Universite- de Droit, d'Econornie et des Sciences
&Aix Marseille
Institut d'Urbanisnie et d'Arnenagement
Regional
2 rue Henri Poncet 13623 Aix en Pruvence
cedex TeMphone: 04 42 64 61 98- TeTempie:0442 64 61 91
La defiscalisation:
Du logement prive au logement social,
l'emergence dun nouveau regime de production.
Le cas de File de la Reunion
Soutenu et presence publiquement par
SPERDUTO Clara
Sous la cLirecton de M. PhiLlipe Mej can
L'institut d'Urbanisme et d'Aménagement
Régional n'entend donner aucune approbation, niimprobation
aux propos émis dans ce mémoire. Ces propos doivent être
considérés comme étant propres à leurs
auteurs.
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier M. Philippe Méjean d'avoir
accepté de diriger mon mémoire. Celui-ci met fin a une
année riche en apprentissage sous sa direction.
Je remercie toutes les personnes qui ont contribué
à la réalisation de ce présent travail. Le temps qu'ils
ont bien voulu m'accorder m'aura été très
précieux.
Enfin, je tiens a remercier l'ensemble du personnel de la SICA
Habitat Réunion qui m'a si bien accueilli durant mon stage de fin
d'étude. Leur aide a notamment été précieuse pour
me permettre d'appréhender la politique de l'habitat sur l'ile.
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS 4
SOMMAIRE 5
SIGLES 6
INTRODUCTION 9
PARTIE 1 :
LA POLITIQUE DE L'HABITAT A LA REUNION : ELEMENTS DE
CONTEXTE ET CADRAGE HISTORIQUE 16
I) LA MISE EN PLACE D'UNE POLITIQUE DE L'HABITAT ET DU
LOGEMENT 17
II) CONTEXTUALISER LA DEMANDE ET LES BESOINS EN LOGEMENT
26
III) LA DEFISCALISATION : 39
UNE POLITIQUE DE RELANCE DU MARCHE DE LA CONSTRUCTION
39
PARTIE 2:
DU LOCATIF INTERMEDIAIRE AU LOCATIF SOCIAL: LOGER LES
REUNIONNAIS LES MOINS SOLVABLES 47
I) PRODUIRE DU LOCATIF INTERMEDIAIRE GRACE A LA
DEFISCALISATION : UNE REUSSITE ? 48
II) UNE CRISE DU LOGEMENT SOCIAL SUR FOND D'APOGEE DE LA
DEFISCALISATION PRIVEE 61
III) DE NOUVEAUX MODES DE PRODUCTION QUI POSENT QUESTION
FACE A L'AMPLEUR DE LA DEMANDE 74
PARTIE 3 :
LA DEFISCALISATION DU LOGEMENT LOCATIF SOCIAL.
85
I) REORIENTER LA DEFISCALISATION EN FAVEUR DU LOGEMENT
SOCIAL 86
II) UN DISPOSITIF CONTROVERSE 98
III) REPENSER LA MANIERE DE PRODUIRE DU LOGEMENT SOCIAL
: UN ENJEU POUR L'AVENIR 109
CONCLUSION 115
BIBLIOGRAPHIE 120
ANNEXES 132
TABLE DES ILLUSTRATIONS 156
TABLE DES MATIERES 157
SIGLES
ADIL: Agence Départementale d'Information
sur le Logement
ANIL : Agence Nationale d'Information sur le
Logement
AGORAH: Agence pour l'Observation de la
Réunion, l'Aménagement et l'Habitat AL:
Allocation Logement
ANAH: Agence Nationale de l'Habitat
ARMOS-oi: Association Réunionnaise des
Maîtres d'Ouvrage Sociaux et Aménageurs - Océan Indien
BOP : Budget Opérationnel de Programme
BTP: Bâtiment et Travaux Publics
BUMIDOM : Bureau pour le développement
des migrations dans les départements d'outremer
CAF: Caisse d'Allocations Familiales
CAUE: Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et de
l'Environnement CA SUD: Communauté
d'Agglomération du SUD
CER BTP : Cellule Economique du Bâtiment
et Travaux Publics de la Réunion CDC : Caisse des
Dépôts et Consignation
CDH: Conseil Départemental de
l'Habitat
CGI : Code Général des
Impôts
CILR: Comité Interprofessionnel du
Logement à la Réunion
CINOR: Communauté Intercommunale du
NOrd
CIREST: Communauté Intercommunale
Réunion EST
CIVIS: Communauté Intercommunale des
Villes Solidaires du Sud CG 974: Conseil Général
du Département de la Réunion (974)
COF : Contrat d'Objectifs Fonciers
DDE : Direction Départementale de
l'Equipement
DEAL : Direction de l'Environnement, de
l'Aménagement et du Logement DGFP : Direction
Générale des Finances Publiques
DOM: Département d'Outre-Mer
EPCI: Établissement Public de
Coopération Intercommunale EPFR: Établissement
Public Foncier de la Réunion
FR BTP : Fédération
Réunionnaise du Bâtiment et des Travaux Public GREHAS :
Groupe Réunionnais d'Etude sur l'Habitat Social
HLM: Habitation à Loyer
Modéré
IR : Impôt sur le Revenu
IS : Impôt sur les
Sociétés
LES (G ou D): Logement Évolutif Social
(Groupé ou Diffus)
LBU: Ligne Budgétaire Unique
LES: Logement Evolutif Social
LL(T)S: Logement Locatif (Très) Social
LODEOM : Loi pour le développement
Économique de l'Outre Mer LOOM : Loi d'Orientation pour
l'Outre mer
LOPOM : Loi de Programme pour l'Outre Mer
LTS: Logement Très Social
OLS : Organisme de Logement Social
PLH: Programme Local de l'Habitat
PLU: Plan Local d'Urbanisme
PLS : Prêt Locatif Social
PPR: Plan de Prévention des Risques
RHI: Résorption de l'Habitat Insalubre
RSA: Revenu de Solidarité Active
RMI : Revenu Minimum d'Insertion
SAR: Schéma d'Aménagement
Régional SAS : Société par Actions
Simplifiée
SCI : Société Civile
Immobilière
SCOT: Schéma de Cohérence
Territoriale
SEM: Société d'Économie
Mixte
SIDR: Société Immobilière
du Département de la Réunion SHLMR :
SMIC: Salaire Minimum Interprofessionnel de
Croissance SRU: Loi sur la Solidarité et le
Renouvellement Urbain TCO: Territoire de la Côte
Ouest
TFB : Taxe sur le Foncier Bâti TVA
: Taxe sur la Valeur Ajoutée
USH outre mer : Union Sociale pour l'Habitat
Outre Mer VEFA : Ventre en l'Etat Futur d'Achèvement
ZAC: Zone d'Aménagement
Concerté
INTRODUCTION
La défiscalisation des investissements locatifs repose
sur un principe simple qui est celui d'offrir la possibilité { des
ménages ayant des revenus importants d'être exonérés
d'impôt pendant un certain nombre d'années. Pour cela, il leur
faut investir dans un logement neuf qu'ils auront pour obligation de louer
pendant une période donnée.
Ce système d'incitation fiscale a été mis
en place depuis la fin des années 1980 en France. Il constitue un mode
de production de logement qui mobilise des capitaux privés pour
constituer une nouvelle offre en logements locatifs. Ce type de dispositif va
à l'encontre d'une politique interventionniste et régulatrice de
l'Etat qui prévalait pourtant jusqu'{ la fin des années
70.1
La défiscalisation, parce qu'elle entraine une
production massive de nouveaux logements, offre l'avantage de détendre
le marché de la location privée. Or, ce marché est
essentiel pour permettre la mobilité des ménages et il constitue
une étape fondamentale dans la réalisation de leur parcours
résidentiel. Cette politique se trouve également au coeur
d'enjeux économiques, le secteur du bâtiment représentant
un secteur majeur de l'économie nationale.
Ce système est toutefois souvent décrié
car l'Etat n'a créé aucun dispositif permettant de le
réguler. La défiscalisation apparait ainsi comme reposant sur la
logique unilatérale de l'investisseur induisant de fait une relation
uniquement d'ordre économique entre l'offre et la demande.
Des lois spécifiques aux départements et
territoires d'outre-mer ont été instaurées depuis le
début des dispositifs de défiscalisation. Elles permettent
souvent un avantage fiscal bien plus intéressant qu'en métropole,
s'inscrivant ainsi dans une longue tradition d'incitation fiscale comme facteur
de développement de ces territoires. L'impact de la
défiscalisation sur ces espaces se révèle alors
très prégnant notamment parce que de
1 Vergriete, Les mécanismes de la production du
logement à la Réunion, non publié,10 p.
nombreux investisseurs métropolitains y ont investi,
soucieux de tirer un maximum davantage de ces dispositifs.
Nous allons ici nous intéresser au cas de l'ile de la
Réunion. Cette ile de l'océan indien se révèle
être l'un des meilleurs exemples d'un territoire marqué par la
défiscalisation.
Avant toute chose, il est impératif de rappeler le
contexte particulier de ce département d'outremer situé { plus de
10 000 km de la France métropolitaine. La Réunion est une Ile
volcanique marquée par un relief très accidenté rendant
son aménagement difficile et concentrant sa population sur la zone
littorale de plus en plus saturée. Habitée dès le XIX
ème siècle, son développement s'est fondé sur la
culture du caféier puis sur la culture de la canne à sucre. Elle
a connu tout au long de son histoire des difficultés économiques
et sociales majeures.
FIGURE 1: CARTE DE L'ILE DE LA REUNION
Source : Hachette, 2008
C'est en 1946 qu'elle devient département ce qui
permettra d'améliorer le niveau de vie des habitants et de voir se
développer de nombreuses infrastructures. C'est également avec la
départementalisation que se met petit à petit en place une
politique en matière d'habitat. Il a fallu notamment rattraper le retard
en matière de construction de logements sociaux. En effet, alors que
l'histoire de l'habitat social, au sens d'une intervention de l'Etat a
débuté avec la révolution industrielle en
métropole, ce n'est qu'{ partir de la seconde moitié du XX
ème siècle que cela commence à la Réunion. La
départementalisation a ainsi été accompagnée d'une
succession de politiques destinées { répondre { l'urgence de la
situation.
Dans les années 80, il a été
décidé de mettre en place une première loi de
défiscalisation des investissements outre-mer. Ce dispositif
s'inscrivait alors dans la continuité d'une politique d'incitation
fiscale au développement économique des territoires et
départements d'outre-mer. Ce dispositif avait pour objectif
affiché de :
-relancer le bâtiment
-baisser les prix des loyers
-libérer des logements anciens en baissant les prix
-permettre aux catégories intermédiaires de se
loger hors du parc de logements sociaux.2
D'autres lois suivront et auront un impact plus ou moins
important sur la dynamique du marché et sur la réponse
apportée aux besoins en logement des habitants. Ce sont toutefois les
années 2000 qui sont le plus marquées par l'impact de la
défiscalisation.
Aujourd'hui, l'ile compte 800 000 habitants et on estime
qu'environ 25 000 personnes sont en attente d'un logement. La question du
logement est primordiale à la Réunion, et certains comparent la
situation actuelle à celle de « la France métropolitaine
dans les années 60 »3. Mais construire en masse des
logements comme ce fut le cas ces dernières années ne
résout pas si facilement une question aussi complexe. A la
Réunion, la population se caractérise notamment par une
précarité de ses habitants relativement plus importante que sur
le territoire métropolitain. On compte par exemple près de 20%
2 AGORAH : La défiscalisation des investissements
outre mer, 1995
3 Entretien avec M Zimberger, SIDR
de chômeurs contre environ 10% en métropole. Ce
département est également celui qui compte le plus d'allocataire
du Revenu de Solidarité Active(RSA)
L'accroissement de la population, bien que s'étant
ralenti, reste rapide. L'île devrait ainsi atteindre le million
d'habitant en 2030 et elle voit le nombre de ses ménages croître
à une vitesse deux fois plus rapide ce qui laisse présager des
enjeux d'autant plus importants en matière de développement de
l'offre en habitat.
Cette situation de crise du logement implique donc de trouver
des solutions permettant d'offrir { tous les réunionnais un logement
décent. Faire en sorte que les logements produits permettent de
répondre aux besoins de la population se révèle un enjeu
fondamental. On peut à ce titre considérer que les
réponses à apporter aux besoins en logement se déclinent
selon trois modalités :
- Une modalité quantitative : consistant { accroitre le
volume de l'offre
- Une modalité économique : veillant { ce que
l'offre soit financièrement accessible y compris pour ceux dont les
moyens sont limités
- Une modalité qualitative : visant à ce que
l'offre disponible et accessible réponde à un besoin de normes
assurant à tous un logement « digne et décent »
adapté a ses besoins.4
La défiscalisation repose ainsi sur un système
d'incitation fiscale dont les modalités diffèrent entre la
métropole et l'outre-mer parce que les contextes territoriaux semblent
eux-mêmes appeler à des réponses distinctes.
La différence ne s'arrête toutefois pas
uniquement { un avantage financier plus ou moins intéressant. Les lois
destinées { l'outremer présentent également des
modalités différentes. Certaines lois de défiscalisation
ont ainsi incité, avec des avantages fiscaux d'autant plus
intéressants, les investisseurs { acquérir des logements dont la
location serait destinée à des ménages dits
intermédiaires avec des loyers plafonnés fixés par la loi.
Lesdits ménages intermédiaires seraient désignés en
fonction de leurs revenus dont les plafonds seraient également
fixés par la loi.
4 Driant JC, Les politiques du logement en France,
Paris, La documentation française,2009, 185 p
La différence réside désormais
également dans les modalités de financement du logement social.
Un nouveau dispositif permet en effet d'utiliser la défiscalisation pour
financer des opérations de logements sociaux dans les
départements d'outre mer. Ce type de défiscalisation est
inédit et marque un tournant dans les modes de production de logement
social.
Nous considérons comme logement social tout logement
qui est « accessible aux ménages à faibles ressources
parce qu'il est offert à un prix fixé à un niveau
inférieur à celui du marché ou parce que son accès
est réservé aux ménages dont les revenus sont
inférieur à un plafond » 5et qui est
géré par un bailleur social. Nous l'opposons au logement
privé qui lui peut faire l'objet, comme nous venons de le
préciser, d'un loyer plafonné et d'une obligation de respect de
conditions de ressources mais qui n'est pas géré par un bailleur
social.
Ce nouveau mode de financement du logement social introduit
des financements privés dans la réalisation d'opérations
de logement sociaux et cela après 20 ans de défiscalisation
destiné au secteur privé. Cependant, même si ces
incitations fiscales existent depuis de nombreuses années comme nous
l'avons précisé ce sont surtout les années 2000 qui ont
été fortement marquées par la défiscalisation. En
effet, en 2003 est apparu la loi Girardin sur la défiscalisation des
investissements dans l'outre-mer. Ce dispositif très intéressant
a eu des conséquences importante en terme de production de logements
notamment à la Réunion, et ce jusqu'an 2008, date { laquelle il
n'a plus eu de succès. La défiscalisation a alors
été réorientée en faveur du logement social.
Nous souhaitons ainsi a travers ce mémoire interroger
l'adéquation ou l'inadéquation entre les logements produits
grâce à la défiscalisation depuis le début des
années 2000 et les besoins réels des réunionnais les moins
solvables. Nous nous concentrerons ainsi sur l'analyse de la concordance entre
l'offre résultant de la défiscalisation et la demande des
ménages les plus en difficultés au regard des modalités
quantitatives, qualitatives et économiques.
5 Amzallag, Taffin, Le logement social, Paris, l'extenso
éditions, 2ème édition, 2010, 127 p
L'hypothèse développée est que la
défiscalisation du logement privé et du logement social {
l'oeuvre depuis quelques années apporte des réponses aux besoins
en logements des réunionnais mais que celles ci ne sont pas
entièrement satisfaisantes.
La question de la défiscalisation du logement social
sera au coeur de nos préoccupations. En effet, le caractère
inédit de ce nouveau dispositif face { l'ampleur des besoins en
logements locatifs sociaux nous pousse à regarder avec d'autant plus
d'acuité la pertinence de ce dispositif.
Nous avons tenu compte principalement de la
défiscalisation des investissements locatifs. Toutefois, les dispositifs
de défiscalisation visent également les primo accédants.
Notre analyse ne tiendra pas compte de ce type de défiscalisation, elle
ne fera que l'évoquer.
Les ménages sur lesquels porte notre analyse sont tous
ceux qui rentrent dans les critères de la loi Girardin pour les
logements issus de la défiscalisation destinés à
l'intermédiaire. C'est selon cette définition que nous
utiliserons le terme de « catégorie > ou « ménage
intermédiaire >.6
Ce travail de recherche se base sur de nombreuses ressources
bibliographiques mais surtout sur des entretiens d'acteurs. L'actualité
du nouveau dispositif de défiscalisation du logement social n'a pas
encore entrainé une production d'étude ou de recherche sur ce
sujet. La parole des acteurs rencontrés constitue donc une ressource
d'information primordiale.
Notre travail sera présenté en trois grandes
parties. La première reviendra sur la politique de l'habitat à la
Réunion afin de contextualiser notre propos. La seconde reviendra
principalement sur les réponses apportées par la
défiscalisation du logement privé destinées à des
catégories intermédiaires et ses conséquences tandis qu'en
parallèle la production de logements sociaux chutait
considérablement. Enfin, la troisième partie abordera le
thème de la défiscalisation du logement social afin de savoir
6 Cette définition de ménage intermédiaire
se base sur des critères financiers : 29 000 euros de revenus mensuel
pour une personne seule,52 000 pour un couple, 55 000 pour un couple avec une
personne à charge etc....
dans quelle mesure elle peut constituer ou pas un levier à
la production de logements locatifs sociaux.
PARTIE 1 :
LA POLITIQUE DE L'HABITAT A LA REUNION : ELEMENTS DE CONTEXTE ET
CADRAGE HISTORIQUE
Si il y a une date clef dans l'histoire de l'ile de la
Réunion c'est bien 1946. C'est { cette date qu'elle est devenue un
département, marquant alors le début d'une phase de
modernisation. Cette modernisation passera notamment par la question du
logement qui constitue un facteur essentiel de développement.
Il aura fallu trouver rapidement des éléments de
réponse à la situation critique du logement sur l'ile, notamment
en posant les premiers jalons d'une politique en matière d'habitat. 7
La situation démographique de la Réunion
était telle { l'époque et est telle aujourd'hui que les besoins
ont toujours été de grande ampleur. La situation
économique et sociale d'une grande partie de la population oriente ces
besoins vers des logements sociaux. Cependant, en dépit des efforts
fournis par les pouvoirs publics depuis la départementalisation jamais
les besoins n'ont pu être satisfaits.
La défiscalisation peut être
considérée comme un volet de la politique en matière de
d'habitat parce qu'elle s'évertue { favoriser la production d'une offre
nouvelle depuis de nombreuses années. Mais cette politique recouvre des
enjeux plus larges que la seule question du logement et entraine des effets
pervers qui nous interpellent quant à sa pertinence.
Nous tenterons ici de repositionner la défiscalisation
dans le contexte réunionnais. Pour cela, nous reviendrons dans un
premier temps sur la mise en place d'une politique de l'habitat sur l'ile. Par
la suite, nous présenterons les éléments contextuels qui
permettent d'appréhender la réalité de l'offre et de la
demande. Enfin, nous présenterons les premiers dispositifs de
défiscalisations et leurs conséquences.
7 Les termes d'habitat et de logement renvoient des
éléments différents. Le logement constitue le bien
matériel, l'unité d'habitation abritant un ou plusieurs individus
qui en partagent l'usage. L'habitat prend d'avantage en compte le rapport entre
le logement et son environnement. Ici, nous traiterons d'avantage de la
question du logement que de l'habitat. Toutefois, les éléments de
cadrages relèvent d'une manière générale davantage
de l'habitat , nous parlons donc ici d'une politique de l'habitat.
I) LA MISE EN PLACE D'UNE POLITIQUE DE L'HABITAT ET DU
LOGEMENT
La départementalisation de la Réunion,
intervenue à la sortie de la seconde guerre mondiale, nécessitait
de mettre en oeuvre des politiques qui permettraient de faire passer cette
ancienne colonie d'un système de plantation à un système
industrialisé.
La mise en place d'une politique du logement et de l'habitat
constituait un des défis de l'Etat français. Il fallait { la fois
répondre { l'urgence de la situation mais également être
capable de mettre en place une politique qui s'adapterait aux
caractéristiques sociologiques et géophysiques de l'ile.
Nous allons revenir sur la politique de l'habitat { la
Réunion, en présentant de manière chronologique et
cohérente les différentes étapes clefs qui ont conduit
à sa mise en place. Nous reviendrons dans un premier temps sur la
réalité du contexte de l'habitat lors de la
départementalisation, puis nous présenterons la manière
dont, à la suite de ce constat, s'est constituée une offre en
logement pour les plus démunis. Enfin, nous reviendrons sur les
réformes importantes qui ont conditionné cette politique telle
qu'elle existe aujourd'hui
I-1) REPONDRE A L'URGENCE : ERADIQUER LES BIDONVILLES.
La Réunion n'avait jusqu'en 1946 connue aucune
intervention publique en matière d'habitat. Il semble important de
revenir sur la réalité de la situation de cette ile
française lorsqu'elle est devenue département.
I-1-A) Des besoins qui viennent de loin
Avant la départementalisation, les « cases »
traditionnelles constituaient le principal type d'habitat que l'on rencontrait.
Il s'agissait d'habitations en planches et couvertes en tôle.
Dépourvues de confort, très peu d'entre elles détenaient
l'électricité
(12% en 1946) ou l'eau courante (10% en 1946) et les
sanitaires étaient souvent inexistants.
Cette typologie d'habitat populaire était
répandue partout sur l'ile. Si en zone rurale elle pouvait constituer un
habitat à peu près décent, en zone urbaine elle
constituait l'élément principal des bidonvilles qui se
développaient de plus en plus à cette époque, à
l'image des pays en voie de développement.
En 1946, la Réunion est devenue un
département8 d'outre-mer. Cela aura de nombreuses
conséquences : une réorganisation de l'économie, une
urbanisation accélérée, l'émergence d'une classe
moyenne, une << métropolisation des valeurs sociales, un
accroissement de la scolarisation etc.~Parce qu'il constitue un puissant
facteur de développement le logement était l'une des composantes
de cette politique de modernisation.
I-1-B) LA LUTTE ANTI BIDONVILLES :
Dans les années 60, les difficultés que
connaissent une part importante de la population les contraint à vivre
dans des bidonvilles qui grandissent de plus en plus à la
périphérie des centres urbains, et notamment autour de Saint
Denis. La situation de ces ilots est dramatique : << les paillotes
pourries à demi défoncées, les cases sans toit, les abris
sous simple écran de feuille y tiennent plus de place que les cases
entièrement en béton »9. En 1965, entre en
application la loi << anti bidonvilles » dite loi Debré. A
son initiative se trouve Michel Debré alors devenu depuis peu
député de la Réunion10 se disant très
préoccupé par la question des bidonvilles sur l'ile.
Contrairement { la loi préexistante celle-ci permettra de mettre en
place une procédure accélérée pour l'expropriation
des terrains occupés par les bidonvilles. C'est la Société
Immobilière du Département de la Réunion (SIDR) qui mettra
en oeuvre cette politique.
8 La Réunion est aussi une région.
9 Deofs du Rau.J ;Géorgraphie humaine de la
Réunion, in Gauvin Gilles ; Michel Debré et l'ile de la
Réunion : une certaine idée de la plus grande
France, Villeuneuve d'Asq, Presses Universitaires du Septentrion,2006, 394
p
10 Ce Proche de De Gaulle a été premier ministre de
1959 à 1963 avant de devenir député à la
Réunion dont il n'était pas originaire et qui constituait
seulement pour lui une opportunité politique. Son action sur l'ile sera
par la suite très contestée notamment { cause de «
l'affaire des réunionnais de la Creuse ».
Par la suite, la loi Vivien de 1970 (adaptée aux DOM en
1973) permettra aux pouvoirs publics de détenir de réels moyens
dans la lutte contre l'habitat insalubre.
FIGURE 2:BIDONVILLE DU QUARTIER VAUBAN A SAINT DENIS
DANS LES ANNEES 60
Source : CAUE
Ainsi, la situation de l'habitat { la Réunion lors de
la départementalisation était critique. En raison de l'histoire
de l'ile, elle se rapprochait davantage de celle de pays en voie de
développement que de celle de la France métropolitaine. Prendre
en compte le point de départ de la mise en place d'une politique de
l'habitat dans le contexte ci particulier d'une ex-colonie est une
nécessité.
I-2) LE DEVELOPPEMENT D'UNE OFFRE POUR LES PLUS DEMUNIS
La situation de l'habitat sur l'ile était telle lors de
la départementalisation qu'il a fallu très vite prendre des
mesures afin d'enrayer les situations de mal logement et développer une
offre pour pouvoir loger les personnes issus de ces logements insalubres.
Le développement d'une offre en logement pour les plus
démunis se fera selon deux axes : le développement d'une offre
locative et le développement de logements en accession sociale à
la propriété.
Nous allons ainsi présenter brièvement le
développement de l'offre sociale selon ces deux axes parce qu'ils
constituent encore aujourd'hui la base de la politique en matière de
logement social.
I-2-A) LES PREMICES DE L'ACCESSION SOCIALE A LA
PROPRIETE
En 1960, sensibilisée par les problèmes
d'habitat, la caisse de Crédit Agricole et l'industriel Maurice Tomi
mettent au point la case TOMI que l'on retrouvera bientôt aux quatre
coins de l'ile tant son succès est important. Elle permettait
l'accès { la propriété des plus modestes selon le slogan :
« une maison pour 4 oeufs par jour >>.
Dans le même temps, à partir de 1963 se
développe la CASE Satec du nom de la société d'aide
technique et de coopération, organisme financier qui développa ce
modèle. Elle constituait un autre modèle de maison individuelle
standardisée qui sera notamment beaucoup utilisé dans le cas
d'opérations de résorption de l'habitat insalubre. Ces maisons
font l'objet d'une prime { la construction, de prêts de la caisse
centrale de coopération économique, du crédit agricole ou
de la Satec. Toutefois, elles ne constitueront pas un habitat adapté au
climat réunionnais.
I-2-B) DEVELOPPER L'OFFRE LOCATIVE SOCIALE
En 1949 sera crée la SIDR afin de permettre de
répondre aux besoins des personnes modestes et très modestes.
L'objet de cette société est plus vaste et plus souple que celui
des organismes d'Habitations { Loyers Modérés (HLM) en
métropole Elle dispose ainsi de prérogatives qui relèvent
d'une société d'aménagement, elle peut emprunter {
l'organisme de son choix etc. La SIDR réalisera les premiers logements
sociaux de l'ile dès 1956. Ces logements individuels, jumelés ou
en bande devaient offrir une alternative aux personnes vivant dans des
conditions d'insalubrité. Dans les années 60-70 il s'agira en
revanche davantage de « grands ensembles >> en raison de
l'augmentation rapide de la population et des bidonvilles.
En 1971 sera créé la Société HLM de
la Réunion qui, avec la SIDR, représente aujourd'hui le bailleur
social le plus important de l'ile
FIGURE 3: QUARTIER DU CHAUDRON, SAINT DENIS
Source : Google Images
Ainsi, la politique de logement social qui a commencé
à se mettre en place essentiellement dans les années 60 s'est
basée sur le développement d'une offre locative et d'une offre en
accession { la propriété. Par la suite, et tout au long des
grandes réformes en faveur de l'habitat social, la volonté de
proposer ces deux types de produits à destination des plus
démunis sera maintenue.
