I.3. NOTIONS SUR ACCESSIBILITES AUX SOINS ET VIABILITE
DES
INSTITUTIONS SANITAIRES
Un point d'équilibre doit être trouvé
entre l'accessibilité et la viabilité pour l'amélioration
de l'état de la santé de la population et la pérennisation
des investissements consentis par l'Etat et ses partenaires de ce secteur.
L'accessibilité des services de santé qui se
définit comme la capacité d'un malade à recourir
aisément aux soins de santé nécessaires à son
état, est mesurée en fonction de la disponibilité des
services de santé, de l'acceptabilité culturelle, de la distance
à parcourir pour les atteindre et du coût à payer pour les
services obtenus17.
L'accessibilité est l'essence de la politique sanitaire
nationale formulée dans la stratégie des soins de santé
primaires. Elle a été envisagée, sous l'angle quantitatif,
comme l'accès aux soins par toute la population. C'est ce que rapporte
Janssens dans son ouvrage en parlant des objectifs des soins de santé
primaires en RDC : « l'objectif prioritaire est l'accessibilité
des soins à toute la population
»18. Malheureusement, cette politique n'avait pas défini
la place exacte qu'elle accordait aux pauvres, aux indigents et aux gagne
petits.
17 DEP-Ministère de santé Tome II:
« étude sur l `accessibilité financière des
communautés aux soins de santé », octobre 2004, p7
18Idem
Elle n'a pas non plus prévu des mécanismes ou
des solutions d'accès aux problèmes d'exclusions permanentes et
temporaires. Tout est resté une affaire des prestataires des soins.
C'est alors qu'est intervenu un autre concept, la viabilité
financière des formations sanitaires. C'est la capacité des
services à maintenir un niveau optimal de fonctionnement à
travers le temps. Elle est fondée essentiellement sur la notion d'«
autofinancement ».
Vue sous l'angle des acteurs sanitaires, l'idée de
l'autofinancement était plutôt celle d'une autonomie d'utilisation
des recettes générées. Janssens affirme à
cet effet qu'« une des idées maîtresses nées au
cours des travaux de la commission réunissant les principaux
responsables de services de santé est que les formations d'une zone de
santé sont autorisées à utiliser les recettes qu'elles ont
recueillies (autofinancement) ». Conçue comme une machine
idéale fonctionnant avec un rendement à 100%, l'autofinancement
devrait alors devenir l'unique ressource de fonctionnement grâce au
recouvrement des coûts d'actes et des soins médicaux. Les
résultats attendus de l'autofinancement étaient supposés
être la viabilité à 100%, c'est ce qui justifia la
politique de désengagement de l'Etat et l'anarchie dudit secteur.
L'état de santé de la population étant
désormais entre les mains des prestataires, ces derniers
commencèrent à fixer les règles d'accès aux soins
pour assurer la viabilité de leurs formations sanitaires. Avec moins
d'engagement gouvernemental, ils ne se souciaient pas du potentiel financier
des ménages, entraînant ainsi des exclusions aux soins des
ménages démunis.
Comment peut-on donner accès aux soins à toute
la population et donner en même temps aux services de santé leur
autonomie exprimée sur le plan financier en une viabilité
à 100%, et cela pour une population dont le pouvoir d'achat chute jour
après jour ? C'est la question de fond du débat entre
l'universalité d'accès et l'éligibilité
financière pour tous aux services de santé.
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