CONCLUSION
En décidant de traiter de la contribution de l'ONG
musulmane AMA à l'accroissement de l'offre éducative de base,
notre but était de chercher à comprendre la nature et le
fonctionnement de l'offre d'éducation de l'AMA dans la
réalisation des objectifs nationaux d'éducation à travers
ses écoles primaires. Aussi sommes nous fixés pour objectifs
de:
-découvrir de façon concrète les actions que
mène l'AMA sur le terrain au profit de l'éducation de base;
-d'analyser les actions des acteurs de terrain à travers
le fonctionnement des écoles primaires construites et
gérées par l'ONG
-de déterminer les difficultés que vivent les
acteurs sur le terrain en vue d'envisager des solutions.
-de contribuer à une meilleure orientation de l'apport des
ONG musulmane à l'éducation au Burkina Faso.
Et pour ce faire, nous avons formulé notre question de
départ comme suit: Comment se présente la contribution de
l'AMA à l'accroissement de l'offre éducative au Burkina? La
réponse à cette question pour nous devait nécessairement
passer par la formulation de trois questions spécifiques de recherche
à savoir:
-Comment fonctionnent les écoles de l'AMA?
-Comment les acteurs et les bénéficiaires
apprécient l'offre d'éducation de l'AMA? -Comment se
présentent les difficultés que rencontrent par les acteurs
?
Notre démarche a consisté à nous
soumettre d'abord à une revue de la littérature existante sur
notre thème à même de nous aider à mieux cerner son
contenu. Cette étape nous a permis de visiter des ouvrages
généraux sur l'éducation, des travaux de recherches se
rapportant à la participation des ONG au développement, des
articles de revues et des textes officiels. Nous avons ensuite analysé
des théories susceptibles de servir de fondement à notre
recherche. Ce qui a abouti au choix de la théorie des systèmes
comme modèle auquel nous avons fait recours pour l'interprétation
des résultats.
Enfin nous avons bâti notre démarche
méthodologique de recherche sur l'approche qualitative: notre objet
d'étude étant complexe et dynamique (contribution) et notre
objectif la compréhension de cet objet à travers l'action de
l'AMA, la recherche qualitative de par sa flexibilité est apparue plus
pertinente pour l'investigation de terrain. En rapport avec ce modèle
nous avons retenu comme instruments le questionnaire et l'entretien
qualitatifs. Au
total 60(soixante) acteurs des écoles de l'AMA dont les
responsables, les directeurs de centres, les directeurs d'écoles, les
enseignants, les parents d'élèves, les élèves, les
encadreurs pédagogiques, les décideurs de l'éducation
nationale ont pris part à la recherche.
Les données recueillies ont été soumises
à une analyse thématique qui a consisté à regrouper
les réponses des participants autour des principaux thèmes en
rapport avec les questions de recherches, mais aussi en fonction de
thèmes qui ont émergé du terrain.
Les résultats auxquels nous sommes parvenus
révèlent que l'AMA contribue de façon significative
à l'accroissement de l'offre éducative de base au Burkina avec
pour indicateurs principaux les écoles primaires qu'elle construit et
gère. Sur le plan qualitatif l'adoption intégrale des programmes
de l'enseignement public et les résultats scolaires satisfaisants des
écoles de l'AMA dont plusieurs ont été
félicitées, le lien formation/emploi dans la conception des
activités éducatives des centres, la prise en compte de
l'environnement socio économique dans le coût de la
scolarité et à travers les activités de sensibilisation
des parents sont à mentionner. Cette expérience réussie
des écoles de l'AMA peut servir d'exemple à l'enseignement
musulman en général.
Au plan quantitatif, aussi bien la diversification des
activités éducatives, que le nombre des
bénéficiaires sont très appréciables, même si
les données font défaut et ne permettent pas une
évaluation exacte de la contribution de l'AMA. La satisfaction
exprimée par les différentes catégories de participants
est effective.
Cependant, l'analyse approfondie des données fait
ressortir des faiblesses aussi bien dans la pratique des activités que
dans l'administration et la gestion dynamique de l'AMA.
En effet, sur le plan du fonctionnement, on peut
déplorer l'absence de plan de suivi des écoles par les premiers
responsables, l'insuffisance de communication avec les acteurs de terrain et la
non satisfaction des enseignants quant à leur prise en charge. Tous ces
faits engendrent donc malgré l'importance des actions et la
qualité des résultats, une appréciation mitigée de
nombreux acteurs et de bénéficiaires. Les défaillances
administratives font en effet courir des risques qui peuvent ternir l'image de
l'ONG .Les difficultés sont certes nombreuses, mais au regard des
capacités de l'AMA, elles ne sont pas insurmontables.
A cet effet, des solutions ont été
proposées aussi bien par les participants que par nous. Les nôtres
se sont présentées sur deux axes principaux. Le premier axe
regroupe nos suggestions allant dans le sens de l'amélioration de la
gestion des écoles existantes et la bonne collaboration entre les
acteurs. Il s'agit entre autre de la création d'une instance autonome de
suivi des écoles, de l'établissement de la confiance par des
concertations périodiques entre les responsables et les acteurs de
terrain, de la formation et l'amélioration des conditions
salariales des enseignants, de l'implication effective des
parents dans le fonctionnement des écoles Le second axe suggère
quelques mesures à méme d'assurer la pérennisation et la
valorisation de l'initiative de l'AMA par l'implication de l'Etat et le partage
de l'expérience avec les autres ONG musulmanes.
A l'issue de ce travail de réflexion qui n'a pas
épuisé le sujet se dégagent des pistes de recherches
futures dont nous en proposons deux. Une première piste pourrait
investiguer sur les différentes sources d'offre éducative au
Burkina et leur apport réel à la réduction de
l'analphabétisme. La seconde piste pourrait s'intéresser au
rôle de l'Etat dans l'amélioration de la qualité des
services au sein des structures éducatives et de prise en charge du
privé. Cette dernière piste devra prendre en compte, les
partenariats possibles entre l'Etat et les structures privées et le
rôle des bénéficiaires dans la pérennisation des
aides.
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