I-3) APRES L'URGENCE, LES GRANDES REFORMES : 1978 ET
1986
La mise en place d'une politique de l'habitat est un processus
relativement long. Il a fallu mettre en place les prémices de cette
politique en répondant { l'urgence de la situation puis des grandes
réformes sont venues l'ajuster. Ainsi, nous allons présenter deux
réformes clefs, celles de 1978 et de 1986, qui ont conditionné la
politique actuelle en matière d'habitat et de logement social.
I-3-B) 1976 : LE CONSTAT ALARMANT QUI CONDUIT A LA REFORME DE
1978
Dans les années 70, les financements alors
délivrés par l'Etat pour la réalisation de logements
sociaux deviennent inadaptés. La non réévaluation des
primes depuis les années 60 ainsi que l'inflation, la hausse des
coûts de construction, des prix des loyers, et de la charge
foncière ont rendu les financements inadaptés. De plus, une
réflexion du Groupe Réunionnais de Réflexion sur l'Habitat
Social (GREHAS) a montré que les plus
démunis étaient écartés de
l'habitat social. Seul 5% des logements construits entre 1971 et 1977 leur sont
destinés. Alors même que dans certains domaines la
départementalisation montre ses effets positifs (rattrapage du taux de
scolarisation métropolitain, niveau de santé comparable...) trois
réunionnais sur cinq sont encore mal logés. Ce constat fait alors
prendre conscience de l'ampleur des besoins et des efforts à fournir
pour les années à venir.
Parce que le constat est que les plus démunis sont
exclus de l'offre en logement social, l'Etat met en place les Logements
Très Sociaux (LTS) destinés { l'accession { la
propriété des plus modestes. Ces logements sont individuels, peut
coûteux, ont une structure très légère et les
finitions sont laissées aux soins des futurs propriétaires. Les
occupants bénéficient d'une subvention de l'Etat, et ne
remboursent qu'une légère part du prix du logement via un
prêt social.11
Pour faciliter la création des LTS une ligne fongible
est créée afin de permettre de globaliser les aides de l'Etat :
La Ligne Budgétaire Unique (LBU). Elle apparait plus simple que les
précédentes aides attribuées séparément.
Elle devait surtout permettre de pouvoir gérer localement, via le
représentant de l'Etat et la Direction Départementale de
l'Equipement (DDE)12 la destination de l'aide : location, accession
sociale ou amélioration. Il devenait donc possible de répartir la
LBU en fonction des besoins identifiés directement sur le territoire.
A cette époque l{, on identifie le besoins en LTS et
l'on en construira massivement. Cependant, alors même que le constat du
GREHAS sur l'ampleur des besoins se révélait alarmant,
l'intervention de l'Etat reste limitée : la LBU est
diminuée.13
11 Le montant de ce qu'il rembourse se révèle
également bas grâce aux Allocation Logement étendues aux
DOM en 1976
12 Aujourd'hui, on parle de DEAL : Direction de l'Equipement , de
l'Aménagement et du Logement. Elle reprend les missions de Direction
Départementale de l'Equipement (DDE), de la Direction Régionale
de l'Environnement (DIREN), de la police de l'eau de la Direction de
l'Agriculture et de la Forêt (DAF) et de la Direction Régionale de
l'Industrie, de la recherche et de l'Environnement (DRIRE, hormis le
développement industriel et la métrologie
13 Une rallonge sera octroyée en 1980 mais seulement a
cause du cyclone Hyacinte
Le désengagement de l'Etat et la priorité
donnée aux LTS aura des conséquences négatives sur les
autres produits et donc plus largement sur le logement des personnes
démunies.
I-3-B) 1986 : LA DERNIERE GRANDE REFORME
En 1986 le gouvernement jugea que les financements du logement
social étaient trop variés et une réforme sera
engagée. Elle portait sur la mise en place d'un nouveau mécanisme
de distribution directe des prêts locatifs aidés par la Caisse des
Dépôts et Consignations (CDC). Cela a permis de faire baisser les
coûts de financement, de mieux maitriser les dépenses
budgétaires et de mieux rationaliser les circuits financiers.
Concernant le secteur locatif, en remplacement de divers
produits14 les Logements Locatifs Sociaux (LLS) et les Logements
Locatifs Très Sociaux(LLTS) sont crées. Ces logements sont
conditionnés à des revenus déterminés15
par la loi et leurs loyers sont plafonnés. Pour les LLS, les loyers sont
aujourd'hui de 6.4 euros le mètre carré, tandis que pour les LLTS
qui constituent la tranche inférieure du logement locatif social les
loyers sont de 5.12euros le mètre carré.
Cette réforme est aussi l'occasion de remplacer les LTS
par les Logements Evolutifs Sociaux16 (LES). Il s'agit toujours d'un
logement individuel en accession { la propriété financé
grâce à la LBU et à un prêt aidé. Ce type de
produit est toujours en vigueur et ne dispose d'aucun équivalent en
métropole. Il convient de rappeler en quelques mots
l'intérêt d'un tel produit dans le contexte ultramarin et
particulièrement réunionnais.
14 Programmes Sociaux de Relogement (PSR) ;Programmes à
Loyers Réduits ( PLR) ;Habitations à Loyers Modérés
Ordinaires ( HLMO) , Logements Sociaux Urbains (LSO). Ce sont tous ces produits
qu'aujourd'hui on désigne comme « Parc ancien » de logements
sociaux
15 Voir en annexe
16 On distingue les LES diffus réalisés
sur des parcelles dont les futurs occupants sont propriétaires, des
LES groupés réalises sur des terrains mis a disposition
des communes souvent dans le cadre d' opérations type RHI.
L'avantage du LES est de s'adapter aux modes d'habiter
créoles. En effet, même si on retrouve aussi bien { la
Réunion qu'en métropole le désir d'habiter une maison
individuelle avec jardin, la manière d'habiter { la Réunion
diffère sensiblement. L'organisation des sphères publiques et
privées est différente du modèle métropolitain. Si
en métropole le pavillon marque un processus d'individualisation et de
repli domestique, à la Réunion la « Kour » (jardin) de
la « Kaz » (maison) permet de partager des moments de vie avec les
voisins ou bien avec la famille. La Kaz ne constitue donc pas une unité
d'habitation isolée de ses voisines. En ce sens, le LES apparait comme
un logement davantage adapté à la manière de vivre
Créole que les logements collectifs.
Le LES permettent également aux personnes disposant de
peu de ressources d'accéder { un statut social valorisé. Il faut
comprendre que la propriété privé dans le contexte d'une
ancienne colonie où vivent des descendants d'esclave revêt
beaucoup d'importance.17
Enfin, 1986 est aussi la date de la mise en place du premier
dispositif de défiscalisation à la Réunion : la Loi
PONS18 conçue pour relancer le marché de la
construction. Parce que cette loi constitue un point de départ essentiel
à notre réflexion sur la défiscalisation, elle sera
présentée plus en détail par la suite
I-3-C) L'EVOLUTION ACTUELLE : DES EFFORTS INSUFFISANTS.
La LBU a été plusieurs fois
réformée. Depuis 2001, le Budget Opérationnel de Programme
(BOP) a été crée afin de mettre en place une programmation
pluriannuelle regroupant différents domaines de l'intervention de
l'Etat. La LBU finance aujourd'hui les aides à la Pierre (pour les LLS,
LLTS et LES), l'amélioration de l'habitat et le Fond Régional
d'Aménagement Foncier et Urbain(FRAFU)
17 Pour plus d'informations concernant les LES voir : Benzaglou
M, L'éclairage des DOM sur la mise en oeuvre du droit au logement en
France : l'exemple du logement évolutif social, [en ligne],
disponible sur :
http://resohab.univ-paris1.fr
18 C'est le ministre des départements et territoires
d'outre mer de l'époque, Bernard Pons, qui a mis en oeuvre cette loi
d'où son nom.
Le FRAFU est un fond de financement crée en
199419 pour contribuer au financement de l'aménagement
primaire et secondaire, soit directement par opérations
programmées soit de manière plus globale en contribuant { la
création d'un outil foncier local. Concernant l'amélioration de
l'habitat, malgré des efforts fournis de manière continue depuis
de nombreuses années et la contribution du Conseil Général
dans le financement de ces opérations, le constat est que les logements
indignes et insalubres perdurent20. Ainsi, dans son rapport 2011, la
fondation Abbé Pierre estimait à 26 000 le nombre de logements
insalubres sur l'ile.
Ainsi, près de 65 ans après la
départementalisation l'ile s'est considérablement
modernisée. Cette modernisation se perçoit notamment en
matière d'habitat. Les progrès depuis la fin des années 40
sont considérables et ont permis d'améliorer les conditions de
logement d'une large partie de la population.
En dépit de la vitesse { laquelle s'est établie une
véritable politique de l'habitat sur l'ile, force est de constater que
les efforts mis en place n'ont jamais été suffisants. Ainsi,
depuis qu'elle a été mis en place et malgré qu'elle ait
été plusieurs fois réformée, la LBU n'a jamais
permis de répondre aux objectifs de production neuve et
d'amélioration déclinés par l'INSEE ou différents
acteurs du monde du logement.21
19 Au départ exclusivement crée pour la
Réunion il a été expérimenté en Martinique
en 1999 puis étendu à tous les DOM d'Amérique en 2002.
20 Pour d'avantages d'informations au sujet de
l'amélioration de l'habitat voir : Aissaoui, M, L'aide a
l'amelioration de l'habitat prive a la reunion!: une contribution significative
à la resolution de la question du logement!2007,Mémoire de
Master 2 Aix en Provence, Université Aix Marseille II, 149p
21 Pour une présentation des principaux acteurs en
matière de logement social sur l'ile se référer { l'Annexe
n°1
II) CONTEXTUALISER LA DEMANDE ET LES BESOINS EN LOGEMENT
Chaque territoire a ses spécificités propres,
qu'elles soient géographiques, topographiques, culturelles,
sociologiques etc. De ce fait, la prise en compte du contexte territorial
revêt un caractère essentiel pour l'étude des politiques
publiques en matière de logement.
La prise en compte du contexte est nécessaire afin de
connaitre les éléments déterminant { la fois l'offre et la
demande sur ce territoire ce qui permettra par la suite de mieux
appréhender notre exposé sur la défiscalisation.
Ainsi, nous allons dans un premier temps revenir sur les
éléments qui conditionnent la demande en logement. Dans un second
temps, nous reviendrons sur les éléments du territoire qui
conditionnent l'offre.
II-1) COMPRENDRE LES ELEMENTS DETERMINANT LA DEMANDE EN
LOGEMENT.
Nous souhaitons revenir ici sur des éléments
essentiels à la compréhension des facteurs conditionnant la
demande en logement. Il s'agit de mieux comprendre ce qui conduit {
déterminer l'ampleur des besoins en termes quantitatif et qualitatif.
Pour cela nous reviendrons sur différents éléments
démographiques, sociologiques et économiques.
II-1-A) LE CONTEXTE DEMOGRAPHIQUE
Dès les années 50, la démographie est
présentée comme un problème pour l'ile. Beaucoup d'hommes
politiques locaux et nationaux22 ainsi que des spécialistes
de la question feront état du problème que la démographie
représente pour la Réunion. Paul Vergès23
figure emblématique de l'ile, longtemps président de
Région et président du Parti communiste de la Réunion(PCR)
écrit à ce propos en 1993 : « Cette augmentation
22 La démographie inquiétait notamment beaucoup
Michel Debré dans les années 60, c'est pour cela qu'il organisa
le départ d'enfants pour des départements comme la Creuse, connue
aujourd'hui sous le nom de « l'affaire des réunionnais de la Creuse
»
23 Son mandat dura de 1998 à 2010. Il fut également
sénateur , député européen et député
de la Réunion.
de population sur un territoire restreint nous pose des
défis difficiles à relever en matière de logement,
d'emploi, de formation et entraîne de multiples agressions,
écologiques, culturelles dont nous voyons déjà les traces
»24 et il place ainsi la question de la démographie
« comme étant l'élément central de la
réflexion sur l'aménagement du territoire
».25
L'augmentation de la population s'est faite de manière
plus rapide qu'en métropole comme en témoigne le tableau suivant
:
FIGURE 4: DEMOGRAPHIE DE LA REUNION
Source : Aissaoui. M
La population de l'ile devrait atteindre, selon les
prévisions démographiques de l'INSEE, le million d'habitants en
2030. Cela aura donc des conséquences en termes de besoins à
venir en logement, en infrastructures, en emploi etc.....
Mais si l'accroissement de la population inquiète, ce qui
conditionne l'ampleur de la demande en logement c'est davantage l'accroissement
du nombre de ménages.
24 Verges, P, D'une ile au monde, L'harmattant, 1993,p45
cité par Sandron F , La population réunionnaise, Analyse
démographique,Paris, IRD Editions, 2007, p 14
25 Journal de l'Ile, 2002, p11 cité par Ibid
FIGURE 5:EVOLUTION DU NOMBRE DE MENAGES A LA REUNION
Source : INSEE, recensements de population et projection des
ménages 2007-2020
Ce tableau nous permet de constater l'évolution du
nombre de ménages de ces dernières années et dans les
années qui viennent. Le nombre de ménages augmente ainsi à
un rythme qui est deux fois plus soutenu que celui de la population.
La taille des ménages, si elle reste
considérablement élevée par rapport à la
métropole, va diminuer dans les années { venir. Ainsi, si
aujourd'hui elle est de 3.1 personnes en moyenne elle ne sera plus que de 2.6
en 202026 . Les changements de modes de vie (vivre seul, en couple,
en famille monoparentale...) mais surtout le vieillissement de la population en
sont la cause.
La Réunion a connu une transition démographique
tardive. Avec la transition démographique27 c'est la
structure de la population par âge qui s'est modifiée et qui va
continuer de se modifier considérablement dans les années
à venir comme en témoignent ces pyramides des âges.
26 Cela correspond à la situation de la France dans les
années 90.
27« La transition démographique postule que
les populations passent d'un modèle de croissance démographique
dans lequel la mortalité et la natalité sont
élevées à un autre modèle dans lequel la
mortalité et la natalité sont faibles » in Sandron F ;
Op. Cit. p 30
FIGURE 6: PYRAMIDE DES AGES DE LA REUNION EN 1990
Source : INSEE,2006
FIGURE 7: PYRAMIDE DES AGES DE LA REUNION EN 2030
Source : INSEE,2006
L'évolution que connaitrait l'île serait de
passer d'une population relativement plus jeune que la métropole
à une population dont la structure ressemble considérablement
à celle de la métropole actuellement, avec un nombre important de
personnes âgées.
En 2040, il devrait y avoir 33% de moins de 25 ans contre 44%
aujourd'hui. Les plus de 60 ans devraient eux représenter 1/4 de la
population triplant ainsi leur nombre actuel.
Ce vieillissement de la population entrainera l'augmentation
du nombre de personnes vivant seules. Il entraînera aussi et surtout la
nécessité d'adapter les logements, que ce soit en créant
des structures adaptées aux personnes dépendantes ou en repensant
les logements destinés à des personnes âgées mais
encore indépendante. Il faudra réfléchir
à cette question avec la contrainte du revenu de ses
populations puisque actuellement 45% des personnes âgées de plus
de 65 ans sont allocataires du minimum vieillesse28 contre 7% en
métropole.
La structure de la population va donc de manière
générale se rapprocher considérablement de celle de la
métropole. Rappelons toutefois que la structure actuelle de la
population réunionnaise connait des spécificités qu'il est
impératif de prendre en compte dans l'évaluation des besoins en
logement.
II-1-B) LES PHENOMENES MIGRATOIRES
L'accroissement naturel est la première raison de
l'augmentation de la population.
Toutefois, certains éléments sont à
prendre en compte pour comprendre la situation actuelle mais aussi pour
prévoir la situation future. En effet, si les phénomènes
migratoires n'augmentent pas de manière considérable l'effectif
de la population réunionnaise ils en modifient toutefois la structure
démographique.
Concernant les phénomènes d'émigration
ils ont souvent lieu à destination de la métropole. Dès
les années 60 on encourage les réunionnais via notamment le
Bureau pour les Migrations dans les départements d'outre mer (BUMIDOM)
à émigrer en France métropolitaine pour palier à la
croissance démographique qui inquiète. Cette politique se fait
aussi en faveur de la métropole puisqu'on envoie des femmes et des
enfants dans des départements qui perdent en habitants, ainsi que des
hommes en âges de travailler ,afin d'apporter une main d'oeuvre peu
qualifiée nécessaire { l'époque des 30 glorieuses et
jugée plus efficace que la main d'oeuvre
étrangère29.
Aujourd'hui, ce sont principalement des jeunes hommes qui partent
suivre des études ou travailler en métropole. Certains d'entre
eux reviendront après l'âge de 35 ans.
28 Il s'élève a 633 euros par mois en 2008.
29 Sandron F, Op Cit
En termes d'immigration, de nombreux métropolitains
arrivent chaque années sur l'ile Ce sont généralement des
hommes et femmes de plus de 35 ans ayant un haut niveau de formation et
d'emploi.
On constate également une immigration en provenance de
la zone Océan Indien. Des Malgaches et Mauriciens plutôt jeunes et
souvent des femmes arrivent chaque année et, bien qu'ils aient un
certain niveau de diplôme, ils s'insèrent difficilement sur le
marché du travail et connaissent donc des difficultés
économiques et sociales.
Les Mahorais connaissant eux une situation
particulière. Si depuis quelques années ils sont nombreux
à repartir de la Réunion, ce sont surtout des hommes tandis que
des enfants continuent d'arriver. La délégation Régionale
de la Fondation Abbé Pierre estimait en 2006 à entre 20 0000 et
30 000 le nombre de mahorais sur l'ile. C'est une population qui est en
situation de précarité et dont les taux de
fécondité semblent être relativement plus importants que
ceux de la population Réunionnaise.
Cela a des conséquences en termes d'habitat. Les
bailleurs sociaux notamment doivent faire face aux besoins en logements de
grandes tailles de ces populations30. Mais des situations plus
graves ont été constatées. Ce fut le cas du «
bidonville de l'oasis » dans la ville du Port où logeaient des
familles Mahoraise et où de nombreux cas de saturnisme ont
été constatés.
FIGURE 8: BIDONVILLE DE L OASIS, VILLE DU PORT
Source : L'
info.re,2011
Toutefois, la récente départementalisation de
Mayotte (le 31 mars 2011) pourrait avoir des conséquences sur cette
immigration. Ces conséquences ne devraient cependant pas
30 Ils doivent également faire face aux rejets des autres
locataires.
être ressenties tout de suite ce qui entraine la
nécessité de prendre en compte l'urgence de la situation de
certaines de ces familles.
II-1-C) LA PREFERENCE POUR LA « KAZ A TERRE
31»
Comme nous l'avons précisé antérieurement
au sujet des LES, la Kaz'ater32 est l'élément
indispensable { la manière d'habiter créole. La
départementalisation de 1946 et la nécessité de produire
de l'habitat moderne a entrainé une modification des typologies
d'habitat. La Kaz Anler 33 a ainsi fait son apparition modifiant
considérablement les habitudes des réunionnais. Elle introduit
une séparation des espaces privés et publics qui n'avaient pas
lieu dans l'habitat traditionnel. La vie en collectif introduit la fin des
grands rassemblements avec la famille et les voisins et la
nécessité de se tourner vers l'espace public pour contourner
cela. Ce nouveau mode d'habiter a été mal vécu par de
nombreuses familles réunionnaises.
Aujourd'hui, cela fait près de 50 ans que les premiers
immeubles ont été construits sur l'ile. On constate toutefois une
prédominance de l'habitat individuel. En dehors de Saint Denis,
même les grandes métropoles de l'ile conservent d'avantage
d'habitat individuel. Ainsi, pour l'accession { la propriété, les
réunionnais privilégient la maison individuelle neuve. Le
logement collectif étant davantage privilégier pour la location.
Même si cette conception reste la plus repandue, certains professionnels
de l'immobilier observent une légère évolution des moeurs,
les réunionnais deviendraient de plus en plus enclins a accepter la vie
en collectif même en y devenant propriétaires. Cependant, cela
concerne pour le moment une population jeune, urbaine et avec des revenus
importants.34
32 Maison individuelle
33 Habitat collectif
II-2-D) UNE POPULATION EN DIFFICULTE
Le niveau de vie de la population réunionnaise est
considérablement moins élevé qu'en métropole comme
nous pouvons le constater avec ce tableau.
FIGURE 9: CHIFFRES CLES SUR LES NIVEAUX DE VIE
Source : INSEE, 2006
Ainsi, la moitié des réunionnais vivent avec
moins de 790 euros par mois. L'écart du niveau de vie entre la
métropole et la Réunion s'explique par de moindres revenus
d'activité. En 2010 le taux de chômage au sens du Bureau
International de Travail (BIT) 35 s'élevait à 28.9% de la
population active contre environ 10% en métropole.
Une partie importante de la population réunionnaise
survit donc grâce aux transferts sociaux : minimas sociaux, prestations
familiales, allocations de chômage.... A titre d'exemple, le nombre
d'allocataires de minimas sociaux36 s'élevait en 2010 { 144
000 personnes ce qui représente un poids considérable dans la
société réunionnaise. Si l'on considère le niveau
de vie des ménages avant redistribution, le revenu médian passe
de 790 euros à 390 euros par mois.
Par ailleurs, les inégalités monétaires
sont relativement prononcées sur l'ile et ce bien plus qu'en
métropole. Le rapport entre les 10% les plus aisés et les 10% les
plus pauvres
35 En application de la définition internationale
adoptée en 1982 par le Bureau international du travail (BIT), un
chômeur est une personne en âge de travailler (15 ans
ou plus) qui répond simultanément à trois conditions :
- être sans emploi, c'est à dire ne pas avoir
travaillé, ne serait-ce qu'une heure, durant une semaine de
référence ;
- être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours
;
- chercher activement un emploi ou en avoir trouvé un qui
commence ultérieurement.
36 Les minimas sociaux comprennent : le Revenu Minimum
d'Insertion ( RMI), l'allocation de solidarité aux personnes
âgées, l'allocation parent isolé, l'allocation adulte
handicapté, allocation solidarité spécifique et le revenu
de solidarité.
est de 5 { la Réunion contre 3.6 en métropole. Cela
s'explique une différence dans l'évolution des niveaux de vie,
les hausses ayant essentiellement profités aux plus aisés.
Il apparait ainsi que la population réunionnaise
dispose de caractéristiques qui entrainent une demande relativement
importante en logement. Cette demande s'oriente fortement envers des logements
sociaux et très sociaux. Dans les années à venir, les
besoins vont augmenter de manière considérable mais vont aussi
évoluer a cause de la modification de la structure démographique
de la population. C'est donc un défi important qui attend la
Réunion.
II-2) LES SPECIFICITES TERRITORIALES QUI CONDITIONNENT L'OFFRE
ET LA DEMANDE
Nous venons de le voir, les besoins en logement sont
relativement importants, et le seront d'autant plus dans les années {
venir. Cette question, ne saurait être résolue sans la prise en
compte des éléments géo-climatiques et
géomorphologiques qui contraignent et conditionnent l'offre.
Il est également nécessaire d'apprécier
la diversité des situations que connaissent les différents
secteurs de l'ile. Pour cela nous reviendrons sur les
spécificités de chacun d'entre eux afin de mieux
appréhender la réalité de l'offre et de la demande
grâce { des éléments contextuels plus précis.
II-2-A) LES CONTRAINTES NATURELLES
La Réunion se situe en région tropicale, elle
dispose par conséquent d'un climat spécifique et de risques
naturels important, notamment le risque cyclonique. Le climat insulaire est
déterminé par l'exposition aux alizées qui distingue deux
grandes zones climatiques : la zone au vent, l'Est, qui reçoit les
fronts pluvieux (plus de 5000mm par an) et la zone sous le vent,
protégée par les reliefs, qui est semi-aride.
La Réunion est en réalité un massif
montagneux composé de deux volcans, dont l'un est encore en
activité et de trois cirques. La présence de massifs en altitude
entraine la distinction de la zone des Bas à proximité du
littoral et dont l'altitude est compris
entre 0 et 400m et la zone des Hauts au delà de 400m La
dichotomie Est-Ouest et la topographie accidentée de l'ile font qu'elle
compterait 240 microclimats.
On rencontre également de nombreux risques naturels
inhérents aux caractéristiques physiques de l'ile : glissements
de terrains, inondations causées par les nombreuses ravines etc.....Cela
entraine de nombreuses zones dont la construction est interdite via les Plans
de Préventions des Risques (PPR).
FIGURE 10: TOPOGRAPHIE DE L'ILE DE LA REUNION
Source : Google Images
Les caractéristiques climatiques font que les
constructions doivent s'adapter. Les matériaux utilisés doivent
pouvoir résister aux conditions extrêmes comme les cyclones ou les
vents violents, les fortes pluies, l'humidité ou encore les fortes
chaleurs.
La population de l'ile se concentre principalement sur le
littoral mais celui-ci est de plus en plus saturé. L'aménagement
et la construction de logement dans les hauts se révèlent
difficiles mais l'urbanisation y progresse a cause de la faible
disponibilité de foncier dans la zone des bas.
II-2-B) UNE ILE, PLUSIEURS TERRITOIRES.
Nous avons jusqu'ici raisonné a l'échelle de
l'ensemble de l'ile. Toutefois, afin de pouvoir appréhender plus
finement ses spécificités il est indispensable de revenir sur les
particularités des quatre micros régions de l'ile : le Nord,
l'Ouest, le Sud et l'Est. Ce découpage par micro régions n'est
pas administratif. Il a été déterminé en 1995 dans
le Schéma d'Aménagement Régional (SAR)37. Nous
verrons par la suite que dans beaucoup d'études, notamment celles qui
nous aurons servi à la réalisation de ce mémoire, on
distingue les données selon ces quatre secteurs. Il nous paraissait
primordial pour cette raison mais aussi pour mieux appréhender les
questions inhérentes { l'habitat sur l'ile de présenter en
quelques points les spécificités de chaque secteur.
37 Elaboré par la Région, ce document d'urbanisme
spécifique aux DOM « fixe les orientations fondamentales en
matière d'aménagement du territoire et de protection de
l'environnement et comprend un
chapitre particulier le schéma de mise en valeur de la
mer permettant l'application de la loi littoral. Iis'impose aux SCOT
et aux POS/PLU qui doivent être compatibles avec ses prescriptions.
» :
http://www.reunion.developpement-durable.gouv.f
FIGURE 11: CARTE DES SECTEURS DE L'ILE DE LA REUNION
Source : Google images
Le Nord de l'ile est marqué par le poids de Saint Denis,
autrement dit caractériser cette région revient à
caractériser principalement la capitale de la région. La
densitéd'habitants est relativement importante. St Denis est
la seule commune { compter
davantage de logements collectifs qu'individuels.La croissance
démographique y est relativement plus faible qu'ailleurs. Ce secteur
attire les jeunes étudiants et salariés mais repousse les
personnes âgées et les chômeurs. Le chômage y est
ainsi moins important qu'ailleurs et les ménages disposent de revenus
plus élevés. Ce secteur est le plus gros bassin d'emplois puisque
un tiers des salariés de l'ile y travaillent.
L'Ouest a longtemps connu une croissance démographique
record mais il semblerait que celle-ci ce soit désormais
calmée. Le taux de chômage se situe dans la moyenne de l'ile
mais des différences importantes existent entre les
communes et les quartiers38 . Les écarts au sein de la
population sont importants et cela se caractérise aussi par l'habitat :
on y trouve de luxueuses villas en bord de plage mais aussi un habitat
précaire encore très présent notamment dans les hauts.
