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Banques et croissance économique

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par Odilon Modeste ALAVO
Université d'Abomey Calavi- Bénin - Master recherche en sciences économiques 2009
  

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PARAGRAPHE 2 : Revue de littérature théorique et empirique

A. Littérature théorique

La revue de littérature théorique comprend deux parties. La première aborde les réflexions sur la réduction des coûts induite par la naissance des intermédiaires financiers dont les banques. La seconde, apprécie l'intervention des banques sur le marché financier et analyse pour finir le sens de la causalité développement financier et développement économique.

1. Les banques et la réduction des coûts

L'existence des imperfections sur le marché justifie la présence des intermédiaires financiers. En effet, sur un marché de capitaux parfait dans lequel les agents effectuent sans coûts et sans limites tous les prêts et emprunts souhaités, l'intermédiation financière ne pourrait être justifiée. La naissance des intermédiaires financiers vient donc pallier à un problème de coût, si bien qu'elle est liée à un gain d'efficience, de productivité et contribue de ce fait à la croissance économique.

Les imperfections rencontrées sur le marché sont de trois ordres :

Premièrement, il s'agit des coûts de transactions auxquels doivent faire face prêteurs et emprunteurs. Parmi ces coûts, nous distinguons les coûts de recherche, de mise en examen du projet par le prêteur, le suivi du projet ou monitoring et les coûts de mise en application. Ces coûts individuels sont d'autant plus élevés que l'activité des intermédiaires financiers est nécessaire. En effet, les intermédiaires financiers bénéficient d'économies d'échelles grâce à leur taille, ce qui contribue pour beaucoup à baisser les coûts individuels entre prêteurs et investisseurs.

La deuxième imperfection, réside dans l'incomplétude des contrats. Il est difficile de formuler des contrats bilatéraux qui tiennent compte de tous les états de la nature. Cette situation justifie en partie l'activité de transformation des actifs financiers développée par les intermédiaires financiers qui en contrepartie d'une commission offrent une variété de service de transformation d'actifs.

La troisième imperfection émane des asymétries d'information susceptibles d'intervenir entre prêteurs et emprunteurs. Au nom de ces asymétries, nous pouvons citer les asymétries :

Ex ante, avant la signature du contrat, provenant de la difficulté à déterminer parmi les projets soumis, les plus rentables. Cette difficulté à choisir les meilleurs projets peut créer des problèmes de sélection adverse. Selon Leland et Pyle (1977), c'est l'asymétrie ex ante qui justifie la création des intermédiaires financiers.

Pendant le contrat, l'emprunteur peut effectuer une activité plus risquée que celle préalablement indiquée au prêteur, en ce sens que la seule observation de ses revenus ne renseigne pas le prêteur si le contrat est dûment respecté. Ces problèmes ont été qualifiés d'aléa moral.

Ex post, des problèmes d'opportunisme peuvent survenir à cause de l'emprunteur enclin à déclarer des revenus inférieurs pour minimiser ses remboursements. Ce fait justifie l'activité de production d'information des intermédiaires financiers dont les banques. Les banques disposent d'information privilégiée sur les entreprises qu'elles ne sauraient divulguer. Ce qui n'est pas le cas sur le marché financier. En effet, pour bénéficier d'un prêt ou lever des fonds

