PARAGRAPHE 2 : LA REFORME DE L'O.N.U.
Depuis, la fin de la guerre froide et face aux nouveaux
défis auxquels doivent faire face la communauté internationale,
la réforme de l'O.N.U. est aussi au coeur de ces discussions. En effet,
des voix s'élèvent pour demander une réforme profonde de
son C.S. en élargissant le droit de véto dont dispose certains
pays et de permettre à l'Afrique de disposer d'un siège de membre
permanent. Pour ce faire, cette réforme doit aussi se passer par la
mondialisation du système de sécurité (1) même si le
leadership américain (2) semble bafouer certaines règles
mondiales de sécurité.
1- La mondialisation du système de
sécurité
La mondialisation du système de sécurité
repose sur le fait que l'O.N.U., à elle seule, ne peut pas gérer
la sécurité internationale. En effet, les N.U., seul cadre
multilatéral et universel pour la sécurité internationale,
ne peuvent pas tout faire sans pour autant faire appel aux autres Etats. Cela
pour dire que tout le système de sécurité mondiale repose
non seulement sur l'O.N.U. mais aussi sur les organisations de défense
régionale comme l'O.T.A.N. Pour ce faire, les N.U. devront se confronter
à divers obstacles afin d'adapter tous ses moyens à la
réalisation d'une nouvelle culture de la paix. Aussi pour se
réformer et rester toujours au centre du règlement des conflits,
l'O.N.U. devra surtout relever les défis majeurs posés par
l'équilibre des forces à l'intérieur de celle-ci et par la
gestion des conflits à caractère
régional120.
Cela semble trouver son répondant à travers le
discours du président G. BUSH père en mars 1991 en se
référant au << nouvel ordre mondial >> et
évoquant << une nouvelle entente entre les nations
fondée sur la coopération et l'action commune (...)Un monde dans
lequel l'O.N.U. est en mesure de réaliser le rêve historique de
ses fondateurs : démocratie, paix, prospérité et
désarmement >>.
Cette idée démontre que la mise en place d'un
système inter-étatique de sécurité, en d'autres
termes la mondialisation du système de sécurité, a peu
avancé. Ce qui veut dire que les intérêts étatiques
continuent de prévaloir et la puissance, notamment militaire, demeure un
facteur déterminant de la conduite des rapports internationaux.
La mondialisation du système de sécurité
doit être un fait et non une situation en cela que l'O.N.U. ne doit plus
être le seul dépositaire de la sécurité
internationale même si l'on doit le lui reconnaître puisqu'elle est
le garant de la paix et de la sécurité internationales. C'est
pourquoi dans ces dernières décennies l'O.N.U. a tout fait pour
être épaulé dans ses missions de maintien de la paix par
des organisations régionales comme l'O.T.A.N. ou l'U.A. à
défaut de leur laisser complètement la charge comme c'est le cas
de l'intervention de l'O.T.A.N en Afghanistan depuis 2001 ou encore
l'intervention de l'U.A. en Somalie dans le cadre de l'A.MI.SOM.
Toutefois, les N.U. ont fourni des efforts
considérables d'adaptation à ces nouvelles situations en ce sens
que des conflits sont de ce jour parrainé par des organisations
régionales et surtout par les efforts de rapprochement des deux blocs
rivaux de la guerre froide afin de répondre au défit des conflits
régionaux. << La tendance qu'on peut observer va dans le sens
d'une collaboration de plus en plus étroite de l'Organisation avec les
agences régionales : manquant souvent des outils opérationnels
aussi bien que culturels indispensables à la gestion des crises locales,
l'O.N.U. est obligée par ses faiblesses et ses échecs de confier
la gestion des interventions aux alliances militaires d'Etats, à
l'O.T.A.N., notamment, déjà
protagonistes de la politique internationale de la guerre
froide121 ». Le processus de transformation de l'O.N.U.
demeure sensible car le déséquilibre entre l'observation des
dynamiques concrètes et la réflexion globale sur le rôle
que l'O.N.U. devrait être assumée, abstraction faite des
contraintes ponctuelles imposées pendant les épisodes de
crises.