Le Sud constitue la plus vaste des micro régions. Elle
est longtemps restée { l'écart même si elle
bénéficie aujourd'hui de la Route des Tamarins, voie rapide
permettant d'accéder au Nord par l'Ouest. Elle est devenue depuis
quelques années de plus en plus attractive pourtant elle constitue la
micro région la plus touchée par le chômage. Malgré
la présence de grandes agglomérations (notamment Saint Pierre
considérée comme la capitale du Sud) dans ce secteur règne
la maison individuelle.
L'Est constitue la région la moins peuplée et
reste relativement rurale. Toutefois, elle a une croissance
démographique relativement importante notamment parce qu'elle
bénéficie d'un apport important de populations en provenance de
la micro région Nord à la recherche d'un secteur où les
prix du foncier et de l'immobilier sont moins élevés. Le tissu
économique y est cependant relativement fragile et la
précarité y est importante. L'habitat y est très
dispersé et l'offre en logement collectif relativement faible.
Ainsi, la prise en compte du
contexte territorial de l'ile nous permet désormais de mieux
appréhender la question de l'habitat. Cette question est
déterminée par des éléments aussi divers que
complexes qui nous permettent d'ajuster notre regard face aux politiques
publiques que nous allons étudier plus en détail par la suite.
38 Si la Réunion ne compte que 24 communes, celles-ci sont
très étendues. On raisonne donc plus souvent par « quartiers
» que par commune ce qui semble plus cohérent. Par exemple, St Paul
la plus grande commune de l'Ouest s'étend sur 24 100 hectares soit
1/10e de l'ile et recouvre des endroits aussi divers que la zone
balnéaire et très dense de Saint Gilles les Bains ou une partie
du cirque de Mafate inaccessible en automobile et très peu
peuplé.
III) LA DEFISCALISATION : UNE POLITIQUE DE RELANCE DU MARCHE
DE LA CONSTRUCTION
La Réunion, et plus largement l'ensemble de
l'outre-mer, ont depuis longtemps fait l'objet d'incitations fiscales. Il
s'agissait pour l'Etat de développer l'économie de ces
territoires via les investissements de particuliers ou d'entreprises.
Le premier dispositif de défiscalisation, qui a
concerné entre autre le secteur de l'immobilier, a été mis
en place en 1986. Parce que l'enjeu d'un tel dispositif est relativement
important sur les territoires ultramarins, durant toutes ces années se
sont succédés sans interruptions différents
dispositifs.
Il s'agit ici de revenir sur la défiscalisation, de sa
mise en place jusqu'au début des années 2000 afin de comprendre
son impact en terme d'habitat et les enjeux qu'elle recouvre.
Nous reviendrons pour cela sur le principe de la
défiscalisation, puis reviendrons sur le bilan de son impact en
matière de production de logements, pour enfin aborder la question des
enjeux d'une telle politique.
III-1) LE PRINCIPE DE LA DEFISCALISATION
La défiscalisation est un levier fiscal qui a pour but de
développer les investissements productifs afin de redynamiser
l'économie et la création d'emplois.
La loi de Finance de 1980 fixe la structure
générale du dispositif d'incitation fiscale aux investissements
qui sera modifiée par la loi de Finance rectificative de
198639 dite loi Pons qui instituera la défiscalisation des
investissements outre-mer
Dans le secteur du logement, les objectifs affichés pour
la mise en place de cette loi sont, pour rappel :
-de relancer le bâtiment
-de baisser les prix des loyers
-de libérer des logements anciens en baissant les prix
39 Article 22 de la loi de Finance rectificative du 21/07/1986
- permettre aux catégories intermédiaires de se
loger hors du parc de logements sociaux
40
Cette loi sépare clairement les mesures en faveur des
entreprises et celles en faveur des particuliers.
Pour les entreprises, la défiscalisation peut se
réaliser de manière directe ou indirecte.
De manière directe,41 il s'agit pour elles
de réaliser des investissements productifs en biens neufs amortissables
en outre-mer { l' occasion de la création d'exploitations appartenant
aux secteurs d'activité éligibles, en l'occurrence pour ce qui
nous intéresse : le bâtiment. Elles pourront alors déduire
de leur impôt sur les sociétés (IS) ou de l'impôt sur
le revenu (IR) la totalité de leurs investissements.
De manière indirecte42 il s'agit pour les
entreprises de souscrire au capital de sociétés qui
réalisent des investissements productifs dans les secteurs
concernés et déduiront également la totalité de
leur investissement.
Pour les particuliers, il s'agit de bénéficier
d'une réduction d'impôts suite { la réalisation d'un
investissement dans un secteur d'activité concerné. Comme pour
les entreprises, il y a deux cas de figures.
Les particuliers peuvent construire un logement neuf qui sera
destiné à être leur résidence principale ou {
être loué pendant un certain nombre d'années.43
Ils bénéficieront { ce titre d'une réduction d'impôt
sur le revenu.44
Ils peuvent également acheter des parts ou des actions
{ des sociétés dont l'objet principal est la réalisation
de logements. Ils bénéficieront également dans ce cas la
d'une réduction de leur impôt sur le revenu.
La loi Pons a connu plusieurs modifications au fil des
années.
40 Voir AGORAH ; La défiscalisation des
investissements locatifs, 2005
41 Article 238 bis HA I du Code Général des
Impots
42 Article 238 bis HA II du Code Général des
Impots
43 Le nombre d'années dépend des lois et de leur
évolution. Parfois il s'agissait de 5 années, d'autres fois
9..
44 La réduction d'impôt est variable selon les
années. Elle est souvent modifiée dans les lois de finances. Pour
la loi Pons elle s'établissait entre 50% du montant de l'investissement
jusqu'en 89, puis était de 25% jusqu'en 1992 etc....
En 1992, la réduction d'impôt est portée {
50% du montant de l'investissement lorsque des particuliers investissent de
manière directe ou indirecte dans le secteur locatif
intermédiaire.45 C'est donc cette année que la
défiscalisation commence { s'orienter { destination de ces
catégories pour qui les loyers libres sont trop élevés et
l'accès à un logement social n'est pas possible. Les logements
font l'objet d'une convention entre l'Etat et le propriétaire fixant le
montant maximal du loyer et les plafonds de ressources imposés pour le
choix du locataire. Par la suite, ce type de défiscalisation sera
étendu aux entreprises en 1996.
Le 13 Décembre 2000, la Loi d'Orientation pour l'Outre
Mer (LOOM) est votée. Elle instaure un nouveau dispositif de
défiscalisation communément appelé « loi
Paul46 ». Elle fonctionnera dans le secteur de l'immobilier
selon le même principe que la loi Pons mais sa durée sera
relativement plus limitée, puisque ce dispositif prendra fin petit
à petit avec l'instauration de la loi Girardin en 2003 sur laquelle nous
allons revenir plus amplement par la suite.
Ainsi, le dispositif de défiscalisation issu de la loi
Pons ainsi que son remplacement par un dispositif similaire issu de la loi Paul
ont fonctionné sur un temps relativement long sans jamais être
remis en cause de manière profonde. Il convient alors de s'interroger
sur le bilan en termes de production de logement de ces politiques.
III-2) UN BILAN EN DEMI-TEINTE
La mise en place d'un tel dispositif a nécessairement
un impact sur l'offre et la demande en termes de logement, notamment concernant
le marché locatif qui nous intéresse particulièrement. Il
nous semble par conséquent nécessaire de revenir sur les
conséquences de la défiscalisation Pons et Paul, qu'elles soient
positives ou négatives.
45 Les conditions pour définir un ménage
intermédiaire peuvent varier. En 1996 le plafond annuel de loyer
était de 720 francs (110 euros) , tandis que le plafond de ressource
était de 130 000 francs pour une personne seule, et 260 000 francs pour
un couple.
46 Du nom du secrétaire d'Etat { l'outre mer de
l'époque. Christian Paul
III-2-A) DES EFFETS POSITIFS SUR LA RELANCE DU MARCHE
La premier objectif qui était de relancer le
marché du logement privé semble avoir été atteint
grâce a ce dispositif. Entre 1980 et 1986, la DDE enregistrait en moyenne
2 270 autorisations de construire par an pour des logements non aidés,
de 1987 à 1991 on est passé à 5320 en moyenne.
Le parc de logements s'en est trouvé diversifié
grâce { ce dispositif. En effet, cela a permis le développement de
logements d'un certain standing. L'instauration de ce dispositif correspondait
d'ailleurs { une époque où il y avait de plus en plus de
fonctionnaires et de cadres sur l'ile qui étaient en capacité
d'investir dans la pierre.
Cela a également permis de voir se développer
une offre en logements collectifs alors même que ce type de logement
était peu développé jusqu'à présent, les
réunionnais ayant toujours préféré la maison
individuelle pourtant plus consommatrice d'espace. Le développement
d'une offre en logement collectif a permis de densifier certains espaces, ce
qui entre dans la volonté émise par le SAR de
1995.47
L'offre en logement collectifs s'est faite en faveur du
secteur locatif. En effet, les particuliers ayant investi l'ont davantage fait
dans du collectif, tandis que ceux ayant bénéficié de la
défiscalisation pour leur propre résidence principale ont
préféré la maison individuelle.
Les sources disponibles pour analyser réellement les
effets de la défiscalisation sont peu nombreuses. Toutefois, au regard
du peu d'études disponibles, il semble que les objectifs fixés
par la loi en matière de logement aient été atteint : un
rapport de la commission des finances 48 admettra une
corrélation positive entre la défiscalisation dans le secteur de
l'immobilier et une amélioration du marché (relance de la
construction privé, davantage d'offre locative).
47 Le SAR en effet émettait le souhait de densifier les
pôles urbains, mais cela n'avait rien de prescriptif. Le SAR qui vient de
paraitre impose, lui, des densités dont les autres documents d'urbanisme
devront tenir compte.
48 Comission présidée par A Richard, cité
par AGORAH : La défiscalisation des investissements outre mer,
1995
Le bénéfice de la défiscalisation ne
s'arrête pas { ses effets produits sur le marché immobilier. Il
s'agit également d'impacts positifs sur l'économie
réunionnaise. En effet, le logement constitue pour le secteur du
Bâtiment et des Travaux publics (BTP) un pourvoyeur important d'emploi.
La relance du marché de la construction a donc permis à ce
secteur de se développer et de créer de nouveaux emplois.
III-2-B) UNE POLITIQUE QUI INDUIT DES EFFETS PERVERS.
En dépit des effets positifs qu'a eu ce dispositif de
défiscalisation sur le marché du logement et sur le BTP
réunionnais, des effets pervers ont été
constatés.
Bien qu'elle ait permis de diversifier et d'augmenter l'offre
locative la défiscalisation n'a pas permis une diminution des loyers, au
contraire il semblerait que ceux-ci aient continué de progresser.
Pourtant l'un de ses objectifs était de détendre ce segment du
marché, essentiel à la réalisation des parcours
résidentiels des ménages.
Les constructeurs et promoteurs ont également
profité de l'avantage fiscal dont disposaient les investisseurs pour
augmenter les prix de ventes des logements.
Les prix du foncier ont eux aussi augmenté à
cause de la hausse subite de la demande. La rareté du foncier à
bâtir engendrée par le caractère insulaire de la
Réunion nous entraine toutefois à relativiser cette hausse qui
semblait inévitable, la défiscalisation l'ayant probablement
légèrement accélérée.49
En terme de logements réalisés, la
défiscalisation a entrainé une construction importante de
logement en T1 , toutefois elle n'a pas permis de répondre aux besoins
en T2 et T3 qui étaient pourtant relativement importants {
l'époque.
Autre critique que l'on peut adresser { l'égard de ce
dispositif : il ne concerne qu'une partie restreinte de la population. En
effet, entre 1980 et 1993 seul 1/3 des
49 AGORAH : La défiscalisation des investissements
outre mer, 1995
contribuables a payé des impôts et les personnes
ayant défiscalisé dans l'immobilier sont majoritairement des
personnes ayant des revenus annuels supérieurs à 200 000 francs.
La part de population concernée par la défiscalisation est donc
relativement faible. Dans le secteur de l'accession { la
propriété par exemple, les ménages intermédiaires
n'ont pas pu bénéficier de ce dispositif.
Concernant le secteur de la location, comme nous l'avons
précisé les prix des loyers n'ont pas réellement
diminué. En revanche, dès 1992 a été mise en place
la défiscalisation pour les logements locatifs intermédiaires. A
ce propos nous ne disposons d'aucuns éléments nous permettant
d'apprécier le bilan de ce dispositif sous la loi Pons ou sous la loi
Paul. Il est également difficile d'étudier les loyers plafonds et
revenus plafonds inscrit dans ces lois car nous ne pouvons déterminer si
cela correspondait à la réalité des ménages
intermédiaires à cette époque là où la
monnaie et le pouvoir d'achat étaient différents.
Enfin, d'un point de vue de l'aménagement du
territoire, les investisseurs ont privilégié des secteurs ou la
demande était la plus forte, soit Saint Denis et Saint Gilles (commune
de Saint Paul). Cela a donc contribué aux déséquilibres du
territoire entre le Nord-Ouest et le Sud-Est.
Ainsi, il est indéniable que la défiscalisation
entraine à la fois des effets positifs mais aussi des effets
négatifs. Toutefois, il faut préciser qu'en dépit des
effets pervers qu'elle induit, tous les logements locatifs produits grâce
à la défiscalisation ont été loués, ce qui
peut laisser penser qu'elle a permis de répondre a de réels
besoins.
Nous manquons considérablement de source pour
apprécier le bilan de ces dispositifs. Il convient cependant de
spécifier que toutes nos maigres sources ainsi que les acteurs
rencontrés font état d'un bilan globalement positif en
dépit des quelques effets pervers constatés.
III-3) AU DELA DU LOGEMENT, UN ENJEU ECONOMIQUE MAJEUR.
Les objectifs de la défiscalisation dans le secteur de
l'immobilier n'étaient pas uniquement d'améliorer le
marché. Il s'agissait aussi de relancer l'économie de l'ile et
plus largement celle de tous les territoires ultramarins ce qui
représente un enjeu important sur ces territoires dont une grande part
de la population reste touchée par le chômage.
Ainsi la défiscalisation ne concerne pas seulement le
secteur de l'immobilier mais de nombreux autres secteurs comme l'industrie,
l'hôtellerie, le tourisme, les énergies nouvelles, ou encore
l'agriculture.
La défiscalisation peut donc difficilement être
considérée comme une politique en matière d'habitat tant
elle recouvre des enjeux bien plus larges que le seul développement de
l'offre en logements. Dans ce domaine là, elle a toutefois montré
suite à la mise en place de la loi Pons et de la loi Paul qu'elle
pouvait répondre a certains besoins même si en parallèle
elle induisait des effets pervers.
Un rapport général du Sénat50
indique ainsi que la défiscalisation Pons a joué un rôle
moteur dans la forte création d'emplois dans l'industrie et les services
et { un moindre degré dans le BTP et les transports. La loi Pons
n'aurait pas permis d'enrayer le chômage mais aurait au moins
contribué à le stabiliser à partir des années 90 et
aurait permis un renforcement structurel de l'économie.
Le problème de la défiscalisation est la grande
difficulté de son évaluation. Il est en effet presque impossible
pour l'Etat d'analyser l'impact en terme d'emploi et surtout le coût
réel de ces dispositifs. Il se révèle difficile d'avoir
une idée des recettes engendrées par la défiscalisation :
nouvelles recettes fiscales, TVA etc et donc de la mettre en rapport avec les
dépenses fiscales de l'Etat pour analyser le véritable coût
de ces dispositifs ou les éventuels bénéfices.
Le rapport précité précise que «
le coût de la loi Pons apparaît largement compensé par
les dépenses induites » sans toutefois donner aucun chiffre
précis pouvant attester de cette déclaration.
50 Commission des Finances, du contrôle budgétaire
et des comptes économiques de la Nation, Rapport général
sur le projet de loi de finances pour 1997, Annexe au procès-verbal de
la séance du 21 novembre 1996.
En dépit de l'incertitude du coût engendré
par la défiscalisation et des effets pervers qu'induit un tel
dispositif, la défiscalisation représente un enjeu tel que
beaucoup de personnalités locales ou nationales l'ont défendu {
l'image de M. André Thien Ah Koon51 qui précisait en
1997 dans une séance { l'assemblée nationale «
S'agissant de la défiscalisation, son impact positif sur
l'économie réunionnaise est réel. Il est clair que les
arguments avancés chaque année à l'occasion de la
discussion du budget des DOM par les détracteurs de ces dispositions
méconnaissent les réalités de
l'outre-mer.»52
Conclusion :
Cette partie a permis de préciser la réalité
du contexte réunionnais en matière d'habitat.
L'intérêt était de replacer la défiscalisation dans
ce contexte. Effectivement, la défiscalisation apparait comme un moyen
d'alimenter deux segments du marché, l'accession privé et le
locatif privé. Dans ce sens, la défiscalisation a en partie
répondu { ses objectifs.
Toutefois, comme l'a montré cette partie, les besoins
s'orientent davantage vers le logement social étant donné les
caractéristiques économiques et sociales de la population. Or,
les premiers dispositifs de défiscalisation n'étaient pas
prévus pour s'orienter vers du logement social bien que les besoins
soient si importants.
La question qui se pose est relative aux limites d'une telle
politique. Nous l'avons vu, elle entraine des effets pervers. En effet,
contrairement au logement social qui est lié { une décision de
l'Etat, la défiscalisation fonctionne de manière libre sur le
marché.
A cela s'ajoute le fait que la défiscalisation ne
recouvre pas uniquement un enjeu en termes de production de logement mais aussi
et surtout un enjeu économique majeur pour l'ile. A ce titre, le risque
est que cette diversité d'enjeux puissent nuire { l'efficience de
l'action en matière de logement tant la question de l'emploi est
également majeure { la Réunion.
Il est par conséquent important de considérer
l'exposé suivant comme traitant d'une politique qui n'a pas comme seul
objet la question de l'habitat et du logement mais qui renvoie a des enjeux
plus larges.
51 Homme politique réunionnais qui a été
membre du conseil général et régional, maire du Tampon et
député.
52 Assemblée nationale - séance du 31 octobre 1997,
compte rendu intégral, p 17
PARTIE 2:
DU LOCATIF INTERMEDIAIRE AU LOCATIF SOCIAL: LOGER LES REUNIONNAIS
LES MOINS SOLVABLES
La question du logement { la Réunion relève
d'enjeux sociaux primordiaux. Il s'agit d'offrir { tous dans un contexte
économique difficile la possibilité de se loger dignement.
L'offre locative joue { cet effet un rôle primordial. En effet, dans le
parc locatif social sont accueillies les personnes les plus démunies
tandis que le parc privé lui joue un rôle essentiel pour assurer
à la fois la mobilité des ménages et constituer une
étape clé dans leur parcours résidentiel.
Ces dernières années, nous avons assisté
à un accroissement considérable de l'offre locative portée
par le secteur privé. Cela est le résultat de nouvelles
incitations fiscales qui ont su mieux que par le passé attirer les
investisseurs. Dans le même temps, la production de logements sociaux a
considérablement ralenti. En cause, différents facteurs qui ont
conduit à entrainer de grandes difficultés pour les bailleurs
sociaux. Les besoins des réunionnais en matière de logements
sociaux sont pourtant considérables. C'est donc la pertinence de l'offre
locative développée ces dernières années qui est {
interroger au regard des besoins de la population.
Nous tenterons de montrer dans cette partie dans quelle mesure
l'accroissement du parc locatif qu'il soit intermédiaire ou social a
permis d'apporter ou pas des réponses aux besoins de la population. Pour
cela, nous reviendrons sur l'offre produite grâce à la
défiscalisation Girardin, puis sur la production de logements sociaux
pendant cette même période pour enfin nous questionner sur la
pertinence de la défiscalisation au regard des besoins réels de
la population réunionnaise.
I) PRODUIRE DU LOCATIF INTERMEDIAIRE GRACE A LA
DEFISCALISATION : UNE REUSSITE ?
Depuis 1986, la Réunion a vu se mettre en place une
succession de dispositifs redéfinissant chaque fois les modalités
de défiscalisation des investissements immobiliers. Nous avons
présenté les premiers dispositifs et l'offre en logement qui en a
découlé. Toutefois, l'objet de ce mémoire est
d'étudier plus précisément la période qui va de
2003 jusqu'{ nos jours.
C'est en effet en 2003 qu'a été mise en place la
loi Girardin sur la défiscalisation des investissements en outre-mer.
Cette loi marque un tournant dans l'histoire des dispositifs d'incitation
fiscale { la fois dans tous les territoires concernés et plus
particulièrement { la Réunion parce qu'elle a entrainé un
volume de production de logement qui n'avait jamais été atteint
auparavant.
La production de logements destinés à la
location privée a été redynamisée alors même
que ce secteur ne constituait pas un marché très
développé sur l'ile. Nous allons voir ce que le succès de
ce dispositif a induit en termes de réponse aux besoins en logements
d'une des catégories visées par ce dispositif: les ménages
intermédiaires.
Nous reviendrons pour cela dans un premier temps sur
l'importance de la production de logements défiscalisés puis nous
nous intéresserons à la concordance entre cette production et les
besoins des populations intermédiaires.
I-1) UNE PRODUCTION EXPONENTIELLE ENTRE 2003 ET 2008
Les modifications apportées par la loi
Girardin53 ont permis de relancer de manière
considérable le marché de la construction neuve. Ce dispositif
présentait en effet des avantages supplémentaires aux lois Pons
et Paul qui lui ont permis un succès sans précédent. La
production de logements neufs s'est faite { destination du secteur locatif et
dans le cadre d'opérations de logements collectifs ce qui entraina une
dynamique nouvelle sur l'ile que nous allons ici présenter.
53 Cf Annexe n°3 pour d'avantages de précisions sur
les modalités de fonctionnement du dispositif en 2011
Pour cela, nous reviendrons dans un premier temps sur le
principe de la loi Girardin. Puis dans un second temps nous évoquerons
l'importance de la relance du marché entrainée par ce
dispositif.
I-1-A) LA LOI GIRARDIN : UN DISPOSITIF PLUS INTERESSANT POUR LES
INVESTISSEURS
La défiscalisation Girardin54 pour
l'investissement locatif ne concerne pas uniquement les particuliers. En effet,
elle concerne également les entreprises au titre de l'impôt sur
les sociétés55 et les particuliers au titre de
l'impôt sur le revenu56 comme les précédents
dispositifs.
Elle concerne également les investissements immobiliers
à usage de résidences principales. L'avantage de la
défiscalisation pour ce type d'investissement reste toujours le
même, c'est-à-dire qu'il facilite l'accès { la
propriété de sa résidence principale, et concerne toujours
les mêmes catégories de ménages qui disposent de bons
niveaux de revenus et donc d'un taux d'imposition suffisamment
élevé. La seule différence se trouve dans l'allongement de
la durée de l'avantage fiscal qui est d'autant plus intéressant
pour les ménages bénéficiaires. Une fois de plus
l'accession { la propriété ne constitue pas l'objet de notre
étude et c'est toujours la défiscalisation des investissements
locatifs dans ce nouveau dispositif qui mobilise notre attention.
La loi Girardin si elle marque autant l'histoire de la
défiscalisation, c'est bien parce qu'elle offre des avantages fiscaux
qui ont d'autant plus attiré les investisseurs. Ces avantages se
démarquent donc de la loi Paul qui venait d'être mise en place en
2001. C'est ainsi que la loi Girardin a augmenté les avantages fiscaux
passant de 25 { 40% le taux de défiscalisation pour le locatif libre et
de 40 à 50% pour le locatif intermédiaire.
L'augmentation des avantages fiscaux de base semble avoir
entrainé une attractivité de ce dispositif bien
supérieure aux précédents. Cette attractivité a
largement dépassé les
54 Issu de la loi de programmation pour l'outremer LOPOM du 21
Juillet 2003
55 article 217 indecies du CGI
56 article 199 indécies A du CGI
frontières de l'ile puisque les investisseurs sont
venus majoritairement de métropole. C'est ainsi qu'entre 70 et
80%57 des ventes d'appartements neufs se sont effectuées
auprès d'investisseurs métropolitains ce qui marque une rupture
avec les dispositifs précédents qui concernaient davantage des
investisseurs réunionnais.58
Ces investisseurs ont privilégié à
90%59 le secteur du locatif intermédiaire étant
donné l'avantage fiscal supplémentaire que cela entrainait. Dans
la continuité des dispositifs préexistants depuis 1992 et
199660, la défiscalisation devait servir ici à
contribuer à la mise sur le marché d'une offre de logements
locatifs destinés { des catégories de ménages
intermédiaires ne pouvant ni prétendre au logement social, ni
pouvoir supporter l'effort financier { consentir dans le locatif
privé.
I-1-B) UN MARCHE DE LA CONSTRUCTION RELANCE
Entre 2000 et 2002 une diminution sensible du nombre de permis
de construire déposés a été observée.
L'instauration du dispositif Girardin a tout de suite entrainé une nette
augmentation de la production de nouveaux logements du secteur privé. La
défiscalisation concernait alors principalement des programmes de
logements collectifs.
A la Réunion, traditionnellement c'est le modèle
de la maison individuelle qui domine. Si, en métropole aussi on retrouve
une prédominance de la maison individuelle, le rapport { l'espace
domestique y est sensiblement différent comme nous l'avions
évoqué dans notre première partie .Le développement
massif de l'offre en logements collectif va donc marquer un changement
important dans la morphologie urbaine de l'ile.
En plus d'avoir permis l'accroissement du nombre
d'appartements, la défiscalisation a surtout entrainé une
montée en puissance du secteur locatif privé. Le
développement
57 AGORAH Les principales caractéristiques des
marchés du logement à la Réunion, à l'heure de la
refonte de la loi de défiscalisation, 2008,p 23 et AGORAH : La
défiscalisation du logement a la Réunion en 2005, 2005,
58 Entretien avec M délégué régional
de la FNAIM
59 AGORAH : La défiscalisation du logement a la
Réunion en 2005, 2005,p 10
60 CF partie 1, III
d'une offre locative est nécessaire puisqu'elle constitue
une étape fondamentale { la réalisation du parcours
résidentiel des ménages.
Le graphique ci-dessous permet de mettre en avant la
prépondérance de la vente d'appartements neufs entre 2003 et 2006
par rapport aux autres produits du marché. Le pic de production ayant
été atteint entre 2006 et 2008, ce graphique ne représente
qu'une imagine partielle du succès du dispositif mais il illustre bien
la prédominance de la vente d'appartements neufs sur tout le reste des
segments du marché.
FIGURE 12:EVOLUTION DES VENTES DE BIENS BATIS DE
2000 A 2006
Source : AGORAH,2008
Nous l'avons vu, les besoins en logement sur l'ile sont
très importants notamment en raison de la croissance
démographique et de la baisse continuelle de la taille des
ménages. C'est ainsi que la Cellule Economique du BTP de la
Réunion (CER BTP) estime à 11 00061 le nombre de
logements à réaliser chaque année toutes catégories
inclues. Avec 12 000 logements autorisés par an entre 2006 et
200862, on peut considérer que la production de logements
répondait alors quantitativement aux besoins estimés de la
population.
Toutefois, la répartition des constructions issus de
programmes en défiscalisation ne s'est pas effectuée de la
même façon selon les secteurs de l'île. Le graphique
suivant
61 Ce chiffre peut légèrement varier d'une source {
l'autre. A titre de comparaison, cela représente plus 3 fois le rythme
de construction de la métropole.
62 AGORAH Les principales caractéristiques des
marchés du logement à la Réunion, à l'heure de la
refonte de la loi de défiscalisation, 2008, p 10
montre en effet que le boom de la production de logement
collectif concerne de manière plus importante le secteur Nord de l'ile,
suivi des secteur Ouest et Sud , le secteur Est, en revanche, ayant
été beaucoup moins touché.