sur le marché, l'entreprise doit s'ouvrir et livrer au marché ses informations privées au risque de perdre des parts de marché à cause de la concurrence. A cet effet, le marché est plus favorable aux grandes entreprises ayant une bonne réputation selon Diamond (1991), ou ayant des fonds propres importants selon Hoshi et al (1990). A contrario, une petite entreprise n'ayant pas encore bâti sa réputation de solvabilité devra passer par les banques qui disposent d'un monopole naturel de création d'information selon Ramakrishnan et Thakhor (1984). En partant du fait, que les banques disposent d'un avantage comparatif dans la production de l'information, elles ont la possibilité d'affecter les ressources disponibles dans l'économie aux projets qu'elles ont identifiés comme étant les plus rentables selon Greenwood et Jovanovic (1990). Selon King et Levine (1993b), outre la sélection des projets productifs, les intermédaires financiers peuvent aussi favoriser l'innovation par la détection des projets innovateurs, contribuant ainsi à la croissance économique. Toutefois, les banques ne suppriment pas l'imperfection de l'information. Elles restent toujours victimes de l'asymétrie d'information. En effet, le savoir qu'elles possèdent n'est jamais équivalent à celui que possèdent les emprunteurs sur eux-mêmes. Dans ces conditions pour se protéger, les banques effectuent le plus souvent un rationnement du crédit. Le rationnement peut s'appliquer par une élévation des taux d'intérêts dans le but d'attirer les meilleurs projets. L'effet contraire pourrait se produire ici puisque cette façon de procéder peut attirer les emprunteurs à hauts risques dont la solvabilité est hypothétique au détriment des promoteurs avisés à faibles risques. Ainsi, Stiglitz et Weiss (1981, 1992) préconisent un rationnement par les quantités. Pour Bencivenga et Smith (1993), il existe une relation inverse entre rationnement du crédit et croissance. Toute politique limitant le rationnement favoriserait selon eux la croissance. Cette politique doit prendre la forme de garantie d'une partie des crédits par exemple. Cette idée n'est pas partagée par Guillard et Rajhi (1998) qui considèrent que l'existence d'un fonds de garantie a pour effet pervers d'augmenter le risque de faillite individuel des entrepreneurs. Ils préconisent plutôt une politique de

subventions sous la forme des taux bonifiés qui permet d'atteindre un taux de croissance plus élevé. La contribution de Bernanke et Gertler (1990), est de préciser l'importance du patrimoine dans la relation entre les banques et les emprunteurs. Ils considèrent que la richesse initiale dont dispose l'entreprise peut réduire l'inefficience due à l'asymétrie d'information et améliorer la performance de l'investissement et de la croissance.

Par ailleurs, puisque nous soulignons que les banques n'éliminent pas totalement les asymétries, il faut préciser que si l'activité de crédit contribue pour beaucoup à la croissance, elle peut être au même moment préjudiciable à la croissance. En effet, les modèles de croissance endogène considèrent les banques comme de simples intermédiaires financiers qui canalisent l'épargne des agents excédentaires vers les agents à besoin de financement. Ces modèles ne perçoivent pas que grâce au pouvoir de création monétaire des banques, c'est-à-dire à leur capacité d'accorder des crédits sans épargne préexistante, elles peuvent aussi déstabiliser l'économie. En effet, en injectant constamment de nouvelles ressources dans l'économie - induit par une recherche inaltérée du profit, lorsque les taux débiteurs s'envolent- les banques peuvent freiner la croissance de deux manières. D'une part, il peut se produire une inflation due à la croissance de l'offre de monnaie qui ne tienne pas nécessairement compte du taux de croissance réel. D'autres part, nous pourrions assister au non recouvrement des créances à hauts risques. Dans ces conditions en cas de retraits massifs des dépôts, les banques feront faillite en ce sens que la valeur de liquidation des actifs devient rapidement inférieure à la valeur des dépôts exigibles de la banque. Ces deux situations sont susceptibles d'affecter assez négativement l'économie dans son ensemble.

L'ouverture ainsi faite sur les dépôts bancaires, nous permet d'analyser la relation entre les banques et les déposants. En effet, du fait que les agents individuels ne savent pas le moment où ils auront besoin de liquidité pour consommer et du fait qu'ils soient dans l'impossibilité de transmettre aux autres agents l'information quant à ce besoin inattendu, la présence des banques prend

tout son sens. En effet, les prêteurs individuels après l'octroi du prêt peuvent subir des chocs imprévisibles et vouloir rentrer en possession de l'argent prêté, si bien que les emprunteurs sont tenus de liquider leurs investissements avant l'échéance. Cette situation est coûteuse pour les deux parties et préjudiciable à l'économie. La présence des banques permet donc de réduire ce risque de liquidité en garantissant la conversion des actifs en moyens de paiement immédiatement utilisables. Cette assurance apporter par les banques permet de réduire le nombre d'investissements liquidés avant échéance et permettre l'aboutissement des projets d'investissements rentables qui s'étalent dans le long terme. Ainsi, les banques en réduisant les coûts dus au risque de liquidité contribue énormément à la croissance économique. Cette idée n'est pas totalement partagée par Jappeli et Pagano (1994) qui soutiennent que l'assurance de liquidité entraîne la baisse de la propension à épargner des ménages, ce qui entrave la croissance. Partant, la solution préconisée pour stimuler la croissance serait d'accorder les crédits aux entreprises et de rationner les ménages. Cette analyse reçoit l'approbation des auteurs comme De Gregorio (1992) qui analyse les prêts accordés aux ménages à des fins de formation ou d'éducation. Ainsi, une baisse de ces crédits ralentirait le développement du capital humain, déterminant essentiel de la croissance économique dans les modèles de croissance endogène.

