REPUBLIQUE TUNISIENNE
MINISTERE DE L'AGRICULTURE MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT
SUPERIEUR
ET DE L'ENVIRONNEMENT ET DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
INSTITUTION DE LA RECHERCHE ET DE L'ENSEIGNEMENT
SUPERIEUR AGRICOLE
|
|
UNIVERSITE DE CARTHAGE
|
INSTITUT NATIONAL AGRONOMIQUE DE
TUNISIE
MASTERE
Lutte Contre la Désertification et Gestion
Durable des Ressources
en Milieu Aride
LA FILIERE DES DATTES COMMUNES
DANS LES OASIS DE GABES DANS LE
CONTEXTE DES ALEAS CLIMATIQUES
ET ECONOMIQUES :
FONCTIONNEMENT, ATOUTS ET
CONTRAINTES
Soutenu le : 18 Février 2011
Par :
Foued BEN HMIDA
Jury :
- Mehdi BEN MIMOUN : Président
- Abdallah BEN SAAD : Directeur de mémoire - Ali ABAAB :
Co-directeur de mémoire
- Mohamed ELLOUMI : Examinateur
DEDICACE
Je dédie ce travail
A mon père,
A la mémoire de ma mère,
A ma femme qui m'a soutenue tout au long de ce
travail,
A mes chers enfants : Zina, Mohamed, Ahmed,
A mon frère ; mes soeurs et toute la famille.
REMERCIEMENTS
Je tiens à adresser mes remerciements les plus
sincères tout d'abord à mes deux encadreurs, Monsieur Abdallah
BEN SAAD, Chargé de recherche agricole/HDR et Monsieur Ali ABAAB,
professeur d'enseignement supérieur à l'Institut des
Régions Arides de Médenine/GTZ, qui ont bien voulu diriger mon
travail de recherche tout en me faisant bénéficier de
l'encadrement scientifique et du soutien moral nécessaire pour
accompagner cette aventure de recherche. Je suis heureux de leur
témoigner ma très vive reconnaissance et mon profond respect.
Je ne saurais oublier de remercier les honorables professeurs qui
ont bien voulu accepter de faire partie du jury pour examiner ce travail.
Mes vifs remerciements vont également à Monsieur
Sofiane MEDDEB Directeur Général du GIFruits, qui m'a autoriser
à suivre cette formation ce qui m'a permis de démarrer cette
recherche avec beaucoup d'enthousiasme et d'énergie ,sans oublier les
Ex-Directeurs Généraux du GIFruits et du GID :Mrs Med Ali
JENDOUBI, Habib AZAIEZ et Mohamed RAHMANI.
Mes pensées de sympathies et de remerciements vont
également à Mr Mohamed JERIDI Président de l'UTAP de
Gabès ;Mr Abdelhamid HAJJI Directeur Général du CRDA de
Gabès, mes collègues au CRDA de Gabès, Qu'ils trouvent ici
l'expression de mes salutations les plus sincères.
Je ne saurais oublier aussi de remercier sincèrement
les honorables enseignants du Mastère LCD de l'INAT et de l'IRA de
Médenine et Mr Ilyes HAMZA , Directeur de l'INAT .
Il m'est agréable aussi d'adresser mes remerciements
les plus chaleureux à l'ensemble de mes amis à Gabès Habib
ESSID et Said MISSAOUI, qui n'ont cessé de me soutenir moralement.
Mes remerciements vont aussi à Moktar CHAMEK, Ilyes
MESSELLINI et Olfa FTIRICH.
Je voudrais enfin rendre hommage aux paysans des oasis du
Grand Gabès et d'El Hamma pour leur disponibilité et leur accueil
chaleureux. Ils ont souvent accepté de répondre à mes
questions et mes interrogations avec sincérité et enthousiasme.
Ils m'ont permis à travers les nombreuses discussions, entretiens et
contacts sur le terrain de découvrir d'autres réalités et
de comprendre les vrais mécanismes des dynamiques de fonctionnement de
la filière datte. Qu'ils trouvent ici l'expression de mes sentiments les
plus sincères de sympathie et de respect pour leur lutte continue pour
une vie meilleure.
RESUME
Les oasis de Gabès, qui sont les seules oasis
littorales au Monde, couvrent une superficie de 6660 ha, soit environ 22% de la
superficie totale des oasis Tunisienne. Ces oasis sont connues par leurs dattes
communes dont les principales variétés sont :«Bouhattam,
Lemsi, Rochdi et surtout Kenta». Ces dattes sont vendues sur le
marché local, mais une grande partie est destinée aussi à
l'exportation.
L'objectif de ce travail est d'étudier l'environnement
global du secteur dattes en Tunisie en identifiant son poids économique
sur le plan national et régional. Et pour mieux comprendre
l'évolution globale de ce secteur, nous appliquerons l'approche filiere
afin d'identifier les forces et les faiblesses au niveau de chaque segment et
dans l'ensemble de la filiere datte dans les deux oasis de Gabes et d'El
Hamma.
Mots clés : Oasis, dattes communes,
filière, Gabès, El Hamma
ABSTRACT
The oasis of Gabes, which are the only coastal oasis in the
world, covering an area of 6660 hectares, approximately 22% of the total
Tunisian oases. These oases are known by their common dates, the main varieties
are: "Bouhattam, Lemsi, especially Rochdi Kenta." These dates are sold on the
local market, but much is also intended for export.
The objective of this work is to study the global environment
sector dates in Tunisia by identifying its economic weight on the national and
regional levels. And to better understand the overall evolution of this sector,
we will apply the value chain approach to identify the strengths and weaknesses
in each segment and in the whole sector in both date oasis of Gabes and El
Hamma.
Keywords : Oasis, common dates, industry, Gabes,
El Hamma
ÉßÑÊÔã~Ç
|
ÑæãÊ11È
|
ÊtÍÇæ1Ç åÐl
cÑ~Êæ
|
. ÉñÓäæÊiÇ
Ê1ÍÇælÇ
ÚæãÌã äã %
|
22 ðlÇæÍ
|
ÑæãÊlÇ åÐ4
ÚiÈÊæ
|
."1Êäß~Ç
ÉÕ1Îæ íÏÔÑlÇ
ðÓãá~Ç
|
ãØÍæÈ1Ç
|
" :
|
ð~ ÉñÓñÆÑlÇ
L1äÕáÇæ
|
ÑñÏÕ:12.
.
|
åøÌæã
1åäã ÑñËß~Ç
äß~æ ÉñáÍã ~Ç
ÞæÓ2Ç ð
|
í
|
Ñ~ÊßA
|
6666
|
ÉÍ1Óã
ðØÛÊ ãl~Ç ð
|
sÏñÍæ.Ç
|
ÉñáÍ1Ó~Ç
ÉÍÇæ1Ç
|
Udli':A
ð4 ðÊlÇæ
ÓÈ1Þ ÉÍÇæ
|
ÏñÏÍÊ
áã1Ô1Ç
ÉÓÇÑÏ æ4
áã.3Ç ÇÐk äã
LÏå1Çæ
äñÏñPÕ~Ç
ìáÚ
íÏ1ÕÊÞáÇÇ
1åäÒæ
ÞñÑØ
|
äÚ ÓäæÊ
|
ð ÑæãÊlÇ
Ú~Øil ã1~~Ç
|
Ñ1ØáÅÇ
|
ÑæØÊál
|
áÖ ãå
|
áÌ äãæ .
ðãñáÞáÅÇæ
|
ðäØæ~Ç
|
áß ð L.Ö~Çæ
SæilÇ Ø1~ä
ÏñÏÍÊ~
|
Þ ñÓ~~È
ÉÈÑtiãlÇ
ÉÓÇÑÏ
|
ÉãøtÍ.Ç
ÓÈ1Þ Þ ñÓ11È
ÉÈÑ1.ã1Ç
|
ÉßÑÊÔã1Ç
|
ÑæãÊlÇ
|
ÉÍÇæ
|
:
|
ÍiÇã
ÊÇãáß
|
.Éãø~Í.Çæ
ÓÈ1Þ ðÊÍÇæ
ð
ÞÈØä 4æÓ
Ú~Ø~LÇ ÇÐå~ åäã
ÁÒÌ áß ðæ
Ú~ØalÇ
SOMMAIRE
Chapitre I : LES DATTES TUNISIENNES : IMPORTANCE
ECONOMIQUE, PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE
1. IMPORTANCE SOCIALE ET ECONOMIQUE DES DATTES
2. PROBLEMATIQUE
3. METHODOLOGIE
4. CONCEPTS ET DEFINITIONS
Chapitre II. PRESENTATION DE LA REGION D'ETUDE
1. L'OASIS DITE DU GRAND GABES
2. CONTRAINTES ET POTENTIALITES DU MILIEU
Chapitre III : LES DIFFERENTS SEGMENTS DE LA FILIERE DES
DATTES COMMUNES
1. PRESENTATION DE LA FILIERE DES DATTES EN TUNISIE
2.PREMIER SEGMENT DE LA FILIEIRE : LA PRODUCTION ET
L'UTILISATION DES DATTES ET DES SOUS PRODUITS DU PALMIER DATTIER
3. DEUXIEME SEGMENT DE LA FILIERE : LE CONDITIONNEMENT
4. TROISIEME SEGMENT DE LA FILIERE : LA LOGISTIQUE
5. QUATRIEME SEGMENT DE LA FILIERE : LA CONSOMMATION
6. CINQUIEME SEGMENT DE LA FILIERE : LA COMMERCIALISATION ET
L'EXPORTATION
Chapitre VI : CONCLUSION GENERALE
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n° 1 : Evolution de la production
mondiale. Tableau n° 2 : Principaux pays exportateurs de
dattes (2001) Tableau n° 3 : Répartition des
effectifs par région
Tableau n°4 : Répartition des
effectifs par variété en Tunisie
Tableau n°5 : Répartition du nombre
de pieds et de la production dans oasis dans de Gabès Tableau
n° 6 : L'effet oasis
Tableau n°7 : Répartition des oasis
tunisiennes.
Tableau n°8 : Températures moyennes
mensuelles à Gabès de 1901-1992 (°C)
Tableau n° 9 : Evolution de l'exploitation
des nappes profondes du sud tunisien (en mm3/a) Tableau n° 10 :
Bilan hydraulique de la nappe de la Djeffara
Tableau n° 11 : Tableau
récapitulatif des principaux acteurs de la filière datte
tunisienne Tableau n° 12 : Tranches d'ages des
producteurs
Tableau n° 13 : Les modes de faire valoir
dans les oasis de Gabès et El Hamma
Tableau n° 14 : Structures des charges des
exploitations enquêtées (%)
Tableau n° 15 : La part du revenu agricole
du revenu total de l'unité de production (%) Tableau n° 16
: Structure du revenu agricole des exploitations
enquêtées
Tableau n° 17 : Comparaison de
rentabilité entre le palmier dattier et le grenadier
Tableau n°18 : Relation
production-précipitations de 2001 à 2009 dans les oasis de
Gabès Tableau n° 19 : Les fumigeant couramment
utilisés pour le traitement des dattes
Tableau n°20 : Evolution de la consommation
des dattes par habitant 1975 / 1998
Tableau n°21: Répartition des
exportations tunisiennes des dattes par pays de destination Tableau
n°22 : les exportations de dattes communes
Tableau n°23. : Les exportations de dattes
Deglet Nour de 2000 à 2007 Tableau n°24 : part du
marché DN par rapport au DC
Tableau n°25: Evolution des exportations de
dattes sur les marchés des pays arabes
Tableau n°26 : Evolution des exportations
sur les marchés asiatiques et l'Afrique du Sud Tableau n°27
: Contraintes/atouts
LISTE DES PHOTOS
Photo 1-Opération de collecte de legmi du
palmier Photo 2-Fruit datte Kenta
Photo 3-Fruit datte Deglet Nour
LISTE DES FIGURES
Figure n°1 : Schéma filière
agroalimentaire
Figure n° 2 : Moyennes
pluviométriques mensuelles à Gabès entre 1901 et 1991
Figure n° 3 : Schéma de la filière datte en
Tunisie
Figure n°4 : Etapes de conditionnement de
la datte
Figure n° 5 : Ecart entre les
différents niveaux de prix
INTRODUCTION
Les oasis ont joué un rôle important dans
l'établissement des routes commerciales empruntées par les
caravanes qui y trouvent un coin de repos et une source de ravitaillement en
vivres. RENUCCI (1978) précise en disant que « c'est sans doute
pendant ce temps fort des échanges commerciaux, que fut crée un
grand nombre de ces oasis. Leur fonction premiere n'était donc pas
agraire. Elles constituaient des étapes de transit, des comptoirs et des
ports ». Il ajoute que « l'histoire prouve que l'oasis
c'est-à-dire le couple jardins irrigués - agglomération
est fille du commerce et non pas du surplus agricole ».
Un peu plus tard, et après le passage du système
pastoral au système agro-pastoral avec la sédentarisation des
nomades, les oasis sont totalement intégré ce nouveau
système par la solide relation oasis-steppe (il y a une vingtaine
d'années) et oasis-ville (aujourd'hui).
En effet, située dans un environnement aride et
hostile, les oasis constituent un écosystème original,
fondé sur le juste équilibre de trois éléments :
l'abandon de l'eau, la qualité du sol et la présence de palmiers
dattiers dont le feuillage en forme de parasol crée un véritable
microclimat. Par l'activité agricole qui s'y déploie, l'oasis
joue d'ailleurs un rôle essentiel pour la sécurité
alimentaire de ses habitants, mais aussi de ceux des villes environnantes.
En règle générale, les systèmes de
production dans les oasis combinent judicieusement productions
végétales et élevages. Les associations
agriculture-élevage valorisent des ressources rares comme l'espace
cultivable (parcelle exiguës) et les ressources en eau (de moins en moins
disponible).
Ainsi, le système de culture de l'oasis s'organise en
trois étages :
- L'étage du palmier dattier, qui constitue l'étage
supérieur jouant le rôle de brise-vent et de protecteur des autres
cultures contre le soleil.
- L'étage intermédiaire constitué d'arbres
fruitiers (grenadiers, abricotiers, pruniers, mûriers, pommiers, etc.)
- L'étage inférieure constituée par les
cultures maraîchères (carottes, navets, piments, blettes,..), les
cultures fourragères (luzerne, vesce - avoine, orge en vert,..) et
cultures industrielles (tabac, henné)
Une autre constance de la structure oasienne est le travail en
planches de culture, une organisation de l'exploitation appropriée
à l'irrigation par submersion.
Quant au système d'élevage, il a été
pendant longtemps basé sur l'élevage des petits ruminants (ovins
et caprins).
Or l'équilibre de l'oasis aux productions
diversifiées, qui est le résultat d'anciennes pratiques agricoles
et l'élevage gérant au mieux les ressources locales, est
menacé par les nouvelles pratiques oasiennes imposées par des
changements socio-économiques.
En effet, la pression démographique,
l'amélioration du niveau de vie des populations, le changement des
comportements alimentaires, le changement des valeurs sociales et
comportementaires, sont autant de facteurs qui ont influencé le
comportement et les pratiques des oasiens et par voie de conséquence ont
influencé les systèmes de production oasiens.
Ainsi, les systèmes de production des oasis de
Gabès, qui étaient basés autrefois sur une association
arbres fruitiers (principalement le palmier dattier) et élevage des
petits ruminants (principalement l'élevage caprin) ont connu depuis le
milieu des années 80 une transformation radicale en connaissant une
nouvelle association cultures maraichères-élevage bovin.
Il va sans dire que la situation des oasis de Gabès est
préoccupante. La reconversion des palmeraies a entraîné une
érosion génétique sévère de la
diversité génétique de patrimoine phoenicicole (CHETOUI et
HAMROUN, 2004). Cette reconversion a favorisé la disparition progressive
de certaines variétés présentant des intérêts
socio-économiques et même technique importants (MRABET et al.
2006).
D'ailleurs nous adhérons au constat que fait HAJJI
(1994) lorsqu'il énumère les facteurs qui ont provoqué
l'aggravation de la situation de la «crise oasienne» et dont il cite
principalement : «morcellement accrue, indivision, manque de main d'oeuvre
et disparition des formes de salariat basées sur «el
khemassat», manque d'eau, disparition des formes d'entraide et de
solidarité d'où une mauvaise gestion de l'eau, faible
intégration agriculture élevage, revenu de plus en plus faible,
etc.».
A cela s'ajoutent les changements climatiques qui commencent
à peser, depuis quelques années, sur la production
végétale oasienne.
Nous n'ajoutons rien de neuf lorsque nous signalons que
l'augmentation du coüt du travail, due à la raréfaction de
la main-d'oeuvre, conduit les exploitants à ne plus recourir à
certains travaux ou à les faire moins fréquemment. Il en
résulte une diminution des rendements et des revenus, ce qui
entraîne un important manque à gagner (LASSAUX, 2004).
Mais en dehors de ces phénomènes socio agro
économiques, les autres activités oasiennes (activités
artisanales, de conditionnement et de conservation des produits de l'oasis)
liées au savoir-faire ancestral se trouvent elles aussi menacées.
BEN SAAD (2004), affirme avec juste raison qu'avec l'abandon des cultures et
pratiques oasiennes par un nombre non négligeable d'oasiens, le risque
de la perte du savoir-faire local est très grand. La transmission du
savoir-faire lié à l'utilisation des dérivés du
palmier (tronc, palme, «lif», etc.) ainsi que la conduite de
cette culture (pollinisation, extraction du jus du palmier, etc.), ainsi que la
conduite de plusieurs autres cultures oasiennes (tabac, henné, luzerne,
etc.) ne sera plus assurée.
De ce fait, le palmier dattier a perdu de l'importance. Le
nombre de palmier dans l'oasis du grand Gabès est passé de 350
000 pieds en 1969 à 110 000 pieds aujourd'hui (FANNY, 2008).
Toutefois, CONFRONTI et al. (2004) signale que la
société oasienne dans son ensemble évolue et cherche
à s'adapter à la nouvelle donne économique, et c'est dans
cette esprit que nous avons choisi d'étudier la filière des
dattes communes puisque nous considérons que la valorisation du
patrimoine dattier dans les oasis de Gabès, basé sur les dattes
communes, constitue une alternative pour la sauvegarde et réhabilitation
des oasis de cette région.
Chapitre I : LES DATTES TUNISIENNES : IMPORTANCE
ECONOMIQUE, PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE
1. IMPORTANCE SOCIALE ET ECONOMIQUE DES DATTES
1.1. VALEURS CULTURELLES ET SOCIAUX DU PALMIER DATTIER
a) Le palmier dattier est un arbre de civilisation des zones
semi-arides, arides à hyper-arides chaudes. Véritable arbre
providence, il a permis à l'homme d'installer des centres de vie dans
des milieux désertiques hostiles, jalonnant les grandes routes
commerciales caravanières. Les productions diverses sont utiles aux
familles oasiennes pour leurs échanges, leur autoconsommation, leur
auto-provisionnement et leur sécurité alimentaire en cas de crise
:
- dattes fruits ou transformées pour la vente, aliments
de l'homme et de son cheptel
- 1500 à 2700 calories /kg
- Graines = 1300 calories /kg pour l'alimentation du
bétail
- Bois de feu 35 kg à 50 kg de bois par an/arbre
- Bois d'oeuvre -clôtures-folioles pour vannerie
- Fibrillium pour corderie
- Sève pour «legmi» (jus de palmier)
Rappelons son rôle écologique par son aptitude
à créer un mésoclimat sous ses frondaisons, favorable
à la vie des hommes et des animaux d'accompagnement, à la
végétation des cultures associées, à
l'économie de l'eau d'irrigation en tamponnant les ardeurs du
macro-climat à la qualité du cadre de vie et des paysages,
etc.
b) Les noms des variétés évoquent des
histoires légendaires pleines de poésie. Deglet Nour traîne
derrière elle plusieurs légendes, mais nous retiendrons de son
nom qu'une de ses significations « Doigt de lumière » qui
évoque la datte proche de la perfection, ambre claire, translucide, au
point d'y déceler l'ombre de la graine à la lumière du
soleil.
c) Autour du palmier dattier se développe un certain
mode de vie, rythmé par les saisons et les moments forts d'interventions
de l'homme sur l'arbre, telles la pollinisation, l'inclinaison des
régimes, la récolte, tandis que simultanément se
déroule dans un cycle remarquable, la mortalité des palmes de la
couronne basale et la résurrection de nouvelles palmes au niveau du
bouquet central.
Les relations de symbiose entre l'homme et le palmier dattier
sont essentielles pour assurer la production : « Meilleurs sont les soins,
meilleurs seront les résultats ». La pollinisation,
opération indispensable à une bonne production, est liée
au religieux. Lorsque le phoeniciculteur féconde les inflorescences, il
invoque le Très- Haut pour que la récolte soit bonne.
d) A ces valeurs culturelles s'ajoutent les rôles sociaux
du commerce de la datte : * Sur les marchés régionaux et
nationaux qui consomment le 2/3 de la production des oasis phoenicicoles
tunisiennes, des prix différenciés permettent à toutes les
catégories sociales d'acheter des dattes. Toutefois un effort sur la
qualité et la présentation des dattes est à envisager.
* Les entrées de divises importantes dues aux
exportations de dattes à dominante Deglet Nour permettent à la
Tunisie de couvrir 50% des importations de blés tendres. La production
dattière tunisienne est donc un enjeu politique national de premier
ordre. La montée en puissance de la production des dattes Deglet Nour
dans la prochaine décennie d'une part, et la loi du marché
mondial qui tire les prix vers le bas d'autre part, doivent inciter la Tunisie
à développer une politique de qualité sur l'ensemble de la
filière datte.
* L'Etat et les collectivités tunisiennes créent
les conditions socio-économiques dans lesquelles travaillent les
différents producteurs de dattes.
Si nous voulons développer une politique de
qualité de production des dattes, il est indispensable de créer
les conditions d'intéressement des producteurs aux profits
dégagés par la filière. Moraliser et organiser la
filière datte devient une tâche indispensable pour répondre
à ces objectifs qui reposent sur des aspects tangibles :
- aspects culturels : civilisation du palmier-dattier,
religion
- aspects environnementaux : agrosystème en
équilibre, préservation des ressources,
lutte contre la désertification, qualité de cadre
de vie, attrait des territoires
- aspects sociaux : améliorer les niveaux et conditions de
vie des phoeniciculteurs et
ouvriers phoenicicoles des palmeraies.
1.2. IMPORTANCE DU SECTEUR PHENICIOLE DANS LE MONDE
La production mondiale de dattes s'élève
à environ 6 millions de tonnes (2002) produites par plus d'une trentaine
de pays, la datte est la 15ème production fruitière
mondiale. Tableau n° 1 : Evolution de la production
mondiale (en tonne).
|
2000
|
2001
|
2002
|
Egypte
|
1.006.710
|
1.113.270
|
1.113.270
|
Iran
|
869.573
|
874.985
|
874.985
|
E.A.Unis
|
757.601
|
757.600
|
757.600
|
Arabie Saoudite
|
735.000
|
735.000
|
735.600
|
Irak
|
600.00
|
650.000
|
650.000
|
Pakistan
|
612.482
|
631.695
|
631.695
|
Algérie
|
365.616
|
370.000
|
370.000
|
Oman
|
282.000
|
280.300
|
248.458
|
Soudan
|
176.000
|
17.700
|
177.000
|
Tunisie
|
105.000
|
113.000
|
110.000
|
Source : FAO 1995
Les exportations mondiales de dattes sont
élevées en 2001 à environ de 700 milles tonnes. La Tunisie
occupe la 10ème place au rang mondial en quantité
produite, la 4ème place sur le plan exportation en volume et
la 2ème place en valeur des exportations.
Tableau n°2 : Principaux pays exportateurs
de dattes (2001)
|
Quantité(T)
|
Rang
|
Valeur ($)
|
Rang
|
E.A.Unis
|
375000
|
1
|
115000
|
1
|
Iran
|
119364
|
2
|
28475
|
3
|
Pakistan
|
69384
|
3
|
23234
|
4
|
Tunisie
|
47043
|
4
|
73412
|
2
|
Arabie Saoudite
|
31881
|
5
|
18694
|
5
|
Irak
|
30000
|
6
|
5000
|
8
|
France
|
8465
|
7
|
15878
|
6
|
Algérie
|
7850
|
8
|
10441
|
7
|
Source : FAO 1995
1.3. IMPORTANCE SOCIO-ECONOMIQUE DU PALMIER DATTIER EN
TUNISIE :
Sur le plan national, le secteur phoenicicole représente
:
- 4% de la valeur totale de la production agricole.
- 7% de la valeur totale de la production
végétale.
- 12% de la valeur totale des exportations agricoles, ce qui lui
permet d'occuper la 3 ème place après les produits de la mer et
l'huile d'olive.
Les palmeraies Tunisienne occupent environ 40000 ha,
l'effectif des palmiers dattiers est de 5400000 pieds. Le nombre d'agriculteurs
pratiquant la pheoniciculture est d'environ 50000 agriculteurs repartis en 4
principales zones de production.
Tableau n°3 : Répartition des
effectifs par région
Gouvernorat
|
Superficies (ha)
|
Nombre de pieds
|
Tozeur
|
8363
|
1638000
|
Kebili
|
23000
|
3000000
|
Gafsa
|
1850
|
214000
|
Gabès
|
6800
|
530000
|
TOTAL
|
40000
|
5382000
|
Source : GIFruits 2009
En Tunisie on compte plus d'une centaine de
variétés dont nous citons les principales qui ont une valeur
économique importante :
Deglet Nour, Allig, Kenta, Khouet Allig.
Tableau n° 4: Répartition des
effectifs par variété en Tunisie
Variété
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Deglet Nour
|
3541000
|
65%
|
Allig
|
400000
|
8%
|
Kenta
|
200000
|
4%
|
Khouet Allig
|
110000
|
2%
|
Dattes communes
|
800000
|
16%
|
Autres
|
331000
|
5%
|
Total
|
5382000
|
|
Source : GID 1990
1.3.1. Importance économique du palmier dattier
à Gabès
Entre mer et désert, Gabès est une ville et une
oasis littorale de la cote Est de la Tunisie (oasis littorale). En toutes
seules les oasis de la région de Gabès couvrent une superficie de
6660 ha (GID, 2000) ; soit environ 22% de la superficie totale des oasis
Tunisienne. On considére « Bouhattam, Lemsi, Rochdi et Kenta »
comme les plus importantes variétés produites dans les oasis de
Gabès. Ces variétés sont vendues aux différents
marchés à l'intérieur du pays avec un prix oscillant entre
0.2 à 0.8 D/kg (prix de gros). On note l'importance de la production de
Kenta dans les oasis de la Délégation de El Hamma dont une grande
partie est destinée à l'exportation.