FIGURE 13: EVOLUTION DES PERMIS DE CONSTRUIRES
DEPOSES
POUR DES LOGEMENTS COLLECTIFS
3 500
3 000
2 500
2 000
1 500
1 000
500
0
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
est nord ouest sud
Source : DEAL, 2011
En 2005, la DDE estimait que 60% des offres en logements
défiscalisés se répartissait ainsi de Saint Denis à
Saint Leu et que le secteur de Saint Pierre et du Tampon totalisait lui 30% de
l'offre.
FIGURE 14: REPARTITION DES VENTES D'APPARTEMENTS
NEUFS EN 2006
Source : AGORAH, 2006
Le développement de nombreux programmes de logements
collectifs a permis de densifier ces pôles urbains et de participer
à la maîtrise de l'étalement urbain, des
déplacements et des énergies. Cela est d'autant plus important {
la Réunion que le foncier se fait de plus en plus rare sur une île
ou les besoins ne cessent de croitre. La défiscalisation s'étant
principalement concentrée sur les centres agglomérés, de
nombreuses dents creuses ont pu être comblé et l'étalement
urbain s'est fait également dans des proportions plus raisonnables que
par le passé. Selon l'Institut d'Emission des Départements
d'Outre Mer (IEDOM), là où il se construisait une seule maison
sur
1000m2 de terrain, grâce à la
défiscalisation il se construisait 20 appartements. Cet effort de
densification se retrouve aujourd'hui dans le nouveau SAR.
Les bénéfices de la défiscalisation
étaient aussi de permettre de redynamiser le secteur du BTP. C'est ainsi
que grâce à ce dispositif le nombre de salariés du BTP sur
l'ile est passé de 18 000 en 2005 à 25 000 en 2008. Ce facteur
est très important dans le contexte économique de l'ile ou le
chômage touche une large part de la population. De plus, l'absence d'une
base industrielle, agricole ou touristique capable de soutenir le
développement économique de l'ile le secteur de la construction
revêt une importance particulière. L'économie de la
Réunion se trouve donc bien plus sensible { l'activité du secteur
du BTP que la métropole.
Mais ce n'est pas que ce secteur qui a profité du
succès de la loi Girardin. C'est tout un système qui a pu en
tirer profit des cabinets de défiscalisation aux agents immobiliers, en
passant bien entendu par les promoteurs immobiliers.
Ainsi, la défiscalisation Girardin aura permis de
relancer considérablement le marché de la construction en
permettant d'accroitre l'offre en logements collectifs locatifs qui
était encore peu développée sur l'ile. Elle a
également entrainé d'autres effets positifs comme la
création d'emplois ou la densification de certains centres urbains
I-2) BILAN DU DISPOSITIF GIRARDIN
Nous venons de le voir, la défiscalisation Girardin a
rempli bien plus que les dispositifs précédents ses objectifs en
terme de production de logements neufs. Toutefois, encourager des particuliers
à investir dans la pierre pour faire baisser le montant de leur
impôt les encourage à considérer les logements comme de
purs produits financiers. Cela peut donc induire des effets pervers qui nuisent
{ l'efficacité réelle du dispositif.
Nous allons revenir ici sur le fait que les logements produits
grâce à la défiscalisation ne répondaient pas de
manière qualitative aux besoins de la population puis nous nous
interrogerons sur la pertinence de la défiscalisation en faveur du
locatif intermédiaire au regard des réalités
économiques des ménages de l'ile.
I-2-A) LE LOGEMENT : UN PRODUIT FINANCIER PAS COMME LES AUTRES
Nous venons de le montrer, la défiscalisation a permis
une production importante de logements neufs. Toutefois, la
nécessité de proposer des produits qui toucheraient un maximum
d'investisseurs a entrainé l'orientation de la production
essentiellement vers des logements de types T1 et T2 car ces logements ne
dépassaient pas un prix de vente supérieur à 200 000
euros. En 2005 par exemple, la DEAL estimait que la production de T1 et T2
représentait 70 à 90% du total des logements issus de programmes
en défiscalisation.
Nous l'avons vu, la défiscalisation n'a pas
affecté de la même manière les différentes parties
du territoire de l'ile. La production importante de petits logements dans les
trois principaux pôles urbains que constituent Saint Denis, Saint Pierre
et Saint Paul a permis de répondre en partie à la demande car ce
sont les endroits où elle était orientée vers des
logements de cette taille. Toutefois, l'importance de la production de petits
logements défiscalisés a été telle que le
marché s'en est trouvé rapidement saturé et que cette
production localisée sur certains secteurs a conduit à accentuer
d'avantage les déséquilibres territoriaux de l'ile.
D'une manière générale, la taille moyenne
des ménages réunionnais s'établit autour de 3 à 4
personnes. Or, à titre d'exemple ce sont 35 { 45% de T2 qui ont
été vendus sur l'île en 2006. Les ménages de grande
taille (5 personnes et plus) représentent 21% des ménages de
l'île. Or, entre 2000 et 2008 seuls 15% des logements autorisés
étaient des T5 ou plus. C'est donc un véritable décalage
entre l'offre issue de la défiscalisation et les besoins réels de
la population63
L'INSEE préconisait ainsi en 2006 suite {
l'Enquête Logement de freiner considérablement la production de
petits logements et d'augmenter le nombre de constructions de logements type T4
et plus.
63 Ce constat est mis en évidence par l'ensemble des
acteurs du logement à la Réunion, et a même
été mis en avant dans un rapport de l'assemblée nationale
sur les niches fiscales.
Le graphique ci-dessous montre comment, selon l'INSEE,
devraient être réparties les résidences principales en
fonction de leur taille en 2015 afin de correspondre à celle des
ménages
FIGURE 15:REPARTITIONS DES RESIDENCES PRINCIPALES EN
2005 ET 2015
Source :INSEE, 2006
L'autre conséquence de l'inadéquation entre les
typologies de logements produits et la réalité des besoins des
ménages concerne les cas de surpeuplement.. Selon la norme
INSEE64 près d'un quart des ménages réunionnais
se trouvent en situation de surpeuplement.65 Ce sont ainsi 29% des
ménages locataires du privé qui se trouvent dans cette
situation.
Le graphique ci-dessous indique à quel point les logements
de petites tailles sont en situation fréquentes de surpeuplement
64 La norme INSEE veut qu'il y ait dans chaque logement une
pièce par couple ou adulte, une pièce pour chaque enfant de plus
de sept ans dans des fratries de sexe différent et une pièce pour
deux enfants plus petits. La différence entre le nombre de pièces
du logement et cette norme associée à des critères de
taille du logement permet de déterminer un indice de peuplement
65 A titre de comparaison, en métropole 1 ménage
sur 10 est en situation de surpeuplement.
FIGURE 16: REPARTITIONS DES LOGEMENTS SELON LE
NOMBRE DE PIECES
Source : INSEE,2006
I-2-B) DEFINIR LES CATEGORIES INTERMEDIAIRES : UN DEFI NON
RELEVE.
Si la réalisation de logements ne correspondant pas
à la taille des ménages entraine logiquement des situations de
surpeuplement, ce n'est pas le seul facteur explicatif. En effet, le
surpeuplement est également souvent induit par l'inadéquation
entre les loyers pratiqués et l'effort financier que peut consentir le
ménage concerné.
L'orientation des dispositifs de défiscalisation envers
des ménages dits intermédiaires devait permettre de créer
une nouvelle offre locative adaptée a ces dits ménages. Ces
ménages sont catégorisés comme intermédiaires selon
des plafonds de revenus, et les loyers pratiqués dans lesdits logements
doivent eux respecter des prix maximum.
Si l'on regarde dans un premier temps les ménages
considérés par le dispositif comme « intermédiaires
» on constate un décalage avec la réalité des
ménages réunionnais. L'AGORAH estime ainsi que les ménages
que l'on peut considérer comme intermédiaires sont des
ménages dont les revenus sont compris entre 1 et 3 SMIC66
soit 27% des ménages réunionnais. Le seuil de 1 SMIC correspond
à des ménages actifs dont les revenus devraient leur permettre de
trouver un logement dans le parc privé ( le parc
66 Les seuils 1, 2 et 3 SMIC ont été
proposés et retenus à l'occasion des comités techniques
des études réalisées par l'AGORAH, Observatoire des
loyers privés de La Réunion et capacité locative des
ménages
réunionnais, 2007 et AGORAH : Transactions
foncières et immobilières et capacité des ménages
à accéder à la propriété,2008.
social étant insuffisant), tandis que le seuil de 3
SMIC correspond à celui au dessus duquel les revenus deviennent
suffisants pour occuper facilement un logement dans le parc privé.
Bien que les critères retenus par l'AGORAH ne prennent
pas en compte le nombre de personne composant le ménage67
nous pouvons toutefois nous essayer à une comparaison des deux notions
de ménage intermédiaire : celle définie par l'AGORAH et
celle définie par la loi Girardin.
C'est ainsi que le tableau ci-dessous nous présente les
revenus mensuels maximum dont doivent disposer les ménages afin de
pouvoir accéder { la location d'un logement intermédiaire
défiscalisé. Selon la définition de l'AGORAH, les
ménages intermédiaires gagnent entre 1 SMIC soit 900 euros et 3
SMIC soit 3700 euros par mois. Le plafond défini pour une personne seule
rentre dans les critères de l'AGORAH tandis que toutes les autres
catégories de ménages dépassent ces critères.
FIGURE 17: PLAFONDS DE REVENUS MENSUELS PERMETTEANT
D'ACCEDER A UN LOGEMENT
INTERMEDIAIRE DEFISCALISE
Source : AGORAH , 2008
Si l'on considère que la définition donnée
par l'AGORAH pour désigner les ménages intermédiaires
correspond à une certaine réalité- l'agence se basant sur
de véritables
études- alors les critères retenus par la loi
Girardin sont en inadéquation avec la réalitédes
ménages réunionnais.
Le second constat est celui de l'inadéquation entre les
plafonds de loyers proposés et la réalité du
marché. C'est ainsi que ce plafond était fixé a 145euros
le mètre carré par an
67 La distinction des ménages selon le nombre de personnes
les composant, n'a pas été possible dans
le cadre de cette étude (faute de données
disponibles), mais reste à envisager, afin de cerner plus finement cette
notion de ménage intermédiaire.
soit environ 12 euros par mois le mètre
carré68 .Ce prix semble relativement élevé. En
effet, certains acteurs du logement69 considèrent par exemple
ce plafond devrait être compris entre 7 à 9euros70 le
m2.
Le graphique ci-dessous établit les prix moyens au
m2 par secteur de l'ile selon trois sources
différentes71. Il permet ainsi de constater que seuls les T1,
qui offrent un moins bon rapport surface- prix, sont au dessus des plafonds
fixés par la loi Girardin En revanche, tous les autres types de logement
et ce quel que soit leur localisation ont des prix établis plus bas que
le plafond fixé par la loi Girardin pour l'intermédiaire.
FIGURE 18/ LES LOYERS MOYENS EN EUROS/M2
SELON LA TAILLE DU LOGEMENT EN 2006
Source : AGORAH 2008
Si la réalité des plafonds des loyers se trouve au
dessus des prix du marché on peut considérer que la location dite
intermédiaire n'est qu'un mythe. Les critères fixés par la
loi ne correspondent pas à la réalité du terrain ni en
terme de revenus des ménages ni en terme de prix des loyers.
68 Les prix sont fixés en m2 par an. Ils ont
été modifiés certaines années. En 2011 le plafond
était de 156euros par m2 de surface habitable. Nous
retiendrons ici que le plafond s'élève aux environs de 12euros le
m2.
69 AGORAH Les principales caractéristiques des
marchés du logement à la Réunion, à l'heure de la
refonte de la loi de défiscalisation, 2008, p 41
70 Ce qui correspond davantage aux prix de PLS.
Ainsi , la défiscalisation si elle a permis de
développer l'offre locative sur l'ile n'a pas permis d'apporter des
réponses satisfaisantes aux besoins des ménages et notamment des
ménages intermédiaires. Le dispositif Girardin a relevé
davantage d'une logique financière portée par des investisseurs
et des promoteurs que d'un objectif de développement d'un parc de
logement adapté à la réalité
réunionnaise.
II) UNE CRISE DU LOGEMENT SOCIAL SUR FOND D'APOGEE DE LA
DEFISCALISATION PRIVEE
Les besoins de la population réunionnaise en
matière de logement sont tels que le logement social joue un rôle
majeur. N'atteignant jamais les niveaux de productions nécessaires
à la satisfaction de la demande, il est l'objet de toutes les attentions
de la part des acteurs du logement sur le territoire.
Ces dernières années, alors même que la
défiscalisation Girardin avait un succès sans
précédent, la production de logement social connaissait un niveau
de production historiquement bas. C'est ce qui nous conduit aujourd'hui {
parler de crise du logement social et à nous interroger sur les raisons
de celles-ci.
Nous verrons quels sont les facteurs explicatifs de cette
baisse de la production de logements locatifs sociaux et tenterons
également de caractériser plus finement la demande. Enfin nous
verrons en quoi la question du foncier est primordiale dans la politique de
logement social sur l'ile.
II-1) UN RYTHME DE PRODUCTION INEGAL AU FIL DES ANNEES
Alors que les années 1990 ont été
marquées par un niveau de production de logements locatifs sociaux
record, les années 2000 sont marquées ,elles, par une production
en chute libre. Cette baisse considérable est imputable à
différents facteurs que nous allons ici détailler.
II-1-A) D'UNE PRODUCTION EXPONENTIELLE A UNE SITUATION
CRITIQUE
La départementalisation intervenue en 1946 a
entrainé la nécessité pour l'Etat français de
mettre en place une véritable politique de l'habitat sur l'île.
C'est dans le cadre d'une volonté de rattrapage en matière de
construction de logements sociaux que les années 60-70 ont
été marquées par la réalisation des
premières opérations.
Le graphique ci-dessous qui présente le nombre de
logements sociaux par année d'achèvement met très bien en
évidence comment l'année 1986, qui voit naitre une nouvelle
réforme du financement, annonce le début d'une production
importante de logements sociaux.
FIGURE 19: NOMBRE DE LOGEMENTS SOCIAUX PAR ANNEE
D'ACHEVEMENT
Source : DEAL
Ce sont surtout les années 90 qui seront
marquées par une production en nette hausse. Le nombre de logements
livrés dans ces années là étant en moyenne
largement supérieur à 2000. Il atteignait même près
de 3 000 logements par an à la fin des années 90 ce qui
constituait un niveau de production alors historiquement haut, s'approchant au
plus près des besoins estimés72. Cependant,
malgré cette hausse de production, l'insuffisance de la LBU au regard
des besoins continuait d'être mise en avant par les acteurs du logement
social.73
72 L'estimation des besoins quantitatifs en logements sociaux a
toujours fait l'objet de débat , nous sommes confrontés ici
à plusieurs sources contradictoires.
73 Bertile W, Le logement dans les départements
d'outre mer, rapport au premier ministre, Paris, La documentation
française, 1984, ou encore DDE, CAUE et Université de la
Réunion, Ville, habitat, aménagement, Actes du forum
débat 8 avril-14 décembre 1993, textes réunis par Corinne
ETAVE et Michel WATIN, Océan Editions, 1994, 246 p.
A partir de 2001, la production de logements sociaux a connu
une chute brutale. 1200 logements ont ainsi été mis en
service74 contre 2500 en 1999. C'est alors la première fois
que le parc social s'accroit moins vite que le reste du parc. Le
secrétaire d'Etat { l'outremer avait alors lui-même
qualifié la situation de « record historiquement bas
»75
Le présent graphique nous présente le rythme annuel
de livraison du parc social mettant ainsi en évidence la baisse accrue
depuis le début des années 2000.
FIGURE 20: ANCIENNETE ET RYTHME DE LIVRAISON DU PARC
LOCATIF SOCIAL
Source : ARMOS
II-1-B) LES FACTEURS EXPLICATIFS
Dans les années 2000, l'enveloppe de LBU n'a pas
forcément diminué de manière importante comme on pourrait
le supposer. Elle a en réalité plutôt stagné ou
diminué légèrement76. Ce n'est pas le montant
de la LBU qui sert d'explication { la baisse de la production de logements
sociaux, celle-ci s'explique en effet par d'autres facteurs.
Une partie de l'explication réside dans l'analyse des
composantes des prix des opérations de logements. Ainsi, les coûts
de construction ont nettement augmenté au cours de ces dernières
années comme le montre le graphique suivant.
74 « Logements mis en service : logements
appartenant à un programme de logements proposé à la
location pour la première année » -INSEE, Revue
«Économie de La Réunion» ,4eme trimestre
2002
75 Commission des Finances, du contrôle
budgétaire et des comptes économiques de la Nation, Rapport
d'information sur le logement en outre mer, Annexe au procès-verbal de
la séance du 27 mai 2008, p 34 76Entretien avec M
Oberlé de l'ARMOS
FIGURE 21:EVOLUTION DES COUTS DE CONSTRUCTION DES
LOGEMENTS SOCIAUX DE 2001 A 2009
Source : CER BTP
Cela s'explique dans un premier temps par l'organisation du
marché réunionnais. Les matières premières
présentent des coûts élevées puisqu'elles doivent
toutes être importées. Ces dernières années, non
seulement leurs prix ont connu une augmentation mais { cela est venu s'ajouter
la flambée des cours du pétrole qui a fait s'élever les
frais de transports maritime. La faible concurrence du secteur de la
construction sur l'ile entraine de fait une baisse presque impossible de ces
postes de dépenses. Dans une moindre mesure, la hausse du coût des
salaires a également participé à l'augmentation des
coûts de construction. Enfin, les années 2000 ont connu une
succession de nouvelles normes et règles de construction (loi sur l'eau,
norme handicapé...) qui a également eu ses répercussions
sur les coûts de construction.
Le succès de la loi Girardin semble avoir eu
également son impact sur la diminution de la production de logements
sociaux. Ce dispositif de défiscalisation aurait en effet
entrainé une hausse considérable des prix du foncier. Bien qu'il
n'existe aucune étude mettant en avant l'impact de la
défiscalisation sur l'augmentation du foncier, l'ensemble des
interlocuteurs rencontrés ainsi que des études consultées
semblent s'accorder sur ce constat.77 La hausse se constatait
déjà dans les années 90 où les prix ont
augmenté à
77 Commission des Finances, du contrôle budgétaire
et des comptes économiques de la Nation, Rapport d'information sur le
logement en outre mer, Annexe au procès-verbal de la séance du 27
mai 2008, p 27
hauteur de 5% par an environ. Toutefois, cette hausse s'est
considérablement accélérée dans les années
2000, le prix des terrains ayant ainsi doublé entre 2000 et 2005.
Enfin, le succès du dispositif Girardin ayant
été, comme nous l'avons précisé
précédemment, d'une ampleur sans précédent, il a
considérablement mobilisé le secteur du BTP sur l'ile. Les
entreprises de constructions ont par conséquent été moins
disponibles pour les opérations de logements sociaux puisqu'elles ont
privilégié les opérations en défiscalisation
jugées plus rentables. A titre d'exemple, la directrice de la SHLMR
précisait en 2008 que sur 13 appels d'offres récents
lancés par la société 11 étaient restés sans
réponses.78
Ainsi, l'augmentation relative de ces différentes
composantes du prix des opérations de logements sociaux a
entrainé des difficultés importantes pour les bailleurs.
L'équilibre des opérations étant ainsi compromis par
l'augmentation des différents postes de dépenses
nécessaires à la production de nouvelles opérations. La
faible disponibilité des entreprises du BTP a ajouté encore des
difficultés supplémentaires conduisant à la faible
production des années 2000.
II-2) SATISFAIRE LA DEMANDE
Nous l'avons évoqué, les besoins en logements et
notamment en logements sociaux ont toujours été importants sur
l'ile. Depuis qu'elle est devenue département et que les premiers jalons
d'une politique en matière d'habitat y ont été
posés, l'enjeu a été de satisfaire une demande toujours
importante en logement sociaux. Cependant, jamais celle-ci n'a pu être
satisfaite.
Nous allons revenir sur ce qui caractérise la demande en
logement sociaux, c'est-à-dire à la fois son ampleur et à
la fois ses caractéristiques qualitatives et économiques.
78 Commission des Finances, du contrôle budgétaire
et des comptes économiques de la Nation,Rapport d'information sur le
logement en outre mer, Annexe au procès-verbal de la séance du 27
mai 2008, p 23
II-2-A) L'AMPLEUR DE LA DEMANDE
Pour mesurer l'ampleur de la demande, il suffit de regarder le
graphique suivant. Celuici présente le poids des ménages
demandeurs de logements sociaux sur chaque territoire intercommunal de
l'ile.79 Cela représente, en 2007, 26 000 ménages qui
ont déposé un dossier auprès d'un bailleur de l'ile.
FIGURE 22:LA PART DE MENAGES DEMANDEURS DE LOGEMENTS
SOCIAUX
La baisse de la production des années 2000 a donc accru
la difficulté des bailleurs à satisfaire la demande. Le graphique
ci-dessous met en avant la baisse des attributions de logements sociaux,
entrainée à la fois par la baisse de production mais
également par le faible taux de rotation dans le parc de logements
anciens qui peut s'expliquer lui par la difficulté des ménages
à sortir du parc social.
FIGURE 23: LES ATTRIBUTATIONS DE LOGEMENTS LOCATIFS
SOCIAUX DE 2001 A 2006
Source : ARMOS, 2007
79 Le sud comprend la CIVIS et la CA Sud. Pour le
découpage par EPCI voir Annexe.
On considère ainsi qu'entre 2005 et 2006 ce sont seulement
21% des demandeurs qui ont pu être satisfaits.80
II-2-B) QUALITE DE L'OFFRE PROPOSEE
La faiblesse de la production quantitative est
indéniable et induit de lourdes conséquences pour les
réunionnais en attente d'un logement social. Comme nous l'avons
déjà évoqué la population se caractérise par
sa relative précarité. Ainsi, le parc social se répartit
entre plusieurs types de financements qui conditionnent les loyers
pratiqués. La grande partie de la population réunionnaise se
trouve ainsi éligible aux Logements Locatifs Très Sociaux (LLTS)
qui constituent la catégorie de logement social dont le loyer
pratiqué est le plus bas. Le graphique ci-dessous témoigne de la
répartition des ménages selon leur éligibilité aux
différents produits sociaux.81
FIGURE 24: ELIGIBILITE DES MENAGES AUX DIFFERENTS
PRODUITS DU LOGEMENT SOCIAL
Source :INSEE, 2006
80 ARMOS-oi, Le parc, la demande, l'attribution des logements
sociaux { la Réunion, Rapport annuel, édition 2007, p 17
81 Rappelons que nous ne prenons pas en compte le LES qui est un
produit { l'accession et que le PLS est considéré davantage comme
un produit locatif intermédiaire que social ce que nous me manquerons
d'évoquer plus largement par la suite. Toutefois, l'intérêt
de ce graphique est de montrer que les LES et les PLS ont un grand role { jouer
dans la politique de l'habitat de l'ile.
Ce graphique dresse le constat sans appel de la
nécessité de produire en priorité des LLTS pour
répondre aux besoins de la population. Or, la réalité est
tout autre. Les LLTS parce qu'ils sont conditionnés { des loyers moins
élevés que les LLS sont des opérations difficiles à
équilibrer et qui nécessitent souvent la mobilisation de fonds
propres des bailleurs. C'est pour cela que l'on produit davantage de LLS. Le
parc locatif social de l'ile se compose ainsi principalement de ces derniers au
détriment d'une réponse adaptée aux besoins réels
de la population. Le graphique ci-dessous montre la répartition des
différents types de financement en 2007.82 Et permet de
constater la primauté des logements LLS sur les autres types de
financements.
FIGURE 25: TYPE DE FINANCEMENT DU PARC LOCATIF
SOCIAL A LA REUNION
ARMOS : 2007
L'inadéquation entre l'offre proposée et la
demande se concrétise aussi en termes de répartition
territoriale. Ainsi, les logements locatifs sociaux sont inégalement
répartis sur le territoire comme le montre la carte suivante. Or, comme
nous l'avons montré précédemment (cf : figure n°22)
la demande est importante dans l'ensemble des territoires.
82 Le type de financement « ancien » fait
référence à tous les produits ayant existés avant
1986.
FIGURE 26
Source: AGORAH 2008
Ainsi, il apparait que la demande en logement sociaux est
relativement soutenue et les années 2000 ont creusé un
écart plus important entre l'offre produite et la réalité
des besoins. De plus, les logements réalisés ainsi que leur
répartition ne semblent par répondre de manière totalement
satisfaisante à la demande.
II-3) LE FONCIER : UN VOLET ESSENTIEL A LA POLITIQUE DU
LOGEMENT SOCIAL
Comme nous l'évoquions précédemment, la
défiscalisation a induit une augmentation rapide et importante des prix
du foncier. Certes, la loi Girardin a entrainé une progression rapide
des prix mais la situation d'insularité ajoutée { des besoins
grandissant en logement et par conséquent en équipements
etc.....conditionnent une augmentation inévitable des prix du
foncier.
Ces prix élevés entrainent des
difficultés pour équilibrer les opérations. La
réalisation d'opérations de logements sociaux est donc
conditionnée par la mise en place d'une réelle politique
foncière de la part des communes qui sont les principaux acteurs en la
matière.
Nous verrons dans un premier temps la question de la mise en
place d'une véritable politique foncière puis dans un second
temps la nécessité de relancer des opérations
d'aménagement.
II-3-A) POSER LES JALONS D'UNE VERITABLE POLITIQUE
FONCIERE
En 2007, l'AGORAH estimait que les communes détenaient
70% des réserves foncières (le reste étant alors
attribué { l'Etablissement Public Foncier de la Réunion ou aux
SEM d'aménagements). Toutefois, malgré leur position
privilégiée pour mettre { disposition des terrains
nécessaires à la réalisation de logements sociaux, il y
aurait un manque d'engagement manifeste de la part de nombreuses communes d'une
part { cause de leur faible solvabilité, d'autre part a cause de la
faible coordination entre elles et l'Etat.83
C'est probablement pour remédier { cela que des
Contrats d'Objectifs Fonciers (COF) ont été mis en place dans le
département. Ils sont signés par le préfet et les maires
et ont pour objectifs de contractualiser l'engagement pris pour
développer une action foncière en faveur du logement social. Les
communes mobilisant du foncier se voyant ainsi octroyer les crédits LBU
en priorité.
83 Commission des Finances, du contrôle budgétaire
et des comptes économiques de la Nation,Rapport d'information sur le
logement en outre mer, Annexe au procès-verbal de la séance du 27
mai 2008, p 49
Conscients de la nécessité de pratiquer une
politique de maitrise foncière, les communautés
d'agglomérations de la CINOR et du TCO84 ont émis dans
leur dernier Programme Local de l'Habitat la volonté d'aider les
communes { développer une action foncière active. Cela permettra
{ ces structures intercommunales de s'assurer de la maitrise foncière
nécessaire à la réalisation des objectifs de production de
logements sociaux inscrit dans leur PLH.
La mise en place de l'EPFR dont le rôle est «
d'acquérir des propriétés foncières ou
immobilières pour le compte de ses membres ou de toute personne publique
afin, d'une part, de constituer des réserves foncières et,
d'autre part, de réaliser ou de favoriser des opérations
d'aménagement » 85 a permis à partir de 2002 de poser
les premiers jalons d'une véritable politique foncière {
l'échelle du département.
Dans sa programmation 2009-2013, l'EPFR a prévu de
contribuer { la réalisation de l'objectifs de 5000 logements sociaux
annuels prévus par l'Etat et le département. Il va prioriser
l'action du foncier pour les logements aidés en apportant notamment sa
contribution { la mise en oeuvre des COF.
