CHAPITRE II : L'IMPORTANCE SOCIO-ECONOMIQUE DU
MICROCREDIT
2.1. Introduction
Depuis maintenant trois décennies, le microcrédit
connaît un
développement important au regard du nombre de
personnes touchées par la microfinance qui est passé de 7,5
millions en 1997 à 113 millions en 2005, sous l'influence de
l'année 2005 décrétée l'année du
microcrédit.(1) Mais si l'engouement pour le
microcrédit occupe aujourd'hui l'avant scène dans la lutte contre
la pauvreté et comme instrument de développement majeur, il reste
cependant à savoir si cet instrument n'a pas d'effets pervers.
Ainsi pour mieux cerner l'incidence du microcrédit sur
la vie socioéconomique de la population bénéficiaire et
surtout sur son efficacité dans la lutte contre la pauvreté, nous
avons jugé utile de fixer et rappeler dans un premier temps
l'évolution de ce concept en matière de la lutte contre la
pauvreté et de la prise en compte des inégalités entre les
hommes et les femmes.
L'objectif de ce chapitre est donc d'apporter quelques
éléments de réponse aux questions de savoir si le
microcrédit a réellement un impact sur la lutte contre la
pauvreté, sur les femmes pauvres et si l'efficacité de ce
programme de réduction de la pauvreté se trouve augmentée
par l'intégration de considérations liées aux genres.
2.2. Définition de la microfinance et du
microcrédit
Selon Marc Labie (1999), on appelle microfinance, l`octroi de
services financiers (généralement du crédit et/ou de
l`épargne), à des personnes développant une
activité économique productive, le plus souvent de l`artisanat ou
du commerce, et
n`ayant pas accès aux institutions financières
commerciales en raison de leur profil socio-économique (il s`agit des
pauvres, sans revenus fixes, qui n`offrent aucune des garanties en vigueur dans
les institutions bancaires commerciales)(1).
L`aspect le plus connu de la microfinance est le
microcrédit. Il consiste le plus souvent à octroyer des
prêts à cours terme, soit pour permettre la constitution du fonds
de roulement, soit pour réaliser de petits investissements (par exemple
une machine à coudre pour un artisan, achat des semences pour les
maraîchers, etc.). Les prêts sont ainsi octroyés à
des individus ou à des groupes appelés « groupes solidaires
» en raison de l`obligation faite à leurs membres de se couvrir les
uns les autres (si un membre du groupe ne remplit pas ses obligation en
matière de remboursement, les autres doivent les assumer). Les taux
d`intérêts appliqués sur ces prêts sont au moins
égaux, voire supérieurs, à ceux du système bancaire
traditionnel. Quant aux garanties, elles peuvent être réelles ou
morales mais elles reposent avant tout sur des mécanismes de pression
sociale (groupe solidaire ou chef du village) et sur la motivation de se
préserver un accès à des services financiers (notamment
à des crédits dont les montants peuvent aller croissant). Ici, il
faut noter que les mécanismes de pression sociale souvent
utilisés comme garantie semblent de plus en plus critiqués car
tendant à restreindre les libertés individuelles. En effet,
très généralement dès qu`un membre d`un groupe est
en retard, les autres membres se rabattent sur sa famille pour le
remboursement.
Reste à mentionner une caractéristique
méthodologique essentielle : le concept de proximité. En effet,
quelles que soient les mesures envisagées, un point commun à
l`ensemble des programmes et institutions de microfinance est constitué
par la proximité avec les clients micro-entreprenneurs, proximité
à la fois géographique, mais aussi sociale. Cette
caractéristique directement inspirée de la finance informelle est
une condition indispensable pour établir une relation fiable entre le
micro-
(1) LABIE , ( M), La microfinance en question.
Limites et choix organisationnels, Bruxelles, Editions LUC PIRE, 1999, pp
116
entreprenneur et le prêteur. Elle est, dans une large
mesure, à l`origine des succès rencontrés par les
organisations actives en microfinance.
Dans ce travail il est plus question, bien entendu, du
microcrédit qui est la forme la plus pratiquée de la microfinance
à travers le monde, notamment en République Démocratique
du Congo et à Lubumbashi en particulier.
En abordant le genre et lutte contre la pauvreté
à Lubumbashi, nous voulons donc savoir si le microcrédit
qu'accordent les institutions de la microfinance aux femmes lushoises leur a
permis d'améliorer leurs situations socio-économiques et de
lutter contre la pauvreté.
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