La mondialisation du système de sécurité
passe aussi par une démocratisation des instances internationales et
surtout de nos Etats et africains en particulier. Pour Stanislav J. KIRSCHBAUM,
la généralisation des formes démocratiques de
gouvernement, qu'on a pu observer dès les années 1990, a
entrainé des conséquences importantes sur les rapports
internationaux. Ce qui signifie que l'acceptation de la thèse comme quoi
les démocraties « ne se font pas la guerre, l'O.N.U. devrait
fonder toute son action sur l'impératif démocratique,
c'est-à-dire sur l'application la plus large possible à
l'intérieur de chaque Etat du schéma de la « polyarchie
» de Robert DAHL : élections compétitives et justes,
possibilité de renversement du parti au pouvoir, respect des droits
civiques ». Cela est tellement vrai aujourd'hui qu'un Etat au sein
duquel le pouvoir n'a pas été dévolu de façon
démocratique est suspendu des organisations internationales,
régionales ou sous régionales comme ce fut le cas du Niger et de
la Guinée tout deux suspendus par l'O.N.U. et la C.E.D.E.A.O. de ses
instances à la suite de push militaire.
Pour finir, la mondialisation du système de
sécurité aujourd'hui ne repose pas sur la définition d'un
bien commun transcendant la dimension étatique, mais plutôt sur la
convergence et l'agrégation des intérêts étatiques
autour des risques communs.
Pour reprendre les propos de Daniel COLARD, la « paix
démocratique122 » doit se fonder sur une
démocratisation des mécanismes de la politique internationale. De
ce fait, le problème qui se pose est celui de la réforme du
système décisionnel des N.U. et ce n'est que sur base seulement
que l'O.N.U. saura imposer un nouveau modèle de sécurité
internationale adapté à la nouvelle conception de paix et comme
cela le leadership qui semble caractériser les Etats Unis ne seront que
mauvais souvenir. Le Etats Unis se prenant ou se considérant comme
étant les gendarmes du monde ne jouiront plus de cette
suprématie. Cela pour démontrer que aussi puissants sont-ils, ils
ne peuvent pas à eux seuls dominer le monde et qu'il leur faudra compter
sur les autres pays et/ou organisations régionales.
2- Le leadership américain
Un Etat, aussi puissant soit-il, ne peut maîtriser la
société internationale, ni même la désorganiser
à défaut de l'organiser. Et pourtant c'est cela que semble faire
les Etats Unis. Pour eux, ceux qui ne sont pas pour leur politique
sécuritaire internationale sont contre eux. C'est en cela que le
Président BUSH avait qualifié la France et l'Allemagne de vieille
Europe lorsqu'il devait mener son pays attaquer l'Irak de Saddam HUSSEIN.
En effet, le leadership américain résulte du
fait que les Etats Unis sont relativement satisfaits de la manière dont
ils ont réussi à mettre l'O.N.U. au service de leur politique ;
cela pour dire que les Etats Unis sont prêts à tout pour prouver
leur hégémonie sur le système sécuritaire mondial.
Ils décident de quoi faire et immédiatement les autres nations
sont tenues de suivre au premier rang la Grande Bretagne.
Cette suprématie américaine sur les instances
internationales se résume à ce qu'à l'heure actuelle, sur
le plan militaire, aucun pays n'est de taille à l'affronter
c'est-à-dire qu'ils ne sont confrontés à aucune
rivalité. Seulement cette position stratégique des Etats Unis
devraient lui permettre de préserver et de l'étendre de
façon avantageuse aussi loin que
possible dans le futur et éviter de jouer les gendarmes
du monde à défaut de bafouer les différentes
résolutions onusiennes et les textes internationaux.
