INTRODUCTION GENERALE
1. Présentation du sujet
La condition de la femme ainsi que le rôle qui peut
être le sien dans la société contemporaine pose un
problème général suscité par des conditions
constamment changeantes de la vie moderne et des espoirs nouveaux y
correspondant.
Cet état des choses ou mieux cette condition de la
femme est très souvent abordé à travers de nombreuses
littératures sous l'angle de comparaison soit dans le temps
(traditionnelle et moderne) soit dans l'espace (rurale et urbaine, africaine ou
européenne, etc.) soit encore par rapport à l'homme. La condition
de la femme ne constitue réellement un problème de
société qu'à partir d'une comparaison faite de ce que sont
les femmes avec le sort apparemment ou objectivement privilégié
que se réservent les hommes dans une société. D'où
la nécessité, pour nous, d'aborder cette étude sous
l'aspect genre pour éviter de soulever les susceptibilités
liées aux problèmes d'égalité ou de
supériorité entre les sexes.
La femme congolaise en général et lushoise en
particulier, soumise à l'accélération vertigineuse de la
mondialisation de l'histoire humaine et de l'évolution des idées
et de leur diffusion instantanée à travers le monde est encore
contrariée par une vision traditionnelle rétrograde
d'écartèlement, d'exclusion qui paralyse ses efforts. Elle
charrie ainsi une conscience erronée d'incapacité,
d'irresponsabilité par rapport à l'homme.
La question fondamentale que soulève ce mémoire
est aussi bien celle de la position sociale de la femme, pour qui la
préoccupation doit être de savoir comment concilier avec plus ou
moins de bonheur sa spécificité constitutionnelle ou biologique
de mère, créatrice de vie, d'épouse et ce que doit
être désormais son rôle dans la nouvelle
société congolaise en général et lushoise en
particulier, afin de participer activement et véritablement au
développement économique et social de son pays.
Considérée dans le cadre de collaboration pour
l'édification de notre pays, la femme congolaise se trouve en retard
dans la marche du progrès. Comparativement à l'homme, elle doit
être pourtant un agent indispensable de l'évolution de la
communauté humaine. Elle ne pourrait alors être tenue pour
longtemps à l'écart de la production sociale, ou ravalée
indéfiniment au rang de simple et passive consommatrice de la nouvelle
civilisation interplanétaire.
En abordant la question du Genre et lutte contre la
pauvreté à Lubumbashi, nous tenons à faire
reconnaître et à dénoncer le fait que la femme lushoise ait
vécu depuis longtemps par et pour les autres seulement. Elle doit donc
maintenant se voir donner, au même titre que son partenaire homme, les
mêmes chances au départ de survie et de réussite
personnelle. C'est à cette condition seulement que nous pensons qu'en
ayant les mêmes conditions d'accès aux microcrédits, elle
pourra être vraiment à la hauteur de ses tâches domestiques
et familiales habituelles, et aussi lutter contre la pauvreté en
explorant ses capacités encore en friche en réduisant les
écarts qui la séparent encore de l'homme.
Cependant, il nous semble que, tant à travers le
langage que dans la plupart des écrits sur la condition de la femme dans
la société contemporaine, les gens discutent et argumentent le
plus souvent sur base des préjugés. Dès lors, il y a une
colossale mystification qui sous-tend subrepticement mais solidement les
superstructures religieuses, juridiques, sociales, politiques,
économiques et culturelles, lesquelles superstructures constituent
à leur tour autant d'alibis tendant à donner à l'homme, en
tant qu'etre du sexe masculin, la bonne conscience, qui est en fait une pseudo
justification rationnelle ou logique de son attitude et de son comportement
cavaliers à l'égard de la femme, qui se traduit par un rapport
exagérément inégal et discriminatoire entre l'homme et la
femme. Ce rapport, se répercutant sur l'institution familiale et comme
celle-ci est elle-même à la base de la société, se
traduit sur le plan social sous forme d'une conscience sociale, difficile
à ébranler.
Sans pour autant s'attarder sur la prétendue
supériorité naturelle de l'homme, comme d'ailleurs l'a si bien
fait KITENGE Ya(1), nous nous emploierons à montrer que
l'autonomisation de la femme lushoise à travers le microcrédit
doit viser l'amélioration de la condition des femmes à partir du
respect des hommes envers elles jusqu'à la reconnaissance de celles-ci
en tant que membres apportant une contribution au développement de leur
société.
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