Entre 2003 et 2008 il a réalisé 117 acquisitions
représentant 163 hectares. Ses résultats ont été
plutôt mitigés. La faiblesse des moyens de l'EPFR a fait qu'il n'a
« pu dégager en 2007 qu'une réserve foncière
équivalent à une année et demie de production pour un seul
Organisme de Logement Social (OLS) réunionnais », comme
l'indique le secrétariat d'Etat à l'outre-mer. De plus, pendant
ces années l{, l'ensemble des communes de l'ile n'avaient pas
adhéré { l'établissement. Aujourd'hui, l'ensemble des
communes et intercommunalités y adhèrent et l'EPFR tente de
poursuivre ses actions en essayant d'obtenir un meilleur bilan en 2013.
84 Ces deux communautés d'agglomération viennent de
terminer leur second PLH. La CIREST n'a pas encore terminée son second
document de programmation, quant{ la CIVIS et{ la CA SUD elle n'ont pour le
moment réalisé aucun PLH communautaire.
85 Ibid, p 50
II-3-B) LIBERER DU FONCIER AMENAGE : UNE NECESSITE
En plus de la nécessité de constituer des
ressources foncières, la mobilisation de foncier { travers la mise en
place d'opérations d'aménagement telles que les Zones
d'Aménagement Concertées(ZAC) semble nécessaire. En effet,
à partir des années 1990 le poids des logements sociaux issus de
ZAC est devenu considérable comme nous l'indique le graphique suivant.
En 2006, près de 30% du parc de logements locatifs sociaux se situait en
ZAC.
FIGURE 27: PRODUCTION DE LOGEMENTS LOCATIFS
SOCIAUX
Source : AGORAH
Les opérations d'aménagement jouent donc un
rôle primordial dans la constitution d'un nouveau parc locatif social.
Toutefois, ces dernières années, la proportion de logements
sociaux dans ces opérations diminue : d'une part parce qu'il existe
moins d'opérations « très sociales » et d'autres part
parce qu'il y a eu davantage d'opérations « peu sociales » a
cause de la défiscalisation Girardin. Mais ce qui pose le plus de
problèmes depuis quelques années c'est surtout la diminution du
nombre d'opérations d'aménagement. Celles-ci sont en effet
complexes à mettre en place et nécessitent une ingénierie
technique dont ne disposent pas les communes86. Ce sont
également des opérations souvent déficitaires et
l'état actuel des finances des communes ne leur permet pas de lancer de
nouvelles opérations. Lors des années où la
défiscalisation
86 Avant 2005 les concessions d'aménagements
étaient confiées sans mise en concurrence aux SEM par les
collectivités qui étaient associées dès le
début des études jusqu'{ la livraison des logements. Depuis
l'obligation de mise en concurrence des SEM les difficultés se sont
accrues puisque les collectivités doivent s'impliquer davantage y
compris financièrement, d'où leurs difficultés { suivre
ces opérations. Source : Foucque, Evolution des acteurs du logement
et de l'aménagement et de leur cadre d'intervention à la
Réunion, 2010, p 3 et 4
Girardin rencontrait du succès cela permettait de
maintenir l'équilibre de ce type d'opération : « la
charge foncière amenée par les promoteurs privés
permettait l'équilibre des opérations publiques
d'aménagement, que la production de logements sociaux ne garantissait
pas. (...) Aujourd'hui d'ailleurs, les choses deviennent compliquées car
l'équilibre de ces opérations d'aménagement n'est plus
assuré ».87 Elles sont pourtant jugées comme
essentielles par de nombreux acteurs du logement social.88
Les années 2000 sont ainsi marquées par la
situation catastrophique du logement locatif social. La production a
baissé de manière conséquente à cause de la
combinaison de plusieurs facteurs. Nous l'avons vu, les difficultés des
bailleurs sont bien réelles et nécessitent de repenser la
manière de financer et de produire du logement social sur l'ile. En
effet, la demande est toujours soutenue et ne va cesser de s'accroitre au fil
des années. Le constat de crise du logement social pose question quant {
l'avenir de la politique en matière d'habitat sur l'ile qui a
été pendant plusieurs années très influencée
par le succès de la défiscalisation.
87 Vergriete, Les mécanismes de la production du
logement à la Réunion, non publié.p 9
88 Entretien avec M Zmberger, SIDR, et M Oberlé, ARMOS
III) DE NOUVEAUX MODES DE PRODUCTION QUI POSENT QUESTION FACE A
L'AMPLEUR DE LA DEMANDE
Le succès de la défiscalisation dans les
années 2000 a été tel que ses conséquences ont
été sans précédent. Très souvent
critiqué, le dispositif Girardin, s'il a permis de nourrir le
marché de la location, a effectivement entrainé de nombreux
effets pervers.
En 2008, un retournement du marché a eu raison du
succès de ce dispositif. Au regard de la production privée et
sociale des années précédentes et des besoins réels
de la population se pose alors la question du juste équilibre à
atteindre afin de couvrir, enfin, tous les segments du marché.
Nous évoquerons ici les conséquences
négatives du dispositif Girardin. Par la suite, nous tenterons de
raisonner sur les besoins estimés en logements locatifs toutes
catégories confondues. Cela nous permettra de mieux appréhender
la suite de notre développement qui abordera la question
réorientation de la défiscalisation en faveur du logement
social.
III-1) DU MYTHE A LA REALITE DE LA DEFISCALISATION
GIRARDIN.
Nous l'avons évoqué, la défiscalisation
n'a pas permis de répondre de manière satisfaisante aux besoins
en logement de la population. Elle a surtout permis d'accroitre
quantitativement l'offre en logement locatifs privés sur l'ile, mais
cela n'aura duré que quelques années et de manière
excessive. Le dispositif a en effet cessé d'avoir du succès {
partir de 2008, un retournement significatif du marché s'étant
opéré.
Il convient alors de s'interroger sur la
légitimité d'un tel dispositif. Nous le verrons, celui-ci a connu
de nombreux effets pervers. Nous verrons également qu'il a globalement
permis de détendre le marché de la location mais pas de
manière significative pour produire un réel effet pour les
ménages. Enfin, nous reviendrons sur la question du coût d'un tel
dispositif pour l'Etat.
III-1-A) LES DERIVES DU SYSTEME
Le succès du dispositif Girardin auprès
d'investisseurs métropolitains a entrainé une hausse
conséquente de la demande. L'ensemble de la chaine des acteurs
impliqués dans la défiscalisation immobilière y a alors vu
une manne financière dont ils pouvaient tirer profit ce qui a
entrainé de nombreux abus. Par ailleurs, l'Etat n'a pas mis en place de
moyens pour réguler ce système et la production de logements qui
en découle. Les communes quant à elles ont également peu
régulé le système. Elles se sont plutôt
positionnées dans une logique libérale laissant <<
faire le marché par volonté ou incapacité de le
réguler >.89
Les promoteurs cherchant à tirer profit du
succès de la défiscalisation ont donc entrainé la
production d'opérations de logements ne correspondant pas
entièrement { la demande. La plupart d'entre eux n'ayant tenu compte
d'aucune étude de marché.
La nécessité de toucher le maximum
d'investisseurs a induit la production massive de logements ne dépassant
pas les 200 000 euros, or les marges de constructions étaient telles
qu'{ ce prix il n'était possible de proposer qu'une offre en logements
de petites tailles, ne correspondant pas à la structure des
ménages réunionnais comme nous l'avons montré
précédemment. De plus, les prix élevés { l'achat
ajouté aux plafonds de loyers << intermédiaires >
fixés par la loi ont eu pour conséquence d'entrainer les
investisseurs à souhaiter un certain niveau de loyers leurs permettant
de tirer avantage de leur << produit >. Or, cela a entrainé des
loyers totalement déconnectés de la réalité du
marché autant pour le locatif intermédiaire que pour le locatif
libre. Ces loyers ne correspondaient en effet en rien aux capacités des
ménages de l'ile. Enfin, la localisation des opérations ne s'est
pas non plus basée sur la réalité des besoins. De
nombreuses opérations ont été réalisées
là ou la demande en logement collectif à la location était
faible. Dans d'autres secteurs, la demande était élevée
mais la quantité de logements construits à été
telle que le marché s'en est trouvé saturé au bout de
quelques années.
89 Vergriete, Les mécanismes de la production du
logement à la Réunion, non publié.p9
Tous ces éléments qui témoignent de la
non prise en compte du marché ont entrainé des difficultés
pour louer les logements : les investisseurs-propriétaires ont dû
considérablement baisser le montant de leur loyer voir même
parfois offrir des mois gratuits ou du mobilier pour trouver des locataires.
Cela n'empêche pas que de nombreux logements restent vides. En 2010,
certains estimaient que 2000 à 3000 logements étaient vides dans
la seule commune du Tampon. 90
FIGURE 28: EXEMPLE DE CONSTRUCTION DEFISCALISEE NE
TROUVANT PAS DE LOCATAIRES A
SAINT DENIS.
Source : Sénat
Dans la situation de crise du logement que connait la
Réunion actuellement il est regrettable de constater la vacance de
nombreux logements mais également les situations de locations
effectuées dans de mauvaises conditions (surpeuplement,
difficultés financières...).
Les abus de la défiscalisation se font également
ressentir en termes d'aménagement et d'équipements. De nombreux
quartiers où il s'est beaucoup construit se retrouvent ainsi
dépourvus de réseaux viaires satisfaisants ou encore des
équipements nécessaires, les communes n'ayant pas suffisamment
anticipé.
90 Ibid p 6
III-1-B) UN MARCHE DE LA LOCATION DETENDU MAIS DES DIFFICULTES
QUI PERSISTENT
Le principe de la défiscalisation des investissements
locatifs est de permettre une production massive de nouveaux logements. Cette
production devait permettre d'augmenter l'offre en logement locatifs afin de
détendre ce marché.
Ainsi, après une hausse des prix des loyers jusqu'en
2006, une stagnation puis une légère baisse a pu être
observée dès 2007. Cela s'explique par l'effet de correspondance
structurelle entre l'offre et la demande voir même de saturation sur
certains bassins d'habitat. Cette conséquence est positive puisque nous
n'avons cessé de le dire beaucoup de ménages réunionnais
sont en situation de précarité et le parc social ne peut tous les
loger. Le tableau suivant met en évidence l'évolution des loyers
en fonction notamment de l'inflation.
FIGURE 29:EVOLUTION DES LOYERS EN FONCTION DE
L'INFLATION ENTRE 2005 ET 2009
Source : INSEE, 2010
Toutefois, malgré cette baisse les loyers restent toujours
relativement élevés et représentent toujours un poids
important dans le budget des familles.
Dans son Observatoire des Loyers l'AGORAH a
réalisé des simulations afin de mettre en avant la
capacité locative des ménages réunionnais selon la taille
des logements et le bassin d'habitat.
FIGURE 30: CAPACITE LOCATIVE DES MENAGES EN FONCTION
DE LA TAILLE DES LOGEMENTS
Source : AGORAH, 2010
Nous constatons grâce à ces simulations que les
ménages touchant 1 ou 2 SMIC mensuels éprouvent de relatives
difficultés à se loger et ce dans la majorité des bassins
d'habitat. En dépit du fait que le marché de la location
privé ait été détendu, la difficulté de se
loger dans le parc locatif privé pour les ménages
intermédiaires reste toujours effective.
Bien que la défiscalisation ait quelque peu
détendu le marché de la location privée elle pourrait
avoir des conséquences inverses et jouer sur un autre secteur du
marché. En effet, les produits issus de ce dispositif peuvent être
revendus après 5 à 6 ans de location. Les investisseurs ayant
pour la plupart perçu ce dispositif non pas comme un investissement
patrimonial mais comme un produit financier, beaucoup d'entre eux cherchent
à revendre ces logements. Si les investisseurs se mettaient à
revendre massivement leurs logements cela pourrait entrainer une chute des prix
à la vente dans l'ancien mais également, et pour ce qui nous
intéresse, une baisse de l'offre locative et donc une nouvelle hausse
des prix.
III-1-C) UN COUT ELEVE POUR L'ETAT
L'autre souhait de l'Etat en mettant en place un tel
dispositif était de relancer le secteur du BTP qui, comme l'avons
déj{ précisé, a un poids relativement important dans
l'économie réunionnaise et ultramarine en général.
Nous avons également précisé que la défiscalisation
avait effectivement entrainé une hausse des emplois dans ce secteur.
Toutefois, le coût de ces emplois se révèle exorbitant, un
récent rapport du Sénat en 200891 a mis en
évidence que sur l'ensemble de l'outremer la création d'un seul
emploi nécessite une dépense fiscale de 800 000 euros. C'est donc
un dispositif très couteux pour l'Etat. Par ailleurs, en 2008 la
dépense fiscale en matière d'impôt sur le revenu
s'élevait a 250 millions d'euros pour l'ensemble de l'outremer ce qui
est considérablement élevé au regard des obligations de
restrictions budgétaire en cours depuis quelques années. Ce
rapport a pris en compte uniquement les défiscalisations au titre de
l'impôt sur le revenu car ce sont les plus fréquentes, il
écarte donc les défiscalisations au titre de l'impôt sur
les sociétés qui augmenteraient un peu plus le coût de ce
dispositif pour l'Etat.
FIGURE 31: EVOLUTION DE L'ESTIMATION DE LA DEPENSE
FISCALE AU TITRE DE L'IMPOT SUR LE
REVENU CONSACREE AU LOGEMENT EN OUTRE
MER
Source : Sénat 2008
91 Commission des Finances, du contrôle budgétaire
et des comptes économiques de la Nation,Rapport d'information sur le
logement en outre mer, Annexe au procès-verbal de la séance du 27
mai 2008 , p 18
Ainsi, { l'observation de cette courbe, le rapport du
Sénat précité en déduit que « le
coût de la dépense fiscale en matière d'impôts sur le
revenu relative au logement en outre-mer n'est absolument pas
maîtrisé »
Ce dispositif a toutefois connu un revers et son succès
à pris fin en 2008 suite à un retournement du marché. Les
facteurs explicatifs seraient de divers ordres et ne font pas
systématiquement l'unanimité des acteurs rencontrés. Nous
retiendrons principalement que la mise en place du dispositif
Scellier92 en métropoleaà concurrencé le
dispositif Girardin, le marché réunionnais devenant par ailleurs
saturé et le foncier aménagé de plus en plus difficile {
trouver. Dans le même temps, l'effet « crise financière
» a probablement lui aussi joué.
Le dispositif Girardin était prévu jusqu'en 2017,
il prendra fin plus tôt que prévu. Pour les investissements en
secteur libre le dispositif s'arrête fin 2011 tandis que pour le secteur
intermédiaire il s'arrête fin 2012. Par ailleurs, l'avantage
fiscal a été considérablement diminué comme le
montre le tableau suivant :
FIGURE 32: TAUX DE LA REDUCTION D'IMPOT
"INVESTISSEMENTS LOCATIFS"
Source : Sénat
Un nouveau dispositif a par ailleurs été mis en
place avec la Loi d'Orientation pour le Développement Economique des
Outre Mer ( LODEOM) en 2008. Il s'agit du dispositif Scellier pour
l'Outre-mer93. Les avantages fiscaux se révèlent moins
intéressant, que pour le dispositif Girardin et la durée
d'obligation locative est portée { 9 ans (contre 5 ou 6 ans en
Girardin). Pour le dispositif classique, le taux de réduction
d'impôt est de 36% en contrepartie le respect d'un plafond de 12.29 euros
le m2 est obligatoire. Pour le Scellier intermédiaire le taux
de réduction est de 36% mais peut être plus élevé si
la durée de location de 9 ans est
dépassée94.
92 Dispositif apparu fin 2008 et succédant aux dispositifs
Robien et Boorlo
93 Pour plus de précisions, consulter l'annexe n°
4.
94 « Si, à l'issue de la période de
location initiale de 9 ans, le bien reste loué dans les conditions
prévues par le dispositif intermédiaire, il pourra
bénéficier d'un supplément de réduction
d'impôt de 5 % du prix de revient du logement par période de 3
ans, deux fois maximum. » ADIL : La défiscalisation
Scellier Outre mer, Investissement locatif , 2011
Ainsi, les dérives du système de
défiscalisation Girardin ont conduit de nombreuses personnalités
notamment politiques à conclure { l'inefficacité du dispositif et
à proposer son réaménagement. Les réalités
du marché n'ont pas été prises en compte et ont conduit {
toutes sortes d'abus durant plusieurs années ce qui a entrainé la
production d'une offre inadéquate avec la demande.
III-2) LES BESOINS REELS DE LA POPULATION EN TERME D'OFFRE
LOCATIVE
Nous avons effectué un bilan du dispositif Girardin qui
nous a conduit à conclure { l'inefficacité de ce dispositif. En
plus de cela, pendant plusieurs années la production de logements
locatifs sociaux était en berne.
Nous souhaitons par conséquent, avant de poursuivre notre
étude, nous interroger sur les besoins estimés en logements
locatifs et ce quelle que soit leur catégorie.
Afin de mieux cerner les besoins réels de la population
réunionnaise en termes d'offre locative, nous allons reprendre les
simulations établies en 2008 par l'AGORAH et le groupe
«défiscalisation du logement» animé par la Cellule
Economique du BTP Réunionnais (CER BTP) et différents acteurs
locaux (FRBTP, ARMOS, DEAL, EPFR...).
Le groupe a estimé à 11 000 le nombre de
logements neufs qu'il était nécessaire de livrer chaque
années, dont 6 500 dans le secteur locatif. Pendant les années
fastes de la défiscalisation on atteignait ce niveau, sans que, comme
nous l'avons précisé cela ne corresponde qualitativement aux
besoins des habitants.
Ainsi, le CERBTP a établi un tableau présentant les
besoins estimés selon les différentes catégories de
logements à la location.
Leurs simulations se basent sur les besoins estimés en
fonction des revenus de la population. Ils dressent ainsi le tableau suivant.
Les loyers qui y sont fixés désignent les prix auxquels se louent
les différents produits ce qui peut correspondre à des niveaux
inférieurs aux seuils fixés par la loi. C'est pour cela que les
produits intermédiaires issus de la défiscalisation sont
fixés à une tranche de 9.6 à 11.6 euros.
FIGURE 33:NIVEAU DE PRODUCTION ET BESOINS ESTIMES PAR
AN
Source : AGORAH, 2008
Il a été constaté, comme nous l'avons par
ailleurs montré, que les niveaux fixés pour la
défiscalisation intermédiaire ne correspondent pas à la
réalité des capacités locatives des ménages. Le
constat est le même pour les plafonds des Prêts Locatifs Sociaux
qui constituent la tranche supérieure du logement locatif social. Ces
constats ont conduit le CER BTP à préconiser des plafonds de
loyers plus adaptés pour ces deux produits : 7.50 euros/m2
pour les PLS plutôt que 9.60 et 9 euros/m2 pour le locatif
intermédiaire issu de la défiscalisation plutôt que
11.6euros.
Nous n'avons cessé de le répéter, les
besoins en logements et notamment en logements sociaux sont très
importants. La situation de crise a été accentuée ces
dernières années par la faiblesse de la production. Ainsi, le
graphique suivant met en avant la faiblesse de la production de logements
locatifs sociaux par rapport à la production de logements locatifs
privé.
FIGURE 34: NOMBRE DE LOGEMENTS LOCATIFS SELON L'ANNEE
DE CONSTRUCTION
Source : INSEE, 2006
Le parc locatif privé accueille aussi des ménages
modestes puisque 42% des locataires les plus pauvres logent dans le secteur
privé Ainsi, une partie du parc privé joue un rôle de
« parc social de fait > puisqu'il accueille des occupants { bas
revenus. Ces ménages se
trouvent très souvent dans des logements indécents
ou indignes ou encore en situation de surpeuplement95 comme nous
l'avons évoqué précédemment.
Dans le parc privé, il existe également une
partie qui est issue des dispositifs de défiscalisation en faveur des
ménages intermédiaire. Toutefois, nous avons montré que ce
type de logement parce qu'il proposait des prix non adapté ne pouvait
être considéré comme du véritable logement «
intermédiaire >. Le dispositif Girardin a cessé d'avoir du
succès { partir de 2008. La loi Scellier DOM est venue s'ajouter { ce
dispositif. Il permet lui aussi de construire du logement intermédiaire
mais cette fois les critères semblent mieux ajustés à la
réalité des familles puisque les plafonds de loyers et de
ressources ont été ajustés. Toutefois, ces critères
restent encore un peu éloignés des préconisations du
CERBTP. A l'heure actuelle ce dispositif ne rencontre pas vraiment de
succès et donc nous ne pouvons en mesurer les effets.
L'idée de produire de l'intermédiaire reste
toutefois essentielle. C'est en effet un segment de marché qu'il est
nécessaire de développer comme l'a montré le CER BTP au
travers de ses simulations sur les besoins estimés. Nous
considérons ainsi que les logements PLS bien qu'ils appartiennent { la
catégorie des logements sociaux sont une catégorie de logements
intermédiaire qu'il faut développer mais aussi
réaménager pour qu'ils correspondent mieux aux capacités
financières de la catégorie de ménage fixée.
Conclusion :
La défiscalisation Girardin a permis d'accroitre
l'offre locative de manière quantitative mais n'a pas su apporter des
réponses qualitatives réellement satisfaisantes. Ce dispositif a
nourri considérablement un seul segment du marché et à
l'excès ce qui est regrettable.
Nous l'avons vu en effet, les besoins en termes d'offre
locative sont bien plus diversifiés. D'un coté, l'offre en
véritables logements intermédiaires doit être
développée notamment au travers des PLS. D'un autre
coté, l'offre en logements locatifs sociaux doit
95 20% de ces locataires se trouvent dans le parc
traditionnel, et 40% logent dans des petits logements (T1 et T2). Ces deux
constats nous font supposer qu'une partie subit des conditions de logements
indignes, car c'est souvent le cas du parc traditionnel, ou alors de
surpeuplement.
impérativement être renforcée. La baisse
considérable de la production de logements sociaux de ces
dernières années a entrainé une situation de crise sans
précédent. En effet, la production de logements sociaux a
toujours été en deçà des besoins et la faible
production de ces dernières années a considérablement
creusé l'écart. Les difficultés des bailleurs à
produire de nouveaux logements dans le contexte que nous avons
présenté (augmentation des différents postes,
difficulté de trouver du foncier etc....) nécessitent de mettre
en place de véritables solutions permettant de relancer la production de
logements locatifs sociaux.
En 2009, alors que le succès du dispositif Girardin
prenait fin, il a été décidé de réorienter
la défiscalisation en faveur du logement social, comme le
préconisait alors de nombreux acteurs et de nombreux rapports. Toute la
question est donc de savoir si ce dispositif peut constituer un
véritable levier pour la production de logements locatifs sociaux.
PARTIE 3 :
LA DEFISCALISATION DU LOGEMENT LOCATIF SOCIAL.
Après les années fastes de la
défiscalisation Girardin et la construction massive de programmes
immobiliers destinés à de la location libre ou
intermédiaire, nombreuses sont les personnalités publiques,
élus ou acteurs du monde du logement à avoir proposé une
réorientation du dispositif en faveur du logement social.
Il est vrai que les besoins en logement sociaux sont
relativement importants et le succès du dispositif Girardin avait vu en
parallèle la crise de la production de logements locatif sociaux battre
son plein. Mais la défiscalisation Girardin a elle aussi connu son
revers en 2008 lorsqu'un retournement du marché a sonné le glas
du dispositif.
En mai 2009 est alors votée la « Loi pour le
Développement Economique de l'Outre Mer > dite LODEOM. Un de ses
volets consistait notamment { réaménager l'outil de
défiscalisation en faveur du logement social.
Aujourd'hui, près de deux années après
l'instauration du dispositif, s'il est difficile d'établir un bilan de
celui-ci nous pouvons en revanche déjà nous interroger sur sa
pertinence comme levier pour la production de logements locatifs sociaux.
Nous verrons pour cela comment fonctionne ce dispositif et
quels sont les logements qu'il a permis de financer. Nous verrons
également que de nombreux éléments nuisent au bon
fonctionnement de ce dispositif mais aussi qu'il provoque de nombreux
débats. Enfin, nous tenterons de mettre en perspective nos observations
avec des préconisations pour répondre aux enjeux en
matière de logement social dans les années.
I) REORIENTER LA DEFISCALISATION EN FAVEUR DU LOGEMENT
SOCIAL
La défiscalisation du logement social est un nouveau
mode de financement qui diffère des montages financiers basés
essentiellement sur l'aide { la pierre perçue pour chaque
opération de logements. Elle permet en effet de mobiliser des fonds
provenant d'investisseurs pour relancer la dynamique de construction de
logements locatifs sociaux, qui avait été considérablement
ralenti pendant les années précédentes, en apportant un
équivalent-subvention supplémentaire.
En dépit du manque de recul dont nous disposons, qui
s'explique par la mise en place récente de ce dispositif, il semble
d'ores et déj{ que la défiscalisation parvienne { faire un effet
de levier en relançant la production de nouvelles opérations
Nous allons dans un premier temps expliquer le principe
juridique du fonctionnement de ce nouveau dispositif de défiscalisation,
puis présenterons le principe du recours aux Ventes en L'Etat Futur
d'Achèvement (VEFA) qui a débuté { la même
période. Enfin, nous reviendrons sur les bénéfices
quantitatifs de ce dispositif et nous nous interrogerons sur la concordance
qualitative entre cette nouvelle production et les besoins de la population.
I1) PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT
Le recours à la défiscalisation pour
réaliser des opérations de logements locatifs sociaux est un
montage complexe { mettre en oeuvre. Il convient pour cela d'expliquer
clairement en quoi consiste le montage d'une telle opération de
logements issue de ce dispositif
Au même moment que la défiscalisation est apparu
le rachat des opérations en Vente en L'Etat Futur d'Achèvement
des promoteurs immobiliers par les bailleurs de l'ile. Nous présenterons
donc également cette nouvelle manière qu'ont les bailleurs
sociaux de la Réunion d'accroitre leur patrimoine.
I-1-A) POINT JURIDIQUE
Le principe du régime de défiscalisation du
logement social se base sur deux articles du code Général des
Impôts (CGI).
Article 199 undécies C du CGI.
Il a été instauré par la LODEOM. Des
particuliers souhaitant bénéficier d'une réduction
d'impôt peuvent selon cet article investir dans une société
type Société Civile Immobilière(SCI) ou une
Société par Actions Simplifiée96 (SAS) pour la
réalisation d'un programme immobilier. Ce nouveau dispositif s'inspire
de l'article 199 undecies sur l'investissement productif qui fonctionne selon
le même schéma. Les logements sont considérés ici
comme de purs produits financiers et en aucun cas comme des investissements
patrimoniaux Chaque investisseur aura ainsi des parts dans la
société et sera rémunéré en fonction de ses
parts.
Le programme immobilier a pour obligation de posséder
un minimum de 30% de LLS mais il peut en avoir 100%. Le programme
réalisé n'est pas obligatoirement un même immeuble mais un
programme concerné par une même demande d'agrément. Il doit
nécessaire répondre à des critères de performances
énergétiques : équipement de production d'énergie
renouvelable, chauffe eau solaire et matériaux d'isolation permettant
l'économie d'énergie.
Les logements doivent obligatoirement être loués
à un bailleur social pendant 5 ans au terme desquels le logement sera
obligatoirement racheté par le bailleur. Pendant les cinq années
de location, le bailleur sous-loue les logements à des personnes
éligibles aux critères sociaux. Le changement de
propriété qui a lieu au bout des cinq années n'a aucune
conséquence pour les locataires du social.
Concernant le montant de la défiscalisation, il est
relativement faible pour les investisseurs au regard des dispositifs
précédents. En effet, la réduction d'impôt est de
96 Elles doivent pour cela recevoir l'agrément du
ministère.