<< (...) Les Américains sont devenus
très réticents, puis franchement opposés à une
institution où la majorité appartenait aux nouveaux pays
décolonisés, et qui se permettait de ranger le sionisme au rang
d'une forme de racisme. Ils ont réussi à faire croire à
leur opinion publique que l'organisation - O.N.U. - diffusait une
idéologie dangereuse, était de toute manière mal
gérée, coûtait cher, desservait les intérêts
américains, et que les mesures prises contre elle, notamment en ne
payant pas la contribution américaine à son budget,
étaient parfaitement justifiées. La situation s'est
modifiée, dans la mesure où, depuis la fin de la guerre froide,
les Etats Unis ont réussi, tout en maintenant la pression
financière, en ne payant pas leurs contributions, en refusant de
participer aux conventions internationales qui tentent de tentent de faire
progresser le droit international (notamment la convention interdisant les
mines antipersonnel et celle créant la Cour pénal
internationale), à obtenir que le Conseil de sécurité
obéisse à leur conception de la politique internationale. La
guerre du Golfe, pour laquelle le soutien du Conseil à été
accordé, avait déjà démontré l'acceptation
du « leadership américain » par les Européens et par le
reste du monde123 ». Tout ceci confirme la force qu'ont
les Américains à l'échelle planétaire et
démontre que quand les Américains décident rien ne peut
les arrêter et surtout étant le principal bailleur de fonds des
N.U., celle-ci ne peut que se soumettre à sa volonté et en cela
les autres organisations régionales telle que l'O.T.A.N.
Ce leadership relève aussi du fait que possédant
l'arme nucléaire, ils essaient de le maintenir à un niveau
supérieur en basant la dissuasion nucléaire sur une
appréciation globale d'un réseau nucléaire qui mesure
l'ensemble des menaces courantes et émergentes, pas seulement
l'équilibre entre les Etats Unis et la Russie.
Si hier l'objectif stratégique américain
était de contenir l'expansion communiste de l'U.R.S.S., aujourd'hui, ils
se sont donné comme tâche de préserver l'environnement
sécuritaire international d'où leur présence en
Afghanistan et en Irak de même qu'en Libye qu'ils ont quitté
quelques semaines à cause de l'opinion défavorable du
Congrès. Pendant la guerre froide, ils ont tout fait pour bloquer
l'expansionnisme soviétique, mais aujourd'hui ils se donnent pour
mission de sécuriser et d'étendre les << zones de paix
démocratique », de dissuader l'émergence d'une nouvelle
grande puissance concurrente comme l'U.R.S.S. n'existe plus, de défendre
les régions jugées clés par eux en Europe, en Asie
Orientale et au Moyen Orient et de ce fait ils préserveront leur
suprématie dans le monde et continueront ainsi à dicter leur
loi.
Cependant, il ne faut pas se leurrer car le leadership
américain et leur rôle de garant de la paix et de la
sécurité internationales en tant que grande puissance reposent
principalement sur leur propre sécurité c'est-à-dire la
sécurité de la patrie américaine, de la nation
américaine et en cela sur la préservation d'un équilibre
favorable de puissance en Europe, au Moyen Orient et surtout dans les zones
productrices d'énergie ainsi qu'en Asie Orientale. La stabilité
générale de la communauté internationale, eu égard
aux terroristes, au crime organisé pèsent sur les
intérêts américains et cela peut être plus ou moins
important au fil des années.
53
De ce fait, pour se protéger les Etats Unis sont
prêts à tout quitte à choquer l'opinion publique
internationale et cela pour parapher cet adage qui dit que << le
chien aboit, la caravane passe ». Toutefois, le seul fait pour les
Etats Unis de se considérer comme les gendarmes du monde participe quoi
qu'on en dise à une régulation pacifique de la communauté
internationale.
123 BERTRAND M. L O.N.U. et la sécurité
à l échelle planétaire
SECTION 2 : POUR UNE MEILLEURE REGULATION DE LA
COMMUNAUTE INTERNATIONALE AU SERVICE D'UNE PAIX DURABLE
Une meilleure régulation de la communauté
internationale signifie de tout mettre en oeuvre par des moyens pacifiques et
de donner des instruments juridiques à la communauté
internationale afin de les mettre au service de la paix et de la
sécurité internationale. Pour ce faire, le droit d'assistance
humanitaire ou droit d'ingérence (parag. 1) est l'un de ses moyens et
que sa compréhension nous permettra de mieux comprendre que la paix doit
être maintenue à défaut d'être consolidée
(parag. 2) par tout les moyens.
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