7. Méthodologie de la recherche
7.1. Méthode de recherche
La recherche revêt une importance capitale dans le
processus de production des connaissances. C'est pourquoi, nous avons recouru
à une méthode qui nous a aidé à traiter les
données que nous avons recueillies auprès des institutions de
microfinance de Lubumbashi sur les microcrédits ainsi qu'auprès
des quelques associations féminines bénéficiaires de ces
microcrédits.
La méthode est définie par Pinto RONGERE et
Madeleine GRAWITZ comme étant la démarche rationnelle de
l'entreprise pour arriver à la vérité. C'est un ensemble
d'opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche
à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les
démontre et les vérifie(1). Maurice DUVERGER, quant
à lui, soutient que la méthode est toute démarche
scientifique qui est un mode de raisonnement théorique et qui aide le
chercheur à étudier un sujet donné.(2) Nous
avons opté, dans le cadre de cette étude sur le genre et la lutte
contre la pauvreté pour la méthode dialectique qui, comme on le
sait, opère à travers quatre principes ci après :
1. Le Principe de contradiction
Il stipule que la réalité sociale se
conçoit en termes d'éléments opposés qui sont en
lutte : c'est la lutte des contraires. Concrètement il apparaît
des contradictions dans l'approche genre et lutte contre la pauvreté. En
effet, la République Démocratique du Congo est un pays pauvre
très endetté. Comment concevoir que celui qui est pauvre lutte
contre la pauvreté et s'engage à payer sa dette, dans une
conjoncture d'austérité budgétaire ? Comment concevoir
aussi que la femme qui a été depuis longtemps
éduquée de façon à se contenter d'une position de
subordonnée au sein de la société et par rapport à
l'homme puisse se débarrasser de ses coutumes
(1) RONGERE, P. et GRAWITZ, M., Méthodes des Sciences
Sociales, Paris, Dalloz, 1971, p.289.
(2) DUVERGER, M., Méthodes des Sciences Sociales,
Paris, PUF, 1961, p.40
sociales et s'engage dans la lutte contre la pauvreté tout
en revendiquant son autonomie ? C'est là quelques arguments qui
justifient ce principe de contradiction.
2. Le principe d'action réciproque ou d'unité
des contraires
Ce principe suppose que les oppositions
énoncées au premier principe agissent les unes sur leurs
opposées et vice versa : c'est là l'action réciproque. Par
ailleurs, les éléments de la totalité finissent par leur
unité plutôt que par la destruction de l'un par l'autre. C'est
dans ce cadre que nous soutenons que le Genre et l'autonomisation de la femme
ne tiennent pas à réduire ou à nier totalement les
différences entre les hommes et les femmes. Mais à
reconnaître les différences entre les sexes tout en
considérant comme complémentaires leurs efforts dans la lutte
contre la pauvreté.
3. Le Principe du changement dialectique
Il stipule que le non respect de l'égalité des
droits sociaux des hommes et des femmes n'a toujours pas connu la même
ampleur dans toutes les sociétés humaines en
général et en République Démocratique du Congo en
particulier, depuis de temps immémoriaux. Il a évolué
à travers le temps et l'espace. Il y a peu, l'approche genre et lutte
contre la pauvreté n'était pas une préoccupation majeure
qu'il ne l'est aujourd'hui. Elle attire désormais l'attention non
seulement des dirigeants, mais aussi celle des mécanismes et instruments
de protection et de propagation du capitalisme international, ainsi que celle
de nombreux chercheurs.
4. Le principe du changement quantitatif en changement
qualificatif
Ce principe sous entend l'idée que la
réalité sociale peut naturellement se présenter comme
étant bonne ou mauvaise. Dans un monde où les coutumes et
l'argent condamnent la femme à l'exclusion et à la
résignation, penser au genre dans la lutte contre la pauvreté est
un défi à la tradition et pourquoi pas à l'ordre divin.
Dès lors que
le système financier n'a plus aucun sens : l'argent ne
profite qu'à ceux qui en ont déjà beaucoup. Ceux qui en
ont vraiment besoin se heurtent toujours à des refus, sous
prétexte qu'ils n'ont pas de travail, alors qu'on ne leur donne pas les
moyens d'exercer leurs compétences! La solution humaine consiste
à donner à ces personnes démunies les conditions qui leur
permettent de s'accomplir en tant qu'etre humain. On n'est pas obligé de
travailler pour quelqu'un d'autre pour acquérir la dignité. Nul
d'entre nous ne connaît vraiment son potentiel, ses limites, parce que la
société nous impose une foule de restrictions de toutes natures.
Comme ceux qui sont exclus du système bancaire traditionnel tout
simplement parce qu'ils sont pauvres ; celles qui sont exclus du débat
et de la lutte contre la pauvreté parce qu'elles sont femmes et pauvres.
C'est donc cela que nous pensons être un changement de quantité en
changement de qualité.
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