50% du prix de revient mais l'investisseur doit
rétrocéder au minimum 65% de l'avantage fiscal { l'organisme de
logement social. Le bailleur obtient ainsi un montant d'environ
32.5%97 d'équivalente subvention
L'avantage fiscal est relativement faible pour l'investisseur
(de l'ordre de 20%) mais ce dispositif présente l'avantage d'être
sûr puisque le logement sera facilement loué et qu'il sera
obligatoirement revendu au terme des cinq années.
Article 217 undecies du CGI.
La défiscalisation du logement social repose
également sur cet autre article qui existait déjà depuis
la loi Girardin : il s'agit de la défiscalisation { l'impôt sur
les sociétés. Toutefois, il n'était pas réellement
utilisé comme tel. La mise en place de la LODEOM a donc permis a cet
article du CGI déjà existant d'être utilisé pour le
logement social.
Le principe est qu'une société peut déduire
de ses résultats imposables le montant d'un investissement qu'elle aura
réalisé dans le secteur du logement. Pour cela, elle doit
investir, comme pour les particuliers, dans une structure de portage type SCI
ou SAS. Contrairement { la défiscalisation { l'IR il n'est pas soumis {
un objectif de mixité et peut permettre de défiscaliser sur un
programme 100% intermédiaire. En revanche, c'est seulement sous
condition de respecter cette mixité et que les logements soient
financés par des prêts aidés qu'il est possible de
bénéficier d'une réduction de la Taxe sur la Valeur
Ajoutée.
Le montant de la défiscalisation dépend du taux
d'impôt sur les sociétés (de 34.33% en 2010).La
rétrocession au bailleur social s'élève { 75% de
l'avantage fiscal ce qui lui permet de récupérer
25.8%98 au minimum.99
Actuellement, les deux dispositifs sont utilisés sans
que l'on puisse aisément déterminer lequel prend le pas sur
l'autre.100 Toutefois, il semble que le dispositif basé sur
la défiscalisation { l'IR ait progressé car « les taux
de rétrocession aux locataires ont progresse grâce a l'efficience
des circuits de distribution et aux rendements attractifs
97 Soit 50% de 65
98 Soit 34.5% de 75
99 Ce montant peut être supérieur en fonction de la
concurrence entre différents produits.
100 Entretien avec M.Nodolon du cabinet INGEPAR.
réserves aux investisseurs. L'avantage pour le
locataire est que le taux de rétrocession est définitivement
fixe, ce qui n'est pas le cas de l'IS (risque de variation du taux d'IS)
». 101
La LODEOM a prévu trois modalités de financement
des opérations de logement social : -L'utilisation de la
défiscalisation uniquement
-L'utilisation de la Ligne Budgétaire Unique (comme
c'était le cas jusqu'{ présent) -Le cumul de la
défiscalisation et de la LBU.
L'agrément du ministre du budget ainsi que des services
de la DEAL est obligatoire même sans utilisation de la subvention de la
LBU puisque c'est une condition { l'obtention d'un prêt de la CDC.
Le schéma ci-dessous permet de mettre en
évidence le fonctionnement du montage des opérations en
défiscalisation que ce soit pour la défiscalisation { l'IR ou la
défiscalisation { l'IS.
101 Ibid
FIGURE 35: SCHEMA JURIDIQUE POUR L'UTILISATION DE LA
DEFISCALISATION
Source : d'après INFI
On constate avec ce graphique que le recours à un
cabinet de défiscalisation est nécessaire pour monter les
opérations ce qui constitue un intermédiaire
supplémentaire.
I-1-B) PRINCIPE DES OPERATIONS EN VEFA
Ce qui a changé ces dernières années ce
n'est pas seulement la possibilité d'avoir recours { la
défiscalisation pour le montage d'opérations de logements
sociaux. Il s'agit également de l'acquisition d'opérations de
logements en Vente en l'Etat Futur d'Achèvement (VEFA) de la part des
bailleurs auprès des promoteurs immobiliers. Au départ, cela
faisait suite à une volonté du président de la
République Nicolas Sarkozy. Fin 2008, alors en pleine crise
financière le gouvernement décida de mettre en oeuvre un plan de
relance de l'économie. Parmi les diverses modalités de son plan
de relance il y avait la volonté de prévoir la construction de
100 000 logements sociaux dont 30 000 en VEFA.
La SIDR, SEM détenue en majorité par l'Etat a
été le premier bailleur social de l'ile { acquérir des
VEFA qui deviendraient des logements sociaux. Cela a permis dans un premier
temps d'écouler les stocks que les promoteurs n'arrivaient plus { vendre
à cause du retournement du marché survenu en défaveur du
dispositif Girardin.
Ces acquisitions ne se sont pas faites dans n'importe quelles
conditions. Les bailleurs ayant acquis principalement des programmes encore non
réalisés qui pouvaient encore faire l'objet d'un second permis de
construire, ils ont pu négocier avec les promoteurs d'adapter les
logements aux contraintes du logement social (par exemple un T2 social est plus
grand qu'un T2 privé). Une liste de critères a par ailleurs
été établi par la DEAL en matière de qualité
technique, urbaine et environnementale des projets et diffusée aux
bailleurs sociaux. Les 30 000 logements en VEFA prévus par Nicolas
Sarkozy ont rapidement été dépassés.
A la Réunion, tandis qu'au départ cela a permis
d'écouler les stocks des promoteurs on est passé petit à
petit à une production de VEFA spécialement pour le logement
social.
La production de logements sociaux en VEFA présente
plusieurs avantages. Cela permet de produire des logements rapidement puisque
un certain nombre de programmes disposaient déj{ du foncier, d'un permis
de construire déposé etc.....Cela permet également de
donner un nouveau souffle a l'activité des promoteurs immobiliers qui,
après des années fastes grâce au succès de la loi
Girardin, se sont retrouvés avec une baisse considérable de leur
activité. Les VEFA permettent également d'amener des logements
sociaux dans des quartiers où les bailleurs seuls n'auraient pas pu
réaliser des opérations, comme dans les centres villes où
le foncier est excessivement cher.
En 2009, les VEFA ont constitué plus de la
moitié des logements sociaux financés (1 286 sur un total de 2
563 logements) et en 2010 ce sont 3 213 logements locatifs sociaux qui ont
été financés dont 1790 VEFA.
Les VEFA constituent donc un levier considérable
à la production de logements locatifs sociaux. Toutefois, ces
opérations présentent des inconvénients. D'une part, le
fait d'avoir recours { une maitrise d'ouvrage externe peut poser
problème quant au suivi sur du long terme de ses opérations que
les bailleurs n'auront pas eux même réalisé. D'autre part,
la question de l'aménagement des quartiers dans lesquels se trouvent ces
opérations se pose. En effet, nous avons vu que le succès de la
défiscalisation conjugué
au manque d'anticipation des communes a eu pour
conséquences d'entrainer un « urbanisme de lotissement »
plutôt que des quartiers réellement aménagés avec
les équipements nécessaires. Avec les VEFA c'est le même
risque puisqu'il n'y a pas de réflexion à la base entre les
bailleurs et la collectivité.
Enfin, le dernier inconvénient de taille est celui de
coûter plus cher que les opérations propres puisque une partie du
coût bénéficie aux intermédiaires.
Ainsi, la mise en place du dispositif de
défiscalisation du logement social combiné avec le rachat des
opérations en VEFA devrait constituer un levier à la production
de logements locatifs sociaux dans un contexte de crise sans
précédent.
I-2) UNE PRODUCTION RELANCEE
Le principe de la défiscalisation était de
relancer la production de logements. Ici, nous ne pouvons pour le moment que
nous contenter de présenter les données des opérations
agrées. Cela nous permet de constater le rebond par rapport aux
années précédentes.
Toutefois, ce constat doit nécessairement s'accompagner
d'une réflexion sur les catégories de logements
réalisées ce qui permettra de mettre en perspective
réalisations quantitatives et qualitatives.
I-2-A) DE LA LBU A LA DEFISCALISATION :
RAPPEL DES MODALITES DE MONTAGE DES OPERATIONS.
Le montage d'opérations de logements locatifs sociaux
nécessite d'atteindre l'équilibre financier. Pour cela, lorsqu'il
s'agit de LLS et de LLTS l'organisme de logement social bénéficie
d'une aide { la pierre { travers la LBU, d'un prêt de la Caisse des
Dépôts et Consignation et le reste est comblé grâce
à des subventions diverses et des ressources propres. Pour rappel les
niveaux de loyers de LLTS est de 5.12 euros/m2 et le plafond de LLS
de 6.40 euros/m2. Le graphique suivant illustre le montage simple
d'une opération :
FIGURE 36: SCHEMA DU MONTAGE SIMPLE D'UNE OPERATION DE
LOGEMENTS LOCATIFS SOCIAUX
Source : d'après l' ARMOS
Les opérations de PLS entrainent des modalités
de montage différentes puisque ce type de logement n'ouvrent pas droit {
une subvention de la LBU mais sont équilibrées grâce aux
loyers plus élevés pratiqués : de l'ordre de 9.60 euros le
m2.
Les opérations de logements sociaux quelles qu'elles
soient ouvrent droit aux prêts de la CDC. Ils permettent également
d'être exonéré de Taxe sur le Foncier Bâti pendant un
certaine période et enfin ouvrent droit à une diminution de la
Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA).
La défiscalisation lorsqu'elle est combinée { la
LBU présente l'avantage de combler ce qui est normalement couvert par
les collectivités ou des fonds propres. Il était en effet de plus
en plus difficile pour les bailleurs de pouvoir trouver des financements pour
cette partie là. Les collectivités réunionnaises
rencontrent en effet des difficultés. Certaines communautés
d'agglomération ont toutefois inscrit dans leur PLH la
nécessité d'intervenir financièrement sur certaines
opérations de logements locatifs sociaux.102
I-2-B) UNE HAUSSE EFFECTIVE DE LA PRODUCTION
Depuis 2009, comme nous pouvons le constater grâce à
ce graphique la production de logements locatifs sociaux a
considérablement augmenté.
102 La CINOR souhaite aini contribuer aux financements
d'opérations sociales dertinées { de jeunes ménages,
tandis que le TCO souhaite contribuer au financement des LLTS.
FIGURE 37: TYPE DE LOGEMENTS LOCATIFS FINANCES
DEPUIS 2007
Source : DEAL
L'effet conjugué de l'utilisation de la
défiscalisation et du recours aux VEFA des promoteurs a permis de
relancer la production de ces logements qui était en souffrance depuis
plusieurs années.
La défiscalisation présente l'avantage de
pouvoir construire davantage de logements sans mobiliser excessivement la LBU.
Ainsi, la DEAL se plait { rappeler qu'en 2010 « 51 millions d'euros de
LBU ont été mobilisés pour financer 1 404 logements en
montage sans défiscalisation alors que grâce à la
défiscalisation 21.8 millions d'euros ont permis de financer 1807
logements en montage mixte ».103
103 Conseil Départemental de l'Habitat, Assemblée
plénière du 22 juin 2011, 106 p
I-3-A) QUELS MODES DE FINANCEMENT POUR QUELS LOGEMENTS ?
Depuis la parution de la LODEOM trois types de financement sont
potentiellement utilisables pour réaliser des logements locatifs sociaux
:
-Uniquement la LBU : montage simple que nous venons de
présenter
-LBU et défiscalisation
- Uniquement la défiscalisation.
Ces trois types de montages financiers ne sont pas applicables {
n'importe quelles opérations.
FIGURE 38:MODE DE FINANCEMENT DES LOGEMENTS LOCATIFS
SOCIAUX EN 2010
Source : CDH 2011
Nous constatons avec ce graphique que les LLTS ne sont jamais
financés uniquement avec la défiscalisation. Ce type de logement
qui constitue la tranche inférieure du LLS s'équilibre
difficilement en raison des plafonds de loyers, relativement bas, qu'ils
proposent aux locataires. Pour cette raison, l'utilisation unique de la
défiscalisation ne permet pas leur équilibre.
Concernant les PLS puisqu'ils ne bénéficient pas
de subvention de l'Etat, le montage en
défiscalisation est donc un réel avantage
puisqu'il permet d'apporter des subventions làoù
normalement il n'y en a pas.
Les LLS peuvent faire l'objet d'un montage en
défiscalisation uniquement mais sous certaines conditions : cela
concerne soit des opérations dont le prix de revient est relativement
faible (certaines VEFA par exemple) soit des capacités
financières qui peuvent être assumés par certains
bailleurs. Ce type de montage nécessite toutefois de solliciter la LBU
pour 1 euro symbolique ce qui permet d'accéder aux avantages
dédiés aux logements sociaux (baisse de la TVA etc.....). Ils
constituent par conséquent le seul type de logement social
réalisable selon les trois types de montage. Ils constituent
également la typologie de logement la plus réalisée depuis
leur mise en place en 1986.
I-3-B) TYPE DE LOGEMENTS PRODUITS ET REALITE DES
BESOINS
Nous l'avons précisé précédemment,
les besoins de la population réunionnaise s'orientent davantage vers des
logements en LLTS. Malheureusement, le recours à la
défiscalisation ne permet pas de faciliter le montage de ces
opérations. Elles continuent d'être difficiles { équilibrer
et par conséquent on continue de leur préférer les LLS.
(CF figure 36)
Comme nous l'avons précisé, la
défiscalisation est très avantageuse pour les PLS puisqu'elle
apporte une subvention normalement inexistante. Ces logements présentent
cependant le désavantage de proposer des loyers relativement
élevés pour la population réunionnaise. C'est en cela que
l'on peut davantage les rattacher { une catégorie de logements «
intermédiaires » et non « sociaux » comme nous l'avions
par ailleurs exposé. Les bailleurs utiliseraient ainsi les PLS
principalement pour améliorer l'équilibre financier des
opérations et favoriser la mixité sociale.
Développer l'offre en PLS semble positif puisque les
besoins de la population s'orientent aussi vers du véritable logement
intermédiaire. Toutefois, comme nous l'a préconisé le CER
BTP, un ajustement du plafond des loyers est nécessaire. Il est
également nécessaire de ne plus considérer ces logements
comme des logements sociaux.
Ainsi, le dispositif de défiscalisation semble reposer
sur un montage relativement complexe. Toutefois, ses bénéfices
semblent déjà se confirmer même si le bilan en terme
quantitatif n'atteint toujours par les besoins estimés pour la
population.
L'analyse qualitative détermine qu'il est toujours
difficile de produire du LLTS ce qui est regrettable étant donné
la réalité des besoins de la population. Il semble toutefois que
pour produire du PLS, qui normalement ne bénéficie pas de
subvention, cela soit réellement avantageux dès lors que l'on
considère cette catégorie comme un logement destiné
à un public intermédiaire et non relevant du logement social.
II) UN DISPOSITIF CONTROVERSE
Si la défiscalisation semble être une aubaine
pour relancer la construction de logements sociaux sur l'île parce
qu'elle draine des financements supplémentaires, recourir a ce
dispositif pour les bailleurs sociaux n'est pas des plus simples. En effet, de
nombreux éléments concourent à rendre complexe le montage
de ces opérations.
La défiscalisation appliquée au logement social
induit également un questionnement profond sur la
légitimité et le réel bénéfice de recourir a
des investisseurs pour financer le logement social qui a toujours fait l'objet
d'une intervention de l'Etat.
Nous verrons dans un premier temps quels
éléments conduisent aux difficultés rencontrées par
les bailleurs lorsqu'ils ont recours { la défiscalisation. Dans un
second temps, nous reviendrons sur les questions que posent l'utilisation de la
défiscalisation pour financer le logement social.
II-1) LA COMPLEXITE DU DISPOSITIF
La défiscalisation du logement locatif social est un
dispositif dont la mise en oeuvre est relativement complexe. Ces
difficultés sont de plusieurs ordres et nous allons ici en
présenter une partie. L'objectif n'est pas d'en faire une
présentation exhaustive mais bien de mettre en avant les principaux
freins à la production que peuvent rencontrer les bailleurs.
II-1-A) UNE LOI PEU PRECISE
Une des difficultés rencontrées par les
bailleurs a été directement induite par la LODEOM
elle-même. La loi ne présentait pas en effet toutes les
précisions requises afin de permettre aux bailleurs d'être en
mesure d'utiliser le dispositif de défiscalisation. Les premières
opérations ont donc été difficiles { mettre en oeuvre.
Il aura fallu notamment attendre le 15 janvier
2010104 pour que paraissent les décrets d'application du
dispositif de défiscalisation. Ils étaient nécessaires
à la bonne compréhension et utilisation du dispositif. A titre
d'exemple, les dépenses exclues et inclues dans l'assiette
défiscalisable n'étaient, avant ce décret, pas connues. La
parution de ce décret était très attendue et a permis de
résoudre plusieurs mois d'incertitudes juridiques.
Toutefois, même si les difficultés semblent
s'être quelques peu dissipées depuis la parution de ce
décret, il subsiste encore des incertitudes. Par exemple, concernant la
revente des logements au terme des cinq années de location toutes les
modalités ne sont pas encore connues (règlement des frais de
notaires, cessation de la structure de portage... )
II-1-B) LA NECESSAIRE REORGANISATION DES SERVICES
Le montage d'opérations utilisant la
défiscalisation est relativement complexe { mettre en oeuvre. Il s'agit
pour les bailleurs de faire de la finance et donc de réorganiser leurs
services en fonction. Dans la limite du possible, il leur a fallu embaucher des
spécialistes de la fiscalité. Il leur a également fallu
avoir recours à des prestataires extérieurs comme des avocats ou
des comptables.
II-1-C) LA COMPLEXITE DU MONTAGE DES DOSSIERS
Le montage des dossiers pour la réalisation
d'opérations de logement s'avère complexe. Le recours { la
défiscalisation nécessite de justifier l'ensemble des frais
concourant à la réalisation de l'opération. Les dossiers {
déposer { l'instruction sont donc plus complexes à mettre en
oeuvre que ne le sont les dossiers traitant d'opérations
subventionnées uniquement grâce à la LBU. 105
104 Ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des
collectivités territoriales, Décret n° 2010-58 du 15 janvier
2010 fixant les modalités d'application de l'article 199 undecies C du
code général des impôts relatif aux investissements
réalisés dans le secteur locatif social outre-mer
105 Cf Annexe n°7
Il y a également un problème vis-à-vis de
la subvention LBU lorsqu'il y a cumul avec la défiscalisation La base
éligible à la défiscalisation correspond au montant de
l'opération auquel on enlève la subvention de la LBU. Il est donc
impératif de connaitre le montant exact de cette subvention afin de
connaitre cette base et donc de monter le dossier. Le dépôt des
dossiers doit donc s'effectuer auprès de deux guichets : dans un premier
temps la DEAL qui fixe l'arrêté de subvention puis la Direction
Générale des Finances Publiques (DGFP) qui procède {
l'instruction de la demande d'aide fiscale. Une double instruction qui ne
facilite pas la tache des bailleurs. En plus de cela, la date de
dépôt des dossiers a été avancée en 2011 ce
qui a posé de nombreux problèmes.106
A ces difficultés là viennent également
s'ajouter certains paramètres à prendre en compte qui sont
réévalués chaque année comme la limite de la base
de réduction d'impôt en euro par mètre carré.107
108
II-1-D) DES DIFFICULTES INSURMONTABLES ?
Il ne s'agit pas ici de faire un inventaire exhaustif des
difficultés posées par le recours à la
défiscalisation par les bailleurs. Il s'agit plutôt de montrer de
quel ordre sont les difficultés qu'ils peuvent effectivement rencontrer.
Dans le contexte actuel de crise du logement, le recours à la
défiscalisation est un moyen de relancer une production en berne depuis
plusieurs années mais dans le même temps les difficultés
qu'entrainent ce dispositif concourent à un blocage de la production.
Ainsi l'Union Social pour l'Habitat outre mer ( USH outre mer)
dénonce ces difficultés : « les modalités, les
règles et les arbitrages d'instruction des programmes mobilisant la
défiscalisation sont contraire à l'esprit de la loi et la lettre
de la loi et bloquent à la fois l'engagement des crédits de la
défiscalisation et ceux de la LBU » 109
L'ensemble des acteurs du logement social a ainsi des
revendications visant { simplifier ce dispositif. Des modifications ont
déjà été apportées comme par exemple le fait
de ne
106 Source : M.Nodolon du cabinet INGEPAR : le dépôt
des dossiers a été avancé au 31 mars 2011 suite à
une directive préfectorale tandis que la date habituelle est le 31
mai.
107 Cela change également pour les dispositifs
privés
108A titre d'exemple : en 2009 : 2194 euro/m2 HT, en
2010 :2247euro/m2 HT
109 -USH outre mer, Stop au blocage, Communiqué de Presse
du 8 Novembre 2010
faire qu'un seul dossier plutôt que deux lorsque l'on a
recours au cumul de la LBU et de la défiscalisation. Cela était
réclamé notamment par l'USH DOM.
Les difficultés induites par le montage des dossiers en
défiscalisation sont également mises en avant dans des rapports
officiels de l'Assemblée nationale ou du Sénat. Un récent
rapport de l'Assemblée juge qu' « Il faudra par ailleurs
veiller à ce que le cumul de la LBU et des dispositifs de
défiscalisation soit facilité par les services de l'Etat ce qui
ne semble pas être le cas pour l'instant »110
Mais il faudra encore de nombreuses améliorations afin
que le système puisse être complètement efficient. L'USH
demande { ce titre que « La défiscalisation soit conduite dans
des conditions juridiquement sécurisées et transparentes selon
des règles simplifiées, déconcentrées et
cohérents entre services de l'Etat »111. A ce
propos, Marie Luce Penchard, secrétaire d'Etat { l'Outre Mer affirmait
en mars 2011 « j'ai demandé à la
délégation générale à l'outre-mer de
réfléchir, en relation avec les services du ministère du
Budget, aux nouvelles mesures de simplification dans les procédures
d'instruction qui pourraient être prises pour réduire les
délais ».112
Ainsi, la défiscalisation du logement social a
été mise en place pour relancer la production de logements
sociaux. Toutefois, étant donné les difficultés existantes
le dispositif ne peut être employé avec efficacité.
L'ensemble des acteurs du monde du logement ainsi que les représentants
du gouvernement sont d'accord avec ce constat. Cependant, même si des
efforts ont déj{ été faits { l'heure actuelle ceux-ci ne
sont toujours pas suffisants.
110 Commission des Finances, du contrôle
budgétaire et des comptes économiques de la Nation, Rapport
général sur le projet de loi de finances pour 1997,
Enregistré { la Présidence de l'Assemblée nationale le 29
septembre 2010
111 USH DOM, Op Cit
112 « La LODEOM est inopérante: le gouvernement
n'a pris seulement que 1/3 des decrets »
Témoignages.re, 26 mars
2011
http://www.temoignages.re/la-lodeom-est-inoperante-le-gouvernement-n-a-pris-seulement-que-1-3-
des-decrets,49006.html
II-2) LES CONTRADICTIONS DES POUVOIRS PUBLICS
A travers la LODEOM, le gouvernement a voulu afficher la
volonté de produire plus de logements locatifs sociaux capables de
répondre aux besoins grandissants de la population. Cependant, il nous
semble que la mise en place du dispositif de défiscalisation
soulève de nombreuses questions et met à jour des contradictions
évidentes de la part du gouvernement.
Nous souhaitons donc ici présenter dans un premier
temps les contradictions vis-à-vis de la LBU. Dans un second temps, nous
présenterons les contradictions face au débat sur les niches
fiscales. Enfin, nous montrerons en quoi l'intérêt de certains
acteurs légitime ce dispositif de défiscalisation.
II-2-A) LES ORIENTATIONS DE L'ETAT : UTILISER LE MOINS DE
LBU
Dans l'esprit de la LODEOM la défiscalisation est un
moyen supplémentaire d'augmenter la production de logements locatifs
sociaux en outre-mer. Suite a des inquiétudes de la part des acteurs du
logement dans les territoires concernés, un amendement a
été adopté en commission mixte paritaire prévoyant
que << la ligne budgétaire unique reste le socle du
financement du logement social dans les départements d'outre-mer
»
Dans la réalité des faits, il semble qu'il en
soit autrement. Les orientations données semblent être de plus en
plus en faveur d'une utilisation maximale de la défiscalisation au
profit d'une utilisation « uniquement en cas d'extrême
nécessité »113 de la LBU. Ainsi, une
circulaire du 1 Juin 2010114 indique que << sauf cas
particuliers, le recours à la défiscalisation
doit conduire à une modération de la subvention voire à
une absence totale de subvention ».115 Il est
précisé que la mixité de catégories de logements
(PLS/LLS par exemple) doit permettre un meilleur équilibre des
opérations et donc réduire le montant de la subvention. Cette
circulaire invite également à << limiter le
113 Entretien avec M.Zimberger, SIDR
114 CF annexe n°3
recours au double financement » à certaines
opérations qui apparaissent comme prioritaires :
-Opérations de LLTS
-Opération prioritaires de l'Etat (en zone
concernée par un Projet de Rénovation Urbaine(PRU) par
exemple)
-Opérations dont le cout de construction est
particulièrement élevé en raison des
caractéristiques du terrain (construction dans les hauts par
exemple).
Une seconde circulaire censée116
compléter celle précitée précise que c'est suite {
l'analyse d'opérations en cours ou déj{ financées qu'il
est apparu que l'équilibre peut être atteint sans avoir recours au
maximum de la subvention.
La défiscalisation apparait ainsi comme la
première aide financière { la réalisation d'une
opération de logement locatif social au détriment de la LBU. Or,
comme le précise un rapport de l'assemblée nationale sur la
LODEOM117 « l'esprit de la loi n,'est pas celui
là ». La défiscalisation, si elle permet d'être
un véritable levier { la production de logements locatifs sociaux ne
doit en aucun cas se substituer à la LBU. Assurer une production
suffisante de logements sociaux nécessite, comme le revendique l'USH
outre mer, une aide à la pierre pérenne et
sécurisé. La défiscalisation apparait comme un dispositif
qui n'est ni l'un ni l'autre. Même si ce dispositif continue d'être
utilisé il est, au regard de l'importance des besoins, impératif
de continuer { privilégier en priorité l'aide { la pierre et
surtout de la revaloriser de manière considérable.
II- 2- B) RELANCER LE LOCATIF SOCIAL AU DETRIMENT DES AUTRES
PRODUITS
Si la LBU se révèle insuffisante pour obtenir un
niveau de production de logements locatifs sociaux suffisant , il se trouve
que la situation s'est d'autant plus détériorée pour
115 Ce passage est d'ailleurs mis bien en évidence
puisqu'il est en gras souligné
116 CF annexe n°5
117 Commission des Finances, du contrôle
budgétaire et des comptes économiques de la Nation, Rapport
général sur le projet de loi de finances pour 1997,
Enregistré { la Présidence de l'Assemblée nationale le 29
septembre 2010
les autres produits qu'elle est censée financer. En
effet, nous pouvons légitimement supposer que par volonté de
mettre en avant la relance de la production de logements sociaux
résultant du rachat des opérations en VEFA et de l'utilisation de
la défiscalisation, la préfecture et la DEAL ont orienté
la répartition de la LBU en faveur du locatif au détriment des
autres produits.
FIGURE 39: REPARTITION DE LA LBU SELON LES
DIFFERENTS PRODUITS
Source : Sud Habitat Conseil
Bien que le présent mémoire s'intéresse {
la question du logement locatif social, il ne peut, selon nous, être
privilégié au dépend d'autres produits, tout aussi
essentiels, de la politique de l'habitat. Ainsi, la production de LES
s'avère relativement difficile depuis 2008 et l'Etat promet une
réforme de leur financement pour fin 2011. Concernant
l'amélioration, en dépit des situations d'insalubrité et
d'indignité encore nombreuses sur l'Ïle, l'Etat les finance de
moins en moins. Pourtant, si le conseil général finance certaines
opérations dites «d'améliorations légères
>> il revient normalement { l'Etat de financer les opérations
dites « d'améliorations lourdes » qui concernent les
situations les plus critiques.
