SECTION II. Analyse critique de la politique de gestion du
risque de contrepartie à la Commercial Bank-Cameroun
Paragraphe I.
Présentation du cas
Le cas que nous allons présenter est celui d'une
société que nous dénommerons ETS MICHOU. Elle est
spécialisée dans le commerce général et a pour
activité secondaire la vente des appareils
électroménagers.
Son besoin, exprimé en millions de FCFA, est le
suivant :
· Crédit à Court Terme : XAF 40 M,
période 36 mois, taux 12% ;
· Avance sur facture : XAF 150 M, période 12
mois, taux 11,5% ;
· Caution de soumission : XAF 20 M, période
12 mois, taux 2% ;
· Caution de Bonne fin : XAF 10 M, période 12
mois, taux 2% ;
· Avance en compte : XAF 20 M, durée 12 mois,
taux 12%. Généralement employée pour les crédits
à moyen terme et les marchés, l'avance en compte est une
facilité de caisse accordée à un client pendant une
période et qui sera relayée par un crédit à
l'expiration du temps pour lequel elle a été constituée,
le plus souvent à moyen terme.
· Escompte effets : XAF 20 M, durée 12 mois,
taux 11%.
En garanties à sa demande, le client propose :
· Une caution personnelle et solidaire du gérant
de la société ;
· Trois gages d'espèces de XAF 16, 10 et 10
millions : le gage d'espèce est constitué par une provision
dans le compte du client.
Le dossier de crédit est constitué d'une demande
de financement et des états financiers audités des années
2008 à 2010.
A. La capture des
données financières de l'entreprise
Le renseignement des éléments du bilan et du
compte de résultat des trois dernières années des ETS
MICHOU dans les feuilles de calcul prévues à cet effet nous
permet d'arriver à l'état récapitulatif en Annexe 2.
Le dépouillement des déclarations statistiques
et fiscales des années 2008, 2009 et 2010 fait relever les
éléments significatifs suivants :
· Baisse du chiffre d'affaires de
12,4% compensée par la baisse du volume d'achats de 22,3%, qui
s'est avérée moins que proportionnelle, l'entreprise se
retrouvant au final avec un stock final supérieur au stock initial.
· Une augmentation des frais financiers de 562,7% qui,
combinée à la baisse du chiffre d'affaires observée, a
conduit à une baisse du résultat des activités ordinaires
de 10,1% et du résultat net de 35,1%.
· L'analyse des ratios d'activité confirme nos
analyses. Ainsi, malgré l'augmentation du ratio de marge brute
d'exploitation et du taux de marge brute d'exploitation, les
rentabilités commerciale, économique et financière de
l'entreprise baissent.
B. Le rating et la
détermination de la perte attendue du client
Ce sont les réponses aux interrogations du
questionnaire (Annexe 3) qui feront la note finale attribuée au client.
Ainsi, les réponses à chaque question sont classées par
ordre croissant de risque que le client représente pour ce point, la
synthèse étant donnée en Annexe 4.
Le rating financier est déterminé suivant la
même logique et suivant une pondération faite en fonction de la
valeur des différents ratios du client.
La note finale du client est obtenue en faisant la moyenne des
différentes notes obtenues dans chaque rubrique pondérée
par l'importance que la banque donne à chacune de ses rubriques.
Dans notre exemple, la note finale a été obtenue
en effectuant le calcul suivant :
20*0,1/5+28*0,15/8+15*0,2/4+12*0,3/2+18*0,25/4 = 4,6 arrondi
à 5.
Comme vu précédemment, cette note correspond
à un pourcentage de défaut à court terme (nous avons pris
le cas d'un crédit à court terme) de 7,95.
Le risque de crédit est obtenu en appliquant la
formule :
PP=Probabilité de défaut × Encours
× (1-Taux de couverture)
Ce procédé est utilisé pour
déterminer le risque de crédit de chaque client, et ainsi, dans
le processus de gestion du risque de crédit, les banques sont
souveraines dans la détermination du seuil d'engagement, sauf à
respecter les directives du ratio MACDONOUGH présenté plus
haut.
Paragraphe II.
Critiques et suggestions d'amélioration des outils de mesure du risque
de contrepartie utilisés à la Commercial
Bank-Cameroun
A. Limites des outils de
gestion du risque de crédit aux PME à la CBC
La première critique que nous pouvons formuler sur la
politique de gestion du risque de crédit à la Commercial
Bank-Cameroun est que les éléments desquels résulte le
rating du client sont les mêmes pour toutes les catégories de
demandeurs de crédit. Ainsi, pour le rating financier, nous avons pris
l'exemple du procédé de détermination de la note
correspondante au poste « chiffre d'affaires ».
Tableau 5. Rating par
classes de chiffres d'affaires
Chiffres d'affaires
|
26 M < CA<52 M
|
6 /7
|
53 M <CA<78 M
|
5
|
78 M <CA<130 M
|
4
|
CA > 130 M
|
3
|
Source : Manuel de
présentation MRC
Or le chiffre d'affaires n'est un élément
à prendre en compte dans la détermination du risque de
défaut du client que s'il est associé aux charges qui ont
contribué à sa réalisation.