Tableau n° 5: Répartition du nombre
de pieds et de la production par oasis dans la région de Gabès
Zones de culture
|
Nombre de pieds
|
Production(T)
|
Gabès
|
117002
|
5850
|
Gannouch
|
19458
|
500
|
Mareth
|
47100
|
2225
|
Metouia
|
53662
|
1700
|
El Hamma
|
262778
|
11225
|
Matmata
|
10000
|
500
|
Total
|
510000
|
22000
|
Source : GIFruits 2009
1.3.2. Principales variétés
cultivées dans les oasis de Gabès (voir annexes)
Les dattes des oasis de Gabès se répartissent en
trois groupes selon leur état de maturité. Ainsi on distingue
:
- Dattes dites Besr : Bouhatem, Rochdi,
Matata, Halwaï. Ces variétés se caractérisent par
leur maturité précoce
- Dattes dites "Rtob" : Ammari, Kadhouri,
Smiti, Dungui, Blanc Hawaï. Ce sont des variétés qui se
caractérisent par une difficulté due aux risques de pourriture
lors du transport. - Dattes Sèches : Kenta, et la Degla
à Ben Guilouf qui existent dans les oasis intérieures telles que
les oasis d'El Hamma, Aguiwa à Matmata. Ces variétés se
caractérisent par une aptitude de stockage. Il est à noter que la
variété Kenta représente 70% de la production totale des
pieds de palmier des oasis d' El Hamma, cette variété se
caractérise par un taux de glucose plus élevé que celui de
Degla et par une maturité plus précoce.
La sécheresse est une caractéristique permanente
de toutes les oasis. Néanmoins la pluviométrie moyenne annuelle
varie d'une zone à l'autre. Ainsi, la zone côtière Est
reçoit près de 200 mm, alors que les zones des oasis
continentales de l'Ouest ne reçoivent que 90 mm. Les
précipitations sont irrégulières d'une année
à l'autre. Elles se produisent en général en automne/hiver
et au printemps et prennent souvent un caractère orageux. La
pluviométrie (notamment en période automnale),
l'hygrométrie de l'air et surtout la température conditionnent le
choix de variétés de palmier dattier. Ainsi, la
variété Deglet Nour, prédominante dans les oasis de
l'Ouest, le Jérid et le Nefzaoua, n'arrive pas au stade de la
maturité dans les oasis côtières. Celles-ci
possèdent leurs variétés spécifiques,
précoces et adaptées à une somme de chaleur moins
importante, mais produisant des fruits de moindre valeur. Le type
variétal de palmier dattier détermine, en grande partie, certains
systèmes agricoles oasiens, selon la qualité marchande des dattes
produites.
Les oasis côtières sont
Caractérisées par un hiver doux et où seules des
variétés communes de palmier dattier sont cultivées.
L'importance du palmier est tres secondaire par rapport aux revenus
procurés par les autres fruits et les cultures annuelles, notamment les
cultures maraîchères et les cultures sous abris-serres. Le palmier
dattier, élément pauvre de ces oasis, reste cependant l'ossature
nécessaire à l'établissement de l'écosystème
oasien.
Les études entreprises par El Amami (1973) sur l'effet
oasis sur l'économie de l'eau ont montré que le palmier dattier
joue un rôle réducteur du rayonnement solaire global et par
conséquent de l'ETP. D'après ces travaux il est conseillé
de ne pas implanter ces mailles de cultures délimitées par le
palmier, d'une surface supérieure à 0.4 hectare.
Or, aujourd'hui et suite à la perte de l'importance
économique de cet arbre, le nombre de palmier par hectare est
passé de 350 pieds par hectare en 1969 à près de 100
seulement en 2008 (FANNY, 2008). Ceci ne fait que gommé le rôle de
réducteur du rayonnement solaire, que joué le palmier autrefois,
et ne fait qu'augmenter l'ETP dans les parcelles.
2. PROBLEMATIQUE
La richesse de la vie sur terre est le résultat de
centaines de millions d'années d'évolution et de milliers
d'années d'expériences paysannes dans l'acclimatation des plantes
et la domestication et le dressage des animaux.
De ce fait, nous pouvons dire que les oasis, sont non
seulement des zones cultivées intensivement dans des milieux
désertiques, mais sont aussi des symboles de gestion des ressources
rares et précieuses fruit de ce savoir-faire ancestral.
Leurs organisations héritées et adaptées
au cours des siècles se sont traduites autant dans des techniques
agronomiques que des modes de gestions écologiques, des modalités
sociales, économiques et culturelles qui constituent un véritable
patrimoine répondant parfaitement à la définition
même du développement durable. La diversité de leurs
situations a produit, entre autre, de multiples stratégies de
savoir-faire et de création de richesses permettant la fixation de
populations entières dans des milieux hostiles. C'est cette
extraordinaire richesse qui a produit une représentation mythique des
oasis largement partagée dans différentes régions.
En effet, et face aux diverses contraintes naturelles et socio
économiques et aux menaces qui pèsent sur le système
oasien, les agriculteurs de ces zones ont développé des
stratégies de développement « durable » et ont mis en
oeuvres des pratiques et approches qui leur ont permis de vivre et de
s'épanouir dans ce système à équilibre fragile. Ces
agriculteurs ont ainsi, à travers le temps, cumulé un
savoir-faire appréciable en matière d'agriculture oasienne. Il va
sans dire que l'adoption du système intensif à trois
étages et l'intégration de l'élevage des petits ruminants,
l'association agriculture artisanat, la pratique d'une agriculture
orientée vers les cultures sélectionnées dominées
par les variétés à forte valeur commerciale et la
diversification des productions sont autant d'exemples qui témoignent
d'un esprit d'ingéniosité de l'agriculteur oasien.
En outre, plusieurs techniques agricoles (modes de gestion des
ressources naturelles et forme d'organisation) ont eu naissance non pas au sein
des laboratoires de recherche, mais à l'intérieur de l'oasis
suite aux pratiques, aux savoirs et aux oeuvres du paysan oasien depuis la
création de ce « paradis sur terre » qu'est l'oasis.
Durant des siècles, et comme nous l'avons
signalé plus haut, ces populations ont exploité l'oasis sans
mettre en péril la biodiversité, mieux encore ils ont toujours
pris le soin de la préserver. L'oasien, à travers les temps, a su
maintenir cette biodiversité pour des raisons liées à sa
propre sécurité, sa nourriture, son habitat et sa culture. Du
coup, nous pouvons dire que la diversité biologique et le savoir-faire
local sont étroitement liés.
Il est clair que le palmier dattier, qui constitue le pivot du
système oasien, a une importance aussi bien écologique que
socio-économique. Il fournit un aliment important pour le bétail
et constitue une base pour l'exploitation artisanale par le biais de la
vannerie, de la sparterie et d'autres produits utilisés comme
matériaux de construction qui font vivre des familles entières
(ELHOUMAIZI, 1998). D'autre part, les dattes qui sont considérées
souvent par beaucoup de consommateurs comme un fruit dessert, constituent la
base de l'alimentation des habitants du Sahara, et peuvent servir à
l'élaboration d'une gamme très étendue de produits
alimentaires de grande valeur énergétique et
diététique (DJERBI, 1982).
Le système oasien a permis de créer des zones
tampons se référant à des techniques et des traditions
sociales assurant les meilleures conditions de gestion des ressources
naturelles.
Sur le plan agronomique, le palmier dattier occupe une place
stratégique dans la stabilité socio-économique et
écologique du système oasien. La population tunisienne vivant de
la phoeniciculture est estimé à environ 10% sur le plan
quantitatif, le patrimoine génétique phoenicicole tunisien compte
environ 5400 000 palmiers (MRABET et al, 2006).
Reste à préciser que les oasis, et malgré
la place qu'occupe le palmier, se dotent d'une diversité agro
écologique permettant plusieurs productions végétales et
animales puisqu'elles constituent des zones favorables à la production
des cultures fruitières (bananes, grenades, prunes, vignes, et c.), des
cultures légumières (piments, tomates, blettes, choux, carottes,
et c.), des cultures fourragères (luzerne, sorgho, vesce avoine, etc.),
des cultures industrielles (henné, tabac, etc.), sans oublier les
semences et boutures ainsi que les produits de l'élevage (INRAT, 2006).
Or, il faut préciser que les populations anciennes qui ont vécu
dans ces milieux désertiques, ont pu organisé l'espace oasien
autour du facteur « eau » en utilisant des techniques et des
méthodes traditionnelles basées sur la gestion sociale de l'eau
pour bien maîtriser cette ressource précieuse (KABIRI, 2006).
D'ailleurs nous pouvons affirmer avec juste raison que la gestion sociale de
l'eau, par le biais des structures traditionnelles de gestion, les fameuses
« jamiyâa maiyâa » (Association d'eau), ainsi que le
savoir-faire local ont constitué jusqu'à longtemps les deux
piliers de survie des oasis.
La consultation des références bibliographiques
(études, thèses, rapports et autres) que nous avons pu faire
jusqu'à maintenant nous permet de résumer les principales
contraintes au développement de l'agriculture oasienne comme suit :
- la situation hydraulique est marquée par un
déficit important en eau dans de nombreuses parelles qui sont en voie
d'abandon.
- le système d'irrigation par submersion est un
système de gaspillage d'eau. Par manque de nivellement, de
désherbage ou d'entretien, l'eau ne circule pas rapidement dans les
planches ce qui engendre une perte énorme.
- la destruction du palmier dattier, par le recours des
oasiens à l'extraction du vin de palme « legmi » comme source
facile d'entrée d'argent, pourrait bouleverser le milieu oasien
notamment en raison de son importance dans la création du
microclimat,
- la baisse du revenu agricole oasien est devenue un facteur
qui pousse les jeunes à fuir l'agriculture et les amène à
émigrer pour chercher des revenus meilleurs dans les secteurs des
bâtiments et des services (ROMDHANE, 2004),
- le fait urbain : par la création du complexe
industriel et la diversification des activités économiques,
Gabès est devenue un pole d'attraction pour la main-d'oeuvre du centre
et du sud et connaît un accroissement démographique important qui
s'est traduit par une explosion du périmètre communal en
dépit des oasis.
Si nous mettons l'accent sur l'une des problématiques
des oasis, à savoir la main d'oeuvre, l'apparition d'offres d'emplois
salariés dans un premier temps à l'étranger puis
localement dans les industries, l'administration et diverses autres
activités non agricoles à fortement attiré la force de
travail de l'oasis et a provoqué un désintérêt des
jeunes générations pour l'activité agricole. L'agriculture
oasienne est de plus en plus pratiquée à temps partiel
(ABDEDAEIM, 1997). Elle est, même, devenue pour certains, surtout les
fonctionnaires, une activité de « jardinage » et pour
d'autres, un attachement à un patrimoine familial sans plus. Tout cela,
qui s'ajoute aux mutations socio-économiques dans ce nouveau contexte de
mondialisation, fait que nous assistons de plus en plus à une perte du
savoir-faire local, à une utilisation de techniques inappropriée
à l'oasis (rigoles en ciment), à une introduction de
spéculations non compatibles avec les ressources oasiennes
(élevage bovin), à la déserte de la main d'oeuvre jeune,
au démantèlement des service d'encadrement et d'accompagnement
des oasiens (Désengagement de l'Etat), bref à l'accroissement du
phénomène d'abandon (déprise agricole) ce qui met en
péril la survie des oasis considérée comme « grenier
» de la biodiversité et du savoir-faire local (CHETOUI et HAMROUN,
2004).
Il va sans dire que la situation des oasis traditionnelles est
presque alarmante. La reconversion des palmeraies a entraîné une
érosion génétique sévère de la
diversité génétique de patrimoine phoenicicole (CHETOUI et
HAMROUN, 2004). Cette reconversion a favorisé la disparition progressive
de certaines variétés présentant des intérêts
socio-économiques et même technique importants (MRABET et al.,
2006).
Nous n'ajoutons rien de neuf lorsque nous signalons que
l'augmentation du coüt du travail, due à la raréfaction de
la main-d'oeuvre (manque de pollinisateurs des palmiers), d'une part et
à l'effondrement des prix des dattes communes, d'autre part, conduit les
exploitants à ne plus recourir à certains travaux ou à les
faire moins fréquemment (pollinisation, toilettage des palmiers, etc.).
Il en résulte une diminution des rendements et des revenus, ce qui
entraîne un important manque à gagner (LASSAUX, 2004).
Si nous continuons notre réflexion sur la
problématique, nous disons que les mutations socioéconomiques
qu'a connue la région de Gabès depuis l'installation des usines
chimiques au début des années 70, en premier temps et
l'instauration du programme d'ajustement structurel au milieu des années
80, en second temps, ont eu des effets néfastes sur les oasis.
En effet, plusieurs auteurs (BECHRAOUI, 1980 ; ABDEDAEIM,
1997, etc.) ont montré que l'impact négatif du secteur industriel
sur les oasis était multiple :
- sur le plan social, par les offres d'emplois annuels
(quelques milliers), par le développement
et la diversification des
activités économiques qu'elle a entraînés (services,
Bâtiment,
transport, industrie, émigration vers la Libye et
l'Europe, etc.) il a poussé les jeunes à déserter
l'agriculture oasienne,
- sur le plan agricole, par la consommation énorme
d'eau, il a favorisé le rabattement des nappes souterraines et donc il
est le premier responsable de la problématique de l'eau,
- sur le plan démographique, par la presque
multiplication de la population de la ville de Gabès ce qui a
provoqué une extension urbaine au dépend de l'espace oasien
(emprise du bâtit sur l'espace vert),
- sur le plan écologique, par la pollution chimique
qu'il a engendré, il a participé à la destruction de
l'étage supérieure des oasis à savoir les arbres fruitiers
et surtout le palmier (plusieurs centaines de procès gagnés par
les oasiens contre le Groupe Chimique Tunisien). D'un autre côté,
l'application du Programme d'Ajustement Structurel (PAS) à partir de
1986 n'a fait qu'aggraver la situation. Avant cette date, l'Office des
périmètres irrigués assurait l'encadrement des oasiens
(vulgarisation technique, accompagnement dans l'installation des nouveaux
projets, relais avec les autres services, etc.) leur ravitaillement en intrants
à des prix subventionnés et surtout leur facilitant la
commercialisation des produits. La suppression de cet office a mis les oasiens
seuls face aux lois du marché ce qui a provoqué la
paupérisation d'une masse non négligeable d'entre-deux et a
donné une raison de plus aux jeunes oasiens de déserter
définitivement l'activité oasienne, d'où
l'accélération du phénomène de déprise
agricole (abandon des parcelles) qui était, jusque là,
étrange à l'oasis (BEN SAAD, 2004).
Si on ajoute à cela individualisme et
égoïsme, comme nouvelles valeurs sociales dans ce nouveau contexte
de mondialisation, nous pouvons affirmer avec juste raison que la transmission
du savoir-faire local, entre générations, n'est plus à
l'ordre du jour des oasiens.
3. METHODOLOGIE
La méthodologie du travail est basée sur deux
aspects d'analyse économique : une analyse macro-économique et
une analyse micro-économique.
Dans le premier type d'analyse nous allons essayer
d'étudier l'environnement global du secteur dattes en Tunisie en
identifiant son poids économique sur le plan national et
régional. Et pour mieux comprendre l'évolution globale de ce
secteur, nous appliquerons l'approche filière afin d'identifier les
forces et les faiblesses au niveau de chaque segment et dans l'ensemble de la
filière. Notre analyse sera donc basée sur le concept de la
filière.
L'approche filière permet, ainsi, de mettre en
perspective des liens horizontaux et verticaux qui s'établissent entre
les membres d'une filière. Selon cette approche, le produit passe d'un
niveau d'opérateurs à un autre par le biais d'un mécanisme
de coordinations verticales, en général un marché. Dans
une perspective opérationnelle d'intervention, il est essentiel de
comprendre d'une part les relations horizontales entre les opérateurs
d'un même niveau (entre autre le niveau et les types de concurrence, le
degré d'organisation et de coordination, etc.) et d'autre part, les
relations verticales entre les niveaux (c'est-à-dire le fonctionnement
des différents marchés selon les différentes formes de
relations contractuelles entre les vendeurs et les acheteurs).
Toutefois, l'important dans ce travail n'est pas seulement de
reproduire des informations statistiques situant quantitativement la
filière dattes communes, mais plutôt d'identifier et de proposer
certains éléments de bases qui pourront nous aider à mieux
comprendre le fonctionnement de cette filière très peu
étudiée et surtout à mieux comprendre les
stratégies des opérateurs économiques.
3.1. SOURCES DE DONNEES
La source essentielle de données utilisée dans
notre analyse de la filière dattes communes provient du GIFruits
(ex-GID) (Groupement Interprofessionnel de Dattes), qui nous a fourni toutes
les statistiques sur la production et l'exportation.
Les autres données concernant les producteurs, les
collecteurs et les conditionneurs proviennent de notre propre enquête
réalisée dans deux oasis de la région de Gabès :
l'oasis dit du Grand Gabès (570 ha) et l'oasis d'El Hamma (400 ha).
3.2. CHOIX DE L'ECHANTILLON DE L'ENQUETE
Le nombre de producteurs par type d'intervalle de surface
(0.1-0.5 ha, 0.6-1 ha et > 1 ha) est d'autant plus important que les
surfaces de l'intervalle sont plus faibles. Ceci est expliqué par le
degré d'homogénéité entre les producteurs qui
diminue avec la diminution de la superficie exploitée. En effet, les
grands producteurs emploient souvent de moyens importants pour maximiser leur
profil agricole et associent parfois la production végétale
à la production animale. Par contre les petits producteurs sont
très différents, chacun essaye de subvenir à ses besoins
selon ses moyens très limités. Dans cette catégorie de
producteurs la production maraîchère et surtout l'extraction du
jus de palme «legmi» est souvent plus importante que la
production de la datte.
Le nombre d'agriculteurs enquêtés est de 50 pour les
deux oasis :
· 23 producteurs avec une superficie agricole pour chacun
comprise entre 0.1 et 0.5 ha
· 15 producteurs avec une superficie agricole pour chacun
comprise entre 0.6 et 1 ha
· 12 producteurs avec une superficie agricole pour chacun
supérieur à 1 ha Quant à la méthode
d'échantillonnage, elle est dite « Echantillonnage par parcours
aléatoire » (METTRIK, 1994). L'échantillon est obtenu en
parcourant des artères à travers l'oasis et en choisissant les
enquêtes de manière aléatoire.
Le questionnaire d'enquête a comporté les axes
suivants :
- Identification de l'exploitation
- Structure foncière et mode de faire valoir
- Cultures pratiquées et leurs destinations
- Dépenses de l'exploitation (eau, main d'oeuvre,
intrants, transport, travail du sol, etc.) - Recettes de l'exploitation
(quantités vendues, prix, type de produits, etc.)
- Différentes origines du revenu de l'agriculteur
- Ecoulement de la production (modalités, conditions
d'écoulement, période, etc.)
- Relations du producteur avec son environnement (partenaires
étatiques, socioprofessionnelles, etc.)
- Impression du producteur à propos des conditions de la
production et de l'écoulement de son produit, etc.
Pour les collecteurs, l'enquête a porté sur 10
collecteurs, cinq de chaque oasis.
4. CONCEPTS ET DEFINITIONS
4.1 DEFINITION DE L'OASIS
Le terme "oasis" a été utilisé pour la
première fois par HERODOTE comme nom propre se rapportant à la
localité de Kharga, en Egypte.
Oasis dérive de l'égyptien ancien "ousioi". Les
coptes le prononcent «ouah» au masculin singulier. Dans le
langage libyco-berbère nous le trouvons au féminin
«ouaha» (singulier) et «ouahat»
(pluriel). Les auteurs arabes du Moyen Age parlent de l'oasis comme un lieu
habité dans le désert, un lieu de vie en plein Sahara.
Aujourd'hui l'utilisation la plus courante considère l'oasis comme
étant un espace planté de palmiers dattiers. Toutefois, MUNIER
(1973) ajoute que certaines localités sont considérées
comme oasis, bien qu'elles ne comportent pas de palmeraie.
Si nous continuons dans le domaine des définitions nous
trouvons que ces dernières diffèrent
d'une discipline à
une autre. Cités par ESTIVIN (2000), nous signalons que les oasis
sont
définies par les agronomes comme étant des «espaces
intensivement cultivés dans un milieu
désertique ou fortement marqué par
l'aridité» et par les géographes comme «une forme
d'adaptation de l'homme face aux fortes contraintes imposées par
l'aridité du milieu désertique». Elles constituent à
la fois un espace physique sur lequel se trouvent des ressources et un espace
social cohérent et organisé.
Ou encore, par les géographes, comme « une forme
d'adaptation de l'homme face aux fortes contraintes imposées par
l'aridité du milieu désertique », (BENCHRIFA, 1990).
En somme, les oasis constituent aussi des îlots de
verdure dans l'immensité des espaces désertiques arides et
semi-arides. Elles occupent des surfaces restreintes, discontinues,
éparpillées dans un environnement hostile à fortes
contraintes et à écologie fragile. «Le maintien des paysages
agricoles est assuré par la présence du palmier dattier. Sa
remarquable adaptation aux conditions climatiques sévère fait de
lui une composante essentielle de l'écosystème oasien»
(ELHOUMAIZI, 2004).
En tant qu'oasis, le chapelet de ces
«périmètre irrigués», dont Gabès est le
centre, ressemble à toutes les oasis du monde, verdure et
fraîcheur, dans une région brûlée par le soleil,
culture du palmier dattier, importance fondamentale de l'eau avec toutes les
complexités de sa répartition (BECHRAOUI, 1980).
Ce même auteur signale que les oasis littorales
tunisiennes sont uniques au Monde. En effet, rares sont les zones où le
palmier dattier est cultivé à une si grande échelle sur
une frange littorale et surtout où les dattes connaissent un
mûrissement relatif. Pour terminer ce paragraphe sur la signification du
terme oasis et les différentes définitions que nous avons pu
rassembler, nous ajoutons cette définition qui considère l'Oasis
comme étant «une forme d'agroforesterie» (ABDEDAEIM, 1997).
Cet auteur précise que l'oasis comprend tous les systèmes et
pratiques d'utilisation des terres dans lesquelles les plantes ligneuses
pérennes sont délibérément cultivées sur des
parcelles également exploitées par des productions agricoles
annuelles et/ou animales. Du coup il doit exister des interactions d'ordre
écologique et économique entre les ligneux et les
éléments non ligneux.
4.2 L'EFFET OASIS
L'effet oasis a été défini comme « une
modification de la concentration en eau de la surface entraînant une
variation progressive des flux de chaleur et de vapeur d'eau » (RIOU,
1990). Cet ensemble de cultures crée un mésoclimat où les
éléments du climat saharien sont modifiés. Ainsi, à
l'intérieur de l'oasis, trois éléments climat saharien
sont modifiés. Ainsi, à l'intérieur de l'oasis, trois
éléments climatiques, la luminosité, la turbulence des
vents et l'évaporation, sont atténués par rapport au
climat saharien (TOUTAIN, 1979).
En se basant toujours sur les travaux de RIOU (1990), nous
trouvons que la teneur en eau à la surface du sol est plus
élevée en raison :
- de la nappe d'eau proche ou de l'irrigation.
- Une élimination de la sécheresse de l'air du
désert.
- Une diminution de l'évapotranspiration des cultures
sous-jacentes.
- Une suppression quasi-totale de l'évaporation du sol
protégé par la végétation. - Une augmentation de
l'hygrométrie.
- Un effet tampon des fortes températures qui sont
défavorables à la photosynthèse et au déficit
hydrique des plantes
Tableau n° 6 : L'effet oasis
Climat environnant
|
Mésoclimat crée par l'oasis
|
- Chaud et sec
- Fortes amplitudes thermiques
- Rareté des pluies
- Déficit hydrique important
- Vitesse du vent élevée
|
- Teneur en eau à la surface du sol plus
élevée et maintenue
- Rugosité dynamique augmentée
|
Source : RIOU, 1990
La force de frottement du vent s'accroît par la
présence des arbres et parfois de plusieurs niveaux de
végétation. La répartition verticale de la lumière
est distribuée en fonction des strates végétales.
L'extérieur, joue un rôle déterminant dans
les caractéristiques climatiques de ce milieu.
Selon le degré d'association des composants des trois
strates, le mésoclimat créé sera plus ou moins favorable
aux différentes cultures.
Il s'agit d'établir un équilibre entre les trois
strates afin d'obtenir une production optimale. Une association dense des trois
étages, dans laquelle le degré de recouvrement des palmes est
total, implique des risques d'étiolement des cultures sous-jacentes et
de compétition racinaire. L'hygrométrie alors
élevée favorise le développement des maladies. De
même, une palmeraie fluide crée mésoclimat
défavorable aux cultures herbacées, où l'air est sec et,
la température, l'évaporation et l'ensoleillement sont
élevés (TOUTAIN, 1979).
Des activités agricoles, dépendent les
caractéristiques climatiques de l'oasis.
4.3. QU'EST CE QU'UNE FILIERE ?
Une filière agro-alimentaire peut se définir
comme « l'ensemble des opérateurs intervenant dans la
transformation d'un produit alimentaire, de sa production primaire
jusqu'à sa consommation finale. Ces opérateurs économiques
sont regroupés en niveaux qui apportent une valeur ajoutée au
produit » (ALLAYA, 1992).
TRANSFORMATION
COMMERCIALISATION
Industrielle
Artisanale
Stockage transport
PRODUCTION
CONSOMMATION
Figure n° 1 : Schéma de la
filière agro-alimentaire (ICRA, 2001)
Pour finir avec la définition nous présenterons
« le canevas d'une analyse de filière » d'après
MONTFORD-DUTAILLY (1996).
1. La question de départ et les objectifs
2. Définition des limites de la filière
étudiée
3. La structure
4. Le fonctionnement
5. Les dysfonctionnements
6. La dynamique de long terme de la filière
7. Les politiques économiques influençant la
filière
4.4. TYPOLOGIE DES OASIS TUNISIENNES
Les oasis tunisiennes sont classées soit en se basant sur
le système de culture soit en se basant sur leur localisation
géographique.
La superficie des oasis en Tunisie est d'environ 36000 Ha. Elle
est repartie comme suit:
Tableau n°7 : Répartition des oasis
tunisiennes.
Gouvernorat
|
Superficies (ha)
|
%
|
Kébili
|
15 450
|
43
|
Tozeur
|
8 000
|
22
|
Gabès
|
7 000
|
19
|
Gafsa
|
4 500
|
13
|
Médenine
|
750
|
2
|
Tataouine
|
300
|
1
|
Total
|
36 000
|
100
|
Source: KASSAH, 1996
Il existe plusieurs typologies d'oasis dont on peut retenir deux
grandes classifications : selon la base du niveau technique et selon la base de
données agro-climatiques.