II-2-C) << DANS CHAQUE NICHE FISCALE IL Y A UN GROS
CHIEN >
Cette phrase est de l'actuel secrétaire d'Etat au
logement, Benoist Apparu118. La métaphore canine renvoie aux
économies que pourrait réaliser le gouvernement en rabotant un
peu plus les niches fiscales.
Les dispositifs de défiscalisation sont
considérés comme des << niches fiscales > que l'on peut
définir comme des << Lacunes ou vides législatifs
permettant d'échapper à l'impôt sans être en
infraction ou bien une dérogation fiscale qui permet de payer moins
d'impôts > 119 . En raison des nécessaires restrictions
budgétaires causées par l'importance du déficit public de
l'Etat français le débat sur les niches fiscales est
récurrent.
Souvent épinglées, les niches fiscales
spécifiques { l'outre mer font l'objet d'une enquête de
l'Inspection Générale des Finances120 qui met en avant
le fait que les niches fiscales des DOM sont relativement <<
coûteuses et peu efficaces >121. Coûteuses,
parce qu'elles s'élèvent { prés de 5.5 milliards d'euros
au lieu des 4.5 milliards prévus dans les textes budgétaires. Peu
efficaces parce que le rapporteur estime par exemple que les logements issus de
la défiscalisation privée ne répondent pas aux besoins de
la population, comme nous l'avons montré précédemment.
Chaque nouvelle loi de finance est un moment
privilégié pour débattre sur les nouvelles niches fiscales
à raboter. Dans la loi de finance de 2011 il a été
prévu un rabot sur certaines niches fiscales. En outre mer les
systèmes de défiscalisation par le biais d'une niche fiscale ont
subi un rabot de 10%. Si il concernait la défiscalisation des
investissements locatifs privés, la défiscalisation du logement
locatif social a en revanche été épargnée.
La défiscalisation du logement social fait l'objet d'un
régime dérogatoire parce que le secteur de l'immobilier a besoin
d'être redynamisé et que les besoins en logement
118 «Apparu voit « un chien > dans chaque <<
niche fiscale > > ,
Clicanoo.re, 21 Juillet 2011
http://www.clicanoo.re/11-actualites/13-economie/290725-apparu-voit-un-chien-dans-chaque.html
119 Source :
http://fr.wikipedia.org
120 Ce rapport ne devrait paraitre qu'en septembre ou octobre
2011. Les informations que nous détenons pour le moment ont
été révélés par le journal << Les
Echos > début Juillet 2011.
121 << L'Inspection des finances épingle des niches
fiscales coûteuses et peu efficaces dans les DOM >, Les Echos, 4
Juillet 2011 :
http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0201481521786-linspection-des-finances-epingle-des-niches-fiscales-couteuses-et-peu-efficaces-dans-les-dom-189229.php
sociaux sont très importants. Pour autant, le constat
du cout pour l'Etat d'une telle mesure est sans appel : la
défiscalisation augmente d'environ 1/3 le cout des opérations de
logements locatifs sociaux.122
Avec sa petite phrase, Benoist Apparu a laissé sous
entendre que le débat sur le rabot des niches fiscales allait battre son
plein avec la loi de finance pour 2012 L'objectif du gouvernement est de
réduire de 3 milliards d'euros par an les niches fiscales sur la
période 2012-2014. Cependant, étant donné la perspective
des élections présidentielles et législatives de 2012, il
semble difficilement envisageable que le gouvernement mène une offensive
contre une niche fiscale censée faciliter la construction de logements
locatifs sociaux.
II-2-D) LA LEGITIMITE DU DISPOSITIF
Dans un tel contexte d'urgence de la demande et de
restrictions budgétaire nous pouvons nous interroger sur la
légitimité d'un tel dispositif. L'Etat dépense plus au
travers de la défiscalisation que s'il se contentait d'injecter de la
LBU et cela apparait { nos yeux comme un non-sens économique.
Cependant, ce système particulier de financement du
logement social est en quelque sorte légitimé par
l'intérêt qu'y ont certains acteurs.
Toute d'abord l'Etat. Nous l'avons dit, le contexte actuel est
{ la rigueur budgétaire. D'ailleurs { l'occasion de sa visite { la
Réunion Benoist Apparu, secrétaire d'Etat au logement rappelait
qu'on « n'est plus à l'heure de la dépense publique sans
compter ». Or, cela semble paradoxal lorsque l'on sait que la
défiscalisation coûe plus que LBU. La différence entre ces
deux méthodes de financement est que l'une, la LBU, est une
dépense de l'Etat ; l'autre, la défiscalisation, est une «
non-recette ». Tout est alors question d'affichage. Comme nous l'avons
présenté précédemment, la DEAL, qui rappelons le
est un service déconcentré de l'Etat, se plaisait { rappeler dans
le CDH 2011 à quel point l'utilisation de la défiscalisation
permettait de produire plus de logements avec moins d'aide { la pierre. (cf.
page 94).
122 Les Echos , Op Cit
Le monde du BTP constitue également une entité
qui semble se satisfaire de cette situation paradoxale de la
défiscalisation du logement social. En effet, alors que ce secteur avait
pu profiter largement de la défiscalisation Girardin, qui avait
entrainé une construction record de nouveaux logements, le retournement
de situation du marché a considérablement impacté le
secteur à partir de 2008. Depuis, et ce malgré les
réorientations de la défiscalisation en faveur du logement social
et l'adaptation du dispositif Scellier aux DOM le BTP réunionnais
connait une grave crise. 123
Lors du passage du secrétaire d'Etat au logement
Benoist Apparu en Juillet 2011 sur l'île l'intersyndicale du BTP, qui n'a
pas été reçue par M Apparu, a voulu se faire entendre via
une motion adressée au gouvernement dans laquelle elle rappelait qu'
<< un logement construit équivaut à un 1,5 emploi. En
deux ans, le BTP réunionnais a perdu 35% d'entreprises et artisans
employeurs, et 29% d'emplois directs, et ici, l'activité du BTP
dépend pour 65% de la commande publique et 35% du privé>.
Le secrétaire d'Etat lui, a préféré rappeler que
dans le contexte de contrainte budgétaire il fallait << faire
avec les outils de défiscalisation existants. »
Les représentants du BTP sont très
attachés aux dispositifs de défiscalisation pour le poids que
représente le logement dans leur secteur d'activité. Ainsi, le
président de la Fédération Réunionnaise du BTE (FER
BTP) refuse de considérer que la défiscalisation du logement
social puisse être considérée comme une niche
fiscale.124 Benoist Apparu, si il a tenu à préciser
que les contraintes budgétaires de l'Etat ne pouvaient permettre
l'instauration de nouveaux outils de défiscalisation, a toutefois
assuré que pour les dispositifs existants il défendrait leur
maintient à Paris.
Le poids du secteur du BTP à la Réunion est tel
que la défiscalisation représente un véritable enjeu pour
ce secteur d'activité. Soutenir l'activité du BTP
représente alors un enjeu économique et donc politique majeur sur
l'ile et plus largement sur l'ensemble des territoires ultramarins.
123 Il convient de préciser qu'il y a d'autres facteurs
que le logement qui aggravent la « crise » du BTP à la
Réunion. En effet, certains grands projets, comme le Tram Train , ont
été annulés.
124 «Dire que la défiscalisation dans le
logement social est une niche fiscale est un raisonnement qui ne tient pas.
C'est une compensation pour pallier au manque de l'Etat après 25 ans de
déficit sur le logement social. Arrêtons de considérer que
c'est une niche fiscale !».
Clicanoo.re, Op Cit
Enfin, nous pouvons également ajouter que tous les
autres secteurs dont le bon fonctionnement dépend en partie de la
défiscalisation, comme les promoteursconstructeurs, ont un
intérêt à voir se poursuivre les dispositifs de
défiscalisation.
Ainsi, la défiscalisation apparait comme un mode de
financement qui a enfin permis de relancer la construction de logements
locatifs sociaux. Toutefois, il présente de nombreuses
difficultés qui nuisent à l'efficience du dispositif.
Au del{ se pose la question de la pertinence de la poursuite
d'un tel dispositif lorsque l'on sait que son cout est plus important pour
l'Etat que la LBU. Le seul intérêt du dispositif semble être
celui de faciliter la réalisation d'opérations de PLS qui
répondent aux besoins des catégories intermédiaires mais
qui ne peuvent en aucune manière se substituer à de
véritables logements sociaux.
Si le débat sur les niches fiscales, dans la prochaine
loi de finance pour 2012, ou les élections présidentielles et
législatives de 2012 venaient à proclamer l'arrêt de ce
dispositif cela induirait un retour a la situation dramatique du début
des années 2000. Il semble nécessaire de réfléchir
a la manière d'envisager a l'avenir la manière de relancer et
soutenir la production de logements locatifs sociaux.
III) REPENSER LA MANIERE DE PRODUIRE DU LOGEMENT SOCIAL :
UN ENJEU POUR L'AVENIR
Le dispositif de défiscalisation du logement social est
relativement récent. Si il est difficile d'en analyser déj{ les
conséquences, il est également difficile de se projeter dans
l'avenir tant celui-ci est incertain.
Parce que la production de logements locatifs sociaux est un
véritable enjeu auquel il faut répondre, nous avons
souhaité ici pour terminer notre exposé synthétiser les
éléments clefs de la relance de la production de logement
sociaux. Il s'agit pour nous également de nous positionner par rapport
à notre appréciation du dispositif de défiscalisation
Pour cela nous rappellerons les éléments a
prendre en compte en dehors des questions de financement puis nous reviendrons
justement sur la question du financement en proposant notre point de vue.
III-1) DES QUESTIONS QUI SE POSENT AU DELA DU FINANCEMENT
DES LOGEMENTS
Il s'agit ici de mettre en avant les éléments
qui concourent { une bonne production de logements locatifs sociaux et ce quel
que soit le mode de financement utilisé. Parce que nous avons
étudié principalement la défiscalisation, nous ne saurons
proposer une analyse fine de ces autres éléments. Il s'agit
seulement de rappeler que la relance de la production de logements sociaux ne
saurait être effective sans la prise en compte de différents
facteurs.
III-1-A) METTRE EN OEUVRE UNE VERITABLE POLITIQUE
FONCIERE
Nous l'avons évoqué antérieurement dans
notre exposé, la question du foncier est primordiale pour relancer la
production de logements sociaux. Des efforts ont été fournis pour
mettre en place une politique foncière à l'image de la mise en
place des COF et de la création de l'EPFR. Mais ces efforts doivent
être poursuivis et intensifiés tant la
question est problématique sur l'ile. Il s'agit notamment
que des moyens financiers suffisants soient mis en oeuvre afin que cette
politique puisse être poursuivie.
Comme nous l'avions également évoqué, la
question du foncier aménagé est primordiale. La mise en place de
nouvelles opérations d'aménagement se révèle une
nécessité. Nous le savons, la durée d'une Zone
d'Aménagement Concertée est relativement longue. Le fait qu'il y
ait si peu d'opérations { l'heure actuelle pose problème
également pour les années { venir. Les opérations
d'aménagements, bien que coûteuses, constituent le meilleur moyen
de produire du logement social et du logement privé avec une
véritable réflexion d'aménagement. Si l'on veut atteindre
l'objectif d'une production soutenue de logements sociaux ces opérations
sont nécessaires.
Il semble à ce titre primordial de mettre en place une
réflexion sur les modalités de financement et de suivi de ces
opérations { l'heure où les communes réunionnaises ont de
graves difficultés financières et ne disposent pas de
l'ingénierie nécessaire au bon déroulement de ces
opérations.
Il est également important que l'ensemble des
collectivités soient mobilisées sur cette question. En effet, si
la Région porte les décisions d'aménagement {
l'échelle de l'ensemble de l'ile, ce sont les communes qui mettent en
oeuvre la maitrise foncière. De plus, il a souvent été
reproché à ces dernières de ne pas suffisamment maitriser
leur foncier. Même si aujourd'hui elles ont signé des COF avec
l'Etat il reste primordial de mobiliser les élus locaux sur l'importance
de la maitrise foncière notamment en faveur du logement social. Il est
impératif que tous les élus soient mobilisés afin non
seulement de permettre la relance de la production mais également que
cette production soit mieux répartie sur le territoire
réunionnais. A ce titre, la mise en place de PLH sur l'ensemble du
territoire réunionnais serait la bienvenue. Cela permettrait que chaque
intercommunalité contribue sur son territoire à la maitrise
foncière nécessaire à la réalisation des objectifs
de production qui seront fixées dans son PLH.
Comme le rappelle l'AGORAH « La stratégie
foncière et l'action foncière doivent être au service de
projets, voulus, concertés, validés et portés par les
responsables politiques. »125
125 AGORAH : Quelles actions foncières pour
répondre aux besoins en logements à La Réunion ?,
2008
III-1-B) CONTOURNER LES DIFFICULTES FINANCIERES DES COMMUNES
Les problèmes financiers des communes
réunionnaises posent de véritables problèmes et sont en
frein { la production de logement social. D'une part, { cause de la
difficulté de mettre en place des opérations d'aménagement
qui sont souvent déficitaires, et d'autre part { cause de la
difficulté pour elles d'attribuer la subvention de charge
foncière pour les opérations de logements sociaux. Sur ce dernier
point, un décret est paru en 2011 suite { des revendications de l'USH
outre-mer précisant qu'en cas de difficultés les communes
n'étaient pas tenues d'attribuer cette subvention. Ceci est un pas en
avant, le problème reste d'étendre ce décret pour les
années { venir car pour l'heure il se limite { l'année 2011. Il
est aussi indispensable que l'Etat ou d'autres collectivités soient en
mesure de compenser cette subvention sans que cela ne constitue un blocage { la
réalisation d'opérations.
III-1-C) SOLLICITER LES VEFA DANS CERTAINS CAS
Nous l'avons vu les VEFA constituent un moyen d'accroitre
rapidement le patrimoine des bailleurs. Nous avons également
précisé que l'acquisition de ces opérations
présentait des contraintes notamment financières. En dépit
de cela, la possibilité qu'elles offrent de produire plus rapidement des
logements se révèle intéressante et doit selon nous
continuer d'être utilisée. Toutefois, cela devrait se limiter
à des opérations peu coûteuses afin d'optimiser au mieux
les financements. Les opérations en propre doivent rester
l'élément principal des bailleurs.
Ainsi, comme nous venons de le préciser, la production
de logements locatifs sociaux ne dépend pas uniquement des
modalités de financement de ces opérations. Nous avons ainsi
souhaité mettre en avant qu'il y a d'autres facteurs primordiaux {
prendre en compte si l'on souhaite relancer de manière durable la
production
III-2) QUELS MODES DE FINANCEMENT POUR DEMAIN ?
Comme nous l'avons souligné par ailleurs, l'utilisation
de la défiscalisation en faveur du logement social pose de nombreuses
questions quant à sa pertinence. Nous souhaitons ici exposer notre point
de vue sur la manière la plus pertinente de financer le logement social
dans les années à venir.
III-2-A) DEFISCALISER OU NON ?
Comme nous l'avons exposé précédemment,
il semble qu'au vu des surcoûts qu'elle implique la
défiscalisation ne constitue pas un mode de financement légitime.
Certes, elle permet depuis son instauration en mai 2009 de relancer le nombre
de logements financés après des années d'une faible
production, et tous les acteurs du logement semblent sans réjouir.
Toutefois, nous pensons que ce n'est pas un moyen qu'il faut encourager dans
les années à venir, et il serait bon de revenir à un
financement uniquement via la LBU. A l'heure de la rigueur budgétaire,
il n'est pas cohérent de maintenir un tel dispositif plus coûteux
pour l'Etat.
III-2-B) DANS L'HYPOTHESE DU MAINTIENT DE LA DEFISCALISATION :
RENDRE LE SYSTEME PLUS PERFORMANT
Bien entendu, étant donné que le dispositif de
défiscalisation s'avère relativement récent, que les
bailleurs ont dû s'adapter et que le système commence a être
utilisé avec plus d'aisance, il serait difficile d'y mettre un terme de
manière brutale même si la perspective d'un prochain débat
sur les niches fiscales ou encore des élections législatives et
présidentielles de 2012 pourrait remettre en question le dispositif.
Dans l'hypothèse de son maintien, il faut
impérativement simplifier le système. Même si aujourd'hui,
après deux années de fonctionnement les bailleurs commencent {
mieux cerner le dispositif, il reste encore de nombreux freins à la
production.
Il est impératif également que le gouvernement
arrête de privilégier la défiscalisation mais
privilégie plutôt la LBU. En effet, ainsi que nous l'avons
précisé dans l'esprit de la loi il s'agissait d'utiliser la
défiscalisation en complément de la LBU et non que la
défiscalisation devienne la principale source de
financement. La LBU doit rester le socle principal du financement du logement
social.
III-2-C) AUGMENTER LA LBU
Que la défiscalisation soit maintenue ou non, il est un
constat unanimement partagé depuis longtemps : la LBU doit être
augmentée. Les acteurs du logement à la Réunion ne cessent
de le répéter depuis qu'elle a été mise en place :
la LBU est insuffisante pour répondre { l'ensemble des besoins. Ainsi,
bien que les bailleurs sociaux soient en capacité de produire
davantage126, l'enveloppe des LBU ne permet pas d'aboutir { une
production plus importante. La baisse de l'enveloppe en 2011 et la
volonté de l'Etat de privilégier la défiscalisation ne va
pas du tout dans le sens d'une augmentation de la LBU, pourtant
l'élément essentiel de la production de logements sociaux. Il
faut en effet augmenter, sécuriser et pérenniser une enveloppe de
LBU suffisante pour répondre aux enjeux des années à
venir.
III-2-D) LA DEFISCALISATION : UNE BONNE OPTION POUR LE LOCATIF
INTERMEDIAIRE
Si la défiscalisation n'apparait pas a nos yeux comme
un mode de financement valable pour les logements locatifs sociaux, il apparait
cependant que ce dispositif se révèle très
intéressant pour le locatif intermédiaire. Nous
considérons en effet le PLS comme un logement destiné { un public
intermédiaire comme nous l'avons déj{ signifié par
ailleurs. Etant donné qu'il ne bénéficie pas de la LBU et
que { ce titre la défiscalisation est le seul équivalent
subvention disponible pour ce type de logements, la défiscalisation
devient relativement intéressante. Nous avons en effet
précisé précédemment que produire du locatif
intermédiaire s'avère une nécessité et que la
défiscalisation Girardin n'avait pas permis de répondre de
manière satisfaisante { ces besoins. Si le nouveau dispositif Scellier
DOM a légèrement modifié les règles de
126 Selon le CER BTP, les bailleurs seraient en capacité
de produire 6 500 logements locatifs sociaux mais leur production tourne autour
de 3 500
défiscalisation des investissements locatifs
intermédiaires il semble toutefois que les critères ne soient
toujours pas satisfaisants. De plus, étant donné les
dérives de la défiscalisation Girardin nous ne souhaitons
préconiser à nouveau un tel modèle. A ce titre, nous
préconisons donc qu'en cas de maintient de la défiscalisation
celle-ci bénéficie aux PLS en tant que logement
intermédiaire et que les niveaux de loyers soient
réévalués afin de s'adapter aux capacités locatives
réelles de la population.127
III-2-E) NE PAS PRIVILEGIER LE LOCATIF SOCIAL AU DETRIMENT DES
AUTRES PRODUITS.
Autre problème qui se pose via l'insuffisance de la LBU
et que nous déj{ évoqué, c'est la mauvaise
répartition qui à lieu actuellement entre les différents
produits. En effet, même si le logement locatif social est un
élément primordial de la politique de l'habitat sur l'ile, il ne
faut pas en produire au détriment des LES128 et des
opérations d'améliorations qui sont des éléments
tout autant importants. Il s'avère donc nécessaire de maintenir
des niveaux de financements suffisants pour ces deux produits.
127 Cf Partie 2, III
128 Le gouvernement devrait proposer un projet de loi pour
réaménager leur financement d'ici fin 2011. Nous ne disposons {
l'heure actuelle d'aucun élément sur ce projet.
CONCLUSION
Le choix de notre sujet s'est effectué de
manière empirique. Notre présence sur le territoire
réunionnais nous a rapidement orienté vers cette
thématique parce que la défiscalisation a eu une telle ampleur
que son impact est directement observable sur le territoire. De plus,
l'étude du marché de l'habitat qu'il nous fallait réaliser
dans le cadre de notre stage de fin d`étude, effectué { la SICA
Habitat Réunion129, nécessitait de prendre en compte
l'impact d'un tel dispositif sur le marché.
En approfondissant nos connaissances sur le sujet, il est
rapidement apparu que la défiscalisation issue de la loi Girardin
était vivement critiquée par les acteurs du logement. Il semblait
en effet qu'il y ait eu de nombreuses dérives { ce dispositif et que les
réponses apportées aux besoins en logement n'étaient pas
satisfaisantes.
Notre investigation sur le sujet nous a rapidement conduit
à prendre connaissance de la réorientation du système en
faveur du logement social. Ce nouveau dispositif est inédit et entraine
de nombreuses interrogations notamment concernant son fonctionnement et son
efficacité. En effet, en découvrant le contexte de l'ile il est
très vite apparu que les besoins en logements sociaux étaient
relativement importants. L'enjeu de la réorientation du dispositif de
défiscalisation s'est donc révélé être
primordial.
Petit à petit, notre sujet s'est construit autour de la
question de la défiscalisation et de sa manière de
répondre aux besoins des populations les plus modestes, celles
concernées par le logement social et celles concernées par le
logement dit intermédiaire. Nous souhaitions montrer en quoi la
défiscalisation ne permettait pas de répondre de manière
satisfaisante aux besoins en logements de ce public là.
Nous souhaitions surtout mettre en avant la question de la
défiscalisation du logement social. Ce dispositif a été
mis en place afin de relancer la production de cette catégorie de
logement. Il repose sur le principe d'encourager des personnes physiques
129 La SICA Habitat Réunion est une Société
d'Intérêt Collectif Agricole qui est un opérateur
agrée en matière d'amélioration et qui réalise la
maitrise d'oeuvre de LES. Elle est affiliée au réseau national
« Habitat et Développement ».
ou des sociétés { investir dans le logement
social afin de bénéficier d'une réduction d'impôt.
Il s'agissait pour nous d'interroger la pertinence de ce nouveau dispositif
comme levier à la production de logements locatifs sociaux.
Pour mener à bien notre analyse nous avons donc
procédé en trois parties.
Dans la première nous tenions { rappeler le contexte
des politiques de l'habitat et du logement { la Réunion. Il s'agissait
pour nous de mettre en avant de quelle manière s'étaient
construites ces politiques. Nous voulions montrer quelles sont leurs
spécificités étant donné qu'elles diffèrent
légèrement de celles existantes en métropole puisque le
contexte même de la demande y est sensiblement différent. Il est
apparu que ces politiques répondent encore de manière
insuffisante aux besoins et que les enjeux pour les années à
venir sont importants. Cela nous a permis de mettre en avant la place
qu'avaient eue dans ce contexte les premiers dispositifs de
défiscalisation. Cela nous a surtout permis de mettre en avant le fait
que la défiscalisation des investissements locatifs ne peut être
considéré comme une politique de l'habitat { part entière
mais qu'elle repose sur de nombreux autres enjeux.
En seconde partie, nous sommes revenus sur le contexte des
années 2000 qui ont vu le succès du dispositif de
défiscalisation Girardin et la chute de la production de logements
locatif sociaux. Nous avons montré en quoi la défiscalisation
Girardin n'avait pas permis de répondre de manière satisfaisante
aux besoins des catégories intermédiaires. Nous avions
également expliqué tout ce qui avait conduit à la faible
production de logements sociaux pendant ces années là. Enfin nous
avons pu mener une réflexion sur l'offre locative idéale qui
favoriserait le logement social et réadapterait les dispositifs
destinés aux catégories intermédiaires. L'offre en
logements locatifs sociaux est en effet loin d'être suffisante et les
catégories de logements destinés aux catégories
intermédiaires, qu'il est pourtant important de développer,
offrent des niveaux de loyers trop élevés.
Enfin, la dernière partie était consacrée
au dispositif de défiscalisation en faveur du logement social. Nous
avions souhaité expliqué clairement la manière dont
fonctionnait ce dispositif parce qu'il est totalement inédit et qu'il
modifie les paramètres habituels de montages d'opérations de
logements locatif sociaux. Cette partie nous a permis de mettre en avant le
fait qu' effectivement il semble d'ores et déj{ que grâce {
l'utilisation conjointe de la défiscalisation mais
aussi des opérations en VEFA la production soit relancée. Pour
autant, ce dispositif pose de nombreuses questions. Il coûte plus chez {
l'Etat, ne permet pas de produire davantage de LLTS alors que les besoins de la
population s'orientent davantage vers ce type de logements. Il s'agit
également d'un dispositif relativement complexe { mettre en oeuvre et
constitutif des fameuses niches fiscales contre lesquelles le gouvernement
entend bien lutter pour limiter le déficit public.
Les constats établis tout au long de ce travail nous
permettent de confirmer notre hypothèse de départ, à
savoir que la défiscalisation ne permet pas de répondre de
manière satisfaisante aux besoins en logement de la population
réunionnaise.
Toutefois, il existe plusieurs limites à notre travail qui
pourraient conduire le lecteur à douter de nos conclusions.
La première limite tient évidemment du fait que
le dispositif de défiscalisation à l'heure o ù nous
écrivons est relativement récent. Il semble donc relativement
difficiles de mesurer les effets de ce dispositif même si nous avons
tenté ici de justifier toutes nos constatations. De plus, le fait que
les décrets soient parus bien plus tard que la LODEOM écourte
davantage le recul que nous pouvons avoir sur le bon fonctionnement du
dispositif.
Autre limite, il s'agissait de la difficulté que
représentait pour nous la compréhension même de ce
dispositif. Si les dispositifs de défiscalisation privés
s'appréhendent facilement, c'est une toute autre histoire pour les
dispositifs de défiscalisation du logement social. Sans étude
relative à ce sujet il nous aura fallu comprendre ce dispositif
uniquement via la parole d'acteurs souvent spécialistes, de la
fiscalité et bien plus tard par des circulaires et décrets du
gouvernement que nous avons pu nous procurer. Il revient à des
spécialistes de la fiscalité d'être en mesure de comprendre
et d'appréhender ce type de dispositif et non à des urbanistes.
Malgré cela, nous avons tenté de nous approprier le sujet au
mieux et avons essayé de rendre ce dispositif le plus
compréhensible possible pour notre lecteur.
Enfin, la dernière limite à ce présent
mémoire peut provenir du fait qu'au regard de notre analyse du
dispositif Girardin il peut sembler que notre travail semble relativement
convenu et n'apporte pas réellement d'éléments nouveaux
par rapport { ce
que certaines études ont déjà
montré. Néanmoins, ce qui enrichit notre travail c'est d'avoir
réfléchi plus largement sur l'offre locative pour les populations
sociales et intermédiaire en étudiant les conséquences de
la défiscalisation et en donnant des perspectives pour améliorer
la production de cette offre.
En dépit des limites évidentes de notre travail,
il nous a semblé relativement intéressant de choisir un sujet, la
défiscalisation, peu traité dans le domaine de l'urbanisme et de
l'aménagement. Comme nous l'avons énoncé en introduction,
il s'agit d'un dispositif qui va { l'encontre d'une politique interventionniste
et régulatrice de l'Etat. C'est en cela que nous avons souhaité
nous poser des questions sur l'offre produite, et que nous avons porté
autant d'intérêt { la question du logement social. Il est tout {
fait inédit de faire reposer la réalisation d'opérations
de logements locatifs sociaux sur des équivalents subventions provenant
d'investisseurs privés.
