I.2- Les ambitions géopolitiques
nigérianes
Que ce soit en temps de paix ou en temps de guerre, la
structuration des moyens militaires est un des indices les plus parlant des
intentions, des ambitions géopolitiques d'un pays ; la force
étant un élément et un instrument de la puissance (Ela Ela
2000 : 68). Alors, le Nigeria qui consacre 2,9% de son Produit Intérieur
Brut (PIB) à la défense donnant naissance à son fort
potentiel militaire, n'a pas moins d'ambitions militaires régionales. Si
la mise sur pied par ce pays d'une grande armée peut se justifier par
:
- Un souci de sécurité intérieure tenant
compte de l'étendue du territoire et d'une forte démographie ;
- Un complexe d'encerclement car étant le seul pays
anglophone dans un giron francophone ;
Il n'en demeure pas moins vrai que sa participation à
l'ECOMOG où il pourvoit 80% du matériel et des personnes et la
guerre qu'il a livré au Cameroun sont des indices évidents d'une
projection de puissance (Metogo 2000 : 128).
Parlant de la guerre qu'il a livré au Cameroun, elle
était dirigée par « l'Opération Harmony IV »,
nom de baptême des forces nigérianes chargées de mener les
opérations sur le territoire camerounais. Ces forces nigérianes
nanties d'importants moyens de guerre vont quadriller la presqu'île dans
le but d'accomplir leur mission.
I.2.1- La mission de l' « Opération Harmony
IV »
Elle était chargée d'accomplir la politique
extérieure de son gouvernement ; gouvernement mû par l'idée
d'annexer la péninsule de Bakassi constituant une grande réserve
pétrolière dans le Golfe de Guinée. L' «
Opération Harmony IV » se devait de transformer ce voeu en
réalité. A cet effet, elle recherchait
frénétiquement par tous les moyens, à établir une
tête de pont sur l'embouchure du Rio Del Rey à travers de deux
manoeuvres coalescentes :
- Dans un premier temps ;
Effectuer une action de force à l'intérieur du
dispositif camerounais de la crique Atabong vers la crique Hecuba, aboutissant
sur le Rio Del Rey par des attaques massives précédées des
bombardements par l'artillerie lourde, afin de neutraliser en définitive
les postes avancés camerounais situés sur la ligne de contact
pointe maritime-Idem Abassi-le P (poste de commandement n°2)-
entrée crique Artificielle Guidi-Guidi et les postes A et B de Small Ndo
puis, aboutir par deux autres manoeuvres simultanées sur la crique
débouchant en face du poste de Benkoro pour choir au Rio Del Rey.
- Dans un deuxième temps ;
Fixer par la manoeuvre classique, les forces camerounaises le
GOS (Groupement Opérationnel Sud) par les forces au contact à la
cage territoriale, permettant ainsi au G0S d'effectuer une manoeuvre de
débordement par la façade maritime, isolant ainsi le GOC
(Groupement Opérationnel Centre) prenant ainsi en étau, les
forces camerounaises. Il s'agissait d'un mode d'action dangereux, le GOS ainsi
phagocyté aurait été indubitablement coupé de tout
apport des amis, tant sur les possibilités patentes d'intervention que
sur celle de tout ravitaillement. La conséquence qui en
résulterait aurait été fort désastreuse
(Présidence de la République du Cameroun 2001 : 6-7).
Pour mener à bout ces manoeuvres, l' «
Opération Harmony IV » était présente sur le champ
des opérations.
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