Par ailleurs, L'analyste, lors du montage du dossier de
crédit, n'émet pas d'avis. Après lecture des
données relatives à la situation économique et
financière de l'entreprise, il se contente de relever les points forts
et faibles que le dossier présente. Le poids de cette analyse dans la
décision finale d'octroi de crédit au client n'est pas
maitrisé, bien qu'une procédure de validation du rating ait
été mise en place.
En outre, de nombreux concours accordés aux clients
font l'objet d'un renouvellement sans que ce dernier ait mis à jour ses
états financiers à la banque, l'analyste la plupart du temps se
contentant d'apprécier les mouvements des comptes du client.
Une autre critique des outils de gestion du risque concerne
les programmes de crédits vus plus haut. En rappel, il s'agit pour la
banque de déterminer le montant de la perte probable relative à
une enveloppe globale de fonds allouée à un type de crédit
précis, le crédit en lui-même étant accordé
dès que le client satisfait aux conditions d'éligibilité
au programme et de tirage. Or, comme nous l'avons montré dans ce
travail, gérer le risque de crédit consiste à prendre des
mesures visant à apprécier la probabilité de
défaillance de la contrepartie. Les garanties dans cette approche
constituent la condition déterminante, ce qui ne devrait pas être
le cas. Elles devraient juste permettre la réduction de la
probabilité de défaut, déterminée en
appréciant les éléments quantitatifs et qualitatifs sur la
situation financière du client.
De même, dans le questionnaire élaboré par
la direction des risques et soumis à l'appréciation des forces,
faiblesses, opportunités et menaces de l'entreprise par le gestionnaire,
certains points conduisent à une appréciation subjective. Il en
est ainsi de l'appréciation de la capacité de remboursement de
l'entreprise et des risques qui lui sont spécifiques.
Une autre limite est que les états financiers des
demandeurs de crédit, notamment des PME, ne sont pas toujours
disponibles et, lorsqu'ils existent, ils comportent parfois des informations
peu fiables, résultant des passations d'écritures, par souci de
réduction des charges fiscales. Une solution à ce problème
est la mise sur pied de programmes de crédit. Seulement, dans ces
programmes, le risque est déterminé pour l'enveloppe globale de
fonds consacrée à un type de crédit et pas pour chaque
client.
Enfin, le MRC ne prend pas en compte le caractère
informel des activités de la plupart des PME camerounaises. Les
informations les concernant ne sont pas toujours disponibles (études
sectorielles, études sur la conjoncture, etc). La décision de
crédit repose in fine dans la majorité des cas sur la confiance
que le banquier a dans le promoteur du projet.
B. Pistes
d'amélioration des outils de gestion du risque à la
CBC
La première proposition concerne les questions
adressées au demandeur de crédit. En effet, pour certaines
questions, nous proposons que le gestionnaire procède à une
étude plus approfondie de la situation financière du demandeur,
ce qu'il ne fait pas toujours. C'est le cas lorsqu'il est question
d'apprécier l'évolution du marché, la dépendance
vis-à-vis de la conjoncture économique ou la performance du
système de production, comparativement à celle des concurrents de
l'entreprise.
Ainsi, pour apprécier l'évolution du
marché par exemple, le gestionnaire pourrait appuyer la réponse
à la question par une courbe retraçant l'état de la
concurrence durant les trois dernières années. Il pourrait faire
une courbe calquée sur le même modèle pour connaitre le
degré de maturité du produit. Dans le même ordre
d'idées, les entreprises d'un même secteur pourraient être
confiées à un même gestionnaire. Ainsi, l'analyse
sectorielle sera plus fiable.
Dans la détermination du rating financier des clients,
nous proposons que le poste chiffre d'affaires soit éliminé.
Ainsi, les modifications suivantes pourraient être
opérées.
Éléments de rating
|
Pondération actuelle
|
Proposition
|
Chiffres d'Affaires
|
25%
|
0%
|
Résultat d'exploitation/Chiffres d'affaires
|
20%
|
27%
|
Fonds propres nets
|
20%
|
27%
|
Endettement
|
15%
|
20%
|
Liquidité générale
|
10%
|
13%
|
Couverture des intérêts par le Cash Flow
|
10%
|
13%
|
Total
|
100%
|
100%
|
Nous avons réparti les 25% du chiffre d'affaires entre
les autres postes en fonction de l'importance qu'ils avaient initialement.
Les remarques faites par les analystes doivent
également faire l'objet d'une pondération et compter comme un
élément dans la note finale donnée au client.
Pour répondre au problème de la confusion entre
la personnalité du promoteur et celle de l'entreprise dans la plupart
des petites et moyennes entreprises, nous pensons qu'il faudrait attribuer une
prime de risque à chaque promoteur de petite et moyenne entreprise.
Une solution pour améliorer l'efficacité des
programmes de crédits serait d'instaurer un processus de révision
lorsqu'ils arrivent à échéance. Ainsi, les clients
pourraient passer d'une classe de risque à une autre en lorsqu'ils
engendreraient des pertes supérieurs à la moyenne.
|