4.4.1. Classification suivant le système de
culture
? Oasis traditionnelles
Ces oasis traditionnelles représentent plus de 47% de
la superficie totale. Elles se caractérisent par la vieillesse de ces
plantations, densité élevée qui peut atteindre les 400
pieds par hectare, un grand morcellement de propriété et une
faible taille des exploitations, un déficit plus ou moins
accentué en eau d'irrigation, un mélange variétal de
palmiers dattiers avec prédominance des variétés communes
et la présence de trois étages qui caractérisent l'oasis.
Les rendements sont souvent tres bas (15 à 20 kg par pieds). L'oasis
zone du projet y appartient.
? Oasis modernes
Représentent 50% de la superficie totale, elles se
localisent dans les régions de Nefzaoua et Djérid. Ces oasis, se
distinguent par une densité bien respectée 100 à 125 pieds
par hectare. Une seule culture qui existe (palmier dattier), c'est la
monoculture mono variétale de Deglet Nour, et aussi une taille des
exploitations plus grande.
? Oasis réhabilitées,
rénovées
La densité est moins importante, élimination des
dattes communes, éclaircissage sur les différents étages
et on enregistre une amélioration assez remarquable des rendements.
Elles représentent 3 % de la superficie totale.
4.4.2. Classification suivant la localisation
géographique
Cette classification se base sur les conditions climatiques en
rapport avec la position géographique des oasis, en effet, ce
critère intervient dans la détermination du système de
culture pratiqué et plus particulièrement l'importance qu'occupe
le palmier dattier dans l'écosystème oasien. Ainsi on distingue
:
? Oasis continentales
Elles se localisent dans les régions de Djérid
et Nefzaoua, et représentent 85 % de l'effectif total, où le
palmier dattier dont la variété principale est la Degler Nour.
Cette dernière trouve les conditions de maturation et de
préservation de la qualité sont réunies
(températures élevées et atmosphere sèche), pour
prendre une place prédominante dans l'économie nationale, ainsi
que dans le revenu des paysans.
? Oasis littorales
Se trouvent dans les régions de Gabès et Mareth,
l'humidité en provenance de la mer et les températures
moyennement modérées, l'action adoucissante de la mer sur le
climat en général et la températures en particulier (au
dessous des besoins), pour la maturation de Deglet Nour fait que cette
dernière est quasiment absente dans ces oasis.
Seulement des variétés communes sont
cultivées (Bouhatem, Rochdi, Lemsi, Kenta etc.) qui ont perdu leur
valeur économique et sont en pleine régression. Le système
de production dans ces oasis s'oriente plus vers les cultures herbacées
(maraîchères, fourragères et industrielles). ?
Oasis de piémont, d'altitude ou de montagne
On les rencontre dans les régions de Gafsa, Tamarza et
Chibika, le système de production dans ces oasis se base principalement
sur l'arboriculture fruitière. Ou l'olivier, l'amandier, le pêcher
sont fréquemment présent dans les palmerais à coté
des palmiers dattier qui vient en second lieu de point de vue importance.
Chapitre II. PRESENTATION DE LA REGION D'ETUDE
Le gouvernorat de Gabès représente 4.4 % du pays
en superficie avec 24% de la population active (74000 actifs). Un
sixième de la population travaille dans le secteur primaire et presque
la moitié de la population habite un milieu rural.
La SAU (superficie agricole utilisable) est estimée
à 597288 ha, soit 83% de la superficie du gouvernorat, elle se repartit
de la façon suivante :
· 12000 de périmètres irrigués dont
7850 ha des oasis.
· 73000 ha d'arboriculture en sec.
· 80000 ha de grandes cultures.
? 13000 ha de parcours de steppes valorisés par
l'élevage extensif en compétition parfois avec de la
céréaliculture vivrières. Cette superficie est repartie
sur 24000 agriculteurs (ROMDHANE, 2004).
1. L'OASIS DE GABES
L'oasis de Gabès est l'unique oasis littorale de la
méditerranée et l'un des derniers exemples d'oasis de ce type
dans le monde. En plus de la proximité de la mer, l'oasis de
Gabès avec ses étages de cultures (strate supérieure
constituée de palmier dattier, strate moyenne constituée de
différents arbres fruitiers et strate basse composée de
différentes plantes maraîchères, industrielles et
fourragères) constitue un microclimat favorable au développement
d'une flore très diversifiée, et un paysage exceptionnel
Jadis, l'oasis de Gabès était connue par
l'extrême richesse des variétés de palmiers. Le palmier
dattier est considéré comme pilier de l'écosystème
oasien. 45 variétés ont été inventoriées
dans l'oasis de Gabès. Il s'agit pour la plupart de
variétés communes. II existe cependant plusieurs autres
variétés moins répandues. De plus, l'oasien a
intégré dans la palmeraie la culture à étage afin
d'optimiser la rentabilité. Ainsi, une multitude d'espèce
d'arbres fruitiers poussent à l'ombre des palmiers dattiers et
constituent le deuxième étage de ce système de culture.
Parmi elles, les principales sont représentées par les
grenadiers, les abricotiers et les figuiers. Il y a d'autres espèces qui
sont moins cultivées, mais qui sont connues depuis l'antiquité,
comme les pommiers, les vignes, les pêchers et les mûriers. Enfin,
les cultures de l'étage inférieur constituent aussi la richesse
de l'oasis de Gabès. En effet, depuis l'antiquité cette oasis
s'est distinguée par son culture maraîchère (carottes,
navets, oignons,. . .) ce qui permettait une certaine autosuffisance en ces
produits et répondait à une règle première:
produire pour la consommation locale. L'oasis de Gabes s'est également
distinguée par la culture du tabac mais aussi par celle de la luzerne
avec la fameuse variété « la luzerne de Gabès »,
connue par sa productivité très élevée. L'oasis de
Gabès est en effet restée jusqu'au début des années
soixante dix comme l'exemple type de l'oasis littorale avec son système
de culture diversifié associant une variété de culture
dans un système d'étages.
Les oasis du Gouvernorat de Gabès s'étendent
sur une superficie de 6660 ha réparties sur 31 oasis dans les
délégations d'El Hamma, Chenini, El Menzel, El Jara, Gannouch,
Mareth, Méttouia, Wedref et Chott Essalem. Celui du Grand Gabès
(Jara, Menzel, Chot El Férik et Chénini) couvre 570 ha.
Depuis leur création, les oasis traditionnelles sont
caractérisées par des cultures en étages,
c'est-à-dire que l'occupation du sol se fait selon un système
à trois strates ( de haut en bas) leur importance est relative, elle est
en fonction des richesses et possibilités édaphiques, climatiques
et des objectifs socio-économiques.
- Palmier dattier : C'est l'étage supérieur, de
lui dépend le maintien de l'écosystème et ceci par sa
forte résistance au milieu salin et sa forte valeur économique
à condition que le climat de cette oasis permette le
développement de la variété Deglet Nour.
- Arboriculture fruitière : la variation et l'importance
de cette strate (grenadiers, pèches, oliviers,...) varient selon la
localisation et le climat de l'oasis.
- Strate herbacée : Elle se distingue en cultures
vivrières, maraîchères, industrielles (tabac, henné)
et fourragères (luzerne, sorgho).
Sur le plan foncier et sous le poids de l'héritage et
la croissance démographique, la propriété foncière
de la majorité des oasis littorales est marquée par un
morcellement et une parcellisation souvent excessive (la taille moyenne est de
0.30 ha). Quelques oasis littorales ont perdu plus de 30% de leur superficies,
elles sont destinées aux diverses utilisations nonagricoles (SRASRA,
2008).
D'après le CRDA de Gabès, on compte dans les oasis
de Gabès environ 12000 exploitations agricoles dont :
- 84% ayant une superficie inférieure à 0.5 ha
- 65% des exploitations inférieurs à 0.25 ha.
- 19 % des exploitations entre 0.25 et 0.5 ha.
- 11 % des exploitations entre 0.5 et 1 ha.
- 15% des exploitations inférieur à 1 ha.
2. CONTRAINTES ET POTENTIALITES DU MILIEU
2.1. LE CLIMAT
La région de Gabès, qui recouvre la plaine
littorale insérée entre la chaîne des montagnes de Matmata
et le littoral méditerranéen sur une superficie de près de
716 000 ha, fait partie intégrante de l'ensemble paysager appelé
sud tunisien. Cet ensemble, ou le «caractère dominant
façonne les milieux naturels et se traduit par un gradient paysager
allant de la steppe tunisienne aux marges sahariennes » (QUEMENER, 1999),
se caractérise par un climat semiaride. L'oasis de Gabès a
l'originalité d'être située dans une plaine
côtière au climat méditerranéen doux-aride. Elle
subit la double influence de la mer et du désert.
Les précipitations sont très variables dans
l'année et d'une année à l'autre. La pluviométrie,
de 184 mm/an, demeure faible avec un maximum à l'automne.
L'élément déterminant du climat est le
vent qui souffle toute l'année, 300 jours par an. La zone de
Gabès est d'abord sous l'influence des vents marins, vents doux et
humides, qui se déplacent du nord-est au sud-ouest et soufflent pendant
tout l'été. A l'opposé, les vents d'ouest, violents et
secs, prennent leur origine des hautes pressions continentales de
l'arrière- pays. Froids en hiver et chauds en été, ils
provoquent les plus graves dégâts aux cultures. Les vents du sud,
sont les moins fréquents (30 jours/an) mais les plus
dévastateurs. Les Sirocco, qui abaisse fortement l'humidité de
l'air en augmentant sa température, grille les cultures.
Les températures sont généralement plus
douces que dans les oasis continentales grâce à la forte influence
maritime. Les dattes de qualité supérieure (Dglet Nour) ne
peuvent d'ailleurs pas arriver à maturité dans l'oasis de
Gabès en raison de l'humidité importante et des
températures trop douces. Les faibles précipitations
accompagnées de températures élevées
entraînent un bilan hydrique toujours déficitaire.
2.2 LA PLUVIOMETRIE
Les données enregistrées à la station
météorologique de Gabès sur une période de 90 ans
(1901-1992) mettent en évidence une pluviométrie sporadique avec
une moyenne annuelle d'environ 175 mm, marquée par une forte
variabilité inter et intra annuelle.
A titre d'exemple, on a enregistré seulement 39 mm en
1974, tandis qu'en 1951 on a enregistré 396 mm, soit 10 fois plus.
Figure 2 : Moyennes pluviométriques
mensuelles à Gabès entre 1901 et 1991
D'autre coté, et concernant la variabilité
intra-annuelle, la figure 1 présente les moyennes mensuelles des
précipitations de Gabès et souligne l'importance des fluctuations
saisonnières. La lecture de cette figure nous permet de constater une
saison sèche qui va du mois de Mai au mois d'Aoüt suivie d'une
saison plus au moins humide de Septembre à Avril.
2.3. LES TEMPERATURES
Il est à signaler que ces variations
pluviométriques saisonnières juxtaposent à un
régime thermique contrasté. Les moyennes mensuelles les plus
élevées sont enregistrées sur la période allant du
mois de mai au mois de septembre et où les maximums pouvant atteindre
50°C. Ces températures élevées durant
l'été sont le résultat de manque de précipitation
observé précédemment. L'amplitude thermique moyenne entre
le mois le plus chaud et le mois le plus froid est égale à
16°C et souligne l'effet modérateur de l'influence maritime comme
le montre le tableau suivant.
Tableau n°8 : Températures moyennes
mensuelles à Gabès de 1901-1992 (°C)
Mois
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
d
|
temp
|
11.1 2
|
12.1 5
|
15.1 7
|
17.5 7
|
20.7 6
|
23.8 3
|
26. 6
|
27. 3
|
25. 7
|
18. 9
|
16.2 6
|
12.3 7
|
|
Source : DRE Gabès, 1995
2.4. LE REGIME DES VENTS
L'élément déterminant du climat dans la
région de Gabès est le vent qui souffle toute
l'année,
soit de 300 jours par an. La région est sous
l'influence des vents marins (bahri), vents doux et
e
humides, qui se déplacent du nord-est au sud-ouest et
soufflent pendant tout l'été. A l'opposé, les vents
d'ouest (gharbi), violents et secs, prennent leur origine des hautes pressions
continentales de l'arrière- pays. Les vents du sud (guebli) sont les
moins fréquents (30 jours/an), mois les plus dévastateurs. Quant
au sirocco (chhili), qui abaisse fortement l'humidité de l'air en
augmentant sa température, vent très chaud qui souffle en
général du
J F M A M J J A S O N D
sud au sud-ouest, il grille les cultures lors de son passage.
2.5. LE BILAN HYDRIQUE
La notion de bilan hydrique met en relation les apports en eau
constitués essentiellement des précipitations et l'utilisation
qui en est faite par les différentes composantes du milieu.
Les variables qui sont utilisés pour calculer le bilan
hydrique sont l'évapotranspiration potentielle (ETP) et les
précipitations annuelles (P).
L'évapotranspiration dans la région de Gabès
est estimée à 1417 mm par la formule de TURC. (ABDEDAIEM,
1997).
2.6. HYDROLOGIE
La nappe de la Djeffara, considérée aujourd'hui
comme fossile, approvisionne l'oasis mais aussi une partie du complexe
industriel et le service d'eau potable. Elle est alimentée par la grande
nappe profonde du Continental Intercalaire, qui est retenue dans des sables et
des grès à une profondeur de 800-900m, et minoritairement par la
pluie.
Le tarissement des sources, causé par l'exploitation
excessive pour les activités agricoles et industrielles, a
nécessité la création de forages pompés. Dans
l'oasis de Gabès, sept forages puisent dans la nappe de la Djeffara.
Jusqu'à récemment, elle ne nécessitait pas de pompage du
fait de sa situation topographique. En fait, depuis sa mise en exploitation,
cette nappe diminue de façon inquiétante (1 m par an), en
relation avec les volumes pompés.
Des projets sont en cours tels que l'agrandissement du
réseau d'irrigation et de drainage en dur de l'oasis de Gabès ou
la réalisation de stations d'épuration des eaux usées.
2.7. GEOLOGIE ET PEDOLOGIE
Les oasis de Gabès sont marquées par des
couvertures géologique du quaternaire avec quelques affleurements du
crétacé moyen et inférieur (COUTAGNE, 1999).
Nécessairement profonds et fertiles pour pouvoir supporter la forte
densité végétale installée depuis des
siècles, les sols des oasis ont été déposés
par les oueds lors des périodes antérieures plus humides. Leur
origine est donc alluviale, fluviatile et éolienne. Ces sols sont
caractérisés par deux constituants fondamentaux, le gypse
(20-30%) et le calcaire (5-20%) et sont d'une manière
générale pauvre en matière organique (Bidet, 2000) et par
conséquent ils doivent être souvent binés et
régulièrement fumés. Toutefois, il faut signaler deux
problèmes qui handicapent l'activité agricole dans les oasis
littorales de Gabès, l'halomorphie et l'hydromorphie. Dans l'oasis de
Metouia ces problèmes s'aggravent en se rapprochant de la mer, d'une
part, et des sebkhats (surtout sebkhat oued El Melah), d'autre part ; vers
laquelle la nappe devient de moins en moins profonde. Il va sans dire que
l'évapotranspiration étant très importante, les
remontées capillaires des eaux d'irrigation augmentent la proportion de
sels dans le sol.
Le socle géologique est constitué par des
argiles gypseuses Moi-pliocènes qui reposent sur les calcaires du
Crétacé. En surface, on trouve plusieurs mètres de sable
gypso-calcaire sur lequel se forme un encroütement gypseux. En dehors de
l'oasis, ce sont des sols gypseux pauvres. Dans l'oasis, l'influence de l'homme
rend difficile la reconnaissance d'un matériau originel. Les sols sont
néanmoins, d'origine alluviale fluviatile et éolienne du
Quaternaire récent. Ces sols de texture sableuse, sont plus ou moins
argileux (8 à 15 % d'argile d'aval en amont sur 20 cm de profondeur).
Les sols sont caractérisés par deux constituants fondamentaux, le
gypse (20-30 %) et le calcaire (5-20 %). Ce sont des sols battants par manque
de matière organique (<2%) qui doivent être souvent
binés et régulièrement fumés.
Deux problèmes handicapent l'agriculture dans l'oasis
de Gabès, l'halomorphie et l'hydromorphie, qui s'aggravent en se
rapprochant de la mer, vers la quelle la nappe devient de moins en moins
profonde.
L'évapotranspiration étant très importante,
les remontées capillaires des eaux d'irrigation augmentent la proportion
de sels dans le sol.
Les sols de l'oasis se distinguent essentiellement par rapport
à l'hydromorphie (ABDEDAEIM, 1997) :
- Les sols non hydromorphes : la nappe phréatique est
supérieure à 2 m de profondeur et a donc peu d'effet. Ces terres
bénéficient d'une situation topographique haute (en amont de
l'oasis) et de conditions de drainage naturel.
- Les sols à hydromorphie de profondeur : ils
représentent la majorité des sols de l'oasis, situés
surtout dans la zone médiane de l'oasis. Cette hydromorphie provoque la
salure des horizons profonds et la précipitation du gypse.
- Les sols hydromorphes : situés en aval de l'oasis
où la nappe est à moins d'un metre de profondeur.
Cette aptitude des sols à l'hydromorphie montre une
séparation de l'oasis entre sa partie amont (village de Chenini et
Menzel) avec de bons terrains et sa partie aval (villages de Jarra et Chott
Essalem) avec des sols plus soumis à l'influence négative de la
nappe. Les sols présentant de bonnes aptitudes aux cultures
diversifiées arbustives, fourragères et maraîchères
sont situés surtout à Chenini (BERCHRAOUI, 1980).
2.8. L'EXPLOITATION DES EAUX DANS L'OASIS
Les oasis littorales de Gabès (Metouia, Ouedref,
Ghannouche, Bouchemma, Grand Gabès, Teboulbou, Kettana et Mareth) sont
très anciennes. Leur origine remonterait à 500-800 avant
Jésus (COUTAGNE, 1999), à l'arrivée des carthaginois en
Tunisie. Jusqu'à la fin des années 60 le système
d'irrigation était basé sur des sources artésiennes et
ensuite sur des puits superficiels creusés par les oasiens
appelés « ain »
Dans les années 70 s'est implanté un important
pole d'industries chimiques dans la ville de Gabès (entre les oasis de
Ghannouche et du grand Gabès) distant d'environ dix km de l'oasis de
Metouia, transformant les ressources en phosphate provenant de la région
de Gafsa.
Le Tableau suivant montre l'élévation des nappes
profondes du sud tunisien et par conséquent le tarissement des sources
naturelles vers les années quatre-vingt dix.
Tableau n° 9 : Evolution de l'exploitation
des nappes profondes du sud tunisien (en mm3/an)
Année
|
1970
|
1980
|
1990
|
1997
|
Type de
débit
|
P
|
S
|
P
|
S
|
P
|
S
|
P
|
S
|
Gafsa
|
-
|
12.3
|
28.8
|
9.3
|
49.7
|
14.2
|
82.5
|
3
|
Tozeur
|
28.7
|
55.2
|
57
|
16.3
|
98.2
|
2.9
|
168
|
0
|
Kébili
|
-
|
6.8
|
15.3
|
4.6
|
84.4
|
1.2
|
136.3
|
0.4
|
Gabès
|
15.8
|
27.9
|
70.7
|
10.7
|
110
|
3.1
|
134
|
0.3
|
|
Source : MAMOU, 1999
Ainsi, l'eau d'irrigation dans les oasis est devenue presque
exclusivement une eau de pompage. De ce fait, deux types de nappes sont
mobilisés : la nappe de la Djeffara et les aquifères profonds (le
complexe terminal et le continental intercalaire).
La nappe de la Djeffara
La nappe de la Djeffara, qui s'étend sur l'ensemble de la
plaine côtière de Gabès à Médenine,
représente la principale ressource en eau souterraine pour les oasis
distinctes :
- Une alimentation à partir des eaux de ruissellement
à raison de 0.96 à 1.8 m3 par seconde suivant les années
(année sèche ou encore pluvieuse).
- Un déversement de la nappe du continental intercalaire
qui communique avec le Djeffara au niveau de la faille d'El Hamma.
Cette alimentation qui avoisinait 3.5 m3 par seconde en 1950,
n'atteignait plus que 2.6 m3 par seconde en 1977 (MAMOU, 1999) sous l'effet de
l'intensification croissante de l'exploitation en amant de l'exutoire du
coté de Kébili et Tozeur.
Le Tableau ci-dessous présente le bilan hydraulique de la
nappe de Djeffara d'après simulations numériques
réalisées par RIAHI-CHANDOUL (2010).
es du sud tunisien (en mm3/an)
Tableau n° 10 : Bilan hydraulique de la
nappe de la Djeffara
Années
|
1950
|
1960
|
1970
|
1980
|
1990
|
2000
|
2010
|
entrées
|
Alimentation par infiltration
|
0.96
|
0.96
|
0.96
|
0.96
|
0.96
|
0.96
|
0.96
|
|
3.6
|
3.4
|
3.15
|
2.85
|
2.6
|
2.5
|
2.4
|
|
0
|
0.39
|
0.7
|
1.0
|
1.35
|
1.89
|
2.07
|
Sorties
|
Percolations exutoires
|
2.16
|
1.95
|
1.75
|
1.55
|
1.35
|
1.15
|
0.9
|
|
Exploitation
|
2.4
|
2.8
|
3.06
|
3.26
|
3.56
|
4.2
|
4.83
|
|
Total
|
4.56
|
4.75
|
4.81
|
4.82
|
4.91
|
5.35
|
5.43
|
|
Source : RIAHI-CHANDOUL, 2010
Chapitre III : LES DIFFERENTS SEGMENTS DE LA FILIERE
DES DATTES COMMUNES
1. PRESENTATION DE LA FILIERE DES DATTES EN
TUNISIE
Le secteur phoenicicole en Tunisie regroupe l'ensemble des
activités liées à la production le stockage, la
transformation et la commercialisation.
Les acteurs dans le secteur des dattes en Tunisie sont nombreux
et peuvent être classés en 2 groupes :
1.1. LES OPERATEURS PRIVES
- Les producteurs : agriculteurs
- Les collecteurs
- Les organisations professionnelles :
· Coopératives de services agricoles (CSA)
· Groupement de développement agricole (GDA)
· Association d'intérêts collectifs (AIC)
· Groupement d'intérêts économique
(GIE)
-Les intermédiaires : commerçants, grossistes,
commissionnaires
-Les conditionneurs --exportateurs
-Les frigoristes
-La profession : qui est essentiellement
représentée par (UTAP) union Tunisienne d'Agriculture et de la
pèche, c'est la chambre syndicale des agricultures et elle est
représentée régionalement sous l'appellation (URAP) Union
Régionale de l'Agriculture et de la Pèche et
représentée aussi localement sous la structure de (ULAP) union
locale de l'agriculture et de la pèche
-Fédération nationale des producteurs des
dattes
-Fédération régionale des producteurs de
dattes
-(UTICA) : l'union tunisienne de l'industrie, de commerce et
de l'agriculture et qui regroupe les industriels, les exportateurs, ces
conditionneurs, les commerçants, et représentée au niveau
central, régional et local à l'instar de l'UTAP pour les
producteurs.
