2- NATURE, AMPLEUR ET VARIATIONS DES ATTAQUES
MARITIMES
La piraterie démarre effectivement le long des
côtes camerounaises dans la 2ème moitié des
années 1980. Elle reste cependant concentrée presqu'exclusivement
dans la zone d'exploitation pétrolière au large de la
presqu'île de Bakassi. Pendant les années 1990 et pratiquement
jusqu'en 2008, cette forme de piraterie est purement matérielle et se
manifeste par des cambriolages sur des plates formes de forage ; des
pêches à la dynamite dans les zones d'exploitation
pétrolière truffées de câbles électriques de
haute tension sous-marins véhiculant des gaz et des liquides (dont du
pétrole) sous forte pression ; des pêches artisanales et
industrielles pratiquées par des piroguiers riverains et des chalutiers
peu soucieux du respect de l'interdiction de toute autre activité dans
des zones parfaitement délimitées et strictement
réservées aux activités pétrolières ; des
vols sur des navires de commerce au mouillage à la zone d'attente et au
port de Douala et des attaques des chalutiers de nuit au cours desquelles
les
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équipages sont délestés de leurs biens
personnels des sommes d'argent et caisses de poissons sont
récupérées (Ntuda Ebodé 2010 : 79-80).
De janvier 1994, date de déclenchement du
différend qui a opposé le Cameroun au Nigeria de Bakassi sur la
paternité de la presqu'île de Bakassi, jusqu'en juin 2006 date de
la signature des accords de Green Tree, la zone est sous contrôle et de
l'Armée camerounaise et de l'Armée nigériane. Seuls
quelques actes de la nature de ceux énumérés plus haut
sont enregistrés du côté camerounais. Mais des attaques de
navires et des installations pétrolières offshores sont
déjà légion côté Nigeria ; avec
enlèvement de matériels, sabotage et prises d'otages souvent
libérés contre fortes rançons.
Ainsi les menaces d'actes de piraterie purs et durs ne sont
survenues du côté camerounais, qu'après la signature des
accords de Green Tree, lesquels comme nous le savons, définissent le
processus de rétrocession de la presqu'île de Bakassi au Cameroun,
conformément à l'arrêt de la Cour Internationale de Justice
(CIJ).
Ces pirates viennent principalement de groupes de dissidents
membres du Bakassi Freedom Fighter (BFF) opposé à cette
rétrocession. C'est ainsi qu'en Octobre 2008 et plus
précisément le 31, des pirates identifiés plus tard comme
des rebelles venant du Nigeria frappe leur premier grand coup, en attaquant un
Supply boa (SS SAGITTA) en manoeuvre de sécurisation d'un tanker en
chargement, et font 10 otages dont 7 français, 2 camerounais et 1
tunisien. On attribue aussi à ces rebelles deux attaques des postes de
l'Armée camerounaise à Bakassi le 12 novembre 2007 et 09 juin
2008, avec à la solde plusieurs militaires camerounais tués
(respectivement 21 et 5), 01 sous-préfet et des matériels
sensibles emportés (Ntuda Ebodé 2010 : 80).
L'attaque du SS SAGITTA sonne comme le début d'une
série d'actes de piraterie qui vont être perpétrés
autant sur les navires marchands que sur supplices travaillant pour des
compagnies pétrolières et sur des
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chalutiers. La ville de Limbé connaîtra une
attaque de trois banques dans la nuit du 28 septembre 2008, avec mort d'homme.
De manière condensée, les statistiques des attaques
classées actes de piraterie le long des côtes sont classées
comme sérieuses. Mais un coup d'oeil sur les statistiques de 2009
indique 39 cas, 3 tués, 8 blessés et 4 otages, comme il en
ressort dans le tableau ci-après :
Tableau N°4 :
Statistique des actes de piraterie aux larges des côtes camerounaises
en 2009
2009
|
NB ATTACK
|
KILLED
|
INJURED
|
HOSTAGES
|
JANV
|
6
|
1
|
1
|
0
|
FEB
|
0
|
0
|
0
|
0
|
MAR
|
1
|
0
|
0
|
4
|
APR
|
1
|
0
|
0
|
0
|
MAY
|
1
|
0
|
0
|
0
|
JUN
|
4
|
0
|
0
|
0
|
JULY
|
5
|
0
|
0
|
0
|
AUG
|
4
|
0
|
1
|
0
|
SEP
|
14
|
0
|
6
|
0
|
OCT
|
3
|
2
|
0
|
0
|
NOV
|
0
|
0
|
0
|
0
|
DEC
|
0
|
0
|
0
|
0
|
TOTAL
|
39
|
3
|
8
|
4
|
Source : Ntuda Ebodé
2010, La nouvelle posture géopolitique du Cameroun et la lutte contre la
piraterie dans le Golfe de Guinée, p.81.
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