CHAPITRE I : ÉTAT DE LA QUESTION DES FORCES
ARMÉES, DU CONFLIT ARMÉ ET DE LA
COOPÉRATION MILITAIRE INTERNATIONALE DANS LE MONDE
Jauger les performances des forces armées camerounaises
est une question complexe voire spécialisée qui est difficile
à traiter. Néanmoins, pour comprendre les enjeux des acteurs de
la crise frontalière entre le Cameroun et le Nigeria, il est utile de
circonscrire trois dimensions théoriques majeures liées aux
questions militaires. Il s'agit des forces armées, des conflits
armés et finalement de la coopération militaire internationale
(I). Ce rappel théorique sera suivi de la définition des concepts
(forces armées, conflit armé, coopération militaire
internationale) (II), préalables nécessaires pour une meilleure
compréhension de notre travail de recherche.
I- RAPPELS THÉORIQUES
I.1- Les forces armées
Tout État indépendant et souverain, à
l'exception de certains au statut particulier (Vatican, suisse etc.), dispose
de forces armées de défense. De fait, les armées sont
restées pendant longtemps le symbole premier de la souveraineté.
Elles sont au service de la Nation. Elles sont le « bras armé
» (Hervouët et Bournois 1999 : 160). En France, hormis quelques
exceptions notables, les sociologues n'ont guère estimé que
l'armée était une institution aussi essentielle que la famille,
l'école, l'entreprise, l'État, la religion ou la science. Mais
l'armée tient une place essentielle au coeur de l'État. Elle est
un acteur majeur de la politique extérieure (domaine
réservé). Elle peut dimensionner, déstabiliser ou
stabiliser tout État. Ainsi, cette dernière peut être un
instrument de « puissance » et de « grandeur » ; un outil
de protection des intérêts ; un outil de conquête,
d'émancipation et d'administration ; un outil de
contrôle ; un outil diplomatique ; un outil de l'humanitaire (Mvié
Meka 2000 : 15).
I.1.1- Les forces armées comme instrument de
« puissance » et de « grandeur »
La puissance et la grandeur américaine et
française se mesure fondamentalement à l'aune de leurs
armées respectives. L'intervention libératrice du Koweit en 1990,
la chute du régime de Sadam en 2006 mises à l'actif des forces
armées américaines contribuent à la construction de la
puissance américaine. La gestion d'autres entités autonomes et
souveraines par les EtatsUnis à travers leurs armées qui font et
défont des régimes politiques, n'est rien d'autre qu'une marque
de la toute puissance américaine. Ils restent les gendarmes du monde,
les garants de «leur ordre international » grâce à cet
outil de répression au service du politique.
De même, le rayonnement de la France sur la scène
internationale est du en grande partie par l'oeuvre de son armée,
instrument du politique lorsqu'on se rappelle du rôle joué par
cette dernière pendant la colonisation. Pour Jules Ferry, l'expansion
coloniale menée par les forces armées est « un instrument
décisif de grandeur et de puissance » (Ngongo 1987 : 110). De
même, pour permettre à la France de rester une puissance
malgré la faiblesse de ses moyens, le Général de Gaulle
décidera de placer les anciennes colonies au service de la
défense, du développement et du rayonnement international de la
France. Au lendemain des indépendances, la coopération militaire
sera l'ultime élément du maintien de l'influence française
en Afrique noire. De Gaulle considérait ces militaires français
comme dernier le moyen dont disposait la France pour préserver ses
intérêts et garder son influence lui permettant de rayonner sur le
plan international (Fogué Tédom 2006 : 23-25).
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