-Fédération nationale des exportateurs
conditionneurs
1.2. LES OPERATEURS INSTITUTIONNELS
-Le Ministère de l'Agriculture avec notamment :
? La (DGPA) Direction générale de production
agricole
· La (DGPIA) Direction générale de
planification et de l'investissement agricole
· L (IRESA) Institution de recherche et de l'enseignement
supérieur agricole
· L (AVFA) Agence de vulgarisation et de formation
agricole
· La (DGRE) direction générale des ressources
en eaux
· La (DGPCQPA) direction régionale de protection des
cultures et de qualité des produits agricoles
· La (CRDA) commissariat régionale de
développement agricole
· La (CTV) cellule territoriale de vulgarisation
· La (CRA) cellule de rayonnement agricole
- Le groupement interprofessionnel des dattes (GID
créé en MAI 1974 par la loi 74-75 et qui est
présidé un directeur général et géré
par un conseil d'administration constitué de 12 membres
représentants les différents opérateurs de la
filière) et qui à été restructuré à
partir de 2005 pour faire partie du groupement interprofessionnel des fruits
(GI FUITS) représenté au niveau central, régional et
sectoriel et aussi international (Agent permanent à Marseille, Agent
temporaire au Maroc de facilitation des exportations)
A ces opérateurs s'ajoutent d'autres opérateurs
institutionnels intervenant dans le cadre de la mise en oeuvre des politiques
nationales et / ou sectorielles en matière d'appuis à la
promotion des exportations parmi ces opérateurs citons,
- L'API : agence de promotion des industries
- L'APIA : agence de promotion des investissements agricoles
- Le CEPEX : le centre de promotion des exportations et qui
agit à travers différent fonds notamment le FOPRODEX : fond de
promotion des exportations et le FAMEX : fond d'accès aux nouveaux
marchés et ce par la subvention du transport au profit des
exportateurs
- CTAA : le centre technique agroalimentaire
- CTD : le centre technique des dattes nouvellement
installé dans les zones de productions - PACTEK : centre technique de
l'emballage
- CRPH : centre de recherche phoenicicole situé dans les
lieux de productions - INNORPI : institut national de normalisation et de
propriétés industrielles
Tableau n° 11 : Tableau
récapitulatif des principaux acteurs de la filière datte
tunisienne
AUTEUR
|
FONCTION
|
SERVICE/ BIEN
|
GID/GIFRUITS
|
Interprofession : interface production/
conditionnement/ exportation.
coordonner entre
l'exportateur /l'importateur
|
*Fourniture des intrants agricoles subventionnés
*Stockage des dattes
*Fumigation
*Prospection des marchés
*Réalisation des études et stratégies
*Défendre les intérêts des agriculteurs/
collecteur/ exportateur /conditionneur auprès de tout les acteurs de la
filière *Mettre en place les systèmes de contrôles de
qualité et de traçabilité
|
INNORPI
|
enregistrement des
marques de commerce et de fabrication
|
* Octroi de la marque de conformité aux normes
*Certification des systèmes de qualité
conformément aux
normes ISO
|
IRESA
|
Tutelle de toutes les
institutions de recherche et enseignement supérieur
agricole
|
* Elaboration des priorités sectorielles
*Formation et stages pour les techniciens et cadres
opérant dans le secteur des dattes
*Diffusion des paquets technologiques
|
CRDA
|
Développement agricole
ressources en eaux
|
*Vulgarisation - développement * Formation
|
CRPH
|
Recherche phoneinicole
|
Technique culturales à vulgariser / résultats /
acquis de
recherche
|
ODS
|
Développement
|
* Promotion de l'investissement privé
*Etude de faisabilité et projet de développement
*Planification régionales
|
APIA
|
Aide à l'investissement
agricole
|
*Préparation des dossiers d'investissement agricole
*Subvention et aide fiscale
|
UTAP
|
Syndicat des producteurs
|
défend les intérêts des producteurs
auprès des autorités
politiques
|
UTICA
|
syndicat des exportateurs
|
*Assemblement sous forme des fédérations
auprès des autorités politiques
*Défendre les intérêts des exportateurs
|
DG/DCQPA
|
contrôle phytosanitaire
|
Délivrer les certificats phytosanitaires pour les dattes
exportées
|
CEPEX
|
promotion des
exportations
|
Subventions sur le transport à l'export
|
centre technique des dattes
|
*Recherche de nouvelles techniques pour les dattes *formation
des
techniciens stage dans les pays producteurs à
l'étranger
|
Vulgarisation des acquis de recherche dans le secteur de
production des dattes
|
CRPH
|
recherche dans
l'agriculture oasienne
|
Diffuser les résultats de recherche concernant les
cultures associées dans l'oasis
|
Producteur
|
Plantation-production- récolte-triage-vente
|
Datte-déchets oasiens a valoriser : palmiers
sèches/ vertes écart de triage-conefs
|
Collecteur
|
Achat sur pied achat au détail, collecte triage/
classification des dattes
|
*Vente des dattes triées aux exportateurs/ conditionneurs
dans des caisses en plastiques de 10/18 /25 KG
* Vente des dattes aux marchés des gros/détails
|
Conditionneur/ exportateur/ frigorifiste
|
Achat dattes triées stockage/
conditionnement/ emballage
|
*Exportation des dattes
*Commercialisation interne
*Approvisionnement des grossistes et grande surfaces
|
Grossiste/semi- grossiste /détaillant
|
achat dattes auprès des
agriculteurs/collecteurs / frigorifistes
|
Vente au détail approvisionnent des marches de gros et
de
détail
|
Organisation professionnelles : *AIC
*Groupement de développement agricole
*Groupement à intérêt
économique *Coopérative de service
agricole
|
Défendre l'intérêt des
producteurs
|
*Rassemblement des achats, des intrants agricoles
*Vente collective des dattes des adhérents
*Gestion et vente d'eau d'irrigation
*Entretien des réseaux d'irrigation et de drainage
*Gestion des frigos
*Triage et collecte des dattes
*Valorisation des dattes et sous-produits des palmiers et des
dattes
*Intégration des femmes dans la valorisation artisanale
des sous-produits
|
Ainsi, et d'après tous ces opérateurs, nous pouvons
schématiser la filière des dattes en Tunisie comme suit :
PRODUCTEURS
|
|
|
|
AUTO CONSOMMATION BETAIL, PERTE
|
|
|
|
|
|
|
ETRANGER
|
|
|
|
IMPORTATEURS
|
|
|
|
|
TUNISIE
COLLECTEURS
MARCHE NATIONAL
MARCHE REGIONAL
DETAILLANTS
SEMI-
GROSSISTES
GROSSISTES
FRIGO
SOCIETE DE COMMERCE
INTERNATIONAL
GRANDES SURFACES
CONDITIONNEURS
EXPORTATEURS
Figure n° 3 : Schéma de la
filière datte en Tunisie
2. PREMIER SEGMENT DE LA FILIERE : LA PRODUCTION ET
L'UTILISATION DES DATTES ET DES SOUS PRODUITS DU PALMIER DATTIER
2.1. LA PRODUCTION DATTIERE
2.1.1. MORPHOLOGIE DU PALMIER DATTIER
2.1.1.1. Système radical
Le système radical du dattier est fasciculé, et non
ramifié. Le bulbe, ou plateau racinal, est volumineux et émerge
en partie au-dessus du niveau du sol
2.1.1.2. Tronc
C'est un stipe généralement cylindrique
au-dessus de sa région basale. L'élongation du tronc s'effectue
dans sa partie coronaire par le bourgeon terminal ou phyllophore.
Chez les jeunes sujets, le tronc est recouvert par la base des
pétioles des anciennes palmes et, dans l'interstice de ceux-ci, par une
bourre fibreuse : le fibrillum. Chez les sujets âgés le tronc est
nu et le fibrillum n'existe que dans la partie coronaire.
A l'aisselle de chaque palme, se trouve un bourgeon adventif
ou axillaire qui, en se développant, peut donner naissance à une
inflorescence dans la région coronaire, à un rejet dans la
région basale, et à un gourmand dans la région moyenne et
sous-coronaire.
2.1.1.3 Palmes
Ce sont des feuilles composées, pennées. Les
folioles sont régulièrement disposées oblique le long du
rachis, isolées ou groupées, pliées longitudinalement en
gouttière. Les segments inférieurs sont transformés en
épines, plus ou moins nombreuses, plus ou moins longues. En
général, les premières folioles situées au-dessus
des épines sont plus longues que celles situées à
l'extrémité supérieure de la palme. La couleur et la
finesse des folioles varient avec les clones ; leur épiderme est
recouvert d'un enduit cireux. A l'extrémité inférieure de
la palme, le rachis s'élargit pour former le pétiole
s'insérant directement sur le tronc.
Les palmes sont issues du bourgeon terminal. Chaque
année, il en apparaît de 10 à 20, jusqu'à 30. les
jeunes palmes sont d'abord de grandes feuilles entières à
nervation pennée, pliées sur elles-mêmes, puis, en se
développant, le limbe se déchire aux plissements et chaque
élément se sépare pour former une feuille composée.
Elles sont disposées sur le tronc en hélice ; elles demeurent en
activité pendant plusieurs années, de quatre à sept ans,
puis elles jaunissent, se dessèchent et meurent. Leur déclin peut
être influencé par défaut de nutrition résultant
d'un mauvais état phytosanitaire, ou par des conditions climatiques
défavorables. Un palmier adulte, en bon état de
végétation, peut avoir de 100 à 125 palmes actives.
La disposition des folioles et des épines sur le
rachis, ainsi que les angles qu'elles forment entre elles et avec le rachis,
constituent des index taxonomiques permettant de différencier les
clones.
2.1.1.4 Organes floraux
Les inflorescences du dattier naissent du développement
de bourgeons axillaires situés à l'aisselle des palmes dans la
région coronaire du tronc.
Les fleurs du dattier sont déclines,
c'est-à-dire unisexuées, pratiquement sessiles, leurs
pédoncules sont très courts. Elles sont portées par des
pédicelles rassemblés en épi composé, le spadice,
qui est enveloppé d'une grande bractée membraneuse
entièrement fermée, la spathe, mais qui s'ouvre d'elle même
suivant la ligne médiane du dos ; chaque spadice ne comporte que des
fleurs du même sexe.
Le dattier est une espèce dioïque.
Les spathes sont de forme allongée. Celles des
inflorescences mâles sont plus courtes et plus renflées, avec une
légère dépression dans leur partie supérieure.
Cette différenciation permet de reconnaître le sexe des
inflorescences avant leur épanouissement. La couleur verdâtre des
spathes varie avec les clones et avec le développement de
l'inflorescence.
La fleur femelle est globulaire, d'un diamètre de 3
à 4 mm. Elle comporte un calice court, formé de trois
sépales soudés, une corolle constituée de trois
pétales ovales et arrondis, de six étamines avortées ou
staminodes ; le gynécée comprend trois carpelles
indépendants à un seul ovule anatrope s'insérant à
la base de l'ovaire.
La fleur male est d'une forme légèrement
allongée ; elle est constituée d'un calice court formé
également de trois sépales soudés, d'une corolle
formée de trois pétales légèrement allongés
et se terminant en pointe, de six étamines disposées sur deux
verticilles. Lorsqu'elle est épanouie, elle exhale une odeur
caractéristique.
Le dattier issu de rejet peut fleurir à partir de deux
ou trois ans de plantation ; les plants issus de noyaux fleurissent plus
tardivement.
2.1.1.5 Fructification
Le fruit provient du développement d'un carpelle
après fécondation de l'ovule. Le dattier étant une
espèce dioïque, pour que la pollinisation puisse s'effectuer, il
faut nécessairement la présence d'un pied male à
proximité des plants femelles. La pollinisation naturelle
effectuée par le vent étant incertaine, on pratique la
pollinisation artificielle.
2.1.1.6 Fruit
Le fruit du dattier, la datte, est une baie contenant une
seule graine appelée noyau. La datte est constituée d'un
mésocarpe charnu, protégé par un fin péricarpe ; le
noyau est entouré d'un endocarpe parcheminé, il est de forme
allongée, plus ou moins volumineux, avec un sillon ventral ; l'embryon
est dorsal, sa consistance est dure et cornée.
La couleur de la datte est variable selon les espèces :
jaune plus ou moins clair, jaune ambré translucide, brun plus ou moins
prononcé, rouge ou noir. Sa consistance est également variable,
elle peut être molle, demi-molle ou dure, les dattes à consistance
dure sont dites dattes sèches, leur chair a un aspect farineux.
2.1.1.7 Propagation
Le dattier se reproduit par graine ou par voie
végétative. La reproduction par graine est longue ; elle ne
permet en effet d'obtenir des sujets productifs qu'au bout d'une dizaine
d'années. La multiplication par voie végétative est le
mode normal de propagation utilisé pour constituer de nouvelles
plantations. Le matériel de multiplication utilisé est le rejet
se développant à la partie basale du tronc ou sur le bulbe. Le
rejet reproduit intégralement les caractéristiques du pied
mère : sexe, aptitudes, qualités des fruits, etc. Les rejets
à planter doivent avoir un poids de 15 à 25 kg.
2.1.2. EXIGENCES ECOLOGIQUES :
2.1.2.1 La température
Le dattier est une espèce termophile, son
activité se manifeste a partir de 10°C, le dattier est
cultivé comme arbre fruitier dans les régions arides et
semi-arides chaudes, le dattier peut donc supporter des températures
tres élevées. La fructification du dattier ne peut s'effectuer
dans de bornes conditions que pendant l'époque de l'année la plus
chaude pendant laquelle l'humidité relative de l'air est faible et la
pluviométrie est nulle.
2.1.2.2. L'eau
Le palmier résiste à l'eau chargée, en
sel, qui est indispensable même à sa croissance. Les besoins en
eau sont les plus élevés de toutes les fruitières 15000
à 2500 m3/an/ha. Pour D.N les besoins sont de 23.647
m3/ha/ an. 1 kg de dattes nécessite 1m3 d'eau.
Il faut un débit moyen annuel continu de 0,5 à 0,6
l/s.
Le Dattier redoute les pluies et humidité
atmosphérique pendant les périodes de pleine floraison et de
développement du fruit, ces conditions constituent des limites à
sa culture au même titre que le manque de chaleur estivale. Pendant la
floraison une forte humidité favorise la pourriture des inflorescences
et gène la germination des grains de pollen. Pendant la maturation elle
diminue la transpiration des dattes, les fruits restent gorgés d'eau
peuvent éclater. La pulpe en contact avec l'air va fermenter et
pourrit.
2.1.2.3. Le sol :
Le dattier est assez peu exigent sur la qualité du sol,
bien que relativement résistante à l'asphyxie ses racines ne
peuvent pas végéter dans l'eau stagnant, en effet dans les oasis
le manque de drainage entraîne rapidement la salure du sol et la
stérilité du terrain ceci est d'autant plus vrai qu'il s'agit de
terre lourde. Dans le Djerid un réseau de drainage (à ciel
ouvert) à 2,5 m de profondeur et distant de 150 à 200 m est
suffisant pour assurer une bonne culture.
2.1.2.4. La lumière
Le dattier est une espéce héliophile
cultivée dans les régions à forte luminosité,
l'action de lumière favorise la photosynthèse et la maturation
des dattes, la densité ne doit pas dépasser 120 pieds/ha pour
bénéficie de la luminosité.
2.1.3. CULTURE DU PALMIER DATTIER :
2717371 71 D crpDtiRQ d'uQ1-
5DXP1-rDi1-
L'implantation d'une palmeraie dépend, dans une large
mesure, des ressources hydrauliques à utiliser, aussi celles-ci
conditionnent souvent le choix des terrains à mettre en valeur.
L'emplacement devra cependant être d'un accés
facile et permanent. Les bordures immédiates des cours d'eau sujets
à des crues violentes et à des changements de lits sont à
éviter, pouvoir être drainé, ou de se stériliser par
suite de l'accumulation du sel apporté par l'eau d'irrigation. Le
terrain à mettre en valeur devra être d'un relief peu
accusé et présente une pente générale faible mais
bien orientée par rapport au débouché de l'eau
d'irrigation, la pente optimale oscille de 2 à 6% pour permettre une
bonne irrigation, éventuellement un bon drainage.
2.1.3.2. Choix du sol
La qualité primordiale du sol d'une palmeraie est la
perméabilité, qu'elle soit irriguée ou alimentée
directement par la nappe phréatique. Le choix du sol devra donc etre
orienté vers les sols légers, les sables, sables limoneux, les
limons sableux à faible teneur en argile (moins de 10 %). Les sols
lourds, argileux, rocheux ou caillouteux sont à rejeter.
Lorsque la plantation ne dépend pas directement de la
nappe phréatique, le sol doit avoir une profondeur minimale de 1,50 m
à 2 m.
2.1.3.3 Préparation et aménagement du
sol
a) Défrichement : Même en
région désertique, le sol est rarement dépourvu d'une
certaine végétation. La mise en valeur d'un terrain
nécessite donc presque toujours d'être
précédée par le défrichement de celui-ci. Cette
opération ne comportera pas seulement l'enlévement ou la
destruction de la partie aérienne de la végétation, les
souches, les grosses racines devront etre également extraites et
éliminées, ce qui évitera par la suite la repousse des
espèces vivaces, facilitera les travaux d'aménagement, et
permettra l'utilisation éventuelle d'engins mécaniques.
b) Nivellement : Le sol des palmeraies doit
présenter une légère pente générale pour
permettre une bonne irrigation et éventuellement un bon drainage. L'eau
doit pouvoir circuler facilement sans risque d'érosion, et bien imbiber
le sol. La pente optimale est comprise entre 1 et 5 %o.
c) Défoncement : Le défoncement
ne se justifie que dans certains sols. Il peut etre envisagé sur la
surface entière ou etre localisé aux emplacements des plants.
Parfois les travaux de défoncement doivent être
complétés par l'enlévement de débris rocheux.
En sol alluvionnaire ou éolien suffisamment profond, on se
contente le plus souvent d'effectuer de simples trous de plantation.
d) Piquetage : le piquetage doit être
établi très soigneusement en se basant sur un plan
général, matérialisé en place par des
repères bien visibles et pouvant subsister jusqu'à l'acheminement
de plantation.
2.1.3.4 Etablissement des réseaux d'irrigation
et de drainage
Lorsque le drainage doit être pratiqué en
même temps que l'irrigation en raison de la salinité du sol et de
l'eau, il convient de combiner les deux réseaux de telle façon
que la distribution de l'eau d'irrigation ne soit pas gênée par
les drains.
L'eau étant précieuse, il convient de l'utiliser
dans les meilleures conditions. Le système d'irrigation devra être
rationnel.
Les jeunes plants sont irrigués par planches ou par
cuvettes, dispositifs qui évolueront par la suite au fur et à
mesure du développement des sujets jusqu'à l'adoption du
système définitif. 2.1.3.5 Densité de
plantation
Les plantations peuvent être établies selon trois
formations en carré, en ligne, en quinconce. En zone sahélienne,
il est nécessaire que les plantations soient bien ventilées pour
obvier aux inconvénients des pluies précoces ; il semblerait que
la plantation en lignes donne de meilleurs résultats : 238 pieds/ha, 6
sur la ligne, 7 entre les lignes.
Lorsque des cultures associées sont envisagées, il
est nécessaire de déterminer la densité et dans ce cas la
formation en lignes est à conseiller.
Un programme de réalisation sera également
établi, ainsi qu'un devis estimatif des travaux é effectuer et du
montant des fournitures nécessaires (matériel
végétal, matériel d'équipement hydraulique,
outillage...)
2.1.3.6 Protection contre le vent
En région désertique, le régime des vents
est en général très irrégulier ; après une
période de calme, ils peuvent souffler avec violence.
L'action du vent se manifeste par son action mécanique
et son pouvoir desséchant. Lorsqu'il est chargé de particules
arrachées du sol (sable, petits cristaux de sel), il a une action
abrasive. Pour être efficaces, les lignes brise-vent doivent être
orientées face au vent, non pas forcément dominant, mais le plus
à craindre ; la largeur de protection est estimée à 10-12
fois leur hauteur.
2.1.3.7 La plantation
Les meilleurs rejets sont ceux prélevés à la
base du tronc, au voisinage de sol.
On préfère les rejets droits et trapus à
ceux longs et courbés ; leur grosseur est très importante, les
petits rejets reprennent difficilement, les plants qui en résultent sont
moins vigoureux et produisent plus tardivement ; les gros rejets sont
difficilement maniables, leur sevrage est plus délicat. Les rejets
couramment utilisés ont un poids de 15 à 20 kg.
les rejets doivent être plantés dans un sol bien
ameubli. Il est recommandé de mélanger du fumier bien
décomposé à la terre du fond du trou de plantation.
Les rejets doivent être plantés verticalement.
Après plantation, il convient de bien tasser le sol autour pour qu'ils
puissent garder leur position.
Dès leur mise en place, les rejets devront être
irrigués, et ils devront recevoir une irrigation tous les trois à
quatre jours, jusqu'à leur reprise.
Dans certaines régions, les rejets dont parfois
entourés d'un manchon de protection contre les vents secs ou contre le
froid, en paille grossière, en palmes sèches, en toile...
En prenant le maximum de soins lors du sevrage et de la
plantation, il est possible d'obtenir une reprise à 75 %. Il convient
donc, lorsqu'on établit un projet de plantation, de majorer le nombre de
rejets nécessaires d'au moins 30 %.
Dans les régions où l'infestation par la cochenille
blanche est à craindre, il est recommandé de traiter les rejets
avant plantation par trempage dans une solution de Parathion.
2.1.3.8 Le sevrage
La séparation du rejet du pied mère doit
être effectuée avec beaucoup de soins ; cette opération
conditionne dans une grande mesure sa reprise. La base du rejet doit être
dégagée soigneusement pour permettre d'effectuer le sevrage
proprement ; l'opération doit être effectuée à
l'aide d'un outil tranchant, on utilise un ciseau spécial ou une barre
de fer dont l'extrémité est aplatie pour former un tranchant.
Dans de nombreux pays, on utilise un ciseau à douille. Il convient de
couper la liaison entre le rejet et le pied mère dans sa partie la plus
étroite, afin d'obtenir une plaie de sevrage aussi petite que possible,
il faut éviter d'entailler le pied mère ou le rejet.
Les rejets sevrés doivent être disposés
à l'ombre ou recouverts de palmes en attendant d'être
utilisés. Il convient de les mettre en terre en place, dans les
meilleurs délais de sevrage, en prenant des précautions pour les
protéger de la dessiccation ; il est possible de les conserver de 8
à 15 jours, selon l'époque de l'année.
2.1.3.9 L'époque de
plantation
Le meilleur taux de reprise (60 à 70 %) est obtenu en
plantant au printemps, de Février à Mai.
2.1.3.10 La pollinisation :
C' est la technique culturale la plus importante et elle est
l'étape déterminante de la production sur le plan quantitatif et
qualitatif ; il faut choisir un bon pollinisateur, connu par ses
caractéristiques à savoir la qualité du fruit, la
quantité, la maturité, le rapport noyau/pulpe ..., le pollen doit
être prélevé à partir des spathes males müres
et juste à l'ouverture de celles-- ci ; la pollinisation ne doit pas
dépasser l'intervalle (0 --6 j)à partir de l'ouverture des
spathes femelles et elle doit être pratiquée dans des conditions
climatiques bien déterminés (le matin ou l'après midi --
pas de vent violent ni pluie ) pour assurer la réussite de
l'opération.
Le dattier est une plante dioïque
L'influence du pollen se manifeste :
- Sur la grosseur du fruit.
- Sur la grosseur de la graine (noyau).
- Sur le rapport pulpe/noyau.
- Sur la précocité de la maturation, etc...
L'indice de nouaison est d'autant plus élevé que la
pollinisation est effectués des l'épanouissement des
inflorescences femelles, à l'ouverture des spathes.
Pollinisation effectuée le jour même
............
|
90 à 95
|
%
|
Pollinisation effectuée 6 jours après
............
|
80 à 90
|
%
|
Pollinisation effectuée 8 jours après
............
|
70 à 80
|
%
|
Pollinisation effectuée 10 jours apres ............
|
40 à 60 %
|
Jusqu'au quatrième jour après l'ouverture des
spathes, l'indice se maintient autour de 90 % ; il est donc recommandé
d'effectuer la pollinisation dans ce délai et de ne pas dépasser
six jours.
Le meilleur moment de la journée se situe de 10 heures
à 15 heures.
La pluie survenant pendant la pollinisation peut
entraîner le pollen ou le faire germer avant fécondation, la pluie
survenant quatre heures après la pollinisation est pratiquement sans
effet, mais que, lorsque la pollinisation est pratiquée dix à
douze heures après une pluie, la nouaison sera réduite de 25
à 30%.
La pollinisation traditionnelle effectuée à la
main consiste à introduite un épillet d'inflorescences males dans
le régime femelle après d'ouverture de la spathe, qui peut
être liée ensuite pour maintenir le rameau introduit.
Le pollen est très sensible à la chaleur. Aussi
est-il conseillé le conserver à une température voisine de
3 à 4 °C, dans un réfrigérateur du type
ménager, on dans un endroit aéré.
2.1.3.11. La fertilisation
Pour améliorer la production du palmier dattier il faut
apporter les amendements nécessaires au sol à savoir le fumier,
l'Ammonitre, le Phosphate et le Potasse ; ces éléments jouent un
rôle très important dans l'amélioration de la texture et
structure du sol et l'augmentation de la capacité de rétention
d'eau. Les quantités à apporter au palmier dattier varient en
fonction de la structure du sol.
Fumier : 80kg/Arbre
N (sulfate d'ammoniaque ) : 2 kg/ Arbre
P ( super phosphate) : 1,5 kg/ Arbre
K ( sulfate de potasse) : 1,5 kg/Arbre
Et elle est pratiquée en trois fois : en fin de saison des
pluies, à la nouaison, au virage des dattes.
2.1.3.12. La taille
Cette technique consiste à enlever les palmes
sèches du palmier qui représentent souvent des foyers de
maladies.
2.1.3.13. Eclaircissage
L'opération d'éclaircissage vise l'obtention
d'un fruit de qualité, elle doit se faire juste après la nouaison
et elle consiste à diminuer le nombre de régimes au sein du
palmier pour assurer l'équilibre (généralement on garde un
régime pour 9 - 10 palmes) et aussi éliminer quelques
branchées au sein du régime (au milieu) pour assurer une bonne
aération du régime et éviter l'apparition des pourritures
et des maladies.
2.2. VALORISATION DES PRODUITS ET SOUS-PRODUITS
2.2.1. Les techniques de conservation des dattes
Les dattes permettent l'obtention d'un certain nombre de
produits dérivés, parfois conservables sur une longue
durée, et dont certains entrent dans la préparation de recettes
traditionnelles.
Pour protéger les produits post-récolte, les
oasiens ont mis au point des techniques de conservation bien adaptées
à leur milieu. Aussitôt après la récolte, les dattes
sont triées, lavées, séchées puis stockées
dans des structures dont la nature est fonction de (des) variété
(s) à conserver et de sa destination.
Il s'agit de grandes jarres en argile cuite dont une partie
est enfouie dans le sol et dans lesquelles les dattes sont introduites, puis
compactées, avec les pieds afin de « chasser » l'air et
éviter toute décomposition sous l'influence d'agents
aérobies. Ces jarres peuvent contenir 240 kg de dattes chacune.
Une autre mode de conservation dans les jarres consiste à
faire des couches alternées de dattes et d'olives qui seront
consommées au fur et à mesure.
BACHRAOUI (1980), en comparant les structures de conservation
de dattes dans plusieurs pays phoenicicoles, a montré
l'intérêt pratique de l'utilisation des jarres par rapport aux
autres.
En effet, selon cet auteur, ces jarres sont faites à
base d'argile cuite qui ne s'amenuise pas comme certaine coffrages dont la
terre se mélange avec les dattes les rendant ainsi
désagréables à la consommation. En outre, ces jarres ne se
fendent pas comme les murs de terre qui laissent l'air et les insectes
ravageurs. D'autre part, l'orifice étant petit par rapport à la
capacité de la jarre, il est assez facile de la boucher
hermétiquement.
· Les vieilles peaux de chèvres
(outre)
Il s'agit de peaux de chèvres initialement
destinées au stockage de l'eau. Elles ne sont utilisées pour la
conservation des dattes qu'une fois usées.
Avant d'être introduites dans la « btana »,
les dattes sont lavées, séchées, puis enduites d'huile
d'olive, puis elles sont compactées avec la main pour chasser l'air.
Ce type de structure est utilisé pour la conservation
des dattes de bonne qualité destinées à
l'autoconsommation. On y conserve également des dattes destinées
à la vente notamment pendant le mois de Ramadan.
Dans ces deux types structures, les dattes peuvent être
conservées pendant environ deux (2) ans en milieu ambiant. Cette
performance s'explique par la nature compacte et collante des dattes comprimes
qui n'attirent pas les ravageurs comme les coléoptères qui
préfèrent les dattes un peu sèches, les femelles les
lépidoptères qui préfèrent un substrat sec pour
pondre le tassage empêche les dattes d'être en contact avec l'air
et par conséquent avec les agents de décomposition.
Mais, de nos jours, avec le changement des conditions de vie
ce savoir-faire est totalement abandonné au profit de moyens de
conservation (solutions de facilité) comme les seaux, les sacs en
plastiques. La conservation directe dans le réfrigérateur est
souvent pratiquée.
2.2.2 Autres utilisations des dattes et des
sous-produits du palmier
> Les recettes à base de datte
Les entretiens menés dans l'oasis ont permis de
recenser plusieurs produits et recettes culinaires fabriqués
traditionnellement à base de dattes. Nous décrivons dans lignes
qui suivent les essentiels de ces richesses.
- Pâte de dattes : Le processus de
préparation consiste à broyer à la main ou à la
machine, selon les moyens, des dattes ayant été
préalablement dénoyautées. La pâte ainsi obtenue est
ensuite façonnée de manière à obtenir des boules.
