CONCLUSION
Ces actions répressives des Forces de Défense
camerounaises loin d'être exhaustives font montre de leur dynamisme
assuré par une professionnalisation progressive. Les enjeux
sécuritaires étant énormes, la qualité de leur
formation et le respect de la discipline sont les priorités des
autorités civiles et militaires. C'est ce qui justifie la nomination de
trois nouveaux responsables militaires le 09 juin 2010 dans la capitale du Nord
avec pour prescription de faire de la lutte contre l'insécurité
transfrontalière
et Dala et prennent en otage 10 personnes dont un enfant de 10
ans. Après moult négociations sans succès avec les
familles des victimes, les preneurs d'otages vont faire appel à l'
« expertise » de certains pays voisins. C'est ainsi que trois
mercenaires tchadiens sont arrivés dans la région quelque temps
après. Ils vont attacher les otages contre les troncs d'arbres sur la
montagne Kouboutou, et vont les torturer à longueur de journée.
Trois otages vont succomber à la souffrance, notamment Bouba Toumbala
(57 ans), Halidou Baraya (36 ans) et Dokeye Haman. Entre temps, le gendarmerie
se met à leurs trousses et fini par mettre la main sur 8 personnes. Il
s'agit notamment de Youssoufa, Madi Lea, Kari Bouba (commanditaire du coup),
Harouna Dodji (propriétaire arme à feu), Harouna Adama
(chargé du ravitaillement des malfrats), Boubakari Zroumba (relais entre
les malfrats et familles des victimes), Sandi Djoumane (contact des mercenaires
tchadiens), et Moussa (membre du gang). Le quotidien national Cameroon
Tribune N°9632/5833 du 02 juillet 2010, page 12.
77L'intervention du 1er Bataillon
d'Intervention va permettre de mettre fin aux exactions des malfrats qui
écumaient l'arrondissement de Gobo dans le Mayo-Danay. Il s'agit de
Goulama, le chef de gang, Nganchi Bahatoussou, alias Job et Hussein Ahmid. Si
les éléments du BIR n'ont pas pu mettre immédiatement la
main sur les deux premiers cités, ils ont maîtrisé Hussein
Ahmid. Ce dernier, retrouvé dans en pleine brousse non loin de la
localité de Tolgut, portait une arme de guerre,
précisément un « Pm Mat 49 » et beaucoup de munitions.
L'homme n'a pas nié être un coupeur de route. Bien au contraire,
il a déclaré effectuer sa sale besogne avec les nommés
Nganchi Bahatoussou, Goulama, le chef de village qui leur a fourni les armes
qui leur permettaient de dépouiller leurs victimes. A leurs actifs, de
nombreux vols de bétail dans l'arrondissement Moulvoudaye,
écoulés au Tchad voisin à vil prix. Le quotidien
national Cameroon Tribune N°9635/5836 du 07 juillet 2010, page 11.
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
leur priorité. Il s'agit du Colonel Eyong Tambong Ebot,
le commandant du secteur militaire terrestre numéro trois (Comsecteur 3)
couvrant la région du Nord, le Colonel David Demanou, commandant le
41e Bataillon d'Infanterie Motorisé (BIM), le Lieutenant
Colonel Ngoa Abdoulaye à la tête du troisième Bataillon de
soutien78. La lutte contre l'insécurité reste la
préoccupation du Chef supérieur des Armées qui ne cesse
d'agir, la dernière action étant la nomination le 31 aout du
Secrétaire Permanent du Conseil National de Sécurité
Monsieur Paul Atangan Nji79. Mais les récentes prises
d'otages dans le Grand Nord, les dernières attaques des chalutiers dans
les eaux territoriales camerounaises, les pertes en vie humaine
enregistrées dans les rangs des Forces Armées camerounaises
démontrent à suffisance la vulnérabilité du
système de défense camerounais en termes d'hommes et
d'équipements, exigeant ainsi une mise à jour permanente au vue
du dynamisme des nouvelles formes de menaces.
78 Le quotidien national Cameroon Tribune
N°9625/5826 du 23 juin 2010, page 3.
79 Décret N°2010/266 du 31 août 2010
; Le quotidien national Cameroon Tribune N°9672/5873 du
1er septembre 2010, page 2.
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
![](Les-forces-armees-camerounaises-face-aux-nouvelles-formes-de-menaces--la-securite--dune-arm40.png)
|
CHAPITRE VI
LA RECONFIGURATION OPÉRATIONNELLE DU SYSTEME DE DÉFENSE : LA
REORIENTATION SÉCURITAIRE
|
|
|
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
Depuis les attentats terroristes du 11 Septembre 2001 aux
Etats-Unis d'Amérique, aucune partie du monde ne semble être
à l'abri de la menace terroriste. Ceci sera confirmé plus tard
par les attentats de Madrid, de Londres, les attentats manqués en
France. Ces éléments caractérisant une crise
internationale définissent une nouvelle géopolitique
internationale entretenue par l'émergence des « réseaux
terroristes » en l'occurrence AlQaida, le Groupe Salafiste pour la
Prédication et le Combat (GSPC), les Groupes Islamistes Armés
(GIA)... A coté de ces attentats, on observe également le
phénomène de Piraterie maritime devenue une véritable
entreprise criminelle internationale doublée d'un commerce très
lucratif. L'on se souviendra longtemps du Lundi 17 Novembre 2008, ce jour ou la
piraterie maritime a franchi un palier qu'on croyait infranchissable en
s'emparant d'un superpétrolier le Sirius Star, un énorme tanker
Saoudien contenant deux millions de barils d'or noir d'une valeur de cent
millions de dollars soit environ deux milliards de francs CFA. Selon le Bureau
Maritime International (BMI), quatre vingt quatorze bateaux ont
été attaqués par des pirates saoudiens sur deux cents
attaques répertoriées dans le monde. De toute évidence, la
cote d'alerte est atteinte avec la multiplication des actes de piraterie dans
le Golfe d'Aden plongeant la Communauté Internationale dans le
désarroi, surprise de la capacité de nuisance des
pirates80. Par ces faits, les Etats font désormais face
à une nouvelle réalité internationale porteuse de menaces
multiformes. Le noyau dur est constitué par le terrorisme (notamment
islamiste), la piraterie maritime, la criminalité
transfrontalière, les trafics illicites81. Ces menaces, plus
difficiles à prévoir, à parer, à évaluer,
peuvent avoir des conséquences graves dans la vie des Etats. En
réalité, le monde part d'une menace principale, conventionnelle
et identifiée à une prolifération de menaces diffuses.
