A l'exception de l'eau potable, il n'y a rien d'autre,
même pas les antibiotiques, qui ait eu un effet si important sur la
réduction de la mortalité que le vaccin [4].
L'OMS estime que la vaccination permet d'éviter chaque
année 2,5 millions de décès d'enfants liés à
la diphtérie, au tétanos, à la coqueluche et à la
rougeole [1]. La vaccination a ainsi fait ses preuves comme
instrument principal de lutte contre les maladies, voire de leurs
éradications. Elle a permis d'éradiquer la variole, une maladie
qui au début menaçait 60% de la population mondiale et tuait une
personne sur quatre atteintes. En outre, grâce à la vaccination,
l'éradication de la poliomyélite est à portée de
main. Le nombre de cas de l'infection a reculé de 99% et certaines
régions ont déjà éradiqué cette maladie.
C'est le cas de la région OMS de l'Amérique et du pacifique
occidental [1]. L'éradication mondiale de la
poliomyélite, l'élimination de la rougeole et du tétanos
maternel et néonatal sont maintenant les objectifs visés à
court terme par les organismes de santé.
Les tendances mondiales de la couverture vaccinale sont
certes en nette progression depuis 2000 dans la plupart des pays. Dans les
régions d'Amérique, d'Europe et du Pacifique Occidental par
exemple, la couverture vaccinale adéquate en 2008 reste
supérieure à 99% [1]. Malgré cette
performance, 24 millions d'enfants n'ont pas reçu en 2007 leur
première dose du vaccin anti-rougeoleux (VAR) avant l'âge d'un an.
L'Inde en comptait 8,5 millions et la Chine 1 million [5]. En
2008, c'est encore 22,7 millions d'enfants qui sont dans la même
situation dont respectivement 7,63 et 1,10 millions en Inde et en Chine
[6].
![](Determinants-communautaires-de-la-frequence-elevee-des-abandons-de-la-vaccination-entre-le-BCG-e19.png)
![](Determinants-communautaires-de-la-frequence-elevee-des-abandons-de-la-vaccination-entre-le-BCG-e20.png)
7
En Afrique, les couvertures vaccinales ont également
connu une nette progression depuis 2001 dans la plupart des pays, suite aux
efforts déployés par les États et les partenaires
nationaux et internationaux. En effet, selon les estimations de l'OMS et de
l'UNICEF, la couverture par la première dose du VAR est passée de
57% en 2001 à 73% en 2008 [7]. Malgré cet
exploit, on a dénombré en 2008 dans la région OMS Afrique,
près de 7,5 millions d'enfants qui n'ont pas reçu leur
première dose du vaccin anti-rougeoleux [8]. Certains
de ces enfants vivent dans des quartiers défavorisés des
agglomérations urbaines.
En Afrique subsaharienne, un enfant sur deux reçoit
une vaccination incomplète [9]. Le Nigéria est
le pays qui renferme le plus d'enfants ayant manqué à la
première dose du VAR en 2008 avec 2,04 millions d'enfants [6].
Le taux d'abandon entre le BCG et le VAR en milieu rural
Sénégalais était de 18,2% en 2007 [10].
Au Bénin il était supérieur à 25% en 2008
[11]. Le constat est que l'éclosion actuelle de la
rougeole touche les cibles du PEV dans certains pays, mais également les
enfants appelés « hors tranche » dont la plupart est la
résultante du cumul des enfants non vaccinés au fil des
années.
Au Burkina Faso, les couvertures vaccinales administratives
en BCG et VAR sont respectivement passées de 103,8 et 86,0% en 2005,
à 106,0 et 99,4% en 2009 [2]. Mais à y voir de
près en considérant des niveaux d'agrégation
infra-régionaux (province, commune), on s'aperçoit très
vite de la disparité de cette couverture vaccinale d'une localité
à une autre. En conséquence, on note toujours la recrudescence
des maladies évitables par la vaccination dans le pays : flambée
d'épidémie de rougeole en 2009 avec au total 53866 cas dont 353
décès [2] et qui a touché beaucoup plus
les grandes villes. L'une des raisons de cette situation
épidémiologique est l'inachèvement des contacts vaccinaux
des
enfants. Le taux d'abandon entre BCG et VAR au Burkina
était de 15,24% en 2008 [12] et 14,40% en 2009
[10] alors que la norme OMS est de moins de 10%.
Au niveau de la région du Centre-Est, le taux d'abandon
entre le BCG et le VAR était de 11,59% en 2008 [2] et
de 10,9% [10] en 2009.
Dans le district sanitaire de Pouytenga, le taux d'abandon
entre le BCG et le VAR était de 14,73 % en 2009 ce qui est
supérieur à la norme de 10% tolérée par l'OMS.
C'est d'ailleurs le district qui avait le plus fort taux d'abandon de
vaccination dans la région du Centre-est en 2009. La situation est
beaucoup plus importante dans la ville de Pouytenga où le taux d'abandon
de vaccination entre le BCG et le VAR était de 27,07%. Un recul de deux
années précédentes donne les statistiques suivantes dans
la ville de Pouytenga en matière de taux d'abandon entre le BCG et VAR :
35,77% en 2007 et 17,63% en 2008 [13].
Les facteurs pouvant expliquer cet état de fait seraient
liés aux services de santé et à la communauté.
Les responsables du district conscients de la situation ont
développé des actions afin d'apporter des solutions. Il s'est agi
entre autres du renforcement des compétences des agents, de la tenue de
cadres de concertation à tous les niveaux, de l'instauration de prime de
meilleurs CSPS sur la base des indicateurs du PEV, de la mise en oeuvre des
activités de communication à tous les niveaux et de
l'organisation de campagne de rattrapage. Aussi, une réflexion a-t-elle
été menée en 2009 sur l'identification de
stratégies de renforcement des activités de vaccination dans les
différents secteurs de la ville.
La mise en oeuvre de ces différentes actions a permis
au district
d'enregistrer la meilleure performance en matière de
qualité des
données du PEV en 2009 dans la région du
Centre-Est. Cette performance a été attribuée à une
bonne micro planification des activités de vaccination, une bonne
gestion des vaccins, un bon monitorage et suivi des activités de
vaccination et un bon archivage et rapportage des données. Nonobstant
ces résultats, le phénomène des abandons de la vaccination
entre le BCG et le VAR dans la ville est demeuré préoccupant en
témoigne le taux de 25% de 2010. Cette situation, engendrerait comme
conséquences, la baisse de la couverture vaccinale adéquate,
l'augmentation de l'incidence des maladies évitables par la vaccination
(rougeole), l'augmentation de la mortalité infanto juvénile mais
aussi des conséquences économiques ; toutes choses qui entravent
l'atteinte des OMD. L'épidémie de rougeole de 2009 qui a
touchée la ville en est une révélation. La
méconnaissance des raisons de ces abandons de la vaccination ne permet
pas de développer des stratégies adaptées, efficaces et
durables.
La présente étude est donc entreprise pour
explorer les déterminants communautaires de la fréquence
élevée de ce phénomène.
![](Determinants-communautaires-de-la-frequence-elevee-des-abandons-de-la-vaccination-entre-le-BCG-e21.png)