On ajoute généralement à la préparation de l'huile
d'olive pour permettre la conservation du produit.
Toutes les variétés molles ou demi-molles peuvent
être utilisées pour sa préparation. - Rob ou miel de
dattes : il existe deux façons de fabriquer ce produit :
1ere façon : on fait bouillir dans un premier temps les
dattes dans l'eau (1kg de dattes pour 3 L d'eau) ; ce mélange est
ensuite filtré et le produit obtenu subit une deuxième cuisson de
façon à le concentrer. Le miel préparé dans ces
conditions peut être conservé dans des bocaux ou des Btayen
spéciales, pendant au moins 2 ans.
Sa préparation peut se faire à partir de toutes les
variétés molles ou demi-molles. 2éme façon : le
miel de dattes est préparé à partir du legmi
- R'fiss : il existe deux sortes de R'fiss :
R'fiss Tounsi : c'est de la pâte de dattes à
laquelle on ajoute de la semoule (blé, orge) grillée chaude et de
l'huile d'olive ou du berre.
R'fiss Aarbi : c'est la pâte de dattes chauffée
avec du beurre à laquelle on rajoute du pain traditionnel
émietté et de l'huile d'olive.
- M'FASSI : un groupe de trois à quatre femmes
engagées pour la circonstance, assises en rond sur une natte sur
laquelle s'amoncelle un tas de dattes, dénoyautent au couteau la datte
qu'elles coupent en deux, dans le sens longitudinal. Les dattes perdent alors
le nom de Tmar et deviennent M'FASSI qu'on fait sécher au soleil,
étalées dans la cour de la maison, ou, mieux, sur le toit, hors
de la portée des enfants et des bêtes. Au coucher du soleil, elles
sont amassées en tas qu'on prend soin de couvrir contre la rosée
ou d'éventuelles averses mais qu'on étale de nouveau au lever du
jour.
La même opération se répète tous
les jours-pendant une à deux semaines, jusqu'à ce que les dattes,
complètement sèches, durcissent. Elles sont alors
entassées dans d'énormes jarres dites (Khabia), desquelles on les
extrait au fur et à mesure des besoins. Elles peuvent ainsi rester en
conservation pendant tout l'hiver et même jusqu'au début de
l'été.
Cette mise en conserve et cette manière de la
valorisation des dattes était très appliquée chez la
majorité de familles, mais depuis les années 70, elle tend
à disparaître et les quelques familles qui en continuent encore la
pratique sont de plus en plus rares.
Le M'fassi et autres Cheddakhs ne sont plus estimés et
on ne sent plus le besoin de les conserver. Les Khabias disparaissent au
même rythme que les Zirs.
Cette tendance est révélatrice d'un changement
intervenu dans les habitudes alimentaires et les moeurs : on prend de moins en
moins soin de conserver ses prévisions annuelles d'origine domestique et
l'on s'adresse de plus en plus volontiers à la superette pour se
procurer gâteaux, pain, glaces et autres achats.
- Le legmi : il s'agit d'un jus très
sucré qui s'écoule du sommet du palmier et constitue une boisson
tres appréciée à l'état frais ou fermenté.
Aujourd'hui, ce produit constitue la base de la production du palmier dattier
chez beaucoup d'oasiens. FANNY (2008) signale que le bénéfice
annuel d'un palmier qui donne le « legmi » est de près de 1000
DT, alors que celui d'un palmier qui ne produit que des dattes communes ne
dépasse guère les 300 DT.
- Le noyau : le noyau de datte est utilisable aussi
bien dans l'alimentation humaine qu'animale. Après torréfaction,
il peut constituer un succédané du café et donne une
décoction d'une saveur et d'un arôme agréable. Mais il est
surtout utilisé dans l'alimentation du bétail où on estime
sa valeur fourragère équivalent à celle de l'orge (Munier,
1973).
Photo 1 : Opération de collecte de
legmi
? Impact de la transformation sur la diversité
génétique du palmier dattier
La plupart des produits transformés et des recettes
culinaires, recensés au cours de cette étude, sont
préparés à base de dattes des variétés
communes, à faible valeur commerciale. Même si en l'état
actuel, ceci n'a qu'un impact très limité sur la conservation de
la diversité génétique du palmier dattier, un
développement de l'activité permettrait de créer un
débouché à ces variétés. Ce qui
encouragerait les producteurs à les conserver et à les planter
dans leurs exploitations.
2.2.3. L'utilisation artisanale
a) La matière première
Pour confection de la plupart des articles en vannerie, on
utilise des jeunes palmes prélevées au coeur du palmier, qui
proviennent soit de la palmeraie familiale ou de l'achat dans les palmeraies du
village.
Cependant, compte tenu du risque que représente le
prélèvement du coeur de palmes pour la vie du palmier dattier, la
plupart des exploitants refusent d'arracher les palmes de leurs palmier,
créant ainsi un sérieux problème d'approvisionnement pour
les artisans qui sont obligés de s'approvisionner auprès des
commerçants ambulants qui viennent des localités où le
palmier n'est pas cultivé pour la production de dattes.
Les palmes sont prélevées de
préférence juste après la pollinisation.
b) Les différents articles
fabriqués
- Couffins, paniers, sacs, cartables et sajeda : Ces articles
sont fabriqués de la même manière que le chapeau. La
différence réside dans la largeur de la tresse qui est uniforme
et relativement plus grande que celle des tresses utilisées dans la
confection des chapeaux. Ces articles peuvent être fabriqués avec
les folioles de toutes les variétés de palmier.
- Plats et plateaux : Ces articles sont fabriqués
à partir des fibres du pédoncule floral. Après avoir fait
séjourner la pédoncule pendant plusieurs jours dans l'eau, les
fibres qui la composent sont détachées et reliées par
l'intermédiaire des folioles sous forme de couches concentriques
auxquelles l'opérateur donnera la forme souhaitée.
Dans le cas de plats ou plateaux colorés, on
procède avant la couture à la coloration des folioles qui se fait
avec des teintures spécifiques achetées
généralement à Gabès.
c) La faible rentabilité de
l'activité
L'un des obstacles au développement de la vannerie
semble être la faible rentabilité de l'activité. En effet,
la commercialisation des articles se fait généralement sur place
où les produits sont vendus soit au « souk » (marché)
ou à des collecteurs venus de Gabès. Les prix pratiqués
sur place sont dérisoires en rapport aux efforts
dépensés.
? Impact de la vannerie sur la conservation de la
diversité génétique du palmier dattier Dans
la situation actuelle, la vannerie ne contribue pas ou peu à la
conservation de la diversité génétique du palmier dattier
même si certains articles sont confectionnés
préférentiellement avec des variétés communes
précises.
D'ailleurs, un développement important de
l'activité risquerait de nuire à la biodiversité. En
effet, les palmes utilisées dans la confection de ces articles sont
prélevées du coeur du palmier (bourgeon apical) et selon FERRY
(2004), ceci pourrait constituer un risque réel pour les
variétés dont les palmes se prêtent particulièrement
à cette activité.
Il est clair que les producteurs ne sont guère
favorables au développement de la vannerie, par crainte d'une demande
trop forte conduisant à des vols nocturnes de jeunes palmes
coupées sans discernement au risque de détruire l'apex du palmier
dattier. Toutefois, un prélèvement raisonnable consiste à
couper tout les deux ans, sans « blesser » l'arbre, au maximum 2
à 3 palmes sur la dizaine produites chaque année par la plante.
Par ailleurs, il faut tenir compte de l'age et de la vigueur de la plante. Ce
qui susciterait une demande de matière première. De cette
façon, la vannerie pourrait contribuer à la conservation de la
diversité génétique du palmier dattier.
2.2.3.1. La menuiserie
Dans la région Gabès d'une façon
générale, il y a toujours eu une tradition d'utilisation
du
tronc et de rachis pour confectionner des portes et des meubles divers.
Mais de nos jours, cette
activité artisanale traditionnelle a disparu faisant
place à une menuiserie moderne qui, cependant est, essentiellement
limitée, aux centres urbains (Métouia, Oudhref,
Gabès...)
Cette activité basée sur l'utilisation de rachis
de palmes et du tronc de palmier permet la confection d'une gamme variée
d'articles, habituellement fabriqués avec d'autres bois (bois de teck
par exemple) : lits, armoires, chaises, portes,...
Ces articles peuvent êtres fabriqués à
partir de toutes les variétés. Toutefois, certaines
variétés sont préférées à
d'autres.
Toutefois, un développement « raisonnable »
de l'activité permettrait de valoriser les vieux palmiers ayant atteint
leur limite de production et qui doivent être remplacés par de
jeunes rejets.
2.2.4. Les contraintes liées au recul de la
place du palmier dattier dans le système de culture
La datte était jadis l'aliment de base des populations
des oasis. A cet effet, des produits et recettes culinaires très
variés ont été mis au point au fil des
générations. Mais aujourd'hui, la datte a cessé de faire
partie du menu quotidien de l'oasien et l'ouverture au monde extérieur a
fait que la région a abandonné la plupart de ces coutumes et
traditions.
Ce changement des habitudes alimentaires, et de cette perte
des traditions constatées de nos jours font que même dans les
familles les produits à base de datte sont rarement (ou ne sont plus)
fabriqués. Ce qui constitue un obstacle sérieux au
développement et à la diffusion du savoir-faire traditionnel en
matière de transformation de la datte.
Cette situation se traduit par une faible rentabilité
de l'activité, liée à un faible débouché
pour les produits fabriqués.
Quant à la transformation semi moderne, sa promotion
est surtout limitée par la connaissance insuffisante des
caractéristiques physiologiques et des potentialités de
transformations des dattes et une insuffisance de la recherche
technologique.
2.3. RESULTATS ET ANALYSE ECONOMIQUE
Dans cette partie nous essayerons d'analyser les
données économiques obtenues à partir de nos
enquêtes réalisées auprès des agriculteurs et des
collecteurs et interpréter les résultats obtenus.
2.3.1. La main d'oeuvre oasienne quel avenir ?
La main d'oeuvre oasienne devient de plus en plus rare surtout
celle jeune. Concurrencée par d'autres activités «moins
dures» (comme nous l'ont signalé quelques rares jeunes que nous
avons rencontrés) et plus rémunératrices, l'agriculture
oasienne voit ses ouvriers spécialisés quitter l'activité
agricole vers d'autres secteurs tels que le bâtiment, les services et
surtout l'industrie chimique de Gabès qui emploient en sous-traitance
quelques milliers chaque année. Ainsi, le nombre de
«grimpeurs», qui assurent les tâches les plus
nécessaires tels que le toilettage, la pollinisation et la récole
et donc qui constituent la main d'oeuvre la plus précieuse pour la
production du palmier dattier, a diminué considérablement ces
dernières années. D'ailleurs, jadis et pour qu'il soit
qualifié, le grimpeur doit accompagner son père quotidiennement
des l'age de 10 pour commencer à s'entrainer à grimper les
palmiers.
Or, actuellement l'enfant rentre à l'école
à l'age de 6 ans et ne trouve plus le temps d'accompagner son
père pour l'aider dans les travaux de la parcelle. D'autant plus que les
jeunes d'aujourd'hui, comme nous venons de le signaler, ne voient plus leur
avenir dans le secteur agricole.
Cette situation et d'autant plus alarmante quant on trouve que
l'age moyen des oasiens d'aujourd'hui est très proche de 60 ans, comme
le montre le tableau ci-après, ce qui pose même le problème
de l'avenir des unités de production actuelle.
Tableau n° 12 : Tranches d'ages des
producteurs
Tranche d'âge
(ans)
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Moyenne d'âge (ans)
|
20 - 35
|
4
|
8
|
36
|
36 - 50
|
8
|
16
|
47
|
51 - 60
|
12
|
24
|
56
|
> 60
|
26
|
52
|
65
|
Total
|
50
|
100
|
58
|
Source : Notre enquête
2.3.2. Le régime foncier et le mode de faire
valoir
Le régime privatif constitue le régime dominant
dans les oasis de Gabès comme partout dans toute les oasis de la
Tunisie. Toutefois, les cas d'indivision, qui résulte du mode de droit
successoral, ne manque pas. En effet, et suite aux héritages successifs,
la propriété dans l'oasis s'est trouvée tres
morcelée. Il n'est pas rare de tomber sur un cas où un palmier
est hérité par plusieurs personnes à la fois. Cette
situation, nous raconte les oasiens qu'elle est toujours gérable avec la
génération actuelle, exceptés quelques cas de conflits,
mais elle ne le sera plus dans l'avenir avec les générations
futures où l'individualisme et l'égoïsme vont bon train.
Actuellement, si l'exploitation est en indivision après la mort du
père, c'est généralement le fils aîné qui
prend l'exploitation en main et les charges et les recettes seront
partagées entre les héritiers.
Quant au mode de faire valoir, on remarque que dans les oasis
littorales le mode de faire valoir direct est le plus dominant. Toutefois, la
location commence à se développer et qui est peut être le
résultat soit d'absence de succession d'un oasien qui prend sa retraite
ou qui meurt, soit d'un conflit sur la gestion de l'exploitation.
Il est intéressant aussi de signaler que nous nous
sommes tombé sur quelques cas d'association entre le propriétaire
(généralement sans assise financière) et un fonctionnaire
ou un commerçant (généralement un membre de la famille
proche du propriétaire) qui participe par le capital et à la fin
de la campagne se partage les bénéfices. Ainsi, nous nous
interrogerons si cette forme d'association (jusque là
réservée à l'élevage) peut être la solution
à l'abandon de l'activité oasienne ?
Tableau n° 13 : Les modes de faire valoir
dans les oasis de Gabès et El Hamma
Mode de faire valoir
|
Nombre
|
%
|
Mode de faire valoir direct
|
39
|
78
|
Location
|
8
|
16
|
Association
|
3
|
6
|
Source : Notre enquête
D'un autre côté, dans le mode de faire-valoir
direct, où le propriétaire gère directement son
exploitation signalons qu'il existe 3 cas de figure :
* Le mode de faire-valoir direct sans salariés :
il concerne les exploitations les plus exigus et dont les propriétaires
sont dans la majorité de condition modeste. Du coup, la
préoccupation de l'exploitant propriétaire est de
rémunérer son propre travail et dans le cas celui de sa
famille.
* Le mode de faire-valoir direct avec recours
fréquent à la force de travail. Il concerne surtout les
exploitants propriétaires ayant une autre activité
(fonctionnaire, commerçants, etc.). Dans cette situation, le ratio
travail familial / superficie exploitée est tellement faible que le
propriétaire est obligé de faire recours à la main
d'oeuvre salariale. Les travaux courants sont
généralement assurés par l'exploitant ou
l'un des membres de sa famille et il ne fait recours à la main d'oeuvre
salariale qu'en périodes de pointe (préparation du sol,
récolte...).
L'irrigation de la parcelle qui est une opération
très délicate est la seule activité dont les expoloitants-
propriétaires ne font jamais recours à la main d'oeuvre
salariale.
* Le mode de faire-valoir direct à base de travail
salarié
Il s'agit généralement de grandes exploitations
où le propriétaire(s) a une logique d'entrepreneur et dont la
mise en valeur est basée sur la diversification et l'intégration
entre la production végétale et l a production animale (surtout
élevage bovin). La supervision du travail est assurée
généralement par le propriétaire ou dans quelques cas par
un chef d'exploitation.
Signalons enfin que l'utilisation de la main-d'oeuvre, un des
points clefs de l'agriculture oasienne, est une des charges principales de
l'exploitant. Trois domaines sont particulièrement consommateurs de main
d'oeuvre, la préparation des sols, la fauche de la luzerne et le
désherbage et la récolte du henné. La préparation
des sols avant le semis se fait manuellement, à l'aide de la sape et
parfois d'un motoculteur.
Le désherbage et l'effeuillage du henné, est aussi
une activité fortement consommatrice de main d'oeuvre et qui est
pratiquement une activité féminine.
2.3.3. L'eau de plus en plus rare, constitue le point
faible du système oasien
Les oasis doivent leur existence et leur
pérennité à une centaine de sources naturelles qui
convergent pour former des oueds. Au cours du XXème siècle, le
débit de ces sources n'a cessé de diminuer pour finalement
devenir nul vers le début des années 80. Ce bouleversement sans
précédent dans l'histoire de la palmeraie a été
provoqué par la création de quelques dizaines de forages,
utilisant l'eau de la nappe souterraine, pour l'irrigation des nouvelles
créations (les périmètres irrigués) mais surtout
pour l'alimentation des usines du groupe chimique tunisien qui sont très
consommatrices en eau.
Cette situation nouvelle a conduit l'Etat tunisien à
mettre en place depuis 1970 un programme de sauvegarde de l'oasis dont
l'élément essentiel a été la création de
forages profonds. Ensuite, et au milieu des années 80 a opté pour
le remplacement du système traditionnel de distribution de l'eau par le
remplacement des rigoles en terre par des rigoles en ciments, il s'agit du
programme appelé : économie d'eau.
A partir de cette date, le réseau de distribution est
constitué de tuyaux en amiante ciment enterrés, des ramifications
de longueur variant de quelques mètres à plusieurs centaines de
mètres. Et comme l'oasis est divisée en secteurs, chaque secteur
porte un nombre variable de borne d'irrigation (suivant l'importance du
secteur). Le tour commence par la borne la plus en aval de chaque secteur
suivant un calendrier bien déterminé fixant la date, l'heure et
le temps d'irrigation. Ces trois facteurs tiennent compte de la superficie
exploitée. Cette gestion de l'eau est assurée par les GIC
(Groupement d'intérêt collectif, autre fois appelé AIC :
Association d'intérêt collectif).
Or, malgré tout cela, l'eau reste toujours le maillon
le plus faible dans l'oasis et tous les oasiens que nous avons rencontré
se plaignent du manque d'eau et des pannes répétées des
forages. En effet, la quantité d'eau indispensable pour la culture des
dattiers, qui est de l'ordre de 1 l/s/ha (CHAREF, 1989), n'est plus
assurée ; sans parler bien sûr des autres cultures et surtout
celles consommatrices d'eau tels que la culture de la luzerne dont un ha
consomme 10 fois plus qu'un ha des cultures maraîchères (SRASRA,
2008). Pour combler le déficit en eau dans les oasis, la majorité
des oasis recourent aux puits illicites dont leur nombre ne cesse d'augmenter
ces dernières années devant une quasi-impuissance des services
techniques qui n'ont plus les moyens de contrôler toutes les
exploitations oasiennes. Ainsi, l'existence d'une source d'eau privée
permet à l'agriculteur d'avoir une certaine indépendance
vis-à-vis du GIC.
2.4. CONDITIONS ECONOMIQUES DE LA PRODUCTION
2.4.1. Coût élevé de production et
rentabilité économique discutable
Nous signalons d'emblée que contrairement aux oasis
continentales (Nefzaoua et Jérid) à dominantes «Deglet
nour», où les palmiers dattiers sont plantés en plein champ
à raison de 300 palmiers à l'hectare (CHAREF, 1989), les palmiers
dattiers dans les oasis de Gabès sont plantés sur les bordures
des planches et des parcelles. De ce fait, la densité à l'ha est
tres faible puisqu'elle avoisine les 50 palmiers (FANNY, 2008).
Dans le calcul de la rentabilité économique,
nous allons présenter la structure des charges de l'exploitation (toutes
cultures confondus), la part du revenu agricole du revenu total, la structure
du revenu agricole et nous terminerons par un essai de comparaison entre la
rentabilité d'un ha de dattiers communes et un ha de grenadiers.
2.4.1.1. Structure des charges
Tableau n° 14 : Structures des charges des
exploitations enquêtées (%)
|
Eau
|
Main d'oeuvre
|
Intrants
|
Autres
|
Total
|
0.1 - 0.5 ha
|
49
|
9
|
29
|
13
|
100
|
0.6 - 1 ha
|
42
|
21
|
31
|
6
|
100
|
> 1 ha
|
31
|
38
|
27
|
4
|
100
|
Source : Notre enquête
La lecture de ce tableau nous révèle certaines
constations :
- Au niveau des petites exploitations (< 0.5 ha) et des
exploitations moyennes (O.6 - 1 ha), le poste eau d'irrigation occupe la plus
grande part dans les dépenses totales, respectivement 49 et 42. Ceci
s'explique par le fait que ces deux catégories de producteurs ne font
recours qu'à l'eau du GIC.
En contre partie, les grands producteurs, nantis d'une bonne
assise financière, font beaucoup plus recours, dans l'irrigation de leur
parcelle, aux puits illicites qu'ils ont creusés. De ce fait, le poste
eau ne représente que moins du tiers des dépenses totales.
- Concernant la main d'oeuvre, il est clair que les petits
producteurs ne recourent à la main d'oeuvre salariale que très
rarement (récolte de henné surtout) ce qui explique que la main
d'oeuvre sur l'exploitation est majoritairement familiale. Par contre, chez les
grands propriétaires, ce poste accapare la majorité des
dépenses (38 %).
- Pour finir avec les intrants, nous constatons que la part
des dépenses est presque la même chez les trois catégories,
avec un léger recul qui s'explique, peut être par l'achat des
intrants en grandes quantités se qui réduit le coût.
2.4.1.2. Revenu agricole dans le revenu
total
Tableau n° 15 : La part du revenu agricole
du revenu total de l'unité de production (%)
Classe de superficie des exploitations
|
Revenu agricole/Revenu total
|
0.1 - 0.5 ha
|
31
|
0.6 - 1 ha
|
59
|
> 1 ha
|
83
|
Source : Notre enquête
A la lecture du tableau, nous constatons que les grandes
exploitations (> 1 ha) contribuent plus à la formation du revenu des
producteurs. Ceci peut être expliqué par le fait que dans ces
exploitations les conditions de production sont meilleures (structure
foncière, disponibilité en eau, capital, spécialisation
dans l'agriculture, etc.).
Il bien évident que pour les deux autres
catégories, les producteurs recourent beaucoup plus aux revenus
extra-agricole pour faire vivre leurs familles. Dans le premier cas (< 0.5
ha) le revenu non agricole représente 69 % du revenu total.
2.4.1.3. Structure du revenu
agricole
Pour avoir une idée sur l'importance du palmier dattier
dans l'économie de l'exploitation, nous avons fait recours à
l'analyse de la structure du revenu agricole que nous présentons dans le
tableau ci-après.
Tableau n° 16 : Structure du revenu
agricole des exploitations enquêtées
Classe de superficie des
exploitations
|
% Dattes
|
% Cultures sous-jascentes
|
0.1 - 0.5 ha
|
11
|
89
|
0.6 - 1 ha
|
19
|
81
|
> 1 ha
|
33
|
67
|
Source : Notre enquête
Les résultats présentés dans ce tableau
nous permettent de dire qu'il parait que les grands producteurs entretiennent
mieux leurs palmiers (toilettage et pollinisation) ce qui leur permet d'obtenir
de bons rendements ce qui donne aux palmiers dattiers de l'importance dans la
formation du revenu agricole de l'exploitation (le 1/3 du revenu global). Par
contre, les petits (< 0.5 ha) et les moyens (0.6 - 1 ha) ont choisi
d'orienter les ressources financières dont ils disposent vers d'autres
spéculations (surtout le maraîchage et le grenadier) qui demandent
moins de dépenses et surtout n'exigent pas de la main d'oeuvre trop
chère comme c'est le cas des grimpeurs. De ce fait le revenu des dattes
ne contribue que par 11% pour le premier cas et 19 % pour le deuxième
cas. Précisons enfin que les grands producteurs ont le plus grand
pourcentage des dattes «kenta», la variété dont le prix
est de loin supérieure aux prix des autres variétés
communes et surtout son exportation connaît, depuis quelques
années, un essor remarquable.
2.4.1.4. La rentabilité du palmier dattier est
discutable
Tableau n° 17 : Comparaison de
rentabilité entre le palmier dattier et le grenadier
|
1 ha de palmier dattier (300 pieds)
|
1 ha de grenadier (500 pieds)
|
Charges brutes (DT) (M.O. + eau)
|
690
|
540
|
Produit brut (DT)
|
3750
|
5250
|
Marge brut (DT)
|
3060
|
4710
|
Source : Nos calculs
Nous avons essayé dans ce tableau de confronter entre
les deux espèces les plus utilisés dans les oasis de Gabès
(le palmier dattier et le grenadier) en considérant que la culture des
deux espèces ce fait en plein champ et que les charges en eau sont les
même pour les deux espèces (malgré les différences
des besoins entre les deux) parce que la quantité donnée
dépend de la GIC. Cette quantité est estimée à 8
heures par hectares et par quinzaine. Ceci nous a permis de déduire la
marge brute à la production des deux espèces qui est de 3060 DT
pour le palmier dattier et 4710 DT pour le grenadier. Deux postes
déterminent la supériorité de la marge brute du grenadier
: La main d'oeuvre qui constitue 65 % des charges brutes et les prix des dattes
à la production qui est inférieur au prix des grenades (0.250 DT
contre 0.350 DT).
Il est clair que l'amélioration de la filière
des dattes communes par leur valorisation sur le marché tunisien et
l'organisation du segment de la collecte et du conditionnement et la mise en
place d'une stratégie d'exportation surtout que ces dattes commencent
à trouver leur place
sur le marché européen (100 % des importations
de l'ex-Yougoslavie, de la République Slovaque et de la
république Tchèque ; plus de 70 % des importations belge ; plus
de 60 % des importations anglaises ; etc.).
2.4.1.5. Contraintes climatiques limitant la
production des dattes
De l'analyse des différentes composantes climatiques, il
ressort que les oasis de Gabès et d'El Hamma subissent l'influence de
deux facteurs climatiques importants :
> La perte d'eau et l'accroissement de l'ETP :
il est connu que les oasiens n'utilisent que la méthode
d'irrigation par submersion pour toutes les cultures pratiquées. En
effet, les parcelles sont divisées en planches disposées en
rangées et séparées par des seguias qui servent à
amener l'eau jusqu'à la planche à irriguer. La submersion porte
sur toutes les planches une par une suivant un ordre précis.
Comparée aux autres méthodes d'irrigation, cette méthode
est la plus simple (moins de surveillance) et la plus économique (moins
de frais), une seule personne munie d'une sape suffit pour mener à bien
l'irrigation.
Où résident alors les inconvénients de
l'irrigation par submersion ? En premier lieu, dans les volumes d'eau à
amener par planche : c'est l'irriguant qui estime en fonction de son
expérience la quantité d'eau à apporter. Il s'agit
là d'un savoir-faire traditionnel acquis d'une génération
à une autre. Or, nous l'avons vu plus haut et comme le confirme
plusieurs auteurs (ABDEDAIEM, 1997 ; BEN SAAD, 2004 ; HAJ NACEUR, 2008 ; etc.)
ce savoir-faire commence à disparaitre avec les derniers oasiens
âgés.