A ce titre, si le dispositif de défiscalisation du
logement social persiste il serait relativement intéressant de mener
à bien une étude sur son impact réel en ayant un recul
suffisant que nous n'avons pas eu ici. Cette étude pourrait être
élargie { l'ensemble des territoires d'outre-mer .
Concernant la défiscalisation privée, bien
entendu nous ne pouvons que souhaiter que de véritables études
soient réalisées sur son impact130 que ce soit
à la fois en outre mer mais également en métropole. Il
s'agirait de voir quelles sont les logiques qui sous tendent ce nouveau
régime de production de logement, quelles sont les conséquences
en terme d'offre et de demande, mais aussi quelles sont les conséquences
territoriales du développement massif de programmes immobiliers sans
contrôle des collectivités.
Toutefois, comme nous l'avons évoqué par
ailleurs la défiscalisation pose des questions plus larges. Nous avons
vu en effet à quel point l'économie de l'ile est sensible aux
fluctuations du BTP. L'importance donnée { la défiscalisation
comme soutien à l'économie locale est évidente. Cela a
probablement conduit l'Etat a poursuivre la mise en oeuvre de ces dispositifs
en dépit des effets pervers constatés.
130 Un étude de Vergriete est en cours, cf :
VERGRIETE, Les mécanismes de la production du logement à la
Réunion, non publié.
Nous nous sommes également interrogés sur la
légitimité de ce type de dispositif dans le contexte actuel de
lutte contre les déficits publics. Actuellement, on nous parle de
raboter les niches fiscales, notamment la défiscalisation Scellier et
certains investissements outre mer. Quid de la défiscalisation du
logement social ? Est-il légitime de faire perdurer un système
qui coûte plus cher { l'Etat ? D'ici septembre 2011 le projet de «
rigueur budgétaire » devrait voir le jour et conditionnera la loi
de finance pour 2012. Qu'adviendra-t-il des dispositifs de
défiscalisation en outre mer ? La question reste entière.
Le sujet que nous avons choisi renvoie donc à de
grandes interrogations sur le présent mais aussi sur l'avenir, et sur la
manière dont on choisira de financer le logement des populations
modestes de la Réunion.
Il nous semble évident que ces choix devront s'inscrire
dans une démarche plus large qui visera à mener une
réflexion entre tous les acteurs et collectivités
concernées sur la manière d'aménager au mieux la
Réunion de demain. Il conviendra également d'aboutir { la
production d'une offre en logement qui réponde quantitativement,
qualitativement et économiquement aux besoins de la population.
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l'assemblée nationale le 5 juin 2008
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d'information sur la défiscalisation dans les départements et les
territoires d'outre-mer, Annexe au procès -verbal de la
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Présidence de l'Assemblée nationale le 29 septembre 2010
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sur le projet de loi de finances pour 1997, Annexe au procèsverbal
de la séance du 21 novembre 1996.
-Conseil économique et social, Evaluation de la Loi de
programme pour l'outre mer du 21 juillet 2003, 2006
-Inspection générale des finances, Conseil
général des ponts et chaussées, Inspection
générale de l'administration, Mission d'audit de
modernisation, Rapport sur la politique du logement social outre mer ( DOM
et Mayotte), Avril 2006
LOIS, DECRETS ET CIRCULAIRES
-Ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des
collectivités territoriales, circulaire relative aux
opérations de constructions de logement faisant appel à la
défiscalisation dans les conditions fixées par les articles 199
undecies C et 217 undecies du code général des impôts,
1er juin 2010, p. 3
--Ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des
collectivités territoriales, Circulaire du 1er Juin 2010 relative aux
opérations de construction de logements sociaux faisant appel à
l'aide fiscale { l'investissement outre-mer, à Mesieurs les prefets de
la Guadeloupe,
- Ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des
collectivités territoriales, Décret n° 2010- 58 du 15
janvier 2010 fixant les modalités d'application de l'article 199
undecies C du code général des impôts relatif aux
investissements réalisés dans le secteur locatif social
outre-mer
- Ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des
collectivités territoriales, Décret n° 2010- 1351 du 9
novembre 2010 relatif à la subvention pour surcharge
foncière, ORF n°0262 du 11 novembre 2010 page 20164 texte
n° 46
ARTICLES DE PRESSE :
«Apparu voit « un chien » dans chaque «
niche fiscale » » ,
Clicanoo.re, 21 Juillet 2011
http://www.clicanoo.re/11-actualites/13-economie/290725-apparu-voit-un-chiendans-chaque.html
<< B. Apparu : "le logement est un enjeu primordial
à la Réunion" >,L'info.re,25 juillet 2011
http://www.linfo.re/-Politique-/B-Apparu-le-logement-est-un-enjeu-primordial-a-laReunion
<< Défiscalisation et niches fiscales :nouvelles
batailles en perspectives », France-Antilles, 16 aout 2011
http://www.martinique.franceantilles.fr/actualite/economie/nouvelles-batailles-enperspective-16-08-2011-122448.php
<< Défiscalisation : la pépite du
logement social outre mer » les Echos, 7 octobre 2010 :
http://www.lesechos.fr/patrimoine/immobilier/actu/020828044934-defiscalisationla-pepite-du-logement-social-outre-mer-57876.php
<< La LODEOM est inopérante: le gouvernement n'a
pris seulement que 1/3 des decrets »
Témoignages.re, 26 mars
2011
http://www.temoignages.re/la-lodeom-est-inoperante-le-gouvernement-n-a-prisseulement-que-1-3-des-decrets,49006.html
<< Les silences assourdissants de l'UMP cachent un malaise
», Témoignages, 29 Juillet 2011-08-20 :
http://www.temoignages.re/les-silences-assourdissants-de-l-umpcachent-un-malaise,51147.html
<< L'Inspection des finances épingle des niches
fiscales coûteuses et peu efficaces dans les DOM », Les Echos, 4
Juillet 2011
http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0201481521786-l-inspection-des-finances-epingle-des-niches-fiscales-couteuses-et-peu-efficaces-dans-les-dom-189229.php
<< L'intersyndicale adresse une motion au
gouvernement » ,
Témoignages.re, 26
juillet2011 :
http://www.temoignages.re/l-intersyndicale-adresse-une-motion-au-secretaire-detat,51076.html
« Logement : des promesses aux actes : le fossé
» ,
Témoignages.re, Mardi 26
Juillet 2011 :
http://www.temoignages.re/logement-des-promesses-aux-actes-le-fosse,51082.html
SITES INTERNET
Agence Départementale d'Information sur le
logement, ADIL Réunion
http://www.adil974.com
Agence pour l'Observation de la Réunion,
l'Aménagement et l'Habitat
http://www.agorah.fr
Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement
de la Réunion http://www.caue974.com/
Direction de l'Environnement, de l'Aménagement et
du Logement http://www.reunion.equipement.gouv.fr/
Direction générale de l'urbanisme, de
l'habitat et de la construction http://www.urbanisme.equipement.gouv.fr/
Ministère de l'emploi, de la cohésion
sociale et du logement http://www.logement.gouv.fr/
Direction Régionale de l'Environnement
http://www.reunion.ecologie.gouv.fr
Ministère de l'Outre Mer
http://www.outre-mer.gouv.fr/
Informations sur la défiscalisation
http://Le nouvel
économiste.fr,
http://www.girardin-industriel.info
http://www.guide-de-la-defiscalisation.fr/
ANNEXE 1
Présentation des principaux acteurs du logement
social à la Réunion 131
ANNEXE 2
Présentation de l'intercommunalité à
la réunion 137
ANNEXE 3
Présentation du dispositif Girardin pour 2011
138
ANNEXE 4
Présentation du dispositif Scellier Outre mer pour
2011 139
ANNEXE 5 :
Circulaire du 1 Juin 2010 140
ANNEXE 6
Précisions relatives à la circulaire du
1er Juin 2011 146
ANNEXE 7
Pieces à fournir pour une demande
d'agrément d'un programme de logements
locatifs sociaux 149
ANNEXE 8
Liste des entretiens effectués 153
PRESENTATION DES PRINCIPAUX ACTEURS DU LOGEMENT SOCIAL A LA
REUNION
LES BAILLEURS SOCIAUX :
LA SIDR :
Création : 1949
Statut : Société
d'économie mixte (SEM)
Actionnaires : Le capital est
détenu majoritairement par l'Agence Française de
Développement (sur fonds d'Etat et sur fonds propres) et par le
Département de la Réunion.
Métiers :
-Aménagement -Construction
-Gestion locative
LA SHLMR :
Création : 1971
Statut : Entre prise sociale pour
l'habitat
Actionnaires : Elle compte parmi ses
actionnaires majoritaires, le CILR, La Banque de la Réunion, la Caisse
d'Epargne, ainsi que le Département de la Réunion, les communes
de St Denis, St Pierre et le Port.
Métiers :
-Construction de logements sociaux et intermédiaires en
locatif et accession -Gestion locative
-Aménagement
-Maîtrise d'oeuvre urbaine et sociale
SOCIETE D'ECONOMIE MIXTE D'AMENAGEMENT, DE DEVELOPPEMENT,
D'EQUIPEMENT DE LA REUNION( SEMADER)
Création : 1985
Statut : SEM.
Actionnaires : Actionnaire Majoritaire
: la CIVIS , La Caisse des Dépôts et Consignations, Entreprises
privées ,Particuliers , Commune de Sainte Suzanne, Autres SEM
Métier :
Aménagement
Construction
Gestion locative
Activités économiques
SOCIETE D'ECONOMIE MIXTE D'AMENAGEMENT ET DE CONSTRUCTION :
SEMAC
Création :1991
Statut : SEM
Actionnaires : Communes de l'EST et
CIREST.
Activités :
- Aménagement
- Promoteur et bailleur social
- Assistance à maîtrise d'ouvrage publique et
privée, - Prospection et négociation foncières,
- Activité économique
SOCIETE D'EQUIPEMENT DU DEPARTEMENT DE LA REUNION : SEDRE
Création : 1969
Statut : SEM
Actionnaires : communes de Saint-Paul,
Saint-Denis, Le Port, Saint-Pierre, Département, Région, Etat,
CDC, Crédit Agricole, SIDR, CCIR, Chambre d'Agriculture et SAFER
Activités :
- aménagement
- assistance à maîtrise d'ouvrage - construction
- gestion locative
- promotion immobilière (logement, immobilier
d'entreprise)
SOCIETE DE DEVELOPPEMENT DU GROUPEMENT INTERCOMMUNAL DU SUD
SODEGIS
Création : 1991
Statut : SEM
Actionnaires : Communes du sud Activités
Aménagement
Construction
Gesiton locative
SOCIETE DIONYSIENNE D'AMENAGEMENT ET DE CONSTRUCTION
Création : 1990
Statut : SEM
Actionnaires : Ville de Saint Denis, la CINOR, la Région
et la CDC. Activités :
-aménagement urbain
-aménagement et devleoppement économique
-réalisation d'équipements
-construction
-gestion locative
FIGURE 40: REPARTITION DU PARC DE LOGEMENTS SOCIAUX
SELON LES BAILLEURS
Source : ARMOS 2010
LE RESEAU ASSOCIATIF
ARMOS-OI :
Association regroupant les sept promoteurs sociaux de l'ile. Elle
publie chaque année un rapport sur le parc locatif social mis à
disposition de tous via son site internet.
USH DOM
L'Union Sociale pour l'Habitat Outre-Mer est un organisme
professionnel qui fédère l'ensemble des organismes HLM de la
Réunion, de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Guyane, de la
Polynésie Française et de la Nouvelle-Calédonie.
Créée en 2000, l'organisation HLM Outre-Mer est devenue en 2003
l'Union Sociale pour l'Habitat Outre-Mer.
Conformément à ses statuts, l'Union Sociale pour
l'Habitat Outre-Mer a pour vocation première d'assurer une
représentation de ses membres et de collaborer à toute initiative
permettant de rendre plus efficaces leurs actions et leur métier face
aux enjeux de l'habitat outre-mer.
Dans le cadre de ses missions, l'Union Sociale pour l'Habitat
Outre-Mer poursuit de nombreux objectifs :
-Contribuer aux adaptations et améliorations
nécessaires à l'évolution des conditions d'exercice du
métier.
-Se mobiliser pour une meilleure prise en compte des enjeux de
l'habitat dans les politiques territoriales, et des spécificités
de l'habitat outre-mer au niveau interrégional et national, par une
représentation auprès des pouvoirs publics.
-Apporter un appui professionnel à ses adhérents ,
en lien avec les Fédérations HLM et l'Union sociale pour
l'habitat, pour accroître le professionnalisme des équipes et
développer la conduite de projets dans le champ de l'habitat, dans une
perspective de développement durable.131
LES ACTEURS PUBLICS132
L'ÉTAT :
Il est l'acteur principal de la politique du logement social
par les orientations et les moyens qu'il apporte tant techniques que financiers
{ travers la LBU et la défiscalisation. Les bailleurs sociaux doivent
déposer leurs dossiers auprès de la DEAL pour recevoir
l'agrément qui leur permettra de bénéficier de l'aide { la
Pierre. Dans le cas de la défiscalisation il faut également
déposer un dossier auprès de la DGFP.
LE CONSEIL GENERAL
Il préside avec l'État le Conseil
Départemental de l'Habitat (CDH) instance qui définit la
politique { long terme de l'habitat dans le département. Il semblerait
que le CG 974 contribue de moins en moins à la production de logements
locatifs sociaux.
LE CONSEIL REGIONAL
Il intervient au travers du FRAFU en complément de
l'État pour l'aménagement foncier en faveur du logement
social.
131Ce chapitre est tiré de la
présentation de l'association sur le site internet :
http://www.habitat-outremer.fr/fr/
132 Tout ce chapitre étant largement tiré de «
: DEAL, La gestion du logement social à la Réunion, mars
2011
LES INTERCOMMUNALITES
Elles pilotent les programmes locaux de l'habitat . Elles
interviennent dans les programmes de logements sociaux par
l'intermédiaire de SEM (Société d'Économie Mixte)
à qui elles ont confié une responsabilité
d'opérateur social en même temps qu'une activité
d'aménageur pour certains visant { produire et aménager du
foncier pour supporter des programmes de logements sociaux.
LES COMMUNES
Elles sont directement impliquées dans les
opérations de logement social à travers la programmation
pluriannuelle de logements locatifs sociaux avec les bailleurs, mais aussi dans
les opérations de résorption de l'habitat insalubre (RHI) dont
elles assurent la maîtrise d'ouvrage et pour une grande part leur
financement (20% initialement, mais souvent in fine 50% en raison des
délais de réalisation souvent très longs). Elles
interviennent également à travers leurs outils
d'aménagement urbain dans le champ de la rénovation urbaine et de
l'aménagement avec l'appui de l'Agence Nationale pour la
Rénovation Urbaine (ANRU).
ANNEXE 2 : PRESENTATION DE L'INTERCOMMUNALITE A LA
REUNION
FIGURE 41: CARTE DES INTERCOMMUNALITES DE LA REUNION
Source : CA SLID
Les cinq intercommunalités de la Réunion on un
statut de communauté d'agglomération.
ANNEXE 3 : PRESENTATION DU DISPOSITIF GIRARDIN POUR 2011
ANNEXE 4: PRESENTATION DU DISPOSITIF SCELLIER OUTRE MER
POUR 2011
ANNEXE 5 :
CIRCULAIRE DU 1ER JUIN 2010
145
ANNEXE 6 :
PRECISIONS RELATIVE A LA CIRCULAIRE DU 1ER JUIN
2011
148
ANNEXE 7 :
PIECES A FOURNIR POUR UNE DEMANDE D'AGREMENT D'UN PROGRAMME
DE LOGEMENTS LOCATIFS SOCIAUX
153
ANNEXE 8 : LISTES DES ENTRETIENS EFFECTUES133
Institution/entreprise
|
Personne rencontrée
|
Thème
|
AGORAH
|
Mme Rivière Chargée d'études
|
Etudes en cours, méthode de récolte des
données
|
ADIL
|
M.Flosi Conseiller juriste
|
Impact de la défiscalisation, évolution des
dispositifs
|
ARMOS
|
M.Oberle
Délégué de l'ARMOS
|
La défiscalisation du logement social
|
CBO Territoria ( gros propriétaire terrien de l'ile,
aménageur des ZAC les plus importantes et constructeurs de logements en
défisc)
|
M. Ballester
Directeur général adjoint immobilier
|
Activités de l'entreprise : projets en cours,
défiscalisation Girardin et Scellier
|
CA CIREST
|
M Massip
|
L'habitat sur le territoire de l'EPCI
|
CA CIVIS
|
M Clain
|
L'habitat sur le territoire de l'EPCI
|
CA CINOR
|
M Nassivé
|
L'habitat sur le territoire de l'EPCI
|
CA SUD
|
M Lafosse
|
L'habitat sur le territoire de l'EPCI
|
CA TCO
|
Mme Raviné
|
L'habitat sur le territoire de l'EPCI
|
CER BTP
|
M.Lorion
Directeur du CER BTP de la Réunion
|
Impact de la défiscalisation ,
|
DEAL
|
M De Almeida
Adjoint au chef de service HabitatLogement social
|
La production de logement social
|
DEAL
|
M.Rousselot
Unité économie- statistiques
|
L'évolution des Permis de Construire depuis 20 ans.
|
FNAIM
|
M .Xélot
Président de la FNAIM Réunion
|
Impact de la défiscalisation
|
133 Nous avons souhaité rencontrer le président de
la Fédération des promoteurs constructeurs de la Réunion
mais il n'a pas souhaité nous recevoir Nous avons également
tenté de contacter d'autres promoteurs, aucun d'entre eux n'aura
souhaité nous recevoir
INGEPAR (Cabinet de défiscalisation)
|
M.Nodolon
|
La défiscalisation du logement social
|
Région
|
M Aldon
Directeur de l'environnement et de l'aménagement
|
Evolution du SAR
|
SIDR
|
M Zimberger Responsable département construction
|
La défiscalisation du logement social
|
SHLMR
|
Mme Lenormand
|
La défiscalisation du logement social
|
USH DOM
|
M.Hedli
Directeur délégué à l'outre mer
|
La défiscalisation du logement social
|
Ville de Saint Denis
|
M Lagourde
|
Les besoins de la commune et les difficultés
|
Ville de Saint Paul
|
Mme Racine
|
Les besoins de la commune et les difficultés
|
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Figure 1: Carte de l'île de la réunion
10
Figure 2:Bidonville du quartier Vauban à Saint
Denis dans les années 60 19
Figure 3: Quartier du chaudron, Saint Denis
21
Figure 4: Démographie de la Réunion
27
Figure 5:Evolution du nombre de ménages
à la Réunion 28
Figure 6: Pyramide des ages de la réunion en
1990 29
Figure 7: Pyramide des ages de la réunion en
2030 29
Figure 8: Bidonville de l OASIS, ville du Port 31
Figure 9: Chiffres cles sur les niveaux de vie
33
Figure 10: Topographie de l'ile de la réunion
35
Figure 11: Carte des secteurs de l'ile de la
Réunion 37
Figure 12:Evolution des ventes de biens batis de 2000
à 2006 51
Figure 13: Evolution des permis de construires
déposés 52
Figure 14: Répartition des ventes
d'appartements neufs en 2006 53
Figure 15:Répartitions des résidences
principales en 2005 et 2015 56
Figure 16: Répartitions des logements selon le
nombre de pieces 57
Figure 17: Plafonds de revenus mensuels permetteant
d'acceder à un logement intermédiaire défiscalisé
58
figure 18 : Les loyers moyens en euros/m2
selon la taille du logement en 2006 59
figure 19: Nombre de logements sociaux par
année d'achevement 62
Figure 20: Ancienneté et rythme de livraison
du parc locatif social 63
Figure 21:Evolution des couts de construction des
logements sociaux de 2001 à 2009 64
Figure 22:La part de ménages demandeurs de
logements sociaux 66
Figure 23: Les attributations de logements locatifs
sociaux de 2001 à 2006 66
Figure 24: Eligibilité des ménages aux
différents produits du logement social 67
Figure 25: Type de financement du parc locatif social
à la Réunion 68
Figure 2 : Parc locatif social 1 er janvier 2008 et
évolution des livraisons 1990-2006 69
Figure 27: Production de logements locatifs sociaux
72
Figure 28: Exemple de construction
défiscalisée ne trouvant pas de locataires à Saint Denis.
76
Figure 29:Evolution des loyers en fonction de
l'inflation entre 2005 et 2009 77
Figure 30: Capacité locative des
ménages en fonction de la taille des logements
78
Figure 31: Evolution de l'estimation de la
dépense fiscale au titre de l'impot sur le revenu consacrée
au
logement en outre mer 79
Figure 32: Taux de la réduction d'impot
"investissements locatifs" 80
Figure 33:Niveau de production et besoins
estimés par an 82
Figure 34: Nombre de logements locatifs selon
l'année de construction 82
Figure 35: Schéma juridique pour l'utilisation
de la défiscalisation 90
Figure 36: Schéma du montage simple d'une
operation de logements locatifs sociaux 93
Figure 37: Type de logements locatifs financés
depuis 2007 94
Figure 38:Mode de financement des logements locatifs
sociaux en 2010 95
Figure 39: Répartition de la LBU selon les
différents produits 104
Figure 40: Répartition du parc de logements
sociaux selon les bailleurs 136
Figure 41: Carte des intercommunalités de la
Réunion 139
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS 4
SOMMAIRE 5
SIGLES 6
INTRODUCTION 9
PARTIE 1 : 16
LA POLITIQUE DE L'HABITAT A LA REUNION : ELEMENTS DE
CONTEXTE ET CADRAGE HISTORIQUE 16
I) LA MISE EN PLACE D'UNE POLITIQUE DE L'HABITAT ET DU
LOGEMENT 17
I-1) Répondre a l'urgence : éradiquer les
bidonvilles. 17
I-1-a) Des besoins qui viennent de loin 17
I-1-b) La lutte anti bidonvilles : 18
I-2) Le développement d'une offre pour les plus
démunis 19
I-2-a) Les prémices de l'accession sociale a la
propriété 20
I-2-B) Développer l'offre locative sociale 20
I-3) Après l'urgence, les grandes réformes :
1978 et 1986 21
I-3-B) 1976 : Le constat alarmant qui conduit à la
réforme de 1978 21
I-3-B) 1986 : la dernière grande réforme 23
I-3-c) L'évolution actuelle : Des efforts insuffisants.
24
II) CONTEXTUALISER LA DEMANDE ET LES BESOINS EN LOGEMENT
26
II-1) Comprendre les éléments
déterminant la demande en logement. 26
II-1-a) Le contexte démographique 26
II-1-B) Les phénomènes migratoires 30
II-1-C) La préférence pour la « Kaz a Terre
» 32
II-2-d) Une population en difficulté 33
II-2) Les spécificites territoriales qui
conditionnent l'offre et la demande 34
II-2-a) Les contraintes naturelles 34
II-2-b) Une ile, plusieurs territoires. 36
III) LA DEFISCALISATION : 39
UNE POLITIQUE DE RELANCE DU MARCHE DE LA CONSTRUCTION
39
III-1) le principe de la défiscalisation 39
III-2) Un bilan en demi-teinte 41
III-2-A) des effets positifs sur la relance du marché
42
III-2-b) Une politique qui induit des effets pervers. 43
III-3) Au delà du logement, un enjeu économique
majeur 45
PARTIE 2: 47
DU LOCATIF INTERMEDIAIRE AU LOCATIF SOCIAL: LOGER LES
REUNIONNAIS LES MOINS SOLVABLES 47
I) PRODUIRE DU LOCATIF INTERMEDIAIRE GRACE A LA
DEFISCALISATION : UNE REUSSITE ? 48
I-1) Une production exponentielle entre 2003 et 2008
48
I-1-a) La loi Girardin : un dispositif plus intéressant
pour les investisseurs 49
I-1-B) Un marché de la construction relancé 50
I-2) Bilan du dispositif girardin 54
I-2-A) Le logement : un produit financier pas comme les autres
55
I-2-b) Définir les catégories intermédiaires
: un défi non relevé. 57
II) UNE CRISE DU LOGEMENT SOCIAL SUR FOND D'APOGEE DE LA
DEFISCALISATION PRIVEE 61
II-1) Un rythme de production inégal au fil des
années 61
II-1-A) D'une production exponentielle a une situation critique
61
II-1-B) Les facteurs explicatifs 63
II-2) Satisfaire la demande 65
II-2-A) L'ampleur de la demande 66
II-2-b) Qualité de l'offre proposée 67
II-3) Le foncier : un volet essentiel à la politique
du logement social 70
ii-3-a) Poser les jalons d'une véritable politique
foncière 70
II-3-b) Libérer du foncier aménagé : une
nécessité 72
III) DE NOUVEAUX MODES DE PRODUCTION QUI POSENT QUESTION
FACE A L'AMPLEUR DE LA DEMANDE 74
III-1) Du mythe à la réalité de la
défiscalisation Girardin. 74
III-1-A) Les derives du système 75
III-1-B) Un marché de la location détendu mais des
difficultés qui persistent 77
III-1-C) Un cout élevé pour l'Etat 79
III-2) Les besoins reels de la population en terme d'offre
locative 81
PARTIE 3 : 85
LA DEFISCALISATION DU LOGEMENT LOCATIF SOCIAL.
85
I) REORIENTER LA DEFISCALISATION EN FAVEUR DU LOGEMENT
SOCIAL 86
I1) Principe de fonctionnement 86
I-1-A) Point juridique 87
I-1-B) Principe des opérations en VEFA 90
I-2) Une production relancée 92
I-2-A) De la LBU à la défiscalisation : 92
rappel des modalités de montage des opérations.
92
I-2-B) Une hausse effective de la production 93
I-3-a) Quels modes de financement pour quels logements ? 95
i-3-b) Type de logements produits et réalité des
besoins 96
II) UN DISPOSITIF CONTROVERSE 98
II-1) La complexité du dispositif 98
II-1-A) Une loi peu précise 98
II-1-B) La nécessaire réorganisation des services
99
II-1-C) La complexité du montage des dossiers 99
II-1-D) Des difficultés insurmontables ? 100
II-2) Les contradictions des pouvoirs publics 102
II-2-a) Les orientations de l'Etat : utiliser le moins de LBU
102
II- 2- B) Relancer le locatif social au détriment des
autres produits 103
II-2-C) « Dans chaque niche fiscale il y a un gros chien
» 105
ii-2-D) La légitimité du dispositif 106
III) REPENSER LA MANIERE DE PRODUIRE DU LOGEMENT SOCIAL :
UN ENJEU POUR L'AVENIR 109
III-1) Des questions qui se posent au delà du
financement des logements 109
III-1-A) Mettre en oeuvre une véritable politique
foncière 109
III-1-B) Contourner les difficultés financières des
communes 111
III-1-C) Solliciter les VEFA dans certains cas 111
iii-2) Quels modes de financement pour demain ? 112
III-2-A) Défiscaliser ou non ? 112
III-2-B) Dans l'hypothèse du maintient de la
défiscalisation : rendre le système plus performant 112
III-2-C) Augmenter la LBU 113
iii-2-d) La défiscalisation : une bonne option pour le
locatif intermédiaire 113
III-2-e) Ne pas privilégier le locatif social au
détriment des autres produits. 114
CONCLUSION 115
BIBLIOGRAPHIE 120
ANNEXES 132
TABLE DES ILLUSTRATIONS 156
TABLE DES MATIERES 157
|