Education;
Novembre 22, 2009; disponible sur
http://chronicle.com/article/Hate-Radio-Nazi-Propaganda-in/49199/
propager l'image de l'Allemagne comme un pays grand et tout
puissant. Les rédacteurs des journaux dans ces derniers pays ont suivit
ces émissions et rajouté ces informations, en les diffusant dans
leur journaux popularisant ainsi les idées nazies et
antisémites.