Deuxièmement, l'irrigation par submersion
nécessite des soins particuliers au niveau du planage du sol afin que la
circulation de l'eau soit aisée. Or, un planage mal fait est presque la
règle dans les parcelles travaillées par des jeunes non
expérimentés. Ceci engendre des pertes d'eau énormes
surtout par percolation.
Enfin, un dernier inconvénient lié aux
changements climatiques (l'effet serre qui provoque l'accroissement des
températures moyennes journalières), il s'agit des pertes par
évapotranspiration. La FAO (1986) estime l'efficience de l'irrigation
par submersion à 60 % environ ce qui veut dire une perte d'eau de 40
%.
A la lecture de ces lignes, nous pouvons songer aux apports
effectifs d'eau par rapport aux besoins des cultures dans les exploitations
oasienne (dans les meilleurs des cas 60 %).
Ceci engendre une triple perte : une perte au niveau des frais
de pompage (coüt d'eau élevé), une perte au niveau de la
nappe (rabattement) et une perte au niveau de la production agricole (manque
à gagner). Résumons d'un mot : l'irrigation gravitaire
basée sur la submersion est actuellement la principale source de
gaspillage d'eau.
Ainsi, l'amélioration du système d'irrigation
devient une nécessité de premiere importance afin d'assurer une
gestion rationnelle de cette ressource de plus en plus rare qu'est l'eau.
En guise de conclusion, que pouvons-nous dire sur les rendements
des cultures irriguées dans l'état actuel des choses ?
S'il est superflu de donner des chiffres sur toutes les
cultures pratiquées dans le secteur irrigué ce qui n'était
pas l'objectif de ce travail, nous pouvons toutefois avancer quelques remarques
basées sur nos observations directes sur le terrain mais aussi sur les
déclarations des exploitants et techniciens agricoles
interviewés. D'emblée, nous soulignons les disparités des
rendements qui existent entre les exploitations, mais d'une façon
générale les rendements enregistrés sont en
déça des moyennes établies dans des
périmètres irrigués semblables (Les
périmètres irrigués en dehors des oasis où les
techniques d'économie d'eau sont la règle).
> Les précipitations :
située dans l'étage bioclimatique Méditerranée
aride inférieur (FLORET & PONTANIER, 1978), la région de
Gabès ne reçoit que des quantités annuelles de pluies
faibles. A titre d'exemple, et pendant les dernières années, nous
avons enregistré moins de 250 mm. En effet, entre 2000 et 2006, le
minimum enregistré était de 79 mm pour un maximum de 240 mm.
Est-ce le résultat des changements climatiques ? Nous le croyons.
Toutefois, et malgré que nous sommes dans une situation de
culture irriguée, les résultats ciaprès montrent que la
production est en quelque sorte liée aux précipitations.
Nous l'avons signalé plus haut, les quantités
d'eau d'irrigation, et surtout pour le palmier dattier qui n'est actuellement
cultivé qu'aux abords des parcelles et ne recevant plus la
quantité d'eau d'autre fois suite au remplacement des rigoles en terre
par les rigoles en ciment.
Le tableau suivant montre cette liaison entre production et
précipitations :
Tableau n°18 : Relation
production-précipitations de 2001 à 2009 dans les oasis de la
région de Gabès
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
Production En tonnes
|
10700
|
20910
|
27030
|
22930
|
16830
|
14800
|
14950
|
19900
|
20800
|
Précipitations En mm
|
79
|
212
|
240
|
226
|
198
|
140
|
129
|
203
|
221
|
Source : Divers documents
La lecture de ce tableau montre que la production des dattes
est liée aux précipitations annuelles, lorsque les
précipitations sont élevées la production augmente, mais
lorsque les précipitations sont faibles, la production diminue. Une
autre remarque intéressante concerne la productivité. Elle aussi
est liée aux précipitations. Nous avons trouvé que la
production moyenne annuelle d'un palmier tombe à près de 20 kg en
année sèche (79 mm en 2001), mais cette production dépasse
les 50 kg/arbre/an en année pluvieuse (240 mm en 2003).
3. DEUXIEME SEGMENT DE LA FILIERE : LE CONDITIONNEMENT
3.1. Les différentes étapes du
conditionnement
L'étape du conditionnement, des dattes communes, se
limite principalement au tri, au traitement et à l'emballage de la
datte. Le traitement consiste à éliminer les infestations,
à laver les fruits, à les homogénéiser en
humidifiant ou asséchant les dattes selon leurs caractéristiques
initiales et à leur appliquer du glucose lorsqu'il s'agit de dattes
conditionnées. Il est intéressant de signaler que les dattes qui
transitent par les stations de conditionnement sont, pour la
quasi-totalité, destinées à l'exportation ou à la
vente dans les grandes surfaces. Les dattes communes qui se vendent sur la
marché tunisien sont vendues en vrac sans emballage. Dans la
région de Gabès n'existe aucun conditionneur de dattes communes.
Les dattes communes destinées à l'exportation, et surtout la
variété «kenta» sont ramassées par des
collecteurs pour ravitailler les unités de conditionnement
situées à Kébili ou Tozeur.
Le GID dénombre une trentaine d'unités de
conditionnement en Tunisie, généralement le conditionnement de
dattes se fait de la même manière pour toutes les unités et
les mêmes étapes le long de la chaîne de manipulation est
donc le même. La figure suivante désigne de manière
simplifiée les différentes étapes de conditionnement :
CONTROLE
FUMIGATION
Lavage
Traitement
Glucosage
Séchage
Plastification
Expédition
Emballage
Palettisation
Expédition
Dattes
conditionn
TRIAGE
Dattes
naturelles
Branchée
En vrac
Emballage
Figure n°4 : Etapes de conditionnement de
la datte
3.2. Description des étapes de conditionnement
* Réception, pesage et
contrôle
C'est la premiere opération qui détermine le prix
d'achat des dattes et la quantité achetée. *
Désinsectisation :
Les dattes doivent subir une fumigation aussitôt que
possible aprés la cueillette afin d'arrêter toute forme
d'infestation. Elle doit être pratiquée tout d'abord à la
palmeraie puis à l'usine de conditionnement dans des cellules de
fumigation ou sous bâches (en utilisant le phostoxin).
La fumigation peut titre pratiquée à la pression
atmosphérique ou sous vide. Parmi les paramétres à
maîtriser pour assurer l'efficacité de la fumigation, il ya :
La concentration du fumigeant.
Le temps d'exposition du fruit.
La température de l'opération.
La fumigation est faite en trois phases :
La mise du gaz.
L'exposition du fruit sous gaz.
Le dégazage.
Les fumigeant couramment utilisés pour le traitement des
dattes sont reportés dans le tableau suivant :
Tableau n° 19 : Les fumigeant couramment
utilisés pour le traitement des dattes
Nom
|
Formule
|
Etat
|
T. eb. C°
|
Anhydride carbonique
|
CO2
|
GAZ
|
-78
|
Sulfure de carbone
|
CS2
|
LIQ
|
46
|
Tetrachlorure de carbone
|
CCl4
|
LIQ
|
76
|
Formiate d'éthyle
|
HCOOC2H5
|
LIQ
|
54
|
Dichlorure d'éthyléne
|
(CH2Cl)2
|
LIQ
|
84
|
Mélange dichlorure d'éthlène et
|
-
|
LIQ
|
-
|
terrachlorure de carbone 3/1
|
-
|
-
|
-
|
Oxyde d'éthyléne
|
(CH)2
|
GAZ
|
11
|
Mélange oxyde d'éthyléne et anhydride
|
-
|
GAZ
|
-
|
carbonique 1/7 ou 1/9
|
-
|
-
|
-
|
Acide cyanhydrique
|
HCN
|
LIQ
|
26
|
Bromure de méthyléne
|
CH3Br
|
GAZ
|
4
|
Anhydride sulfureux
|
SO2
|
GAZ
|
-
|
T.eb : Température d'ébullition DOWSON, 1963
* Le triage :
L'objet du triage est double :
Répartir les dattes en groupes homogènes.
Eliminer les déchets.
Le conditionneur préfère recevoir des dattes
préalablement triées afin de prévoir le traitement
adéquat pour chaque lot.
Un classement établi suivant la maturité et la
texture, distingue 4 groupes :
- Dattes dures
- Dattes molles : qui demandent une température plus
élevée pendant un temps plus court. - Dattes mûres : qui ne
nécessitent aucun traitement.
- Dattes sèches : qui devront être
hydratées.
* Nettoyage et Lavage :
Bien qu'il soit difficile et coüteux, le nettoyage est
nécessaire et important pour assurer une bonne qualité du produit
fini et faciliter les étapes ultérieures du traitement.
Le nettoyage peut être mené par application d'un
courant d'air par brossage ou par un lavage qui est la méthode la plus
courante. Il existe plusieurs procédures de lavage qui dépendent
de l'adhérence des saletés et de la consistance des dattes.
* L'hydratation :
Le consommateur cherche à avoir un produit aussi complet
que possible, il exige des dattes d'être molles et fraîches.
Le conditionneur est soucieux de livrer une marchandise molle,
de teneur en eau suffisamment élevé, sans qu'il perde les
caractères physico- chimiques et organoleptiques de son produit. Pour
cela il procède à une hydratation si les dattes livrées
à son usine ne sont pas tout à fait molles.
La personne responsable de cette opération doit combiner
tous les paramètres de façon à obtenir un produit
acceptable par le consommateur.
* Trempage dans le sirop de glucose
:
Le glucosage a pour but de former un film protecteur autour de
la datte qui subi une hydratation. Le glucosage augmente le goût
sucré des dattes et leur confère une brillance et un aspect
lissant.
La fonction protectrice du film du sirop de glucose se
manifeste par l'isolation de la datte en empêchant le contact avec l'air.
Ce film protecteur lui permet de conserver sa couleur et sa fermeté et
inhibe les phénomènes de transfert de matières avec le
milieu extérieur.
Il a aussi une action favorable pour le maintient de la teneur
en eau et le renversement du phénomène de migration des sucres
à la surface. En effet la concentration en sucres à la surface
augmente considérablement d'où l'activation du
phénomène d'osmose et par conséquent il y aurait une
migration des sucres vers l'intérieur.
Le glucosage se fait à la température des dattes et
la concentration du sirop de trempage varie selon les variétés
des dattes qu'on désire enrober.
Les dattes, une fois trempées dans le bac de sirop,
doivent être égouttées immédiatement, avant de
passer au séchage qui assure sa cohésion.
* Le séchage :
Bien qu'il soit coüteux et difficile, le séchage
présente une grande importance : il a comme but essentiel la diminution
de la teneur en eau d'où l'inhibition des altérations.
Les paramètres à maîtriser lors du
séchage sont :
La température.
L'humidité de l'air.
La vitesse de l'air de séchage.
La durée de séchage.
La température de séchage varie selon les
conditionneurs. En Tunisie, elle est de l'ordre de 65 à 75 °G,
accomplissant simultanément une déshydratation et une
pasteurisation partielle.
L'effet de cette température n'entre plus en jeu que
lorsque l'humidité est inférieure à 50 %, c'est au dessus
de cette humidité relative qu'on peut parler d'une
déshydratation.
Il est à noter que la soumission à une
température élevée, de l'ordre 74 °C, modifie les
caractères physico - chimiques des dattes et diminue leur valeur
marchande.
L LePFJXøMe :
Les dattes doivent être emballées de façon
à assurer en, premier lieu, une protection convenable pour limiter toute
détérioration possible de leurs qualités. Get emballage
doit alors assurer l'étanchéité vis à vis des gaz,
de l'humidité et des corps étrangers. L'emballage doit
également permettre une résistance adéquate lors du
transport.
* La plastification :
C'est la dernière opération effectuée dans
les unités de conditionnement avant l'entreposage du produit
destiné à l'exportation ou à l'écoulement sur le
marché tunisien.
L'entreposage doit être effectué dans des conditions
bien maîtrisées afin de conserver la qualité du produit
fini.
En effet plusieurs changements physico - chimiques peuvent
être provoqués pendant le stockage tels que :
* Le dessèchement des dattes humidifiées.
* La réhumidification.
* La fermentation.
* Le brunissement (changement de couleur).
* L'entreposage frigorifique paraît alors très utile
pour garder la qualité des dattes traitées. Des essais
effectués avec des dattes stabilisées complètement
mûres à différentes températures, sont
illustrés dans le tableau suivant :
Température de conservation
|
Durée
|
26/27°C
|
1 mois
|
15/16°C
|
3 mois
|
4/5°C
|
8 mois
|
-2/-3°C
|
1 an
|
-17/-18°C
|
Plus d'un an
|
Source : MUNIER, 1973
4. TROISIEME SEGMENT DE LA FILIERE : LA LOGISTIQUE
Une stratégie de développement de la branche
dattes a été élaborée en 1999 par le
Ministère de l'agriculture en collaboration avec l'ensemble des
intervenants institutionnels de la filière. Le suivi de
réalisation de cette stratégie incombe à un vaste
comité qui se réunit mensuellement, la stratégie comporte
huit axes :
a- L'amélioration des techniques culturales en vue de
moderniser l'agriculture oasienne et d'améliorer sa productivité
et sa rentabilité économique
b- Le renforcement de la formation des professionnels, des
jeunes agriculteurs dans les zones de productions dans le domaine des
techniques culturales et d'entretien des palmiers.
c- Le renforcement de l'organisation de la profession des
producteurs à travers le renforcement et la mise à niveau des
coopératives des services agricoles.
d- Le renfoncement de recherche.
e- L'organisation de la commercialisation intérieure
à travers l'organisation du métier du collecteur des dattes
(cahier des charges des collecteurs, cartes professionnelles, création
des marchés de gros, dans les zones de production) et l'accroissement
des capacités de stockage dans les zones de production.
f- La protection des récoltes par la promotion du
stockage et l'octroi d'avances sur récolte ou crédit court terme
aux producteurs de dattes.
g- Promotion des exportations (affiches publicitaires,
panneaux pub journées dégustations, ventes promotionnelles,
émission tv internationales, foires, manifestations..).
h- Mise à niveau des entreprises de conditionnement et de
valorisation des dattes Toutefois, la mise en oeuvre de cette stratégie,
confiée au Groupement Interprofessionnel des Dattes (GID) et le (DGPA)
c'est heurté à plusieurs obstacles.
Pour cela, nous pouvons citer deux raisons principales :
* Les outils institutionnels existants, sont performants, mais
sous-utilisés par les intervenants dans la filière,
* Il y a une insuffisance marquée en matière de
coordination des actions institutionnelles. La liste des recommandations
antérieures et la modestie des résultats obtenus depuis plus de
dix ans en témoigne.
4.1 LE GID (GROUPEMENT INTERPROFESSIONNEL DES DATTES) :
Etant le coordinateur des différents intervenants dans la
filière dattes, le GID assure les tâches suivantes :
- Assurer la coordination entre les maillons par les quels
passent les différents produits selon une approche filière, tout
en incitant les producteurs à s'y intégrer et encourager les
producteurs, les transformateurs et les commerçants des dattes à
travailler au moyen de contrat de production.
- Faciliter la concertation entre les professionnels et les
administrations dans la fixation des objectifs de différentes
filières.
- Contribuer à la régulation des marchés
en se basant sur des mécanismes appropriés et ce en collaboration
avec les opérateurs privés et les structures professionnelles et
administratives concernées.
- Contribuer à la promotion de la qualité des
dattes et sa commercialisation.
- Assister les professionnels dans l'intégration de
l'évolution scientifique et technologique.
- Contribuer à la promotion des exportations des dattes en
collaboration avec les opérateurs privés et les structures
professionnelles et administratives concerné
- Collecter, analyser et archiver les informations relatives au
secteur des dattes, mettre en place des banques de données se rapportant
aux axes d'intervention du GID
- Contribuer à la promotion de la production de
l'approvisionnement des marchés et à leur rationalisation en
intervenant pour éviter les déséquilibres entre l'offre et
la demande
- Accomplir toutes autres missions relatives aux secteurs des
dattes et des palmiers dont il sera chargé par le ministère de
tutelle.
Enfin, signalons que le financement du budget des interventions
du GID est assuré par :
· le FODECAP (fond de développement de la
compétitivité dans le secteur de l'agriculture
et la
pèche) qui est alimenté par une taxe de 2% sur les transactions
des marchés de gros
· les fonds propres du GID à travers la location des
frigos.
· La cotisation des exportateurs et les adhérents au
GID
Signalons enfin que le GID-Tunis, qui est loin du centre de
production, ne dispose pas d'un centre frigorifique. Le GID-Tozeur dispose d'un
dépôt pour dattes incluant des frigos d'une capacité de 200
tonnes, ainsi que des espaces laboratoires. A Kébili, le GID dispose
d'un centre frigorifique très important avec une capacité totale
de 1200 tonnes.
Les travaux essentiels du GID dans les régions de
production visent la lutte contre le ver de la datte : la pyrale, ainsi que la
distribution (et la vente) des cageots et du plastique pour la protection des
régimes.
Au niveau des collecteurs, des tournées auprès
de ceux-ci sont régulièrement réalisées, en les
sensibilisant sur la préservation de la qualité (en
opérant un meilleur tri et en utilisant des casiers plus petits), le
tissage de relations de confiance avec les producteurs et le paiement des
sommes dues aux producteurs.
4.2. LA MISE A NIVEAU DES ENTREPRISES DE LA FILIERE
Pour arriver à un niveau de qualité adéquat
(HCCP, ISO) dans un contexte d'aider les entreprises, les besoins à
couvrir peuvent être résumés comme suit (GID, 2000) :
> Immatériels
· Développement de l'encadrement au niveau de la
gestion de la production, de la qualité et de l'information commerciale
par l'engagement de cadres universitaires capables de mettre en place de faire
vivre le ou les systèmes qualité ainsi que des procédures
de maîtrise de l'efficience de production,
· Développement d'un « middle managment »
capable de relayer les instructions d'exécution au niveau
opérationnel,
· Formation de l'ensemble du personnel et assistance
technique de l'encadrement. Si ce programme de mise à niveau couvre la
totalité de ces besoins, il serait judicieux d'en augmenter l'efficience
et la portée par l'exécution d'un programme spécifique qui
permettrait de réaliser certaines actions immatérielles en
grappes d'entreprises.
> Matériels
· Aménagement des usines selon les principes de la
marche en avant et dans le respect des normes d'hygiene sur les plans des
matériaux et des équipements,
· Re-disposition des équipements après
études des flux et dimensionnements de toutes les aires de stockages y
compris les stockages intermédiaires (matières, caisses,
emballages, personnel, information),
· Dans la mesure du possible, séparation physique
des ateliers de fumigations (zone infectée) de triage (zone sale), de
traitement (zone humide) et de conditionnement (zone propre) de manière
à éviter les contaminations physiques (humidité,
poussières, sable) et biologique (pyrale, levures, moisissures,
bactéries),
· Mise en adéquation des capacités de
stockage froid, en fonction des volumes à traiter et commercialiser,
· Transformation pour 2004 des systèmes de
fumigation pour supprimer les traitements chimiques de type Bromure de
méthyl et instaurer un traitement au CO2 plus que probablement,
· Acquisition de compléments d'équipement
de triage et de conditionnement de manière à faciliter et
rationaliser le travail (tapis roulants, balances électroniques sur
chaînes, étiqueteuses, imprimantes, etc.) et du matériel de
mesure performant (étuve, balance de précision, dosimètre,
etc.),
· Acquisition d'un réseau informatique
performant.
Cette mise à niveau matérielle doit se
réaliser au cas pour cas, pour tenir compte des
spécificités de chaque entreprise (taille, localisation,
marché, état de l'existant, etc.). Dans le contexte de
particulier de la datte, l'essentiel du prix de revient est constitué de
la matière première elle-même (70 % à 90 %). En
Tunisie, la certification est une notion qui demeure nouvelle auprès des
unités de conditionnement des dattes.
A coté de la certification ISO, le système HACCP
(Hasard analysis critical control point) qui vise l'autocontrôle pour la
maîtrise des risques sanitaires à la consommation, devient une
nécessité à l'exportation (directive européenne
93/43, codex Alimentarius). Ici également, une seule entreprise le
pratique, tandis que quelques-unes autres ont commencé la
démarche. Cette situation va probablement changer avec le lancement du
programme pilote du CTAA (Centre Technique de l'Agroalimentaire) qui devrait
aider une centaine d'entreprises agroalimentaires à mettre en place le
HACCP.
En ce qui concerne la mise à niveau, 4 entreprises ont
adhéré à ce programme avant 1999 et 5 nouvelles
entreprises ont réalisé récemment le diagnostic.
En guise de conclusion dans cette partie consacrée au
logistique, nous signalons qu'il n'existe pas un marché de dattes (souk)
comme c'est le cas pour les autres filières (olives, agrumes, poissons,
etc.). Cet élément constitue le maillon faible de la
filière.
5. QUATRIEME SEGMENT DE LA FILIERE : LA
CONSOMMATION
Les dattes, fruit nutritionnellement riche, a
été pour longtemps la base de la ration alimentaire oasienne. Le
fruit datte constitue une importante source d'énergie. La consommation
d'environ 100 g/j fournit à l'organisme humain la totalité de ses
besoins en magnésium, manganèse, cuivre et soufre, la
moitié de ses besoins en fer et le quart de ses besoins en calcium.
5.1. Les dattes dans le modèle de consommation
alimentaire tunisien : un recul au profit des céréales
L'aspect de la consommation des dattes a
considérablement évolué dans le temps. Jadis, les dattes,
de part leur richesse nutritionnelle, constituaient avec le lait la base de la
ration alimentaire des oasiens et des régions environnantes.
Actuellement, l'ouverture de la communauté oasienne et de tout le monde
rural du sud tunisien sur le monde extérieur (mouvement de population,
économie de marché, etc.) a provoqué un changement radical
dans les habitudes et le modèle alimentaire de ces populations. De nos
jours, la ration
alimentaire de base est constituée par les
céréales (couscous, pain, pates, etc.) et les protéines
animales et les dattes ne sont consommées que rarement.
C'est seulement au mois de ramadan que la consommation des dattes
atteint son apogée. Celui-ci s'achève par la tradition de
fabriquer des gâteaux dont une grande partie utilise les dattes comme
constituant principal. Et comme ce mois ne coïncide pas toujours avec la
campagne des dattes, les commerçants en tiennent compte en conservant
à froid les fruits pour la distribuer aux consommateurs durant ce
mois.
Or, pendant cette période, même le marché
extérieur manifeste une certaine demande, que se soit au niveau des pays
arabes ou bien des pays européens où vivent des musulmans ce qui
provoque une augmentation spectaculaire des prix même des dattes
communes.
De plus, les dattes communes sont beaucoup plus
consommées par les tunisiens vue leur prix qui reste toujours abordable
par rapport aux prix des dattes «deglet nour» malgré que sur
le plan quantité la consommation moyenne par tête et par an est
presque de 6 kg depuis les années 70.
Tableau n°20 : Evolution de la consommation
des dattes par habitant 1975 / 1998
Années
|
1976
|
1980
|
1985
|
1990
|
1998
|
Consommation par tête en kg
|
6
|
5.2
|
5.3
|
6
|
6
|
Source : GRIMARD ET ROY, 1999
Ceci ne représente pas une opportunité aux
décideurs et aux producteurs de développer la filière des
dattes communes ?
Si nous mettons le zoom sur Gabès, nous disons que la
maturation des dattes s'étale sur une période de quatre mois,
allant du mois d'Aoüt au mois de Novembre. En effet, les oasis de
Gabès englobent une multitude de variétés de dattes
(environ 60 variétés) qui totalisent une production de 25000
tonnes.
Chaque variété de datte à une destination
bien déterminée (exportation, marché national,
marché régional, marché local, autoconsommation,
transformation et conservation) et ce en fonction de :
- la valeur commerciale.
- l'abondance de la production
- le mode de conservation.
Toutefois, et parmi les dattes communes c'est la
variété «kenta» qui est la plus appréciée
et la plus chère. D'ailleurs, et d'après les dires de quelques
exploitants, les collecteurs venant de la région de Nefzaoua,
achètent la variété « kenta » pour la
mélanger à la datte Deglet Nour vu la ressemblance entre les deux
variétés.
Photo 2 : Fruit « kenta »
Photo 3 : fruit « Deglet Nour »
6. CINQUIEME SEGMENT DE LA FILIERE : LA
COMMERCIALISATION ET L'EXPORTATION
6.1. LA COMMERCIALISATION
6.1.1. LES CIRCUITS DE COMMERCIALISATION DES DATTES
a) Les producteurs : Responsables
de produire les dattes pour les vendre soit sur pieds pour des collecteurs et
des exportateurs soit au détail après la récolte, le
tirage et la classification des dattes et il s'oriente parfois au stockage
frigorifique chez le privée pour échapper aux périodes
où l'offre est supérieur à le demande.
b) Les collecteurs : Ce sont des
privées qui travaillent pour leur compte ou pour le compte des
exportateurs et qui font les achats des dattes soit sur pied après
estimation ; soit au détail auprès des agriculteurs, dans des
caisses de 10, 18, 20 kg et les prix sont déterminés suivant
l'état des dattes (triées, classées, ayant subi une
fumigation ...). Ces collecteurs sont généralement
financés par les exportateurs et sont payés à la
commission ou par crédit de campagne et les agriculteurs peuvent leur
confier leur production de dattes sans avance de payement pour les vendre
à la commission. Généralement leur activité est de
3 à 4 mois par campagne.
C) Coopératives : AIC - GIC :
Généralement ces structures n'achètent pas les dattes mais
elles interviennent pour faciliter les ventes de dattes de leurs
adhérents aux collecteurs et/ou exportateurs.
d) Les frigos privés : Cette
activité à connu ces derniers années une grande
évolution en raison de décalage du mois de ramadan par rapport
à la campagne de récolte des dattes ; ce qui a engendré
une capacité frigorifique de 51000 tonnes dans les régions de
productions des dattes au cours d'une période de quatre années.
Leurs achats de dattes bien triées, se fait généralement
au détail et se fait à la fin de campagne quand les dattes
arrivent à la maturité complète. Les frigoristes
approvisionnent les exportateurs quand ils sont à rupture de stock et
quand ils épuisent leurs achats et aussi procèdent à la
vente aux grossistes, semi-grossistes et aux marchants de détail.
e) Les usines de
conditionnement-exportations : Ils s'approvisionnent de leurs
sociétés de mise en valeurs, des frigoristes et des collecteurs
et vendent les écarts de triage aux semigrossistes et alimentent les
sociétés de commerce et les grandes surfaces en dattes
emballées et conditionnées.
f) Grossistes, semi-grossistes et
détailants : Ils ont un rôle très important
dans l'alimentation du marché de gros de Tunis et les marchés
régionaux. La commercialisation interne des dattes est assurée
par ces acteurs actifs de la filière datte.
g) Sociétés de commerce
internationales : Les sociétés d'exportations de
divers produits agricoles s'intéressent plus à l'exportation des
dattes vers les nouveaux marchés.
h) Les grandes surfaces : Etant
donné l'extension des ces grandes firmes de commerce en Tunisie et que
les consommateurs tunisiens en général sont motivés
d'acheter des dattes bien triées, emballées et à payer la
qualité, les quantités de dattes conditionnés et
emballées commercialisées par ces grandes surfaces prennent de
l'ampleur d'une année à l'autre.
6.1.2. SUBVENTIONS ACCORDEES AUX DIFFERENTS
INTERVENANTS DE LA FILIERE
a) Les producteurs : (Agriculteurs,
Sociétés de mise en valeur...)
La nature des subventions est la suivante :
- Prime d'investissement : 25% du montant de
l'investissement pour les actions suivantes : * Réalisation des puits de
surface,
* Equipement des puits de surface,
* Constructions (hangars, abris moteurs...),
* Plantation des palmiers dattiers,
* Plantation arboricole intercalaire à l'intérieur
des palmeraies,
* La rénovation de la plantation des palmiers (subvention
sur l'arrachage, sur l'achat du nouveau rejet et sur la nouvelle plantation)
- Prime spécifique : elle est accordée pour
:
* Acquisition de matériels agricoles pour mécaniser
les travaux dans les oasis (subvention de 25% du montant global
d'investissement)
* Subvention sur l'installation des équipements de
l'économie d'eau dans les exploitations agricoles (subvention de 60%)-
Crédit de campagne
* Crédit de campagne à court terme remboursé
après récolte avec un montant de 1000 dollars/ha
* Crédit bancaire à moyen terme pour
l'élevage à l'intérieur de l'oasis avec un taux
d'intérêt de 5 %
- Subvention sur les traitements phytosanitaires :
* Raticides - insecticides - produits biologiques... à
titre gratuit dans le cadre des campagnes de traitement
* Matériels de traitement utilisés à titre
gratuit
* Fumigation et stockage frigorifique des dattes dans les frigos
du GID dans les lieux de productions avec une subvention de 20%.
* Vente des caisses en plastique au prix coûtant
* Matériaux de protection des régimes (plastiques)
subventionnées à 60%
* Moustiquaire subventionnées à 50 %
* Assistance technique, formation, vulgarisation
* Démarche traçabilité - signe de
qualité
* Subvention sur l'inscription et les charges de conduite et de
certification de l'agriculture biologique des dattes
* Subvention sur nettoyage oasis et entretien des réseaux
de drainage et ce à travers la caisse de soutien de la qualité
b ) Les coopérative de service :
( AIC, GIE)
* Subvention sur l'installation des équipements
d'économie d'eau entre les exploitations (réseaux
principaux)(subvention de 60%)
* Subvention de 10% sur la vente et la distribution des produits
de protection de régimes (plastique et moustiquaire)
* Subvention sur le stockage frigorifique et la fumigation des
dattes de 20%
* Encadrement -assistance - formation des cadres et ouvriers et
mise à niveau
c) Les collecteurs
* Formation - encadrement - assistance
* Programme mise à niveau, carte professionnelle
* Approvisionnement en produits de fumigation des dattes
subventionnés à 20%
* Approvisionnement en caisse en plastique de qualité
supérieur au prix coûtant et disponible sur les lieux de
production
* Subvention sur les moyens de protection des régimes
(plastique et moustiquaire) pour les parcelles achetées sur pieds
d) Les exportateurs
* Subvention sur les moyens de protection des régimes de
dattes (plastiques et moustiquaires) de (40 et 50%)
* Subvention sur le transport aérien des exportations des
dattes vers les marchés potentiels de 50%.
* Subvention sur la participation aux foires et manifestations
internationales de 80% (déplacement cadres- location stand --
journée de dégustation...).
Il va sans dire que toutes ces subventions et encadrement des
différents opérateurs de la filière sont témoins de
l'intérêt accordé par l'Etat à la production, la
commercialisation et surtout l'exportation des dattes.
6.1.3. COMPARAISON ENTRE LE COUT MOYEN A LA PRODUCTION
ET LE PRIX MOYEN A LA VENTE D'UNE TONNE DE DATTES COMMUNES PAR LES
COLLECTEURS
Pour finir avec les intervenants de la filière et pour
valoriser les résultats de notre enquête nous allons
présenter l'écart entre les différents niveaux de prix
pour le producteur et le collecteur.
Figure n° 5 : Ecart entre les
différents niveaux de prix
350 DT/tonne
Représente la marge moyenne du
collecteur
250 DT/tonne
204 DT/tonne
Représente la marge moyenne du
producteur
46 DT/tonne Coût moyen à la
production
600 DT/tonne Prix moyen à la
Vente (collecteur)
Prix moyen à l'achat (collecteur)
Source : Nos calculs
A la base production on remarque que l'agriculteur gagne en
moyenne 204 DT par tonne comme marge brute. Pour le collecteur, la
différence entre prix moyen de vente et prix moyen d'achat d'une tonne
de dattes communes représente la marge de 350 DT, mais à cette
valeur il faut déduire l'ensemble des charges moyennes par tonne sui
s'élèvent à 40 DT/tonne. On obtient ainsi la valeur de la
marge nette par tonne soit 310 DT/tonne.
Ce qui est intéressant de signaler est que le
collecteur des dattes travaille pendant les 4 mois de la récolte,
puisque cette activité est secondaire pour lui, il réalise ainsi
une marge mensuelle de l'ordre de 77.5 DT/tonne. Or, pour l'agriculteur, qui
travaille 12 mois, cette activité qui représente une source
vitale de revenu pour lui, il ne réalise qu'une marge mensuelle de 17
DT/tonne.
Une telle différence de prix montre bien l'importance
du gain du collecteur. Pour ces opérateurs de la filière, la
faible valeur des charges (souvent que le transport et une main d'oeuvre
très réduite) se traduit par une marge très importante.
6.2. L'EXPORTATION
6.2.1. Les exportations des dattes tunisiennes :
importance et pays de destination
Avant de présenter le tableau de répartition des
exportations tunisiennes des dattes par pays de destination, nous
présenterons l'importance économique des marchés
consommateurs de dattes tunisiennes. Nous distinguons trois grandes zones
d'importation : le Moyen Orient, l'Asie du Sud-Est y compris l'Inde et l'Europe
élargie aux pays de l'ex-union soviétique.
D'après ISSAOUI (2002), l'approvisionnement des deux
premieres zones est caractérisé par des importations
réalisées à des prix de 30 à 90 % en
deçà du prix mondial.
En revanche, la zone Europe s'approvisionne sur le
marché mondial à des prix largement au dessus du cours moyen
mondial, de 50 à 300 %. D'un autre côté, et même si
le poids du Canada, des Etats Unis d'Amérique et de l'Afrique du Sud
dans les importations mondiales de dattes est faible, ces pays se comportent de
la même manière que les pays européens.
En terme économique, et d'après le même
auteur, les pays de la zone Asie et du Moyen Orient représentent 70 %
des volumes importées et 30 % de la valeur du commerce mondial de dattes
contre 26 % de volumes et 63 % de valeur pour l'Europe. Résultat : un
quasi dissymétrie volume/valeur.
Si nous regardons de près l'exportation de dattes
tunisiennes, nous disons que cette situation n'est guère en faveur des
exportateurs de dattes (si la tendance actuelle se confirme dans les
années à venir) qui voient leur part du marché
européen (économiquement favorable) est en régression
continu en faveur des marchés du Moyen Orient et de l'Asie (moins
favorable).
Pour donner une idée sur les pays de destination des
dattes tunisiennes (toutes variétés confondues) et les volumes
exportés, nous présentons le tableau ci-après :
Tableau n° 21 : Répartition des
exportations tunisiennes des dattes par pays de destination entre 2000 et 2007
(unité : tonnes)
|
00/01
|
01/02
|
02/03
|
03/04
|
04/05
|
05/06
|
06/07
|
France
|
11599
|
10888
|
12348
|
12476
|
16601
|
10183
|
13925
|
Italie
|
5202
|
5138
|
5438
|
5522
|
6179
|
5617
|
6396
|
Allemagne
|
3876
|
3349
|
3258
|
3939
|
4097
|
4337
|
4808
|
Espagne
|
4109
|
3589
|
3642
|
4139
|
4794
|
4032
|
4387
|
Belgique
|
1540
|
736
|
1211
|
798
|
1775
|
1817
|
1938
|
Angleterre
|
831
|
1436
|
1471
|
1536
|
1700
|
890
|
1182
|
Autres marchés UE
|
2320
|
2535
|
2311
|
3331
|
4531
|
3324
|
4724
|
Afrique du
nord
|
4784
|
8599
|
6323
|
5348
|
8810
|
7939
|
14372
|
Pays du golfe
|
427
|
377
|
501
|
428
|
828
|
413
|
632
|
Pays moyen
orient
|
365
|
140
|
187
|
10
|
235
|
0
|
0
|
Pays asiatiques
|
410
|
773
|
830
|
1233
|
1531
|
1721
|
4340
|
Amérique du
nord
|
602
|
542
|
1027
|
1453
|
2138
|
2497
|
2149
|
TOTAL
|
36065
|
38102
|
38547
|
40213
|
53219
|
42770
|
58853
|
Source : GID
Il ressort de ce tableau que les principaux marchés
demeurent toujours l'Europe avec plus de 80 % de la part des marchés en
particulier la France, quoique la plupart des grandes entreprises cherchent de
plus en plus à diversifier leurs clientèles.
En somme, il est à remarquer :
· Que les principaux pays importateurs sont la France
(24%) suivie de l'Italie (11%), de l'Espagne (8%) et de l'Allemagne (8%) pour
l'année 2007. Toutefois, il faut signaler que les quantités
exportées enregistrent une constante diminution. Ce
phénomène est dû, probablement, au recul de la demande sur
ces marchés européens traditionnels à cause du changement
du modèle de consommation chez les nouvelles générations
de musulmans (puisque les dattes sont surtout consommées au mois de
ramadan) moins pratiquants et plus attirés par le modèle de
consommation européen.
· Que les exportations de dattes tunisiennes sur le
marché de l'Afrique du Nord, qui regroupe le Maroc la Lybie et la
Mauritanie, ont augmenté considérablement grâce à
l'augmentation des importations marocaines (le Maroc a perdu sa production
dattière à cause de la maladie du bayoudh).
· Que le marché sénégalais voit sa
demande en ce produit augmenter d'une année à l'autre (c'est l'un
des marchés porteur puisque la population de ce pays est à
majorité musulmane).
· Le marché nord américain est difficile
à pénétrer, spécialement pour celui des Etats Unis
d'Amérique qui impose des restrictions à l'entrée de
produits telles les dattes. Toutefois, au Canada, la situation serait moins
difficile au niveau procédurier, mais les quantités
exportées restent très limitées.
6.2.1.1. Les exportations des dattes
communes
Or si nous mettons le zoom sur les dattes communes, qui font
l'objet de cette étude, nous enregistrons les données suivantes
:
Tableau22 : Les exportations de dattes
communes
|
00/01
|
01/02
|
02/03
|
03/04
|
04/05
|
05/06
|
06/07
|
France
|
1972
|
1740
|
1932
|
2166
|
2311
|
1822
|
1229
|
Italie
|
876
|
859
|
732
|
723
|
832
|
685
|
521
|
Allemagne
|
836
|
584
|
452
|
373
|
387
|
442
|
380
|
Espagne
|
278
|
407
|
328
|
138
|
238
|
303
|
156
|
Belgique
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Angleterre
|
798
|
656
|
831
|
517
|
432
|
438
|
288
|
Autres marchés UE
|
375
|
664
|
454
|
509
|
517
|
425
|
235
|
Afrique du
nord
|
305
|
1175
|
498
|
158
|
215
|
837
|
321
|
Pays du golfe
|
14
|
0
|
38
|
0
|
37
|
122
|
76
|
Pays moyen
orient
|
0
|
0
|
37
|
0
|
52
|
35
|
22
|
Pays asiatiques
|
0
|
301
|
382
|
290
|
287
|
407
|
327
|
Amérique du
nord
|
147
|
994
|
638
|
76
|
487
|
830
|
427
|
TOTAL
|
5601
|
7380
|
6322
|
4950
|
5795
|
6346
|
3982
|
|
Source : GID
La lecture de ce tableau montre avec clarté que
l'exportation des dattes communes est très fluctuante. Ceci prouve que
cette filière est loin d'être organisée.
6.2.1.2. Les exportations tunisiennes des dattes vers
les autres marchés européens
En plus des six grands marchés européens,
présentés en haut, le reste des marchés européens
est divisé en quatre groupes différents selon la nature de leurs
importations et selon la régularité de ces importations. Ils
existent des marchés acquéreurs de dattes Deglet Nour uniquement,
d'autres de dattes communes, d'autres les deux variétés en
même temps en enfin ceux qui importent la datte tunisienne (datte commune
et/ou datte Deglet Nour), mais d'une manière non
régulière.
> Marchés importateurs de la datte Deglet
Nour
Ces marchées sont uniquement importateurs de la datte
Deglet Nour, et pour certains d'entreeux ils importent des dattes communes,
mais en très faible quantité. Ce groupe comporte la Suisse, la
Turquie, la Hollande, le Danemark, la Norvège et la Suède.
Tableau n°23. : Les exportations de dattes
Deglet Nour de 2000 à 2007
|
00/01
|
01/02
|
02/03
|
03/04
|
04/05
|
05/06
|
06/07
|
Suisse
|
740
|
447
|
532
|
844
|
790
|
920
|
1155
|
Turquie
|
315
|
488
|
321
|
355
|
408
|
786
|
1283
|
Hollande
|
407
|
284
|
430
|
540
|
632
|
388
|
855
|
Danemark
|
100
|
29
|
56
|
8
|
8
|
34
|
110
|
Norvège
|
23
|
24
|
83
|
2
|
32
|
79
|
22
|
Suède
|
46
|
32
|
52
|
34
|
24
|
21
|
126
|
|
Source : GID
Comme nous pouvons le remarquer, c'est la Suisse qui importe
la plus grande quantité de dattes dans ce groupe, la Turquie vient en
seconde position suivie de la Hollande. Sur ces trois pays, la Tunisie pourrait
exporter davantage de dattes, vu le pouvoir d'achat tres élevé
pour la Suisse et la Hollande d'une part et les besoins très importants
de la population turque à majorité musulmane.
> Marchés importateurs de la datte Deglet
Nour et la datte commune
Ce groupe comporte quatre pays à savoir l'Autriche, la
Grèce, le Portugal et Chypre. Avec une part de près de 0.2 % pour
le Portugal et près de 0.4 % pour chacun des trois autres pays de la
part du marché de Deglet Nour et entre 3 et 4 % de la part du
marché des dattes communes en 2007 (données du GID), ce groupe
constitue une opportunité pour les exportateurs de dattes communes dont
leurs prix sont abordables pour les populations de ces pays frappés par
une crise économique.
> Marchés importateurs de la datte
commune
Il s'agit ici de deux marchés de
l'ex-Tchéchoslovaquie à savoir la République
Tchèque et la République Slovaque. Le volume exporté aux
deux pays s'élève à 229 tonnes, ce qui représente
3.7 % de la part du marché des dattes communes. Ces marchés
constituent, comme c'est le cas du groupe précédent, une
opportunité pour les exportations tunisiennes de dattes communes en
raison de ces prix abordables, d'une part, et de l'habitude qui commence
à s'installer chez les populations de ces deux pays à consommer
les dattes communes. Toutefois, un grand effort doit être
réalisé sur le plan du conditionnement et de publicité.
> Marchés non
réguliers
Ce groupe comporte plusieurs pays qui importent les dattes
tunisiennes (Deglet Nour et dattes communes) d'une façon
irréguliere. Il s'agit surtout des pays de l'ex-Union Soviétique
tels que : la Russie, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie et les pays de
l'ex-Yougoslavie.
Tableau n°24 : Part du marché DN
par rapport au DC
Pays
|
Part du marché de DN
|
Part du marché des DC
|
Russie
|
5.6
|
2.5
|
Pologne
|
-
|
0.9
|
Bulgarie
|
0.2
|
0.1
|
Hongrie
|
-
|
4.5
|
Ex-Yougoslavie
|
0.6
|
2.6
|
|
Source : GID
6.2.1.3. Les exportations tunisiennes des dattes sur les
marchés arabes
Il s'agit surtout des marchés des pays du Moyen Orient
comme le montre le tableau suivant. Tableau n°25:
Evolution des exportations de dattes sur les marchés des pays
arabes (unité : tonnes)
|
00/01
|
01/02
|
02/03
|
03/04
|
04/05
|
05/06
|
06/07
|
EAU
|
309
|
310
|
430
|
331
|
425
|
353
|
601
|
Bahrein
|
35
|
38
|
42
|
39
|
58
|
48
|
22
|
Qatar
|
22
|
10
|
30
|
33
|
23
|
10
|
96
|
A. Saoudite
|
21
|
6
|
17
|
5
|
9
|
2
|
3
|
Koweit
|
40
|
21
|
37
|
21
|
42
|
17
|
20
|
Yemen
|
0
|
774
|
23
|
0
|
31
|
0
|
0
|
Jordanie
|
13
|
0
|
15
|
1
|
19
|
1
|
2
|
TOTAL
|
440
|
1159
|
594
|
430
|
607
|
431
|
744
|
|
Source : GID
Pour ce groupe de pays, les Emirats Arabes Unis constituent
le marché le plus important pour le produit tunisien. Ils importent
presque les 4/5 de l'ensemble des exportations tunisiennes de dattes sur le
marché des pays arabes. La part des trois pays qui sont l'Arabie
Saoudite, le Yémen et la Jordanie est quasi nulle.
Il faut signaler aussi que la quasi-totalité des
quantités exportées est constituée de Deglet Nour, les
dattes communes ne représentent que près de 2 % du volume
total.
Signalons enfin que l'un des facteurs qui a joué en
faveur du produit tunisien est l'embargo imposé à l'Irak depuis
1991, puis l'effondrement de la production dattière irakienne apres la
guerre. Depuis, le marché arabe (du Moyen Orient et des pays du Golfe)
s'est orienté vers d'autres approvisionnement et c'était
l'occasion pour la datte tunisienne d'arriver jusqu'au consommateur de cette
région.
6.2.1.4. Les exportations tunisiennes des dattes sur les
marchés asiatiques et l'Afrique du Sud
Tableau n°26 : Evolution des exportations
en volume sur les marchés asiatiques et l'Afrique du Sud (unité :
tonne)
|
00/01
|
01/02
|
02/03
|
03/04
|
04/05
|
05/06
|
06/07
|
Indonésie
|
322
|
250
|
356
|
333
|
287
|
78
|
1434
|
Malaisie
|
52
|
440
|
350
|
365
|
530
|
72
|
1178
|
Afrique sud
|
39
|
42
|
48
|
51
|
33
|
26
|
39
|
Singapour
|
21
|
20
|
24
|
62
|
71
|
58
|
66
|
Corée du Sud
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
8
|
Inde
|
15
|
0
|
0
|
0
|
8
|
9
|
11
|
TOTAL
|
449
|
752
|
778
|
811
|
929
|
243
|
2736
|
|
Source : GID
Les dattes qui existent sur le marché des pays asiatiques
et l'Afrique du Sud n'ont pas de pouvoir concurrentiel par rapport aux dattes
tunisiennes qui sont de très bonne qualité.
Les exportations tunisiennes de la variété
Deglet Nour, mais aussi des dattes communes pourraient connaître une
expansion rapide surtout dans les pays à forte population musulmane tel
que l'Indonésie.
Par contre, dans certains pays comme l'inde et la Chine (deux
pays émergeant) ainsi que le Japon, la datte tunisienne comme fruit
n'est pas très connue, ce qui demande un effort beaucoup plus important
de la part des représentants tunisiens du marketing pour influencer le
consommateur de ces pays à faire entrer dans ses habitudes alimentaires
la datte comme fruit ou comme dessert comparable à d'autres fruits
exotiques.
6.2.2. Spécificité de la demande et
exigence des marchés
Les données recueillis par le GID et d'autres
organisations socio-professionnelles intéressées par cette
filière, fournissent quelques informations importantes sur le
comportement du consommateur européen vis-à-vis des dattes
tunisiennes. En effet, les dattes naturelles de l'Afrique du Nord, et plus
particulièrement celles de la Tunisie sont très
appréciées par le consommateur européen par rapport aux
dattes californiennes traitées.
Ceci s'explique par le fait que le consommateur
européen (surtout originaire de l'Europe des 15) accorde beaucoup plus
d'importance au gout, à la couleur et à l'utilisation faible de
produits chimiques qu'à l'uniformité du produit qui
caractérise les dattes californiennes.
Or, la quantité de dattes naturelles exportées
vers le marché européen est en régression (dattes communes
et Deglat Nour). Ce qui est en contradiction avec la tendance
générale des exportations tunisiennes sur ce marché.
Une deuxième contrainte concerne le caractère
saisonnier de la consommation des dattes en Europe. En effet, les dattes
commencent à apparaitre dans les points de distribution au début
du mois d'octobre et les ventes continuent jusqu'au mois de février avec
des maximums de consommation à l'occasion de Noël et du Ramadan.
Ceci peut être expliqué par le fait que le consommateur
européen ne prend pas les dattes comme un dessert et il se contente de
consommer ce fruit uniquement lors des grandes occasions.
Signalons enfin que les exportations de dattes biologiques
est faible, alors que la demande en produits biologiques n'a cessé
d'augmenter à l'échelle mondiale. Par conséquent, les
dattes tunisiennes, et principalement les dattes communes moins exigeantes en
produits de traitement, sont appelées à s'adapter aux exigences
et aux préférences de la nouvelle demande sur le marché
mondial en général et sur le marché européen en
particulier (principalement le marché allemand dont le consommateur a
une tradition d'utilisation des produits biologiques) en s'orientant surtout
vers la production de dattes biologiques qui constitue la meilleure solution
pour une meilleure valorisation du produit.
6.2.3. Les pays concurrents
Les concurrents de la Tunisie s'inscrivent dans trois
catégories :
· Le producteur traditionnel de dattes Deglet Nour,
l'Algérie ;
· Les exportateurs qui ajoutent de la valeur aux produits
qu'ils importent à bas prix, il s'agit de la France, l'Allemagne,
l'Angleterre et les Pays-Bas ;
· Les producteurs non traditionnels qui ont
développé une agro-industrie intégrée, ce sont les
Etats Unis d'Amérique principalement
Toutefois, et hormis ces remarques, nous constatons que la
Tunisie est restée le leader sur l'ensemble de l'Union Européenne
pour la période 2000-2007 suivie par l'Algérie, la France et les
Etats Unis.
Ainsi, la Tunisie détient la première position
en matière de quantité et de valeur exportée. Il n'en va
pas de même sur le plan de la valorisation des produits, qui se trouve
derrière ses concurrents.
La France, le plus important ré-exportateur, a une
position relativement stable, avec cependant un important recul de prix, du
à la pression concurrentielle de la Tunisie, de l'Algérie et
d'autres ré-exportateurs européens.
Le cas de l'Algérie est équivoque, après
l'instabilité de ses performances, durant les années 90 (due
probablement en partie à sa situation politique), est potentiellement
capable d'exercer une pression concurrentielle importante sur l'exportation
tunisienne surtout après la privatisation de son industrie de
conditionnement.
Quant aux Etats Unis elles exportent moins, mais mieux. Leurs
marchés intérieurs sont
capables d'absorber des prix élevés et
l'exportation des dattes est plus une opportunitécommerciale
qu'une nécessité stratégique, comme c'est le cas pour la
Tunisie.
Chapitre VI : CONCLUSION GENERALE
Au terme de ce travail, nous rappelons que l'analyse de la
filière des dattes communes dans les oasis de Gabès est riche en
enseignements susceptibles de guider les décisions à prendre pour
mieux développer cette filière.
Notre recherche nous a permis de tirer les enseignements
suivants :
* La première leçon à tirer de cette
filière s'écrit en termes d'orientation de la production des
dattes vers la variété « Deglet Nour », poussée
par la forte demande manifestée au niveau du marché
extérieur, ce qui a engendré une marginalisation des dattes
communes.
D'ailleurs, le fort lobby publicitaire qui oriente le
consommateur vers la consommation des dattes Deglet Nour ainsi que le
changement dans les habitudes alimentaires des tunisiens ont accentué
cette marginalisation. Toutefois, si les dattes Deglet Nour semblent permettre
une amélioration assez nette de la rentabilité du système
oasien dans les régions de Nefzaoua et Jérid, elles
présentent certains risques dans la mesure où elle
désoriente la rationalité de l'exploitant et favorise
l'instabilité et la fragilité du système vis-à-vis
du climat et du marché surtout international. La sécurité,
objectif sacré de l'agriculture familiale, n'est plus alors garantie.
De plus, deux risques nous poussent à plaider pour les
dattes communes :
- le premier risque concerne la vulnérabilité
que présente la monoculture de Deglet Nour en cas de l'arrivée de
la maladie du « bayoudh » dans les oasis tunisiennes vu la
fragilité qu'a manifesté cette variété en
Algérie face à la maladie,
- le deuxième risque concerne le recul des ventes des
ventes de Deglet Nour sur le marché international dû à la
crise économique mondiale et qui frappe surtout le marché
européen (principal client de la Tunisie).
D'un autre côté, et sur le plan environnemental,
mais aussi économique, le développement de la culture des dattes
communes, surtout la variété « kenta » très
appréciée par le consommateur tunisien et aussi par le
marché extérieur à cause de son prix abordable, constitue
une chance pour les oasis de la région de Gabès, qui connaissent
un taux d'abandon inquiétant pouvant atteindre jusqu'à 60 % dans
l'oasis de Métouia (HAJ NACEUR, 2009), pour retrouver leur situation
florissante qu'elles avaient autrefois et permettra aussi aux oasiens
d'améliorer leurs revenus agricoles qui se détériorent
d'une année à l'autre.
* Nous relevons aussi la difficulté des industriels
tunisiens à répondre à toutes les demandes de la
clientèle surtout au niveau de la qualité ce qui permet un risque
de perte de certains créneaux ou opportunités qui en
découle puisque les acheteurs pouvant être tentés de
s'approvisionner chez d'autres fournisseurs. Signalons aussi, que la
concentration de la grande distribution en Europe (surtout celle des 15),
augmentant la pression et les exigences au niveau de la demande, risque
d'éliminer ou de rendre inopérants, par manque de
compétitivité, tous les opérateurs qui n'auront pas fait
de mise à niveau en matière de qualité.
* Un danger réel existe également d'avoir un
secteur du conditionnement à deux vitesses, avec d'une part des
entreprises inscrites sur le marché dans la durée et d'autres
part des entreprises inscrites sur la marché à court terme et
sans réels soucis de qualité. Ces dernières sont en mesure
de freiner tous les marchés et la casse des prix, soit
délibérée, soit à l'instigation d'un acheteur
utilisant cette fausse concurrence pour faire pression sur les entreprises
performantes. Dans les deux cas de figures, ce danger existe car ces pratiques
sont d'actualité. Elles sont dommageables pour l'ensemble de la
filière.
Ce diagnostic nous pousse à proposer un certain nombre
d`actions qui peuvent contribuer à l'amélioration du secteur
dattier à Gabès.
· Organisation de la filière datte commune
surtout au niveau de la commercialisation et de l'écoulement des dattes
pour le commerce intérieur et extérieur et
l'éclaircissement des rapports juridiques entre les exploitants, les
collecteurs et les exportateurs.
· Formation d'une main d'oeuvre qualifiée et
spécialisée dans la culture du palmier dattier, dans le centre de
formation agricole (CFRA) de Zerkine (pollinisation, toilettage,
récolte, etc.) pour faire face à la disparition du savoir faire
local dans ce secteur.
· Recherche d'autres ressources en eau et d'autres
techniques d'irrigation qui deviennent de plus en plus exigées dans ce
nouveau contexte de changements climatiques.
· Adaptation des systèmes de crédit bancaire
pour le développement des dattes communes puisque la politique actuelle
exclue la culture des dattes du système de crédit.
· Dans ce nouveau contexte de désengagement de
l'Etat, les pouvoirs publics doivent considérer les oasis comme «
patrimoine national » qu'il faut sauvegarder et sauver et par
conséquent doivent mettre beaucoup plus de moyens humains et
matériels dans le cadre d'un programme national de sauvegarde des
oasis.
Notre pouvons résumer, dans le tableau ci-après,
les atouts et contraintes suivantes :
Tableau n°27 : Contraintes/atouts
Domaines
|
Contraintes
|
Atouts
|
Production
|
- Morcellement
- Mains d'oeuvre rare et chère et désistement
des jeunes à travailler dans l'agriculture
- Mauvaise gestion de l'eau
- Manque de moyens financiers et accès aux crédits
agricoles très faible
- Producteurs mal organisés
- Prix bas des dattes
|
- Production biologique
prometteuse
- Avantage comparatif climatique
- Fruits appréciés et
prometteurs
- Savoir-faire encore existant
|
Collecte
|
- Métier ouvert à la spéculation
- Transport ne répond pas aux normes ce qui affecte la
qualité des fruits
|
- La quasi-totalité de la
production passe par les collecteurs
- Bonne connaissance de la
production
|
Conditionnement/ exportation
|
- Concurrence parfois exagérée
- Usines à deux vitesses : industrielles et artisanales
- Saisonnalité de la production et
diversification difficile
|
- Recherche permanente de nouveaux marchés
- Diversité de la clientèle - Maîtrise de
l'approvisionnement et de la logistique d'exportation
|
Encadrement et
Organisation de la
filière
|
- Absence de marché de dattes
- Encadrement technique de la
production et vulgarisation tout à fait insuffisante
- Fonctionnement de l'appui
institutionnel à la filière
largement concentré à Tunis
- Marché de tourisme non exploité
- Valorisation insuffisante des sousproduits
|
- Bonne connaissance des
marchés de l'Europe
- Appuis aux exportateurs
- Forte création de valeur
ajoutée par la filière globale
- Filière future créatrice d'emploi
|
En guise de conclusion, nous pouvons dire que l'organisation
de la filière des dattes communes constitue une opportunité pour
sauver les oasis de la région de Gabès qui connaissent un taux
d'abandon inquiétant suite à la non rentabilité de
l'activité agricole. Cette situation qui menace la durabilité des
oasis, et qui est dû entre autre au recul de la place du palmier dattier
dans le système de culture oasien, ne peut être renversée
que par la réhabilitation des dattes communes et surtout de la
variété « kenta » qui est appréciée par
les populations locales et qui se vend à un prix encourageant à
l'extérieur (1 euros, contre 2,2 euros pour Deglet Nour). Ce prix, et
dans le contexte de la crise économique qui frappe les pays
européens, ne peut que conserver la place de la Tunisie dans ce
marché.
BIBLIOGRAPHIE
ABDEDAEIM S., 1997 : La gestion de l'eau et son
impact sur la dynamique des systèmes de production dans les oasis
littorales du sud tunisien. « Cas l'oasis de Gabès ».
Mémoire de fin d'études du Centre national
d'études agronomiques des régions
chaudes/cnearc/Montpellier/France, 1997, 62 pages.
ALLAYA M., 1992 : Aperçu sur les
marchés non traditionnels de l'huile d'olive.
jn : Options Méditerranéennes, Série Etudes,
Actes du congrès « Economie de l'olivier », Tunis, 20-22
janvier 1987, pp. 113-124
BEN HAMIDA F. ; 2001 : Inventaire de la
biodiversité dans l'oasis de Mettouia. Rapport FEM/ GDA Mettouia 2001,
21 pages.
BENCHRIFA A., 1990 : L'oasis de
figuier, persistance et changement.
in : Cahiers Recherche-Développement, CIRAD Montpellier,
n° 123, pp : 34-40.
BEN SAAD A., 2002 : Politiques foncières
et dynamiques socio spatiales. La privatisation des terres collectives dans la
plaine de BLED' amra-Gafsa, Hautes steppes tunisiennes.
Thèse de Doctorat nouveau régime, Université
François Rabelais de tours-France/ école doctorale sciences de
l'homme et de la société/2002,466 pages.
BEN SAAD A., 2004 : La déprise Agricole
dans les oasis et ses effets sur la durabilité de
l'écosystème oasiens/cas de l'oasis du Grand- Gabès.
in : revue des régions arides/ Actes du séminaire
d'aridoculture/ Institut des régions arides/Djerba., 22-25-11-2004., pp
916-921.
BECHRAOUI A., 1980 : La vie Rurale Dans Les
Oasis de Gabès (TUNISIE). Publication de la faculté des Lettres
de Tunis., 1980,301 pages.
CHAREF A., 1989 : Evolution de la filière
dattes en Tunisie : de la consommation à l'exportation.
Thèse de Mastère, IAM Montpellier, 1989, 132
pages
CHETOUI N et HAMROUN S, 2004 : Le système
d'élevage bovin et ses effets sur la durabilité de
l'écosystème oasien (Cas de l'oasis de Chenini-Gabès).
Mémoire de Fin d'Etude, Faculté des sciences de
Sfax (filière : Technicien supérieur en Techniques
d'Aridobiologie), Tunisie.
C.I.H.E.A.M., 1992 : L'oasis de Gabès,
une oasis en pleine mutation- quel avenir pour l'élevage bovin laitier
?
Document technique de l'institut agronomique
méditerranéen de Montpellier/ Coopération
franco-tunisienne 1992,13 pages.
CONFRONTI J., et TONNEAU P., 2004 : Les
systèmes de production oasiens : Le Cas des oasis du Jerid.
Edition de l'Agronomie des oasis, 2004; pp.103-115.
COUTAGNE E., 1999 : Place et performance de la
luzerne en période estivale dans une oasis littorale. Cas de l'oasis de
Chénini, Tunisie.
Rapport de stage IRA/INA-PG 1999, 31 pages+annexes.
CRDA 2007 : Le développement agricole
dans le gourvernorat de Gabès.
Rapport technique du CRDA Gabès, juin 2007, 10
pages.
DJERBI M., 1982 : Le palmier dattier,
caractéristiques botaniques, écologique, culture. Document
technique FAO/PNUD/Rab/88/024/1982,24 pages.
DOLLE V., 1998 : Agriculture d'oasis, une longue
histoire quel avenir ?
in : Sécheresse/CIRAD-Montpellier France/1998, pp.
81-82.
ELHOUMAIZI M. A., SAAIDI M., OHABI A., 1998 : La
palmeraie de Marrakech. Ses contraintes et ses atouts de
développement.
in : Sécheresse, 9juin 1998, pp.163-166.
ESTIVIN E., 2000 : Itinéraires techniques
des cultures maraîchères en milieu oasien (oasis de gabes,
Tunisie).
Mémoire de fin d'études, ENITA-CF/France et
IRA-Medenine/Tunisie, 2004, 42 pages. FANNY P., 2008 :
Diagnostic agraire de l'oasis du grand Gabès-Tunisie. Cas d'une
oasis littorale péri-urbaine menacée. Vestige d'un passé
luxuriant et prospère.
Mémoire de fin d'études, IRC Montpellier/IRA
Medenine, 114 pages
FAO, 1986 : Les besoins en eau des cultures.
in : Bulletin d'irrigation et de drainage n° 24, Rome 1986,
123 pages.
FAO, 1995 : Etude de la filière dattes en
Tunisie
Publication de la FAO, 1995, 53 pages
FERRY M. et BEDRANI S., 2004 : Analyse de
données agro économiques des oasis de différents pays
africains.
Edition : agroéconomie des oasis, station de recherche sur
le palmier et les systèmes de production en zone aride, el elche,
Espagne, 2004,230 pages.
FLORET CH. et PONTANIER R., 1982 :
L'aridité en Tunisie présaharienne. Climat, sol,
végétation et aménagement.
in : Travaux et Documents de l'ORSTOM, Paris-France, n° 150,
544 pages.
GID, 1990 : Rapport d'activités 1989
GID, 2000 : Rapport d'activités 1999
GIF, 2009 : Rapport d'activités 2008
GRIMARD A. et ROY C., 1999 : Etude diagnostique
de la filière datte en Tunisie. Fonds du développement du secteur
privé, Tunisie, juillet 1995, 55 pages
HAJJI A ., 1994: mise en valeur et
réhabilitation des oasis:essai d'évaluation de
l'expérience tunisienne.
Cours spécialisé : diagnostic rapide et
stratégie de développement en milieu oasien/CRDA du sud/Tunisie;
7-26; novembre 1994; 37 pages.
HAJ NACEUR A., 2009 : Diagnostic
agro-économique de l'oasis de Métouia. Mémoire de
Mastère, Université du Maine-France, 2009, 78 pages
ISSAOUI M. R., 2002 : La filière dattes
en Tunisie : Analyse de deux segments, production et collecte.
These de Mastère de l'IAMM, 2002, 128 pages
KABIRI L., JAAKOU, A, HACHIMI. M. et OUACHOU.A., 2006
: Contribution d'une ONG locale au développement durable des
oasis du sud Marocain « Cas de Ferkia de TINJDAD ».
Http/www,
inra.org.ma/actualités/manifestations/0305abs/0305at3.ht/
fst Errachidia/ Maroc., 2006, 8 pages.
KASSAH. A, 1996 : Etude comparative des oasis au
Maghreb et dans le monde.
Cours spécialisé : diagnostic rapide et
stratégies de développement en milieu oasien, 07-26 septembre
1994. CRDA-Tozeur, 1994, 39 pages.
LASRAM M., 1990 : « Les systèmes
agricoles oasiens dans le sud de la Tunisie.
in : Options Méditerranéennes, «
Systèmes agricoles oasiens » : Séminaire
Méditerranéenne n° 11, pp :21-28.
LASSAUX J.C., 2004 : Recherche des solutions au
travail du sol traditionnel dans les oasis Tunisiens.
Document technique de l'agroéconomie de l'oasis/2004, pp.
207-217.
MAMOU A., 1999 : Le système
aquifère du Sahara Septentrional.
in : SASS, Revue de l'OSS, Tunis, 1999, 37 pages.
METTRIK H., 1994 : Recherche agricole
orientée vers le développement.
ICRA, Wageningen Pays bas, 1994, 228 pages
MONFORT J. & DUTAILLY J.-C., 1983 : Les
filières de production.
in : Archives et Documents n° 67, INSEE, 193 pages
MRABET A., FERCHICHI A et CHAIR N., 2006:
Caractérisation chimique de fruits de quelques cultivars de
palmiers dattiers du sud tunisien.
in: revue des régions arides. Actes du séminaire
d'aridoculture/institut des régions arides. Djerba; 25-28-12; 2006, 9
pages.
MUNIER P., 1973 : Le palmier dattier. Collection
techniques agricoles et productions tropicales.
Editions G-P. Maisonneuve et la rosse, Paris, 1973, 211 pages.
QUEMENER. Y, 1999 : La stratégie de la
gestion de l'eau d'irrigation à la parcelle en domaine oasien, le cas de
l'oasis traditionnelle de Gabès.
Mémoire de fin d'études, Faculté des
sciences d'Angers département de géographie et l'association de
sauvegarde de l'oasis de Gabès. 1999, 119 pages.
RENUCCI J., 1978 : Les oasis tunisiennes du
Djérid, crise du monde rural ou décollage économique ?
in : Cahier géographique de Rouen, n°8, 1978,
pp13-31
RIAHI-CHANDOUL I., 2010 : Cartographie de la
vulnérabilité des eaux souterraines à la pollution.
Application numérique sur la nappe de Gabès Nord.
In : Revue de l'ISSTEG, n° 2, pp. 26-34
RIOU C., 1990 : Bioclimatologie des oasis.
in: Options méditerranéennes, série A; 11,
pp: 207-220
ROMDHANE A., 2004 : Système de Production
et Contraintes de développement dans les Oasis Littorales. Cas des oasis
du gouvernorat de Gabès.
in : revue des régions arides/Actes du séminaire
d'aridoculture/ institut des régions arides/Djerba/22-25-11., 2004,
pp.922-930.
SRASRA. H, 2008 : L'élevage bovin dans
les oasis : atout pour la diversification des productions ou contrainte pour la
durabilité de l'écosystème (Cas de l'oasis de
CheniniGabès).
Mémoire de fin d'étude, INAT/IRA Medenuine.
Année universitaire 2006-2007, 45 pages TOUTAIN G.,
1979 : Elément d'agronomie saharienne de la recherche
au développement. INRA - GRET. Paris, 276 pages.
TOUTAIN G., 2004 : L'agriculture paysanne
oasienne et le marché mondial.
Publication du groupe de recherche et d'information pour le
développement de l'agriculture d'oasis agroéconomie des oasis
,2004 pp. 169-182.
ENQUETE
I/ Identification de l'enquêté et de sa
famille :
Nom et prénom :.......................................
Age...............................
Niveau d'instruction :..................................
Activité principale
:....................................Lieu de
résidence...............
Situation familiale : Marié célibataire
divorcé
Nombre d'enfants :
Etes-vous membre d'une association ou structures
socio-professionnelles ?
- Conseil de gestion øÑÕÊ
Ó~ãÌ
- Groupement d'intérêt collectif
ÉíÆÇã
ÉíÚÌã
- Groupement de développement agricole
- Union des agriculteurs
|
|
Éí~ä~áÇ
Ú~ãÌ
ÏÇÊÍÅ
|
ÉíÍáÇáÇ
|
|
íäÍáÇáÇ
|
Autres (préciser)
|
|
|
|
Composition de la famille
|
Nombre de ménage :
|
Effectif total de la famille :.
|
Prénom
|
Age
|
Sexe
|
Lien de
|
Etat
|
Activité
|
Activité
|
|
|
|
parenté
|
matrimonial
|
principale
|
Secondaire
|
II. Système de production
1. Foncier et système de culture
Superficie totale de l'exploitation : ha
Lieu : Oasis .................................ha :
: Steppe .............................. ha :
Mode de faire valoir
Propriétaire métayer e
Date d'installation :
.........................................................
Si oui,
Avez-vous acheté des terres ces 5 dernières
années ? Oui Non
Si oui,
Avez-vous vendu des terres ces 5 dernières années ?
Oui Non
superficie, prix et raison de vente
Si oui,
Avez-vous loué des terres ces 5 dernières
années ? Oui Non
montant annuel de location :
Avez-vous donné en location ces 5 dernières
années ? Oui Non Si oui,
montant annuel de location :
2. Matériel et animaux de traits
Désignation
|
Quantité
|
Date d'acquisition ou de Création
|
Charrette
|
|
|
Camionnette-Camion
|
|
|
Voiture
|
|
|
Tracteur
|
|
|
Remorque
|
|
|
Charrue à disques ou à soc
|
|
|
Citerne 3000 litres
|
|
|
Citerne 500 litres
|
|
|
Puit de surface
|
|
|
Ane
|
|
|
Mulet
|
|
|
Cheval
|
|
|
|
3. système de culture Effectif des
palmiers dattier par variété
Total
Variété
Nombre
Rendement
Effectif arboricole :
Variété
Nombre
Rendement
Superficie d'autre culture :
Type culture
|
Maraîchage
|
Fourragère
|
Industrielle
|
Superficie
|
|
|
|
4. Système d'élevage 3.1. Cheptel en
propriété
Espèce
|
Femelles adultes
|
Mâles adultes
|
Total
|
Ovin
|
|
|
|
Caprin
|
|
|
|
Camelin/Bovin
|
|
|
|
|
5. Système d'irrigation : Mode
d'irrigation submersion omie d'eau aut réciser
Fréquence des tours d'eau ...............
Débit (l/s)...................................
Salinité (g/l)~~~~~~~~.
Drainage oui
|
on
|
|
Entretien oui
|
n
|
|
|
|
|
|
|
|
|
6. Fertilisation : Engrais chimiques (Tonnes)
Ammonitre Phosphate Potasse
Fumure organique (Tonnes) source : Achat El ge
Amendement sablonneux (Tonnes)
7. Main d'oeuvre (nombre de journèes )
:
Permanente Occasionnelle Familiale
8.
Ecoulement de la récolte :
Dattes Vente sur pied ui Au collecteur
A l'exportateur
Vente après récolte si oui marche local
Exportateur Collecteur Marche régional stockage
Grenade Vente sur pied si oui au collecteur
A l'exportateur
Vente après récolte si oui marche local
Exportateur Collecteur
Marche régional Stockage
9. Résultats économiques de
l'unité de production 9.1. Charges et recettes de l'exploitation en 2008
Les charges
Dépenses
Main d'oeuvre
Travail du sol
Semences
Engrais
Produits de traitements
Frais de transport
Autres charges (gasoil, etc...)
Montant annuel
Les recettes
Désignation
|
Autoconsommation (quantité)
|
Ventes
|
Quantité
|
Montant (DT)
|
Arboriculture
|
Dattes
|
|
|
|
Grenadiers
|
|
|
|
Oliviers
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
Légumineuses
|
|
|
|
Cultures maraîchères
|
|
|
|
Autres cultures
|
|
|
|
9.2 Revenu extra-agricole
Membre de la famille
Activité
Montant annuel
10. Importances des espèces étudiées
et stratégie d'avenir
D'après votre expérience, quelle est
l'espèce la plus performante ?
· Dattes kenta : oui non ui pourquoi ?
· Grenadiers : oui non ui pourquoi
?
..........................................................................................
Pensez-vous investir (dans les prochaines années à
venir) dans l'une ou l'autre des espèces?
· Laquelle ?
· Comment ?
· Quand ?
Quels sont les problèmes qui affectent les deux
espèces ?
|
Main d'oeuvre
|
Prix de vente
|
Marché
|
Stockage
|
Autres (préciser)
|
Grenadiers
|
|
|
|
|
|
Dattes kenta
|
|
|
|
|
|
Que proposeriez-vous pour améliorer le secteur des dattes
?
Que proposeriez-vous pour améliorer le secteur des
grenadiers ?
TABLE DES MATIERES
Chapitre I : LES DATTES TUNISIENNES : IMPORTANCE
ECONOMIQUE, PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE
1. IMPORTANCE SOCIALE ET ECONOMIQUE DES DATTES
1.1. VALEURS CULTURELLES ET SOCIAUX DU PALMIER DATTIER
1.2. IMPORTANCE DU SECTEUR PHENICIOLE DANS LE MONDE
1.3. IMPORTANCE SOCIO-ECONOMIQUE DU PALMIER DATTIER EN TUNISIE
:
1.3.1. Importance économique du palmier dattier à
Gabès
1.3.2. Principales variétés cultivées dans
les oasis de Gabès (voir annexes)
2. PROBLEMATIQUE
3. METHODOLOGIE
3.1. SOURCES DE DONNEES
3.2. CHOIX DE L'ECHANTILLON DE L'ENQUETE
4. CONCEPTS ET DEFINITIONS 4.1 DEFINITION DE L'OASIS 4.2 L'EFFET
OASIS
4.3. QU'EST CE QU'UNE FILIERE ?
4.4. TYPOLOGIE DES OASIS TUNISIENNES
4.4.1. Classification suivant le système de culture
? Oasis traditionnelles
? Oasis modernes
? Oasis réhabilitées, rénovées
4.4.2. Classification suivant la localisation
géographique
? Oasis continentales
? Oasis littorales
? Oasis de piémont, d'altitude ou de montagne
Chapitre II. PRESENTATION DE LA REGION D'ETUDE
1. L'OASIS DITE DU GRAND GABES
2. CONTRAINTES ET POTENTIALITES DU MILIEU 2.1. LE CLIMAT
2.2 LA PLUVIOMETRIE
2.3. LES TEMPERATURES
2.4. LE REGIME DES VENTS
2.5. LE BILAN HYDRIQUE
2.6. HYDROLOGIE
2.7. GEOLOGIE ET PEDOLOGIE
2.8. L'EXPLOITATION DES EAUX DANS L'OASIS
Chapitre III : LES DIFFERENTS SEGMENTS DE LA FILIERE DES
DATTES COMMUNES
1. PRESENTATION DE LA FILIERE DES DATTES EN TUNISIE
1.1. LES OPERATEURS PRIVES
1.2. LES OPERATEURS INSTITUTIONNELS
2.PREMIER SEGMENT DE LA FILIAIRE : LA PRODUCTION ET L'UTILISATION
DES DATTES ET DES SOUS PRODUITS DU PALMIER DATTIER
2.1. LA PRODUCTION DATTIERE
2.1.1. MORPHOLOGIE DU PALMIER DATTIER
2.1.1.1. Système radical 2.1.1.2. Tronc
2.1.1.3 Palmes
2.1.1.4 Organes floraux 2.1.1.5 Fructification 2.1.1.6
Fruit
2.1.1.7 Propagation
2.1.2. EXIGENCES ECOLOGIQUES :
2.1.2.1 La température 2.1.2.2. L'eau
2.1.2.3. Le sol :
2.1.2.4. la lumière
2.1.3. CULTURE DU PALMIER DATTIER :
2.1.3.1 La création d'une palmeraie
2.1.3.2 Choix du sol
a) Défrichement :
b) Nivellement :
c) Défoncement :
d) Piquetage :
2.1.3.4 Etablissement des réseaux d'irrigation et de
drainage
2.1.3.5 Densité de plantation
2.1.3.6 Protection contre le vent
2.1.3.7 La plantation 2.1.3.8 Le sevrage
2.1.3.9 L'époque de plantation
2.1.3.10 La pollinisation : 2.1.3.11. La fertilisation
2.1.3.12. La taille
2.1.3.13. Eclaircissage
2.2. VALORISATION DES PRODUITS ET SOUS-PRODUITS
2.2.1. Les techniques de conservation des dattes
2.2.2 Autres utilisations des dattes et des sous-produits du
palmier
2.2.3. L'utilisation artisanale 2.2.3.1. La vannerie
e) La matière première
f) Les différents articles fabriqués
c) La faible rentabilité de l'activité
2.2.3.2.. La menuiserie
2.2.4. Les contraintes liées au recul de la place du
palmier dattier dans le système de culture 2.3. RESULTATS ET ANALYSE
ECONOMIQUE
2.3.1. La main d'oeuvre oasienne quel avenir ?
2.3.2. Le régime foncier et le mode de faire valoir
2.3.3. L'eau de plus en plus rare, constitue le point faible du
système oasien
2.4. CONDITIONS ECONOMIQUES DE LA PRODUCTION
2.4.1. Coût élevé de production et
rentabilité économique discutable
2.4.1.1. Structure des charges
2.4.1.2. Revenu agricole dans le revenu total
2.4.1.3. Structure du revenu agricole
2.4.1.4. La rentabilité du palmier dattier est
discutable
2.4.1.5. Contraintes climatiques limitant la production des
dattes
3. DEUXIEME SEGMENT DE LA FILIERE : LE CONDITIONNEMENT
3.1. Les différentes étapes du conditionnement
3.2. Description des étapes de conditionnement
4. TROISIEME SEGMENT DE LA FILIERE : LA LOGISTIQUE
4.1 LE GID (GROUPEMENT INTERPROFESSIONNEL DES DATTES)
4.2. LA MISE A NIVEAU DES ENTREPRISES DE LA FILIERE
5. QUATRIEME SEGMENT DE LA FILIERE : LA CONSOMMATION
5.1. Les dattes dans le modèle de consommation
alimentaire tunisien : un recul au profit des céréales
6. CINQUIEME SEGMENT DE LA FILIERE : LA COMMERCIALISATION ET
L'EXPORTATION
6.1. LA COMMERCIALISATION
6.1.1. LES CIRCUITS DE COMMERCIALISATION DES DATTES
a) Les producteurs
b) Les collecteurs :
C) Coopératives :
d) Les frigos privés :
e) Les usines de conditionnement-exportations :
f) Grossistes, semi-grossistes et détaillants
:
g) Sociétés de commerce internationales
:
h) Les grandes surfaces :
6.1.2. SUBVENTIONS ACCORDEES AUX DIFFERENTS INTERVENANTS DE LA
FILIERE
a) Les producteurs :
b ) Les coopérative de service : ( AIC, GIE)
c) Les collecteurs
d) Les exportateurs
6.1.3. COMPARAISON ENTRE LE COUT MOYEN A LA PRODUCTION ET LE
PRIX MOYEN A LA VENTE D'UNE TONNE DE DATTES COMMUNES PAR LES COLLECTEURS
6.2. L'EXPORTATION
6.2.1. Les exportations des dattes tunisiennes : importance et
pays de destination 6.2.1.1. Les exportations des dattes communes
6.2.1.2. Les exportations tunisiennes des dattes vers les autres
marchés européens 6.2.1.3. Les exportations tunisiennes des
dattes sur les marchés arabes
6.2.1.4. Les exportations tunisiennes des dattes sur les
marchés asiatiques et l'Afrique du Sud 6.2.2. Spécificité
de la demande et exigence des marchés
6.2.3. Les payas concurrents
Chapitre VI : CONCLUSION GENERALE