2) LA MARINE NATIONALE ET LA SAUVEGARDE DES APPROCHES
MARITIMES NATIONALES : UN DEFI PARTAGÉ
Les approches maritimes mondiales font depuis plus d'une
décennie le lit d'une insécurité grandissante affectant
diversement les tissus socioéconomiques des Etats côtiers
adjacents. Du Golfe d'Aden au détroit de Malacca, en passant par la mer
des caraïbes, ces aires océaniques connaissent un accroissement des
abordages criminels fortement préjudiciables à l'activité
offshore de ces nations. Le Cameroun, pays ouvert sur la mer par le coude en
quadrature du Golfe de Guinée, n'est pas épargné par ce
péril sécuritaire contemporain. Cette insécurité
croissante, indirectement charriée par les enjeux économiques en
forte expansion dans cette zone économique maritime a imposé des
d'actions nationales au vue des enjeux économiques.
a) ÉTAT DES LIEUX ET ENJEUX
ÉCONOMIQUES
L'Etat du Cameroun dispose d'un débouché
stratégique à la mer, grâce à sa façade
maritime longue d'environ 370 km selon la loi n°2000/02 du 17 avril 2000,
s'étalant de la localité de Jabane dans la région du
Sudouest, à campo dans la région du Sud. Sa Zone Economique
Exclusive (ZEE) est constituée d'une aire liquide adjacente de
près de 25.000 kilomètres carré (km2) riche en
ressources halieutiques et dont le plateau continental sous-jacent regorge de
ressources minières considérables (Belinga Ela 2008 : 28). Cette
configuration géographique privilégiée lui permet
d'exercer, une importante activité économique dans l'espace
maritime attenant.
L'accès du pays à la mer est avant tout un
élément facilitateur pour ses échanges avec le reste du
monde, 90% de ceux-ci s'effectuant par fret maritime. A fortiori, plusieurs
pays de la zone CEMAC empruntent la bande littorale nationale pour le transport
des matières premières ou des
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
produits manufacturés. Le pipeline Doba-Kribi, avec
son terminal pétrolier situé au large du chef-lieu du
département de l'Océan, illustre parfaitement cette situation.
L'exploitation pétrolière offshore, traduite
par la présence de plusieurs plates-formes et de nombreux tankers dans
la zone économique exclusive nationale, est par ailleurs
révélatrice du potentiel énergétique fortement
promoteur du plateau continental sous-jacent. Quant aux ressources
halieutiques, leur abondance remarquable justifie la forte implication des
intervenants du secteur pêches dans le chalutage maritime. 100.000 tonnes
de poissons sont ainsi pêchés en moyenne chaque année dans
les eaux camerounaises.
Cependant, la permanence des activités
génératrices de revenus dans ce vivier économique
extrêmement fécond est mise à mal par des « loups de
la mer ».
La piraterie maritime a ainsi pris de l'élan dans les
eaux territoriales camerounaises ces derniers temps, se caractérisant
par des attaques répétées de bâtiment hauturiers,
chalutiers et tankers notamment. La probabilité d'attaques contre des
installations situées sur le littoral à partir de la mer, est par
ailleurs à considérer. Le bilan humain et matériel de ces
activités criminelles est suffisamment évocateur :
dégâts matériel sur les ouvrages maritimes, objet de valeur
et argent emportés, prises d'otages et dans les cas extrêmes,
pertes en vie humaines...
L'actualité sous-régionale relaie
également plusieurs faits liés à la commission d'attaques
similaires dans les eaux maritimes des pays voisins par ces brigands de mers.
L'on ne saurait oublier d'évoquer les dangers liés aux trafics
illicites empruntant la mer (drogue, contrebande...), les risques induits par
une pollution éventuelle des eaux camerounaises ou encore les
dégâts d'une pêche anarchique dans
l'écosystème marin. Les menaces sont donc réelles et de
surcroît transnationales. Elles imposent par conséquent des
réponses appropriées.
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à la sécurité : d'une Armée « de garde »
vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
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