Dès lors, les conflits et les violences ne sont plus seulement
80 Cameroun Tribune N°9255/5432 2008, page 31.
81 IHEDN, 2002, Défense globale et politique
militaire de défense, Rapport première phase de la
54ème session nationale.
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
militaires. D'autres convulsions ont lieu à
l'échelle de la planète, fruits d'acteurs globaux
élargissant le cercle d'influence. Il s'agit des Forces «
transverses », « asymétriques », « nouvelles »
qui tirent profit de l'évolution de la réalité
internationale pour prospérer et exploiter ses
vulnérabilités. Chaque partie du monde, chaque Etat vit sa
cohorte de menaces. Tel est le cas de l'Afrique et ses cinq sous
régions. Ces attentats ont ouvert la voie à des conflits d'un
type nouveau, sans champ de bataille et sans Armée clairement
identifiée, ou l'adversaire, prêt à utiliser les armes de
destruction massive, vise clairement des populations. On vit désormais
dans un monde durablement imprévisible, dans un environnement
stratégique en mutation qui oblige les Etats à rehausser leur
effort de défense. La nième attaque des assaillants non
identifiés dans la presqu'île de Bakassi et revendiquée
plutard par les combattants d'Africa Marine Commando (AMC), une excroissance
des Bakassi Freedom Fighters avec pour bilan 2 morts et 12 otages82
confirme cette hypothèse.
Ce vent d'insécurité mettant à mal les
Etats désormais incapables d'assurer leurs missions régaliennes
parmi lesquelles la sécurité de ses citoyens est l'objet d'une
problématique commune à de nombreux gouvernements. La nature de
la menace, ses origines et son évolution permanente exige une action
immédiate passant par : le contre-terrorisme, les relations
civilo-militaires, l'économie de défense et la gouvernance
démocratique.
82 L'embarcation transportant la
délégation camerounaise composée de 12 personnes et
conduite par le sous-préfet de Kombo A Bédimo a été
attaqué de retour de la Commission mixte Cameroun-Nigeria. Alors que
l'embarcation de la délégation camerounaise naviguait sur le
chemin retour, elle a été attaquée par deux navires ultra
rapides (fly boat) remplis de rebelles solidement armés. Bilan, 12
personnes portées disparues et retenues en otage. Il s'agit du : du
sous-préfet de l'arrondissement de Kombo à Bédimo, son
adjoint, le commissaire spécial, l'officier de 2ème
grade Zé Crépin, le commissaire de sécurité
publique, l'officier de police de 3ème grade Mbelibi, le
Maire et son adjoint, le commandant de brigade de gendarmerie de la
localité et quatre de ses éléments, et une
infirmière. Après avoir maîtrisé l'embarcation, les
rebelles ont mené un raid à la brigade maritime de Mbonjo aux
environs de 3 heures du matin avec une arme lourde. A l'issue de cette
offensive, les assaillants ont abattus le commandant, l'adjudant chef Essaga
André. Le quotidien national AURORE PLUS n°1292 du Mardi 08
Février 2011, page 5.
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
I- LE CONTRE TERRORISME
D'après les Nations Unies, le terrorisme est toute
action qui a pour intention de causer la mort ou de graves blessures
corporelles à des civils ou à des non-combattants, lorsque le but
d'un tel acte est, de par sa nature ou son contexte, d'intimider une
population, ou de forcer un gouvernement ou une organisation internationale
à prendre une quelconque mesure ou à s'en abstenir (Ahouanye M.L.
2008).
Pour l'Union Africaine (UA), l'acte terroriste est : «
(a) tout acte ou menace d'acte en violation des lois pénales de
l'Etat partie susceptible de mettre en danger la vie, l'intégrité
physique, d'une personne ou d'un groupe de personne... et commis dans
l'intention : (i) d'intimider, provoquer une situation de terreur, forcer,
exercer des pressions ou amener tout gouvernement, organisme, institution,
population ou groupe de celleci, d'engager toute initiative ou de s'en
abstenir, d'adopter, de renoncer à une position particulière ou
d'agir selon certains principes; ... » (Article 1er section 3 de sa
convention sur la prévention et la lutte contre le terrorisme).
(Ahouanye M.L. 2008). Les prises d'otages des coupeurs de routes dans le Grand
Nord, les attaques armées du MEND, des Bakassi Freedom Fighter et
l'Africa Marine Commando destinées à intimider, provoquer une
situation de terreur, forcer, exercer des pressions ou amener le gouvernement
sur la table de négociation peuvent être assimilées au
terrorisme. Combattre efficacement le terrorisme passe par la mise sur pied
d'une « Armée de l'avant » et d'une approche
stratégique nationale.
1) UNE ARMÉE « D'AVANT-GARDE » POUR
UNE
|