De plus en plus aujourd'hui, l'activité des banques ne se confine plus dans l'activité traditionnelle de réduction des coûts qui a justifié la création des banques et lui a conféré un rôle essentiel dans le fonctionnement économique. Elles s'impliquent beaucoup plus sur le marché qui offre des produits sophistiqués, appropriés aux besoins des agents économiques. Nous analysons donc dans les lignes qui suivent les effets de l'intervention accrue des banques sur le marché financier et le sens de la relation entre le développement financier et le développement économique.

2. Les banques, le développement financier et la croissance

Au fur et à mesure, les besoins des agents économiques évoluent, ainsi les déposants recherchent des placements à hauts rendements, comme c'est le cas en France avec les SICAV et les FCP. Les emprunteurs quant à eux, recherchent des financements moins coûteux. Alors nous assistons progressivement au déclin de l'intermédiation bancaire. Soucieuses de continuer à exister, mieux de continuer à faire des profits, les banques se lancent dans des activités de marché qui ont fait la fortune des marchés comme Wall Street. Nous constatons l'explosion des crédits et la création d'actifs de plus en plus innovateurs. Cette situation peut avoir deux conséquences. L'une, déjà aborder précédemment est le risque d'insolvabilité des emprunteurs qui peut conduire à une banqueroute. L'autre, est que cette intervention des banques sur le marché peut contribuer à développer le marché, développement considéré par les structuralistes financiers comme moteur du développement économique. En effet, en ce qui concerne la relation développement financier et développement économique, deux écoles s'affrontent. Pour les structuralistes financiers, un réseau important d'institutions financières et un déploiement important d'instruments financiers devrait avoir un fort effet positif sur le processus d'épargne et d'investissement, ce qui va favoriser la croissance économique. La seconde école est celle de la répression financière. Selon les travaux de Mc Kinnon (1973) et Shaw (1973), la répression financière - qui est caractérisé par la fixation des taux d'intérêt réels en dessous du niveau d'équilibre du marché, des montants élevés de réserves bancaires et l'obligation faite aux banques de financer les projets gouvernementaux très peu rentables - ne peut que générer l'inflation couplée à une faible croissance. Ils préconisent donc la libéralisation financière. Par opposition, elle serait capable de stimuler la propension à épargner, inciter les banques à accorder de plus en plus de crédits pour financer les projets d'investissements, toutes choses bénéfiques à la croissance. Cette réflexion n'a pas connue l'adhésion totale des néo structuralistes dont notamment Van Winjbergen (1983) et Eboué (1990). Selon eux, l'école de la

répression financière ignore les structures économiques et financières des pays en développement. En effet dans une économie en développement, la libéralisation financière en rémunérant mieux l'épargne placée auprès des banques, comporte le risque de substitution des dépôts bancaires aux dépôts informels. Alors que ces dépôts informels constituent la source principale de financement du secteur réel dans ces économies. Partant, une réduction de la quantité de monnaie centrale en circulation dans le secteur informel induit un risque de recul de la croissance pour l'ensemble de l'économie.

Par ailleurs, d'autres auteurs dont Patrick (1966), Jung (1986) et Saint Paul (1992), se sont intéressés à la nature de la causalité développement financier et développement économique. Patrick (1966) distingue deux voies possibles à différents stades de développement : le supply leading et le demand following. Selon le concept du demand following, le développement progressif des services financiers serait la conséquence d'un processus de développement économique répandu dans toutes les sphères de l'activité économique. Le supply leading suppose que le développement du secteur financier influence positivement le développement économique. C'est cette approche qui est privilégiée par Patrick (1966).Gurley et Shaw (1960) semblent préconiser le demand following. Toutefois, ils indiquent que l'effet rétroactif de la finance sur l'économie peut s'observer. Ces opinions montrent bien que la causalité peut s'exercer dans les deux sens. Finalement nous retenons qu'autant les banques peuvent agit sur l'économie, autant la croissance économique entretenue peut influencer l'activité bancaire.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle