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Les forces armées camerounaises face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une armée de garde vers une armée d'avant garde 1960-2010( Télécharger le fichier original )par Ernest Claude MESSINGA Université de Yaoundé II-SOA - Doctorat/Ph.D en science politique 2011 |
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 LISTE DES TABLEAUXN° du tableau Dénomination du tableau Page Tableau N°1 Le Cameroun et les Opérations de Maintien de la 135 Paix (OMP) : Les missions passées Tableau N°2 Le Cameroun et les OMP : Les missions en cours 136 Tableau N°3 L'évolution des attaques de 2001 à 2009 276 Tableau N°4 Statistique des actes de piraterie aux larges des 281 côtes camerounaises en 2009 Tableau N°5 Coût de matériels 342 Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 TABLE DES MATIERESINTRODUCTION GÉNÉRALE 1 I- LE CONTEXTE 2 II-LA PROBLÉMATIQUE 5 III-HYPOTHESES 9 IV-MÉTHODE ET INSTRUMENTS 9 1-MÉTHODE : LE SYSTÉMISME . Erreur ! Signet non défini. 2-LES INSTRUMENTS ET TECHNIQUES 18
V-CHAMP D'OBSERVATION ET NIVEAUX D'EXPLICATION 19 VI-INTERETS ET LIMLITES DE LA RECHERCHE 20 PREMIERE PARTIE :LA CONCEPTUALISATION POLITIQUE, DOCTRINALE ET STRATÉGIQUE DES NOUVELLES MENACES PAR LES FORCES ARMÉES CAMEROUNAISES 1 CHAPITRE I : LES BASES CONCEPTUELLES DU DÉBAT SUR LES FORCES ARMÉES, LA SÉCURITÉ ET LES NOUVELLES MENACES : ÉTAT DE LA QUESTION 1 I-PRÉCISIONS CONCEPTUELLES ET THÉORIQUES 24 1)LES FORCES ARMÉES 24 a)LES FORCES ARMÉES COMME INSTRUMENT DE « PUISSANCE» ET DE «GRANDEUR » 24 b)LES FORCES ARMÉES COMME OUTIL DE PROTECTION DES INTERETS 25 c)LES FORCES ARMÉES COMME OUTIL DE CONQUETE, D'ÉMANCIPATION ET D'ADMINSTRATION 26 d)LES FORCES ARMÉES COMME OUTIL DE CONTROLE DE L'ORDRE PUBLIC 27 e)LES FORCES ARMÉES COMME OUTIL DIPLOMATIQUE 28 f)LES FORCES ARMÉES COMME OUTIL DE L'HUMANITAIRE 29 g)LES DOCTRINES D'EMPLOI DES FORCES ARMÉES ACTUELLEMENT EN VIGUEUR 30 2)LES NOUVELLES MENACES 33 a)DE LA GUERRE SYMETRIQUE À LA GUERRE ASYMETRIQUE 33 b)CONFLITS SYMETRIQUES ET CONFLITS DISSYMETRIQUES 33 Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 c)LES CONFLITS ASYMETRIQUES 34 d)DES CONFLITS SYMETRIQUES AUX CONFLITS ASYMETRIQUES 35 e)DE NOUVEAUX ADVERSAIRES 36 f)UNE VISIBILITE CROISSANTE DE LA MENACE ASYMETRIQUE 37 g)LES CARACTERISTIQUES DES MENACES ASYMETRIQUES 37 1-UN PHENOMENE PASSAGER OU DURABLE ? 37 2-L'APPARITION DE ZONES GRISES 388 3-UNE LOGIQUE DE RESEAUX 38 h)TENTATIVE DE « TYPOLOGIE » DES MENACES 38 1-LE TERRORISME 39 a-UNE DÉFINITION OPÉRATOIRE DU TERRORISME 39 b-MENACES ET VULNÉRABILITÉ EN AFRIQUE 43 c-LES CAUSES DU TERRORISME 44 2-LA PIRATERIE MARITIME 46 a-ÉTHYMOLOGIE ET DÉFINITIONS 46 b-HISTOIRE DE LA PIRATERIE MARITIME 48 c-LA PIRATERIE MODERNE 49 d-LES REGIONS SENSIBLES 49 e-LES ATTAQUES 51 3-LA CRIMINALITÉ ORGANISÉE 54 a-LE CRIME ORGANISÉ À TRAVERS LE MONDE 55 b-L'ÉCONOMIE CRIMINELLE : DES ENTREPRISES PRESQUE COMME LES AUTRES 56
4-ENTREPRISES CRIMINELLES DU MOYENS-ORIENT ET D'ASIE DU SUD-OUEST........................................................................... 64 5-ENTRPRISES CRIMINELLES AFRICAINES 65 6-ENTRPRISES CRIMINELLES DES BALKANS 66 i) PRODUCTION ET TRAFIC DE DROGUES ILLICITES 66 1-COMMERCE DE LA DROGUE COLOMBIENNE 66 Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 2-LA MARIJUANA 67 3-LA METHAMPHETAMINE 67 j) LA CRIMINALITÉ FINANCIERE 68 1-LE VOL D'IDENTITÉ 68 2-LE BLANCHIMENT D'ARGENT 69 3-L'INDUSTRIE DU DIAMANT 69 4-LE SYSTEME DE PAYEMENT ÉLECTRONIQUE 69 5-L'ÉCHANGE DE PESOS SUR LE MARCHÉ NOIR 70 6-LE CASINO 71 7-LA FRAUDE PAR TÉLÉMARKETING 71 8-LES GANGS 72 k)TRAITE DE PERSONNES ET PASSAGE CLANDESTIN DE MIGRANTS 73 4-CRIMINALITÉ ORGANISÉE AU CAMEROUN 74 a-LES FIGURES DOMINANTES DE LA CRIMINALITÉ ORGANISÉE AU CAMEROUN 75 1-LES GANGS (URBAINS) 75 2-LES RESEAUX CRIMINELS TRANSNATIONAUX 76 3-LA VIOLENCE PRIVÉE INDIRECTE 77 4-LES ACTIVITÉS NATIONALITAIRES 78 3)LA SÉCURITÉ 78 a)LE SENS DE LA SÉCURITÉ AUJOURD'HUI 79 b)LE PARADIGME TRADITIONNEL : LA SÉCURITÉ NATIONALE 83 c)LE NOUVEAU PARADIGME : DU CONCEPT DE SÉCURITÉ NATIONALE A LA SÉCURITÉ HUMAINE 85 d)DE LA SÉCURITÉ COLLECTIVE A LA SÉCURITÉ COOPERATIVE 90 II-DÉFINITION DES CONCEPTS 91 1-LA FORCE ARMÉE 91 2-LES NOUVELLES MENACES 92 3-LA SÉCURITÉ 92 CHAPITRE II :LA CONCEPTUALISATION INSTITUTIONNELLE ET GÉNÉRALE CLASSIQUE DES MENACES : LES FORCES ARMÉES CAMEROUNAISES EN CINQUANTE ANS 1 I-LA MISE EN PLACE DES FORCES ARMÉES CAMEROUNAISES 96 1)LA NAISSANCE DES FORCES ARMÉES CAMEROUNAISES 97 a)L'ORDONNANCE N°59/57 97 Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 b)UNE DIRECTION HOMOLOGUE A LA DYNAMIQUE DU SYSTEME POLITIQUE CAMEROUNAIS 99 2)LA MONTÉE EN PUISSANCE DES FORCES ARMÉES CAMEROUNAISES 100 a)L'ARSENAL JURIDIQUE 100 b)LES DIFFÉRENTES PHASES DE LA MONTÉE EN PUISSANCE 105 1-LA PHASE D'ACCÉLÉRATION : DE JANVIER 1960 A MARS 1961 106 2-LA PHASE DE RETOUR AU CALME : DE MARS 1961 AUX ANNÉES 1967- 1970 108 3-LA PHASE PROSPECTIVE : DES 1970 109 4-LA PHASE DE MODERNISATION ET DE PROFESSIONNALISATION : LES DECRETS DE 2001 ET DE 2002....................................................113 a-L'ARMÉE DE TERRE 114 b-L'ARMÉE DE L'AIR 115 c-LA MARINE NATIONALE 116 d-LA GENDARMERIE NATIONALE 118 II-DÉFINITION DE LA POLITIQUE DE DÉFENSE DU CAMEROUN 119 1)UNE POLITIQUE DE DÉFENSE BASÉE SUR LA DÉFENSE POPULAIRE 121 a)LE PRINCIPE 121 b)LE CHOIX STRATÉGIQUE 122 2)LES BASES POLITIQUES ET JURIDIQUES 123 a)LE DISCOURS POLITIQUE 123 b)LES TEXTES JURIDIQUES 126 III-LA MISE EN OEUVRE DE LA POLITIQUE DE DÉFENSE POPULAIRE DU CAMEROUN 128 1)LES COMPOSANTES DES FORCES ARMÉES CAMEROUNAISES ET LEURS MISSIONS 130 a)LES COMPOSANTES DES FORCES ARMÉES CAMEROUNAISES 130 b)LEURS MISSIONS 133 2)LA FORMATION ET L'ENTRAINEMENT DES HOMMES 138 a)LA FORMATION 139 b)L'ENTRAINEMENT 148 CHAPITRE III: LA DOCTRINE D'EMPLOI DES FORCES ARMÉES CAMEROUNAISES ET SON ADAPTATION AUX MENACES ASYMÉTRIQUES 152 I-L'EMPLOI DES FORCES ARMÉES CAMEROUNAISES A LA NAISSANCE : LA DÉFENSE FERME SANS IDÉE DE RECUL 154 Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 1)LA CLASSIFICATION DES FORCES DE DÉFENSE CAMEROUNAISE RELATIVEMENT AUX HYPOTHESES DE DÉFENSE 156 a)LA CLASSIFICATION DES FORCES 156 1-LES UNITÉS DE RESERVE GÉNÉRALE 156 2-LES UNITÉS D'INTERVENTION 157 3-LES UNITÉS TERRITORIALES 158 b)LES HYPOTHESES DE DÉFENSE 159 2)LA DYNAMIQUE DES RIPOSTES DES FORCES CAMEROUNAISES ET LEURS EXPERIMENTATIONS......................................................... 161 a)LES RIPOSTES POSSIBLES DES FORCES CAMEROUNAISES 161 b)LES FORCES ARMÉES CAMEROUNAISES A L'ÉPREUVE DES FAITS 163 1-LA LUTTE CONTRE LA RÉBELLION ARMÉE 163 2-LA RÉDUCTION DU COUP D'ÉTAT DU 06 AVRIL 1984 165 3-LE DIFFÉREND FRONTALIER DE BAKASSI 167 4-LES ATTEINTES A LA SURETÉ DE L'ÉTAT DES ANNÉES 1990 178 5-LES RÉVENDICATIONS SOCIALES DE FÉVRIER 2008 181 II-L'ADAPTATION DE LA DOCTRINE D'EMPLOI DES FORCES ARMÉES CAMEROUNAISES AUX MENACES ASYMÉTRIQUES : LE DROIT D'ATTAQUE ET DE POURSUITE 182 1)LE CADRE GÉNÉRAL DE L'ACTION 182 a)CLASSFICATION GÉNÉRALE DES OPÉRATIONS ET CADRE JURIDIQUE CORRESPONDANT 182 1- CLASSFICATION GÉNÉRALE DES OPÉRATIONS........................... 183
2- CLASSIFICATION DES CONFLITS 184 b)LES HYPOTHESES D'EMPLOI DES FORCES DE DÉFENSE 185 1-MENACES ET RISQUES 185 2-LES DIFFÉRENTES MENACES ET LES RISQUES POTENTIELS 186 2)LA STRATÉGIE GÉNÉRALE MILITAIRE 193 a)LA MAITRISE DES QUATRES GRANDES FONCTIONS STRATÉGIQUES 194 1-LA DISSUASION 194 2-LA PRÉVENTION DES CRISES 194 Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 3-LA PROTECTION 195 4-LA PROJECTION 195 b)LES PRINCIPES D'EMPLOI DES FORCES 197 1-L'ANTICIPATION 197 2-LA COHÉRENCE DES BUTS RECHERCHÉS 197 3-LA MAITRISE ET L'EMPLOI MESURÉ DE LA FORCE 198 4-LA FORCE MORALE 198 DEUXIEME PARTIE: L'OPÉRATIONNALISATION TECHNIQUE, INSTRUMENTALE ET TACTIQUE DES RÉPONSES AUX NOUVELLES MENACES PAR LES FORCES ARMÉES CAMEROUNAISES 200 CHAPITRE IV :.LE DÉPLOIEMENT OPÉRATIONNEL DES FORCES ARMÉES CAMEROUNAISES FACE AUX NOUVELLES FORMES DE MENACES 200 I-LE DISPOSITIF NATIONAL DE LUTTE CONTRE LES MENACES ASYMÉTRIQUES 206 1)L'ARMÉE DE TERRE FACE AUX COUPEURS DE ROUTES ET AUX PIRATES DE MER 206 a)LE BIR FACE AUX COUPEURS DE ROUTES 207 b)LE BIR DELTA FACE AUX PIRATES DE MER 211 2)LA MARINE NATIONALE ET LA SAUVEGARDE DES APPROCHES MARITIMES NATIONALES : UN DEFI PARTAGÉ 2132 a)ÉTAT DES LIEUX ET ENJEUX ÉCONOMIQUES 213 b)FONDEMENTS ACTUELS DE LA SAUVEGARDE DES APPROCHES MARITIMES NATIONALES COMME VOLONTÉ NATIONALE: L'ACTION DE L'ÉTAT EN MER 2154 1-LES INSTANCES DE REFLEXION ET D'ORIENTATION 216 2-LES INSTANCES D'ACTION ET DE COORDINATION 2176 c)LES OPÉRATIONS DE LA MARINE NATIONALE 219 3)L'ARMÉE DE L'AIR FACE A LA MENACE ASYMÉTRIQUE 221 a)LA DISSUASION DES VECTEURS DE COMBAT 223 b)DÉPLOIEMENT DES VECTEURS DE PROJECTION 224 4)LA GENDARMERIE NATIONALE ET SA CROISASDE CONTRE L'INSÉCURITÉ 227 a)SON ORGANISATION 228 b)SES MISSIONS 228 c)LES EFFETS DE LA REFORME 230 d)LA GENDARMERIE FACE AUX MENACES ET VULNERABILITÉS MAJEURES 232 e)LES DEMEMBREMENTS ACTIFS DE LA GENDARMERIE NATIONALE 233 Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 5)L'IMPLICATION DES CIVILS DANS LA LUTTE CONTRE LES NOUVELLES FORMES DE MENACES 235 a)LA DIPLOMATIE DES AUTORITÉS LOCALES 235 b)L'APPORT DES POPULATIONS 240 II-LE DISPOSITIF INTERNATIONAL DE LUTTE CONTRE LES MENACES ASYMÉTRIQUES 242 1)LES INITIATIATIVES SOUS-RÉGIONALES 242 a)LA COMMISSION DU GOLFE DE GUINÉE 242 b)LA REPRISE EN MAIN DE LA SURETÉ MARITIME DU GOLFE DE GUINÉE PAR LA CEEAC 244 1-LE ROLE CENTRALE DU COPAX 244 2-LE CRESMAC ET LA MISE OEUVRE DU PROJET COMMUNAUTAIRE 245 c)LA MISE EN COMMUN DES MOYENS DES ÉTATS : LE REGROUPEMENT EN ZONES A, B ET D 246 d) L'EXERCICE OBANGAME EXPRESS 2011 246 2)LE SOUTIEN INTERNATIONAL 250 a)LES CONVENTIONS DE SUA DE 1988 ET LES PROTOCOLES DE 2005 : DES MESURES ESSENTIELLEMENT REPRESSIVES. 250 b)LE CODE INTERNATIONAL POUR LA SURETÉ DES NAVIRES ET DES INSTALLATIONS PORTUAIRES (CODE ISPS) : DES MESURES SURTOUT PRÉVENTIVES 252 CHAPITRE V : UNE ÉVALUATION OPÉRATIONNELLE DE LA LUTTE ANTI-MENACES 200 I-LES « COUPEURS DE ROUTE » ET LA CRIMINALITÉ TRANSFRONTALIERE..264 1)MODES ET MECANISMES OPÉRATOIRES EN PERPETUELLE MUE 266 a)EMBUSCADES SUR LES AXES ROUTIERS 266 b)PRISES D'OTAGES DANS LES VILLES ET LES LOCALITÉS RURALES 267 c)RAPTS DU BETAIL 268 d)LES ITINÉRAIRES PREFERÉS DES COUPEURS DE ROUTE 269 2)LE GRAND MAL ET LES GRANDS REMEDES 270 a)LES COMMISSIONS MIXTES DE SÉCURITÉ 270 b)LE GRAND NORD : L'ÉTAT D'ALERTE 272 c)LES FORCES DE DÉFENSE POUR UN AVENIR PLUS SEREIN ? 274 1-LA SYNERGIE GPIGN ET BIR 274 2-DES MOYENS SUPPLEMENTAIRES POUR LE BIR 275 Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 II-LE PHÉNOMENE DE LA PIRATERIE MARITIME 276 1)BREF APERÇU DE LA SITUATION DANS LE MONDE 277 a)LE POINT DE SITUATION AUX LARGES DES CÔTES CAMEROUNAISES 278 1-L'IDENTITÉ DES PIRATES, LEURS CIBLES ET LEURS MODES D'OPÉRATIONS 279 2-NATURE, AMPLEUR ET VARIATIONS DES ATTAQUES MARITIMES 280 III-LA PROBLÉMATIQUE DE LA SECURITÉ APRES UNE DÉCENIE DE MODERNISATION ET DE PROFESSIONNALISATION 283 CHAPITRE VI: LA RECONFIGURATION OPÉRATIONNELLE DU SYSTEME DE DÉFENSE : LA REORIENTATION SÉCURITAIRE 2888 I-LE CONTRE TERRORISME 29191 1)UNE ARMÉE « D'AVANT-GARDE » POUR UNE « DÉFENSE DE L'AVANT » 29192 a)CONSTRUCTION DE LA PROFONDEUR STRATÉGIQUE NATIONALE 29292 b)UNE DÉFENSE PROACTIVE SOUS PEINE D'ÉCHEC 2933 c)ADAPTER LES MODELES DE FORCES 2944 d)GUERRES PROBABLES : NOUVEAUX METIERS, NOUVEAUX SOLDATS 2966 e)REPONDRE AUX BONNES QUESTIONS 2988 f)LE SYSTEME ANTI-TERRORISTE 300300 1-L'ARSENAL JURIDIQUE 301 2-MECANISMES DE MISE EN OEUVRE 302 3-LES EXIGENCES DE LA MANOEUVRE : LE RENSEIGNEMENT 304 2)LA RÉALISATION D'UNE APPROCHE STRATÉGIQUE NATIONALE 307 3)CONDUIRE L'ENGAGEMENT POUR GAGNER LA PAIX ET LA SÉCURITÉ 312 a)L'ACTION INTERARMES AU COEUR DU COMBAT AÉROTERRESTRE 312 b)MAITRISER 313 1-MAITRISER LA FORCE 313
2-MAITRISER LA TECHNOLOGIE 315
3-MAITRISER LE TEMPS : AGIR DANS L'URGENCE ET S'ENGAGER DANS LA DURÉE 318 4-MAITRISER LA VIOLENCE : UNE VIOLENCE MULTIFORME DIRIGÉE CONTRE TOUS 319 Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 c)S'ADAPTER FACE À L'ASYMÉTRIE CROISSANTE 320 1-COMPRENDRE L'ASYMÉTRIE 320 2-LE RENSEIGNEMENT, COMPRENDRE TOUT AUTANT QUE SAVOIR 321 3-COMBATTRE PAR L'IMAGE 323 II-LES RELATIONS CIVILO-MILITAIRES 323 1)LA NÉCESSITÉ DE LA RELATION CIVILO-MILITAIRE 324 2)LA NATURE DE LA RELATION CIVILO-MILITAIRE 326 a)LES RELATIONS INSTITUTIONNELLES OU INTER-INSTITUTIONNELLES CIVILO-MILITAIRES 326 b)LES RELATIONS DE COLLABORATION CIVILO-MILITAIRE 327 3)L'ÉTAT DES RELATIONS CIVILO-MILITAIRES AU CAMEROUN. 329 III-L'ÉCONOMIE DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ 332 1)LA DISPONIBILITÉ DES BUDGETS DE DÉFENSE. 333 a)LA RÉFORME BUDGETAIRE EN FRANCE 334 b)LA RÉFORME BUDGETAIRE AU MINISTERE DE LA DÉFENSE BRITANNIQUE 338 c)LE BUDGET DE LA DÉFENSE DES ÉTATS-UNIS 338 d)RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES 339 2)LA CRÉATION DES INDUSTRIES DE DÉFENSE 339 3)LA MODERNISATION DES FORCES DE DÉFENSE, UN IMPÉRATIF COUTEUX 341 a)LE COUT DES MATÉRIELS TRES ÉLEVÉ 341 b)LES EXIGENCES SOCIALES DANS LE SYSTEME DE MODERNISATION DES FORCES DE DÉFENSE 342 IV-LA GOUVERNANCE DÉMOCRATIQUE 344 1)LA GOUVERNANCE DÉMOCRATIQUE COMME MODALITÉ DE RÉPARTITION ÉQUITABLE DES RESSOURCES 344 2)LA GOUVERNANCE DÉMOCRATIQUE COMME REMPART A L'INSÉCURITÉ NATIONALE ET INTERNATIONALE 346 CONCLUSION GÉNÉRALE 348 REFERENCES 353 ANNEXES 363 Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
INTRODUCTION GENERALELes F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 I- LE CONTEXTELa période ouverte par les attentats du 11 septembre 2001, par leur violence et le nombre de victimes, a consacré l'émergence d'un terrorisme de masses. Ces attentats ont ouvert la voie des conflits d'un type nouveau, sans champ de bataille et sans Armée clairement identifiée, où l'adversaire, prêt à utiliser les armes de destruction massive, vise clairement des populations. On vit désormais dans un monde durablement imprévisible, dans un environnement stratégique en mutation qui oblige les Etats de rehausser leur effort de défense. Tel est ainsi le cas des Etats-Unis d'Amérique (USA), du Canada, de la Suisse, de la France, en Espagne, du Maroc etc. Après le 11 septembre 2001, les USA ont annoncé l'accélération de la transformation de leurs Forces. Il s'agit, pour eux, face à des menaces moins prévisibles et qui peuvent les toucher directement, de disposer d'une large gamme de capacité rapidement projetable, d'accéder aux théâtres en toutes circonstances et de s'assurer une maîtrise totale de l'information depuis le territoire national américain, notamment avec l'appui de leurs réseaux spatiaux. Un des éléments essentiels de cette nouvelle donne américaine réside dans la volonté de disposer de moyens d'agir seul, le cas échéant, sans contrainte liée à des alliances ou des engagements unilatéraux. Cette stratégie n'exclut cependant pas des actions de coalition (Premier Ministre Français 2002 : 8). Cela se manifeste par sa démonstration devant un monde figé de sa volonté d'imposer désormais unilatéralement ses intérêts. La coopération internationale s'est réduite à une coopération des Etats alignés sur les USA. Conçue à l'origine comme pacte de défense de l'Europe, l'OTAN a été transformée en un instrument d'intervention sous la conduite des USA, un instrument capable d'intervenir partout dans le monde. Le nouveau concept stratégique américain de politique extérieure et de politique de sécurité repose sur le principe de la Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 prévention1 et constitue un abandon du principe appliqué pendant de nombreuses années de la dissuasion et de la réduction des conflits. Cette notion de prévention renonçant volontairement à exclure la guerre préventive, est faite des forces d'intervention capable de lancer des frappes préventives efficaces (UDC 2005 : 4-5) Le 11 septembre a également exposé les vulnérabilités du Canada face aux attaques asymétriques. Le Canada s'est vu accusé tour à tour par les Américains et les Européens d'être une « passoire pour les terroristes », au mieux, « une terre d'accueil pour les terroristes islamistes ». L'affaire Ahmed Ressam a révélé la vulnérabilité du système de sécurité du Canada (David 2002 : 233). Apprenant de l'histoire que Canadiens et Américains partagent la même géographie surtout en matière de défense, les changements que le gouvernement américain met en place, affectent directement le Canada sur le plan militaire (David 2002 :35). Pour la défense canadienne, les évolutions sont nombreuses et la plus importante est la révision annoncée de la politique de défense ainsi que l'augmentation du budget militaire (David 2002 : 36). Concernant la France, l'accroissement des facteurs d'instabilité (réactions identitaires violentes teintées de nationalisme ou de fondamentalisme religieux) a favorisé la mise en exécution de la réforme de l'outil de défense, décidée en 1996 par le Président de la République, ayant pour but de rénover les moyens militaires en les adaptant au nouvel environnement et aux évolutions anticipées à l'horizon 2015. La loi de programmation 1997-2002 a constitué la première étape, celle de la professionnalisation des Armées. La loi de programmation 2003-2008 visait, entre autres, à restaurer la disponibilité des matériels pour améliorer le niveau opérationnel des Forces ; doter l'Armée professionnelle des équipements de nouvelles générations nécessaires à l'accomplissement de 1 Terme anglais : préemption Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 missions correspondant à la nouvelle donne stratégique ; amplifier l'effort de recherche pour intégrer les évolutions technologiques qui permettent de faire face efficacement à la diversité des menaces. C'est ainsi que la France opère à travers une dissuasion en phase avec l'analyse de la menace et une politique de réduction de l'armement nucléaire dans le monde ; une protection fondée sur une politique de sécurité intérieure qui lie défense militaire et sécurité intérieure au sein du « Ministère de la Sécurité Intérieure » ; une prévention au coeur d'une défense globale ; une action extérieure (projection), champ d'action privilégiée des Forces Armées (IHEDN 2002 : 5). Cet effort de rehaussement de la défense peut se traduire également par la tendance à la réduction des formats, l'abandon du matériel lourd assurant les missions de défense et l'acquisition du matériel de pointe pour les missions de sécurité et de renseignement. Le Gouvernement Suisse à son tour, est conscient du fait que son territoire se trouve aussi exposé au danger qui peut se concrétiser brusquement et sans avertissement, il suffit que le terrorisme international choisisse l'Europe comme champ d'opération. Pour cet Etat, la coopération irréfléchie de l'Espagne et de la Grande Bretagne avec les USA (participation à la guerre en Afghanistan et en Irak) au lieu de garantir leur sécurité, les a plutôt exposés au terrorisme. C'est la raison pour laquelle ce pays estime « qu'il est évident aujourd'hui que la meilleure manière de défendre les intérêts de notre pays et de sa population est d'axer strictement la politique de sécurité et la politique extérieure sur le principe de la neutralité ». Ce principe consiste à se tenir à l'écart de ces engagements (UDC Suisse 2005 : 5). Aussi, face aux nouvelles menaces, l'Armée doit assumer un nombre croissant de tâches de sécurité (surveillance). Cependant, l'exécution de mandats de sécurité exigeant des effectifs important ne peut, à une époque de difficultés financières être assurée que par une Armée de milice d'après les autorités politiques Suisses (UDC Suisse 2005 : 7). Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 La sécurité se trouve également renforcée en Espagne et au Maroc. Les gouvernements des susdits pays ont décidé de renforcer la surveillance du trafic de voyageurs entre les deux pays, via le détroit de Gibraltar face à la menace terroriste. Les autorités veulent prendre « toutes les mesures » pour renforcer la surveillance (Auxile et Laye 2005; 2-3). Au regard de la redéfinition des politiques de défense des Etats commandée par nouvelles menaces vivaces dans les quatre coins du monde, il est opportun pour tout politiste immergé dans le champ d'étude de la géostratégie des Armées et de la géopolitique internationale, de questionner le système de défense, la structuration de la politique de défense, la réponse de l'Etat du Cameroun aussi vulnérable que la première puissance mondiale sur cette question. II- LA PROBLÉMATIQUEDepuis les attentats terroristes du 11 Septembre 2001 aux EtatsUnis d'Amérique, aucune partie du monde ne semble être à l'abri de la menace terroriste. Ceci sera confirmé plus tard par les attentats de Madrid, de Londres, les attentats manqués en France, avec pour prémices les attentats contre les intérêts américains de Dar es Salam en Tanzanie et de Nairobi au Kenya. Ces éléments caractérisant une crise internationale, définissent une nouvelle géopolitique internationale, entretenue par l'émergence des « réseaux terroristes » en l'occurrence le réseau Al-Qaïda, le groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) devenu AlQaïda au Maghreb Islamique (AQMI) en 2007, les Groupes Islamistes Armés (GIA)... A côté de ces attentats, on observe également le phénomène de la piraterie maritime, devenue une véritable entreprise criminelle internationale doublée d'un commerce très lucratif. L'on se souviendra longtemps du Lundi 17 Novembre 2008, ce jour où la piraterie maritime a franchi un palier qu'on croyait infranchissable en s'emparant Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 d'un superpétrolier le Sirius Star, un énorme tanker Saoudien contenant deux millions de barils d'or noir d'une valeur de cent millions de dollars, soit environ deux milliards de francs CFA. Selon le Bureau Maritime International (BMI), quatre vingt quatorze bateaux ont été attaqués par des pirates saoudiens sur deux cent attaques répertoriés dans le monde. De toute évidence, la côte d'alerte est atteinte avec la multiplication des actes de piraterie dans le Golfe d'Aden plongeant la Communauté Internationale dans le désarroi, surprise de la capacité de nuisance des pirates2. Par ces faits, les Etats font désormais face à une nouvelle réalité internationale porteuse de menaces multiformes. Le noyau dur est constitué par le terrorisme (notamment islamiste), la piraterie maritime, la criminalité transfrontalière, les trafics illicites (L'IHEDN 2002 : 4-5). Ces menaces, plus difficiles à prévoir, à parer, à évaluer, peuvent avoir des conséquences graves dans la vie des Etats. En réalité, le monde part d'une menace principale, conventionnelle et identifiée à une prolifération de menaces diffuses. Dès lors, les conflits et les violences ne sont plus seulement militaires. D'autres convulsions ont lieu à l'échelle de la planète, fruits d'acteurs globaux élargissant le cercle d'influence. Il s'agit des forces « transverses », « asymétriques », « nouvelles » qui tirent profit de l'évolution de la réalité internationale pour prospérer et exploiter ses vulnérabilités. Chaque partie du monde, chaque Etat vit sa cohorte de menaces. Tel est le cas de l'Afrique, du Golfe d'Aden, du Golfe de Guinée et du Cameroun en particulier qui, après près d'une décennie de conflit armé contre le Nigéria, fait aujourd'hui face à un ennemi d'une identité particulière : ce sont « des assaillants non identifiés » d'après le communiqué de presse de la Présidence de la République3. 2 Quotidien National Camerounais, Cameroun Tribune N°9233/5432 2008 du 14 Novembre 2008, page 31. 3 Quotidien National Cameroun Tribune N°8976/5175 du 14 Novembre 2007, page 3. Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 En date du 12 novembre 2007, les Forces Armées Camerounaises (FAC), assurant leur mission de souveraineté dans la presqu'île de Bakassi, sont attaquées dans l'une de leur position située au carrefour de navigation entre le Rio Del Rey et la crique d'Issanguele, à l'arme collective par des groupes d'individus sans attributs militaires apparents. Profitant des facilités de navigation offertes aux opérateurs économiques et habitants de vaquer librement à leurs occupations, des assaillants navigant à bord de sept embarcations rapides ont pu approcher le poste baptisé C3, ouvert le feu, faisant 21 morts et 10 blessés parmi les militaires camerounais4. Alors que les résultats des enquêtes étaient encore attendus, un autre drame est encore enregistré à Bakassi. Le Sous-préfet de la localité de Kombo à Bedimo, Fonya Félix Morfan, et la délégation qui l'accompagnait pour une tournée d'inspection (01 officier supérieur et 07 autres éléments des Forces de Défense et de sécurité) sont attaqués et enlevés par des personnes non identifiées le 09 Juin 2008. Leurs corps seront retrouvés plus tard mutilés5. Plus que jamais, le danger règne à la frontière Sud-Ouest du Cameroun. Le Général des corps d'Armées, René Claude MEKA, Chef d'Etat-Major des Armées en prendra acte à travers son communiqué publié par la suite, dans lequel il parle de l'insécurité présente à la côte, entretenue par les pirates. Le Ministre camerounais délégué à la Présidence chargé de la Défense, interpellé par les députés du Social Democratic Front (SDF) à l'Assemblée Nationale à ce sujet, déclare que le Cameroun fait face à une nouvelle forme de menace qui accentue les sillons de la criminalité. Le 24 Juillet 2008, les matelots de première classe Jules Mendoe Massa et Edgard Ufeingo tombent sous les coups de balles des pirates au cours d'une attaque perpétrée contre les positions camerounaises à Kombo à Jenea dans la péninsule de Bakassi6. Dans la nuit du 27 au 28 Septembre 4 Quotidien National Cameroun Tribune op cit. 5 Quotidien Privé Camerounais Le Jour N°215 2008 du 19 Juillet 2008, Page 4. 6 Quotidien National Cameroun Tribune N°9158/5357 du 11 Aout 2008, Page 6. Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 2008, des assaillants armés venant vraisemblablement du coté des côtes de Limbé, ont pris d'assaut et ont investi pendant deux heures un certain nombre d'établissements bancaires, emportant d'importantes sommes d'argent liquide7. En outre, dans la nuit du Jeudi 30 au vendredi 31 Octobre 2008, un groupe d'hommes armés, attaque aux larges de la presqu'île de Bakassi, un remorqueur de la société BOURBON, qui opérait sur la plate-forme TOTAL. Dix membres de l'équipage seront pris en otage parmi lesquels des Camerounais, des Français, des Tunisiens et des Sénégalais8. De même, le 24 Janvier 2009 au matin, 30 pirates à bord de 03 embarcations attaquent 02 chalutiers en provenance de pays étrangers à Londji, petit village situé à 15 Km de la cité balnéaire de Kribi9. Dans la région du Nord Cameroun, les rebelles tchadiens sèment la panique. Non loin de la frontière du Cameroun avec le Tchad, près de 180 enlèvements avec demandes de rançon ont été enregistrés de Janvier à Juin 2007. Par ailleurs, la région de l'Est se retrouve être le territoire des rebelles centrafricains avec le phénomène de coupeurs de route à la frontière entre le Cameroun et la République Centrafricaine10. C'est ainsi qu'au cours de la cérémonie de présentation de voeux du nouvel an le 14 Janvier 2009 dans la cour d'honneur de la Brigade du Quartier Général (QG) de Yaoundé, le Ministre délégué à la Présidence chargé de la Défense déclare : « Comme 2007 et 2008, 2009 ne sera pas de tout repos pour nos Forces de Défense ». Et pour cause, explique le Ministre : « La menace persiste, elle augmente d'intensité, elle devient variée, diversifiée et pernicieuse »11. Toutes ces agressions spontanées, perpétrées sur le territoire Camerounais par des individus non identifiés, « sans visage », loin d'être 7 Op cit. 8 Idem. 9 Ibi dem ; 10 Quotidien Privé Camerounais Le Jour N°215 2008 du 19 Juillet 2008, Page 4 à 5. 11 Quotidien National Cameroun Tribune N°9267/5466 du 15 Janvier 2009, Page 3. Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 exhaustives, démontrent à suffisance que le Cameroun, comme le reste du monde, fait face à de nouvelles menaces. De ce qui précède, la politique de défense camerounaise est-elle à mesure de circonscrire avec pertinence les nouvelles menaces à la sécurité et d'y réagir efficacement ? III-HYPOTHESESLe dispositif camerounais de défense nationale semble avoir été formulé pour répondre aux menaces classiques et ne parait pas, en conséquence, suffisamment outillé pour riposter aux nouvelles menaces en dehors d'une modification de ses cadres d'action. Les Forces Armées camerounaises ont été formulées de nature non seulement à pouvoir neutraliser la rébellion post indépendance mais aussi et surtout, de garantir l'intangibilité des frontières, la souveraineté et le fonctionnement harmonieux des institutions pouvant être menacés de l'intérieur comme de l'extérieur. Mais leur structuration est susceptible d'évoluer au gré de la dynamique sécuritaire. IV-MÉTHODE ET INSTRUMENTSDans la perspective de mieux cerner notre étude relative à l'évaluation de la politique de défense camerounaise face à l'émergence des nouvelles menaces criminelles transnationales, il nous convient de préciser, la méthode et les instruments qui nous permettrons d'y parvenir. 1- MÉTHODE : LE SYSTÉMISMEAnalyser le rapport de force des Armées Africaines en général et Camerounaises en particulier dans la nouvelle donne insécuritaire mondiale sera fait à l'aune de la méthode systémique. Au premier niveau, il est question de savoir si les Forces Armées camerounaises disposent d'un cadre doctrinal d'action (doctrine cognitive Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 et normative) définissant leurs engagements. Le systémisme mettant en phase selon Marcel Merle, un ensemble de relations entre un certain nombre d'acteurs compris dans un certain type d'environnement et soumis à un mode de régulation adéquat, selon David Easton, un ensemble d'interactions par lesquelles les objets de valeurs sont repartis par voie d'autorité dans une société (Easton, 1974 : 23) nous permet de définir le système de défense camerounais. Ce système social est un agrégat de fonctions diversifiées portant entre autres sur le maintien du modèle original et spécifique des relations qui assurent l'identité du groupe, la capacité d'adaptation aux contraintes émanant de l'environnement extérieure. Il nous permet de comprendre comment sont élaborées les lois d'une dynamique sociale, d'identifier les motivations qui poussent les dirigeants politiques à prendre telle ou telle décision face à une augmentation de la criminalité exigeant d'être prêt à combattre, à faire appel à son agressivité pour défendre la vie et les biens des populations (Elias 1969 :192); de comprendre l'offre supplémentaire de sécurité qui est déployée par la communauté internationale face à l'augmentation de la criminalité transfrontalière tant sur terre, dans les airs que sur mer. La méthode systémique à partir des propriétés communes de tous les systèmes politiques permet après la détermination des structures du système, les fonctions des structures et du système de démystifier le fonctionnement de toute organisation politique. Elle permet ainsi d'appréhender le fonctionnement du système partant des flux entrants « inputs » aux flux sortants « outputs » en passant par la boite noire. Les acteurs et structures de la défense nationale vont du niveau suprême de l'Etat au niveau des circonscriptions administratives en passant par l'échelon gouvernementale (Ela Ela 2000 : 154). L'échelon présidentiel s'articule essentiellement autour des pouvoirs militaires du Président de la République qui dispose des organes de décision à savoir : le Conseil Supérieur de la Défense Nationale, le Comité Technique de la Défense Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 Nationale (organes d'élaboration) ; le Secrétariat permanent à la Défense Nationale, la Délégation Générale à la Sûreté Nationale, la Délégation Générale à la Recherche Extérieure, le Ministère de la Défense (organes d'exécution) (Ela Ela 2000 : 155-159). A l'échelon gouvernemental sont responsabilisés les Départements Ministériels sous la coordination du Premier Ministre (Ela Ela 2000 : 160-165). Les acteurs et structures à l'échelon régional tiennent des prérogatives des chefs de circonscriptions administratives, représentants du pouvoir exécutif dans leurs circonscriptions de compétence et, de l'organisation du commandement militaire territorial (Ela Ela 2000 : 166-172). Dans le cadre de l'élaboration d'une politique de défense, plusieurs facteurs sont pris en considération : ceux qui sont d'ordre interne (la force de l'ennemi, sa propre force, le terrain, les conditions météorologiques, et géographiques) et d'ordre externe (l'héritage de l'influence des puissances étrangères, conséquences des flux migratoires, les relations avec les pays limitrophes et ceux plus lointains, l'action diplomatique du Cameroun dans le sens de son rayonnement international et son action en faveur des mouvements militant pour la paix et la sécurité internationale). L'environnement extérieur du système est composé des acteurs et structures de la société civile, les organisations internationales et non gouvernementales, les autres Etats, les partis politiques, les associations préoccupées par la sécurité, l'intégrité et la souveraineté du Cameroun (Ela Ela 2000 : 75-76). Comme tous les systèmes politiques, le système de défense camerounais communique avec son environnement au moyen d'inputs et d'outputs.
Les inputs sont constitués par toutes les données qui entrent dans le système. Ces valeurs provenant de l'environnement ou alors du système lui- Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 même peuvent être reparties en deux grandes catégories à savoir les demandes et les soutiens. Les soutiens sont des valeurs ou actions conférant des capacités de décision et d'action au système. Il s'agit concrètement des ressources humaines et matériels nécessaires au déploiement du système de défense mis à sa disposition par le peuple, les organisations de la société civile, les organisations internationales et tous les acteurs et structures constituant l'environnement extérieur du système. Les demandes quant à elles sont l'ensemble des attentes, des sollicitations et des besoins en matière de défense, de souveraineté et de sécurité exprimés par les interlocuteurs des gouvernés. Elles peuvent aussi être, pour les with-inputs, le fait des gouvernants qui inscriraient dans leur agenda politique des problèmes non soulevés par le peuple mais, qu'ils identifient comme suffisamment préoccupants. Pour l'essentiel, les demandes consistent en des informations relatives aux actes et faits menaçant l'intégrité territoriale, la souveraineté de l'Etat et la sécurité du peuple camerounais. Les chefs de circonscriptions administratives12 et militaires13 chargés du recueil, de la centralisation et de la diffusion du renseignement militaire et du renseignement de défense (Ela Ela 2000 : 167-169) sont des gate-keeper en ce sens qu'ils filtrent les informations devant parvenir aux hauts commandements civils et militaires participant à l'élaboration de la politique de défense. ~ LE TRAITEMENT DANS LA BOITE NOIRE Une fois collectées par les chefs de circonscriptions territoriales civiles et militaires14, ces données parviennent à l'échelon gouvernemental15 et enfin à l'échelon présidentiel16 qui est le seul véritable maître de la 12-Régions, Départements, Arrondissements, districts, villages. 13-Régions militaires, Secteurs, sous-secteurs, Quartiers, Sous-quartiers militaire. 14-Article 17 de la loi de 1967. 15-Loi n°67/LF/9 du 12 Juin 1967, portant Organisation de la Défense (Article 10). 16-Article 6 de la Loi de 1967. Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 défense militaire du Cameroun17. Le Président de la République étant le chef suprême des Forces Armées transmet ainsi le dossier aux organes d'aide à la décision présidentielle18, organismes consultatifs à savoir le Conseil Supérieur de la Défense Nationale et le Comité Technique de Défense pour étude et avis (Ela Ela 2000 : 158). Ces derniers après études donnent leurs avis chacun en ce qui le concerne19 au Chef Suprême des Armées qui décide en dernier ressort. Une fois définie, la politique de défense est instruite aux organes de mise en oeuvre pour exécution.
D'après David EASTON, les outputs sont constitués des décisions effectivement prises et les actions par lesquelles elles sont menées. Une fois élaborée en fonction des contraintes et réalités internes et externes, la politique de défense camerounaise est mise en oeuvre par quatre organismes : - Le Secrétariat Permanent à la Défense Nationale, assure la mise en oeuvre de la politique de défense dans les administrations civiles. - La Délégation Générale à la Sûreté Nationale, assure la mise en oeuvre de la politique de défense pour les Forces de sûreté nationale. - La Délégation Générale de la Recherche Extérieure, assure la direction de la recherche et l'exploitation du renseignement. - Le Ministère de la Défense, assure la mise en oeuvre de la politique de défense dans les Forces Armées. 17-Chapitre 1er, Article 8 alinéa 2 et 3 de la Constitution camerounaise du 18 Janvier 1996. 18Le Conseil Supérieur de la Défense qui connaît des aspects généraux, civils et militaires de la défense et la coordination de la direction générale de ceux-ci ; le Comité de Défense qui ne traite que des aspects militaires c'est-à-dire des buts à atteindre par l'ensemble des Forces, de l'approbation des plans de défense... 19 Le Conseil Supérieur de la
Défense Nationale connaît des aspects
généraux, civils et des buts à atteindre par l'ensemble des forces, de l'approbation des plans de défense, des mesures destinées à pourvoir aux besoins des forces et des instructions à donner aux unités ou détachements mis à la disposition des organismes internationaux. Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 Ces quatre organismes sont coordonnés par le Comité technique de la Défense Nationale en ce qui concerne leurs différentes activités (Ela Ela 2000 : 158-159).
Les décisions et les actions émanant du système de défense se répercutent sur l'environnement qu'elles modifient et dont elles suscitent ; soit un maximum de soutien en termes d'approbation, soit alors l'insatisfaction manifestée par de nouvelles demandes : c'est le feedback. Ces réponses du gouvernement affectent et influencent l'environnement dans lequel évolue le système de défense. La doctrine de défense et les actions prescrites par cette dernière doivent pouvoir assurer la sécurité et l'indépendance du Cameroun dans un environnement international caractérisé par la multiplicité des menaces et une situation de crise économique mondiale aggravant les tensions. Si tel est le cas, cela entraînerait une augmentation du soutien du régime en place. Au cas contraire, on observerait une diminution du soutien manifesté par des requêtes de la société civile, des marches de protestation, bref une crise qui à long terme peut entraîner un renouvellement de la boîte noire. Le système de défense Camerounais peut être schématisé ainsi qu'il suit :
-Chefs de circonscriptions territoriales civiles et militaires -Chefs de départements ministériels - Premier Ministre -Etats Etrangers -Organisations Non-Gouvernementales -Société civile -Peuple Conseil Supérieur de la Défense Comité Technique de Défense Président de la République -Contraintes et réalités internes et externes -Les nouvelles menaces à la sécurité : criminalité transfrontalière, piraterie maritime, terrorisme -Secrétariat permanent à la Défense Nationale -Délégation Générale à la Sûreté Nationale (DGSN) -Délégation Générale à la Recherche Extérieure (DGRE) -Ministère de la Défense (MINDEF)
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 Au second niveau, il s'agit de s'intéresser à la démarche opérationnelle, à l'architecture de sécurité, au dispositif de riposte des Forces Armées camerounaises enclin aux nouvelles menaces. Il est question pour nous de déterminer la stratégie appliquée (question de tactique, d'opératique, de mise en oeuvre logistique d'un certain nombre d'outils) par les Forces Armées camerounaises. A travers une analyse stratégique constituant un raisonnement suivant une logique à priori, selon laquelle l'homme chercherait la meilleure solution à tout problème (Crozier et Friedberg 1977 : 46), nous appréhendons les types de rationalité à l'aide desquelles l'Armée camerounaise formule son référentiel (repère cognitif et positif) : Intérêt politique en termes de défense et souveraineté ; Intérêt stratégique en termes de production d'une capacité de projection, de riposte ; Intérêt économique en termes de définition d'un dispositif face aux menaces asymétriques. Mais dans un contexte de rationalité limitée, l'Armée camerounaise décide de façon séquentielle et choisit pour chaque problème qu'il a à résoudre, pour chaque menace qu'il doit neutraliser, la première solution qui correspond pour elle à un seuil minimal de satisfaction. Cette démarche repose sur les observations empiriques suivantes : 1- L'Armée n'a que rarement des objectifs clairs et encore moins des projets cohérents : ceux-ci sont multiples, plus ou moins ambigus, plus ou moins explicites, plus ou moins contradictoires. Elle en changera en cours d'action, en rejettera certains, en redécouvrira d'autres, chemin faisant, voire après coup, ne serait-ce parce que des conséquences imprévues et imprévisibles de son action l'obligent à « reconsidérer sa position » et à « réajuster son tir ». Ce qui est « moyen » à un moment sera donc « fin » à un autre et vis versa. Il serait illusoire et faux de considérer son comportement comme toujours réfléchi c'est-à-dire médiatisé par un sujet lucide calculant ses mouvements en fonction d'objectifs fixés au départ. Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
Une organisation devant nécessairement et toujours rechercher à optimiser l'ajustement entre sa structure et les exigences véhiculées par son environnement et sa technologie (Crozier et Friedberg 1977 : 133), nous comprenons mieux les changements organisationnels et fonctionnels des Forces Armées camerounaises dans l'accomplissement de leurs missions. C'est dire dans les termes même de l'analyse stratégique du système , différents acteurs dans l'environnement d'une organisation détiennent face à elles des sources d'incertitudes majeures et inéluctables qu'elle doit à tout moment chercher à contrôler pour assurer son maintien et son développement (Crozier et Friedberg 1977 : 140-141). Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 Mais à la limite de la démarche de Merle et d'Easton relevant de l'interdépendance au niveau doctrinale et de Crozier et Friedberg relevant de l'autonomie au niveau opérationnel, nous mettons en phase les opportunités d'alternance entre dépendance et autonomie constatée entre les Forces Armées et la hiérarchie politique dans le système de défense et de sécurité. L'Armée en tant que structure du système de défense accomplit ses missions conformément à la doctrine définie par la haute hiérarchie politique et les prescriptions du Chef de département ministériel. Mais dans le feu de l'action, elle prend parfois des initiatives personnelles imposées par le dynamisme de l'adversaire, et pouvant aller au delà de leur cadre d'action. Cette subtile dualité dépendance et autonomie des structures constitue l'originalité de notre démarche. 2- LES INSTRUMENTS ET TECHNIQUESLes instruments qui permettant de mener à bien cette recherche sont de trois ordres : - Les enquêtes par questionnaire ; - Les entretiens ; - Les documents. a) L'ENQUETE PAR QUESTIONNAIREElle consiste à poser à un ensemble de répondants, le plus souvent acteurs directs ou indirects, une série de questions relatives à leur situation sociale, professionnelle ou familiale, à leurs opinions, à leur attitude à l'égard d'option ou d'enjeux humains et sociaux, à leur attente, à leur niveau de connaissance et de conscience des actions des Forces Armées camerounaises face aux menaces (Quivy et Van Campenhoudt 1988 : 191). De ces deux variantes, nous avons choisi le questionnaire dit « d'administration directe », c'est-à-dire rempli par le répondant lui-même (Quivy et Van Campenhoudt 1988 : 191). Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 Ces questionnaires sont adressés aux Militaires de Rang (MDR), aux Sous-officiers et Officiers des Forces Armées camerounaises. La teneur des questions se trouve en annexe. b) LES ENTRETIENSElles se distinguent par la mise en oeuvre des processus fondamentaux de communication et d'interaction humaine correctement mises en valeur. Ces processus permettent au chercheur de tirer de ces entretiens des informations et des éléments de réflexion et d'analyse (Quivy et Van Campenhoudt 1988 : 194). De toutes ses variantes, l'entretien centré, mieux connu sous l'appellation de « Focused interview », nous permet d'avoir la teneur des actions militaires face aux ennemis « non identifiables ». Ces entretiens s'accompagnent d'une analyse des éléments recueillis. c) LES DOCUMENTSPour mener à terme cette étude, nous lisons des ouvrages publics, institutionnels et internationaux relatifs à l'action des Armées dans le nouveau contexte stratégique mondial. V- CHAMP D'OBSERVATION ET NIVEAUX D'EXPLICATIONCe travail de recherche a pour champ d'observation le domaine politique de sécurité et de défense, les Forces Armées étant le seul levier activé par le politique dans son devoir régalien de défense et de sécurité du territoire camerounais. Les niveaux d'explication sont de deux ordres à savoir, politique et militaire. Politique c'est-à-dire partant des préoccupations, des ambitions, des orientations et des volontés politiques nationales et internationales du Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 chef de l'Etat ; militaire c'est-à-dire partant des choix stratégiques et tactiques imposés par les réalités opérationnelles. VI- INTERETS ET LIMLITES DE LA RECHERCHESe situant dans l'optique d'examiner la politique de défense camerounaise et les instruments de sa mise en oeuvre face à la montée en puissance des nouveaux acteurs remettant en cause la puissance de l'Etat par leurs actes imprescriptibles, ce travail est porteur d'intérêt à plus d'un titre :
Mais, du fait du caractère confidentiel de certaines informations frappées de l'omerta ou de « secret défense » et du caractère processuel de la démarche stratégique, il est difficile d'obtenir toutes les informations y afférentes, encore moins les exposer prima facie sans risque d'écorner le pilier central du système de défense, à savoir le secret. Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 Après le conflit armé de Bakassi, les Forces Armées camerounaises font face à la criminalité transfrontalière, aux prises d'otages avec demandes de rançons, aux rapts de bétails perpétrés par les coupeurs de route dans les régions du Nord, de l'Extrême nord, de l'Adamaoua et de l'Est ; aux détournements de super tankers, des navires et prises en otage de l'équipage, à la pêche illicite, au trafic de toute sorte dans les eaux camerounaises plus précisément dans les régions du Nord ouest et Sud ouest, traduisant la montée de l'insécurité au Cameroun. Ce nouveau contexte sécuritaire n'est rien d'autre que la manifestation des nouvelles menaces responsables de la mise en place du patriot act aux Etats-Unis, des plans Biotox et Vigipirate en France. Ayant pour mission d'assurer en tout temps, en toutes circonstances, et contre toutes formes d'agressions la sécurité et l'intégrité du territoire national, les Forces Armées camerounaises devraient s'ajuster pour s'adapter aux fortes évolutions sociétales et géostratégiques relevant de la conceptualisation institutionnelle et générale des menaces (Chapitre II), indispensable pour la définition de la doctrine d'emploi et son adaptation aux nouvelles menaces (Chapitre III). Mais avant d'y aller au fond, il est impérieux de préciser les bases conceptuelles du débat sur les Forces Armées, la sécurité et les nouvelles menaces dans le monde (Chapitre I). Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010 CHAPITRE I :LES BASES CONCEPTUELLES DU DEBAT SUR DES FORCES ARMÉES, LA SÉCURITÉ ETLES NOUVELLES MENACES : ÉTAT DE LAQUESTION
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Année de la mission |
Désignation de la Mission |
Nombre de participants |
Fonctions occupées |
Observations |
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1961 |
ONUC : organisation des Nations Unies au Zaïre |
Quelques |
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Juin 1992- Juillet 1994 |
Mission des Nations Unies au Cambodge |
28 |
observateur militaire |
01 mort en mission (NDI NCHO Abraham) |
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2004-2008 MONUC : mission des Nations |
12 |
observateur militaire |
06 officiers féminins |
|
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03 |
Officier d'opérations aériennes |
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2005-2009 |
MINUAD, former MUA Soudan, Darfour |
90 |
observateur militaire |
01 officier féminin (NGA OWONA Philomène) |
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2005-2009 |
ONUCI-Côte d'ivoire |
01 |
conseiller militaire du Président de la Commission de l'UA |
|
Sources : archives du Ministère de la Défense, 2010.
Tableau 2: Le Cameroun et les OMP : les missions en cours
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
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Année de la |
Désignation de la mission |
Nombre de participants |
Fonctions occupées |
Observations |
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2009-2010 |
MONUC : mission des Nations Unies au Congo (RD Congo) |
05 |
observateur militaire |
02 officiers féminins (BINDELE Isabelle Sylvie, ABOUI Véronique) |
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2009-2010 MINUAD- Soudan, Darfour |
05 |
observateur militaire |
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|
03 |
Officiers d'EtatMajor |
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01 |
Geomatic Analysis Officer |
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2007-2010 |
ONUCI-Côte d'ivoire |
01 |
conseiller militaire |
|
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TOTAL |
03 missions |
14 |
04 |
02 |
Source : Archives du Ministère de la Défense, 2010.
En 2007, le Cameroun avait été présélectionné par le Conseil de Paix et de Sécurité de l'Union Africain pour déployer un bataillon d'infanterie au Darfour. Une mission dite HROTAT avait été envoyée en mission au Cameroun pour mesurer le niveau de préparation de ce bataillon et d'apprécier la conformité des matériels à déployer par rapport aux standards onusiens. La mission avait alors conclu que le Cameroun n'était pas apte à la qualité de pays contributeur de troupes parce qu'il ne répondait à aucune norme en vigueur et n'avait pas grande connaissance des procédures de location et/ou d'acquisition de matériels. Depuis lors, avec le concours des Etats-Unis d'Amérique, le pays a commencé, dans le cadre du programme ACOTA, un programme de formation de soldats de la paix. Le premier bataillon a été formé l'année dernière.
Il y a donc lieu de :
· Continuer la formation des personnels ;
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
· Acquérir du matériel adapté aux usages du maintien de la paix ;
· S'informer des procédures et standards en vigueur ;
· Déployer des troupes entraînées et motivées.
L'efficacité et la pérennité d'un système de défense passe par la formation et l'entraînement de son « système d'homme ». Cette hypothèse d'ordre générale se vérifie davantage dans le cas d'une jeune Armée, dont la valeur et le rayonnement dépendent essentiellement de la discipline et de l'efficacité. L'organisation doit être adaptée aux réalités, les objectifs doivent être clairement définis, la volonté des autorités politiques et militaires clairement démontrée, de même que la préservation du moral des hommes et le culte de la compétence technique. Cet enseignement est traduit en réalité au Cameroun à travers la création des différentes écoles militaires avec la dernière née qui est l'école de formation des Sousofficiers et dont les résultats du premier concours restent attendus. Ces écoles ont été regroupées dès Juillet 1976, au sein du Commandement des Ecoles et Centres d'Instructions (COMECI), devenu depuis les réformes de 2001 le Commandement des Ecoles et Centres d'Instructions Interarmées (COMECIIA) placé sous l'autorité d'un officier, nommé par décret du Président de la République. Le COMECIIA relevant de l'autorité directe du Chef d'Etat-Major des Armées, il assure :
- La formation initiale et la formation continue du personnel militaire ; - La spécialisation et le perfectionnement des officiers ;
- L'enseignement militaire supérieur préparatoire, du premier et deuxième degré (article 24 du décret n°2001/178 du 25 Juillet portant organisation générale de la défense et des Etats-Majors Centraux).
Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
Le COMECIIA chargé de la formation comprend :
- Le secrétariat du commandement des écoles ;
- Le bureau de la traduction ;
- L'Etat-Major ;
- L'école de la logistique ;
- Les centres d'instruction des recrues ;
- Le centre d'instruction des élèves Sous-Officiers ;
- L'école Militaire Interarmées.
Le COMECIIA dispose, pour mener à bien ses missions de plusieurs écoles et centres d'instructions à savoir :
· Le Centre d'Instruction des Forces Armées Nationales de Ngaoundéré (CIFAN) pour la formation de base des soldats en milieu sahélien ;
· Le Centre de Perfectionnement et d'Entraînement des Forces Armées de Ngaoundal (CPEFAN) ;
· Le Centre d'Instruction Spécial des Armées de Yaoundé (CISA) pour les spécialités non combattantes (électricité, maçonnerie, plomberie, soudure, infirmerie, cuisine, etc.) ;
· Le Centre de Recyclage des Forces Armées de Koutaba pour l'entraînement des parachutistes ;
· Le Centre de Formation Technique des Armées de Yaoundé (CFTA) pour les spécialités combattantes ;
· Le Centre d'Instruction des Forces Armées de Djoum pour la formation de base des soldats en milieu équatorial ;
· La Compagnie d'Instruction des Transmissions ;
· L'Ecole Militaire Interarmes (EMIA) pour la formation des officiers ;
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· L'Ecole des Sous-Officiers d'Active de Sangmelima (ENSOA) ;
· L'Ecole de Gendarmerie d'Awae formant les gendarmes d'intervention et de protection de la sous-région ;
· L'Ecole de Pilotage de Garoua formant les cadres africains de l'Armée de l'Air ;
· Le Cours Supérieur Interarmées de Défense (CSID) formant les Officiers Supérieurs.
La formation des militaires camerounais se déroule sur plusieurs phases. Une formation commune de base à tous les soldats et celle plus spécifique des différentes spécialités techniques des différentes Armées. La formation des officiers se fait à l'Ecole Militaire Interarmées, à l'Ecole d'Etat-Major et au Cours Supérieur Interarmées de Défense.
Pour la formation commune de base, elle est assurée dès le mois de novembre 1959, année de mise en place des premiers éléments d'infanterie de l'Armée camerounais par un Centre d'Instruction sis à Koutaba, implanté aujourd'hui à Ngaoundéré. Il s'agit d'une filière unique qui doit assurer l'homogénéité et l'uniformité de la formation de base en même temps que consolider un esprit de corps au sein de la troupe, par l'appartenance aux mêmes classes d'incorporation et d'instruction.
La durée de la formation des recrues est d'environ neuf mois. Cette période est celle ou les jeunes soldats doivent s'aguerrir, entretenir et affermir leurs qualités. Une formation militaire efficace exige avant tout des hommes possédant, au plus haut niveau, les qualités morales et intellectuelles correspondant aux nobles vertus militaires : le sens de la discipline, le courage d'entreprendre, la volonté hardie de vaincre, le sens des responsabilités, l'obéissance et l'abnégation pouvant aller jusqu'au sacrifice suprême (Ela Ela 2000 : 211).
Dans la communauté nationale, le militaire est un citoyen à part entière. A ce titre, il est, en tant qu'agent de l'Etat, un rouage indispensable au fonctionnement du grand service public qu'est l'institution militaire. Il
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convient, dès lors, de lui donner la formation civique qui s'impose, afin de lui fournir des informations qui lui seront nécessaires pour participer activement et spontanément à l'oeuvre commune de construction nationale. Ce n'est qu'après avoir reçu cette instruction solide de base que les recrues rejoignent leurs unités pour s'imprégner de leurs missions spécifiques.
Pour la formation des sous-officiers, sera crée en 1961 une école des gradés de Buéa chargée de former les caporaux et caporaux-chefs. Elle sera tranférée le 1er janvier 1965 à Ngaoundal pour devenir le Centre de Perfectionnement et d'entraînement des Forces Armées Nationales (CPEFAN) chargé :
- Du recyclage et du perfectionnement des unités élémentaires sur le plan tactique et sportif ;
- De la formation des gradés au service général ;
- De la formation des sous-officiers au service général jusqu'au Brevet d'Armes de second degré (BA2) ;
- Du « dégraissage » des élèves officiers avant leur intégration à l'EMIA.
Tandis que le CPEFAN organise les Certificats d'Aptitudes de premier, second et troisième degrés (CAT1, CAT2, CAT3) et, les Brevets d'Armes de premier et second degré (BA1, BA2) du service général et, notamment des fantassins, le CISA, le CIT et le CFTA organisent les CAT et les Brevets de spécialités de premier et second degré (BS1, BS2) dans les spécialités spécifiques de chaque arme (transmissions, blindés, artillerie, etc.) et autres activités non combattantes : comptables deniers et matières, mécaniciens auto-engins blindés, informatique, etc.
La création de l'ENSOA va permettre d'ouvrir la « maison mère des sous-officiers » à l'instar de l'école des sous-officiers de Saint-Maixent en France. La mise sur pied progressive de cette école est d'une grande importance dans la mesure où, ce sont les sous-officiers qui forment la « cheville ouvrière » des Forces Armées camerounaises. Il faut néanmoins
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noter que la formation de certains sous-officiers camerounais dans les spécialités très techniques est effectuée à l'étranger et particulièrement dans les écoles françaises (Transmissions, Génie militaire, Musique etc.) (Ela Ela 2000 : 212).
La formation des officiers enfin est assurée par l'EMIA. Créée en 1959 et inaugurée le 18 Janvier 1961 sous l'appellation d'Ecole Militaire Interarmées du Cameroun (EMIAC), l'histoire de l'école interarmées est intimement liée à l'histoire militaire du Cameroun. Sa mission est de mettre à la disposition de la Nation, les officiers qu'exige son service. Elle a pour coeur de métier, « la formation au commandement ».
Ecole de discipline, d'énergie et de caractère, l'EMIA forge des officiers, c'est-à-dire des cadres de haut niveau chargés de former, d'encadrer et capables de commander et de conduire leurs unités au combat, quelque soit sa nature. Grande école du commandement, elle met en oeuvre une formation de haut niveau dans tous les domaines, académique, militaire et humain.
L'enseignement dispensé à l'EMIA, finalisé sur le métier de chef militaire couvre la période de recrutement au premier poste en unité, généralement comme chef de section de combat. Elle dure trois ans. Après une année probatoire dans les centres d'instruction à l'extérieur de Yaoundé notamment à Ngaoundéré, Djoum, Ngaoundal et Koutaba ou les élèves officiers reçoivent une instruction physique et morale, tactique et technique jusqu'au niveau de chef de groupe, la formation du chef de section de combat débute à l'EMIA, couvrant une durée de deux années.
Cette année probatoire permet aux futurs officiers d'acquérir tous les réflexes et techniques militaires de base et de s'endurcir physiquement en acquérant rusticité, résistance et endurance. Elle sert aussi de constat initial et permet la découverte concrète des conditions de vie de base, c'est-à-dire celle du soldat. Cette formation est complétée par l'acquisition du Brevet
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de parachutiste et du permis de conduire pour véhicule léger et pour poids lourd.
Ainsi formée et conditionnée, l'Elève Officier d'Active (EOA) sera amené, à l'EMIA, à acquérir la technique et la pratique nécessaire au commandement d'une section d'infanterie. Il y découvrira aussi les grandeurs et les servitudes du métier, l'éthique de l'officier et du militaire tout court : force morale, discipline, esprit de sacrifice, disponibilité et désintéressement au service de la nation.
L'enseignement dispensé aux élèves officiers, mis en oeuvre par un corps professoral de haut niveau, vise à leur donner les connaissances nécessaires à l'exercice de leur métier et une ouverture sur le monde, avec le souci constant de maintenir l'équilibre entre la pensée et l'action. Cet enseignement porte essentiellement sur l'environnement dans lequel s'exerceront leurs actions futures, mais aussi, sur les règles du métier militaire. Il leur apporte un bagage de base et ébauche une spécialisation ultérieure.
L'instruction militaire de base très solide et pratique, s'appuie sur les qualités morales et intellectuelles indispensables aux jeunes officiers appelés à être des véritables éducateurs et entraîneurs d'hommes, capable de maîtriser les techniques de leurs armes. Les élèves officiers reçoivent leurs galons d'Aspirant au sommet des 4090 mètres du Mont Cameroun, et leurs galons de sous-lieutenant ou de lieutenant à la sortie de l'école. Cette cérémonie de sortie, présidée par le Chef de l'Etat, est l'occasion, pour lui, de délivrer un message aux Forces Armées camerounaises dans lequel des précisions et éléments d'inflexion de la politique de défense peuvent être formulés.
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Figure N°8: Le Chef de l'Etat, Chef suprême des Armées décorant les majors des promotions « Paix et Modernité » et « Armée et Nation » de l'EMIA à leur sortie.
Sources : Le Magazine des Forces de Défense camerounaise Honneur et Fidélité, Numéro spéciale 20 mai 2010, Page 50.
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Figure N° 9 : Les élèves officiers de l'EMIA au défilé du 20 mai 2009
Sources : Magazine des Forces de Défense camerounaise Honneur et Fidélité, Numéro spéciale 20 mai 2009, Page 43.
La formation de base terminée, les jeunes sous-lieutenants et lieutenants sont ensuite affectés dans les Armées et formations de leur choix ou ils effectuent en quelques sorte leur application. Certains sont envoyés dans les écoles d'application à l'étranger (France, Maroc, Etats-Unis, Sénégal, etc.). Quelques années plutard, ces officiers se retrouvent à
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nouveau sur les bancs de l'EMIA pour suivre, pendant six mois, le stage de commandements d'unité sous la direction du bureau perfectionnement. Ils y apprennent la pédagogie et les techniques de commandement d'une unité élémentaire tant au plan administratif que tactique. Le bureau perfectionnement est également responsable du recyclage de tous les officiers qui préparent l'accès à l'enseignement supérieur.
Après leur temps de commandement, les capitaines sont sélectionnés sur dossier pour participer au cours de Certificat d'Etat-Major (CEM), formation qui leur donnera accès aux états-majors de Bataillon ou Région militaires. Pendant six mois, le bureau enseignement supérieur forme les officiers stagiaires au commandement d'un bataillon renforcé, par des exercices tactiques en salle et sur le terrain. Ces exercices tactiques sont complétés par un enseignement qui vise à approfondir et élargir la culture générale des officiers stagiaires, à leur faire acquérir une méthode de travail tout en améliorant leurs connaissances militaires générales. Ils étudient ainsi le développement économique et social de leur pays par le biais des conférences, couronnées en fin de cycle, par un voyage d'étude.
Enfin, les officiers et capitaines anciens peuvent se présenter au concours d'entrée au cours de Diplôme d'Etat Major (DEM), après avoir suivi des cours par correspondance pendant six mois. Ce cours de Diplôme d'Etat-Major a pour but, non seulement de consolider les connaissances acquises aux cours précédents, mais aussi et surtout, d'élever le niveau de compréhension pour une meilleure approche synthétique des problèmes intéressant la défense et les Forces Armées camerounaises. Des travaux de réflexions, des commissions d'études, des conférences débats aident à atteindre ce but. Un voyage d'étude à l'étranger permet aux officiers stagiaires de s'ouvrir au monde extérieur et d'enrichir leur personnalité. Le monde étant caractérisé par un changement accéléré des techniques et des mentalités, ou l'évolution des hommes et le poids des réalités deviennent, chaque jour, plus exigeants, les Forces Armées camerounaises envoient des
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stagiaires de tout grade dans différentes écoles étrangères (France, Allemagne, Belgique, Etats-Unis, Chine, Maroc, Grande Bretagne, Grèce, etc.).
Après le DEM, les officiers camerounais peuvent accéder à l'enseignement militaire supérieur de second degré : le Cours Supérieur Interarmées de Défense (CSID). La création du CSID en 2005 répond au souci du Chef de l'Etat, Chef des Forces de Défense de parfaire la réforme de 2001, en disposant de tous les échelons de formation du personnel militaire sur place au Cameroun. En acquérant cette dernière capacité, les Forces de Défense camerounaises disposent à présent de tout le spectre de formation des officiers, de la formation initiale des élèves officiers, à celle des futurs hauts responsables de la Défense Nationale (EMIA, EEM et CSID). Aujourd'hui, le Cameroun peut être considéré comme un pionnier africain dans le domaine de la formation des officiers (NGambou 2007 : 28).
La formation dispensée pendant une année au CSID a pour objectifs de rendre les officiers aptes à :
- Participer à la conception, à la planification et à la conduite des opérations en particulier interarmées dans un cadre national, multinational ou interallié ;
- Exercer des responsabilités au sein des Etats-Majors et de l'administration centrale ;
- Exercer des responsabilités au sein d'organismes nationaux ou
internationaux ou le ministère de la défense est représenté ;
- Exercer à plus long terme des commandements ou des fonctions de
direction.
Pour atteindre ces objectifs, le CSID vise à :
- Développer l'esprit et la compétence interarmées des officiers stagiaires en mettant en commun et en valorisant le professionnalisme et l'expérience de chacun d'entre eux ;
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- Promouvoir chez ces officiers l'ouverture et la vision prospective sur le monde, la réflexion stratégique et tactique, le souci de l'interopérabilité interarmées et interallié, dans la perspective d'une défense sous régionale et même continentale.
Les Forces Armées camerounaises bénéficient des équipements souvent très coûteux, des crédits élevés pour l'entretien de ceux-ci. Ces matériels sophistiqués nécessitent une formation poussée des cadres et des techniciens devant les mettre en oeuvre.
En ce qui concerne l'entraînement des Forces, les crédits nécessaires n'ont pas toujours suivi. La crise économique que connaît le pays reste la principale cause et a entraîné une dégradation très avancée des investissements consentis. Néanmoins, les Forces Armées camerounaises, depuis leur création, organisent des manoeuvres au niveau national et multinationales lorsque le budget du département de la défense le permet. Les manoeuvres d'envergure nationale sont menées pour atteindre un certain nombre d'objectifs et représentent un nombre assez limité.
L'un des objectifs majeurs des manoeuvres d'envergure nationale est, en effet, d'étudier la participation des autorités civiles et de la population aux côtés des Forces nationales dans une situation de défense opérationnelle du territoire. Il s'agit également d'améliorer cette participation à la défense commune, plus particulièrement en ce qui concerne l'organisation et le fonctionnement des « Etats-Majors territoriaux », nom que prennent les comités de coordination lorsqu'il y'a création d'un Commandement Opérationnel. L'aspect purement militaire n'est pas toute fois négligé. Ces manoeuvres ont aussi pour but de faire progresser l'instruction et l'entraînement des élèves officiers et, de l'ensemble des Forces Armées tout en étudiant la coopération interarmes et interarmées.
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Après la période précédant la lutte contre la rébellion et le retour des Forces Armées dans les casernes (dès 1970), il s'est posé le problème de l'entraînement des Forces en temps de paix. Il a été décidé de mener des exercices non seulement au niveau des unités élémentaires, mais également à l'échelon de chaque Armée et au niveau interarmées. D'où les grands exercices tels que BARRACUDA (1972), BUFFLE NOIR (1973), SAWA 2006 etc.
L'exercice BARRACUDA s'est déroulé du 05 au 19 Janvier 1972 dans la région méridionale du pays (département du Ntem et de Kribi), au nord du fleuve Ntem à proximité de la frontière de la Guinée Equatoriale. Cette zone, à cheval sur la plaine côtière et les plateaux cristallins est caractérisée par un climat de type guinéen, une végétation de forêt dense et une population relativement abondante de Fang. Le thème général de l'exercice était « la défense opérationnelle d'une zone frontalière dans le cadre d'une action subversive appuyée de l'extérieur par les commandos ennemis infiltrés, débarqués ou parachutés ». Il s'agit d'un exercice de « défense globale » impliquant la participation, aux côtés des Forces nationales : Gendarmerie, Armée de Terre, Sûreté, formation prémilitaire, appuyée par la Marine et l'Aviation, des autorités civiles et surtout des populations. Les exercices futurs se déroulent dans cet esprit général.
L'exercice BUFFLE NOIR quant à lui s'est déroulé du 17 avril au 19 avril 1973, en ambiance de défense opérationnelle du territoire, dans le département de la haute Sanaga aux environ de Nanga Eboko à proximité de la voie ferrée Douala-Yaoundé-Ngaoundéré. La situation imaginée fut la suivante : « Dans le courant du mois d'avril 1973, des menaces très précises de la part d'éléments, soutenus de l'extérieur étaient décelées par les services de renseignement au nord du massive de l'Adamaoua à la hauteur d'une ligne Tcholliré-Poli ».
Il faut également noter que l'année 1977 a vu les Forces Armées camerounaises manoeuvrer dans le cadre de l'exercice MEMOUMOUNGO
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dans le département du Mungo. Ce dernier s'est également déroulé dans le même esprit de défense opérationnelle du territoire.
Le 03 février 2000, au journal national de 13 heures, le Ministre de la Défense du Cameroun a annoncé que les Forces Armées feront un exercice interarmées dans la province du Sud-ouest. Cet exercice dénommé ALIGATOR 2000, aura pour thème général « Repousser un ennemi venant de la mer » (Ela Ela 2000 : 218-219).
L'exercice SAWA 2006 du RECAMP (Renforcement des Capacités Africaines de Maintien de la Paix) multinational s'est déroulé dans la capitale économique du Cameroun du 12 au 23 Novembre 2006. Il a donné l'occasion aux responsables militaires, aux officiers planificateurs et participants de tester les procédures sous-régionales en matière de maintien de la paix. Pour nombre d'observateurs, cette rencontre a été un succès éclatant. Le dispositif militaire mis en place comporte la DIREX (Direction de l'Exercice) sous la supervision conjointe du Général de division aérienne Roger Renard et du Général de Brigade Hector Marie Tchemo, respectivement co-directeur français et camerounais. La DIREX assure, en collaborant avec le représentant du Secrétariat Général de la CEEAC, la conduite stratégique : évolution du mandat, emploi des réserves stratégiques, moyens, soutien, finances.
Le niveau tactique de la force comprend 4 composantes :
· Une composante Terre installée au camp Bassa et articulée en 9 PC Bataillon, donc 2 du Cameroun, 1 de l'Angola, 1 de la République Démocratique du Congo, 1 du Burundi et du Rwanda, 1 de la République Centrafricaine et Guinée Equatoriale, 1 de la République du Congo, 1 du Tchad, 1 du Gabon ;
· Une composante Air implantée à la base aérienne 201 et disposant de 3 avions Hercule C130 (Cameroun et Gabon), 1 A310 belge et 2 ULM Tétras camerounais ;
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· Une composante mère installée à la base navale et disposant de 2 patrouilleurs gabonais, 2 patrouilleurs camerounais et d'une frégate française, le germinal ;
· Une composante Gendarmerie installée également à la base navale.
Il s'agissait d'un exercice d'appropriation des procédures sous régionales, exercice pendant lequel deux semaines durant, un millier d'officiers originaire des 11 Etats membres de la CEEAC étaient à pieds d'oeuvre dans les différents PC pour décortiquer le scénario de l'exercice qui consiste à engager une force multinationale dans un Etat fictif appelé WENAMEL, en proie aux remous. Le conflit, initialement interne, s'internationalise dans la mesure où la stabilité des pays limitrophes est menacée. Il convient de gérer la crise conformément à un des six scénarios retenus par l'Union Africaine dans son document intitulé Version 2010 de la Force Africaine en Attente (FAA). Ceci implique le déploiement d'un élément militaire de sécurisation appuyé par une composante police qu'il lance au plus tôt les opérations de stabilisation en coordination avec les humanitaires et les acteurs de la reconstruction (SSR/DDR : Security Sector Reform ou Reforme du Secteur de Sécurité / Désarmement, Démobilisation & Réintégration ou Désarmement, Démobilisation et Réinsertion). La mission exige, d'une part, une bonne maîtrise de l'outil informatique, car les ordres sont données et reçus par le biais d'un réseau interconnecté, et d'autre part, des moyens SIC fiables, notamment des réseaux téléphoniques, informatiques et internet sécurisés. En somme, cet aspect militaire a mis en exergue des éléments stratégiques de planification (PLANELM) de l'Union Africaine et de la CEEAC conçus dans un processus global de planification, ainsi les niveaux opératif (force de théâtre) et tactique (bataillons).
En marge de l'exercice, un certain nombre de stages ont été organisés à Douala et à Yaoundé dans le but de préparer les officiers aux procédures de maintien de la paix. Ainsi, 130 officiers de la CEEAC dont 14 camerounais ont suivi le cours de perfectionnement aux opérations de
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maintien de la paix à l'EMIA de Yaoundé. Un cours de perfectionnement aux techniques de maintien de l'ordre s'est déroulé au CPTMO (Centre de Perfectionnement aux Technique de Maintien de l'Ordre) d'Awaé au profit de 20 officiers de la CEEAC, dont 10 camerounais sur l'encadrement des instructeurs Français, Italiens, Suédois et Camerounais. Un stage de perfectionnement aux opérations de maintien de la paix des personnels de la santé a réuni à Douala 25 médecins de la CEEAC donc 5 du Cameroun sous l'encadrement des instructeurs hollandais et camerounais. 21 autres officiers ont suivi le stage CIMIC (Civil-Military Cooperation) à Yaoundé sous l'encadrement des instructeurs Danois et Camerounais. Un stage de pilotes observateurs se tient à la base aérienne 201 au profit de six officiers du Cameroun, du Gabon, de la République du Congo et de la RDC. Enfin, un stage d'action de l'Etat en mer a été organisé au profit des équipages des navires engagés dans l'exercice et encadrés par les instructeurs Camerounais et Français. Ce fut plus qu'un exercice d'Etat-Major (Onana Mfégé 2007 : 26-27).
« Il y aura toujours des guerres » et « Si tu veux la paix prépare la guerre » restent encore aujourd'hui les adages fondamentaux de toute réflexion des politiques militaires qui s'efforcent de répondre à des menaces, clairement identifiées ou non. C'est en fonction de ce résumé simplifié de la « sagesse des nations » que les politiques de défense continuent d'être conçues ; que les budgets militaires consomment une bonne partie du produit national brut, que la conception de nouvelles représente une part énorme de la recherche scientifique et technique, que l'on maintient, de part le monde, des alliances de défense ou de sécurité collective, et que certains Etats continuent de fabriquer les armes de destruction massive. L'opinion couramment acceptée est qu'il subsiste des
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risques de guerre au surplus imprévisible, qu'il reste indispensable d'y faire face en entretenant et en développant des appareils militaires capables de répondre « à toute menace d'où qu'elle vienne, prévisible ou imprévisible » et que l'effort de défense nationale reste un devoir pour les citoyens de chaque pays. Cette opinion reste compatible avec la constatation d'un changement social et politique accéléré. Tout changerait sans doute autour de nous, mais la guerre resterait un phénomène éternel lié à la nature humaine et à la structure de la société. En réalité, la guerre effectue une sorte de mue aujourd'hui évoluant des guerres symétriques ou dissymétriques aux guerres asymétriques. Ce qui justifierait l'élaboration de nouvelles doctrines d'emploi des Forces de Défense à l'instar de celle du Cameroun.
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La politique d'emploi des Forces de Défense du Cameroun peut être considérée comme l'ensemble d'idées directrices dont il faudra s'inspirer non seulement dans la conduite de l'action, mais aussi pour l'organisation et l'équipement des Forces ainsi que pour l'élaboration des règlements d'emploi. Elle est guidée par le souci de préserver la paix et de respecter les règles du droit international contenues dans les chartes de l'Organisation des Nations Unies (ONU) et de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) devenu l'Union Africaine (UA).
Ces organisations condamnent universellement l'emploi de la menace et Forces Armées comme moyens de règlement des conflits d'une part, et reconnaissent, d'autre part, le droit à la légitime défense. Ainsi, l'article 1er de la Charte des Nations Unies dispose que « Les buts des Nations Unies sont les suivants :
1- Maintenir la paix et la sécurité internationale et à cette fin, prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d'écarter les menaces à la paix et à réprimer tout acte d'agression ou autre rupture de la paix, et réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, l'ajustement ou le règlement des différends ou de situations, de caractère international, susceptible de mener à une rupture de la paix ; ». De même, l'article 3 alinéa 4 de la Charte de l'OUA precise que «The member states, in pursuit of the purposes stated in article 2, solemnly affirm and declare their adherence to the following principles: 4 Peaceful settlement of disputes by negociation, mediation, conciliation or arbitration» (Ela Ela 2000: 222).
La politique de paix doit réduire ou désamorcer les crises ; son but est d'instaurer la paix au service de la liberté, du développement, du respect des droits de l'homme et de l'indépendance de tous les pays du monde. Une telle politique à pour fondement la renonciation à la force et à l'usage de la force, la reconnaissance des besoins légitimes de sécurité de tous les pays et de leur égalité, la préservation de la paix dans l'intérêt de tous.
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Mais aussi longtemps qu'il existera des différences fondamentales entre les Etats, il y'aura toujours des intérêts divergents et inconciliables, sources de méfiance, de convoitises et de risques, causes de tensions. En outre, la fin de la guerre froide a multiplié les risques d'affrontement avec la mondialisation des problèmes d'origines diverses à l'instar du conflit de civilisation à l'origine des attentats du 11 septembre 2001, point de départ des nouvelles formes de menaces observées à l'échelle planétaire. Dans ce contexte, il faut garantir le territoire national contre toute tentative d'agression, préserver l'unité nationale, la liberté d'action du gouvernement, assurer la stabilité, l'ordre et la sécurité publics. C'est le rôle des Forces Armées nationales à l'instar des Forces camerounaises dont le principal caractère est d'être défensif et dissuasif à l'origine (I), mais aujourd'hui offensif et dissuasif avec l'émergence des menaces asymétriques (II).
La politique d'emploi des Forces se doit de répondre, au préalable, à quelques questions essentielles : à quel ennemi aura-t-on à faire dans une guerre éventuelle ? Quel caractère présenterait la guerre à la quelle l'Etat et ses Forces auraient à participer ? Quelles sont les Forces Armées nécessaires pour résoudre les problèmes posés et dans quelle direction mener l'organisation militaire ? Comment réaliser la préparation de la guerre ? Avec quels moyens mener la guerre ? De ce fait, le pouvoir exécutif, dans l'exercice de ses attributions constitutionnelles, peut prendre des mesures nécessaires pour assurer la défense du Cameroun. En cas de danger menaçant la sécurité ou l'intégrité du territoire, la sécurité des institutions ou celle des populations, le Président de la République peut décréter pour tout ou partie du territoire nationale, l'une ou plusieurs des mesures suivantes :
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- La mise en garde, entraînant l'exécution des dispositions préparatoires ;
- L'état d'urgence, permettant de faire face à des menaces sérieuses ;
- La mobilisation, donnant les moyens de s'opposer à des menaces très graves ;
- L'état d'exception, prévu pour maîtriser les situations les plus critiques.
La défense est une notion complexe qui intéresse l'ensemble des activités d'un Etat moderne. Trois aspects ont été définis par les autorités camerounaises dans le cadre de la défense militaire :
· La défense civile, concerne essentiellement le maintien de l'ordre, la
protection civile, la défense passive et la défense psychologique ;· La Défense Opérationnelle du Territoire (DOT), qui a pour objet de s'opposer à des Forces ennemies organisées militairement, étrangères ou non. La défense opérationnelle peut aussi concerner le maintien de l'ordre renforcé (situation de défense civile) lorsque les mesures résultant de l'état d'urgence s'avèrent insuffisantes. Elle est conduite par des commandements spécialement constitués et nécessite généralement les mesures de mobilisation et l'institution de l'état d'exception. Elle peut être menée tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du territoire national.
· La résistance intérieure, qui s'exerce dans les parties du territoire national occupées par les Forces ennemies. Elle vise la libération du territoire et le rétablissement des autorités nationales légales dans la plénitude de leurs attributions.
Pour atteindre ces objectifs, les Forces Armées camerounaises ont été classées en fonction des hypothèses de défense élaborées par la haute hiérarchie politique et militaire, classement ayant fait ses preuves face à toutes les épreuves de guerre dont le Cameroun a fait face partant de la lutte
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contre la rébellion au conflit armé de Bakassi en passant par la tentative du coup d'Etat du 6 Avril 1984.
Du point de vue de la défense militaire, les Forces défense sont classées en trois grands groupes. Il s'agit :
- Des unités de réserve générale ;
- Des unités d'intervention ;
- Des unités territoriales
Leur utilisation est fonction des hypothèses de défense.
Il s'agit des unités de réserve générale, les unités d'intervention et les unités territoriales.
1- LES UNITÉS DE RÉSERVE GÉNÉRALE
Elles sont composées des Forces qui ne peuvent être employées que sur ordre ou autorisation du Président de la République. Il s'agit de la Garde Présidentielle (GP) et le Régiment du Quartier Général (RQG).
La Garde Présidentielle a été créée à la faveur du décret n°85/738 du 21 Mai 1985. Elle est formée par des éléments d'élite provenant des Forces Armées. Son entraînement est assuré par les personnels de l'Armée israélienne. Placée sous l'autorité directe du Président de la République et commandé par un officier nommé par décret, assisté d'un commandant en second et d'un Chef d'Etat-Major nommés par arrêté présidentiel, la Garde Présidentielle comprend :
- L'Etat-Major de la Garde Présidentiel ;
- Le groupement de commandement et de soutien ;
- Le groupement d'intervention ;
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- Le groupement d'honneur ;
- Le groupement de reconnaissance et d'appui ;
- Le centre d'instruction de la Garde Présidentielle.
Cette organisation répond aux besoins d'une unité spéciale. En effet, certaines critiques qualifient la Garde Présidentielle d' « Armée dans une Armée » (Ela Ela 2000 : 226).
Quant au Régiment du Quartier Général, il est crée par le décret n°85/631 du 3 Mai 1985. Son article 1er dispose que « Le Régiment du Quartier Général est une formation spéciale de réserve placée sous l'autorité directe du Président de la République pour emploi ; le Ministre chargé des Forces Armées en assure l'administration et le soutien logistique ». Le Quartier Général dont le poste de commandement est fixé à Yaoundé comprend :
- L'Etat-Major du Quartier Général ;
- Le groupement de Commandement et des Services ;
- Le groupement d'intervention et de protection ;
- Le groupement de reconnaissance et d'appui (Ela Ela 2000 : 225- 227).
2- LES UNITÉS D'INTERVENTION
Il a été crée, par décret n°76/286 du 06 Juillet 1976, un commandement spécialisé d'intervention et de réserve générale dénommée Commandement des Forces d'Intervention placées sous l'autorité d'un officier nommé par décret présidentiel. Il reçoit ses missions du Ministre de la défense ou du Délégué Général à la Sureté Nationale après approbation du Président de la République. Ce commandement comprend :
- Un Etat-Major ;
- Des unités de formation de combat (Unités ou formations interarmes autonomes ou regroupées dans des commandements subordonnés ; des unités ou détachements adaptés interarmées autonomes).
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Ces unités sont caractérisées par leur disponibilité opérationnelle, leur technicité éprouvée, leur haute valeur, leur autonomie logistique. Ceci exige pour ces Forces une multi spécialité se caractérisant par une structuration à plusieurs composantes en l'occurrence :
· La composante « Aéroportée » : elle est le fer de lance des Forces d'intervention marquée par sa détermination à réagir rapidement en tout point du territoire national et dans certains cas particuliers hors des frontières camerounaises. A base d'infanterie parachutiste, elle dispose organiquement ou en renforcement d'appuis (artillerie, génie), de moyens de commandement (transmission), de moyens de transport routier, d'un soutien logistique adapté.
· La composante « Terre » : caractérisée par la mobilité obtenue par une motorisation complète des unités, elle dispose des moyens d'artillerie Sol- Sol et Sol-Air, des moyens antichars, des moyens du génie ceci en fonction de la zone d'action.
· La composante « Air » : elle agit au bénéfice des autres composantes, des Forces d'intervention sous forme d'appui-feu, d'appui transport, d'appui renseignement, d'aide au
commandement.· La composante «Mer » : comme la composante Air, elle agit essentiellement au bénéfice des autres composantes des Forces d'intervention pour en assurer le débarquement à partir des bâtiments appropriés, l'appui-feu, le soutien tactique et logistique (Ela Ela 2000 : 227-230).
3- LES UNITÉS TERRITORIALES
Il s'agit de l'ensemble des Forces affectées dans chaque Région Militaire, les éléments de la Gendarmerie, la Sûreté nationale et des sapeurs
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pompiers dans chaque province37. Ces Forces constituent les moyens normaux de maintien et de rétablissement de l'ordre. En cas d'agression, avec la mobilisation des réserves armées, elles permettent d'engluer l'adversaire en constituant devant et derrière lui une zone d'insécurité totale et, de lui enlever toute velléité d'atteindre ses objectifs rapidement. L'agresseur trouve face à lui :
- Les formations de combat de l'Armée de Terre faites des unités de divers types (sahel, forêt, savane) regroupées en huit Régions Militaire couvrant les dix régions ;
- Les formations de combat de l'Armée de l'Air regroupées essentiellement dans les différentes bases aériennes du pays (Yaoundé, Douala et Garoua)38, qui sont des structures de soutien, d'accueil et de protection des aéronefs tactiques et stratégiques ;
- Les formations de la Marine Nationale regroupées au sein des Bataillons Fusiliers Marins Commandos qui sont regroupées en deux Régions militaires et trois bases navales de soutien (Limbé), d'accueil (Kribi) et de protection (la Lobé).
En outre, dans les cas urgents, les commandants d'unités de Gendarmerie peuvent requérir directement l'assistance de la troupe militaire en l'absence ou l'éloignement de l'autorité civile. Les plans de protection et le plan général de défense ont codifié toute une panoplie de réactions instantanées et graduées face aux différentes hypothèses (Ela Ela 2000 : 230- 234).
La prise en compte des hypothèses de défense dans la politique d'emploi des Forces tient prioritairement à la définition et la considération
37 Région.
38 Première, deuxième et troisième Région Aérienne.
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des menaces et des risques dont le Cameroun pourrait faire face, aux manoeuvres ennemies retenues, et à la riposte possible de ses Forces.
La géopolitique de la sous-région Afrique Centrale étant caractérisée par une conflictualité endémique « géopolitique du chaos » (Ela Ela 2000 : 235), le Cameroun peut avoir à faire face à des menaces de diverses forme dont la gravité est fonction de l'objectif politique, des visées stratégiques et des capacités militaires ennemies. Il peut s'agir :
> La contestation des frontières
L'importance des frontières communes et perméable avec les Etats limitrophes peut faire l'objet d'une remise en cause du tracé hérité de la colonisation. Cette violation du sacro-saint principe de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation peut, tout d'abord, être menée par une politique déclaratoire dénotant les intentions de cette remise en cause et, ensuite déboucher sur des manoeuvres militaires visant à prendre des gages territoriaux au Cameroun39.
> Les visées hégémoniques des Etats voisins
Le caractère stable et relativement prospère du Cameroun peut éveiller des convoitises des Etats voisins. L'importance des infrastructures économiques sensibles d'intérêt multilatéral, les richesses potentielles du Cameroun, notamment, son sous-sol, peuvent être des cibles pour une tentative de mainmise extérieure.
> Les visées hégémoniques de la sous-région
La sous région Afrique Centrale a souvent été l'objet des visées hégémoniques, non seulement de ses pays constitutifs mais également des pays extra-régionaux. Le Cameroun reste au centre de cette convoitise
39Le cas du différend frontalier entre la Cameroun et le Nigéria sur la Presqu'île de Bakassi est révélateur.
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compte tenu de sa situation géostratégique, de sa politique d'indépendance nationale ou, pour des motifs d'expansionnisme religieux ou culturel. Ces menaces et risques peuvent déboucher sur diverses formes d'actions ennemies, d'où les hypothèses d'actions suivantes :
Hypothèse 1
Après de longs préparatifs, l'ennemi pourrait déclencher une attaque massive sur plusieurs fronts avec des actions en profondeur sur toute l'étendue du territoire national camerounais. Cette attaque pourrait survenir à la suite d'une rupture de pourparlers sur un litige frontalier ou sur l'exploitation des richesses du sous-sol.
Hypothèse 2
Une attaque par surprise pour s'emparer d'un objectif préalablement identifié sur terre ou sur mer ; dans ce cas, l'ennemi, voulant jouer sur l'effet de surprise, mettrait en oeuvre les Forces immédiatement disponibles.
Hypothèse 3
Une attaque en force survenant après une courte période de préparation, tout en menant des actions sur des objectifs sélectionnés sur les arrières des lignes camerounaises.
Face aux différentes hypothèses d'attaques, les Forces Armées camerounaises ont défini les réponses possibles (a) observées lors conflits nationaux (b).
Compte tenu des hypothèses formulées sur l'agresseur potentiel, la doctrine d'emploi des Forces repose sur le concept d'une « défense ferme
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du sanctuaire national ». Elle suppose une « riposte immédiate » aux frontières. Elle exclut toute idée d'« attaque préventive ».
En vue d'affaiblir et de disloquer le dispositif ennemi, la manoeuvre à mener consiste à détruire immédiatement le 1er échelon et à traiter simultanément en profondeur, y compris en territoire, le deuxième échelon et les objectifs stratégiques adverses. L'exécution de cette manoeuvre implique :
- La mise en place d'un système de renseignements performant ;
- L'organisation d'un système efficace de surveillance permanente et de défense des frontières et du territoire ;
- L'inviolabilité des points sensibles prioritaires camerounais ;
- La rationalisation des capacités des Forces de Défense militaire camerounaises qui doivent être :
· Suffisantes pour être crédibles ;
· Mobiles pour diminuer le temps de réaction ;
· Bien équipées et bien entraînées pour être en mesure de remplir efficacement leurs missions.
Ce concept d'emploi des Forces inclut en outre :
- Des opérations pour reconquérir immédiatement le terrain perdu ; - Le contrôle des espaces maritimes vitaux ;
- La neutralisation de l'ennemi infiltré ou parachuté.
Il requiert la capacité à réagir rapidement et fait appel aux efforts de toute la nation pour éviter une pénétration de l'agresseur en territoire camerounais. « Une défense totale, résolue, menée avec foi et appuyée sur une résistance populaire vise à refuser tout fait accompli, remet en cause l'espoir d'une victoire facile de l'agresseur et donne au gouvernement la liberté d'action dont il a besoin pour mettre un terme à la guerre » (Ela Ela 2000 : 237-238).
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Les Forces Armées camerounaises ont, très tôt, fait face aux épreuves de la guerre. A leur création, le 11 Septembre 1959, elles héritent d'une rébellion armée dans le pays Bassa (Sanaga-Maritime) ou son leader, Um Nyobe, s'est réfugié après le décret d'interdiction de son mouvement politique l'Union des Populations Camerounaises (UPC) le 13 Juillet 1955. Les autres épreuves majeures de force dont ont fait face les Forces Armées camerounaises sont la tentative du coup d'Etat du 06 Avril 1984, des différents incidents frontaliers de 1981 et 1996 entre le Cameroun et le Nigéria sur la presqu'île de Bakassi, les revendications sociales de février 2008.
D'abord principalement menée par les Forces coloniales de l'Afrique Equatoriale Française (AEF), la lutte contre la rébellion sera l'objectif principal des Forces Armées camerounaises après l'accession à l'indépendance politique du pays et, surtout avec la « camerounisation » des cadres de l'Armée camerounaise. Avec le mouvement de rébellion auquel fait face le Cameroun, les questions qui ont trait au département au département de la défense reste « secret » voire « très secret » (Ela Ela 1995 : 12). Le 13 Septembre 1958, une patrouille des hommes du Capitaine français Agostino abat Um Nyobe, chef charismatique de l'UPC disposant d'un véritable soutien populaire et développant des positions plus radicales que le Rassemblement Démocratique Africain (RDA) (Granvaud 2009 : 32). La rébellion en pays Bassa va ainsi perdre son âme et va vigueur. Celle-ci va se réorganiser un an plus tard autour de Félix Moumié qui va prendre les reines du mouvement, assisté d'Abel Nkingue et Ernest Ouandje. Originaire de l'Ouest Cameroun, Moumié en exil au Caire déclare que « la révolution continuera au Cameroun tant que l'indépendance réelle
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ne sera pas atteinte ». Au côté des méthodes administratives40 de lutte contre la rébellion essentiellement passive, les autorités camerounaises vont également engager les Forces Armées nouvellement créées sur les fronts Ouest et Sud. Alors que la lutte contre la rébellion bat son plein à l'Ouest du pays, Félix Moumié est empoissonné à Genève le 15 Octobre 1960, Monseigneur Ndogmo et Ernest Ouandjie sont jugés par le tribunal militaire de Yaoundé. Ouandjie est exécuté publiquement le 15 Janvier 1971 à Bafoussam, marquant ainsi symboliquement la disparition de la direction de la rébellion dans la région de l'Ouest Cameroun. Osendé Afana et ses amis vont réorganiser les forces rebelles au Sud dès 1963. Ces derniers seront rapidement dénoncés aux autorités camerounaises. Le 15 mars 1966, après plusieurs échappées, ils tombent sous les balles des Forces de l'ordre, entraînant ainsi la fin de la rébellion dans la région du Sud-est du Cameroun.
Le dernier front de résistance sis dans la région de Djoum dirigé par Woungly Massaga, Ndoh Michel et Zé Zé Samuel mobilise les populations contre le régime établi et, créé une organisation politique clandestine à travers les villages et animées par les cadres moyens. Face à la montée de la popularité des rebelles dans la région, le Commandant en chef de l'Armée de Terre va monter une opération d'envergure qui permettra de repousser les rebelles vers les territoires congolais. Une compagnie d'infanterie sera d'ailleurs installée à Mbalam près de la frontière congolaise pour faire face aux éventuels assauts des rebelles. Coupés de leur soutien congolais et harcelés par les Forces Armées camerounaises, les rebelles se sont essoufflés et le front de DJOUM démantelé en 1971.
40Les ministres des Forces Armées et de l'Administration Territoriale vont dès 1960, effectuer les multiples visites dans les régions ou sévit la rébellion afin d'exposer la politique du nouveau gouvernement. Deux méthodes sont adoptées par les autorités camerounaises : L'action psychologique « L'opération du cadi et du chien noir » et l'encadrement administratif (le redécoupage administratif de l'Ouest et l'isolement des zones contaminées). (ELA Ela 2000 : 240-241)
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Cette lutte pour l'Unité Nationale va poursuivre son chemin sans grande distorsion, jusqu'à la démission du Président Ahamadou Ahidjo, le 04 novembre 1982, au profit de son successeur constitutionnel, Paul Biya. Deux ans après cet événement important, la Cameroun va connaître une tentative de coup d'état rapidement maîtrisé par les Forces Armées camerounaises.
Le 06 Avril 1984, au petit matin, les soldats de la Garde Républicaine investissent la capitale et tente de prendre le pouvoir par la force des armes. Ce putsch manqué suscitera nombre d'interrogations et de commentaires tant à l'intérieure qu'à l'extérieure du Cameroun. Dans son message à la nation le 17 mai 1984, le Chef de l'Etat, Paul BIYA désignera les coupables41. La réaction contre cette tentative de coup d'Etat par les Forces Armées restées fidèles aux institutions de la République est instantanée. Après avoir investi les différents points stratégique de la capitale (Palais Présidentiel, Radio Nationale, aéroport, poste et télécommunication, axes routiers, etc.), les putschistes tentaient d'appréhender plusieurs autorités civiles et militaires, mais la Direction de la Sécurité Présidentielle (DSP) les tenait hors du Palais de l'Unité.
La conduite des opérations est assurée par le Chef d'Etat-Major des Armées (CEMA), le Général Pierre Semengue. Entré en contact radio avec
41 « Oubliant tout devoir tout devoir envers leur pays, quelques centaines de soldats perdus ont enté de renverser la République et de prendre le pouvoir. Cette révolte contre l'autorité légitime, chacun d'entre vous l'a ressentie comme une offense faite à l'unité du Cameroun et comme un crime contre le Président que vous élu démocratiquement... Aux pays amis du Cameroun, je rappelle que nous n'admettons jamais la moindre ingérence dans nos affaires intérieures et que nous ne permettrons pas qu'un seul camerounais futil un vivant témoignage du passé - soit opposé ou préféré ses milliers de compatriotes qui oeuvrent pour le développement et l'harmonie du pays ». Ainsi, dans cette menace contre la sécurité intérieure du Cameroun, le Président de la République avait établi une relation entre la mutinerie dans les Forces Armées camerounaises ourdie par les éléments de la Garde Républicaine d'une part, et des complicités extérieures provenant des pays traditionnellement « amis du Cameroun » d'autre part, le tout au service d'un homme, Monsieur AHMADOU AHIDJO, ancien Président de la République.
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les différentes formations militaires, il ordonne au 11ème bataillon d'infanterie d'Ebolowa commandé par le Chef de bataillon Ebogo Titus de faire mouvement sur Yaoundé. De Douala, les transporteurs type C130 de l'Armée de l'Air camerounaise décolle avec quelques éléments parachutistes des Forces aériennes et de la Marine pour le Centre de Koutaba, base du Bataillon des Troupes Aéroportées, Unité d'élite des Forces d'intervention rapide. A partir de son poste de commandement du Palais de l'Unité, le Président de la République ordonne au Chef d'EtatMajor des Armées d'organiser, sous l'autorité du Ministre d'Etat chargé des Forces Armées, la contre offensive. Le Chef d'Etat-Major Général des Armées (CEMGA)42, chargé de la coordination militaire, réuni les officiers généraux Nganso Sundji et Tataw James, respectivement Chef d'Etat-Major de l'Armée de l'Air et Chef d'Etat-Major de l'Armée de Terre et d'autres officiers supérieurs de la garnison de Yaoundé. Cet Etat-Major de crise va jouer un rôle fondamental dans l'organisation et la conduite de la contre offensive qui aboutira plus tard à la réduction des putschistes.
Le combat urbain s'articule sur trois grands axes :
- Réduire la résistance de la Garde Républicaine de son camp d'Obili, considéré comme leur base arrière ;
- Limiter au maximum le déplacement des blindés et autres engins mobiles de la Garde Républicaine ;
- Déloger les mutins des abords du palais Présidentiel.
Cette action est menée concurremment par les Forces Armées restées loyales dans la capitale et les éléments de renfort des provinces. Le 07 avril, la plupart des mutins s'étant rendu compte de leur débâcle, commencent à déposer leurs armes. A 20 heures, le Président, s'adressant à la nation déclare : « Hier, en effet, (...), des éléments de la Garde Républicaine ont
42Le Chef d'Etat-Major des Armées (CEMA), le Général Pierre SEMENGUE est nommé Chef d'Etat-Major Général des Armées (CEMGA) par le décret présidentiel du 06 Avril 1984.
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entrepris la réalisation d'un coup d'état (...), avec pour finalité la mainmise par la violence sur le pouvoir politique. Des unités régulières de notre Armée Nationale, demeurées fidèles aux institutions et qui avaient reçu les ordres pour enrayer le coup de force, conduisirent le combat avec méthode et détermination et, aboutirent en fin de matinée de ce jour à une victoire complète ».
La tentative de coup d'état de la Garde Républicaine ayant été vaincue par les Forces Armées camerounaises, cette dernière sera dissoute et remplacée par la Garde Présidentielle (Ela Ela 2000 : 246-248).
Pendant longtemps, le Nigeria a côtoyé les côtes camerounaises avant de manifester son désir d'appropriation. Cette volonté expansionniste s'est d'abord manifestée par une double contestation : la contestation des accords de 1913 au motif qu'ils n'ont pas été ratifiés du fait de la Première Guerre mondiale alors qu'ils ont bel et bien été ratifiés le 6 juillet 1914 ; la contestation de la Déclaration de Maroua du 1er juin 1975 sous le prétexte qu'elle n'a pas été ratifiée par le Conseil militaire supérieur. Or, la ratification par le Conseil militaire supérieur des actes des chefs d'Etat nigérians a été instituée le 15 octobre 1975 par la « Constitution (Basic provision) Décret 1975 n°32, section 8 et section 11 ». Ce décret avait un effet rétroactif pour compter du 29 juillet 1975 (article 21). Or la déclaration de Maroua date du 1er juin 1975, donc bien avant la sortie de ce décret et bien avant la période rétroactive (Messinga 2008 : 106). En réalité, le Nigéria est un pays en proie à l'insécurité, à l'instabilité politique, à la désobéissance civile, l'ordre n'étant rétabli que grace aux interventions militaires (Mvié Meka 1992 : 50).
Après cette phase diplomatique, viendra la phase stratégique.
Cette phase stratégique sera impulsée par deux groupes d'experts commis à cet effet par le gouvernement. Le premier groupe de travail commis sous
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l'égide du Ministère des Affaires Etrangères et du Ministère de l'Intérieur ou « Task Force » sous la direction de M. K. D. Olukolu, a déposé son rapport le 06 juin 1985. Le second groupe d'experts commis par le Nigeria en 1988 dirigé par M. Bassey E. Ate déposa un rapport dans lequel il situe ainsi le problème:
Thesis one: «The National Interest of Nigeria in the maritime area commonly shared with the Republic of Cameroon can only secured through effective control of the Cross River estuary and Bakassi peninsula. Such effective control, potentially, can be ensured either unilaterally by Nigeria or through collaborative action with Cameroon. For Nigeria, the strategic (maximum) purpose of any new negotiations with Cameroon should be to review the entire border question from the beginning, with the aim of arriving at a final solution that will ensured the attainment of the above objective...»
Thesis two: «The vital considerations involved in the maritime dispute with Cameroon, for Nigeria, are strategic and political more so than LEGAL...».
D'où les recommandations et les options suivantes soumises au gouvernement:
« One choice is to accept the « fait accompli » inherent in the Maroua Declaration, which means, in effect, a denial of Nigeria's exclusive Jurisdiction over the entirety of the cross river estuary and the Calabar channel. To the Cameroonians, this would be the optimal objective, amount to a ratification of 1913 agreements. In the framework of this choice, Nigeria might at best be able to persuade Cameroon to respect the neutrality of the 2 kilometres corridor which AHIDJO has conceded to Gowon in 1975 or make other minor adjustments. The consequences of this choice, in terms of Nigeria's Strategies and political interests and sub-regional position would be highly detrimental.
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The second choice is for Nigeria to insist on effective control of the cross river estuary and the Calabar channel which involves pressing claim to Bakassi peninsula, as a better guarantee for the protection of its interests and growth potential in the area. In this choice, the preferred boundary would be at the Rio Del Rey...
In the nature of things, there appear to these three basic options:
As option one, Nigeria could unilaterally occupy Bakassi peninsula. In deciding to do so, of course, the military, logistic, political, financial and other factors bearing in the calculations of the out-come of such operation should be considered. Assuming the level of this action, Nigeria might then force the Cameroonians to enter into serious negotiations aimed at establishing acceptable boundary...
A second option would be to offer to buy the Bakassi peninsula from Cameroon
A third option is that Nigeria and Cameroon could seek to institute a «collaborative regime» that will administer the trans-border area in contention in the direct interest of the peoples residing there and for the mutual advantage of the two countries»43(Messinga 2006 : 63-64).
43 Traduction française
Première thèse : « L'intérêt national du Nigeria dans la zone maritime qu'elle partage avec le Cameroun ne peut être préservé qu'à travers le contrôle effectif de l'estuaire de la Cross River et de la péninsule de Bakassi. Un tel contrôle peut être assuré soit unilatéralement par le Nigeria, soit à travers la collaboration avec le Cameroun. Pour le Nigeria, l'objectif stratégique de toute nouvelle négociation avec le Cameroun serait de revoir la question de toute la frontière avec pour but d'aboutir à une solution finale qui assurera l'atteinte de l'objectif sus-cité. »
Deuxième thèse : « Pour le Nigeria, les considérations vitales impliquées dans la dispute frontalière avec le Cameroun sont plutôt stratégiques et politiques que légales... »
D'où les recommandations et les options suivantes soumises au gouvernement.
« Un choix est d'accepter le fait accompli contenu dans la déclaration de Maroua qui signifie en effet une négociation de la compétence exclusive du Nigeria sur l'ensemble de l'estuaire de la Cross River et du chenal de Calabar. Pour les camerounais, ce serait un objectif capital, équivalent à la ratification des accords de 1913. Sur la base de ce choix, le Nigeria pourrait au mieux persuader le Cameroun à respecter la neutralité des
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Comme on le voit, le Nigeria a décidé de choisir les recommandations du rapport Bassey E. Ate, et notamment l'occupation unilatérale de la péninsule de Bakassi par la force (option n°1), ce qui va justifier la posture agressive permanente du Nigeria. Cette posture va se traduire par les offensives nigérianes et ripostes camerounaises, qui se sont soldés par un bilan non négligeables.
Le 21 décembre 1993, les troupes nigérianes prennent l'initiative de franchir la frontière camerounaise sous le prétexte de protéger leurs ressortissants qu'elles estiment menacés dans la péninsule de Bakassi par les « gendarmes » camerounais (Messinga 2006 : 66).
Ces Forces Armées nigérianes faites de 2000 à 3000 hommes trouvent sur le territoire escompté une esquarre camerounaise faite d'environ 40 hommes (30 éléments de la marine nationale, quelques gendarme et policiers) qui assuraient la mission d'intégrité territoriale en poste avancé et dont le PC se situait à Idabato I en décembre 1993. Ces
deux kilomètres de couloir que le président Ahidjo avait concédé à Gowon en 1975, ou faire d'autres ajustements mineurs. Les conséquences de ce choix en terme de stratégies et d'intérêts politiques ainsi que sur la position sous régionale du Nigeria seraient hautement catastrophiques.
Le second choix pour le Nigeria est d'insister sur le contrôle effectif de l'estuaire de la Cross River et sur le chenal de Calabar, ce qui implique des réclamations pressantes sur la péninsule de Bakassi comme meilleure garantie pour la protection de ses intérêts et du développement potentiel de cette zone. Dans ce choix, la frontière préférentielle se situerait au Rio Del Rey. Par la nature des choses, ces trois options sont retenues :
Premièrement, le Nigeria pourrait occuper unilatéralement la péninsule de Bakassi. En décidant de le faire, les facteurs militaires, logistiques, financiers et les autres facteurs liés à la réussite d'une telle opération doivent être considérés. Pour assumer la gravité d'une telle action, le Nigeria devait alors forcer les camerounais à entrer dans des négociations sérieuses ayant pour but d'établir une frontière mutuellement acceptable...
Deuxièmement, le Nigeria pourrait proposer d'acheter la péninsule de Bakassi au Cameroun...
La troisième option est que le Nigeria et le Cameroun pourraient chercher à instituer un « régime collaboratif » qui administrera la frontière en accord avec les intérêts directs des populations y résidant et pour l'intérêt mutuel des deux pays.
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Forces camerounaises, face à cette attaque surprise et le surnombre des troupes nigérianes, vont tout de même essayer de repousser les assaillants. Déjà à l'intérieur du territoire camerounais, les Forces nigérianes vont occuper au 21 janvier 1994 les localités de :
- Kombo A Bedimo et Inokoi (Bakassi Point)
- Jabane I et II (Sandy point)
- Diamond (MINDEF 1996 : 1).
Décidées de rallier le territoire nigérian à la rive sud du Rio Del Rey, elles vont multiplier les offensives et vont s'emparer en février 1994 de la localité d'Akwa (Archibong). Pendant ce temps, les Forces camerounaises essayent de se mobiliser (Opération Delta) en GOS, GOC, GON. Et au cours de leur attaque sur la localité de Kombo A Janea, elles seront repoussées par le GOS en poste avancé (MINDEF 1996 : 2). Cette riposte camerounaise sera considérée par le gouvernement nigérian comme « une déclaration de guerre », ce qui entraînera plus tard une intensification des hostilités.
Figure 10: Le positionnement des Groupements Opérationnels de l'Opération Delta sur le champ des opérations
Source : L'Etat du Cameroun 2008, Page 108.
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Du 2 au 7 février 1996, les troupes nigérianes investissent plus en profondeur en territoire camerounais (15 Km vers l'est). C'était une attaque en force sur toute l'étendue de la presqu'île, des tirs à armes lourdes qui pilonnaient au sol les Forces camerounaises. Cette offensive leur a permis d'occuper les localités telles que :
- Sous-préfecture d'Idabato I ;
- Idabato II ;
- Kombo Awase ;
- Kombo A Munja I et II ;
- Guidi-Guidi ;
- Uzama (Messinga 2008 : 109).
Au cours de cette attaque, le Cameroun va perdre environ une centaine d'hommes et près de 120 seront faits « prisonniers de guerre », malgré la non déclaration officielle de guerre du gouvernement nigérian comme du gouvernement camerounais. Cette attaque massive nigériane de 1996 (artillerie à bloc) va leur permettre d'occuper les 3/5e de la presqu'île querellée.
Cette escalade périlleuse va amener les Forces camerounaises à se réinventer d'autant plus qu'il ne leur restait plus que les 2/3 du territoire sauvegardé par leur courage. A cet effet, les autorités camerounaises vont armer leurs Forces de 30 vedettes appelées « Sweep Ship ». C'était des petits bateaux américains pouvant contenir 10 à 12 personnes à bord et équipés de 4 mitrailleuses (2 lourdes et 2 légères) (Messinga 2008 : 109). Ces vedettes étaient le matériel indiqué pour le combat dans la mangrove qui recouvrait la presqu'île.
Nanties de ce matériel d'appoint, les Forces camerounaises dirigées par le Capitaine de vaisseau Oyono Mveng, commandant de l'Opération Delta, vont organiser une contre-attaque en mars 1996. Cette contre-attaque surprise va leur permettre de récupérer certaines localités à la suite de lourdes pertes nigérianes, environ 2000 hommes tués, des bâtiments de
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guerre détruits (Jonathan). Au-delà de ces pertes en vies humaines, près de 150 soldats nigérians seront faits prisonniers de guerre par le Cameroun, parmi lesquels 4 officiers d'après le Général d'Armée Pierre SEMENGUE44. Cet équipement spécifique va permettre aux Forces camerounaises de maintenir les Forces nigérianes dans leurs retranchements. Les positions occupées par les deux camps resteront comme telles jusqu'au dénouement diplomatique d'octobre 2002 au mépris des mesures conservatoires indiquées à l'attention des deux gouvernements par l'ordonnance du 15 mars 1996 de la CIJ à la Haye et de la demande adressée par les membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies le 29 février 1996, pour le cessez-le-feu et le retour des troupes des deux parties à leurs positions initiales (Messinga 2008 : 109-110).
Cette lourde perte nigériane (une semaine à repêcher les corps) a semé le doute dans leurs rangs, raison pour laquelle elles n'ont plus organisé d'offensives de grande envergure, même après l'arrêt du 10 octobre 2002 de la CIJ. On n'observera sur le champ des opérations que quelques actions isolées perpétrées même le plus souvent par les militaires camerounais (actions individuelles) ayant le contrôle de la situation.
De 2002 à 2006, le champ des opérations sera sous le contrôle camerounais. Mais, l'arrêt de la CIJ rétablissant la souveraineté camerounaise sur la presqu'île de Bakassi sera boudée par le Nigeria malgré l'engagement solennel des deux chefs d'Etats le 5 septembre 2002 à Saint-Cloud, en présence du Président français Jacques Chirac et du Secrétaire général de l'ONU, Koffi Annan. Ainsi, le retrait des troupes nigérianes imposé par l'arrêt de la CIJ ne sera pas effectif d'après la déclaration officielle de son intention de rejeter le verdict de la CIJ le 23 octobre 2002. Le Nigeria justifie ce rejet par deux raisons : d'abord l'impartialité du Président français de cette juridiction Gilbert Guillaume et des juges
44 Révélation au cours d'un entretien dans son Hôtel sis au Quartier Général.
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allemands et anglais, dont le travail s'est réduit à la confirmation des accords conçus par leurs aînés ; ensuite le refus d'abandonner ses intérêts et surtout son peuple vivant à Bakassi. Le communiqué commis à cet effet mentionne : « En tant que Nation régie par la loi, nous devons continuer à exercer notre juridiction sur ces zones en accord avec la constitution. A aucun prix, le Nigeria n'abandonnera son peuple et ses intérêts. Pour le Nigeria, ce n'est pas une question de pétrole ou de ressources naturelles sur les terres ou eaux territoriales. Il s'agit du bien être et de la santé de son peuple sur ses terres ». En marge de cette version officielle, le Nigeria considère cette décision comme une atteinte à son statut de puissance sous régionale, un déshonneur pour lui qui devrait inspirer respect et crainte aux autres Etats (Messinga 2008 : 110).
Cet état d'esprit va se matérialiser sur le terrain par le maintien de l'Opération « Harmony IV» sur les positions occupées. Il était question pour les Forces nigérianes d'entretenir la souveraineté nigériane sur les localités qu'elles occupaient à défaut d'une occupation totale de la presqu'île. Aussi, les Forces camerounaises avaient pour mission de maintenir les Forces nigérianes dans leurs retranchements. Cette mission était dirigée par le Commandant B2/B3 GOS relativement aux consignes particulières :
- Le B3 (3è bataillon) était chargé des opérations défensives et offensives ;
- Le B2 (2è bataillon) s'occupait des renseignements.
Le chef B2/B3 GOS exécutait les tâches suivantes au quotidien :
· Suivi de l'instruction
· Faire des TD (travaux dirigés) de relève et d'arrivée sur la zone des personnels suivants : COM GOS, CES/GOS, B1/B4, B2/B3, armuriers, détachement Milan. Il faisait aussi les TD de préparation de relève 01 mois avant et 02 semaines avant.
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· Faire le programme hebdomadaire d'instructions dont la copie doit être adressée à COM DELTA tous les jeudis et comptant pour les semaines à venir.
· Tenir le registre des mouvements et activités du groupement appelé « journal de marche des opérations ».
· Mettre à jour le tableau des relèves.
· Visiter les postes de combat du groupement (01 fois/semaine).
· Effectuer la relève des unités.
· Effectuer les patrouilles.
· Chasser les pêcheurs nigérians.
· Insécuriser en permanence la zone de responsabilité camerounaise.
· Récupérer les pirogues ou embarcations avec personnels et contenu et les mettre à la disposition de la prévôté pour besoin d'enquête.
· Avoir le souci de la bonne utilisation des embarcations.
· Faire respecter les consignes de COM DELTA sur la navigation sur zone et en particulier la navigation de nuit est interdite sauf cas de force majeure.
· Tout mouvement d'embarcation doit être ordonné par le COM GOS.
· Faire garder une attitude militaire (port de la tenue).
· Respecter scrupuleusement les degrés d'alerte (1-2-3)
· Respecter l'envoi des pièces périodiques.
· Veiller à la bonne conservation des cartes et autres documents officiels.
· Pouvoir faire un compte rendu instantané, précis et détaillé sur la
Nature, le Volume et l'Armement (NVA) des Forces nigérianes.· Entretenir le moral des hommes.
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· Riposter efficacement à toute attaque par des tirs à tuer
· Le B2/B3 est conseiller maritime du COM GOS
· Le B3 établit pour le groupement des ordres de conduite et d'opération (Messinga 2006 : 70-72).
C'est grâce au respect de toutes ces consignes que les Forces camerounaises ont pu retenir les Forces nigérianes jusqu'à leur retrait au lendemain des accords de Greentree avec comme bilan :
~ Sur le plan humain, le Cameroun a perdu environ 200 à 300 hommes sans compter les disparus à l'instar du médecin porté disparu à la suite d'un accident d'hélicoptère. Le Nigeria quant à lui a perdu environ 2000 à 3000 hommes dans cette guerre. Le bilan nigérian le plus lourd a été enregistré lors de la riposte camerounaise en mars 1996 à Kombo A Janea (2000 morts environ). A coté de ces pertes en vie humaine, on peut ajouter les prisonniers de guerre qui ont été libérés à la suite de l'échange organisé à Yaoundé en juin 2006 par les deux gouvernements sous l'égide de la Croix Rouge Internationale. Le Cameroun a libéré environ 150 prisonniers nigérians parmi lesquels le corps du Capitaine Foutoumbe, mort en captivité à Yaoundé. Le Nigeria à son tour en a libéré environ 120 parmi lesquels deux corps des sous officiers rapatriés.
~ Sur le plan matériel, le Cameroun a perdu trois (03) hélicoptères (deux sont tombés en mer, un a été emporté par un tourbillon marin et est allé tomber à 500 mètres de la côte et à 300 mètres de profondeur de la mer) ; un sweep Ship ; beaucoup d'armes et de munitions lors de la prise d'Idabato I et II par les Forces nigérianes en février 1996. Le Nigeria quant à lui a perdu trois bâtiments de guerre parmi lesquels le « JONATHAN » détruit par les fusiliers marins commandos camerounais encore appelés « hommes
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grenouilles » ; beaucoup d'armes et de munitions abandonnées lors de la riposte camerounaise de mars 1996.
D'après des sources militaires nigérianes officieuses, le Nigeria a perdu environ 1 millier d'hommes ; quelques disparus ; une centaine de prisonniers de guerre. Le Cameroun en a perdu des centaines d'hommes ; une centaine de prisonniers également. Sur le plan matériel, quelques frégates, beaucoup d'armes et de munitions ont été perdues par le Nigeria contre des hélicoptères, des corvettes, des embarcations légères, des armes et des munitions en grand nombre du coté camerounais.
En faisant la moyenne de ces deux versions de bilan, il apparaît que le Nigeria paye le tribut le plus lourd dans cette guerre. Non seulement il n'a pas pu s'approprier la presqu'île par la force des armes, mais aussi il a connu des pertes insoupçonnées devant le Cameroun. Une telle situation ne correspond pas aux prévisions d'avant la guerre, lorsqu'on se réfère au potentiel militaire du Nigeria considéré comme première puissance de la sous région (Messinga 2008 : 111-112).
A la question de savoir qu'est ce qui a fait le mérite des Forces camerounaises dans cette guerre, le Général d'Armée Pierre SEMENGUE évoque la qualité des hommes et la spécificité de l'armement :
· Le Nigeria a mobilisé pour cette guerre environ 10000 hommes de formation au rabais (45 jours environ de formation) et beaucoup de moyens mal organisés. Le Cameroun de son coté a présenté 2000 hommes environ, nantis d'une formation de haute facture (deux ans) et des moyens limités, mais spécifiques, c'est-à-dire adaptés pour le combat dans la mangrove. Le Nigeria était assez équipé pour la parade, mais manquait d'équipement de combat dans la mangrove au début de la guerre ;
· La qualité de l'organisation des Forces camerounaises a primé également, c'est-à-dire leur sens de la discipline et leur cohésion devant une Armée nigériane indisciplinée et politisée par des
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hommes d'affaires. L'Armée nigériane n'est pas comme l'Armée camerounaise le creuset de l'unité nationale (Messinga 2008 : 111- 112).
Mais, l'évolution géopolitique et géostratégique du contexte de défense et de sécurité nationale et internationale marqué par l'émergence des nouvelles menaces imposera une redéfinition de la doctrine d'emploi des Forces Armées camerounaises. Cette redéfinition sera imposée par les attaques multiples avec succès des pirates de mer sur la presqu'île de Bakassi dans le Sud-Ouest Cameroun, les prises d'otages permanentes et demandes de rançons des coupeurs de routes dans le Grand Nord, la criminalité transfrontalière et le trafic des stupéfiants et êtres humains de l'Est Cameroun sous l'impuissance des Forces Armées jadis parées à toutes épreuves.
Au Cameroun, le processus de démocratisation, entendu comme le cheminement de l'autoritarisme vers la démocratie multipartisane en tant qu'idéal de gestion de l'Etat s'est déroulé en plusieurs étapes. D'abord, une métamorphose du parti unique le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), ensuite la mise en place d'un cadre juridique avec la session des libertés de décembre 199045 et le renouvellement de la classe politique nationale par l'organisation de consultations électorales à divers niveaux.
Cette mutation socio-politique ne s'est pas passée sans heurts comme dans d'autres pays, au point de menacer substantiellement l'existence même de l'Etat. Mais les Forces Armées vont s'employer pour restaurer l'autorité
45 Il s'agit notamment des lois 90/055 relatives au régime des réunions et manifestations et 90/056 relative aux partis politiques.
Thèse de Doctorat/Ph.D en Sce Po, UY2, 2011 Ernest Claude MESSINGA 178
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de l'Etat bafoué par des revendications qui portaient atteinte à la sûreté de l'Etat.
Face à la « méthode du pas à pas » (Essissima 1998 : 21) adoptée par le gouvernement et le refus du Chef de l'Etat d'organiser une « conférence nationale souveraine »46 principale revendication des partis politiques, l'opposition camerounaise regroupée autour d'une superstructure dénommée « collectif des partis de l'Opposition » puis « coordination nationale des partis d'opposition et des associations » va mener une insurrection et une véritable guérilla urbaine dans certaines grandes villes du pays.
Les méthodes choisies par les leaders de l'opposition sont tout d'abord les « villes mortes - pays mort »47 qui visent sous l'effet conjugué de la crise économique et des programmes d'ajustements structurels, à essouffler l'économie camerounaise et, ainsi faire plier la politique du parti au pouvoir. Ensuite, le corollaire de ces dernières était de susciter l'incivisme fiscal à travers le non payement d'impôts, des quittances d'électricité, d'eau, de téléphone, etc. ; la destruction du tissu économique à travers les actes de vandalisme48. Seule la capitale du Cameroun ne sera pas atteinte par cette vague de désobéissance civile, Douala la capitale économique étant à feu et à sang. Enfin, la violence va monter d'un cran avec l'attaque du patrimoine national et les symboles même de l'Etat. Des assassinats des représentants de l'Etat ont lieu. Des velléités sécessionnistes
46 Le 27 juin 1991, le Président Paul Biya, devant l'Assemblée nationale, déclare que la conférence nationale au Cameroun est « sans objet » pour le Cameroun.
47 « Il y'a cinq ans ...les villes mortes », Mutations, Dossier spécial n°016 du 22 octobre 1996.
48 Incendie de l'usine des brasseries du Cameroun à Limbé, le 12 avril 1991 ; le blocage des lieux de marché ou d'écoulement des produits de consommation ; des voies de communication et l'intimidation des commerçants ; le non respect de la réglementation avec l'importation frauduleuse des produits pétroliers et autres produits de consommation, etc.
Thèse de Doctorat/Ph.D en Sce Po, UY2, 2011 Ernest Claude MESSINGA 179
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apparaissent dans les provinces anglophones du pays orchestrées par la SCNC en vue de créer un Etat indépendant dénommé « Ambazonie ».
Prenant acte de cette montée de la violence, Paul Biya affirme en juin 1991 que « (...) violence, vengeance, haine, vandalisme, terrorisme risquent de devenir des valeurs en hausse (...). Intimidation, menaces, grèves illégales, tout est bon pour déstabiliser notre pays »49. Il va donc à cet effet prendre des mesures exceptionnelles en impliquant les Forces Armées camerounaises dans les missions de maintien de l'ordre public.
Pour mettre fin à la déliquescence de l'Etat, les Commandements Opérationnels seront crées sur l'ensemble du territoire camerounais conformément à l'article 26 de la loi n°67/LF/9 du 12 juin 1967 portant organisation générale de la Défense. Le territoire national est dès lors réorganisé en huit régions militaires, ou sont respectivement nommés les commandants opérationnels avec pour mission « rétablir l'ordre dans les plus brefs délais dans les provinces prises dans l'engrenage du vandalisme ». Ces commandements opérationnels disposent de toutes les Forces de Police, de Gendarmerie et des Armées de Terre, Air et Mer. Le commandant agit sur instruction du gouverneur, représentant du Chef de l'Etat dans la région et responsable du maintien de l'ordre dont il est conseillé militaire.
Sans verser dans l'excès, nous pouvons affirmer que les Forces Armées camerounaises ont, malgré quelques incidents de parcours au début du processus démocratique, maintenu et assuré la stabilité des institutions républicaines et, favorisant par là un développement réfléchi de la « démocratie camerounaise » (Ela Ela 2000 : 268-269).
49 Le quotidien national Cameroon Tribune, n°4916 du 21 juin 1991, pages 12-13 Thèse de Doctorat/Ph.D en Sce Po, UY2, 2011 Ernest Claude MESSINGA 180
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Après les années de braise de la fin de la décennie 80, l'on a connu la vie chère, les manifestations, les casses, les incendies, les violences et répressions, la mort et désolation dans les différentes villes camerounaises. Tout est parti d'un mot d'ordre de grève de syndicats nationaux de transporteurs urbains et interurbains. Ils se plaignaient des difficultés relatives aux conditions de l'exercice de la profession de conducteur de taxi, de moto et autres ; notamment l'augmentation des prix des carburants à la pompe. Une pratique conforme à la loi, dont l'objectif est d'essayer d'arracher des concessions au gouvernement qui n'avait pas fermé les voies du dialogue. Prenant prétexte de ces négociations qui savent s'accommoder de longueurs voire de rebuffades, des jeunes « manipulés » ont pris le contrôle de certains arrondissements de Douala aux premières heures du 25 février. Ils ont continué à tisser la toile de la violence à travers le pays, touchant 31 villes tuant 40 personnes dont 30 dans le littoral. Même Yaoundé la capitale, inattaquable pendant les années de braise n'a pas été épargnée. Ses habitants surpris et choqués ont assisté impuissants à la furie de casseurs et pilleurs. Les Forces de sécurité policiers et gendarmes interviennent avec des camions à eau, gaz lacrymogènes et tirs de sommation pour disperser les manifestants, les jeunes répliquant avec des cailloux et gourdins. Un grave acte de provocation qui a amené le chef de l'Etat à sortir de sa réserve et à avertir que le désordre ne passera pas à travers une déclaration forte le 27 février, « Tous les moyens légaux seront mis en oeuvre pour que force reste à la loi ».
La fermeté du chef de l'Etat couplée à la descente sur le terrain de renforts des Forces Armées en l'occurrence le Bataillon d'Intervention Rapide (BIR) a permis d'interpeller et de mettre à la disposition de la
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justice de nombreux fauteurs de troubles et, ce faisant, de restaurer la paix sur l'ensemble du territoire national50.
Le besoin de plus en plus accru de sécurité et de protection manifesté par les populations et l'émergence tout aussi avérée de menaces nouvelles susceptibles de porter dangereusement atteinte à la paix et à la stabilité tant du Cameroun que dans la sous région, impliquent pour les Forces de Défense, de savoir et pouvoir maîtriser au mieux, en cas de survivance, les menaces et risques planant potentiellement sur cette partie du continent africain. Ceci, soit en engagement opérationnel interarmées sur le territoire national, soit dans le cadre d'une opération multinationale sous la bannière de l'Union Africaine ou de l'Organisation des Nations Unies.
C'est dire qu'il devient impérieux non seulement de définir les modalités de participation des Forces Armées à ces différentes types d'opérations, mais aussi et parallèlement de bien cerner la typologie même des opérations et conflits possibles, d'appréhender avec justesse les menaces et risques pesant sur le Cameroun pour finalement s'assurer la maîtrise permanente des fondements de la stratégie militaire générale, garante au mieux de la défense des intérêts nationaux.
Il s'agit de la classification générale des opérations et de la classification des conflits
50 Le quotidien national Cameroon Tribune N°9292/5491 du 20 février 2009
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Les Forces de Défense camerounaises peuvent principalement être engagées dans cinq différents types d'actions ou opérations en présence ou non des belligérants.
a- LA GUERRE
C'est le stade extrême d'engagement des Forces de Défense. Les opérations sont généralement précédées d'une déclaration officielle de guerre.
b- LES OPÉRATIONS DE GUERRE
Dans ce cas, la procédure de déclaration de guerre n'est pas formellement utilisée ; le conflit se déroule dans un cadre juridique à définir pour chaque opération.
c- LES OPÉRATIONS DE SECURITÉElles ont pour but d'assurer la sécurité de la population ou la préservation de zones sensibles dans un environnement trouble ou menaçant. Les Forces de Défense, quand elles sont requises par l'autorité gouvernementale, apporte leur concours dans les domaines du renseignement, du contrôle des points sensibles, du maintien de l'ordre et de la protection des populations.
d- LES OPÉRATIONS DE SOUTIEN DE LA PAIX
Elles se déroulent généralement sous mandant international, dans le cadre d'une résolution précise et visent à empêcher des belligérants de poursuivre et reprendre les hostilités.
e- LES OPÉRATIONS DE SECOURS D'URGENCE
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Ce sont des opérations déclenchées à la suite de catastrophes naturelles ou d'accidents technologiques. Elles se caractérisent, dans un premier temps, par une urgence des besoins, une nécessité de réactions immédiates, le recours à des moyens de mobilité, à du personnel et des matériels que seules les Armées sont le plus souvent aptes à fournir à temps. Dans un deuxième temps, les structures civiles et les Organisations Non Gouvernementales (ONG) prennent progressivement le relais des Forces de Défense dans la gestion des opérations de secours d'urgence. L'autorité civile est, en défense civile, l'autorité légitime. A ce titre, elle est la seule à pouvoir assumer la responsabilité totale de l'opération (EtatMajor des Armées 2010 : 6).
On a coutume de différencier les conflits à l'aide de certains paramètres :
- Les buts recherchés par les Forces adverses : conquête d'intérêts mineurs, territoriaux ou nons, prises de gages économiques, déstabilisation... ;
- Les moyens disponibles : les types de Forces, leur volume, leur degré technologique, leur capacité opérationnelle et éventuellement les soutiens susceptibles de provenir de l'extérieur ;
- Les voies recherchées pour atteindre les buts poursuivis : affrontements direct, harcèlement politique, économique, médiatique ou militaire
Dès lors que les paramètres sont clairement identifiés, on distingue trois types de conflits :
· Les conflits symétriques : qui opposent les
Forces Armées de nature, de volume et d'équipement technologiques
équivalents. Ce type de
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conflit, le plus souvent violent, a pour objectif final la victoire militaire ;
· Les conflits dissymétriques : qui mettent en opposition les Forces Armées conventionnelles ou non, de structures, de volume d'équipements et doctrine différents. La partie la plus faible mènera une lutte totale prolongée, mais de faible ampleur avec des actions non conventionnelles ;
· Les conflits asymétriques : se caractérisent par la grande difficulté voire l'impossibilité pour une partie à identifier les contours et la nature exacte de l'adversaire (cas du terrorisme, piraterie maritime, criminalité transfrontalière des coupeurs de routes). Cette difficulté rend très complexe toute forme d'engagement (Etat-Major des Armées 2010 : 7-8).
b) LES HYPOTHESES D'EMPLOI DES FORCES DE DEFENSE
A tout moment, avec ou sans préavis, le Cameroun peut se trouver en difficulté de façon intentionnelle (action militaire conventionnelle ou classique, organisation terroriste, crime organisé, action occultes d'organisations ou de sectes, mercenariat...) ou de manière accidentelle (catastrophe naturelle ou accident majeur). Dans ces situations, les Forces terrestre, aux côtés des autres Armées ou de manière isolée, peuvent être sollicitées pour rétablir la souveraineté du territoire et aider les populations.
Un risque se rapporte généralement à un danger, plus ou moins prévisibles, susceptible de causer des dommages physiques aux personnes et aux biens ou d'affecter le fonctionnement du pays. Le risque découle donc d'une potentialité naturelle ou accidentelle.
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Les menaces résultent de la conjonction d'une intention hostile, plus ou moins clairement exprimée, et de l'existence de moyens pour la concrétiser.
Le concept d'emploi des Forces de Défense répertorie quatre types de menaces et une série de risques susceptibles de porter atteinte à l'intégrité du territoire, menacer les institutions ou la sécurité de la population. Pour chaque type de menaces ou de risques correspond une hypothèse d'engagement des Forces de Défense. Ces sont ces hypothèses d'engagement qui servent de base à l'élaboration de la doctrine d'emploi des Forces Armées camerounaises.
En l'absence d'adversaires désignés et de menace aisément mesurable, ces hypothèses permettent de visualiser l'ensemble des crises possibles ou des situations nouvelles pouvant affecter le Cameroun et conduire à l'engagement des Forces de Défense.
Ces différentes hypothèses ne sont pas exclusives ni indépendantes les unes des autres et pourraient très bien se combiner entres elles en entraînant le haut commandement à la décision d'engagement simultanée des Forces de première, deuxième et troisième catégorie dans des zones différentes.
HYPOTHESE 1 : Conflit régional pouvant mettre indirectement en cause l'intégrité du territoire
NATURE DE LA MENACE.
Le Cameroun, pays stable et prospère, possède une frontière terrestre commune avec six autres pays ainsi qu'une vaste façade maritime sur l'océan atlantique. Les pays voisins du Cameroun constituent des
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ensembles dont les objectifs, les moyens et les situations intérieures sont extrêmement hétérogènes. Cette hétérogénéité porte en elle le risque d'émergence de risques diffus. Ces risques tiennent notamment à la présence de zones troublées, aux voisinages de nos frontières, pouvant ainsi constituer des foyers potentiels de crises.
Au sein de l'Etat voisin fragilisé, des tensions infra ou intra étatiques peuvent se cristalliser autour des clivages à caractère ethnique, religieux, civilisationnel, ou économique avec possibilité de conséquences ou de prolongement indirect à l'intérieur du territoire national (incursion de bandes armées, exactions de coupeurs de routes ou de rebelles pourchassés, afflux des réfugiés etc.).
Ce type de menace se matérialiserait par des incursions terrestres ou maritimes de bandes armées de faible volume, plus ou moins structurées, à l'intérieur de l'espace national ou par un afflux massif de populations fuyant les zones de combat d'un pays voisin. Quelque soit la forme que prendrait cette menace, la sécurité des populations camerounaises habitant les zones frontalières ainsi celles de leurs activités traditionnelles pourraient être menacées.
LOCALISATION
Ce scénario concerne essentiellement les zones frontalières et la façade maritime du Cameroun.
OBJECTIFS POLITICO-MARITIMES
- Mettre fin aux agissements des bandes infiltrées et rétablir l'intégrité territoriale ;
- Rétablir et garantir la liberté de circulation ; - Protéger les populations locales ;
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- En liaison avec les organisations internationales non gouvernementales, contrôler le flux des populations déplacées et assurer la protection des réfugiés.
MOYENS ENGAGES
L'ensemble des moyens de défense local de la région concernée (moyens de la marine en cas d'incursion par la façade maritime, moyens de la sûreté nationale et du Corps National des Sapeurs Pompiers en cas de gestion des réfugiés). Tous moyens permettant de recueillir des renseignements dans la zone concernée (mission prioritaire de la Gendarmerie Territoriale).
La riposte des Forces de Défense locales camerounaises doit être ciblée sur les agresseurs dument repérés et identifiés. Cette riposte sera limitée strictement au périmètre des territoires concernés.
· Un renfort de moyens militaires interarmées en provenance d'autres régions pourrait être décidé en fonction de l'évolution de la situation (Etat-Major des Armées 2010 : 9).HYPOTHESE 2 : Atteinte directe aux intérêts vitaux ou à l'intégrité du territoire national
NATURE DE LA MENACE :
Cette hypothèse prend en compte une menace par agression directe sur le sol camerounais dans un but territorial ou économique. Cette menace serait constituée par des Forces conventionnelles équivalentes ou supérieures aux Forces de Défense camerounaises. Dans cette hypothèse, les risques pesant sur les intérêts économiques vitaux, les richesses potentielles, les voies d'approvisionnement et les populations nationales sont très important.
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Le Cameroun doit pouvoir, en toute indépendance, régler ce genre de conflit. De mesures particulières devront être prises pour renforcer la protection du territoire contre les menées subversives terroristes susceptibles d'accompagner ce type d'agressions conventionnelles.
LOCALISATION
Ce scénario concerne l'ensemble du territoire camerounais ainsi que sa façade maritime.
OBJECTIFS POLITICO-MILITAIRES
- Eviter une évolution incontrôlée de la situation et une montée aux extrêmes en délivrant à l'agresseur un signal militaire fort pour le contraindre à renoncer à ses ambitions et rétablir la souveraineté de l'Etat.
MOYENS ENGAGES
Intervenant dans un cadre national, en synergie avec l'ensemble des ministères, les Forces de Défense engagent les moyens des trois Armées relevant de la posture permanente de sûreté incluant la chaîne de commandement opérationnel, des moyens d'acquisition et d'exploitation du renseignement.
· Les Forces de Gendarmerie sont directement concernées par la recherche du renseignement, la protection des personnes et des biens, le maintien de l'ordre public et la lutte contre les menées subversives (Etat-Major des Armées 2010 : 10).HYPOTHESE 3 : Opération en faveur de la paix et du droit international
NATURE DE L'ENGAGEMENT
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La contribution camerounaise à ce type d'opération n'est envisagée que dans un cadre politique international (Organisation des Nations Unies, Union Africaine...) et dans un contexte militaire multinational (ONU, FOMUC...). La participation des Forces de Défense camerounaises pourrait prendre alors des formes diverses comme l'interposition entre belligérants, le contrôle des frontières terrestres, la surveillance de l'application d'un cessez le feu, la conduite d'actions strictement humanitaires.
LOCALISATION
Sous-région ou Afrique Subsaharienne. OBJECTIFS POLITICO-MILITAIRES
Agissant exclusivement sous mandat d'une Organisation Internationale ou d'une coalition mise sur pieds pour la circonstance, les Forces de Défense camerounaises seraient engagées pour atteindre un des objectifs suivants :
- Participer au contrôle du règlement d'un conflit avec le consentement des parties en présence et après cessation des hostilités (Opération de maintien de la paix) ;
- Favoriser le retour à la paix dans un pays en état de guerre ou de guerre civile et ou la sécurité des populations est gravement menacée (opération de restauration de la paix).
MOYENS ENGAGES
· Renfort interarmées de commandement en personnel d'Etat-Major ;
· Un bataillon type « Maintien de la paix » à forte représentation terrestre (Infanterie blindé) ainsi que des moyens de la Gendarmerie pour le maintien de l'ordre (un à deux escadrons) ;
· Moyens aériens de projection ;
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· Un dispositif de soutien des Forces (Etat-Major des
Armées 2010 : 11).
HYPOTHESE 4 : Catastrophe naturelle ou accident d'envergure.
En cas de catastrophe naturelle (inondation, tremblement de terre, irruption volcanique, sécheresse...) ou accident d'envergure (pollution,
explosion, incendie, crash d'avion...). Ce sont les autorités civiles quinormalement prennent en charge tous les aspects de la défense civile pour
mener à bien les opérations de secours d'urgence.
Les Forces de Défense peuvent être sollicitées pour des missions de protection des populations faisant appel à des capacités d'intervention immédiatement disponible, à des effectifs importants et à des moyens spécialisés dont ne disposent pas les services civils de l'Etat pour la zone sinistrée également.
LOCALISATION
Territoire national
OBJECTIFS POLITICO-MILITAIRES
- Assurer l'évacuation et le traitement des victimes des catastrophes ;
- Protéger et secourir les populations rescapées ;
- Eviter les pillages et les exactions dans les zones sinistrées. MOYENS ENGAGES
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· La priorité sera donnée à
l'engagement du personnel et des moyens militaires en place dans la
région touchée par la catastrophe ou l'accident. Le renforcement
en moyens lourds d'évacuation et de déblaiement en provenance de
l'ensemble du territoire n'est pas à exclure (Etat-Major des
Armées 2010 : 12)..
HYPOTHESE 5 : Menace contre l'ordre public et la continuité du fonctionnement des institutions.
Des actes terroristes, des manifestations dures ou des violences urbaines initiées par des groupuscules activistes mais qui peuvent être relayées par une part plus ou moins importante de la population peuvent troubler l'ordre public et mettre en péril le fonctionnement normal de nos institutions.
LOCALISATION
L'ensemble du territoire national et plus particulièrement les agglomérations importantes
OBJECTIFS POLITICO-MILITAIRES
- Maintenir ou rétablir l'ordre public et la continuité du fonctionnement des institutions.
MOYENS ENGAGES
Les Forces de première (Police) et de deuxième catégorie (Gendarmerie) sont normalement en charge du maintien de l'ordre public et de la liberté de fonctionnement des institutions comme de la sécurité des personnes et des biens.
Les Forces de Défense, dites Forces de troisième catégorie, peuvent être réquisitionnées pour renforcer les Forces de première et deuxième
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catégorie dans la protection des personnes et des biens, mais également dans la défense des points sensibles et des administrations.
· Les volumes des Forces engagées
dépendent de l'étendue et de la
gravité des incidents
observés (Etat-Major des Armées 2010 : 13).
Pour conduire sa politique de sécurité et de défense et faire face aux différentes hypothèses de défense évoquée dans les paragraphes précédents, le Cameroun met en oeuvre une stratégie globale qui fédère les différentes stratégies correspondant aux domaines militaire, civil, économique, social et culturel de la défense.
Le concept d'emploi des Forces définit les principes d'engagement des Forces en tenant compte du cadre politique et militaire actuel. Il souligne que la crédibilité de ces Forces tient à leur capacité :
- De dissuader tout adversaire à s'attaquer aux intérêts du Cameroun (dissuasion) ;
- D'anticiper l'action opérationnelle qui serait éventuellement à conduire en fonction de la menace ou du risque observé (Prévention) ;
- D'agir dans les zones de crises éloignées du centre de gravité des Forces (Projection intérieure) ou dans un pays étranger dans le cadre des accords internationaux (Projection extérieure) ;
- De satisfaire aux exigences de liberté d'action du gouvernement et de sauvegarde des intérêts nationaux (Protection) (Etat-Major des Armées 2010 : 15).
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Elles sont au nombre de quatre à savoir : la dissuasion, la prévention des crises, la protection et la projection.
1- LA DISSUASION
La dissuasion vise à détourner un ennemi éventuel de ses intentions agressives en lui faisant imaginer les représailles qu'il court. Elle s'appuie sur une organisation permanente du commandement et sur des Forces opérationnelles dont la posture, adaptable aux diverses situations, est de garantir en permanence une capacité de riposte quelque soit les circonstances. Elle repose sur la détermination, le professionnalisme et la réputation des Unités des trois Armées et de la Gendarmerie.
Elle doit également se manifester au quotidien par le souci de se perfectionner lors des exercices et des entraînements et par une rigueur permanente dans le comportement comme dans l'application des consignes de sécurité qui garantissent la défense des installations et plus généralement du territoire nationale. Cette dissuasion est l'affaire de tous les acteurs de la défense (Etat-Major des Armées 2010 : 7-8).
2- LA PRÉVENTION DES CRISES
La prévention a pour but, en premier lieu, de protéger le pays contre les menaces pouvant peser sur ses intérêts fondamentaux. Aussi, elle doit permettre d'anticiper et, si possible d'empêcher l'émergence des situations susceptibles de devenir conflictuelles. Au sein des Armées, ce principe se traduit par la recherche constante d'indices d'alerte d'une menace, le suivi d'indicateurs de conflit ou de crises potentielles, par une présence militaire permanente dans les zones identifiées comme risquées (zones frontalières, façades maritimes). Les outils d'information, d'analyse (renseignement), de
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veille et d'alerte stratégique sont également indispensables dans l'anticipation puis la gestion des crises.
La prévention s'appuie également sur des capacités de réaction immédiate, sur l'activation progressive de moyens positionnés dans les régions à risque ainsi que le déploiement préventif de moyens terrestre, naval et aérien. L'ensemble du dispositif mis en oeuvre dans le cadre de la prévention donne au Cameroun une faculté de prévision et de compréhension des situations qui constituent l'une des clés de son autonomie de décision (Etat-Major des Armées 2010 : 16).
3- LA PROTECTION
La notion de protection concerne exclusivement le territoire national et la population. En l'absence de menace militaire directe à proximité des frontières, elle s'apparente, la plupart du temps à des missions de sécurité intérieure, cas des missions de défense strictement militaires.
Impliquant en toute circonstance de satisfaire les exigences de sécurité et d'intégrité du territoire, de liberté d'action du gouvernement et de sauvegarde la population, la protection répond aux menaces de désordre, de chantage, de déstabilisation, de terrorisme et d'agression limitées.
La défense aérienne, la défense maritime du territoire, la défense terrestre du territoire et la défense civile concourent à la protection. Les trois premières, permanentes, relèvent principalement des Armées. Placée sous l'autorité civile, la défense civile peut nécessiter le concours des Armées, la Gendarmerie y participant de façon permanente. Les mesures de Défense Opérationnelle du Territoire (DOT) sont mises en oeuvre sur décision du gouvernement et leur exécution incombe à l'autorité militaire (Etat-Major des Armées 2010 : 17).
4- LA PROJECTION
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La notion de projection recouvre l'ensemble des interventions conduites hors des frontières nationales. Pour le Cameroun, pays à vocation strictement défensive, cette notion ne se conçoit que dans le cadre d'une mission de maintien de la paix ou à caractère humanitaire dans un des pays de la sous région et sous l'égide d'une organisation ou coalition internationale reconnue.
La notion de « projection intérieur » sera en revanche utilisée pour décrire le déploiement des Forces à l'intérieure des frontières. Dans un pays étendu, géographiquement et climatiquement aussi varié que le Cameroun, une « projection intérieure » possède de nombreuses similitudes avec une projection dite « extérieure ».
Elle constitue alors une des modalités de la protection. La projection intérieure suppose, comme pour une projection extérieure, de disposer d'une part de Forces entraînées et complémentaires aptes à intervenir loin de leur lieu habituel de stationnement, d'autre part de moyens de transport à moyens rayon d'action. Elle requiert une organisation adéquate de la chaîne de commandement et de la capacité de soutenir les unités engagées.
En cas de troubles majeurs ou d'agressions à l'intérieure des frontières, la protection devient prioritaire sur la prévention et sur la projection. La fonction de protection s'affirme alors comme une mission essentielle et une exigence permanente pour les Forces Armées et devient, de fait, la plus dimensionnante pour les Forces de Défense et notamment pour les Forces terrestre.
Toutes les Forces disponibles, complétées le cas échéant par les Forces de réserve, sont alors susceptibles d'y participer. Contrairement à la projection qui, tout en exigeant des capacités permanentes, ne prend corps qu'au moment de l'intervention, les trois autres grandes fonctions stratégiques sont permanentes. On désigne sous l'appellation de posture permanente de sûreté l'ensemble de dispositions prises pour mettre en toute
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circonstance le pays à l'abri d'une agression, même limitée (Etat-Major des Armées 2010 : 18).
L'engagement des Forces sur le territoire national ou à l'extérieure des frontières requiert l'application de procédures qui permettent au Chef de l'Etat et au Chef de l'Etat-Major des Armées de contrôler les conditions d'emploi des Forces, sous responsabilité civile pour la défense civile, sous responsabilité militaire pour la défense opérationnelle du territoire ou pour une mission extérieure sous mandat international.
Quatre grands principes guident l'emploi des Forces dans les différents types d'actions qu'elles peuvent mener à savoir l'anticipation, la cohérence des buts recherchés, la maîtrise et l'emploi mesuré de la force, la force morale (Etat-Major des Armées 2010 : 18-20).
1- L'ANTICIPATION
Elle doit permettre de détecter, d'évaluer et, si nécessaire, de traiter au plutôt, et donc au plus haut niveau des crises, toute situation de nature à présenter un risque ou une menace. Elle repose avant tout sur une capacité d'analyse qui combine une chaîne d'acquisition et de diffusion du renseignement, un éventail de Forces et de moyens positionnés si possible au plus près des zones potentielles de crise.
Elle est confortée par un haut degré de préparation et de disponibilité des ensembles de Forces constituées au sein de chaque Armée.
2- LA COHÉRENCE DES BUTS RECHERCHÉS
Tout engagement doit respecter le principe de parfaite adéquation entre les buts politiques, fixés dans un cadre national ou international et les objectifs militaires assignés. Le mandat que le Chef de l'Etat donne aux Forces et par lequel il précise le but recherché en engageant les moyens
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militaires permet de formaliser cette adéquation. Ce but final recherché est déterminé en cohérence avec les actions diplomatiques, économiques, humanitaires et médiatiques menées simultanément. Au plan militaire, il se traduit par les objectifs à atteindre et par les règles d'engagement et de comportement à observer.
Lorsque les Armées participent, dans le cadre de la protection, à la défense sur le territoire soit en contribuant à la défense civile, soit en conduisant le cas échéant les opérations militaires, les structures mises en place et l'existence des procédures particulières doivent favoriser la coopération et le dialogue permanent entre civils et militaires.
3- LA MAITRISE ET L'EMPLOI MESURÉ DE LA FORCE
Les moyens militaires engagés dans une opération doivent être dimensionnés de manière à emporter la décision tout en évitant l'escalade de la violence entre les parties prenantes.
La formation militaire et l'entraînement au combat sont la meilleure école pour préparer le combattant à un usage maîtrisé de la force dans un environnement de violence. Par ailleurs, les unités doivent acquérir ou entretenir la faculté d'adaptation nécessaire pour faire face à tout développement de la crise et faire évoluer l'organisation de leurs moyens et leurs modes d'action en fonction des finalités nouvelles de l'intervention.
4- LA FORCE MORALE
L'ascendant moral sur l'adversaire constitue dans tout conflit un des facteurs clés du succès. Il dépend principalement de la légitimité politique, juridique et morale de l'action militaire, du respect qu'elle inspire et, dans certaines missions internationales (interposition), de son impartialité. Cet ascendant est grandement conforté par le soutien que manifeste l'opinion
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publique nationale et même international, mais il repose surtout sur la valeur et la force morale des combattants eux-mêmes.
Les Forces Armées camerounaises ont toujours su faire face à toutes les situations. Elles se sont montrées aptes, depuis dix ans, comme par le passé, à remplir les missions qui leur étaient confiées :
- La lutte contre la rébellion armée des années d'indépendance ;
- La maîtrise des putschistes en avril 1984 ;
- Le maintien de l'ordre pendant la période de transition vers le multipartisme public en 1991-1992;
- Le maintien de la souveraineté camerounaise sur la presqu'île de
Bakassi et de l'intégrité du territoire national depuis 1994;
- Le maintien de l'autorité de l'Etat pendant les révoltes sociales de
février 2008 ;
- Aujourd'hui, elles font face aux menaces transnationales « sans visage », grâce non seulement à la mutation de leurs cadres d'actions, mais aussi et surtout grace à l'accompagnement opérationnel et tactique.
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DEUXIEME PARTIE
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La mission de sécurité et de défense de la souveraineté nationale face aux coupeurs de routes, pirates de mer, « architectes » et « entrepreneurs » de l'insécurité au Cameroun ne pouvait être assurée qu'avec l'élaboration d'une nouvelle doctrine d'emploi des Forces Armées. Matérialisée par une redynamisation des systèmes d'hommes et d'armes, la sécurité sera assurée par un déploiement opérationnel (Chapitre IV) qui, évalué une décennie plutard (Chapitre V), nécessiterait une reconfiguration pour plus de sécurité (Chapitre VI).
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CHAPITRE IV :
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Comme le montrent l'histoire et l'anthropologie militaires, la création et la permanence des Armées traduisent la conscience que les peuples et les Etats ont des menaces qui pèsent sur eux, ainsi que la volonté et la détermination de les éradiquer. La création de l'Armée camerounaise le 11 Novembre 1959 signale outre la rupture de la supplétivité coloniale et l'annonce de la souveraineté à venir, toute la détermination de l'Etat et de son gouvernement à rétablir l'ordre et la paix nécessaire au développement. Au cours de la décennie 1960, la doctrine militaire camerounaise privilégie l'efficacité et la victoire militaire sur les théâtres des opérations, en vue de la réalisation des objectifs politiques que sont la paix, la sécurité, l'unité nationale et le développement. La recherche de la supériorité opérationnelle, face à un adversaire pratiquant la guerre révolutionnaire et fort de ses appuis intérieurs et extérieurs, tend à expliquer la concentration des ressources dans la structuration, la densification et la spécialisation progressive des Forces nationales. Le concept de « Forces Armées », que porte à l'époque le département ministériel en charge de la défense, ne saurait être l'expression d'un militarisme triomphant. Il rend compte en revanche, d'une part, de l'affirmation par le Cameroun de sa souveraineté nationale et d'autre part, de sa détermination à peser sur le rapport de force international par sa capacité propre, que multiplie son dispositif diplomatico-stratégique. La doctrine d'emploi de forces de cette période peut donc se résumer ici à l'efficacité opérationnelle au profit de l'ordre républicain. La réalisation de l'unification le 20 Mai 1972, après la réunification du 1er Octobre 1961, est la conclusion politique de la guerre contre la rébellion. Les décennies 1970-1980 ont été quant à elles, celles du renforcement des capacités opérationnelles. Ce recadrage visant l'optimisation des capacités opérationnelles de l'Armée, s'enclenche le 12 Juin 1967. Cette orientation prend progressivement corps notamment avec la création le 06 Juillet 1976, d'un Centre de Coordination Interarmées (CCI) et de nouvelles unités opérationnelles, remplacées plus tard, le 22
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Août 1983 par l'Etat-Major des Armées (EMA). Ces dispositions visent un meilleur maillage opérationnel du territoire national ainsi qu'une grande cohésion stratégique. Tirant leçon de la guerre révolutionnaire imposée par la rébellion, la pensée stratégique camerounaise s'enrichie du concept de « défense populaire », en réponse aux menaces internes et externes de l'époque. Des dizaines de camerounais, élèves du secondaire, étudiant du supérieur et fonctionnaires, reçurent ainsi la formation militaire, inférieure pour les uns et supérieure pour les autres, comme réservistes des Forces Armées. Cette belle et enrichissante expérience, interrompue du fait de la crise économique aigue qui a frappé le Cameroun depuis la fin des années 80, se remet progressivement en place, avec la relance de la préparation militaire supérieure au profit des élèves de l'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature (ENAM) et des fonctionnaires de l'administration des eaux et forêts, etc. A cette fonction politique de défense et d'intégration nationale s'est ajoutée une fonction économique et sociale. La participation au développement devient un impératif dans le contexte post guerre des années 1970, marqué par les exigences du redressement de l'appareil de production et de la construction des infrastructures nécessaires au développement économique et social. La doctrine, au cours de cette période, correspond bien à la formule célèbre de Jefferson : « En chaque citoyen un soldat, en chaque soldat un citoyen », préconisant une identification nécessaire de l'Armée et du peuple. Ces différentes orientations seront autant de prédispositions déterminantes pour l'adaptation de l'Armée au contexte post guerre froide, avec ses exigences de modernité et de sécurité globale (Mvomo Ela 2008 : 16-17).
Depuis le début des années 1990, le contexte international est marqué par l'effondrement du communisme, la fin de la guerre froide et la poussée de la démocratie libérale. Ce bouleversement de la géostratégie mondiale s'accompagne d'une mutation du paradigme sécuritaire, notamment par l'atténuation des risques de guerre totale et la montée des
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menaces asymétriques et non conventionnelles. Dans le même temps, le bilan géopolitique du Cameroun s'illustre à l'interne par les soubresauts inhérents à l'apprentissage démocratique, à l'externe par l'occupation de la presqu'île de Bakassi. Dans cet environnement mouvant et incertain, la doctrine militaire camerounaise resta ancrée à ses fondements premiers : la paix et le développement, comme en témoigne le concept de défense que porte le Ministère aujourd'hui. Paix à l'intérieur par une adaptation intelligente à la démocratie, paix avec les voisins, notamment avec le Nigeria, dans la résolution de conflit avec lequel, le Cameroun, fidèle au droit international mit en oeuvre une stratégie permettant à la fois de circonscrire l'occupation et de maintenir la dynamique opérationnelle à un niveau lui permettant de peser sur le rapport de force bilatéral et multilatéral. La décision du 10 Octobre 2002 de la Cour Internationale de Justice (CIJ), en faveur du Cameroun et l'accord de rétrocession de Greentree du 12 Juin 2006, montrent toute la pertinence de cette approche choisie par le Chef de l'Etat, chef des Forces Armées. Paix enfin dans le monde, en Afrique et en Afrique Centrale avec la participation de plus en plus marquée de l'Armée aux missions de paix de l'ONU, de l'Union Africaine, de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) et de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC).
Le dernier chantier des Forces Armées camerounaises est celui de la modernité lancé par le Chef de l'Etat à travers les reformes du 21 Juillet 2001, un ensemble de mesures recherchant à la fois la cohérence et la souplesse organisationnelle, l'efficacité opérationnelle, la professionnalisation et le rajeunissement des effectifs. A cela s'ajoute le souci de modernisation des équipements le tout imposé par la montée en puissance de l'insécurité au niveau national et international. Doctrine dynamique dont les concepts varient selon l'évolution du contexte interne et externe se traduisant par une mise à niveau opérationnel. Le niveau
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opérationnel d'une Armée prend en compte ce qui est effectivement mise en oeuvre de la politique militaire, des plans stratégiques, de l'entraînement et de l'acquisition des moyens tant au niveau national (I) qu'international (II).
Le Cameroun comme le reste du monde connaît sa cohorte de menaces. Après une décennie de conflit armé contre le Nigeria, il fait aujourd'hui face à un ennemi d'une identité particulière : ce sont des « assaillants disparates » dans les régions du Sud Ouest, Nord Ouest et Littorale responsables de la piraterie maritime avec pour corollaire la prise d'otages; les « coupeurs de route » dans les régions du Nord, Extrême Nord, de l'Adamaoua et de l'Est responsable de la criminalité transfrontalière et les enlèvements d'enfants contre rançons. Conformément à la nouvelle doctrine d'emploi, les Forces Armées camerounaises vont se mobiliser pour y faire face.
Après un développement considérable (Ela Ela 1994) la portant à près de 16000 hommes, l'Armée de Terre représente près de la moitié du total des effectifs voire le « Fer de lance » des Forces Armées camerounaises. Implantées sur l'ensemble du territoire, les unités professionnelles de l'Armée de Terre constituent, avec celle de la Gendarmerie, l'outil incontournable de la sauvegarde et du maintien de la sûreté nationale.
L'Armée de Terre s'articule autour :
· D'un Etat-Major implanté à Yaoundé ;
· Des formations de combat en trois composantes :
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- La force de manoeuvre comprenant 5 Brigades d'infanterie motorisées et 06 Bataillons d'Intervention Rapide (BIR) répartis au sein de trois Régiments Militaires Interarmées (RMIA) et de dix Secteurs militaires terrestres ;
- La Force d'Intervention constituée d'une Brigade d'Intervention Rapide. Les unités de cette brigade sont toutes localisées dans la 2ème RMIA et sont, pour emploi placées directement aux ordres du Chef d'Etat-Major des Armées. Cette brigade comprend 3 bataillons d'intervention : le Bataillon Spécial Amphibie, le Bataillon des Troupes Aéroportées et le Bataillon Blindé de Reconnaissance ;
- Des régiments de soutien et d'appui des Forces de manoeuvre ou d'intervention : Ces régiments constituent les Forces d'appui à la manoeuvre : le Régiment du Génie, le Régiment d'Artillerie Sol-sol et le Régiment d'Artillerie Sol-air. Ils sont rattachés à la 2ème Région Militaire Interarmées (RMIA 2) ;
· Des organismes adaptés à l'Armée de Terre, rattachés à chaque direction de l'administration centrale ;
· D'une Brigade dite Brigade du Quartier Général (BQG), implantée à Yaoundé, et en charge de la protection de la capitale et du soutien des organismes institutionnels.
La composante essentielle de l'Armée de Terre constituant la réponse aux nouvelles menaces est le Bataillon d'Intervention Rapide (BIR). Les années 90 sont marquées au Cameroun par l'émergence des activités crapuleuses transfrontalières dans le Grand Nord, notamment le phénomène de coupeurs de route. Face à cette menace asymétrique, le Bataillon Léger d'Intervention (BLI) sera crée le 1er février 1999.
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Le 25 Juillet 2001, le BLI devient le Bataillon d'Intervention Rapide (BIR). Il est crée un BIR par Région Militaire Interarmées (RMIA) ; le 3ème BIR ayant son poste de commandement à Maroua Salack dans l'Extrême Nord, couvre le 3ème RMIA. Plus tard, le 1er BIR sera activé à Letta (Région administrative de l'Est) dans la 1ère RMIA.
Le haut commandement, suite aux récents événements de Février 2008, à la montée de la piraterie le long du territorial camerounais et la recrudescence du grand banditisme a procédé à la réorganisation des Bataillons d'Intervention Rapide sur l'ensemble du territoire national en fonction des spécificités des régions et du type de menaces. C'est ainsi que neuf formations ont récemment été crées (cinq BIR, le BIR Delta, le Centre d'Instruction des BIR, le Centre Antiterroriste et la Base logistique des BIR).
Le mode de recrutement dans les BIR est sélectif. Sur la base d'une batterie de tests physiques et psychotechniques effectués dans le 10 régions administratives, les meilleurs sont retenus et immatriculés à l'issue d'une longue marche de 400 Km après une formation initiale qui dure trois mois.
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Figure N°11 : Marche des nouveaux recrus du BIR de Koutaba à Man A War Bay.
Source : Magazine des Forces de Défense, Honneur et Fidélité, Numéro spécial du 20 mai 2009, Page 38.
Ensuite commence la formation de para commando, suivi de la phase de spécialisation et de l'instruction nautique. Cette dernière étape vise à préparer le commando au combat, à la vie dans les mangroves en mer et dans d'autres régions inhospitalières. C'est un corps d'élite formé à la lutte contre ces menaces ; c'est un bataillon dont la rapidité d'exécution, l'adaptabilité aux zones complexes et diverses, la mobilité... viennent succéder aux traditionnelles troupes qui lourdement armées, s'avèrent inadaptées aux nouvelles formes de guerre (Mouelle Kombi 2010 : 12).
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Figure N°12 : Parade du Bataillon d'Intervention Rapide
Source : Magazine L'ANNÉE DU PRESIDENT 2010, Nouvelle Espérance, Page 29.
Les BIR sont destinés à effectuer des missions spécifiques de type commando dans un environnement terrestre, aéroporté et amphibie :
· Missions classiques dévolues à l'Armée de Terre ;
· Destructions d'objectifs en profondeur ;
· Libération d'otages ;
· Lutte contre le grand banditisme (coupeurs de routes, pirates...) ;
· La protection des personnalités ;
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· Escorte de convois sur terre et d'embarcations sur mer ;
· Missions de tireurs d'élites (encadrés au sein d'un groupe ou en isolé) ;
Le BIR DELTA qui préfigure le corps des gardes côtes s'est définitivement installé le 1er Avril 2009 et a commencé à remplir ses missions. Des travaux d'aménagement, d'ensablement pour la construction de certaines casernes et l'acquisition sur zone des équipements et matériels sont en cours.
Pour exécuter sa mission, la formation s'attelle à faire :
> Restaurer l'autorité de l'Etat dans la péninsule ;
> Faciliter le retour progressif des services publics, des autres formes de maintien de l'ordre et même des populations ;
> Faire respecter les accords de « Greentree » ;
> Créer un climat de sécurité et l'harmonie avec les populations de la péninsule ;
> Rechercher et détruire les bandes armées dans la péninsule et sur le plan d'eau (PELENE 2009: 30-32).
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Figure N°13 : Le BIR DELTA dans ses missions régaliennes
Source : Magazine des Forces de Défense Honneur et Fidélité, Numéro spécial du 20 mai 2009, Page 32.
Face à l'émergence de nouvelles formes de criminalités et le banditisme transfrontalier, les BIR s'imposent comme la réponse proportionnée et décisive de l'Etat.
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Les approches maritimes mondiales font depuis plus d'une décennie le lit d'une insécurité grandissante affectant diversement les tissus socioéconomiques des Etats côtiers adjacents. Du Golfe d'Aden au détroit de Malacca, en passant par la mer des caraïbes, ces aires océaniques connaissent un accroissement des abordages criminels fortement préjudiciables à l'activité offshore de ces nations. Le Cameroun, pays ouvert sur la mer par le coude en quadrature du Golfe de Guinée, n'est pas épargné par ce péril sécuritaire contemporain. Cette insécurité croissante, indirectement charriée par les enjeux économiques en forte expansion dans cette zone économique maritime a imposé des d'actions nationales au vue des enjeux économiques.
L'Etat du Cameroun dispose d'un débouché stratégique à la mer, grâce à sa façade maritime longue d'environ 370 km selon la loi n°2000/02 du 17 avril 2000, s'étalant de la localité de Jabane dans la région du Sudouest, à campo dans la région du Sud. Sa Zone Economique Exclusive (ZEE) est constituée d'une aire liquide adjacente de près de 25.000 kilomètres carré (km2) riche en ressources halieutiques et dont le plateau continental sous-jacent regorge de ressources minières considérables (Belinga Ela 2008 : 28). Cette configuration géographique privilégiée lui permet d'exercer, une importante activité économique dans l'espace maritime attenant.
L'accès du pays à la mer est avant tout un élément facilitateur pour ses échanges avec le reste du monde, 90% de ceux-ci s'effectuant par fret maritime. A fortiori, plusieurs pays de la zone CEMAC empruntent la bande littorale nationale pour le transport des matières premières ou des
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produits manufacturés. Le pipeline Doba-Kribi, avec son terminal pétrolier situé au large du chef-lieu du département de l'Océan, illustre parfaitement cette situation.
L'exploitation pétrolière offshore, traduite par la présence de plusieurs plates-formes et de nombreux tankers dans la zone économique exclusive nationale, est par ailleurs révélatrice du potentiel énergétique fortement promoteur du plateau continental sous-jacent. Quant aux ressources halieutiques, leur abondance remarquable justifie la forte implication des intervenants du secteur pêches dans le chalutage maritime. 100.000 tonnes de poissons sont ainsi pêchés en moyenne chaque année dans les eaux camerounaises.
Cependant, la permanence des activités génératrices de revenus dans ce vivier économique extrêmement fécond est mise à mal par des « loups de la mer ».
La piraterie maritime a ainsi pris de l'élan dans les eaux territoriales camerounaises ces derniers temps, se caractérisant par des attaques répétées de bâtiment hauturiers, chalutiers et tankers notamment. La probabilité d'attaques contre des installations situées sur le littoral à partir de la mer, est par ailleurs à considérer. Le bilan humain et matériel de ces activités criminelles est suffisamment évocateur : dégâts matériel sur les ouvrages maritimes, objet de valeur et argent emportés, prises d'otages et dans les cas extrêmes, pertes en vie humaines...
L'actualité sous-régionale relaie également plusieurs faits liés à la commission d'attaques similaires dans les eaux maritimes des pays voisins par ces brigands de mers. L'on ne saurait oublier d'évoquer les dangers liés aux trafics illicites empruntant la mer (drogue, contrebande...), les risques induits par une pollution éventuelle des eaux camerounaises ou encore les dégâts d'une pêche anarchique dans l'écosystème marin. Les menaces sont donc réelles et de surcroît transnationales. Elles imposent par conséquent des réponses appropriées.
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Le décret 2002/036 du 04 février 2002 portant création et organisation des Forces de la Marine Nationale confie à cette Armée la responsabilité de la conduite de l'action de l'Etat en mer en liaison avec les autres administrations.
Figure N°14 : Parade de la Marine Nationale au Boulevard du 20 Mai, le 20 Mai 2010.
Source : Le Magazine des Forces de Défense camerounaises, Honneur et Fidélité, Numéro spécial du 20 Mai 2008, Page37.
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Les contours de cette nouvelle mission dévolue à ces Forces, ont été précisés par le décret n°2007/290 du 01 novembre 2007 du 01 novembre 2007 portant organisation et conduite de l'action de l'Etat en mer et sur les voies navigables, qui jette les bases d'une « gouvernance maritime à la camerounaise » en impliquant tous les acteurs civils et militaires dans la prise en charge de tous les aspects de la sécurité maritime. Le Président de la République, clé de voûte de ce système, nomme le Président du Comité National de la mer au sein duquel siègent les membres du gouvernement et d'autres personnalités concernés par les divers aspects de l'action de l'Etat en mer et sur les voies navigables, ainsi que le Délégué Général à la mer, « dépositaire de l'autorité de l'Etat en mer et sur les voies navigables »... Que ce soit à l'échelon national ou à l'échelon local, « la chaîne de l'action de l'Etat » comporte deux types d'instances : les instances de réflexion et d'orientation et les instances d'action et de direction (Belinga Ela 2008 : 28-29).
Il s'agit du Comité National de la Mer et de la Conférence Maritime Nationale. Au niveau local, il s'agit du Comité Local de Concertation, de conduite et de coordination dont la composition varie selon qu'il s'agit de l'action en mer ou de l'action sur les fleuves et les lacs.
En ce qui concerne la mer, le comité local comprend, outre le commandant des Forces de surface de la Marine, l'autorité maritime compétente de la Marine marchande, le responsable de l'administration des douanes de l'échelon considéré, le responsable de pêche de l'échelon considéré et la conférence maritime locale.
Pour les fleuves et les lacs, le comité local est composé des Préfets des départements concernés, du responsable de l'administration des douanes de l'échelon considéré et de la conférence fluviale ou lacustre départementale (Belinga Ela 2008 : 29).
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La conduite et la coordination de l'action de l'Etat en mer s'exercent, sous l'autorité du Président de la République, par le Délégué Général à la Mer. A ce titre, il a autorité à la fois, sur le Commandant des Forces de surface de la Marine Nationale dans la conduite de l'action de l'Etat en mer et sur les responsables civils et militaires de l'échelon local chargés de l'action de l'Etat sur les fleuves et les lacs.
En ce qui concerne la mer, le Commandant des Forces de surface de la Marine Nationale (COMFORSUR) exerce ses attributions sous la double autorité du Ministre de la Défense (à travers le Chef d'Etat-Major des Armées) et du Délégué Général à la Mer. Il dispose, de ce fait, d'un Bureau Action de l'Etat en Mer et d'un Centre des Opération Maritimes (COM) composé, non seulement de personnel de la Marine Nationale, mais aussi, des autres administrations en tant que de besoins (Ministère des transports, Douanes, Pêches, Gendarmerie, Police, Environnement etc.). Le COMFORSUR peut notamment réquisitionner tout moyen public ou privé nécessaire à l'exécution de ses missions, et donner des directives aux autres administrations intervenant en mer et leur réclamer des comptes rendus. En outre, dans le cadre de ses attributions, il préside la conférence maritime locale qui se regroupe trimestriellement et qui comprend les représentants des gouverneurs des régions du Littoral, du Sud et du Sud-ouest, les Préfets des départements côtiers ou leurs représentants, l'autorité maritime locale compétente de la Marine marchande, le représentant de l'administration des douanes de l'échelon considéré, les commandants des bases navales, le commandant de la base aérienne de Douala, les commandants de légion de Gendarmerie du Littoral et du Sud-ouest ou leurs représentants, les commandants de groupement des sapeurs pompiers implantés dans les ressorts territoriaux des départements côtiers et les représentants des autres
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administrations et organismes exerçant des actions en mer ou situés dans les ressorts territoriaux des départements côtiers.
S'agissant de l'action dans les fleuves et les lacs, le Délégué Général à la Mer s'appuie sur les Préfets et, le cas échéant sur les Gouverneurs. A ce niveau, la conduite de l'action de l'Etat dans son volet opérationnel est dévolue au responsable local des Forces de la Marine Nationale ou à défaut, au responsable de la Gendarmerie Nationale du ressort territorial du fleuve ou du lac considéré. Il est prévu ici une Conférence Fluviale ou Lacustre départementale présidée par le Préfet et regroupant tous les responsables départementaux concernés par les actions sur les plans d'eaux sus cités. Toutefois, au cas ou la zone d'activité sur le lac ou le fleuve couvre le ressort territorial de plusieurs départements, une conférence fluviale ou lacustre interdépartementale sous la présidence du Gouverneur de la région du ressort territorial desdits départements peut être envisagée (Belinga Ela 2008 : 29).
La conduite de l'action de l'Etat en mer par la Marine Nationale est aujourd'hui traduite dans les eaux camerounaises par des opérations quotidiennes de sécurisation, des opérations et installations pétrolières, escorte de tankers, de patrouilles maritimes régulières exécutées par les bâtiments des Forces de Surface en l'occurrence les éléments du BIR DELTA.
Elles disposent à cet effet :
· D'un Bureau Action de l'Etat en Mer ;
· D'un Centre Opérationnel de la Marine (COM) pouvant être sollicité pour toute détresse en mer et armé 24h/24 par du personnel de la Marine et des représentants des administrations intervenant en mer ;
· De patrouilleurs et de vedettes de surveillance (Njonou Akoutou 2009 : 29).
A titre d'illustration, en 2007, les unités navigantes des Forces de surface de la Marine ont totalisé 856 jours de mer avec une moyenne de 86
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jours par navire. Au premier trimestre de l'année 2008, elles totalisaient déjà 433 jours de mer avec une moyenne mensuelle de 15 jours de mer par navire.
c) LES OPÉRATIONS DE LA MARINE NATIONALE
Dans les années 1980, le moyen mis en place par le gouvernement camerounais pour juguler les cambriolages et la pêche à la dynamite dans le champ pétrolifère a été la création de l'opération « Dynamite » confiée à la Marine Nationale. Cette opération consistait à avoir en permanence au moins une vedette dans le champ et à repartir tous les soirs les trinômes de fusiliers marins sur quelques plates-formes choisies de manière aléatoire. A l'époque, la piraterie sur les côtes camerounaises et dans ses eaux se réduisait pratiquement à ces deux phénomènes et la Marine avait des moyens opérationnels. Les résultats ont été probants mais l'opération a pris fin en 1994.
A compter de cette date en effet, tous les moyens opérationnels de la Marine ont été mis à contribution dans le différend frontalier avec le Nigeria. Parallèlement à la Marine chargée d'assurer le contrôle, la protection et l'assistance à l'industrielle halieutique. Au terme de cette première phase, le gouvernement a réagi à la recrudescence de la piraterie en lançant l'opération Galilée, qui n'est rien d'autre qu'un pendant de la première opération, mais avec moins de moyens.
L'opération Galilée a donc été doublée par la création et le déploiement à Bakassi du BIR DELTA.
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Figure N°15 : Une patrouille du BIR DELTA aux côtés de la Marine Nationale

Source : Le Magazine des Forces de Défense camerounaises, Honneur et Fidélité, Numéro spécial du 20 Mai 2009, Page 20.
Cette unité, embryon des gardes côtes, avait un personnel bien formé et disposant des matériels conformes et adaptés, lui permettant de mener à bien ses missions. Parallèlement, le gouvernement a pensé à un train de mesures préventives et dans cette optique, d'énormes investissements ont
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été réalisés pour viabiliser la zone, éduquer les populations autochtones, améliorer leur couverture sanitaire et y réduire la pauvreté.
Mais, conscient qu'une solution pérenne reste la maîtrise en tout temps de la situation en tout point des eaux territoriales, le Cameroun a engagé des études pour couvrir la frange côtière et les eaux territoriales par un système intégré de surveillance par radar et radio avec un centre décisionnel à Douala et éventuellement à Yaoundé ; les mêmes études visaient à doter la Marine Nationale de moyens nautiques adaptés ; réalisations très coûteuses qui ne peuvent se concevoir qu'étalées sur plusieurs années budgétaires.
Sur le plan normatif, le gouvernement s'est entouré d'une législation pour la mise en oeuvre de ses initiatives en mer. D'où les décrets de novembre 2007 sur l'action de l'Etat en mer, de Juin 2008 portant création d'un Comité National de la Sécurité Maritime et, de Novembre 2009 relatif à la pollution en mer (Ntuda Ebodé 2010 : 15-16).
Au 21ème siècle caractérisé selon les géostratèges par des « technoguérillas », « guerre de la 4ème génération », « guerres hybrides », « guerres bâtardes », face à un ennemi qui n'offre aucun front, aucun Poste de Commandement (PC), aucun objectif, la guerre asymétrique n'obéissant à aucun modèle classique (de La Grange et Balancie 2007 : 42), l'Armée de l'Air aura toujours un rôle déterminant à jouer dans la montée en puissance des conflits, grâce à sa projection, sa capacité à fournir une importante base de données par le renseignement, et sa flexibilité à pouvoir porter le combat de manière réactive. Une nouvelle culture de la combinaison aéroterrestre semble nécessaire. Les cibles justiciables de tirs dans les combats de cités sont plus efficaces lorsque ces tirs sont effectués par des aéronefs de type hélicoptère. Cette combinaison a été incisive dans certaines guerres
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récentes. Les combinaisons air-sol pourraient être modulées, en fonction de l'effet majeur défini, mais toujours est-il que l'association des troupes au sol et des hélicoptères intègrent mieux le combat aérien dans les cités, zones de prédilection des combats asymétriques. Toutefois, on aurait tort de croire que ces nouvelles réalités de la guerre motiveraient alors les constructeurs à freiner leur programme de développement, notamment au niveau des autres moyens de combat tactiques et stratégiques. Nous faisons allusion aux avions furtifs de 5ème génération qui trouvent toujours un champ de bataille toujours taillé à leur mesure. Quant à la projection, elle a de beaux jours devant elle, et jouera toujours un rôle primordial, dans la mesure où la logistique précède l'action (Badjeck 2009 : 40-41).
Figure N°16: Les soldats de l'Air prêt à embarquer dans le Cameroon Air Force

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Source : Le Magazine des Forces de Défense camerounaises, Honneur et Fidélité, Numéro spécial du 20 Mai 2005, Page 20.
C'est ainsi que l'Armée de l'Air d'aujourd'hui, fait face à des missions variées, et est sollicitée sur tous les fronts, tant au niveau de l'espace aérien que terrestre. Pour exécuter ces missions, elle a le souci de rendre disponible le matériel volant. La politique rationnelle de maintenance menée dans un contexte conjoncturel difficile, et la formation des cadres, sont assurément les corollaires de la réussite dans l'exécution de ses missions. Ce challenge se cristallise par le déploiement de vecteurs de combat et des vecteurs de projection.
Le premier jalon de la paix est la posture dissuasive, « Qui veut la paix prépare la guerre ». Les missions d'interdiction, de défense et de surveillance de l'espace aérien camerounais avec une incidence terrestre, sont une garantie majeure de la préservation de l'intégrité nationale et de la sécurité transfrontalière.
Figure N°17 : Entraînement d'une unité des Forces terrestre de l'air à la base aérienne 101 de Yaoundé.
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Source : Le Magazine des Forces de Défense camerounaises, Honneur et Fidélité, Numéro spécial du 20 Mai 2009, Page 40
La parade dissuasive de la menace aérienne, préventive des actes d'agression de tout genre, conduit à la sérénité, la confiance et la paix. Les Forces terrestre de l'Armée de l'Air, mieux organisées après les derniers textes spécifiques à la défense, contribuent également à leur manière, à la préservation de la paix. Leur vocation est d'assurer la surveillance, la sécurité, la protection des bases aériennes et des points sensibles, ainsi que de mener des actions de type commando. Elles s'intègrent dans l'interarmées et agissent quand elles sont sollicitées au même titre que les Forces de 3ème catégorie (BADJECK 2008 : 26).
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Les voies de communication sont indispensables au développement. Le Cameroun est un pays étiré en latitude qui offre des espaces géographiques divers, parsemés cependant de zones inhospitalières. Cet environnement ne facilite pas le transport par les moyens classiques. Certaines zones sont systématiquement inaccessibles à des périodes de l'année, du fait du climat. La flotte de l'Armée de l'Air allant des hélicoptères aux avions lourds de transport, permet de rallier en tout temps les zones les plus enclavées.
Figure N°18 : Quelques hélicoptères de la flotte de l'Armée de l'Air
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Source : Le Magazine des Forces de Défense camerounaises, Honneur et Fidélité, Numéro spécial du 20 Mai 2008, Page 34.
Ainsi les populations sinistrées peuvent bénéficier des services aériens quand la nécessité s'impose.
Le transport aérien civil a connu des perturbations sur l'exploitation des vols domestiques. Ceci a entraîné une diminution de passager entre le septentrion et le reste du pays. Les avions de transport de type C130 ont pallié la carence, surtout à des moments importants de la vie nationale, et ce, sans velléités concurrentielles ou commerciales. On peut évoquer par exemple la contribution de l'Armée de l'Air au bon déroulement des élections, particulièrement au Nord du pays à travers le transport des matériels et des hommes. Ces avions ont ainsi effectués plusieurs rotations facilitant l'action de l'administration.
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La composante Air des Forces de Défense, reflète ainsi de manière singulière l'union entre l'Armée et la nation, sur les plans socioéconomiques et de la souveraineté. L'Armée de l'Air a en outre effectué avec succès le ravitaillement des lions indomptables lors de la coupe d'Afrique des Nations, le rapatriement des compatriotes, le transport des jeunes athlètes dans le cadre des jeux scolaires, et a offert des moyens de projection aux pays amis de la sous région. Par ailleurs, l'Armée de l'Air contribue aux opérations de recherche, de sauvetage, et apporte son expertise aux autres organismes de transport aérien (BADJECK 2008 : 27).
Les perspectives sont nombreuses et se situent dans les objectifs de la modernité. L'acquisition future de moyens de contrôles aériens efficients, permettra d'imposer une meilleure sécurisation du territoire conjugué avec le format supersonique. Par le soutien aux autres composantes des Forces de Défense, l'Armée de l'Air s'investira de plus en plus dans les opérations interarmées, régionales et sous régionales, de maintien de la paix. Elle a résolument mis le cap sur le 3ème millénaire.
Par son organisation, ses missions et son statut, la Gendarmerie Nationale est une force militaire à caractère civil. Partie intégrante des Forces Armées, son action s'exerce sur l'ensemble du territoire national. Née le 22 février 1960 de la fusion des auxiliaires camerounais de la Gendarmerie française et des Forces locales de la Garde camerounaise, la Gendarmerie est actuellement placée sous l'autorité d'un Ministre Délégué à la Présidence chargée de la Défense et dirigée par le Secrétaire d'Etat à la Défense spécialement chargé de la Gendarmerie Nationale. Cette dernière appellation souligne un développement structurel et qualificatif progressif et valorisant dans la mesure où le commandement de l'Armée a été successivement assuré par un officier commandant supérieur en 1960, des
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Délégués Généraux et Secrétaires d'Etats ensuite (Mambou Deffo 2005 : 18).
a) SON ORGANISATION
Suites aux mutations successives, ce corps est aujourd'hui articulé autour d'une administration centrale, de commandement territoriaux et de formations spécialisées. A sa création, la Gendarmerie Nationale était composée de 4 légions, 8 compagnies et 14 escadrons. En 2005, elle compte 3 régions, 10 légions, 5 groupements de Gendarmerie territoriale, 3 groupes d'escadrons et 3 groupements de circulation routière. A ces formations, il convient d'ajouter le Groupement Polyvalent d'Intervention de la Gendarmerie Nationale (GPIGN), le centre médicale et de l'action sociale, le Groupement d'Escadron d'Intervention (GEI) des Services Centraux et la musique de la Gendarmerie. Ces institutions sont complétées par le Commandement des Ecoles et des Centres d'Instruction de Gendarmerie. Celui-ci coordonne le Stage d'Application des Officiers de la Gendarmerie Nationale (SAOGN), l'Ecole des sous-officiers (ESO), l'Ecole de perfectionnement en police judiciaire (CPPJ), le Centre d'Instruction de Yaoundé (CIY) et le Centre de perfectionnement aux techniques de maintien de l'ordre (CPTMO), une école à vocation régionale (Mambou Deffo 2005 : 18).
b) SES MISSIONS
Selon les contextes, la Gendarmerie remplit des missions spécifiques.
En temps de paix, elle participe à l'élaboration du cadre de défense opérationnel du territoire :
- plan de défense et de protection ;
- plan de surveillance et de protection des ponts sensibles, - formation et recyclage des fonctionnaires de défense ;
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- plan d'organisation de la défense populaire ;
- actions psychologiques ;
- tenue et mise à jour des dossiers territoriaux et registre des personnes mobilisables et de réserves.
En temps de guerre, elle assure :
- l'engagement de ses unités mobiles et territoriales ;
- l'exécution des missions de défense du territoire national et de protection des points sensibles ;
- le maintien de l'ordre dans les agglomérations et au sein des
troupes combattantes par le biais de ses unités prévôtales.
En sommes, la Gendarmerie Nationale assure le maintien de l'ordre et le rétablissement de l'ordre en temps de paix. En temps de guerre, la Gendarmerie reste sur place pour assurer le fonctionnement normal des institutions, sans esprit de trahison tandis que la Gendarmerie mobile rejoint les Forces de troisième catégorie au champ de bataille (Mambou Deffo 2005 : 18).
Figure N°19 : Parade d'unité section de la Gendarmerie Nationale au Boulevard du 20 Mai, Yaoundé.
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Source : Le Magazine THE PRESIDENT'S YEAR 2010, New Hope, Page 25.
c) LES EFFETS DE LA REFORME
La modernisation des Forces de Défense engagée depuis Juillet 2001 par le Président de la République Chef des Armées a profondément modifiée la Gendarmerie aussi bien sur le plan organisationnel que sur celui de la doctrine d'emploi. Les nouvelles dispositions ont consacré la naissance des structures adaptées aux exigences de la mondialisation et permettant au personnel de mieux évoluer dans son environnement tout en gérant avec efficacité la sécurité des personnes et des biens. Dans les services centraux, on note la mise en place d'une direction des affaires générales, d'une direction centrale de l'administration et de la logistique, d'un poste de commandement opérationnel de la Gendarmerie et d'un laboratoire scientifique.
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Au niveau des services extérieurs, les innovations portent sur les régions de gendarmerie. Elles sont structurées de manière à assurer une omniprésence territoriale préservant la caractéristique majeure de la Gendarmerie. Chaque région rassemble en son sein des groupements et services permettant son fonctionnement. La réforme a cependant maintenu les légions dans les chefs lieux de province tout en créant des Centres Opérationnels de Gendarmerie (COG), des structures placées sous les ordres de chaque commandant de légion, le centre opérationnel de gendarmerie est chargé de la gestion des appels de détresse de la population qui relèvent de sa compétence territoriale. Il reçoit des appels téléphoniques et les répercute instantanément vers les unités positionnées sur le terrain 24h/24. Ce rôle est aujourd'hui fort apprécié des populations au vue de l'efficacité et de la rapidité des actions menées par les unités de Gendarmerie dans la lutte contre le grand banditisme.
Dans le domaine de la formation, une école à vocation régionale spécialisée dans le maintien de l'ordre a vu le jour à Awae dans la région du Centre. Cette institution est le fruit de la coopération entre la France et le Cameroun.
Par ailleurs, afin de faire face aux délicates missions qui exigent une bonne connaissance du droit et une culture générale, le niveau de recrutement a été relevé. Désormais, le diplôme minimum requis est le BEPC pour les élèves gendarmes et le probatoire pour les élèves sousofficiers. Ces innovations au niveau de la gestion des personnels sont complétées par le rajeunissement des effectifs.
La décentralisation des tâches permet également d'axer les efforts sur la conception des stratégies de lutte contre l'insécurité. La gestion des appels de détresse des populations se fait de manière instantanée. Le traitement des renseignements grâce aux nouvelles technologies de transmissions des données garde toute son efficacité et permet des réactions en temps réel et une conduite efficiente des opérations. Cette méthode
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consacre une orientation définie de l'action quotidienne de la Gendarmerie vers une stratégie de proximité avec les populations qui restaure la confiance et assure des contacts permanents et réciproques (Mambou Deffo 2005 : 18).
d) LA GENDARMERIE FACE AUX MENACES ET VULNERABILITÉS MAJEURES
Tout en respectant les formes légales et règlementaires, la Gendarmerie Nationale est apte à faire face à ces menaces et aux vulnérabilités majeures que sont l'insécurité, les infractions à la loi pénale, les troubles à l'ordre public, les atteintes à la sûreté de l'Etat, les extrémismes religieux, les trafics de drogue, la prostitution, la corruption etc. Les menaces et les vulnérabilités majeures, d'origine interne ou externe sont prises en compte par la Gendarmerie qui a pour vocation de lutter contre la petite délinquance et de combattre la grande criminalité.
La Gendarmerie Nationale, force militaire aux attributions civiles, est chargée de l'application des lois et règlements, ainsi que du maintien de l'ordre, surtout en milieu rural. Elle participe, en outre, à la protection civile, à la défense passive et à la défense militaire.
Il s'agit au quotidien, pour cette arme, de protéger l'individu citoyen, l'Etat Nation, puis contrôler et protéger les espaces. La proximité nécessite une connaissance mutuelle entre la population et les gendarmes résidant dans les localités dont ils ont la charge. Figures familières à leurs concitoyens, ils sont bien intégrés au sein de la population qu'ils protègent. La protection de l'individu citoyen réside dans la préservation de ses droits fondamentaux, notamment l'intégrité physique et les biens ainsi que le libre exercice des libertés publiques.
Protéger l'Etat Nation consiste à renseigner les autorités gouvernementales et territoriales, assurer la sécurité des organes
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gouvernementaux et des autorités civiles et militaires, préserver l'ordre public, sauvegarder la vie économique et la pérennité de l'esprit de défense.
Le contrôle et la protection des espaces permettent de garantir l'intégrité du territoire national et le contrôle des frontières, la libre disposition des voies de communication, la protection des zones à risque et la sécurité des points sensibles (Kouakap 2007 : 21).
e) LES DEMEMBREMENTS ACTIFS DE LA GENDARMERIE NATIONALE
D'une manière générale, la Gendarmerie, à travers les branches qui la composent, est impliquée dans chacune des quatre grandes fonctions de défense : dissuasion, prévention, protection, projection. Le maintien de l'ordre public constitue désormais une fonction centrale dans la stabilité des démocraties.
La Gendarmerie mobile est un outil particulièrement adapté à la gestion des troubles à l'ordre public en situation très dégradée. Elle est un outil du quotidien permettant de garantir le primat du respect de la personne en lui garantissant l'exercice de ses droits fondamentaux, dans le cadre du contrat social et dans une logique d'intérêt général, participant ainsi à la cohésion nationale. Elle est au contact régulier de la population avec laquelle elle entretient des rapports privilégiés. Chaque brigade est chargée de la surveillance jour et nuit de sa circonscription ainsi que de l'accueil du public. Les Gendarmes y reçoivent les plaintes, effectuent des enquêtes administratives et judiciaires et de manière générale répondent aux appels d'urgence. Ses capacités d'action sont renforcées par des unités spécialisées de Gendarmerie et des unités hautement qualifiées à l'instar du Groupement Polyvalent d'Intervention de la Gendarmerie Nationale (GPIGN) à l'oeuvre dans le Grand Nord face aux coupeurs de routes.
Figure N°20 : Quelques manoeuvres du GPIGN
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Source : Le Magazine des Forces de Défense camerounaises, Honneur et Fidélité, Numéro spécial du 20 Mai 2008, Page 49.
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La Gendarmerie Nationale est une force humaine en perpétuelle adaptation, constitutive de l'identité nationale, qui puise sa légitimité dans l'histoire du Cameroun. Force de sécurité intérieure, elle inscrit, pour l'essentiel son action dans le cadre de la fonction de protection telle qu'elle est définie par les textes. La sécurité intérieure est une mission très noble. Elle ne concerne pas seulement la défense militaire et les Forces Armées, mais toutes les administrations responsables de grandes catégories de fonctions ou de ressources essentielles à la vie du pays. La Gendarmerie nationale, de par ses capacités spécifiques qui lui confèrent une notoriété certaine en est un acteur incontournable
Forte d'une organisation rationnelle, d'une ressource humaine compétente, des équipements correspondant aux besoins opérationnels, la Gendarmerie Nationale exerce sa compétence générale de sécurité intérieure et s'adapte à la diversité de toutes les missions du spectre paix - crise -guerre (Kouakap 2007 : 21).
Il s'agit des autorités civiles et des populations locales vivant les exactions des ennemis inconnus, mais à la présence remarquable.
La dynamique transfrontalière est également insufflée par les nombreux contacts noués par les autorités civiles, politiques ou traditionnelles avec leurs homologues des pays voisins. Cette diplomatie formelle contribue à sa manière et parfois avec des résultats probants, à rapprocher les autorités centrales, surtout en temps de crise.
Onana Mfegue reconnaissait ainsi l'importance de cette diplomatie informelle en relevant que du fait de la multiplication des incidents entre populations riveraines de certains segments frontaliers, d'une part, et de
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l'éloignement de ces zones par rapport aux centres de décisions, d'autre part, les gouvernements ont délégué le pouvoir de règlement des conflits mineurs aux autorités administratives et traditionnelles locales. Ceci a l'avantage d'accélérer les procédures en gagnant en coût et en efficacité, dans la mesure où ces responsables locaux se côtoient au quotidien. Quatre dimensions vont nous permettre ici de l'illustrer (Ntuda Ebode 2010 : 72- 73).
Dans l'espace frontalier méridional d'abord, l'intensification des flux frontaliers dans la région aux trois frontières (Cameroun, Gabon et Guinée Equatoriale) multiplie des occasions d'affrontement et de conflit entre acteurs nationaux et étrangers. On se souvient par exemple que les frontières entre le Cameroun et le Gabon d'une part, et le Guinée Equatoriale, d'autre part, ont fait l'objet de plusieurs fermetures unilatérales en guise de protestations.
Si dans certains cas, ces fermetures résultaient des accrochages à l'intérieur du pays, dans d'autre, elles en étaient la conséquence des différends qui se sont produits dans la zone frontalière. La résistance du facteur irrédentiste peut ainsi animer les autorités traditionnelles de part et d'autre de la frontière, à rechercher des voies et moyens pour maintenir le calme dans les espaces frontaliers. Leur rôle est essentiel, car dans certains cas, les populations en conflit sont issues du même groupe clanique, les Fang, en l'occurrence.
En dehors des occasions de friction qui aboutissent à la tenue des assises de réconciliation, on peut mentionner des initiatives locales visant à rapprocher les peuples de part et d'autre des frontières. Il serait intéressant de voir comment se déploie cette nouvelle forme de coopération, de dialogue et d'échange qui a abouti, en mai 2006, à la signature de la convention entre les différentes parties qui ont en partage la zone frontalière de la vallée du Ntem (Ntuda Ebode 2010 : 73).
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En effet, les maires en charge des collectivités locales de la zone transfrontalière du Cameroun, du Gabon et de la Guinée Equatoriale, motivés par SNV, organisme néerlandais, sont convenus de la signature d'un protocole d'accord, en vue d'une meilleure fluidité dans leurs échanges commerciaux et du renforcement de l'intégration régionale. Ils ont aussi marqué leur détermination à mettre un terme sur les dérives douanières et policières, mais surtout sur les tracasseries qui constituent des blocages à l'épanouissement de leurs populations. Du fait de la proximité que ces collectivités locales ont en commun, eu égard au patrimoine et à l'héritage qu'ils sont condamnés à partager, le protocole d'accord semble être une heureuse opportunité pour ouvrir les frontières afin d'éviter un isolement, voire un suicide collectif.
A côté des initiatives locales visant à promouvoir une coopération transfrontalière, on peut donc aussi mentionner le rôle essentiel joué par des partenaires d'appui au développement comme la SNV, qui travaille en partenariat avec les autorités locales (communes et services décentralisés de l'Etat). Sa principale activité est de renforcer les capacités des organisations intermédiaires pour qu'elles deviennent des agents de développement. C'est ainsi qu'elle développe une stratégie participative intégrée par la consultation, la formation, la mobilisation et la diffusion de l'information et des connaissances aux organisations intermédiaires et collectivités. Les aspects « genre », « minorités », « environnement » et « durabilité » sont systématiquement intégrés dans cette dynamique d'appui-conseil (Ntuda Ebode 2010 : 73-74).
La première expérience de l'approche intercommunale avec la SNV avait déjà obtenus des résultats probants dans le cadre d'aménagement pour la bande côtière Kribi-Campo. Avec les quatre municipalités camerounaises (Olamze, Ambam, Campo et Ma'an, le conseil départemental de Bitam, et les trois municipalités de la Guinée équatoriale ; les objectifs généraux du plan d'aménagement transfrontalier, vont s'établir autour de la planification
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transfrontalière, la mobilisation des ressources propres de la commune pour la mise en oeuvre du plan frontalier et la recherche conjointe et individuelle des fonds extérieurs pour la mise oeuvre du plan frontalier.
Dans l'espace frontalier oriental ensuite, l'espace transfrontalier Cameroun République Centrafricaine est plus polémogène que celui de la partie méridionale du Cameroun. En effet, il est écumé par des gangs de bandits et des mouvements politico-militaires qui tentent de transformer en une zone échappant à tout contrôle des Etats. L'insécurité prend plusieurs visages et se décline de plus en plus sous la forme des actes des coupeurs de route, du trafic et de la circulation illicite des Armes Légères et de Petits Calibre (ALPC), du vol de bétail, voire de la prise d'otages avec demande de rançon. Cette insécurité qui résulte des soubresauts et des hoquets de la réforme du secteur de la sécurité au Tchad et en Centrafrique, est en fait entretenue par d'ex-combattants, de militaires démobilisés et de bandits de grand chemin (Ntuda Ebode 2010 : 74-75).
Pour juguler cette insécurité, des contacts ont été noués par des autorités locales du Cameroun et de la République Centrafricaine dans le but de mutualiser leurs moyens et leurs méthodes. C'est ainsi que le vendredi 08 juillet 2005, les éléments de l'Armée centrafricaine se sont joints à ceux de l'Armée camerounaise pour un défilé militaire dans les rues de Toktoyo, une ville située à la frontière des deux pays.
D'autre part, les difficultés auxquelles étaient confrontés les ressortissants centrafricains dans le village de Kombo ont été résolues grâce à la coopération entre le Préfet de Bouar et le Sous-préfet de GarouaBoulai.
Dans l'espace frontalier occidental, pendant le conflit de Bakassi, de rencontres, parfois discrètes, ont été organisées par les autorités locales. Ces rencontres officieuses ont eu lieu entre des officiels camerounais et nigérians. En effet, une délégation conduite par le Président de l'Assemblée Nationale l'Honorable Cavaye Yeguié Djibril (originaire de l'Extrême Nord
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du Cameroun) était venue présenter ses condoléances au nouveau Président nigérian Aboubakar. Par le choix de cette haute personnalité de la République, au-delà de son statut de n°2 de l'Etat, les autorités de Yaoundé entendaient donner un accent moins protocolaire, mais plus familial à la rencontre (Ntuda Ebode 2010 : 75).
Au niveau local, un petit groupe de chefs traditionnels peuls du Nord-Cameroun avait dans la foulée rendu une visite discrète à l'émir de Kano, à l'occasion du 40ème jour du décès de Sani Abacha. Toutes ces actions visaient à mettre en place des mesures de confiance et de jeter les bases d'une véritable coopération décentralisée. L'appartenance à une sphère culturelle explique sans doute le maintien de cette forme de diplomatie au moment où le Cameroun et le Nigeria avaient presque déjà rompu les fils tenus du dialogue.
Dans la région frontière septentrionale enfin, la zone frontalière du Lac Tchad apparaît de loin comme un espace conflictogène. La forte concentration des populations dans cet espace lacustre est source de conflits entre les différentes communautés. La Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) a ainsi été créée pour tenter de résorber cette menace, puisque ses principales missions étaient entre autres, de réguler et de contrôler l'utilisation de l'eau et des autres ressources naturelles du bassin, d'examiner les plaintes et de promouvoir la prévention et la régulation des conflits à travers la dynamisation de la coopération régionale (Ntuda Ebode 2010 : 76).
La plupart des conflits qui ont aux prises les différentes communautés ont trouvé leur résolution en dehors du cadre de la diplomatie classique que promeut la CBLT. En effet, comme le notait fort opportunément Elie Mvié Meka, la CBLT, à sa création, accorde une mince disposition à la prévention et à la résolution des conflits. Son action reste très discrète dans le processus de prévention ou de gestion des conflits survenus dans le bassin du Lac Tchad. C'est ainsi que le Lac Iro (Lac
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Tchad), pour éviter l'escalade des 600 cavaliers-éleveurs armés, venus venger leurs frères tués par les agriculteurs, le 2 décembre 2004, le Conseil des sages a privilégié une indemnisation de 100 boeufs. Ce cas illustre bien les arrangements à l'amiable qui ont cours dans cet espace frontalier et qui visent à maintenir la paix entre les différentes communautés.
En somme, le Cameroun s'est engagé dans une dynamique bilatérale d'intégration sous-régionale dans le cadre formel des commissions mixtes bilatérales ou à travers les rencontres officieuses entre autorités locales. Toutes choses qui semblent rappeler la palabre africaine. En tout cas, ces différents moyens ont contribué, à leur niveau à bâtir des ponts de coopération et de concertation entre le Cameroun et ses différents voisins.
Toutefois, si comme nous venons de le voir, la frontière barrière de la période bipolaire, a cédé sa place dans la zone francophone à la frontière, lieux d'échanges, matérialisés par la promotion de marchés frontaliers et d'une diplomatie périphérique (Ntuda Ebode 2010 : 76-77).
Dans l'espace transfrontalier Cameroun République Centrafricaine polémogène ou l'insécurité se décline sous la forme des actes des coupeurs de route, du trafic et de la circulation illicite des Armes Légères et de Petits calibre (ALPC), du vol de bétail, voire de la prise d'otages avec demande de rançon, les stratégies communes adoptées par les différents Etats frontaliers ont porté des fruits grâce au concours des populations locales n'hésitant plus à collaborer avec des Forces de sécurité et de défense (Ntuda Ebode 2010 : 75). Celles-ci ont été suffisamment sensibilisées sur le phénomène des coupeurs de routes, dont ils sont soit victimes, soit complices. Jusqu'ici, leur apport a été considérable. Au demeurant, la communication du Ministère de la Défense ne cesse de leur rappeler, par les numéros d'urgence de la Gendarmerie et de la Police, de ne pas hésiter à faire état d'un quelconque soupçon sur la position ou le comportement de
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certaines personnes de leurs régions, susceptibles de nuire à leurs intérêts (Nkoa Atenga 2007 : 19).
Une synergie de toutes les Forces de Défense et de Police appuyées par toutes les Forces vives de la Nation s'impose. Il leur appartient de continuer à tout mettre en oeuvre pour plus de sécurité.
A l'épreuve des faits, tout est mis à contribution par l'Armée et la Nation pour annihiler toutes menaces d'insécurité. Toutes ces opérations civilo-militaires ne porteront de fruits que grâce à la discipline qui est la force principale des Armées et la gestion des renseignements.
Face aux actes contre la discipline, l'honneur, le devoir militaire et la probité allant jusqu'à l'implication de certains personnels des Forces de Défense dans les faits de criminalité et de grand banditisme, actes constituant des manquements aux consignes, des négligences graves et des fautes professionnelles dans l'exécution des missions de défense et de sécurité, affectant dangereusement la capacité opérationnelle des Forces de Défense et handicapant de manière notable le socle du lien Armée et Nation sur lequel repose la politique de défense camerounaise, le Ministre Délégué à la Présidence chargée de la défense a pris des directives le 18 décembre 2009. Il a prescrit aux chefs militaires, à tous les niveaux :
- De marquer un changement solennel de comportement par une vigoureuse reprise en main des hommes, car leur responsabilité sera désormais engagée dans les dérives des personnels placés sous leurs ordres ;
- De mettre en oeuvre un plan méthodique de lutte contre l'indiscipline au sein des forces ;
- D'intensifier les actions pédagogiques préventives visant la sensibilisation des personnels ;
- De systématiser les sanctions contre les personnels indisciplinés et d'attribuer des récompenses aux personnels méritants et exemplaires.
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Il a attiré l'attention des chefs militaires sur leur rôle et sur les vertus de l'exemple, tout en les invitant à faire à la fois preuve d'autorité et d'équité. A tous, il a prescrit l'impérieuse nécessité de la notion du sens des responsabilités qui implique :
1. L'obligation permanente d'efficacité ;
2. Les résultats dans l'exécution des missions avec les moyens disponibles ;
3. Les comptes-rendus dignes d'intérêt au commandement (Mebe Ngo'o 2010 : 56).
S'agissant de la gestion du renseignement, des séminaires de recyclage et de renforcement des capacités des sous-officiers et des officiers sont organisés avec pour modules la valeur du renseignement dans la lutte contre les menaces asymétrique et le caractère secret défense du renseignement.
Il s'agit des initiatives sous-régionales qu'accompagne un soutien international.
Il s'agit de la Commission du Golfe de Guinée et la reprise en main de la sûreté maritime du Golfe de Guinée par la CEEAC.
Le traité instituant la Commission du Golfe de Guinée a été signé à Libreville le 03 Juillet 2001. La Commission du Golfe de Guinée dont le siège se trouve à Luanda regroupe l'Angola, la RDC, le Congo, le Nigeria, Sao Tome et Principe, le Gabon, le Cameroun, la Guinée Equatoriale. Elle vise l'harmonisation des politiques des Etats membres en matière de sécurité et de paix, de gestion de pétrole et de ressources naturelles, de
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transport et de libre circulation des hommes et des biens au large du Golfe de Guinée. Cette commission a aussi pour objectif de renforcer les liens de coopération et de solidarité qui existent entre les Etats membres, de créer les conditions de confiance mutuelles, de paix et sécurité propices au développement harmonieux des Etats membres.
Le traité sur la Commission du Golfe de Guinée met l'accent sur le phénomène des conflits ouverts ou latents et les ressources naturelles et la méfiance d'autrui, souvent à l'origine des conflits. Ce qui pousse sans doute Jean Ping à affirmer que « la commission du Golfe de Guinée est donc une opportunité incontestable qui rentre dans l'ère du temps non pas comme un simple effet de style mais, comme une nécessité politique au sens propre du terme. L'espace régionale est de mieux en mieux saisie comme référentiel de la coopération internationale ». Mais, ce volontarisme affiché du traité sera désillusionné par les souverainetés constituant un obstacle à sa véritable mise en oeuvre (Atonfack Guemo 2010 : 139).
Force est cependant à ce jour de constater que depuis sa création, la Commission n'a pas fait véritablement fonctionner ses institutions. Alors même que dans l'esprit de ses concepteurs, la Commission du Golfe de Guinée était censée être un cadre de concertation entre les pays de cette région. En effet, les négociations préalables avaient été largement dominées par les violences et l'insécurité grandissantes dans les eaux régionales malgré le volontarisme des uns et des autres. La mise en place de la Commission du Golfe de Guinée procédait précisément à la lucidité des dirigeants régionaux face à cette triste réalité. La réalité des conflits territoriaux sous régionaux et les excès de cramponnement au pseudo souverainetés de façade auront eu finalement raison de cet accord qui, quoi que sous réanimation n'est pas encore enterré. Alors même que l'article 4, relatif au principe de fonctionnement de ce traité renvoyait expressément et sans équivoque les parties contractantes à respecter les principes contenus
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dans la charte des Nations Unies et dans le Charte de l'Organisation de l'Unité Africaine notamment :
- L'égalité souveraine de tous les Etats membres ;
- La non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats membres ;
- Le règlement pacifique des différends ;
- L'intangibilité des frontières héritées de la colonisation ; - La non-agression ;
- La non utilisation de son territoire au fin d'activités dirigées contre la souveraineté et l'intégrité territoriale d'un autre Etat membre (Atonfack Guemo 2010 : 139-140).
Il s'agit en l'occurrence du rôle central joué par le COPAX et le CRESMAC.
Prenant en compte l'insécurité grandissante dans les eaux côtières du Golfe de Guinée, et les éventuelles conséquences pour les économies et la stabilité des zones côtières des Etats concernés, la deuxième réunion du Conseil des Ministres du COPAX (Conseil de Paix et de Sécurité en Afrique Centrale) tenue le 26 Février 2008 à Libreville instruit le Secrétariat Général de la CEEAC à diligenter une étude visant à proposer une « stratégie de sécurisation des intérêts vitaux en mer des Etats de la CEEAC du Golfe de Guinée, articulée autour du COPAX et favorisant une synergie avec la Commission du Golfe de Guinée et la CEDEAO ». Les termes de référence de la dite étude seront validés lors de la huitième réunion de la Commission de Défense et de Sécurité (CDS) du COPAX tenue le 02 Mai 2008 à Yaoundé, et la stratégie qui en ressort positivement
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censurée le 05 Décembre 2008 à Kinshasa à l'occasion de la neuvième réunion de la Commission de Défense et de Sécurité.
C'est donc en toute logique que la troisième réunion du Conseil des Ministres du COPAX tenue à Brazzaville le 27 Février 2009 valide la stratégie communautaire proposée et adopte le projet de protocole d'accord y relatif (Atonfack Guemo 2010 : 140).
La stratégie de sécurisation des intérêts en mer des Etats riverains du Golfe de Guinée et membre de la CEEAC est prévue pour être mise en oeuvre par un organisme dédié tout spécialement à la tâche : le CRESMAC (Centre de Coordination Régionale pour la Sécurité Maritime de l'Afrique Centrale). Rattaché au secrétariat de la CEEAC, cet organisme aura la particularité de mettre en commun les compétences civiles et militaires. Les axes de cette stratégie sont les suivants :
- Gestion communautaire de l'information par la mise en place des mécanismes de recherche et d'échange des informations entre les Etats ;
- Surveillance communautaire par la mise en place de procédures opérationnelles conjointes et des moyens interopérables de surveillance et d'intervention ;
- Harmonisation de l'action des Etats en mer au plan juridique et institutionnel ;
- Institution d'une taxe communautaire sur la base des mécanismes existants ;
- Acquisition et entretien des équipements majeurs dédiés à la stratégie pour garantir une capacité opérationnelle minimale à chaque Etat concerné ;
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- Institutionnalisation d'une conférence Maritime au niveau de la CDS afin de maintenir la mobilisation de tous les opérateurs du milieu marin.
La 14ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d'Etats et de Gouvernement de la CEEAC (Kinshasa, le 24 Octobre 2009) a diligenté l'implantation du Centre Régional de Sécurisation Maritime de l'Afrique Centrale (CRESMAC), à Pointe Noire en République de Congo et la mise en place du mécanisme de financement de la stratégie globale de sécurisation, ainsi que l'organisation d'une Conférence Maritime Internationale dès le début de l'année 2010 (Atonfack Guemo 2010 : 141).
c) LA MISE EN COMMUN DES MOYENS DES ÉTATS : LE
REGROUPEMENT EN ZONES A, B ET D
Une fois la stratégie adoptée et prenant en compte l'immensité de la zone maritime à protéger, les stratèges de la CEEAC vont diversifier l'espace maritime en 4 zones géographiques (3 zones actuellement : A, B, et D) allant de la frontière angolaise au Sud aux limites nord de la zone avec le Nigeria. La réalité qui sort de ce découpage est que la zone « D » relative aux Etats du Gabon, du Cameroun, de la Guinée Equatoriale, de Sao Tome et Principe est la plus en proie à l'insécurité maritime.
Compte tenu de l'urgence d'une réaction imposée par la situation de cette zone, le Conseil des Ministres du COPAX du 27 Février 2009 à Brazzaville recommandera aux ministres des Etats CEEAC de la zone D de se retrouver à Yaoundé pour signer un accord technique et lancer les premières opérations du plan de surveillance de ladite zone sous l'égide du Secrétariat Général de la CEEAC. La suite des actes posés auront obéit au chronogramme suivant :
· Signature de l'accord technique relatif à la
surveillance maritime de la Zone D : 06 Mai 2009 à Yaoundé ;
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· Démarrage symbolique des patrouilles conjointes le 07 Mai 2009 à Douala ;
· Signature du premier plan de surveillance dénommé SECMAR1 par les Chefs d'Etat Majors généraux de la Zone D : le 11 Août 2009 à Malabo ;
· Regroupement des patrouilleurs du Cameroun, du Gabon et de la Guinée Equatoriale, pour une mise en oeuvre opérationnelle du Plan SECMAR 1 : le 16 Septembre 2009 à Malabo ;
· Signature du Protocole d'Accord relatif à la sécurisation des intérêts vitaux des Etats de la CEEAC en mer : 24 Octobre 2009 à Kinshasa ;
· Le Protocole d'Accord global est en fait l'instrument général qui se devait d'être mis en oeuvre par un accord technique relatif aux aspects pratiques de la sécurisation des intérêts vitaux des Etats de la CEEAC en mer. Contrairement à l'Accord technique « Zone D » qui a été signé et mis en oeuvre suivant des procédés d'urgence, le protocole d'Accord concerne tous les Etats de la CEEAC, de l'Angola le plus au sud du Cameroun, limitrophe du Nigeria dans le Nord du Golfe de Guinée.
Après la signature du Protocole d'Accord le 24 Octobre 2009 à Kinshasa, les Etats ont tenu à souligner que la mise en oeuvre de la stratégie de sécurisation des intérêts vitaux en mer des Etats de la CEEAC, du Golfe de Guinée devait rester impérativement une prérogative régalienne des Etats et de la communauté (Atonfack Guemo 2010 : 142-143).
d) L'EXERCICE OBANGAME EXPRESS 2011
L'exercice « OBANGAMA EXPRESS 2O11 » qui s'est déroulé à la base navale de Douala du 21 au 23 avril 2011 est une application de la volonté des Etats de l'Afrique de l'Afrique Centrale d'unir leurs efforts pour combattre la piraterie maritime dans le Golfe de Guinée, partant d'un
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accord technique sur la sécurité maritime de cette zone d'influence géostratégique signé à Yaoundé le 6 mai 2009 par les pays qui le partagent. « OBANGAME » l'équivalent de « tous pour un, un pour tous » en langue Fang, parlée au Cameroun, au Gabon et en Guinée Equatoriale est un exercice de surveillance maritime visant au renforcement des capacités procédurales et opérationnelles des Etats de la zone D du Golfe de Guinée. Il avait pour but d'après le communiqué de presse du Ministre Délégué à la Présidence chargée de la Défense, Edgard Alain MEBE NGO'O de « contribuer au renforcement du dispositif de sécurité au sein du Golfe de Guinée ». Le Ministre de la Défense a rappelé à cette occasion la nécessité d'une mutualisation continue des moyens des Etats concernés par la sécurité maritime dans la sous-région.
La simulation était conduite par une dizaine de pays dont ceux de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC) constituant la zone D en partenariat avec le Commandement des Forces Navales américaines pour l'Afrique (Africom) et des pays de l'Union Européenne (UE). Elle s'est déroulée en deux phases :
- La première, entièrement théorique, était consacrée à l'élaboration d'une procédure de travail commune aux parties prenantes. Les parties se sont par exemple accordé sur l'impérative interopérabilité des matériels de communication, et l'anglais aurait été retenu comme langue de communication. Il était aussi question d'harmoniser les chronogrammes d'activités du Centre multinational de coordination, avec des Etats riverains de la zone maritime D.
- Les opérations pratiques quant à elles, ont enregistré la participation des navires du Cameroun, du Gabon, de la Guinée Equatoriale, du Nigeria, des Etats-Unis d'Amérique, de l'Espagne, de la France et de la Belgique. Les deux groupes de manoeuvre constitués à cet effet ont simulé les diverses techniques d'un contrôle de zone.
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Au menu de cette phase, le repérage, l'identification, l'interprétation et la fouille de navires ou d'embarcations suspects51.
Figure N°21 : opérations pratiques de l'exercice OBANGAME EXPRESS 2O11 à la base navale de Douala.
Source : Magazine des Forces de Défense Honneur et Fidélité, Numéro spécial du 20 mai 2011, Page 28.
51 Magazine des Forces de Défense Honneur et Fidélité, Numéro spécial du 20 mai 2011, Page 27-28.
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2) LE SOUTIEN INTERNATIONAL
Il repose sur la Convention de SUA de 1988 et les protocoles de 2005, le code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires (CODE ISPS).
a) LES CONVENTIONS DE SUA DE 1988 ET LES PROTOCOLES DE 2005 : DES MESURES ESSENTIELLEMENT
REPRESSIVES.
La Convention pour la répression d'actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime de 1988, dite Convention SUA (Suppression of Unlawful Acts), et son protocole pour la répression d'actes illicites contre la sécurité des plates-formes fixes situées sur le plateau continental a le double mérite de requalifier les différentes atteintes à la sécurité et la sûreté maritime, en y incluant des actes qui jusque-là échappaient au contrôle juridique des Etats, du fait de leur exclusion automatique du champ de compétence de la Convention de Montego Bay. La Convention de SUA est cependant loin d'être satisfaisante, car comportant des lacunes non négligeables. D'où l'urgence de protocoles adoptés à Londres en 2005.
S'agissant de la requalification des actes illicites contre la sécurité de la navigation, l'article 3 de la Convention de SUA énumère les infractions qui rentrent dans le champ de compétence de cette Convention. Selon cet article, commet une infraction pénale toute personne qui :
· s'empare d'un navire où en exerce le contrôle par violence ou menace de violence ;
· accomplit un acte de violence à l'encontre d'une personne se trouvant à bord d'un navire si cet acte est de nature à compromettre la sécurité de la navigation du navire ;
· détruit un navire ou cause à un navire ou à sa cargaison des dommages qui sont de nature à compromettre la sécurité de la navigation du navire ;
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· place sur un navire un dispositif propre à détruire le navire ou à causer au navire des dommages qui compromettent la sécurité de la navigation du navire (Atonfack Guemo 2010 : 125).L'article 3 de la Convention SUA interdit aussi de détruire ou d'endommager gravement des installations ou services de navigation maritime, de communiquer intentionnellement de fausses informations susceptibles de compromettre la sécurité de la navigation du navire, de blesser ou tuer toute personne lorsque ces faits présentent un lien de connexité avec l'une des infractions susmentionnées.
La Convention de Rome pour la répression des actes illicites contre la navigation maritime oblige les Etats contractants à prendre des mesures pour garantir que les terroristes soient appréhendés et jugés dans n'importe quelle région du monde où ils tenteraient de se cacher. Elle permet donc à tout Etat de réprimer par des peines appropriées les actes illicites (article 5), et d'assurer la détention de leurs auteurs.
Mais, la Convention de SUA et son protocole ne donne pas le droit aux Etats parties d'arrêter et d'inspecter un navire, même s'ils le soupçonnent d'être impliqué dans des activités terroristes ou pirates commises dans les eaux territoriales. De plus, elle ne procure pas une vraie compétence universelle sur les infractions car les Etats parties doivent avoir un lien direct avec celles-ci afin de pouvoir établir leur compétence. Dans les faits, elle n'autorise notamment pas les navires de guerre à intervenir en haute mer sur un navire ne battant pas le même pavillon et qui aurait à son bord des terroristes. Il s'agit du maintien des privilèges de l'Etat du pavillon. Ce qui dans ce cas ne laisse aux Etats, que les possibilités d'arraisonnement couvertes soit par l'article 110 de la Convention de Montego Bay s'agissant des navires à la nationalité douteuse, soit par extension de l'application de certaines Résolutions de l'ONU, telles les résolutions 1267, 1368 et 1390 du Conseil de Sécurité. La résolution 1390 ouvre la possibilité d'intervention sur des navires suspectés d'entretenir un
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lien avec des « personnes, groupes, entreprises ou entités associées à Oussama Ben Laden, Al-Qaida ou Talibans », bien que l'accord de l'Etat du pavillon reste à obtenir (Atonfack Guemo 2010 : 126-127).
b) LE CODE INTERNATIONAL POUR LA SURETÉ DES NAVIRES ET DES INSTALLATIONS PORTUAIRES (CODE ISPS) : DES MESURES SURTOUT PRÉVENTIVES
Le code International pour la Sûreté des navires et des Installations Portuaires (Code ISPS) a pour objectif de fournir un cadre cohérent et normalisé pour l'évaluation des risques, permettant aux gouvernements de compenser l'aggravation des menaces en rendant moins vulnérables les navires et les installations portuaires. A la base, il part de l'idée que garantir la sûreté des navires et des installations portuaires est essentiellement une activité de gestion des risques et que pour déterminer les mesures de sûreté appropriées, il convient d'évaluer les risques dans chaque cas particulier.
Le code ISPS ne s'applique qu'à un certain type de navires effectuant des voyages internationaux et aux compagnies maritimes propriétaires ou exploitation de ces navires. Sont ainsi concernés les navires à passagers, y compris les engins à grande vitesse à passagers, les navires de charge, y compris les engins à grande vitesse à cargaison, d'une jauge brute égale ou supérieure à 500 tonneaux, les unités de forage mobiles au large, et les installations portuaires fournissant des services à de tels navires qui effectuent des voyages internationaux.
La mise en oeuvre du code comporte ainsi un certain nombre de mesures spéciales et d'obligations pour les Etats contractants s'agissant de la définition des niveaux de sûreté ; la vérification des navires et la délivrance des certificats de sûreté et désignation des organismes de sûreté reconnus. Elle comporte aussi des obligations pour les armateurs et affréteurs exigeant de disposer à bord de chaque navire d'un plan de sûreté du navire. Enfin, il incombe aux gestionnaires d'installations portuaires de désigner un agent de sûreté de l'installation portuaire, d'élaborer un plan de
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sûreté de l'installation portuaire, et de prévoir un protocole de mise en application échelonnée des mesures de sûreté, en cas de nécessité (Atonfack Guemo 2010 : 129-130).
Pour José Yumba, Directeur de l'Autorité Portuaire du Cameroun, le Code ISPS permet d'identifier à temps toute menace terroriste et de prévenir les autorités52. Le Cameroun face à sa position géographique doit jouer un rôle important pour la sécurité sous-régionale indépendamment de quelques pratiques régionales en l'occurrence l'Opération ATALANTA53, la TASK FORCE 15054, l'Africa Partnership55 Station et la mission CORYMBE56. Ces actions multiformes fondent l'architecture sécuritaire nationale contre la menace maritime. Leur efficacité avérée est appelée à se renforcer avec le déploiement progressif de ses différents segments, afin que la mer reste et demeure cette aire essentielle au développement et à la
52 Déclaration au cours d'un entretien à nous accordé.
53 La mission EUNAVFOR Atalanta est une mission militaire et diplomatique mise en oeuvre par l'Union Européenne, dans le but de lutter contre l'insécurité dans le Golfe d'Aden et l'Océan indien, une zone maritime mise à sac par des pirates qui lancent leurs attaques depuis les côtes somaliennes. La mission s'est déployée à partir du 8 décembre 2008. Elle a à sa disposition, selon les moments, entre quatre à treize bâtiments appuyés par des avions de patrouilles maritime et commandos embarqués à bord des navires du Programme Alimentaire Mondial ravitaillant la Somalie ou navires de commerce traversant la zone.
54 La Combined Task Force 150 est une force opérationnelle navale basée sur une coalition multinationale opérationnelle depuis Novembre 2002. Elle est basée à Djibouti. Elle est coordonnée par l'opération Enduring Freedom et intègre une partie des navires de la cinquième flotte américaine. Cette force opérationnelle a été créée afin de surveiller, d'inspecter et d'arrêter les entités suspectées de terrorisme. Elle réalise des opérations dans le nord de la mer d'Arabie et dans l'océan indien dans le cadre de la guerre informelle contre le terrorisme.
55 Mise en place par la Marine des Etats-Unis en partenariat avec plusieurs nations européennes et les pays du Golfe de Guinée, l'APS est un instrument dédié à la lutte contre l'insécurité maritime en Afrique Centrale et de l'Ouest. Il se traduit en mer, par la présence dans la Golfe de Guinée d'un Bâtiment américain servant d'Etat-Major multinational et de base d'entrainement flottante pour les personnels des marines riveraines.
56CORYMBE est une mission française de présence maritime dans le Golfe de Guinée. Au cours de celle-ci, des exercices conjoints et un entraînement des équipages sont conduits en vue de renforcer les capacités des marines de cette région.
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paix sociale. Pour toute détresse en mer, ce centre répond aux numéros suivants :
Canal VHF 16 Marine
- 33-01-25-77
- 33-43-82-35 (Njonou Akoutou 2009 : 29).
Face à la montée en puissance et à la permanence de l'insécurité dans le monde, en Afrique en général, dans le Golfe de Guinée et au Cameroun en particulier, les Forces Armées camerounaises comme les Forces Armées du monde, soumises à une redoutable épreuve, sont mises en branle. C'est la « guerre contre le terrorisme »57 ou « guerre contre la terreur »58 développée par l'administration américaine de George W. Bush après les attentats du 11 septembre 2001. Mais, ce terme n'est plus employé dans l'administration américaine depuis l'entrée en fonction de l'administration Obama en 200959. La notion émerge en réalité dès la présidence de Bill Clinton confrontée à la montée du « terrorisme international »602et sous forme de recommandations alarmantes émises dès le mois de juin 2000 qui évoquent déjà les menaces et le scénario qui devaient se concrétiser l'année suivante.
Comme première mesure américaine après le fameux 11 Septembre, le USA Patriot Act, une loi d'exception, limitée dans le temps et votée par le Congrès à la quasi-unanimité le 26 octobre 2001. Elle est destinée à renforcer le pouvoir des agences gouvernementales des États-Unis. Les adversaires du Patriot Act (notamment les associations de protection des libertés individuelles) considèrent cette loi comme liberticide. Le Patriot Act a été prolongé le 21 juillet 2005 (à la chambre des représentants) et le 29 juillet 2005 (au Sénat américain) de façon permanente pour 14 des 16
57 «War on Terrorism », « War on Terror»
58 «Global War on Terror »»
59L'expression "guerre contre le terrorisme" abandonnée, France 24, 31 mars 2009 60 http://fr.wikipedia.org/wiki/guerre contre le terrorisme.
Thèse de Doctorat/Ph.D en Sce Po, UY2, 2011 Ernest Claude MESSINGA 254
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dispositions du Patriot Act et de 10 ans pour les deux autres (sur les écoutes téléphoniques et l'accès au fichier personnel).61
En France, dans le cadre des dispositifs prévus par les plans Vigipirate, Biotox ou Piratox et des missions de la gendarmerie nationale, les Forces Armées protègent la population et les intérêts nationaux. Plus loin de leurs frontières, elle lutte contre le terrorisme par l'engagement des Forces spéciales en Afghanistan et participe à la force navale TF 150 dans l'océan Indien. A l'extérieur du territoire, les Forces françaises sont engagées sur de nombreux théâtres de crises régionales : en Côte d'Ivoire, en Afghanistan, dans les Balkans. Cette implication permanente des Armées est la partie la plus visible de l'action de la France au service de sa sécurité nationale et de la stabilité internationale. Mais, leur réponse aux défis du moment va bien au-delà du seul engagement militaire : elle combine des préoccupations stratégiques, économiques, sociales, diplomatiques. Les menaces actuelles exigeant une réponse forte, globale et surtout durable, elle va le concrétiser en conjuguant des moyens renforcés et une coopération politique relancée.
Des moyens seront renforcés avec des équipements à la pointe de la technologie, des nouveaux Rafale, des hélicoptères NH90, du Tigre, de nouveaux bâtiments de projection et de commandement, des systèmes Félin, la phase de conception du deuxième porte-avions sera lancée, la modernisation de la dissuasion nucléaire avec la mise en place du M51, deux programmes majeurs pour la Marine ont franchi des jalons importants et déterminants. Grâce à la loi de programmation 2003-2008 et à son application rigoureuse, avec le soutien constant du Président de la République, les Forces Armées françaises sont de mieux en mieux
61 http://fr.wikipedia.org/wiki/guerre contre le terrorisme_cite-note-0-cite-note-0 Thèse de Doctorat/Ph.D en Sce Po, UY2, 2011 Ernest Claude MESSINGA 255
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préparées aux exigences du contexte stratégique. Dès lors, la Défense est redevenue une priorité nationale.62
L'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), regroupant la Russie, la Chine et les nations d'Asie centrale, va déclarer la guerre contre les « trois Forces du mal » : le terrorisme, le séparatisme et l'extrémisme. Il s'agit de diverses actions policières, politiques et militaires que réalise le gouvernement des États-Unis (appuyé par différents alliés dont l'OTAN) contre différentes organisations liées au terrorisme islamiste appuyés par une coordination au niveau de l'Organisation des Nations unies63de divers comités crée par le Conseil de sécurité des Nations unies. Elle se démarque de la lutte antiterroriste traditionnelle par des actions militaires de grande ampleur à l'étranger et un interventionnisme actif. Elle débouche sur le déclenchement de « guerres préventives » contre les États suspectés d'abriter des groupes terroristes et/ou susceptibles de leur fournir des armes de destruction massive. Cette guerre combine la lutte directe, c'est-à-dire le démantèlement des cellules terroristes, la destruction des camps d'entraînement, et la lutte indirecte. Cette dernière comprend les enquêtes et les pressions sur les gouvernements, organisations et personnes soutenant les organisations terroristes, et le gel des avoirs soupçonnés d'appartenir ou de servir à des groupes terroristes. C'est aussi les aides financières aux pays participant à la lutte contre le terrorisme, l'accroissement de la coopération internationale au niveau du renseignement, de la police et de la justice, la réorganisation politique du Moyen-Orient décidée par l'administration Bush (projet du « Grand Moyen-Orient » porté par les néoconservateurs). Des unités militaires des États-Unis apportent un soutien logistique, aide à la formation des Forces locales et offre des renseignements à plusieurs pays d'Afrique du Nord et l'Ouest (Algérie, Tchad, Tunisie, Mauritanie, Maroc,
62Alloction du Ministre de la Défense, Mme Michele Alliot-marie, Nouvelles menaces, nouvelles réponses, 12ème rencontres parlementaires "Paix et Défense", Lundi 31 Janvier 2005.
63 http://fr.wikipedia.org/wiki/guerre contre le terrorisme_cite-note-0-cite-note-0
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Mali entre autre) pour lutter contre divers groupes Armées (terrorisme et grand banditisme) qui se trouve dans le Sahel dans le cadre de la Trans Sahara counter Terrorism Initiative (TSCT) (anciennement Initiative Pan-Sahel lancé en 2002). 1400 soldats américains sont installés dans la corne de l'Afrique dans le cadre de la Force mixte dans la corne de l'Afrique du Commandement Central (Combined Joint Task Force-Horn of Africa). Leur mission consiste à mener des opérations et à organiser des entraînements visant à « combattre le terrorisme, à sécuriser la zone et à établir la stabilité régionale ». Afin de s'acquitter de cette mission, il organise des opérations civilo-militaires, des opérations relevant des affaires civiles, et des cycles de formation en collaboration avec l'Union africaine. La zone d'opération de cette force combinée comprend les Comores, Djibouti, l'Érythrée, l'Éthiopie, le Kenya, la Somalie, le Soudan, la Tanzanie, l'Ouganda et le Yémen. Un ensemble de mesures visant à lutter contre le terrorisme de manière active ont été prise en l'occurrence l'infiltration des mouvements, guerre de chasse, éliminations préventives, etc.64
La " guerre de chasse " est l'une des méthodes du contre-terrorisme. En ambiance de guérilla, il s'agit de traquer les groupes terroristes afin d'empêcher leur implantation dans un secteur déterminé. On crée ainsi une sorte de " guérilla de contre guérilla ". Elle est pratiquée par des Forces spéciales ou " irrégulières ". En ambiance de terrorisme politique, marginal ou de guérilla urbaine, cette méthode a souvent dérivé vers la constitution d'escadrons de la mort ".
L'Israël a créé en 1995 l'unité " Egoz ". Egoz est une unité militaire clandestine, qui opère exclusivement au Sud-Liban, dans la zone opérationnelle du Hezbollah. Elle opère par raids aéroportés ou terrestres contre des objectifs terroristes. Une autre unité secrète, " Mista'aravim " issue de la fusion de l'unité " Shimson " (qui opérait dans la bande de Gaza)
64 http://fr.wikipedia.org/wiki/guerre contre le terrorisme
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et l'unité " Duvdevan " (Cisjordanie) opère dans les territoires occupés. Ses membres sont vêtus comme des arabes et évoluent au sein de la population palestinienne pour assassiner leurs " cibles ".
En ex-Rhodésie, des opérations de combat clandestines dans les zones occupées par la Zimbabwe African National Liberation Army (ZANLA) - surnommées " Pseudo Ops " - étaient pratiquées par les Selous Scouts. Une variante de la guerre de chasse, menée par des spécialistes, est de mettre sur pied des organisations autochtones de résistance contre les terroristes. Les Français, puis les Américains ont mis sur pied de tels mouvements de résistance au Vietnam. Toutefois, ceci n'est possible que lorsque la guérilla ou le mouvement terroriste ne bénéficie pas d'un large appui populaire.
La Coopération internationale va s'accentuer avec le Conseil de sécurité des Nations unies qui va renforcer la coordination entre les trois Comités créés pour lutter contre le terrorisme et chargés de surveiller l'application de ses résolutions par les États membres. Les trois Comités concernés sont : le Comité des sanctions contre Al-Qaïda et les Talibans (créé par la résolution 1267 en 1999 appelé aussi Comité 1267)65, le Comité contre le terrorisme (créé par la résolution 1373 en 2001), et le Comité sur la non-prolifération des armes de destruction massive (créé par la résolution 1540 en 2004). La résolution 1624 en 2005 ouvre la voie à l'adoption de mesures anti-terroristes au niveau mondial. Plusieurs accords ont lieu entre États pour lutter contre le terrorisme et renforcer les textes existants tel la convention interaméricaine contre le terrorisme signé par les 34 États de l'Organisation des États américains le 3 juin 200266 et la Convention européenne pour la prévention du terrorisme du Conseil de l'Europe signé en
65 http://www.cicte.oas.org/Rev/en/Documents/Conventions/AG%20RES%201840%2020 02%20francais.pdf.
66Texte intégral de la convention interaméricaine contre le terrorisme
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2005 et entré en vigueur le 1er juin 200767. En 2005, Interpol créé la Notice spéciale Interpol - Conseil de sécurité des Nations Unies concernant des personnes associées à Al-Qaïda et aux Talibans qui figurent sur la liste du Comité 1267 du Conseil de sécurité des Nations-Unis et font l'objet de sanctions telles que le gel de leurs avoirs, une interdiction de voyager et un embargo sur les armes. Les services de sécurité américains multiplient les contacts et les centres de coordination de lutte antiterroriste avec leurs homologues à travers le monde tel l'Alliance Base à Paris. Quel serait donc le bilan de cette croisière contre cette menace « sans visage » ?
672005 : Convention européenne pour la prévention du terrorisme
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CHAPITRE V :
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Conduite sous le leadership des Etats-Unis après la tragédie du « mardi noir », « la guerre contre le terrorisme » a été un échec cuisant ; en témoigne la prolifération des attentats meurtriers à l'échelle planétaire, notamment à Bali, Djakarta, Madrid, Istanbul, Islamabad, Bombay, en Afghanistan et en Irak, mais également à Djerba, Casablanca, Mombasa et Charm el cheikh, pour ne citer que ces exemples. C'est la preuve irréfutable que l'Afrique n'est pas véritablement en marge de ce phénomène de propagation de la terreur. Dans ce sens, il est loisible de relever que tant certains de ces actes sont perpétrés par des africains eux-mêmes, expression d'un ras-le-bol incoercible et d'un tissu social en déliquescence, que d'autres, en fait, sont facilités par la fragilité des systèmes sécuritaires, poreux aux incursions extérieures déstabilisatrices.
Le phénomène est en effet très largement répandu en Afrique sous une forme interne aux Etats. Il y est pratiqué par des mouvements rebelles (Union Nationale pour l'Indépendance Totale de l'Angola UNITA en Angola, Résistance Nationale Mozambicaine RENAMO au Mozambique, Lord's Resistance Army LRA en Ouganda, Patriotes résistants Maï Maï Parema en République démocratique du Congo, Libériens Unis pour la Réconciliation et la Démocratie LURD et Mouvement pour la démocratie au Liberia Model au Liberia, etc.)(Ahouanye M.L 2009 : 26-27). Mais aussi des Forces gouvernementales (Liberia, Zimbabwe, notamment durant la répression dans le Matabeleland des années 1980, Angola, Soudan, etc.), les uns comme les autres recourant largement aux moyens de la terreur et de l'effroi.
Le terrorisme apparaît aujourd'hui comme le symptôme d'une société internationale malade ; malade de ses injustices, de ses disparités et de ses exclusions. Dans des sociétés africaines marquées par des systèmes démocratiques dont la construction reste déficitaire, une inégale répartition des richesses économiques disponibles, l'existence de bidonvilles géants, cimetières vivants de tant d'espoirs déçus, réceptacles de générations
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entières frustrées et en mal d'être, en mal de devenir, bref, en défaut d'avenir, et en fin de compte, creuset idéal pour les sergents recruteurs de l'internationale terroriste, le terrorisme ne peut que y faire son lit. C'est d'ailleurs l'argument majeur qui a été mis en avant lors des attentats de Casablanca au Maroc le 16 mai 2003 où les 14 terroristes étaient marocains, tous issus du bidonville de Sidi Moumen où la police ne pénétrait plus ; ou encore de la prise d'otages au Nigeria le 31 juillet 2004 de 165 travailleurs de la société américaine Mallard Bay, qui opère en sous-traitance avec SHELL, par une trentaine de ravisseurs autochtones qui réclamaient des emplois et une meilleure répartition des revenus issus du pétrole local (Ahouanye M.L. 2009 : 30). L'aspect technologique de la mondialisation reste un facteur important de diffusion de ce terrorisme international : Internet, les téléphones portables et les moyens de transport modernes ont fourni à ce dernier un environnement favorable.
L'URSS retirée d'Afghanistan, la contagion apportée par les anciens combattants afghans se répandit très rapidement en Afrique du Nord (Algérie, Egypte, Soudan). Pour l'Algérie seule, de 600 à 1000 anciens combattants islamistes aguerris regagnèrent le pays entre 1986 et 1989, constituant dès cette époque la base d'une expansion terroriste sur une assise de fondamentaliste islamique. Quant au financement de celle-ci, il fut d'abord assuré par l'Arabie Saoudite, puis par Oussama Ben Laden et d'autres contributeurs privés. C'est ainsi que fut revivifié un extrémisme local prônant la violence, mais en se tournant désormais plus vers l'extérieur. A la fin de la décennie, l'on en verra les effets jusqu'en Afrique du Sud avec l'organisation People Against Gangsterism and Drugs (PAGD) ou dans la partie orientale du continent par une série d'attentats. Mais le détonateur fut bien l'annulation des élections législatives de 1992 en Algérie. Des milliers de personnes furent tuées ou blessées dans l'espèce de guerre civile qui s'ensuivit, dérivant d'une radicalisation favorisée par la stagnation économique et le chômage massif dans les banlieues et les
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bidonvilles. 412 hommes, femmes et enfants furent horriblement taillés en pièces dans trois villages de la région d'Elizane pendant la nuit du 29 décembre 1997 (Ahouanye M.L. 2009 : 32).
En Tunisie, en Libye, en Egypte et dans certains Etats subsahariens, seules des mesures de sécurité rapides et efficaces colmatèrent la situation. Malgré cela, 58 touristes étrangers furent massacrés à Louxor en novembre 1997 et les deux ambassades américaines de Nairobi et de Dar es-Salaam furent détruites simultanément le 7 août 1998 (sans parler d'une tentative avortée à Kampala et d'autres à Bangkok et Tirana). Le caractère international du phénomène était souligné, dès le 20 août 1998, par une attaque de représailles américaine près de Khartoum contre une usine chimique incriminée. Précédemment, la tentative d'assassinat de l'été 1995, contre le président égyptien Hosni Moubarak à Addis-Abeba, avait déjà fait monter la tension entre l'Egypte, le Soudan et l'Ethiopie (Ahouanye M.L. 2009 : 33).
Rétrospectivement, les attaques terroristes dans cette région du monde apparaissent comme une esquisse des événements du 11 septembre 2001. Les attentats anti-américains du Kenya et de Tanzanie avaient surpris, et pourtant des signes inquiétants apparaissaient bien dès la guerre du Golfe : le 25 janvier 1991, par exemple, le département d'Etat américain invitait les familles de ses diplomates et les personnels non indispensables à quitter la Tanzanie en raison de menaces terroristes liées à ce conflit. Parallèlement au recours local ou régional à la terreur, une vague mondiale de terrorisme prenait corps, en fait, depuis plusieurs décennies, et ce, bien avant les attaques dont le World Trade Center fut par deux fois l'objet, en 1993 puis en 2001, pour incarner les nouveaux dangers de l'après-guerre froide. Ces derniers événements ne font, en réalité, que refléter l'aggravation d'un problème mondial de sécurité, qui exige une réaction également de portée mondiale, dans laquelle devront s'inscrire l'Afrique et les différents Etats qui la composent.
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Comme le reste du monde, le Cameroun connaît son lot de menaces de divers ordres, entre autre le phénomène des coupeurs de route responsable de la criminalité transfrontalière et les « loups de mers » responsables des risques et pratiques illicites en mer : piraterie, terrorisme, trafic divers, pêche illicite, immigration illégale et pollution.
Dans les régions septentrionales, le phénomène a trouvé un terrain particulièrement fertile dans certaines parties du territoire national notamment là où les populations estiment se trouver dans quelque obligation morale de participer au rayonnement de l'administration traditionnelle locale par le paiement d'une dîme reconnue de fait et estimée indispensable au fonctionnement des structures de la cour. Des comportements qui mettent parfois en complicité plus ou moins ouverte les populations et les coupeurs de routes.
Le phénomène devient très complexe quand il peut éclater à l'intérieur d'un territoire donné et avoir des répercussions regrettables sur un ou plusieurs autres, rendant ainsi difficile l'identification des assaillants. Ses manifestions sont variées. Ici, certains chefs traditionnels se croient investis de l'obligation d'organiser des razzias pour devoir assurer leur autorité et leur droit à la dîme... Ailleurs, des groupes de bandits s'organisent plus ou moins professionnellement et opèrent aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur d'un territoire. Le pire est constitué des bandes de milices, voire de rebelles qui opèrent occasionnellement pour chercher des subsides là où elles croient pouvoir les trouver pour vivre et parfois survivre. Les attitudes ainsi affichées ont partout entraîné la mise en oeuvre et l'usage sans foi ni loi d'une vaste panoplie d'armes, allant des armes blanches (couteaux, machettes, lances, flèches, arbalètes...), aux armes de
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guerre (AK47, PA, MP5) ainsi qu'un éventail notable des moyens de communication modernes et puissants, causant çà et là au patrimoine humain et matériel des Etats des préjudices très importants et souvent inestimables (Nkoa Atenga 2007 : 18).
La période allant de novembre à décembre est généralement considérée comme la haute saison pour les « coupeurs de route ». La fête du mouton, principale célébration religieuse dispendieuse, suivie de la fête de Noël et du Nouvel An fait monter la menace. 15 morts, 20 attaques pour le seul mois de novembre 2009. L'attaque la plus meurtrière aura été celle du campement de Mbororo de Bloho, dans le parc national de Waza ou les assaillants ont froidement abattu 5 bergers, le 21 novembre 2009. L'accalmie observée, ces dernières semaines a été heureusement imposé par le déploiement impressionnant des Forces de Défense sur le terrain. Selon diverses sources, plus de 5 milliards de francs de rançon ont été versé, ces dernières années, aux « coupeurs de route ». Près de 300 personnes ont été tuées et plus de 50.000 têtes de bovins ont disparus. Ce triste bilan des attaques des « coupeurs de route » ne concerne que les régions du septentrion.
Cagoulés et armés à point et toujours promptes à tuer, les « coupeurs de route » ont semé la terreur ces dernières années le long des frontières qui lient le Cameroun à la République Centrafricaine, au Nigeria et au Tchad. En une dizaine d'année, ces bandits de grand chemin ont délesté de leurs biens, des populations déjà écrasées par le poids des difficultés de la vie quotidienne. Dans la région septentrionale frontalière aux trois pays voisins, ces attaques plombent les activités économiques, aggravant la misère des populations. Elles hypothèquent l'éclosion de l'activité touristique alors que le septentrion possède d'énormes potentialités.
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La porosité des frontières et surtout la prolifération des armes de guerre et de petits calibres provenant des pays en instabilité récurrente, ont dopé l'activité de ces criminels qui écument les zones frontalières. En quelques années, leur modus operandi a énormément évolué, les moyens d'attaque aussi. Au Cameroun, le phénomène des coupeurs de route se manifeste principalement à travers trois modes :
· Des embuscades classiques sur les axes routiers contre des convois, même si ceux-ci sont escortés ne faisant plus recette;
· Les bouclages des villages, des prises d'otages avec demande de rançon dans les villes ou les localités rurales sont dans l'air du temps;
· Des rapts de bétail avec détournement d'itinéraire des troupeaux ;
Toujours à base des renseignements et des reconnaissances préalables sur le terrain retenu, le mécanisme des coupeurs de route s'articule en six phases :
> Se regrouper ;
> Frapper par surprise ;
> Arracher ou rapter (tuer éventuellement) ;
> Eclater ;
> Se regrouper à un endroit fixé à l'avance (en vue du partage du butin et de la cache des armes utilisées éventuellement) ;
> S'évanouir dans la nature ambiante après avoir planifié une nouvelle action (Nkoa Atenga 2007 : 19).
Il s'agit d'attaques perpétrées sur les convois, même escortés. Le phénomène bancaire n'étant pas encré dans les mentalités locales, le jour du marché, les malfrats tentent des embuscades pour s'approvisionner de
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l'argent des commerçants et autres agriculteurs avant de s'évanouir dans la nature à l'intérieur ou à l'extérieur du territoire. Toute résistance ou tentatives de reconnaître un assaillant est synonyme de suicide instantané. Ces attaques, souvent sur renseignement et de très courtes durées dans leur déroulement, sont plutôt rares sur les grands axes, fréquentes par contre sur les pistes rurales et axes secondaires.
Signalons cependant ici que les véhicules de transport des fonds et même des transports publics ne sont pas toujours épargnés (Nkoa Atenga 2007 : 18).
Au commencement, les coupeurs de route ont utilisé la route comme premier mode opératoire. Les axes prioritaires tels que la route (BertouaGaroua - Boulai - Meiganga - Ngaoundéré - Garoua - Maroua - Kousserie) et surtout les routes secondaires qui aux grands marchés à bétail étaient particulièrement ciblés. A l'époque, de simples brigands organisés par groupe de trois ou de cinq tendaient des embuscades au détour d'un village et faisaient immobiliser tous les véhicules de transport. Les passagers pour la plupart des commerçants étaient sommés de se débarrasser de leurs pièces, des bijoux et autres objets précieux. Les récalcitrants payaient immédiatement de leur vie. Cette méthode a fait long feu. Traqués par les Forces de Défense, ces assaillants ont fini par quitter la route, privilégiant des assauts sporadiques. Dans l'Adamaoua, les axes NgaoundéréMeiganga, Meiganga-Ngnoui, Ngaoundéré-Tibati, dans la Nord, GarouaTcholliré, Garoua-Ngaoundéré, Garoua-Poli, Tcholliré-Touboro, TouboroMbaiboum, dans l'Extrême-Nord, Maroua-Kousseri, Magada-Kaélé étaient devenus de véritables mouroirs pour les usagers.
Ces malfaiteurs s'attaquent de préférence aux bergers et aux éleveurs, les dépouillent, prennent des otages et s'emparent de leurs troupeaux. La
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libération des otages est conditionnée par le paiement d'une rançon à verser souvent loin, très loin du lieu où s'est déroulée la prise d'otage dans les seules conditions exigées par les délinquants. Quant aux troupeaux emportés, ceux-ci sont définitivement perdus (Nkoa Atenga 2007 : 18). Ce fut le cas le 08 Septembre 2009 ou 07 personnes sont prises en otage à Amayere, village situé dans l'arrondissement de Petté, département du Diamaré. Les victimes sortaient de la mosquée après la prière du soir. Au lendemain de cette prise d'otage, 04 autres personnes sont enlevées dans la localité de Badadaï situé à environ cinq kilomètres du lieu où s'est déroulée la première opération. Les ravisseurs réclamaient une rançon de 12 millions de FCFA68. Du côté du Diamaré, 04 autres otages dont 03 fils d'un même père et un berger sont toujours entre les mains de leurs ravisseurs, la première tentative de leur libération s'étant soldé par la mort d'un gendarme le nommé Julius ARREY, atteint d'une balle à la tête.
Une nouvelle génération de « coupeurs de route » a ainsi vu le jour depuis la fin de quelques années. Ce sont les bandes armées bien organisées et dont les membres pour la plupart, des déserteurs des Armées régulières des pays voisins ou des ex-rebelles pourchassés. Dans la partie septentrionale du Cameroun, la richesse principale a quatre pattes et se déplace en troupeau. Les éleveurs et les commerçants de bétail souvent nomades, vivant à l'écart des autres populations locales à la recherche des pâturages pour leurs bêtes sont dans leur collimateur. Lors des rapts, les troupeaux sont dispersés grâce à une stratégie d'action que seuls maîtrisent parfaitement leurs acteurs. Si le butin est maigre, ils s'emparent des femmes et enfants qu'ils ne libèreront qu'en échange des espèces sonnantes et trébuchantes provenant de la vente de quelques têtes de bétail. Le bétail
68 Le Quotidien National Cameroon Tribune N°9434/5635 du 15 Septembre 2009, Page 12.
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volé est définitivement sorti d'un territoire national pour être exploité dans un autre (Nkoa Atenga 2007 : 18).
Au départ, les attaques des coupeurs de route s'effectuaient sur la route bitumée. Des sources bien introduites au Bataillon d'Intervention Rapide de l'Extrême Nord à Maroua révèlent que la criminalité dans cette région était de 80% enregistrée le long de la route nationale N°1 qui relie Mora à Kousseri. La zone de Zigue Zigague située entre Waza et Maltam dans le Logone et Chari était notoirement reconnue comme étant le repaire de ces bandits. Et l'usager de la route qui traversait cet endroit avait la chair de poule tant qu'il n'avait pas encore entièrement quitté la zone. C'est vrai que cette zone difficile d'accès constitue un refuge certain pour ces personnes sans foi ni lois. Afin de les empêcher de régner en maître, les pouvoirs publics ont pris des dispositions spéciales pour sécuriser les voyageurs qui vont ou qui sortent de Kousseri.
Se sentant constamment traqués le long de cet axe, les brigands ont évolué dans leurs stratégies. C'est ainsi qu'ils ont expérimenté les attaques sur les routes secondaires. C'est le cas de l'axe qui va du carrefour Madaga à Yagoua ; c'est aussi le cas du tronçon carrefour Gaklé-Mokolo et de nombreuses pistes de desserte qui lie les localités. Une fois de plus, les Forces de maintien de l'ordre se sont mises à leurs trousses.
Ces malfrats de plus en plus gênés par la présence des Forces de maintien de l'ordre se scindent en groupes dans tous les départements de la région. Des zones dangereuses se sont alors inventoriées. On parle alors des arrondissements de Mindif, de Moulvoudaye, de Moutourwa dans le département du Mayo-kani, des arrondissements de Bogo et Petté dans le département du Diamaré...Traqués ici, ils se retrouvent quelques jours après à l'autre bout ; et pour dire vrai, ces malfaiteurs sans résidence fixe
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sont dans la tourmente étant donné que le dispositif mis au point par les Forces de l'ordre se resserre sur eux comme un étau.
Mais dans tous les cas, les bases des coupeurs de route sont bien connues. Elles sont logées soit à une faible distance d'une frontière, soit dans des lieux d'accès très difficile à l'instar du « bec de canard » et de l'immense parc de Waza. Il s'agit en réalité des terrains qu'ils maîtrisent très bien. Et dès qu'ils s'estiment dans l'insécurité, ils se réfugient de l'autre côté de la frontière. En réalité, l'incursion des malfrats dans une zone est souvent favorisée par le silence complice des populations qui ne dénoncent pas à temps des présences suspectes dans leurs localités69.
Aux grands maux, les grands remèdes, l'Etat Camerounais de concert avec les républiques voisines est déterminé à en finir avec ce fléau qui plombe son économie et installe des régions entières dans la peur et la désolation. C'est le sens des récentes rencontres au sommet entre chefs d'Etats de la sous-région. Il est question d'organiser une riposte contre ce phénomène dont les acteurs affinent de plus en plus leurs modes opératoires. Déterminé à jouer un rôle majeur dans cette synergie, le Cameroun a déjà évalué l'ampleur du phénomène en procédant au renforcement des moyens logistiques et humains des Forces de Défense affectées à cette grande bataille, le BIR et le GPIGN. Ces derniers ont reçu des moyens adéquats pour mettre en déroute cette guérilla rurale.
Les régions septentrionales du Cameroun partagent des frontières avec les Républiques du Tchad, de la Centrafrique et du Nigeria. Les populations de ces zones frontalières subissent presqu'au quotidien les
69 Le quotidien National Cameroon Tribune n°9515/5716 du 12 janvier 2010, page 16.
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exactions des coupeurs de route, des bandes armées d'ex-combattant, militaires et bandits de grands chemins pas toujours faciles à cerner. Le forfait accompli, ils traversent la frontière ou ils se retrouvent presqu'en toute quiétude. Entre le Tchad et le Cameroun, la frontière s'étend sur plus de 900 km. Jusqu'ici, il était difficile malgré les efforts louables des gouvernements respectifs pour les Forces de Défense, postées de part et d'autre de riposter énergiquement contre ces ennemis du développement. Dépourvu du droit de poursuite au-delà de la ligne de démarcation, les militaires camerounais ou tchadiens voient leurs actions limitées. C'est donc fort de ces exactions devenues insupportables pour leurs populations respectives que les trois chefs d'Etat ont décidé de se concerter pour conjurer ce phénomène. Le 28 octobre 2009, lors d'un tête à tête à Yaoundé entre les Présidents Paul BIYA du Cameroun, Idriss DEBY du Tchad, l'épineuse question de la sécurité a été évoquée par les deux Chefs d'Etat dont on connaît l'attachement pour la paix. Malgré l'accalmie observée ces derniers mois, les deux pays ont décidé d'unir leurs Forces pour réduire ce phénomène à sa plus simple expression. C'est dans cette optique que se sont tenus à Maroua, les travaux de la commission mixte permanente de sécurité Cameroun- Tchad. A l'issue de ces assises, les deux pays ont convenu d'engager des actions conjointes pour venir à bout des coupeurs de route. Un chronogramme d'activité avec des acteurs bien identifiés a été conçu. Désormais, les Forces de Défense des deux côtés vont procéder à des échanges d'informations ainsi que des coordonnées téléphoniques afin de neutraliser l'ennemi.
Sur le terrain, les bons résultats de ces retrouvailles sont palpables. Depuis deux mois, l'on note une accalmie au niveau de la frontière entre les deux pays. Preuve que l'ennemi est bien conscient de la riposte des Forces de Défense des deux pays.
Des actions similaires sont engagées avec le voisin centrafricain. De ce côté, les choses étaient sur les rails depuis décembre 2005 lors de la
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tenue à Bertoua de la première commission mixte ad hoc de sécurité Cameroun-RCA. Mais les effets de ces travaux ont été plombés par la crise politique qui a secoué Bangui et qui a amplifié le phénomène d'insécurité au niveau de la frontière entre les deux pays. C'est donc, entre autres, pour redynamiser cette lutte commune que le Président centrafricain François BOZIZE a effectué une visite officielle à Yaoundé à l'invitation de son homologue camerounais. Paul BIYA et son hôte ont parlé du renforcement de la sécurité transfrontalière entre le Cameroun et la République Centrafricaine ainsi que l'intégration et la coopération sous régionale70.
La dernière actualité dans la région du Nord a été riche en actes odieux imputable aux tristement célèbres coupeurs de route. Sur l'axe Ngaoundéré-Garoua au mois d'octobre dernier, des militaires ont été pris pour cible. Le Cameroun perdra le sous-lieutenant NKOMBA au cours de cette embuscade. Aussitôt la salle besogne accomplie, les assaillants armés de kalachnikov, trouveront refuge dans la nature. Mais les rescapés ont eu le temps de détecter, à travers leur langue, l'arabe, que ces malfrats venaient d'un pays voisin. Toujours au mois de novembre, c'est le commandant de compagnie de Gendarmerie de Guider qui acculait à leur dernier retranchement, les coupeurs de route décidés à en découdre avec six otages. Les malfaiteurs ont pris la poudre d'escampette en direction de la région de l'Extrême Nord et du Tchad, sans avoir perçu les 15 millions exigés aux familles des otages.
Ce tableau lugubre, digne des affrontements du Far West, ne signifie en aucun cas que les pouvoirs publics ont perdu du terrain. Mais il est indéniable, de l'avis des observateurs avertis, que les efforts du Cameroun
70 Le Quotidien National Cameroon Tribune n°9515/5716 du 12 janvier 2010, page 15. Thèse de Doctorat/Ph.D en Sce Po, UY2, 2011 Ernest Claude MESSINGA 272
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resteront vains si de part et d'autre de la frontière, rien n'est fait pour réduire ces criminels sans foi ni loi au silence.
Reste que pour ce qui est de la région du Nord, le gouvernement prend toutes les dispositions pour assurer la sécurité des personnes et des biens. Du fait de sa position médiane, la région du Nord sert de théâtre d'opérations à des bandes de malfrats en provenance des régions voisines, voire des pays voisins. Pour faire face à cette insécurité transfrontalière, le gouvernement a déployé sur le terrain le Groupement Polyvalent d'Intervention de la Gendarmerie Nationale (GPIGN). L'escadron régional d'intervention numéro trois de cette unité est basée à Garoua avec compétence sur les régions de l'Adamaoua et de l'Extrême Nord. La centaine d'hommes spécialement formés dispose des moyens logistiques adéquats pour traquer les coupeurs de routes. Des véhicules d'assaut existent pour ce faire, et les efforts vont se poursuivre pour équiper davantage ces soldats. Il convient de relever que dans la région du Nord, le GPIGN a compétence aussi bien en milieu urbain qu'en milieu rural. Ce qui n'est pas le cas du Bataillon d'Intervention Rapide (BIR). Cette unité spéciale de l'Armée de Terre traque au quotidien les coupeurs de route dans les confins des quatre départements de la région du Nord. Les véhicules d'assaut de cette force spéciale sont en eux même, un élément rassurant au sein des populations.
Depuis son arrivée sur le terrain, les prises d'otages, des enlèvements, des embuscades des coupeurs de route ont de la peine à prospérer. Le quatrième BIR basé à Garoua multiplie au quotidien les stratégies pour rassurer les populations à travers une présence dissuasive sur le terrain. Cent cinquante éléments bien formés aux techniques de combat viennent par ailleurs d'enrichir les rangs de cette unité d'élite dans la région du Nord71.
71 Le quotidien National Cameroon Tribune n°9515/5716 du 12 janvier 2010, page 17. Thèse de Doctorat/Ph.D en Sce Po, UY2, 2011 Ernest Claude MESSINGA 273
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C'est une hypothèse soutenable au vue de la mobilisation quasi toute azimute des hommes en armes et des hommes politiques.
La présence des éléments du Bataillon d'Intervention Rapide (BIR). Voilà ce qui frappe le visiteur qui parcoure la nationale N°1 notamment le tronçon Mora-Kousseri. Des éléments qui, à chaque moment, se meuvent d'un point à l'autre. Une présence qui, observée au premier fait écran au rôle des éléments de la Gendarmerie dans cette bataille contre les malfrats qui écument la région de l'Extrême Nord. Mais sur le terrain, les 2 Forces sont complémentaires. Les éléments de la Gendarmerie jouent le rôle d'aiguillon. Leurs stratégies de collecte des renseignements sont mises en oeuvre pour circonscrire l'abri des bandits. Et quand arrivent les éléments du BIR, c'est le dispositif « araignée » qui se referme ainsi sur les malfrats. Cette synergie d'action entre les deux Forces est plus papable en cas d'intervention. Aussitôt l'alerte donnée, le dispositif est en place. Chacun sait ce à quoi s'en tenir. Le commandant de la légion de Gendarmerie de l'Extrême Nord Joseph MBU ATANG, et Elie BONDOL BAKOLOK le commandant du premier BIR à Maroua ne déploient jamais leurs éléments sur le terrain sans que l'expédition en question soit précédé d'une concertation préalable entre les deux corps. Le plan d'intervention est toujours concocté par les deux chefs de groupe. Cette synergie d'action part de la discipline dans les troupes. En effet, dans une équipe, si le plus haut gradé est un élément du BIR, son adjoint est systématiquement un élément de la Gendarmerie et vice versa. Une harmonie des Forces qui a été saluée par les hautes autorités étatiques lors de la visite de travail qui eut lieu en
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Janvier 2009 entre les autorités camerounaises et tchadiennes en charge du maintien de l'ordre. Ces Forces qui, de jour et de nuit veillent sur la sécurité des personnes et des biens, malgré la limitation des moyens logistiques pour un déploiement constant sur le terrain. Heureusement, la hiérarchie s'est saisie de ce problème en affectant dans la région de l'Extrême Nord, un important contingent des Forces de maintien de l'ordre. Une affectation suivie quelques jours plutard par l'acheminement de deux autres véhicules et d'un bon nombre de moto tout terrain qui sillonnent les artères de la ville de Maroua. Le souhait de tous est que d'autres moyens logistiques suivent car le BIR tout comme la légion de Gendarmerie en ont besoin pour assurer avec aise la sécurité des personnes et des biens dans la région de l'extrême Nord.
« A bas les coupeurs de route ! », c'est à l'unisson que les éléments du contingent du premier BIR basé à Salak ont repris cette phrase inspirée par le gouverneur de la région de l'Extrême Nord. C'était le 07 Janvier 2010 au cours d'une visite du Poste de Commandement (PC) de cette unité basée à Salak, à une quinzaine de kilomètre sur la pénétrante sud de la ville de Maroua. Une descente qui a permis au gouverneur qu'accompagnaient tous les autres chefs des Forces de sécurité de la région, de se faire une idée sur le matériel et les infrastructures dont dispose cette unité d'élite affectée à la lutte contre l'insécurité interurbaine et rurale dans la région de l'Extrême Nord. Le patron des lieux, le lieutenant-colonel Elie Mbondock Bacolock, commandant du premier BIR a reçu : 15 motos tout terrain, 02 pick-up tout terrain de marque Land Cruiser et 02 Prado.
Ces moyens logistiques sont arrivés au même moment que le nouveau contingent d'une centaine de commandos. Des jeunes militaires franchement sortis du centre de formation anti-terroriste basé au camp militaire de Man O' War Bay, à une dizaine de kilomètre de Limbé et prêt à
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découdre avec les coupeurs de route. Avec cet arsenal, le BIR de Salack va certainement marquer les points dans la lutte contre le grand banditisme. Le déploiement de ce nouveau contingent sur le terrain a déjà commencé à produire des résultats.
Deux mois durant, la région n'a pas connu d'attaques de coupeurs de route. Mis à part quelques cas d'agressions enregistrés dans les agglomérations urbaines. Bien avant cette visite des infrastructures et du matériel, le commandant du 1er BIR a présenté son unité ainsi que le bilan des activités menées en 2009. L'assistance apprendra qu'en 2009, les éléments de cette unité spéciale ont à leur actif :
· Neutralisé 04 coupeurs de route ;
· Libéré 28 otages ;
· Récupéré et remis à leurs propriétaires 207 boeufs ;
· Saisi 04 armes de guerre, 26 armes blanches ;
· Procédé à l'arrestation de 43 malfrats.
Ce bilan plus ou moins satisfaisant est à mettre à l'actif de la Gendarmerie, de l'Armée de Terre et de la Police en poste dans le Grand Nord.
Dans les temps anciens, la piraterie maritime désignait tout acte de crime ou de pillage perpétré contre un navire de commerce en haute mer pour s'emparer de sa cargaison. Le pirate de mer était alors dépeint de manière romanesque comme un vaillant et intrépide personnage qui ne reculait devant rien, même pas devant la furie des eaux des mers et des océans, et qui tuait avec plaisir pour s'accaparer du présumé trésor qu'il convoite dans la cargaison, soit pour son propre compte soit pour le compte de son commanditaire qui pouvait être un gouvernement, auquel cas il devenait un corsaire.
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Aujourd'hui, on entend par piraterie maritime, tout acte criminel, de vol, de pillage ou de cambriolage sciemment perpétré contre un navire, son équipage ou sa cargaison, ou tout acte similaire mené contre une installation offshore ou son personnel, ou contre une ressource sur terre depuis la mer ou par voie maritime. Par extension, la piraterie maritime devient tout acte de braconnage en milieu marin, dans le cas de pêches interdites, d'espèces protégées, de pêches dans les zones interdites ou de pêches en utilisant des pratiques interdites (Ntuda Ebodé 2010 : 77).
Selon l'International Maritime Bureau, plus de 4000 actes de piraterie ont été enregistrés durant les 20 dernières années, un rapport de la RAND Corporation estime le nombre d'attaques et de tentatives d'attaques à 209 durant la période 1994-1999 et à 2453 entre 2000 et fin 2006, soit une augmentation exponentielle de ces pratiques depuis le début du XXIe siècle.
Tableau N°3 : L'évolution des attaques de 2001 à 2009
|
Années |
Nombre d'attaques des pirates |
|
2001 |
252 |
|
2002 |
341 |
|
2003 |
445 |
|
2004 |
329 |
|
2005 |
276 |
|
2006 |
239 |
|
2007 |
263 |
|
2008 |
293 |
|
2009 |
409 |
Source : Bureau International Maritime, 2010.
Ces chiffres, comme on peut s'en douter sont sous-estimés ; nombre d'armateurs ne déclarant pas les attaques, afin d'éviter d'inquiéter leurs clients et de voir leurs navires immobilisés longuement par les services de police.
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Les côtes indonésiennes, chinoises orientales, somaliennes, nigérianes ainsi que la mer de Chine méridionale comptent parmi les zones les plus dangereuses. Ces zones sont stratégiques en matière de trafic maritime et sont parmi les plus fréquentées au monde.
Le Golfe d'Aden est ainsi considéré comme le carrefour du trafic maritime mondial entre l'Asie, l'Afrique de l'Est et l'Europe. Il est le point d'entrée et de sortie pour tous les cargos transitant par le canal de Suez et le détroit de Malacca, qui les points de passage essentiels pour 50 000 à 70 000 navires par an accostent à Hong Kong ou Singapour. Mais les pirates sévissent également le long des côtes de l'Amérique du Sud et dans la mer des Caraïbes.
Quatre raisons justifient les attaques des pirates :
1. La paupérisation importante de certaines régions qui ne laissent pas d'autres choix à leur population affamée ;
2. L'incapacité de certains pays à gérer la sûreté de leurs eaux territoriales ;
3. La facilité offerte par certains pays en développement très ouverts à la corruption, pour l'écoulement des produits de la contrebande et les actions d'éclat de certains groupes terroristes ;
4. Les coups de force de groupes rebelles se prévalent d'une certaine idéologie, dans le but de collecter de l'argent pour s'équiper en armes et d'autres matériels de guerre (Ntuda Ebodé 2010 : 78-79).
Comme le reste des côtes du monde, les côtes camerounaises connaissent également une permanence des attaques maritimes.
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En fonction des motifs qui les poussent à agir, on distingue quatre principales catégories :
- La première catégorie vole sur les navires au port. Ces vols sont très souvent l'oeuvre de petits malfrats qui rodent dans le port ; ils agissent souvent seuls ou par petits groupes plus ou moins organisés. Leurs actions sont parfois fortuites et n'incluent en général aucune agression physique. Parfois, ils sont de connivence avec un membre de l'équipage ;
- La deuxième catégorie opère des cambriolages sur des plates-formes. Dans la plupart des cas, ces cambriolages sont menés par des pêcheurs riverains qui viennent nuitamment par pirogue pour commettre leurs forfaits. Les matériels volés sont généralement des matériels électriques et des outils ;
- La troisième catégorie cible des bateaux au mouillage ou en mer. Ces attaques sont toujours perpétrées en groupes constitués et hiérarchisés. Les pirates exécutent leurs opérations avec minutie, laissant ainsi comprendre qu'ils les ont bien préparées. Ils sont armés de fusils de guerre (AK47) et d'armes blanches. Tous ceux qu'on a réussi à arrêter pour l'instant se réclament d'une branche de BFF, mais il reste possible qu'il en existe dont le seul but est de se faire de l'argent par la piraterie. Il se dit que certains sont commandités par des richissimes hommes d'affaires véreux nigériens qui leur fournissent armes et embarcations et les payent en fonction du butin. Le mode opératoire est presque toujours le même. Répartis dans 2 ou 3 embarcations rapides généralement des flying boats de type Yamaha équipés de 2 moteurs de 75 CV, ils approchent discrètement, puis ouvrent le feu en direction de la passerelle. Les membres d'équipage prennent peur et se cachent. Un groupe monte alors rapidement à bord à l'aide de grappins pendant qu'un autre reste en veille dans les embarcations. Ceux qui sont sur le navire tiennent
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l'équipage en respect, détériorent tous les moyens de communication à l'aide de leurs armes, dépouillent l'équipage, réclament de l'argent au capitaine en exigeant l'ouverture du coffre, pillent les matériels et repartent avec ou sans otages.
- La dernière catégorie enfin pratique la pêche illicite. Celle-ci est pratiquée par des chalutiers qui viennent chaluter dans les sites interdits, lesquels, du fait même qu'ils sont interdits à toute autre activité, sont probablement poissonneux que d'autres. Des chalutiers se livrent également à la pratique du chalut boeuf, un mode de chalut particulièrement dévastateur pour les richesses halieutiques. Enfin, il n'y a aucune certitude que les pêcheurs artisanaux qui viennent pêcher avec leur pirogue dans les sites interdits à la pêche n'y soient que pour la pêche (Ntuda Ebodé 2010 : 82-83).
La piraterie démarre effectivement le long des côtes camerounaises dans la 2ème moitié des années 1980. Elle reste cependant concentrée presqu'exclusivement dans la zone d'exploitation pétrolière au large de la presqu'île de Bakassi. Pendant les années 1990 et pratiquement jusqu'en 2008, cette forme de piraterie est purement matérielle et se manifeste par des cambriolages sur des plates formes de forage ; des pêches à la dynamite dans les zones d'exploitation pétrolière truffées de câbles électriques de haute tension sous-marins véhiculant des gaz et des liquides (dont du pétrole) sous forte pression ; des pêches artisanales et industrielles pratiquées par des piroguiers riverains et des chalutiers peu soucieux du respect de l'interdiction de toute autre activité dans des zones parfaitement délimitées et strictement réservées aux activités pétrolières ; des vols sur des navires de commerce au mouillage à la zone d'attente et au port de Douala et des attaques des chalutiers de nuit au cours desquelles les
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équipages sont délestés de leurs biens personnels des sommes d'argent et caisses de poissons sont récupérées (Ntuda Ebodé 2010 : 79-80).
De janvier 1994, date de déclenchement du différend qui a opposé le Cameroun au Nigeria de Bakassi sur la paternité de la presqu'île de Bakassi, jusqu'en juin 2006 date de la signature des accords de Green Tree, la zone est sous contrôle et de l'Armée camerounaise et de l'Armée nigériane. Seuls quelques actes de la nature de ceux énumérés plus haut sont enregistrés du côté camerounais. Mais des attaques de navires et des installations pétrolières offshores sont déjà légion côté Nigeria ; avec enlèvement de matériels, sabotage et prises d'otages souvent libérés contre fortes rançons.
Ainsi les menaces d'actes de piraterie purs et durs ne sont survenues du côté camerounais, qu'après la signature des accords de Green Tree, lesquels comme nous le savons, définissent le processus de rétrocession de la presqu'île de Bakassi au Cameroun, conformément à l'arrêt de la Cour Internationale de Justice (CIJ).
Ces pirates viennent principalement de groupes de dissidents membres du Bakassi Freedom Fighter (BFF) opposé à cette rétrocession. C'est ainsi qu'en Octobre 2008 et plus précisément le 31, des pirates identifiés plus tard comme des rebelles venant du Nigeria frappe leur premier grand coup, en attaquant un Supply boa (SS SAGITTA) en manoeuvre de sécurisation d'un tanker en chargement, et font 10 otages dont 7 français, 2 camerounais et 1 tunisien. On attribue aussi à ces rebelles deux attaques des postes de l'Armée camerounaise à Bakassi le 12 novembre 2007 et 09 juin 2008, avec à la solde plusieurs militaires camerounais tués (respectivement 21 et 5), 01 sous-préfet et des matériels sensibles emportés (Ntuda Ebodé 2010 : 80).
L'attaque du SS SAGITTA sonne comme le début d'une série d'actes de piraterie qui vont être perpétrés autant sur les navires marchands que sur supplices travaillant pour des compagnies pétrolières et sur des
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chalutiers. La ville de Limbé connaîtra une attaque de trois banques dans la nuit du 28 septembre 2008, avec mort d'homme. De manière condensée, les statistiques des attaques classées actes de piraterie le long des côtes sont classées comme sérieuses. Mais un coup d'oeil sur les statistiques de 2009 indique 39 cas, 3 tués, 8 blessés et 4 otages, comme il en ressort dans le tableau ci-après :
Tableau N°4 :
Statistique des actes de piraterie aux larges des côtes
camerounaises
en 2009
|
2009 |
NB ATTACK |
KILLED |
INJURED |
HOSTAGES |
|
JANV |
6 |
1 |
1 |
0 |
|
FEB |
0 |
0 |
0 |
0 |
|
MAR |
1 |
0 |
0 |
4 |
|
APR |
1 |
0 |
0 |
0 |
|
MAY |
1 |
0 |
0 |
0 |
|
JUN |
4 |
0 |
0 |
0 |
|
JULY |
5 |
0 |
0 |
0 |
|
AUG |
4 |
0 |
1 |
0 |
|
SEP |
14 |
0 |
6 |
0 |
|
OCT |
3 |
2 |
0 |
0 |
|
NOV |
0 |
0 |
0 |
0 |
|
DEC |
0 |
0 |
0 |
0 |
|
TOTAL |
39 |
3 |
8 |
4 |
Source : Ntuda Ebodé 2010, La nouvelle posture géopolitique du Cameroun et la lutte contre la piraterie dans le Golfe de Guinée, p.81.
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Même si les défis auxquels doivent faire face les Forces Armées camerounaises sont immenses, les signes récents de progrès aussi modestes soient-ils sont encourageants. La modernisation et la professionnalisation des Forces Armées camerounaises engagée par les reformes de 2001 fait son bonhomme de chemin non sans conséquence à l'encontre des « ennemis » de la République. La dernière démonstration est l'opérationnalisation d'une stratégie de riposte contre les coupeurs de route, les pirates de mer dénommée « GOLDEN LION » présentée au Chef Suprême des Armées lors des festivités des cinquante ans des Forces Armées camerounaises le 07 et 08 Décembre 2010 à Bamenda. Il s'agissait de la mise en scène d'une opération de délivrance des otages menée par un groupe interarmées Terre-Air-Mer.
Figure N°22 : Opération d'hélicordage pendant l'exercice Golden Lion

Source : Magazine des Forces de Défense Honneur et Fidélité, Numéro spécial du 20 mai 2011, Page 35.
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Figure N°23 : Manoeuvres de l'Opération GOLDEN LION



Source : Magazine L'ANNEE DU PRESIDENT 2010, Nouvelle Espérance, Page 38.
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Cette opération aujourd'hui au point a commencé à porter des fruits durant sa gestation. Elle a permis la libération des otages, la mise en déroute de nombreuses attaques, l'arrestation de nombreux coupeurs de routes et bandits de mer, et la récupération de nombreuses armes de guerre et munitions. Nous pouvons évoquer entre autres bien qu'étant soumis à l'obligation de réserve et limité par le secret défense :
* 01 attaque de deux chalutiers repoussée à Douala par la brigade de gendarmerie maritime de Douala et les éléments de la Brigade d'Intervention Rapide (BIR)72 ;
* 11 personnes sont libérées de leurs ravisseurs non identifiés à
l'Extrême Nord dans l'arrondissement de Petté, département du Diamaré le 10 septembre 200973 ;
* 7 ressortissants chinois, pris en otage dans les eaux territoriales
camerounaises dans la nuit du 12 au 13 mars 2010 à 2 heures du
72 Six blessés dont trois dans un état grave, 287 000 Fcfa et 17 téléphones emportés, sans oublier les dégâts matériels avec une cabine de bord endommagée. Tel est le bilan de l'attaque perpétrée par les assaillants non identifiés aux larges des côtes camerounaises dans la nuit de vendredi à samedi dernier. Vendredi 4 septembre, vers 20h, au niveau de la bouée de sauvetage, deux chalutiers (bateau de pêche) « Stemar and Elisabeth » et « Irakis » ont été attaqués par une vingtaine de pirates armés de kalachnikovs. Après leur forfait, les bandits de mer ont tenté de s'en prendre à deux bateaux pétroliers, le LpgcLoex qui transportait 20 personnes et le Symirna avec ses 23 passagers à bord. Le premier bateau venait de Cotonou et transportait du gaz pour une société de la place à Bonabérie, tandis que le deuxième partait de Douala pour le Nigeria. Alertées, les autorités ont réagi promptement. La brigade de gendarmerie maritime de Douala et les éléments du BIR vont mettre en déroute les assaillants qui rebroussent chemin à bord de deux embarcations. Les Forces de Défense camerounaises vont ensuite sécuriser les deux autres bateaux pétroliers menacés par les assaillants, en les ramenant au port autonome de Douala. Un périmètre de sécurité sera ensuite déployé, pour parer à d'autres éventuelles attaques. Le quotidien national Cameroon Tribune N°9428/5630 du 07 septembre 2009, page 8.
73Pris en otage le 8 septembre 2009 à Amayere, village situé dans l'arrondissement de Petté, leurs ravisseurs réclamaient une rançon de 12 millions de FCFA. Le BIR et la Gendarmerie après 45 minutes de combats vont parvenir à libérer les otages sains et saufs sans paiement d'une moindre rançon. Le quotidien national Cameroon Tribune N°9434/5635 du 15 septembre 2009, pages 12.
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matin par des individus non encore identifiés d'après le communiqué
de presse de la Présidence de la République du 19 mars 201074 ;
* 01 otage libéré dans la localité de Gadjia et un gang de 10 coupeurs de route démantelés dans l'arrondissement de Mindif75 ;
* 7 otages libérés et 8 preneurs d'otages capturés par « l'opération
araignée » menée par le comandant de compagnie de Guider76 ;
74En exécution des très hautes directives de Son Excellence Monsieur le Président de la République, chef des Armées, les Forces de Défense et de sécurité ont procédé, le 17 mars 2010, à la libération de sept (7) ressortissants chinois, pris en otage dans les eaux territoriales camerounaises dans la nuit du 12 au 13 mars 2010, à 2 heures du matin par des individus non encore identifiés. Il s'agit de Messieurs :
1. Fang Guoxing
2. Fan Guogang
3. Wu Longxiang
4. Zhu Xianmin
5. Liang Kejun
6. Wang Quingming
7. Wang Xinfeng
Le gouvernement de la République du Cameroun saisit cette occasion pour remercier les autorités chinoises pour la compréhension et la confiance qu'elles ont témoigné au Cameroun ainsi que pour toute la coopération qu'elles ont apporté pour l'heureux aboutissement de cette délicate opération. Le gouvernement invite enfin tous les opérateurs économiques opérant dans les eaux territoriales camerounaises à se conformer strictement aux mesures prises par les Forces de Défense pour assurer leur sécurité. Le quotidien national Cameroon Tribune N°9563/5764 du 22 mars 2010, page 4.
75Le 15 juillet 2010, ce gang a perpétré l'enlèvement de trois bergers dans la localité de Gadjia ; il exigeait une rançon de 3 millions de F pour la libération de ces otages. A mettre aussi dans leur actif, le meurtre à l'arme automatique du nommé Abdoulaye Djouldé, froidement abattu le 29 juillet 2010 parce qu'il tentait de les empêcher de prendre des otages dans la localité de Kobo. Le 25 juillet dernier, ces malfrats enlevaient également deux fils de bergers à Ngouma près de Mindif. En plus de nombreux viols, rackets de petits bétails, vols des denrées alimentaires dans plusieurs localités dont ils se rendaient alors coupable. Suite à ces actes d'insécurité, les éléments du BIR ont mis en place un dispositif visant à les mettre hors d'état de nuire. C'est ainsi que le 30 juillet dernier, un accrochage avec les brigands a permis de désorienter ces derniers et de libérer un otage. Passés aux aveux complets, ils sont allé montrer la cachette de leur arsenal constitué entre autres de 4 fusils kalachnikovs, 318 munitions, 17 boites chargeurs, un couteau, 8 housses à munitions, 3 bâches, du matériel de couchage, des ustensiles de cuisine et une sommes de 343 000 F. Le quotidien national Cameroon Tribune N°9654/5855 du 03 Aout 2010, pages 17-18.
76 Dans certains villages de l'arrondissement de Mayo-Oulo, 13 malfrats font une invasion violente dans la nuit du 11au 12 juin 2010 dans les villages Dafa, Poka-Dafa
Thèse de Doctorat/Ph.D en Sce Po, UY2, 2011 Ernest Claude MESSINGA 286
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* 01 gang de 4 coupeurs de routes démantelé par les éléments du BIR et du matériel de guerre et des munitions entre les mains de ces malfrats77 .
* 18 pirates de mer abattus en mer quelques heures après leur attaque
de l'agence d'Ecobank en pleine capitale économique du Cameroun.
Ces actions répressives des Forces de Défense camerounaises loin d'être exhaustives font montre de leur dynamisme assuré par une professionnalisation progressive. Les enjeux sécuritaires étant énormes, la qualité de leur formation et le respect de la discipline sont les priorités des autorités civiles et militaires. C'est ce qui justifie la nomination de trois nouveaux responsables militaires le 09 juin 2010 dans la capitale du Nord avec pour prescription de faire de la lutte contre l'insécurité transfrontalière
et Dala et prennent en otage 10 personnes dont un enfant de 10 ans. Après moult négociations sans succès avec les familles des victimes, les preneurs d'otages vont faire appel à l' « expertise » de certains pays voisins. C'est ainsi que trois mercenaires tchadiens sont arrivés dans la région quelque temps après. Ils vont attacher les otages contre les troncs d'arbres sur la montagne Kouboutou, et vont les torturer à longueur de journée. Trois otages vont succomber à la souffrance, notamment Bouba Toumbala (57 ans), Halidou Baraya (36 ans) et Dokeye Haman. Entre temps, le gendarmerie se met à leurs trousses et fini par mettre la main sur 8 personnes. Il s'agit notamment de Youssoufa, Madi Lea, Kari Bouba (commanditaire du coup), Harouna Dodji (propriétaire arme à feu), Harouna Adama (chargé du ravitaillement des malfrats), Boubakari Zroumba (relais entre les malfrats et familles des victimes), Sandi Djoumane (contact des mercenaires tchadiens), et Moussa (membre du gang). Le quotidien national Cameroon Tribune N°9632/5833 du 02 juillet 2010, page 12.
77L'intervention du 1er Bataillon d'Intervention va permettre de mettre fin aux exactions des malfrats qui écumaient l'arrondissement de Gobo dans le Mayo-Danay. Il s'agit de Goulama, le chef de gang, Nganchi Bahatoussou, alias Job et Hussein Ahmid. Si les éléments du BIR n'ont pas pu mettre immédiatement la main sur les deux premiers cités, ils ont maîtrisé Hussein Ahmid. Ce dernier, retrouvé dans en pleine brousse non loin de la localité de Tolgut, portait une arme de guerre, précisément un « Pm Mat 49 » et beaucoup de munitions. L'homme n'a pas nié être un coupeur de route. Bien au contraire, il a déclaré effectuer sa sale besogne avec les nommés Nganchi Bahatoussou, Goulama, le chef de village qui leur a fourni les armes qui leur permettaient de dépouiller leurs victimes. A leurs actifs, de nombreux vols de bétail dans l'arrondissement Moulvoudaye, écoulés au Tchad voisin à vil prix. Le quotidien national Cameroon Tribune N°9635/5836 du 07 juillet 2010, page 11.
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leur priorité. Il s'agit du Colonel Eyong Tambong Ebot, le commandant du secteur militaire terrestre numéro trois (Comsecteur 3) couvrant la région du Nord, le Colonel David Demanou, commandant le 41e Bataillon d'Infanterie Motorisé (BIM), le Lieutenant Colonel Ngoa Abdoulaye à la tête du troisième Bataillon de soutien78. La lutte contre l'insécurité reste la préoccupation du Chef supérieur des Armées qui ne cesse d'agir, la dernière action étant la nomination le 31 aout du Secrétaire Permanent du Conseil National de Sécurité Monsieur Paul Atangan Nji79. Mais les récentes prises d'otages dans le Grand Nord, les dernières attaques des chalutiers dans les eaux territoriales camerounaises, les pertes en vie humaine enregistrées dans les rangs des Forces Armées camerounaises démontrent à suffisance la vulnérabilité du système de défense camerounais en termes d'hommes et d'équipements, exigeant ainsi une mise à jour permanente au vue du dynamisme des nouvelles formes de menaces.
78 Le quotidien national Cameroon Tribune N°9625/5826 du 23 juin 2010, page 3.
79 Décret N°2010/266 du 31 août 2010 ; Le quotidien national Cameroon Tribune N°9672/5873 du 1er septembre 2010, page 2.
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CHAPITRE VI
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Depuis les attentats terroristes du 11 Septembre 2001 aux Etats-Unis d'Amérique, aucune partie du monde ne semble être à l'abri de la menace terroriste. Ceci sera confirmé plus tard par les attentats de Madrid, de Londres, les attentats manqués en France. Ces éléments caractérisant une crise internationale définissent une nouvelle géopolitique internationale entretenue par l'émergence des « réseaux terroristes » en l'occurrence AlQaida, le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC), les Groupes Islamistes Armés (GIA)... A coté de ces attentats, on observe également le phénomène de Piraterie maritime devenue une véritable entreprise criminelle internationale doublée d'un commerce très lucratif. L'on se souviendra longtemps du Lundi 17 Novembre 2008, ce jour ou la piraterie maritime a franchi un palier qu'on croyait infranchissable en s'emparant d'un superpétrolier le Sirius Star, un énorme tanker Saoudien contenant deux millions de barils d'or noir d'une valeur de cent millions de dollars soit environ deux milliards de francs CFA. Selon le Bureau Maritime International (BMI), quatre vingt quatorze bateaux ont été attaqués par des pirates saoudiens sur deux cents attaques répertoriées dans le monde. De toute évidence, la cote d'alerte est atteinte avec la multiplication des actes de piraterie dans le Golfe d'Aden plongeant la Communauté Internationale dans le désarroi, surprise de la capacité de nuisance des pirates80. Par ces faits, les Etats font désormais face à une nouvelle réalité internationale porteuse de menaces multiformes. Le noyau dur est constitué par le terrorisme (notamment islamiste), la piraterie maritime, la criminalité transfrontalière, les trafics illicites81. Ces menaces, plus difficiles à prévoir, à parer, à évaluer, peuvent avoir des conséquences graves dans la vie des Etats. En réalité, le monde part d'une menace principale, conventionnelle et identifiée à une prolifération de menaces diffuses. Dès lors, les conflits et les violences ne sont plus seulement
80 Cameroun Tribune N°9255/5432 2008, page 31.
81 IHEDN, 2002, Défense globale et politique militaire de défense, Rapport première phase de la 54ème session nationale.
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militaires. D'autres convulsions ont lieu à l'échelle de la planète, fruits d'acteurs globaux élargissant le cercle d'influence. Il s'agit des Forces « transverses », « asymétriques », « nouvelles » qui tirent profit de l'évolution de la réalité internationale pour prospérer et exploiter ses vulnérabilités. Chaque partie du monde, chaque Etat vit sa cohorte de menaces. Tel est le cas de l'Afrique et ses cinq sous régions. Ces attentats ont ouvert la voie à des conflits d'un type nouveau, sans champ de bataille et sans Armée clairement identifiée, ou l'adversaire, prêt à utiliser les armes de destruction massive, vise clairement des populations. On vit désormais dans un monde durablement imprévisible, dans un environnement stratégique en mutation qui oblige les Etats à rehausser leur effort de défense. La nième attaque des assaillants non identifiés dans la presqu'île de Bakassi et revendiquée plutard par les combattants d'Africa Marine Commando (AMC), une excroissance des Bakassi Freedom Fighters avec pour bilan 2 morts et 12 otages82 confirme cette hypothèse.
Ce vent d'insécurité mettant à mal les Etats désormais incapables d'assurer leurs missions régaliennes parmi lesquelles la sécurité de ses citoyens est l'objet d'une problématique commune à de nombreux gouvernements. La nature de la menace, ses origines et son évolution permanente exige une action immédiate passant par : le contre-terrorisme, les relations civilo-militaires, l'économie de défense et la gouvernance démocratique.
82 L'embarcation transportant la délégation camerounaise composée de 12 personnes et conduite par le sous-préfet de Kombo A Bédimo a été attaqué de retour de la Commission mixte Cameroun-Nigeria. Alors que l'embarcation de la délégation camerounaise naviguait sur le chemin retour, elle a été attaquée par deux navires ultra rapides (fly boat) remplis de rebelles solidement armés. Bilan, 12 personnes portées disparues et retenues en otage. Il s'agit du : du sous-préfet de l'arrondissement de Kombo à Bédimo, son adjoint, le commissaire spécial, l'officier de 2ème grade Zé Crépin, le commissaire de sécurité publique, l'officier de police de 3ème grade Mbelibi, le Maire et son adjoint, le commandant de brigade de gendarmerie de la localité et quatre de ses éléments, et une infirmière. Après avoir maîtrisé l'embarcation, les rebelles ont mené un raid à la brigade maritime de Mbonjo aux environs de 3 heures du matin avec une arme lourde. A l'issue de cette offensive, les assaillants ont abattus le commandant, l'adjudant chef Essaga André. Le quotidien national AURORE PLUS n°1292 du Mardi 08 Février 2011, page 5.
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D'après les Nations Unies, le terrorisme est toute action qui a pour intention de causer la mort ou de graves blessures corporelles à des civils ou à des non-combattants, lorsque le but d'un tel acte est, de par sa nature ou son contexte, d'intimider une population, ou de forcer un gouvernement ou une organisation internationale à prendre une quelconque mesure ou à s'en abstenir (Ahouanye M.L. 2008).
Pour l'Union Africaine (UA), l'acte terroriste est : « (a) tout acte ou menace d'acte en violation des lois pénales de l'Etat partie susceptible de mettre en danger la vie, l'intégrité physique, d'une personne ou d'un groupe de personne... et commis dans l'intention : (i) d'intimider, provoquer une situation de terreur, forcer, exercer des pressions ou amener tout gouvernement, organisme, institution, population ou groupe de celleci, d'engager toute initiative ou de s'en abstenir, d'adopter, de renoncer à une position particulière ou d'agir selon certains principes; ... » (Article 1er section 3 de sa convention sur la prévention et la lutte contre le terrorisme). (Ahouanye M.L. 2008). Les prises d'otages des coupeurs de routes dans le Grand Nord, les attaques armées du MEND, des Bakassi Freedom Fighter et l'Africa Marine Commando destinées à intimider, provoquer une situation de terreur, forcer, exercer des pressions ou amener le gouvernement sur la table de négociation peuvent être assimilées au terrorisme. Combattre efficacement le terrorisme passe par la mise sur pied d'une « Armée de l'avant » et d'une approche stratégique nationale.
Contre les Armées classiques, la défense pouvait encore hier s'ériger aux frontières et attendre, pour s'exprimer, la matérialisation de la menace. Maîtrisée par les Etats, la violence était contenue dans leurs limites ; elle
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ressemble désormais davantage à un cancer qui se répand s'il n'est pas traité à temps, les cellules saines se trouvant d'entrée menacée quel que soit leur éloignement initial des cellules malignes. Les nouvelles formes de violence, conjuguées aux effets de la mondialisation et de la porosité des frontières, rendent ainsi l'attentisme dangereux et demandent au contraire, à l'extérieur des territoires nationaux, la construction active d'un environnement stable. Les reformes de 2001 sont claires sur ce point lorsqu'elles statuent que « le Cameroun entretiendra en permanence la capacité d'action extérieure nécessaire à la défense de ses intérêts de sécurité et à ses responsabilités.».
Le stratège nous dit l'ardente nécessité, pour l'emporter, est de bâtir sa propre profondeur stratégique ; à défaut, vous êtes vite submergé. Il faut donc défendre et stabiliser « à l'avant », sur les cercles extérieurs, conduire si nécessaire l'attrition rétrograde sur les cercles intermédiaires, pour enfin défendre ferme, si hélas cela s'avérait nécessaire sur les derniers cercles intérieurs. La sécurité, par la défense, doit se construire d'abord à l'« avant », la première ligne pro-action s'établissant souvent loin des frontières nationales, à proximité immédiate des « trous noirs » à contenir puis résorber. La prévention, sous ses différentes formes, prend ici une place essentielle. C'est par l'intervention en amont, hors des frontières qu'il faut aller au plus tôt tarir les sources de violence, réduire les tensions et instabilités génératrices de crises, maîtriser les logiques de prolifération nucléaires ou conventionnelles : aucune Maginot moderne, juridique ou sécuritaire, ne saurait en effet protéger longtemps de la violence extérieure et de ses avatars moderne, terrorisme, criminalité organisée, etc. Le réalisme, autant que l'idéalisme, impose l'action : il n'y aura pas de sécurité définitive au Cameroun au coeur d'une Afrique centrale instable, privée de
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sécurité. Dès à présent, la continuité entre sécurité et défense condamne les attitudes attentistes. Devant la violence collective qui se répand, céder à la tentation de retranchement serait un dangereux aveuglement. « Si nous n'allons pas à son contact, cette violence viendra à nous » (Desportes 2008 : 6). Les Forces Armées n'ont pas d'autre choix que de s'engager de manière résolue au contact du monde en ébullition et de prendre acte leur engagement permanent dans les opérations longues et douloureuses.
N'en doutons pas, le Cameroun a besoin d'une Armée « d'avantgarde » pour une « défense de l'avant ».
La défense doit être proactive sous peine d'échec :
· La protection, fonction stratégique essentielle, à la fois première et ultime finalité de l'appareil de défense ;
· La prévention, fonction aux multiples composantes, dissuasion nucléaire, dissuasion conventionnelle (à conforter d'ailleurs, puisque sa crédibilité est fortement malmenée dans les opérations actuelles), prépositionnement, etc. Pour autant, l'exacerbation de la seule défense sur le territoire pourrait finir par menacer ce qu'elle prétend défendre en portant progressivement atteinte aux libertés communes, comme le montre l'ambiguïté de certaines mesures antiterroristes prises ailleurs ;
· La stabilisation des zones exportatrices de violence est la troisième fonction essentielle. Il s'agit de déployer régulièrement les Forces à l'extérieur, en autonome ou en coalition, dans la résolution des crises intra-étatiques et l'assainissement de leur terreau.
La pertinence des outils d'action militaire, la promotion sociale de la paix et la prévention du terrorisme, seront à cet égard déterminantes grâce à la capacité qu'elles conféreront d'affronter les véritables enjeux. Dans la
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guerre probable, les Forces terrestres sont la force de la nation et l'homme est la force des Forces terrestre.
Même s'il serait irresponsable de se départir des moyens de répondre à la résurgence d'une menace militaire majeur au cas où l'on n'aurait pas su la prévenir, il n'y aura pas, au cours du quart de siècle à venir, d'Armées classiques capables de rivaliser avec les coalitions sous régionales. Il faut pourtant conserver les capacités d'action conventionnelle. Elles sont en effet nécessaires pour prévenir la remontée de ce type de menace en dissuadant l'adversaire éventuel d'une course à la puissance, mais aussi pour conforter l'indispensable diplomatie coercitive en crédibilisant la dissuasion par la complétude du spectre des menaces et permettre, autant que de besoin, d'imposer la force contraignante dans les opérations extérieures.
Cependant, l'effet pervers de cette surpuissance est d'engendrer à la fois, le rejet des modèles sociétaux qui l'ont produite et l'improbabilité des guerres dont le mode lui est naturel ; diminuant d'elle-même l'éventualité des vastes actions anti-forces, elle trouve paradoxalement dans le déséquilibre des arsenaux la limite même de son utilité. A force de dissuader, elle décourage. L'adversaire, toujours prompt à contourner la violence classique, cherche dans de nouveaux espaces d'affrontement la capacité à faire valoir ses objectifs politiques. La guerre, passée d'une logique capacitaire à une logique finalitaire, ne fonde plus ses succès sur les rapports de forces traditionnelles. Elle suppose, pour le règlement des crises, la mise oeuvre d'instruments militaires puissants, mais aussi politiques, diplomatiques, sociaux, à travers l'existence de Forces capables de jouer, dans la guerre probable, de ces différents registres.
De fait, les nouveaux contextes modifient l'activité stratégique et nivellent les avantages nés de la haute technologie. L'influence remplace la
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puissance. Il s'agit souvent moins de conquérir l'espace que de pacifier les coeurs, de gagner l'adhésion des populations au projet qu'on leur propose. L'essentiel n'est plus l'aptitude à la destruction, mais la capacité d'assurer le contrôle politique de l'espace et d'établir, grâce à la violence maîtrisée d'une action perçue comme légitime, les conditions d'émergence d'un nouveau contrat social. Il s'agit aussi de montrer une indispensable détermination dans la volonté de résolution d'une crise ; en ce sens, l'engagement des Forces terrestre, qui met en jeu très directement la vie des soldats de la nation intervenante, est significatif.
Depuis 1945, la plupart des guerres se sont déroulées à l'intérieur des Etats et le mouvement s'amplifie. Ce constat remet en cause les concepts et modèles qui valaient pour les guerres interétatiques et diminue l'apport de la haute technologie aux nouvelles applications de la diplomatie. Le nouveau paysage conflictuel estompe ainsi progressivement les certitudes quantitatives, rationnelles et classiques du 20ème siècle : la dérégulation de la guerre a donné naissance à des formes de crises qui replacent l'homme au coeur des systèmes de défense (Desportes 2008 : 7). Pour les Armées, le principe d'adaptation doit dominer en imposant les arbitrages internes et externes nécessaires, afin de construire des systèmes de Forces capables de coercition, mais également de produire sur le terrain de l'efficacité politique.
L'interdépendance des Etats, la perméabilité des sociétés, la globalité des enjeux comme des menaces, ne laissent pas d'autres choix que d'assurer la sécurité du lointain au proche, en participant au règlement des crises, moins avec les armes de la destruction qu'avec celles de la capacité de persuasion par la puissance maîtrisée. Cependant, les circonstances et conflictualités évoluent très vite. Poursuivant sa métamorphose, la menace adopte toujours des formes nouvelles auxquelles nous ne sommes pas préparés. Donc, quel que soit le type d'engagement, nous ne saurons faire produire de l'efficacité à nos systèmes de force que nous sommes dans une
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attitude permanente d'écoute et d'évolution. Encore plus qu'avant, mais probablement moins que demain, la capacité d'adaptation rapide s'affirme comme la qualité essentielle des systèmes militaires (Desportes 2008 : 8). L'expérience montre que les Armées qui gagnent sont les Armées qui apprennent, celles qui tirent du réel leur efficacité pour l'avenir. « Learn and adapt » disent les anglo-saxons : c'est un impératif. Les Forces Armées doivent aller plus loin que là ou elles sont aujourd'hui ; elles ne doivent pas se contenter d'écrire les leçons qu'elles ont apprises, elles doivent surtout apprendre les leçons qu'elles ont écrites et en tirer toutes les conséquences pour leurs modèles de Forces, leur équilibre, l'entraînement des unités, la formation des hommes, etc.
La société camerounaise manifeste une exigence croissante pour une sécurité individuelle et collective qu'elle attend de la puissance publique. Ce besoin de sécurité, parfois du seul ordre du sentiment, s'applique aux Armées et influence leurs actions dans deux domaines essentiels : la sécurité qu'elles fournissent au pays et celle que ses membres sont en droit d'attendre. L'aire des conflits asymétriques élargit les menaces possibles qui ne demeurent plus circonscrites à la seule action militaire et accentuent les vulnérabilités de la société (Coste 2007 : 27). Le siècle naissant laisse émerger un model nouveau. Les opérations sont désormais marquées par l'importance des actions autres que le combat, avec des bascules rapides entre différents types d'action et de comportement. Le soldat de la guerre froide, rodé dans un seul métier, cède la place à son successeur beaucoup plus polyvalent, apte à pratiquer des actions fondées sur des savoirs-faire et des comportements presque opposés, capable d'action de coercition, de sécurité, d'humanitaire, etc. Le chef militaire demeure un meneur d'hommes, mais il devient un administrateur, un négociateur et un
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médiateur ; il doit disposer des moyens intellectuels et matériels de ces nouveaux rôles.
Le nouveau soldat doit comprendre sa place, cruciale mais non unique dans le règlement des nouveaux conflits. Il doit avoir saisi toute l'importance de l'action globale et du rôle fondamental des différents acteurs non militaires, ceux du monde diplomatique, du monde sécuritaire, du monde humanitaire, du monde économique et des entreprises. Pour le livre blanc 2008, « la complexité des crises internationales oblige à définir des stratégies réunissant l'ensemble des instruments, diplomatiques, financiers, civils, culturels et militaires, aussi bien dans les phases de prévention et de gestion des crises proprement dite, que dans les séquences de stabilisation et de reconstruction après un conflit » (Desportes 2008 : 8). Le nouveau soldat doit donc apprendre à préparer avec les acteurs civils, en amont, cette phase décisive des opérations qui est la phase de stabilisation. Il doit donc apprendre à mieux passer du militaire au sécuritaire, de l'urgence humanitaire au politique de reconstruction et de développement. Il doit apprendre à passer progressivement le relais dans la marche commune vers la normalisation, à conjuguer au mieux, pour le règlement de la crise, l'efficacité militaire et l'efficacité civile. Ces nouveaux métiers, il ne les apprendra pas dans le seul apprentissage de la coercition. Il est désormais établit pour certain que, tant en termes d'équipements que de formation d'hommes, la règle du « qui peut le plus peut le moins » ne peut s'appliquer car, il ne s'agit pas de faire un peu moins, mais autrement avec autre chose. Ce n'est pas une différence de gradation, c'est une différence de nature. Il s'agit d'une diversification du spectre des actions qui complexifient encore le métier de soldat, car ce dernier doit demeurer expert dans ses rôles d'hier tout en excellant, en outre, dans ceux de la guerre probable. Nous constatons ainsi un vaste élargissement du métier militaire. Il n'est d'ailleurs que le retour à la réalité d'hier, le reflet du retour de l'histoire.
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Nous savons que les institutions militaires sont particulièrement aptes à développer des solutions impressionnantes aux problèmes qu'elles aiment résoudre plutôt qu'aux problèmes que vont poser leurs futurs adversaires. Les défis actuels demandent de contenir leur dérive et de résister à la tentation de s'appuyer seulement, comme naguère sur sa supériorité dans le domaine technologique et ses capacités de destruction pour faire face à des adversaires bien différents de ceux d'hier.
Il n'y a pas d'autres choix que de prendre en compte l'évolution du monde et celle des acteurs potentiels. Il n'y a pas d'autres choix que de comprendre la guerre probable. A trop parler de techniques et de capacités, dans un espace de mimétisme explicable, nous amène à oublier de nous poser certaines questions fondamentales sur la finalité de l'engagement militaire. Permettant de faire encore mieux la guerre d'hier, nous avons cru que les prouesses technologiques étaient naturellement adaptées à l'évolution de la guerre, n'ayant pas compris que son visage subissait une véritable mutation. Le débat sur la « transformation » est un débat plus que légitime ; il ne doit pas porter essentiellement sur la technologie et les organisations, mais plutôt sur la finalité de la guerre, les meilleures voies pour y parvenir aux objectifs recherchés. Faut-il aller jusqu'à l'instauration d'une « contre révolution dans les affaires militaires » suivant la formule de Ralph Peters ? Peut être pas, mais le livre blanc 2008 constate que « les évolutions attendues dans les années 1980 et 1990, fondées sur une haute sophistication technologique, n'ont pas apporté les garanties de succès espérées ; le facteur humain demeure et demeurera déterminant » (Desportes 2008 : 8). Il faut donc sûrement s'orienter aujourd'hui fermement vers une « transformation de la transformation », vers une vraie capacité à comprendre et défaire les nouvelles menaces, parfois radicales, qui sortent du cadre de l'action militaire traditionnelle. Les Forces Armées
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doivent se préparer à la guerre qu'elles auront à conduire, non à celle qu'elles préféreront parce qu'elles savent le faire. Ils doivent donc modifier profondément leurs schémas de pensées. Or, par un mouvement normal de balancier vers les réalités pérennes, la guerre montre bien aujourd'hui qu'elle n'est pas un problème de système d'armes mais, un problème politique, social et humain, infiniment plus complexe et incertain : ils doivent donc maîtriser les excès de la culture « digitale » et ne pas laisser la technologie conduire l'analyse stratégique. Il faut réintroduire la dimension politique dans la réflexion technique et opérationnelle.
C'est peut être parce qu'ils ont éludé ces réflexions que les éléments du Bataillon d'Intervention Rapide (BIR) et du Groupement Polyvalent d'Intervention de la Gendarmerie Nationale (GPIGN) continuent de côtoyer les coupeurs de routes dans le Grand Nord au grand désarroi des populations, le BIR DELTA et les pirates de mer dans la presqu'île de Bakassi, que le gouvernement américain n'a pas cesser de compter ses victimes marins traduisant sa débâcle en Irak et en Afghanistan, que les Forces spéciales françaises restent impuissantes face la recrudescence des menaces terroristes, que les israéliens sont intervenus au Liban de manière décalée par rapport à la réalité. Ils n'ont pas perdu, bien sûr, mais face à un adversaire asymétrique, une puissance militaire qui ne gagne pas subit un revers dont les conséquences la dépassent largement. Quelques soit l'avis qui est porté sur leurs succès dans leurs engagements respectifs, ils font partie des victimes collatérales de toutes les difficultés militaires ce qui, dans chaque cas, peut altérer la perception chez l'autre de la puissance militaire classique, et partant, l'utilité de leurs modèles de Forces.
Au cours de ces dernières années, chacun a pu observer que la puissance militaire conventionnelle pouvait être contournée. Nous sommes donc devant l'ardente nécessité de restaurer la crédibilité et l'efficacité des Forces Armées. A nous de réfléchir aux évolutions souhaitables, aux nouveaux équilibres, en évitant d'apporter des réponses toujours plus
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perfectionnées à des questions qui ne se posent plus. A nous de penser autrement, de préparer la guerre probable à travers un système antiterroriste.
Le 05 avril 2008, dans une déclaration à l'ouverture du séminaire sur le contre-terrorisme en Afrique du Nord, le Ministre Délégué Chargé des Affaires Maghrébines et Africaines, M. Abdelkader Messahel a souligné que l'Afrique a identifié la menace terroriste parmi les plus graves qui constituent pour elle des défis majeurs d'où l'urgence de la mise en place d'un système anti-terroriste efficient sur le continent. C'est dans ce sens que l'Union Africaine a, et à juste titre, intégré la lutte anti-terroriste dans l'architecture africaine de paix et de sécurité.
La lutte contre le terrorisme en Afrique fait donc intervenir un ensemble de mesures destinées à combattre de front les actes de terrorisme tels qu'ils se manifestent dans l'espace africain. Celles-ci consisteront concrètement à renforcer les mesures de sécurité et de contrôle aux frontières des Etats africains, à développer les moyens d'appropriation des mécanismes juridiques et institutionnels de lutte contre le terrorisme établis sur le continent, à assurer l'effectivité de la coopération policière et judiciaire, la lutte contre le financement du terrorisme, le trafic illicite des armes et matériels explosifs, mais également et surtout l'acquisition d'une technologie de pointe de nature à détecter les engins nocifs les plus discrets, notamment dans les lieux de transport en commun comme les aéroports.
Les Etats membres de l'IGAD (Autorité Intergouvernementale pour le Gouvernement) ont depuis longtemps préconisé la nécessité de lutter contre le terrorisme tant individuellement que collectivement. Sur l'initiative du gouvernement du Soudan, cette question a été examinée par
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le 9ème sommet de l'IGAD qui s'est tenu à Khartoum en janvier 2002. A l'issue de cet examen, le sommet a décidé que cette question devrait être approfondie. A l'échelle continentale, Il s'agit précisément des normes de portée juridique telles que la convention de l'OUA sur la prévention et la lutte contre le terrorisme adoptée en juillet 1999 et son protocole de juillet 2004 dont l'objectif principal est de renforcer la mise en oeuvre de la convention et de donner effet à l'article 3(d) du protocole relatif à la création du conseil de paix et de sécurité de l'Union Africaine, sur la nécessité de coordonner et d'harmoniser les efforts du continent dans la prévention et la lutte contre le terrorisme dans tout ses aspects ainsi que sur la mise en oeuvre des autres instruments internationaux pertinents. Il s'agit également de la déclaration de Dakar contre le terrorisme d'octobre 2001, du plan d'action pour la prévention et la lutte contre le terrorisme de septembre 2002, mais également des organes d'action comme le Centre Africain d'Etudes et de Recherche sur le Terrorisme (CAERT), et le Conseil de paix et de sécurité de l'Union Africaine dont le mandat concerne tout aussi bien des aspects liés à la lutte contre le terrorisme.
En Afrique centrale, le Groupe d'Action contre le Blanchiment en Afrique Centrale (GABAC) s'est chargé d'élaborer les politiques sous- régionales de lutte contre le blanchiment des capitaux. Ce GABAC est le résultat de la combinaison de deux principaux facteurs : la Déclaration de politique et le Plan d'action contre le blanchiment des capitaux, adoptés par l'Assemblée Générale de l'ONU, en Juin 1998 et la publication des quarante Recommandations du Groupe d'Action Financière sur le Blanchiment des Capitaux (GAFI) du 31 Octobre 2001. Outre ces facteurs, la mise sur pied de la GABAC répondait à un besoin d'harmonisation des législations nationales en matière de lutte contre le blanchiment en Afrique Centrale adopté à Yaoundé lors du Conseil des Ministres de la CEMAC tenu le 14 Avril 2002 (Fogué Tédom 2007).
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Toutefois, parce que le risque zéro n'existe pas, il est nécessaire de réprimer avec la plus grande fermeté les actes terroristes perpétrés, en identifiant non seulement les auteurs mais aussi les commanditaires. C'est ce qui est demandé aux Etats parties à la convention de l'OUA sur la prévention et la lutte contre le terrorisme dans son article 1er, section 3.
Pour réussir à contrôler un tant soit peu ce fléau, la mise en place d'un arsenal juridique ne suffit pas. Il faut mener des actions concrètes sur le terrain pour influencer les acteurs du phénomène et atténuer son impact sur la société. C'est dans cette optique que 19 pays, dont l'Algérie et les Etats-Unis, ont élaboré une stratégie commune de lutte contre le terrorisme et la criminalité en Afrique qui leur permet, désormais, d'engager des actions conjointes contre les organisations terroristes là où elles sévissent dans le continent. Cette stratégie, qui repose également sur les échanges d'informations, a été mise en place lors d'un colloque tenu dans la capitale mauritanienne Nouakchott par des experts en matière de lutte contre le terrorisme venus d'Algérie, des Etats-Unis, de France, du Royaume-Uni, du Maroc, de l'Egypte, de Turquie, du Sénégal, du Burkina Faso, du Tchad, du Soudan, de Côte d'Ivoire, du Lesotho, du Zimbabwe, du Cambodge, du Bénin, du Burundi, du Togo et de Mauritanie (Ahouanye M. L. 2008). Ces experts sont affiliés au groupe multidisciplinaire international «Fusion task force», réunissant des policiers de plusieurs pays, créé par Interpol et chargé de la lutte contre le terrorisme. Ils ont décidé de mener des « opérations conjointes transfrontalières pour lutter plus efficacement contre les menaces terroristes et criminelles » dans le continent.
Si l'Algérie est et reste sans doute le pays d'Afrique le plus évidemment associé au terrorisme international, ce n'est pas une surprise qu'il soit aujourd'hui considéré comme la capitale de la lutte contre le terrorisme sur le continent. C'est ainsi qu'elle a décidé d'accueillir le
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Centre Africain d'Etudes et de Recherche sur le Terrorisme (CAERT). Ce Centre, basé à Alger, aura pour mission notamment d'assister les Etats membres de l'Union Africaine dans l'organisation de la lutte contre le terrorisme a travers l'élaboration d'expertises sur le terrorisme et des ripostes à envisager contre la menace terroriste, et, également, de concourir à la mise en oeuvre du plan d'action visant à priver le terrorisme de ses sources de financement.
En effet la lutte contre le terrorisme passe également par la répression de son financement. La création par ailleurs du Groupe Intergouvernemental d'Action contre le Blanchiment d'argent et le financement du terrorisme (GIABI) et du Groupe d'action financière du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord (GAFIMOAN), témoigne aussi de la volonté des Etats membres de ces institutions de contribuer à l'harmonisation des normes relatives à l'action multinationale contre le financement du terrorisme.
Les manoeuvres stratégiques de lutte contre le terrorisme ne peuvent véritablement se réaliser et être efficaces que si elles sont inscrites dans une démarche qui dépasse le traitement symptomatique du phénomène pour appréhender les causes profondes qui l'animent. En ce sens, lors de son intervention à l'occasion de la réunion intergouvernementale de l'Union Africaine sur la prévention et la lutte contre le terrorisme à Alger du 11 au 14 septembre 2002, le Président de la République algérienne Abdel Aziz Bouteflika affirmait ceci : « le combat contre la pauvreté est peut-être l'élément premier indispensable de la lutte contre le terrorisme, car si la pauvreté est humainement et moralement inacceptable, elle est un facteur destructeur des vertus humaines et des bases de la solidarité sociale ». Il ressort de ces propos hautement significatifs que plus de justice sociale (accès à l'eau potable, à l'alimentation de base, l'éducation élémentaire et aux soins primaires) contribuerait, à n'en point douter, à bâtir des piliers de stabilité pour tout le continent et, ipso facto, à réduire la sensibilité au
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discours terroriste. Il s'agit donc là d'une interpellation sans équivoque à l'endroit de tous les leaders africains, mais également de la communauté internationale, qui doivent se hisser à la hauteur de leurs responsabilités et de leurs engagements pour faire prévaloir le droit à la justice des plus faibles et des plus démunis (Ahounyane M. L. 2008).
Comme réponse efficace à ce vent d'insécurité, le gouvernement camerounais au-delà de l'institution des Forces contre terroristes depuis 1998 à savoir le Bataillon d'Intervention Rapide (BIR), le Groupement Polyvalent d'Intervention de la Gendarmerie Nationale (GPIGN), tout récemment le BIR DELTA doit mettre l'accent sur le renseignement militaire qui demeure le parent pauvre de son système de défense.
L'acquisition du renseignement est le préliminaire obligatoire et déterminant pour l'efficacité de l'action ultérieure et sur lequel se fonde la décision du chef. Celui-ci doit donc exprimer des besoins à partir desquels sera construit le plan de renseignement et de recherche. Ils seront ensuite essentiels à la conduite de la manoeuvre.
Au delà de la description d'un dispositif et de sa localisation, la finalité du renseignement est de comprendre la structure et l'intention de l'adversaire et de maîtriser l'environnement, puis d'évaluer le rapport de force initial et d'estimer le potentiel adverse. Un tel objectif implique qu'au renseignement militaire de toute origine, doit être combiné selon les circonstances et le contexte, celui fourni par les forces locales, les forces de police ou par l'action diplomatique ou les populations. C'est la diversité des sources d'information puis leur analyse et leur exploitation qui permettent d'appréhender l'environnement physique, politique et culturelle de l'action. Cette analyse doit en outre contribuer à la compréhension des lacunes adverses afin de saisir les opportunités, de créer la surprise, voire de les
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provoquer. Même si dans tous les cas la complémentarité des capteurs de la recherche du renseignement est fondamentale, le renseignement d'origine humaine est prééminent dans les conflits actuels (Coste 2008 : 55-56).
Au Cameroun, le statut « secret défense » fortement appliqué et respecté dans le service militaire certes indispensable, n'est pas de nature à favoriser la circulation de l'information structurant le système anti- terroriste. En effet, la conservation stricte du secret exclut dans sa pratique les civils de la structure de défense qui est de nature populaire. Or, les « architectes de l'insécurité » cohabitant avec le peuple peuvent mieux être identifiés par les civils suffisamment imprégnés des recherches militaires en cours et de la psychologie des terroristes. Cette force d'élite assistée des unités spéciales de Gendarmerie et alimentées par un important service de renseignement civilo-militaire peut limiter l'action des coupeurs de route et sécuriser les frontières et les façades maritimes.
La nature transnationale des nouvelles menaces exige des réponses multilatérales comme celles relatives à la signature aux cotés des Ministres de la Défense du Gabon, de la Guinée Equatoriale et de Sao Tome et Principe, de l'Accord Technique portant sur la mise en place d'un plan de surveillance pour la sécurisation maritime du Golfe de Guinée « Zone D » à Yaoundé le 06 Mai 2009 conformément à une résolution du Conseil de Paix et de sécurité de l'Afrique Centrale (COPAX). Mais, subsistait, la problématique du voisinage du Nigeria avec la zone « D ». A l'extrême nord du domaine maritime des Etats de la CEEAC se trouve le Nigeria qui fait plutôt partir de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Or, il se trouve que voisin de la zone D, ce pays connaît les mêmes impératifs sinon plus de la lutte contre la piraterie et le terrorisme maritime.
Les rigueurs du respect scrupuleux des frontières maritimes en dehors des accords spécifiques des Etats concernés rendent du même coup très difficile l'harmonisation de la lutte contre les actes illicites dans la zone
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« D », dans l'hypothèse ou les auteurs de ces actes trouvent refuge dans les eaux sous la juridiction nigériane. Et c'est là que l'on observe toutes les limites du Droit International spécifique à la lutte contre les actes illicites en mer.
Le bilatéral entre le Cameroun Nigeria étant suffisamment lesté par le passage des deux Etats à la Cour International de Justice (CIJ), il est difficile que les deux Etats trouvent facilement un accord qui faciliterait tout en autorisant le suivi des criminels dans leurs eaux respectives par celui des Etats qui mènent la poursuite.
La parade juridique et opérationnelle opérée par les stratèges de la CEEAC est appelée à reposer sur un dispositif associant non pas les Etats de la Zone D avec leur voisin nigérian, mais plutôt les deux ensembles régionaux voisins : CEEAC-CEDEAO. L'avantage d'une telle procédure serait de rendre immédiatement applicable l'accord régional conclut entre les Etats composant les deux entités avec ceci d'opportun que l'armada CEEAC-Zone D pourrait dans le stricte respect des procédures convenues, poursuivre les criminels au-delà des frontières maritimes du voisin si le cas de figure se présentait. Car, il faut le souligner, les eaux du Golfe de Guinée version CEEAC ne peuvent être durablement calme si les Etats voisins, surtout le Nigeria ne sont fortement pris en compte et associés aux instruments juridiques développés et aux stratégies militaires mise en oeuvre (Ntuda Ebodé 2009 : 144-145). Analyse et recommandation pertinente du Pr. Ntuda Ebodé, directeur du Centre de Recherches d'Etudes Politiques et Stratégiques (CREPS) de l'Université de Yaoundé II SOA, prise en compte avec la signature le 7 avril 2011 d'un Accord entre le Cameroun et le Nigeria sur la sécurité de leurs frontières communes. Cet Accord est le fruit d'un brainstorming entre experts camerounais et nigérians en charge des affaires de sécurité. Il témoigne l'engagement des deux pays à réprimer la piraterie maritime. C'est un instrument de coopération approprié notifiant les actions à entreprendre et le chronogramme des activités.
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La capacité des sociétés africaines et de ses dirigeants à faire face aux défis relatifs à la sécurité dépend grandement de la qualité de leur planification stratégique. Plus les problèmes de sécurité d'une nation sont difficiles et complexes, plus grande est la nécessité d'une approche stratégique. La stratégie est l'utilisation organisée et délibérée des ressources du pouvoir pour atteindre, protéger, ou promouvoir des objectifs, avec un minimum de gaspillage et un maximum de chances de réussite. Dans le domaine de la sécurité, toutes les nations définissent des objectifs et utilisent les instruments du pouvoir national pour les atteindre. Mais toutes les nations ne le font pas à l'aide d'une stratégie cohérente. Si un État choisit une approche stratégique, les actions appropriées du pouvoir national laissent la place aux actions méthodiques. Il en résulte une plus grande efficacité. Avant que les États africains puissent commencer à développer des stratégies nationales cohérentes, ils doivent renforcer le fondement de la sécurité, entendue dans le sens le plus large du terme. La prospérité, la bonne gouvernance (notamment, le fait de répondre à la volonté populaire), le consensus national et le développement du capital humain peuvent constituer le fondement de la sécurité. Celui-ci permettra aux dirigeants africains de bâtir la sécurité de manière stratégique. Ce processus comporte plusieurs étapes.
· Premièrement, toutes les stratégies requièrent la définition d'une vision nationale. C'est tout simplement une notion large de la situation recherchée par les dirigeants. En développant une vision et en obtenant le consentement de la société vis-à-vis des objectifs, les dirigeants peuvent entamer le processus de développement des plans et des programmes stratégiques. Dans le cas de l'Afrique, une vision stratégique impliquerait :Les F.A.C. face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une Armée « de garde » vers une Armée « d'avant-garde » 1960-2010
- Des méthodes efficaces pour favoriser l'essor économique et l'introduction dans le système politique de tous les groupes nationaux, évitant ainsi les conflits et les violences internes ;
- Un fort sentiment d'identité nationale et un consensus sur les objectifs nationaux et les procédures de mise en oeuvre ;
- La dissuasion vis-à-vis des ennemis extérieurs par une association de moyens politiques et militaires ;
- Si la dissuasion échoue ou si un conflit interne se produit, des effectifs de sécurité capables de défendre la nation de manière humaine et morale, soit seuls ou avec l'aide d'alliés ;
- La mise à disposition de ressources appropriées (mais non excessives) à la sécurité nationale ;
- Des organes de sécurité professionnels et efficaces Armée, police et services de renseignements qui jouent un rôle dans l'élaboration de la stratégie nationale, mais sous contrôle civil ;
- Une norme de coopération régionale et sous-régionale pour les problèmes communs ; et
- Des procédures régulières et officielles pour le développement de la stratégie nationale, son amélioration, et sa coordination avec les autres États de la région.
· Une fois la vision nationale développée, la prochaine étape consiste à identifier les intérêts et les objectifs nationaux. Il est important que l'évaluation des intérêts soit menée avec méthode, parce qu'elle permet de faire correspondre de manière logique les ressources avec les intérêts.
· Après avoir défini les intérêts, les planificateurs de la stratégie doivent entreprendre une évaluation honnête et complète de la menace. Elle permet d'identifier les groupes, les États, les organisations, ou les pratiques qui pourraient entraver la réalisation
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de la vision et menacer les intérêts nationaux. Dans l'environnement de la sécurité actuel, les menaces incluent les menaces traditionnelles, comme une invasion étrangère et une insurrection nationale, ainsi que les menaces non traditionnelles, comme les réfugiés, les maladies, la dégradation de l'environnement et le crime international. Cette évaluation de la menace ne doit pas seulement être une liste des menaces vis-à-vis de la sécurité auxquelles doit faire face une nation, mais elle doit également leur donner un ordre de priorité selon le degré de risque et de probabilité. Chaque société doit décider de la manière d'équilibrer ses efforts entre les menaces à haut risque et celles à haute probabilité.
· Une fois établies la vision nationale et l'évaluation de la menace, la planification stratégique entraîne la mobilisation et la coordination des ressources stratégiques, et une décision quant à la façon de les appliquer pour dissuader, améliorer ou résoudre les menaces. Il est important de garder à l'esprit, à ce stade, que la stratégie possède une dimension horizontale et une dimension verticale. La dimension horizontale coordonne les instruments du pouvoir national instruments économiques, politiques, militaires et psychologiques. Cela implique une coopération étroite entre les différentes branches et organisations au sein du gouvernement. La dimension verticale implique la planification sur le long terme, ainsi que sur le court terme. Les stratèges doivent décider comment mobiliser et coordonner au mieux le pouvoir national sur des décennies, ainsi que pour l'année à venir. Le « produit » final de ce processus est constitué des politiques et des programmes qui appliquent les ressources du pouvoir, afin de poursuivre les intérêts et les objectifs avec des moyens approuvés par la société dans sa majorité.La planification stratégique requiert un processus officiel et rationnel
pour développer la vision nationale, identifier les intérêts nationaux, évaluer
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la menace et exercer le pouvoir dans les dimensions horizontales et verticales. Un plan stratégique efficace doit subir des examens et des révisions régulières. Plus la communication avec le public et sa consultation sont importantes afin de représenter des éléments intégrés dans ce processus, plus grandes seront les chances de voir la stratégie émergente soutenue par un consensus national (le processus de développement de la stratégie et le processus de consultation doivent inclure tous les secteurs de la société). L'Armée et l'exécutif doivent travailler main dans la main avec les parlementaires, le secteur privé, les institutions financières, les organisations sociales et religieuses, les chefs locaux, les partis politiques, les médias, et les autres secteurs importants de la société. La volonté des citoyens doit être identifiée et prise en considération.
Il est évident qu'il existe des éléments de la stratégie nationale qui doivent être gardés secrets. Il est cependant utile qu'un gouvernement diffuse un document public qui explique les intérêts de la nation, les menaces et, en termes généraux, les programmes et les politiques avec lesquels le pouvoir national protège et promeut ces intérêts. Les États-Unis ont trouvé utile de publier un document annuel public sur la stratégie de sécurité nationale. Ce document permet un dialogue sur la sécurité nationale, ce qui constitue pour le gouvernement un moyen de comprendre la façon dont le public la perçoit. Le gouvernement peut ainsi ajuster la stratégie en conséquence. Même si un tel document est publié, les dirigeants nationaux doivent continuellement expliquer la stratégie au public et écouter ses préoccupations et ses points de vue. Les médias peuvent jouer un rôle essentiel dans l'éducation du public au niveau de la sécurité. Ils peuvent également contribuer à l'information des dirigeants nationaux. Plus les médias comprennent la stratégie, plus le processus fonctionne de manière fluide.
Bien que cela soit souvent négligé, une approche stratégique de la sécurité implique aussi de concevoir des programmes pour l'identification,
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la formation et la rémunération des stratèges. La stratégie est un art complexe. Tout le monde n'est pas capable d'élaborer une stratégie. Pour produire des stratèges, une nation doit avoir, dans ses universités et ses organisations non gouvernementales, des programmes sur les questions de défense et de sécurité, un programme complet d'enseignement militaire professionnel, et une méthode d'identification et d'enseignement des civils qui ont un don pour la stratégie. Cette composante finale ne peut pas être surestimée : le contrôle efficace du secteur de la sécurité par les civils requiert que les fonctionnaires élus (les politiques) et les fonctionnaires de carrière (les bureaucrates) comprennent les questions relatives à la défense, à la sécurité et à l'Armée. Ainsi, ils sauront quand il convient de travailler de concert avec l'Armée, et quand il importe de déléguer des responsabilités aux militaires. Pour assurer cette finalité, les États africains doivent envisager d'envoyer des fonctionnaires qualifiés suivre des programmes d'études supérieures en Afrique et à l'étranger, ce qui aidera au développement de ces programmes dans leurs propres universités, et permettra de tirer le meilleur profit de programmes comme celui du Centre d'études stratégiques de l'Afrique (CESA)83 et celui du Centre de recherches et d'Etudes politiques et Stratégiques (CREPS)84.
83 Le Centre d'Etudes Stratégiques de l'Afrique appuie la politique africaine des Etats Unis en travaillant avec les pays africains en vue d'accroître la sécurité et de promouvoir la démocratie en Afrique. Le CESA poursuit sa mission en encourageant davantage de professionnalisme ainsi que des principes démocratiques dans le secteur de la sécurité en Afrique au travers de programmes axés sur l'harmonisation des points de vue sur les difficultés communes en matière de sécurité, sur la sensibilisation au rôle de la sécurité dans les sociétés civiles et sur le rejet du soutien idéologique au terrorisme et à l'extrémisme. Les programmes du CESA favorisent également une interaction dynamique entre hauts responsables militaires et civils et la mise en place de réseaux professionnels viables.
84 Centre de Recherches d'Etudes politiques et stratégiques de l'Université de Yaoundé II Soa dirigé par le Pr NTUDA EBODE J. V. est spécialisé dans l'analyse stratégique et géopolitique. Il occupe une place importante dans la recherche d'une définition géopolitique des politiques de sécurité en général et de sécurité maritime en particulier. Les nombreux partenariats développés avec d'autres centres de la sous-région tels que le CERGEP de l'Université d'OMAR BONGO au Gabon, le partenariat avec le Cours Supérieur Interarmées de Défense (CSID) dans le cadre d'un échange de compétences et
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L'évolution de la forme des conflits renforce la nécessité d'agir au travers d'un combat interarmes consubstantiel à l'action terrestre ; de maîtriser la force, la technologie, le temps, la violence ; de s'adapter face à l'asymétrie croissante ; d'accompagner la restauration de l'Etat (Coste 2007 : 36-78).
Le combat aéroterrestre est interarmes par nature. Les caractéristiques d'un milieu extrêmement varié et segmenté interdisent de concentrer sur une unité ou plate-forme toutes les fonctions nécessaires à un combat donné. Le combat interarmes combine au sein de structures tactiques les effets de fonctions opérationnelles les « armes » habituellement réparties dans les unités distinctes. Clé de l'intégration interarmées, sa maîtrise permet au commandant d'une opération de disposer d'une force aéroterrestre agissant de manière cohérente au sol et près du sol tout en assurant la complémentarité nécessaire avec les autres Armées.
Le combat interarmes répond parfaitement à l'importante croissante de l'action dans des zones urbanisées qui rend encore plus nécessaire la coordination des effets. Dans ce milieu cloisonné aux espaces restreints, le succès ne peut se concevoir sans une combinaison et une intégration temporaire des diverses capacités. En cours de conflit, la diversité des situations et l'évolution des conditions d'emploi de la force renforcent la nécessité de l'action interarmes.
Longtemps limitée vers le bas au niveau des brigades puis à celui des groupements tactiques, c'est-à-dire aux structures de type bataillonnaire ou
de savoirs ne peut que s'inscrire dans la dynamique d'instauration d'un nouvel essor sécuritaire sous-régional.
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régimentaire, l'action interarmes s'avère maintenant nécessaire aux échelons subordonnés. Les compagnies d'infanterie et les escadrons blindés doivent pouvoir former l'ossature de sous groupements tactiques interarmes sur lesquels s'agrègent les fonctions de contact ou d'appui nécessaires pour une mission donnée. Par ailleurs, particulièrement en milieu cloisonné, il s'avère souvent utile de constituer des détachements interarmes de volume réduit, de la valeur d'une section voire d'un groupe.
Enfin, en passant de l'intervention initiale ou sont impliquées les fonctions opérationnelles optimisées dans ce but, à une phase de stabilisation visant à établir les conditions de la paix, les Forces terrestre voient leurs besoins capacitaires évoluer par une forte croissance des fonctions de contrôle du milieu de sécurité et de mobilité au dépend de celle de destruction et d'agression. Cependant, si elles doivent pouvoir passer au second plan, les armes de destruction doivent pouvoir être immédiatement disponibles, car elles restent nécessaires pour dissuader un adversaire ou le contraindre en cas de reprise des violences. Aussi toutes les unités doivent être en mesure d'exécuter des formes d'actions interarmes adaptées à la stabilisation puis à la normalisation et posséder un socle commun de formation qui renforce la capacité d'adaptation et de réversibilité des Forces terrestre sur les théâtres d'opération.
Faire face aux menaces commande de maîtriser la force, la technologie et la violence
Dans un contexte de conflit asymétrique, l'usage de la force demeure intimement lié aux objectifs politiques et militaires. Il doit pouvoir être
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ajusté à tout moment et être adapté à la phase du conflit, à la violence qui y règne et à l'environnement des troupes. En intervenant par la force, les Forces terrestre doivent dominer les forces adverses en les contraignant à cesser les attaques.
Mais la maîtrise de la force n'est pas de la pusillanimité dans l'action. Engager une Force terrestre impose de disposer des moyens suffisants pour atteindre l'objectif fixé. Intervenir par la force par exemple la libération des otages, c'est pouvoir supplanter l'adversaire par la supériorité tactique, la qualité des acteurs, leur endurance, leur entraînement, leur détermination, la performance des équipements et la maîtrise de l'information comme de l'environnement.
La population est le centre de gravité de la plupart des opérations ou, au moins, un des points clé du succès. Aussi, doit-elle toujours être au centre de la conception et de la conduite des opérations. Il est essentiel de la dissocier de l'adversaire, de la rallier pour le déterminer. De même en coordination progressive avec elle, il est nécessaire de pouvoir répondre rapidement qui ne demande bien souvent qu'à vivre dignement et en sécurité suivant sa propre normalité.
Isoler l'adversaire tout autant que le vaincre et le défaire au cour de la phase d'intervention ou des missions de combat en phase de stabilisation, l'un des objectifs des unités terrestres est d'amener la population à ne pas soutenir celui-ci, voire à le rejeter. Résistant au piège de l'ennemi, à l'engrenage de la violence qu'il cherche à alimenter, il faut convaincre la population de leur succès en frappant l'adversaire avec détermination chaque fois que nécessaire. Il faut aussi épargner à celle-ci les souffrances du combat pour qu'elle trouve son intérêt dans leur réussite et, ainsi, la pousser à prendre partie en leur faveur.
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Produire de la sécurité pour ceux qui, sur un théâtre d'opération, vivent dans la crainte de la violence, des exactions, des massacres parfois, des soldats qui veillent aux cons de la rue, la patrouille qui sillonne la zone ou la section est installée dans le poste dominant le quartier sont vus comme les garants de leur sécurité. Plongé dans l'insécurité et le malheur, les populations réclament l'ordre et la justice qui, pour elle, se traduisent d'abord par la sécurité des biens et des personnes. La sécurité des populations peut être une mission explicite des troupes ou n'être qu'une conséquence de leur présence. Aussi, s'agit-il pour les unités et en premier lieu pour le commandement d'en évaluer correctement le besoin et de définir tout autant les modes d'actions applicables que les limites de l'action. Tout échec, même ponctuel, intrusion dans une enclave protégée, agression d'un membre d'une minorité, attaque d'un village, tuerie, est portée au débit de la force dans son ensemble et peut remettre en cause la légitimité de sa mission.
Préoccupation majeure des populations, en particulier après les combats initiaux de la phase d'intervention, la sécurité est le plus grand défi qui se pose aux Forces terrestre. Elle est la condition première de toute reconstruction politique et socio-économique. En faite, au-delà d'une sécurité des personnes, souhaitable mais toujours relatives et ne relevant pas de la seule force militaire, la population a besoin d'un sentiment général de la sécurité. Il relève de l'action conjointe des Forces Armées et des Forces de Police (locale ou internationale) tout autant que de celle des autorités légitimes.
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La technologie est un multiplicateur d'efficacité pour les Forces terrestre et leur permet de conserver l'ascendance sur l'adversaire. Elle procure les avantages les plus significatifs dans la lutte dissymétrique et favorise la victoire militaire grâce au surcroît de puissance et à la supériorité qu'elle offre.
La maîtrise des technologies de l'information en est l'aspect le plus fondamental et le plus prometteur. Elle permet l'intégration de systèmes, la mise en réseau des moyens d'acquisition, de traitement et d'agression et d'une capacité sans cesse accrue dans le partage d'informations. La réduction significative des délais de réaction et de frappe et de capacité d'emploi de systèmes pouvant alors agir non plus de manière séquentielle mais simultanée, permettant aux Forces terrestre de bénéficier d'une intégration interarmées croissante. Elle leur donne la faculté de réduire voire, d'annihiler les capacités d'action des acteurs de l'insécurité. L'usage des nouvelles technologies de l'information optimise la manoeuvre et facilite la désagrégation des forces adverses.
Au service de la protection, la technologie peut très fortement réduire la vulnérabilité des troupes. Elle renforce la performance des équipements de protection et des blindages et assure, ainsi, une meilleure survie des individus et des équipages d'engins ou d'aéronefs face à tous les types de menaces.
Cependant, le haut niveau technologique d'une Force terrestre se traduit parfois par des problèmes d'interopérabilité au sein de coalition dans lesquelles les alliés peuvent avoir des standards différents. Ceci limite les capacités d'actions communes et les contraint à se tenir en deçà des possibilités des équipements des unités technologiquement les plus avancées.
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La forme asymétrique des conflits actuellement prépondérante et la place primordiale prise par les phases de stabilisation ne permettent plus de mesurer la capacité des Forces terrestre à la seule sophistication de leurs Armées. Confrontée à la supériorité parfois écrasante d'une Force militaire, l'adversaire bascule généralement dans un combat d'une autre nature qui tend à rendre vaine la suprématie technologique qui lui est opposée. Se disséminant dans le milieu, refuse de tenir le terrain et de servir d'objectif, il oppose l'absence de cibles aux capacités croissantes d'acquisition et de traitement détenues par les Forces Armées et contraint souvent celles-ci à demeurer en deçà du seuil d'utilisation des équipements les plus performants. Il développe la lutte dans d'autres domaines que ceux sur lesquels la Force terrestre s'efforce d'agir. Aussi, sans renier les avantages incontestables qu'elles apportent, doit-on, tout à la fois, bien mesurer l'apport de nouvelles technologies, en orienter l'utilisation au service de la lutte dans le contexte asymétrique.
L'adversaire potentiel et l'ennemi déclaré bénéficient eux aussi, du progrès technique, y compris dans le domaine militaire, dont la large diffusion modifie la physionomie de certains engagements. La banalisation et la circulation d'armes modernes sur tous les théâtres d'opération accentuent les menaces directes ou indirectes sur les Forces engagées. De plus, à l'image de la lutte permanente de la lance et du bouclier, ceux qui s'opposent aux Forces militaires exploitent les technologies à l'usage civil qu'ils parviennent à détourner à leur avantage.
Laissant, pour un temps, les forces sans parades, ils réussissent à conquérir certaines formes de suprématie locale et contraignent celles-ci à une adaptation coûteuse et difficile comme l'illustre l'emploi de plus en plus général des engins explosifs commandés à distance.
Cependant, en fournissant des ripostes aux menaces nouvelles, le progrès technologique permet aux Forces de lutter dans les mêmes champs
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que l'adversaire et ainsi, de réduire l'asymétrie. Le retour d'expérience renforce cette aptitude, il s'appuie sur un cycle dont la maîtrise, la continuité et la rapidité contribuent à développer une capacité d'adaptation relative orientée sur la satisfaction des besoins opérationnels des Forces terrestre et, en particulier des troupes qui luttent sur le terrain. Parfois contradictoire avec des modes d'acquisition d'armes et d'équipement fortement encadrés, cette capacité est une nécessité pour conserver l'ascendant sur un adversaire en évolution constante.
Indépendamment du temps de la décision politique, celui de l'engagement est généralement marqué par l'urgence, au moins pour une partie des forces. Celles-ci se fondent sur des qualités acquises sur une longue période et maintenues par un effort quotidien. La réactivité des Forces terrestres est la première d'entre elles. Elle est une composante de la réactivité générale interarmées avec laquelle elle doit demeurer cohérente et reste étroitement liée à celle des autres Armées. Un dispositif d'alerte sur le territoire national, la présence d'unité à proximité de régions en crise en sont les aspects essentiels. L'anticipation permet à la réactivité des Forces terrestres de trouver sa pleine expression. Elle doit se fonder sur une capacité de planification « froide » et une organisation de l'Armée de Terre qui permette d'engager une partie des forces sans déstructurer l'ensemble.
Agissant dans l'urgence et usant de toute la puissance disponible, l'Armée de Terre doit s'apprêter à y demeurer. Elle doit donc posséder la capacité de faire évoluer le volume et les équilibres capacitaires d'un contingent présent sur un théâtre en fonction de la situation du moment.
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En dehors de la phase des combats, la violence peut viser directement les Forces terrestres ou prendre pour cible les autres acteurs du conflit. Souvent atomisée et sporadique, sa rationalité est parfois difficilement perceptible par les forces.
Fondée sur l'utilisation du terrorisme comme mode d'action principal, la guérilla urbaine représente la réponse la plus facile et la plus efficace, dont la plus probable, dans le combat du faible contre le fort. C'est celle à laquelle les Forces terrestres sont confrontées chaque fois qu'un ennemi s'oppose à leur action. L'objectif de l'adversaire est de les défaire en pesant sur la volonté du Cameroun faute de pouvoir en vaincre les forces.
L'opposition de la population, ou d'une partie de celle-ci, peut être manipulée ou résulter d'incidents mettant en cause les Forces engagées. Elle se manifeste alors par des obstructions aux missions des Forces terrestres ou des explosions de haine et de violence de foules plus ou moins nombreuses contre tout ce qui symbolise l'intervention étrangère. Ces actions peuvent être spontanées. Plus souvent, elles visent à décrédibiliser les forces ou les pousser à l'erreur en cherchant à provoquer une réaction démesurée pouvant être exploitée.
La lutte d'un groupe contre un autre sur des critères ethniques, politiques ou religieux se traduit par des assassinats, des attentats, des attaques contre la population, des massacres, des enlèvements qui peuvent avoir lieu sur toute l'étendue du théâtre d'opération. La barbarie caractérise nombre de ces actions qui visent à faire le maximum de victimes. Leur permanence et la difficulté de les prévenir présentent un redoutable défi. Ici aussi, on peut chercher à atteindre la crédibilité de la force ou la légitimité de sa présence. On peut aussi vouloir peser sur la sortie de crise, mettre à mal une évolution positive ou pousser certaines troupes à l'exode. Le refus,
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l'ignorance pour certains, du droit de la guerre, du droit dans la guerre, caractérisent l'usage habituelle d'une violence parfois aggravée par le fanatisme et le déni des valeurs occidentales de la part d'adversaires agissant en dehors de tout cadre étatique. Le rejet absolu d'une telle logique et d'une grande vigilance en la matière s'impose aux Forces.
c) S'ADAPTER FACE À L'ASYMÉTRIE CROISSANTE
La lutte contre l'asymétrie ne peut se limiter à éliminer les menaces dont l'évolution permanente contrecarre l'efficacité d'un combat sans fin. Elle passe par une compréhension de sa nature, un renseignement approprié et une bonne gestion de l'information.
1- COMPRENDRE L'ASYMÉTRIE
Comprendre l'asymétrie, c'est d'abord comprendre les acteurs du conflit et les conséquences de leur combat. Hostile à la force, un ennemi peut se fixer comme but de lui faire échec et lutter directement contre elle. Parfois, tel acteur n'agira qu'en fonction d'objectifs ou d'intérêts qui sont propres sans considérer les Forces militaires comme les objectifs de son combat. Certains privilégieront les aspects politiques, des oppositions ethniques, les relations de foule, la violence déclarée pour mettre les forces en difficulté. Ils se situent souvent au confluent du politique et du militaire et, sans hiérarchie formelle, font habituellement partie d'organisations horizontales douées d'une grande capacité d'adaptation. Les actions d'ordre technique, attentats, assassinats, prises d'otages, attaques d'un village ou d'une unité, émeutes ou manifestations influent directement sur le niveau stratégique. Face à cela, leurs armes paraissent souvent peu adaptées et, si elles se retrouvent souvent dans leur seuil d'utilité, il arrive aussi que le risque soit grand d'en faire un usage inapproprié et contre-productif mis directement à profit par l'adversaire dans sa démarche de « propagande par les actes ».
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La lutte contre les menaces asymétriques suppose une grande agilité des chefs et des systèmes de commandement dans la planification comme dans la conduite. La faculté d'adaptation, la force sur le théâtre, comme de l'Armée de Terre en général est une des clés du succès, car l'adversaire est un être vivant et réfléchi qui s'adapte. Il s'agit de le devancer ou d'être condamné à n'agir qu'en réaction.
Les unités terrestres doivent développer les capacités d'innovation très rapide. Le rôle des petits échelons, cellules de base, celles qui, confrontées quotidiennement aux problèmes ne cessent d'imaginer des solutions les plus appropriées, est primordial. L'initiative doit être encouragée de manière à favoriser l'émergence des parades aux menaces asymétriques. Cette action en provenance du terrain doit être soutenue par un dispositif central qui, tout à la fois discipline le foisonnement des idées, oriente le recueil des expériences et offre la réactivité nécessaire pour apporter des réponses immédiates quand l'urgence le commande.
2- LE RENSEIGNEMENT, COMPRENDRE TOUT AUTANT QUE SAVOIR
La compréhension de l'adversaire et de l'environnement impose de mettre l'accent sur le renseignement qui est, le plus que jamais, une fonction essentielle de l'engagement opérationnel et une condition du succès. Cependant, la recherche même du renseignement est complexe quand il s'agit d'établir les conditions d'un retour à la paix, de lutter contre des menaces asymétriques ou de rétablir la confiance.
En passant de la symétrie à l'asymétrie et au sein d'un même conflit d'une phase à une autre, les Forces terrestre doivent passer d'un renseignement ou la recherche d'indices matériels permet de déterminer les dispositifs et d'imaginer les intensions à un renseignement plus subjectif ou l'analyse systémique trouve sa place. Les équipements souvent indécelables et confondus au milieu ne sont plus des signes suffisants pour pénétrer les
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intentions de l'adversaire. C'est bien l'état d'esprit et la volonté des autres qu'il s'agit de comprendre et la recherche d'un tel renseignement est confrontée au choix des informations utiles. Elles rencontrent, en outre, une difficulté particulière lorsqu'il s'agit de comprendre un environnement foncièrement différent. Cette caractéristique fait du problème de la langue un des plus critiques pour le renseignement en phase de stabilisation, comme pour toutes les opérations au contact du milieu.
La technologie revêt dans le renseignement une part fondamentale, les moyens techniques qui sont consacrés à la recherche permettent de développer les instruments d'analyse et de synthèse nécessaire et accroissent la capacité des forces à lutter contre les formes variées de menaces. Mais les outils techniques permettent surtout de savoir là ou il s'agit désormais principalement de comprendre. La recherche humaine doit disposer de spécialistes qui, à une solide formation militaire, adjoignent des connaissances approfondies du théâtre, des sociétés et des cultures des groupes qui s'affrontent, de tout ce qui permet au chef de comprendre, de « sentir ».
En outre, par nature, les conflits asymétriques s'aventurent dans des domaines non militaires qu'il s'agit pourtant d'appréhender dans le cadre de l'opération et de la manoeuvre en cours ou en préparation. La recherche du renseignement s'y appuie sur d'autres acteurs, sur d'autres réseaux, sur d'autres ministères. Elle participe aussi, à une lutte élargie, les informations recueillies alimentant d'autres bases que celle de la force engagée.
Le renseignement n'est pas seulement nécessaire aux phases d'affrontement armé. Il appuie la manoeuvre dans toutes ses dimensions parmi la population. La recherche du renseignement doit permettre au chef de confronter les modes d'action, d'anticiper les fronts, d'identifier les difficultés quand il lui faut de soutenir un processus électoral, désarmer les combattants, aider à la liberté de circulation...
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3- COMBATTRE PAR L'IMAGE
La lutte pour l'information est un impératif constant qui se pose aux Forces terrestres avec d'autant plus d'acuité dans un conflit asymétrique qu'une part des actions adverses reposent elles-mêmes sur l'exploitation des moyens d'information et la manipulation des actions publiques. Ce qui est cru est plus important que ce qui est vrai. Les emballements et les distorsions médiatiques peuvent influencer les décisions opérationnelles et agir sur le cours des choses en contradiction avec l'action des troupes sur le terrain. Par exemple, bien souvent, les agressions de jeunes gens armés de leur seule fronde contre des soldats lourdement équipés n'ont pour but de présenter au monde une lutte inégale et de données à croire que leur combat est juste, puisqu'il est celui de l'opprimé, celui de David contre Goliath.
Le combat par l'image est caractéristique de la lutte asymétrique. Aussi doit-il être celui des Forces terrestres tout autant que celui de leurs adversaires. Lutter contre une information partiale et biaisée, présenter sa propre vision, diffuser son propre film des évènements qui occupent la « une » du moment sont nécessaires au succès. Ils peuvent aussi parfois éviter que des réussites tactiques ne se transforment en échec stratégique. Les Forces terrestres doivent être aptes à conduire des manoeuvres offensives tout autant que défensives dans le domaine de l'information et de la communication.
La question des relations entre « civiles et militaires » n'est pas récente. Pourtant, elle se trouve posée de manière radicalement nouvelle depuis la fin de la guerre froide, et plus peut-être depuis les attentats du 11 Septembre 2001. Suivant en cela les mutations de la scène internationale, le rapport entre civile et militaire se révèle beaucoup plus complexe que ne le laisse accroire un chemin binaire tenant le civil et le militaire comme deux
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champs totalement hermétiques l'un à l'autre. Qu'on le déplore ou que l'on s'en réjouisse, ce schéma ne résiste pas à une rigoureuse analyse des conditions pratiques et symboliques dans lesquelles ces acteurs sont amenés à agir.
La relation civilo-militaire se définit, en effet au contact des nouvelles réalités internationales comme celle qui se caractérise à la fois par l'irruption de nouveaux acteurs dans le champ international (Organisations Internationales, Organisations Non Gouvernementales, acteurs économiques, Mafias etc.) et par de nouvelles formes de conflictualités.
L'enjeu majeur d'une telle hypothèse « civil et militaire », ne se réduit pas, dès lors, à sa dimension normative, c'est-à-dire à une interrogation sur la nécessité ou non de développer des relations entre ces différents acteurs. Cette question garde bien évidemment toute sa légitimité, et ce d'autant plus qu'elle se repose à chaque fois de manière singulière pour les acteurs impliqués dans la sécurité. Il s'agira également d'interroger la nature des relations et les dispositifs qui se développent en pratique sur le terrain entre les différents acteurs partis à des interventions dont l'objectif vise la sécurité, la paix sociale, préalable du développement.
Lors des guerres conventionnelles ou les Forces de Défense avaient comme belligérants une Armée clairement identifiée, les civiles ne faisaient pas partir de l'effort de guerre. Au service d'un gouvernement défensif ou offensif, la question de la relation civilo-militaire pouvait sembler négligeable dans l'atteinte des objectifs de l'Etat. Mais depuis le 11 Septembre 2001, le monde fait face à une nouvelle dynamique mettant à mal la souveraineté des Etats. Il s'agit de « l'ennemi inconnu » qui ne se fait remarquer que par l'ampleur de ses dégâts. Du fait de son habilité à fondre dans la nature parmi les populations, il opère dans l'ombre sous l'impuissance des Forces de Défense à l'attente d'un ennemi. Les attentats
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du World Trade Center constituent une parfaite illustration de l'habilité des Forces dites « transverses » et de l'impuissance de l'hyperpuissance américaine face aux « soldats civils ». Cela va sans dire que les redoutables Marins américaines du haut de leurs armements up to day n'ont pas pu détecter les artisans du réseau Al-Qaïda jusqu'au jour fatidique. Pourtant, il existe aux Etats-Unis d'Amérique (USA) un important service secret assuré par le Fédéral Bureau Investigations (FBI) qui d'après des sources sures, avait eu vent de la préparation d'un attentat savamment orchestré pendant des années sur leur territoire. Mais n'étant pas en étroite collaboration avec le Pentagone, leur information n'a pas fait tache d'huile, car devant au préalable être vérifiée et approuvée par d'autres instances avant qu'elle ne parvienne à la haute hiérarchie militaire et politique seule habilitée à prendre des décisions.
Il apparaît ici que l'absence d'une véritable relation civilo-militaire a coûté cher aux USA car, la multitude d'instances entre les acteurs civils et le commandement militaire n'a pas été au service de la spontanéité requise face à cette nébuleuse. Or, une symbiose entre les deux parties l'une, apportant des informations, l'autre, puissance agissante aurait permis d'étouffer le mal dans l'oeuf. A l'épreuve des faits, la nature des soldats civils (Al-Qaida, le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC), les Groupes Islamistes Armés (GIA), les coupeurs de route, le MEND, les Bakassi Freedom Figthers...) responsable des nouvelles formes de menaces impose comme mesure stratégique une relation civilo-militaire, les civils à même détecter l'ennemi qui se frotte à eux en toute sécurité à la quête des zones d'affluence, les militaires capables d'annihiler tout foyer d'insécurité. Tout gage de sécurité passe par la mise à contribution de cette relation à trait d'union. Il est question pour les instances politiques de sensibiliser et d'informer la « partie civile » de la nouvelle réalité internationale porteuse de nouvelles menaces avec pour cible privilégiée les populations, de la relative capacité de la « partie militaire » à assurer leur
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sécurité sans leur véritable participation. Ces derniers peuvent alors coopérer au sein des institutions à l'instar du département de la sécurité intérieure américain employant 180.000 fonctionnaires parmi lesquels les militaires, les policiers et des simples citoyens85 ; des agences de renseignement comme le FBI ou cohabitent les unités civiles et militaires au service de la sécurité américaine ; des bureaux d'enquêtes et de renseignements comme Interpol...
Parlant des relations civilo-militaires, il peut s'agir des relations institutionnelles ou inter-institutionnelles et des relations de partenariat ou de collaboration.
On peut entendre par relation institutionnelle civilo-militaire, cette affinité que peuvent entretenir les civils et militaires au sein d'une institution étatique régionale, nationale ou internationale ou affinité entre deux institutions, une civile et l'autre, militaire. Il s'agit des relations que militaires, policiers et individus peuvent entretenir au sein d'un ministère à l'instar de celui de la sécurité intérieure chargée des missions de sécurité et de défense. La mission de sécurité préventive assurée par les Forces civiles, n'étant pas à la hauteur de la menace, il faut impérativement associer l'action réservée aux Forces régulières d'où la coopération sécurité-défense qui s'impose et se retrouve aujourd'hui comme option de rehaussement de l'effort de défense des Nations unies, des Organisations régionales et des
85 http://fr.wikipedia.org/wiki/guerre contre le terrorisme_cite-note-0-cite-note-0 Thèse de Doctorat/Ph.D en Sce Po, UY2, 2011 Ernest Claude MESSINGA 326
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Etats. Chaque organisation, chaque Etat développe effectivement ses propres mécanismes permettant se régler les relations sécurité-défense.86
S'agissant des relations inter-institutionnelles, allusion est faite à la coopération entre deux institutions l'une, civile, l'autre, militaire. Tel est le cas aux USA par exemple, ou l'accent à été particulièrement porté ces dernières années sur la coopération croissante et l'intégration des relations inter agences entre le département d'Etat, les Commandements militaires dépendant du Pentagone et les agences d'aide à la coopération : c'est la coopération inter-institutionnelle ; au Royaume Uni, ou ce mouvement est également largement amorcé ; au Canada, ou l'approche 3 D (Diplomatie, Défense, Développement) vise définir les relations des différents ministères en les encrant dans la coopération toujours plus étroite. En France aujourd'hui, la Direction de la Coopération de Sécurité et de Défense (DCSD) est une composante incontournable de l'action diplomatique de la France. Sa naissance le 16 Mars 2009 traduit la volonté énoncée dans le Livre Blanc Affaires Etrangères et celui de Sécurité et Défense d'un traitement global de ces problématiques. Composée de Diplomates, de militaires et de Policiers, la DCSD travaille en étroite concentration avec le Ministère de la Défense et celui de l'Intérieur. Elle propose une coopération structurelle, complémentaire d'une coopération opérationnelle menée par l'Etat-Major des Armées, les différentes armes et la Gendarmerie d'une part, et par le Service de Coopération Technique Internationale de Police (SCTIP) d'autre part.87
Il s'agit ici des relations pouvant exister entre le Ministère de la Défense et un centre de recherche technologique civil ou un centre d'études politiques et stratégiques par exemple. Les centres de recherche peuvent de
86 http://www.operationspaix.net/-Relations-civiles-militaires- 87 http://www.operationspaix.net/-Relations-civiles-militaires-
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par leurs avoirs scientifiques participer à l'effort de défense nécessitant aujourd'hui les ferveurs de tous les citoyens. C'est d'ailleurs ce que traduit en 2006 Mme Michèle Alliot-Marie, Ministre français de la Défense lorsqu'elle souhaite un dépassement des frontières entre militaire et civil pour mutualiser expériences et savoir-faire.
Elle souligne que le ministère de la défense s'intéresse, autant aux questions militaires, à la santé, la recherche, l'industrie ou les nouvelles technologies gage du développement et de la maîtrise des technologies de pointe nécessaires à la sécurité de demain. Elle va ainsi se charger d'appuyer les recherches civiles et militaires, qui sont de plus en plus imbriquées.88 C'est une attitude fort louable car, nous devons dès aujourd'hui évaluer précisément les besoins, mettre en place des structures, développer les outils, les équipements et les technologies qui nous permettront de faire face aux risques de demain.
Il existe une communauté technologique avérée entre les missions de sécurité et celles de défense. De nombreux programmes de recherche menés aujourd'hui par la Défense contribuent donc à la sécurité. Depuis longtemps, les recherches initialisées par la défense pour répondre à ses besoins ont de nombreuses retombées dans le domaine civil. Elles profitent aux principaux secteurs de l'industrie nationale : l'énergie, l'aéronautique et spatial, l'automobile, les communications, la sécurité.
· Les domaines « duaux » de coopération sont aujourd'hui de plus en plus nombreux :- biotechnologies et technologies pour la santé,
- micro- et nano-technologies,
- technologies de l'information et de la communication,
- technologies spatiales,
- robotique,
88 http://www.defense.gouv.fr/sites/defense/decouverte/leministère/ministre_de_la.defense /declarartion/2006/mars/minatec-grenoble le_24_mars_2006
Thèse de Doctorat/Ph.D en Sce Po, UY2, 2011 Ernest Claude MESSINGA 328
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- aéronautique et propulsion, etc.89
Face à cette imbrication croissante des technologies civiles et de celles de la défense, face aussi au coût des programmes, nous ne pouvons plus nous permettre les duplications, déclare le Ministre de la défense français qui souhaite que la Défense s'ouvre le plus possible vers la recherche civile. A l'image des pôles de compétitivité, cette ambition doit mobiliser tous les acteurs, qu'ils soient militaires ou civils, publics ou privés. C'est ainsi que nous viendrons à bout des nouvelles formes de menaces
Pour le gouvernement camerounais, la réponse à la crise de sécurité passe par la relation civilo-militaire, ce que révèle à bien des égards le thème de la 37ème Fête de l'Unité le 20 Mai 2009 à savoir « Forces de Défense et Nation, ensemble pour la consolidation de la paix sociale et du développement ».
La relation civilo-militaire loin d'être à son zénith au Cameroun fait son bonhomme de chemin à travers la sécurité des frontières, le maintien de l'ordre public, la lutte contre le grand banditisme et la contrebande, la sécurité des hommes et de leurs biens, constituant les missions des Forces de Défense et de Sécurité plus ou moins en collaboration avec la société civile. Elle s'illustre par ailleurs dans la réalisation d'importants projets de développement tels la construction des routes et autres édifices par le Génie Militaire, ainsi que des oeuvres sociales tels que la santé (hôpitaux militaires), l'éducation (les écoles militaires). Un vaste programme qui ne peut être réalisé que s'il existe une véritable synergie dans l'action entre Forces de Défense et la Nation.
89 Op cit
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Partant de la Gendarmerie Nationale à la Sûreté Nationale en passant par le corps national des sapeurs pompiers et l'Administration des Douanes, la mission principale se trouve être la sécurisation, la protection des biens, préalable de tout développement.
Dans l'Administration des Douanes par exemple, on retrouve deux corps depuis 1975 : un corps actif (en uniforme) et un corps sédentaire (civil) ayant une mission unique à savoir la sécurisation des intérêts de l'Etat, le recouvrement des droits et taxes de douane et la protection des industries camerounaises.
La Gendarmerie Nationale également s'illustre par sa double mission de sécurité et de Défense à savoir : la protection des personnes et des biens avec l'épineux phénomène des coupeurs de route qui tend à se nationaliser ; le maintien de l'ordre à visage humain face à la résurgence des manifestations de rue ; la sécurisation des frontières et notamment la façade maritime avec le montée du phénomène des preneurs d'otages sur les eaux territoriales ; concourt à la défense nationale en liaison avec les Forces spécialisées relevant du Ministère de la Défense (Armée de Terre, de l'Air et la Marine Nationale) en temps de paix comme en temps de guerre ; remplies les missions de police judiciaire, de police administrative ; la sécurité des hommes et des biens face aux assaillants et pirates qui ont pignon sur mer. Forces de protection, d'assistance et de secours des populations par excellence, les hommes et femmes qui servent sous le béret rouge sont au service de tous avec la nécessaire collaboration des populations de par leurs renseignements : c'est une Gendarmerie de proximité gage de la maîtrise du renseignement et de l'action.
La Sûreté Nationale en tant que composante à part entière des Forces de sécurité se trouve être également une force régulière au même titre que l'Armée et la Gendarmerie Nationale avec bien entendu des missions spécifiques. Et conformément aux dispositions des articles 3 et 4 du décret N°2002/2003 du 04 Janvier 2002 portant organisation de la Délégation
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Générale à la Sûreté Nationale, ce corps d'élite a pour mission fondamentale d'assurer le respect et la protection des institutions, des libertés publiques, des personnes et des biens. En outre, elle assure le respect de l'exécution des lois et règlements, concourt à l'exécution de la police administrative et de la police judiciaire ainsi qu'à la défense nationale, c'est-à-dire qu'elle peut intervenir aux cotés des autres Forces régulières lorsque les circonstances l'exigent, et dans les domaines des compétences qui sont les siennes.
Enfin la dernière née en 1998 des Forces de Défense camerounaise le Bataillon d'Intervention Rapide (BIR) assurant les missions de sécurité et de défense. En effet, en dehors des missions générales dévolues à l'Armée de Terre, le BIR est chargé de la lutte contre le grand banditisme, de mener des actions de contre-guerilla, la lutte antiterroriste, la libération des otages, mener des actions commandos.
Mais, la relation civilo-militaire reste plombée par l'exclusion larvée des civils tenus à distance par la confidentialité des informations relatives à leur sécurité, justifiée par le « secret défense ». Cet état de chose n'est pas de nature à favoriser l'implication quasi indispensable des populations dans la recherche des renseignements, gage de l'efficacité des hommes en armes face à la défiance et à la disparité des « architectes » de l'insécurité.
De ce précède, l'état des relations civilo-militaire au Cameroun pourrait être amélioré par la création d'un Ministère de la Sécurité Intérieure ou vont collaborer militaires, gendarmes, policiers et civiles et par la promotion de la collaboration institutionnelle Ministère de la Défense et Universités via les centres de recherches en d'études stratégiques ; l'implication d'une franche de la jeunesse camerounaise en l'occurrence les jeunes bacheliers dans le système homme après l'offre de la Formation Commune de Base (FCB) à tous. Une telle collaboration franche sera de nature à renforcer et solidifier la relation civilo-militaire sans toutefois aliéner le secret défense.
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Les menaces actuelles exigent une réponse forte, globale et surtout durable. Une réponse efficace passe par des Forces bien équipées. Cela suppose du matériel moderne, mais aussi une véritable politique industrielle et de recherche. Pour traduire cela en réalité, il faut mobiliser d'énormes moyens financiers, ce qui implique une économie de défense. Elle peut être définie comme l'ensemble des moyens investis par un gouvernement pour assurer sa politique de défense. Il s'agit des budgets d'ensemble, des industries militaires sans lesquelles il n'y a ni défense, ni sécurité remplissant leur mission, celle d'une assurance au profit des citoyens. C'est ainsi que tout Etat, pour faire face au défit de l'heure se doit d'élaborer une économie de défense à l'instar de celle de la France élaborée et publiée chaque année par le Conseil économique de la défense. Pour les éditions 2005 et 2006, plusieurs améliorations de méthode et développements sont à chercher, et en particulier :
· Les analyses concernant l'équipement opérationnel des Forces en distinguant les budgets d'acquisition des matériels et systèmes et les budgets de maintien en condition opérationnel ;
· L'analyse des industries concourant à l'économie de la défense autour de quelques grands secteurs, c'est-à-dire à coté des groupes systémiers, le domaine de la propulsion, les industries spatiales, les industries navales et les industries terrestres, et si possible (en 2006), les secteurs « non partie » à la production de l'armement mais, concourant à la technologie et l'économie de la défense et de la sécurité90.
90 http :// www.defense. gouv.fr/ced/layout/set/print/content/view/full/100875
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Il demeure utile et important de progresser dans l'élaboration d'un chiffre objectif crédible et convainquant de budgets pour l'ensemble des économies de la défense prenant en compte la politique de défense, l'état de leurs moyens, leurs objectifs. De ce fait, les Etats africains soucieux de moderniser leurs Forces de Défense se doivent de bâtir une économie de défense et sécurité reposant sur la disponibilité des budgets et la création des industries de défense.
L'inopération des Forces de Défense est pour la plus part des cas souvent due à l'indisponibilité du budget de défense consécutive soit aux lenteurs administratives, soit au manque de financement. Il s'agit donc de mettre en oeuvre des réformes budgétaires, des financements innovants et l'efficacité économique et opérationnelle des dépenses de défense. Pour ce fait, une question s'impose : comment mettre en oeuvre les réformes budgétaires en améliorant l'efficacité économique et opérationnelle des dépenses de défense ?
Dans la plupart des pays conscients de l'importance de la défense, les ministères de la défense constituent les premiers investisseurs et acheteurs publics. Ils présentent une spécificité au sein de l'Etat, se traduisant par un format défini d'Armée et une planification des équipements militaires. Face à des dépenses publiques déjà difficiles à rationaliser, la réussite des réformes budgétaires est un objectif important pour la défense, qui consent des efforts significatifs pour la mener à bien. Ces réformes concernent les administrations d'Etat dans leur ensemble. Elles visent à améliorer la gestion des actifs publics et à faciliter la décision publique en l'appuyant sur des données comptables fiables et comparables avec celles du secteur marchand. Elles marquent le passage d'une logique budgétaire de caisse à une approche économique et patrimoniale (valorisation des actifs). Elles introduisent une responsabilisation accrue des
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gestionnaires. Ces nouveaux instruments devraient contribuer à l'efficacité des dépenses et à la réactivité de l'outil de Défense91. La réforme du cadre comptable et financier doit aussi permettre de renforcer l'efficacité à long terme des dépenses de défense, en les inscrivant dans une optique pluriannuelle. La connaissance du coût des politiques publiques doit s'accompagner d'une évaluation de leurs conséquences financières à long terme. En recourant à des comparaisons internationales, l'on pourra dresser un bilan des processus les plus avancés et proposer des évolutions dans le cadre des réformes en cours. Les réformes entreprises aux USA, en France, au Royaume-Uni et dans d'autres pays de l'Union européenne suscitent des questions quant à l'architecture budgétaire la mieux adaptée et les pratiques les plus efficaces, qu'il s'agisse de la planification des budgets, du contrôle des dépenses ou de la mesure de la performance.
Pour la France, la nouvelle constitution financière, définie par la Loi organique relative aux lois de finances (Lolf) vient d'être mise en place. Son architecture a fait l'objet d'un dialogue approfondi entre le Parlement, le ministère des Finances et le ministère de la Défense. Le projet de loi de finances 2006 a inauguré cette nouvelle structure, dont la pertinence a été éprouvée en fonction de l'exécution budgétaire et vis-à-vis des objectifs des missions et programmes de la Défense.
Peu de parlementaires ont réalisé les conséquences du vote de l'article 7 de la Lolf (définition et principes des missions et des programmes) sur l'organisation des ministères. Le pilotage par objectifs constitue une réelle nouveauté, qu'aucun pays n'a expérimenté à ce jour. Entre 2001 et 2005, le Parlement s'est concentré sur les indicateurs de performance, qui paraissaient être au coeur de la réforme. Parallèlement, les
91Conseil économique de la Défense français, L'ÉCONOMIE DE LA DÉFENSE 2006 Thèse de Doctorat/Ph.D en Sce Po, UY2, 2011 Ernest Claude MESSINGA 334
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ministères ont décliné leurs programmes en Budgets Opérationnels de Programme (BOP), une subdivision qui n'était pas prévue et définie dans la loi organique. Le Parlement a découvert tardivement ces budgets opérationnels de programme, dont le nombre et la taille variaient considérablement d'un ministère à l'autre. La mise en oeuvre de la Lolf à la défense a du prendre en compte les spécificités propres à ce ministère :
· Il s'agit, et de loin, du premier budget d'investissement de l'Etat, les autres ministères investisseurs (Equipement et Education nationale par exemple) ayant vu leurs crédits transférés aux collectivités territoriales ;
· Hiérarchie militaire et hiérarchie budgétaire doivent coïncider, pour des raisons évidentes de cohérence ;
· L'existence d'un outil particulier, la loi de programmation militaire (Lpm)92.
L'année précédente a été consacrée à la mise en place d'une architecture budgétaire, cette année a été marquée par la mise en oeuvre de l'exécution budgétaire. A l'origine, le Parlement avait recherché une interarmisation étendue. Cette logique achoppait sur les difficultés organisationnelles et pouvait à terme opacifier le contrôle parlementaire. L'architecture budgétaire retenue, fondée sur une analyse fonctionnelle, a cherché à limiter les recoupements. Elle repose sur la notion de mission (35 pour l'ensemble de l'Etat) qui constitue l'unité de vote. La mission se décline en programmes, qui constituent l'unité de spécialité budgétaire. La définition des programmes a fait l'objet d'intenses discussions entre ce qu'il était convenu d'appeler « l'approche bleue » et « l'approche blanche ». Ces deux termes faisaient allusion à la couleur des documents budgétaires : l'approche bleue, couleur des projets de lois de finance, consistait à reprendre l'organisation existante, avec notamment un programme par Armée. L'approche blanche (couleur des anciens budgets de programme)
92Op cit.
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visait au contraire à réorganiser la structure du ministère autour des objectifs. Par la suite, un débat s'est fait jour sur le découpage des programmes. Le cas le plus frappant étant celui du programme «gendarmerie», inclus dans une mission interministérielle «sécurité intérieure». Initialement conservés au sein de la mission « Défense », les crédits d'infrastructure et d'informatique de la gendarmerie ont fini par rejoindre la mission « sécurité intérieure ».93 Le découpage actuel des programmes ne devrait pas évoluer. Le ministère de la Défense est partie prenante dans quatre missions, deux à caractère interministériel et deux à caractère ministériel. Les missions Sécurité (partagée avec le ministère de l'intérieur) et Recherche duale (partagée avec le Ministère de la recherche) relèvent de la première catégorie. Parmi les deux missions à caractère ministériel, la mission Défense représente près de 80% des crédits de la Défense, aux cotés d'une mission «renforcement des liens entre la nation et son Armée».94
Dans le cas du chef d'état-major des Armées, elles passent par des contrats opérationnels avec les Armées, exprimés en termes de performances. Le programme « équipement des Forces » est soumis aux mêmes règles que les autres en dépit de ses particularités. On pouvait attendre de la Lolf qu'elle améliore l'efficacité économique de la conduite des programmes, or rien n'a été prévu. On aurait pu, par exemple considérer que les investissements publics, civils et militaires devaient être financés par l'emprunt public. Cette solution aurait pu résoudre le problème des financements innovants. La crainte de l'endettement hors-bilan a conduit dans un premier temps à comptabiliser en autorisations d'engagement l'ensemble des flux des partenariats public-privé. L'application d'une telle règle aurait condamné le nouveau mode de commande publique récemment lancé, le contrat de partenariat. Aussi la Lolf a été modifiée afin que seuls
93 Idem.
94 Ibi dem
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les coûts d'investissement et de financement d'un tel contrat soient comptabilisés, le fonctionnement étant pris en compte sur une base annuelle, au fur et à mesure.
L'autre problématique propre à l'équipement des Forces est celle des reports de crédit. Ces derniers sont limités à 3% des crédits initiaux du même titre du programme concerné. Cette règle est facilement applicable aux dépenses de fonctionnement, mais difficile à respecter lorsqu'il s'agit d'investissement. Il faut en effet prendre en compte l'héritage de la précédente loi de programmation militaire, la fameuse «bosse des programmes», dont les reports de crédits s'ajoutent à l'actuelle programmation. Le vote de la loi de finances rectificative permet de rétablir les crédits, mais dans les faits, il survient trop tard pour que ces derniers puissent être consommés. Un article dérogatoire a été voté pour la Défense, l'affranchissant du respect du plafond des 3% sur ses crédits d'équipement..
En conclusion, le ministère de la Défense a réalisé un travail considérable d'adaptation, même si certains aspects, comme les indicateurs de performance, restent à finaliser. Cet effort doit se poursuivre par le franchissement d'une étape encore plus complexe, la mise en place d'une comptabilité analytique. Il ne faut également pas perdre de vue le rôle de la Lolf dans la modernisation du ministère, qui permet d'associer les instruments budgétaires et financiers. Cette dernière repose sur trois axes : la clarification des responsabilités, l'interarmisation et le recentrage des fonctions militaires.
La pluriannualité reste une problématique particulière à la Défense : elle est nécessaire non seulement pour assurer l'équipement des Forces, mais aussi dans le cadre des réformes de structure. Elle inscrit dans le temps une stratégie. Cette prise en compte du long terme peut se heurter aux limites des instruments existants. La Lpm, et les lois de programmation et d'orientation (sécurité intérieure, Justice, hôpitaux...) posent une question de cohérence budgétaire d'ensemble. Il existe pourtant un programme de
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stabilité, qui doit tracer des perspectives sur l'évolution des finances publiques et pourrait constituer cet instrument de cohérence.
La décision officielle d'introduire la réforme budgétaire a été prise en 1995. Elle impliquait notamment la mise en place d'une comptabilité patrimoniale. Les premiers comptes ont été produits en 1998-1999, les comptes des années précédentes ont été audités par la cour des comptes britanniques (National Audit Office - Nao). Les comptes 2003-2004 ont été les premiers certifiés sans réserve par le Nao. La mise en place de la construction budgétaire patrimoniale s'est effectuée en deux temps. A partir de 2001-2002, elle a porté sur les seules charges encaissées et décaissées. C'est à partir de 2003-2004 que l'ensemble des dépenses a été concerné. Enfin, l'introduction des pratiques du secteur privé (partenariats public privé, commercialisation des innovations financées par la Défense, etc.) devrait permettre de généraliser la mesure de l'efficacité.
Par comparaison avec la réforme budgétaire française, le Resource Accounting and Budgeting donne au ministère britannique de la Défense une visibilité financière accrue, avec une disponibilité des crédits sur trois années glissantes. Ce système n'est pas incompatible avec les objectifs de maîtrise des finances publiques du Trésor.
La situation américaine est particulière compte tenu du rôle du Congrès, dont les pouvoirs de contrôle, d'enquête et de décision sont plus importants que les parlements européens. Il s'appuie à cette fin sur des organismes qui lui sont rattachés, comme le congressional budget office, chargé d'évaluer l'impact budgétaire des propositions de loi et surtout le government accountability office, une cour des comptes doté de 4000
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agents. De plus, l'Etat américain s'est doté depuis le milieu des années 1960 d'outils d'évaluation des politiques publiques. Le planning, programming and budgeting system mis en oeuvre à cette période a été conçu par la Rand Corporation, et appliqué pour la première fois dans le domaine de la Défense.
Au regard de ce qui précède, les gouvernements africains en général, et camerounais en particulier enclin aux problèmes de disponibilité des budgets et de financement militaire doivent se mettre à l'école soit française, soit anglo-saxonne conformément à leur environnement sociopolitique, car un effort financier s'impose pour la sécurité nationale. Malgré la situation très difficile des finances publiques due à la crise économique et financière non sans conséquence en matière de Sécurité et de Défense, les ressources de la défense devront être autorisées à déroger aux disciplines d'ensemble imposées aux dépenses de l'Etat, à savoir la non compensation de l'inflation pour les dépenses hors charge de la dette et des pensions ; les ressources annuellement disponibles pour l'équipement devront nettement être majorées. Bref, les dépenses de la Défense devrait être la priorité des gouvernements à l'image de la France qui avait prévu une masse de 377 milliards d'euros comme fonds publics affectés à la mission de Défense durant les douze années à venir à partir de 200895, financée par les industries de défense nationales.
A l'observation du paysage industriel de Défense, s'impose les EtatsUnis avec prés de 50%, suivi de la France, des puissances économiques montantes (Chine et Inde), ou établies (Russie, Afrique du Sud, Israël), ou
95 Ministère de la Défense français, le livre blanc de la Défense.
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en (re)devenir (Japon), mais aucun de ces pays ne considère sa position de puissance comme compatible avec une absence d'effort de défense et un désintérêt pour l'économie de la défense à fortiori les Etats africains. De ce qui précède, l'Afrique n'est représentée ici que par l'Afrique du Sud, ce qui est synonyme d'une forte dépendance de l'Afrique des complexes industriels des armements Occidentaux source d'importants financements. Les Armées ayant besoin des équipements pour remplir leur mission première, celle d'assurer la sécurité des citoyens, il faut pouvoir monter des industries d'armement qui leur permettront d'anticiper sur les défis de demain, et de rompre avec l'attentisme. Pourtant, l'autonomie est indispensable et devrait être l'objectif de tout Etat en ce qui concerne l'économie de la défense. La réalisation de cet objectif passe par le développement de la recherche. Par ces efforts de recherche et de développement, la Défense veille à la pertinence et à l'efficacité des futurs équipements des Forces Armées. Mener une politique industrielle de Défense, c'est bien sûr, avant tout, assurer la protection du territoire et de la population, c'est aussi mener une politique économique dont les répercussions dépassent les frontières et le seul domaine de la Défense. C'est d'ailleurs par ces industries de défense que les puissances perpétuent leur domination sur le reste du monde de part leur fort potentiel de production. Tel est le cas des USA, de la France avec MINALOGIC qui regroupe des entreprises stratégiques pour la Défense. Les entreprises SOFRADIR et ULIS développent, avec le CEA, la plupart des détecteurs infrarouge qui sont ou seront utilisés dans les systèmes militaires français. D'autres entreprises comme Atmel, ST Microelectronics, Radiall, Soitec, ont aussi un potentiel important pour les futurs équipements des Forces françaises.
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La modernisation de l'Armée se présente comme une réévaluation qualitative de ses axes fonctionnels pour la rendre plus professionnelle dans un souci de cohérence, de rationalité, d'équité, d'opérationnalité, d'efficience en rapport avec l'environnement. Aucune Armée désireuse de jouer positivement son rôle de défense sur la scène nationale et internationale ne peut échapper à ce concept de modernisation. La complexité du champ de modernisation au Cameroun comme dans les pays en voie de développement diffère de celle qui s'impose dans les pays du Nord. Tandis que dans le Nord, la modernisation a le sens de l'évolution régulière des structures solidement établies, dans le Sud, elle est une refonte intégrale du système qui se heurte à des écueils parmi lesquels les exigences sociales et le coût prohibitif du matériel semblant la confiner à moins de panache (Meloupou 2010 : 22).
Le caractère prohibitif des coûts des matériels est palpable à deux niveaux : l'achat et la maintenance qui demandent en amont une planification stratégique et opérationnelle en vue de l'acquisition de matériels dont la fabrication dès la commande peut prendre deux à cinq ans. Voici quelques chiffres qui illustrent l'ampleur du phénomène de modernisation si un pays veut acquérir un certain type de matériels de niveau opérationnel appréciable :
Tableau N°5 : Coût de matériels
|
ARMEMENT |
COUT (Millions d'euros) |
COUT (Milliards de FCFA) |
|
ARMEE DE TERRE |
||
|
Char Leclerc |
17 |
11 |
|
Véhicule blindé de combat |
4,5 |
3 |
|
Missile Roland |
0,27 |
0,2 |
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|
ARMEE DE L'AIR |
90 |
60 |
|
MARINE NATIONALE |
||
|
Frégate anti-aérienne |
650,0 |
426 |
|
Frégate légère de surveillance |
140,0 |
92 |
|
Patrouilleur lance-missile |
100 à 130 |
65 à 85 |
Source : Magazine Honneur et Fidélité, Mai 2010, page 22
A la contrainte d'équipement militaire due au coût d'acquisition se greffe l'obstacle de l'entretien et de la maintenance car il ne sert à rein d'acquérir sans maintenir pour garantir l'opérationnalité et l'efficacité des Forces de Défense. Et sans les moyens (Meloupou 1995 : 30) de sa politique, aucune action n'est possible.
Le déploiement au quotidien d'une Armée professionnelle moderne a un coût. En France par exemple, la défense nationale a le deuxième budget de la nation derrière l'éducation. Il y représente pratiquement 10% de budget national.
Le Cameroun tout comme d'autres pays en voie de développement doit éprouver des difficultés à déployer d'un coup de lourds investissements au titre de la modernisation de son Armée et ceci pour au moins deux raisons :
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- D'une part, le coût exorbitant d'un matériel que les Forces de Défense pourraient acquérir nécessite le financement par prêt des institutions financières internationales ; ce qui n'est pas aisé compte tenu des contraintes de ces institutions aux prises à une difficile conjoncture financière mondiale ;
- D'autre part, lorsque les équipements sont directement financés de l'intérieur, il devient nécessaire au gouvernement de pondérer le budget de la défense pour préserver le lien Armée et Nation (Meloupou 2010 : 22).
La prégnance de cette notion apparaît manifeste dans la mesure oüil faut réserver plus de subsides à d'autres secteurs sociaux nécessiteux (éducation, santé...). En dépit de l'ampleur des chiffres, les défis restent évidents, bien qu'il ne soit ni simple, ni aisé d'une part de convaincre les citoyens ou leurs représentants dans les Assemblées parlementaires, de l'interdépendance Armée-Développement, d'autre part de leur montrer que les équipements militaires quoique très chers sont un enjeu incontournable pour la modernisation et la professionnalisation des Forces de Défense. Ils permettent de maintenir un niveau de crédibilité dans la dissuasion, et le cas échéant, défendre les intérêts économiques et la population contre tous ceux qui voudraient annihiler les efforts de développement et le potentiel économique et sécuritaire national.
Pour une disponibilité budgétaire, pour un financement prompt des investissements militaires à la limite de la nécessité, le gouvernement camerounais, le Ministère de la Défense doit avoir des sources de financement propre pouvant relever de ses industries à l'instar d'une menuiserie industrielle, des ateliers de couture industrielle. Le gouvernement camerounais au-delà de procéder aux réformes budgétaires se doit de favoriser la réalisation des moyennes et grandes industries à même de garantir la disponibilité des fonds.
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Parler de gouvernance démocratique dans les problèmes de sécurité nous conduit au dépassement de la « vision classique » de la notion de Sécurité. Elle ne se résume plus uniquement à la sanctuarisation des frontières, elle ne relève plus de la seule compétence des Forces de Défense, il faut désormais intégrer la notion de « sécurité humaine » en ceci que l'être humain devient le centre de toutes les préoccupations d'après John BURTON dans son ouvrage The theory of needs.
Pour lui, l'homme a des besoins fondamentaux pour lesquels il recherche satisfaction. Ils sont de plusieurs ordres : biologique, matériel, affectif. L'insatisfaction de ces besoins entraîne une rupture de l'équilibre chez l'homme et par conséquent devient source de frustration qui alimentera plus tard des soulèvements, des révoltes, des actes de violence,
voire terroristes traduisant la nouvelle réalité internationale d'oül'invocation de la gouvernance démocratique qui à partir de sa définition se présente comme un rempart à l'insécurité nationale et internationale.
Selon l'approche française, la gouvernance démocratique est entendue comme un « art de gouverner, en articulant la gestion des affaires publiques à différentes échelles de territoires, en régulant les relations au sein de la société et en coordonnant l'intervention des multiples acteurs ». La gouvernance s'impose à la fin des années quatre-vingt par le biais de sa déclinaison gestionnaire : la « bonne gouvernance » ou « bonne gestion des affaires publiques ». Son objectif est de conduire des réformes économiques dans des conditions de stabilité politique et de lutter contre la corruption. L'acception de la « bonne gouvernance » se développe ensuite, prenant en compte le mode d'élaboration et de mise en oeuvre des politiques avec la participation des acteurs.
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D'après une approche intégrée, l'objectif est de prendre en compte la complexité des enjeux attachés à l'action publique afin de lutter plus efficacement contre la pauvreté, dans une perspective de développement humain durable. C'est pourquoi la France promeut dans sa stratégie interministérielle adoptée en décembre 2006, une conception extensive et dynamique de la gouvernance :

Elle dépasse la question des institutions ou des formes du gouvernement ; Elle renvoie au processus décisionnel au sein de tous les groupements sociaux ;

Elle inclut non seulement tous les acteurs (institutions, secteur privé, société civile, etc.), tous les échelons (du local au global), tous les champs (politique, économique, social, culturel, etc.) et la question de la sécurité mais, qui plus est, leurs interactions dans sa définition même.
La gouvernance peut également être un processus. Il s'agit donc d'aider une société à repenser son propre mode de gestion et les modalités de gouvernance les plus adaptées aux défis qu'elle rencontre :

En favorisant la participation des acteurs à leur définition, mise en oeuvre et évaluation, garante de la légitimité et de l'efficacité des politiques de gouvernement ;

Dans le respect des valeurs universelles et fondatrices de l'idéal démocratique reconnues par les conventions et accords internationaux.
Cependant, comme le souligne fort opportunément Monsieur KOFI ANAN « Il n'existe pas de modèle unique de gouvernance démocratique. Ce qui marche pour la Norvège ne marche pas nécessairement pour la Namibie ou le Népal. La ligne de départ n'est pas non plus la même pour tous. Certaines nations parties d'un régime totalitaire ou d'une économie à planification centrale sont en pleine transition. D'autres se relèvent d'un conflit. D'autres encore ont une économie prospère, voire un gouvernement
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compétent, mais sans avoir nécessairement trouvé le chemin de la démocratie. »96
Partant de la définition de la notion de gouvernance démocratique et des origines des actes terroristes, il apparait que la gouvernance démocratique serait une réponse efficace à la situation d'insécurité que vie le monde du fait de ses vertues. Elle participera à la satisfaction des besoins de l'homme, bref à la matérialisation de la sécurité humaine à travers une égale répartition des richesses, une participation active des citoyens aux affaires, à une reconnaissance et à une mise en valeur de leurs aptitudes. C'est d'ailleurs ce que laisse entendre le Président de la République algérienne Abdel Aziz Bouteflika lors de son intervention à l'occasion de la réunion intergouvernementale de l'Union Africaine sur la prévention et la lutte contre le terrorisme à Alger du 11 au 14 septembre 2002, lorsqu'il affirmait ceci : « le combat contre la pauvreté est peut-être l'élément premier indispensable de la lutte contre le terrorisme, car si la pauvreté est humainement et moralement inacceptable, elle est un facteur destructeur des vertus humaines et des bases de la solidarité sociale ». D'après eux, la véritable cause de l'insécurité est la pauvreté et qu'il serait vain de combattre le terrorisme tant certaines tranche de la population côtoient la pauvreté voire, la misère. Les faits lui donnent certainement raison à la lecture des motivations des activistes qui affirment se battrent pour les populations misérables. C'est d'ailleurs ce qui justifie l'acte des rebelles du Mouvement pour l'Emancipation du Delta du Niger (MEND)
96 Discours à la conférence sur « Les défis de la gouvernance démocratique sur fond de mondialisation », à l'Université d'Oslo, le 20 août 2001.
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qui ont affirmé avoir détruit plusieurs importants oléoducs dans le Sud pétrolifère du Nigeria en guise de manifestation contre la misère du peuple97. Des exemples de revendication sont légion.
De ce fait, mobiliser toutes les politiques de défense, toutes les stratégies anti-terroristes, toutes les armes ne suffiraient pas à éradiquer les tous les foyers d'insécurité. Cette démarche stratégique ne ferait qu'étouffer voire retarder l'action des rebelles sans toute fois l'annihiler. Il faudra donc associer à la coercition, une politique passive qu'est la gouvernance démocratique comme action préventive.
Les problèmes de sécurité relatif au nouveau contexte géopolitique constituent la préoccupation principale de tous les gouvernements du monde en général, africain et camerounais en particulier à côté de ceux du développement. La première réponse est sans doute répressive et curative à travers le contre terrorisme animé par la mise en place d'un système antiterroriste entretenu par la collaboration civilo-militaire et soutenue par une économie de défense. La deuxième réponse devrait être préventive c'est-àdire commencer par prêter une oreille attentive aux différentes revendications et y apporter des solutions, fruits de la gouvernance démocratique.
97 Cameroun Tribune N°9955/5556 du 26 Mai 2009

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Dans un contexte international marqué par l'évolution des guerres classiques aux guerres asymétriques, une question s'imposait celle de savoir si les Forces Armées camerounaises conçues pour les menaces classiques sont à même de continuer à assurer la sécurité nationale ? Partant de l'hypothèse selon laquelle les Forces de Défense camerounaises ne sont pas assez outillées pour venir à bout de cette menace en dehors d'une modification de leur cadre d'action, cette étude menée à l'aune de l'analyse systémique nous nous a permis de confirmer cette hypothèse.
Traditionnellement conçues pour neutraliser la rébellion des indépendances, les Forces Armées camerounaises à l'image de celles du reste du monde sont constituées des unités classiques telles la Gendarmerie Nationale, l'Armée de Terre, l'Armée de l'air, la Marine et la Police Nationale chargées des missions de défense et de sécurité sous une politique purement défensive et dissuasive reposant sur la défense populaire définie par HAMADOU AHIDJO et poursuivie par son successeur Paul BIYA, chefs suprêmes des Armées et Chefs de l'Etat. C'est ainsi qu'elles ont pu venir à bout de la rébellion, des putschistes du 06 avril 1984, des Forces
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Armées nigérianes désireuses de remettre en cause la souveraineté camerounaise sur la presqu'île de Bakassi, souveraineté rétablie de juré par la CIJ.
La manifestation des nouvelles menaces à travers les exactions des coupeurs de routes dans le « Grand Nord » et des pirates de mer dans le Nord Ouest et Sud Ouest Cameroun et la volonté de la haute hiérarchie d'y faire face va provoquer le lancement du grand chantier de modernisation en 2001 initié à travers la création des unités spéciales le Bataillon d'Intervention Rapide (BIR), le Groupement Polyvalent d'Intervention de la Gendarmerie Nationale (GPIGN), des unités anti-terroristes, et tout récemment le BIR DELTA chargé de mettre hors d'état de nuire les « architectes de l'insécurité ». La disparité de l'ennemi va commander une redéfinition du cadre d'action des Forces Armées qui mutera de la défense ferme sans idée de recul à l'offensive c'est dire le droit d'attaque et de poursuite. Désormais, les hommes en armes ont le droit de poursuite, le droit de mener des actions offensives, des actions préventives nourries par un important service de renseignement pouvant être amélioré à travers la création d'un Ministère de l'Intérieur, l'offre de la Formation commune de base à tous les bacheliers.
Mais, ces réformes des systèmes de défense observées à l'échiquier international n'épargne aucune partie du monde du vent de l'insécurité, aucun Etat, même pas la première puissance militaire mondiale encore moins le Cameroun limité dans son élan de modernisation par la crise économique. Nous en voulons pour preuve la nième attaque des banques98
98Dans la nuit du Vendredi 18 Mars à 23 heures, les ravisseurs une vingtaine embarquée dans une demi-dizaine de pirogues à moteur accostent sur le Wouri. Puis, engagent une progression à pied sur leur cible Ecobank de Bonaberie située au lieu dit « Quatre étages ». Une fois sur les lieux, ils vont ouvrir le feu sur les vigiles, exploser le mur du coffre fort à l'aide d'une grenade. Bilan : 5 morts sur le carreau et une importante somme d'argent emporté. Mais, ces derniers seront suivi jusqu'à leurs embarcations par les Forces camerounaises, et rattrapés plutard par le BIR DELTA sur les eaux camerounaises.
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par des pirates de mer donnant l'impression que le problème d'insécurité reste intact au Cameroun. Face aux insuffisances du contre terrorisme, une action curative assurée par une économie de défense, nous pensons qu'il faut associer une action préventive à savoir la gouvernance démocratique. Nous pouvons ainsi dire sans risque de nous tromper que la mise à mal de l'insécurité passe par une action couplée c'est-à-dire préventive et curative ou politico-stratégique. L'action préventive ou politique étant la gouvernance démocratique c'est à dire la satisfaction des besoins humains catalyseurs des actes terroristes à travers une meilleure considération socioculturelle, et l'action curative ou stratégique c'est à dire une réponse militaire menée par des Forces anti-terroristes. Ces Forces anti-terroristes de préférence de nature civilo-militaires soutenues par une économie de défense garante de la sécurité budgétaire et par ricochet de la sécurité nationale.
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- Cameroon Tribune N°9632/5833 du 02 juillet 2010 - Cameroon Tribune N°9635/5836 du 07 juillet 2010
- Cameroon Tribune N°9428/5630 du 07 septembre 2009 - Cameroon Tribune N°9625/5826 du 23 juin 2010
- Cameroon Tribune N°9672/5873 du 1er septembre 2010 - Cameroon Tribune N°9292/5491 du 20 février 2009
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QUESTIONNAIRE DE L'ENQUETE DE TERRAIN
1) Les Forces Armées camerounaises sont elles à mesure d'assurer la sécurité des personnes et des biens face aux exactions des coupeurs de route et des pirates de mer que nous vivons aujourd'hui ?
2) Quels sont les objectifs de la réforme de 2001 ?
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3) Ces réformes constituent-elles une adaptation des Forces Armées camerounaises au nouveau contexte insécuritaire animé par les nouvelles formes de menaces ?
4) Quelles sont les particularités de cette réforme ?
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5) Ces mesures vous paraissent-elles efficaces ?
6) Quelle est votre contribution dans l'impératif de redéfinition des cadres d'actions des Forces Armées camerounaises ?
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7) Le peuple participe t-il à l'effort de défense conformément à la politique de défense dite populaire ?
8) Que pensez-vous du secret défense au Cameroun ?
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9) Quels sont les origines et les motivations de cette nouvelle de criminalité ? .
10) Comment mettre fin à ce climat d'insécurité nationale, sousrégional, continental et même mondial ? .
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Loi n° 67/LF 9 DU 12 JUIN 1967
Portant
organisation générale de la défense,
L'ASSEMBLEE NATIONALE FEDERALE a délibérée et
adoptée ;
LE PRESIDENT DE LA REUBLIQUE FEDERALE
promulgue la loi dont la teneur suit :
TITRE I
DEFINITION ET DISPOSITION GENERALE
ARTICLE 1ER : La défense a pour objet d'assurer en tout temps, en toutes circonstances et contre toutes les formes d'agression, la sécurité et l'intégrité de l'Etat, dans le cadre de la souveraineté nationale.
Elle pourvoit aux respects des alliances, traités et accords internationaux.
ARTICLE 2 : Le pouvoir exécutif dans l'exercice de ses attributions constitutionnelles, prend les mesures nécessaires pour assurer la défense. En cas de danger menaçant la sécurité ou l'intégrité du territoire, la sécurité des institutions ou celle des populations. Le président de la République peut outre l'état d'exception, décrété pour tout ou partie du territoire national l'une ou plusieurs des mesures suivantes :
- la mise en garde
- l'état d'urgence
- la mobilisation
ARTICLE 3 : La mise en garde consiste en certaines mesures décidées par le président de la république et ayant pour objet d'assurer le fonctionnement régulier et la sécurité des institutions légales, de diminuer la vulnérabilité des populations ou des équipements vitaux, de garantir la sécurité des opérations de mobilisation ou d'action des forces de défense.
La mise en garde confère au chef de l'Etat qui peut en donner délégation :
- le droit de requérir les personnes, les biens et les services ;
- le droit de restreindre la liberté de circulation, de réunion, d'expression, de limiter les ressources d'informations
- le droit de soumettre à contrôle et à répartition, les ressources en énergies, matières premières, produits industriels et produit nécessaires au ravitaillement des populations et des Forces Armées d'imposer aux personnes, en ce qui concerne la disposition de leurs biens, les sujétions indispensables.
- le droit de prendre des dispositions en ce qui concerne le contrôle et la stabilité des prix y compris ceux des services ;
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- le droit de consentir, sur les ressources de la trésorerie, aux organisations publiques ou privées intéressant la Défense, les avances qui leurs seraient indispensables pour remplir immédiatement le rôle qui leur est dévolu ;
ARTICLE 4 : En plus des pouvoirs reconnu par la loi relative à l'état d'urgence
1° les droits énumérés à l'article précédent pour la mise en garde ;
2° le droit de placer sous l'autorité du gouvernement fédéral - les administrations municipales et les collectivités locales ;
- les polices des Etats fédérés ;
Sont conférés au président de la république ou à ses délégués lorsque ledit état a été décrété.
ARTICLE 5 : la mobilisation peut être partielle ou générale
La mobilisation générale rend applicable l'ensemble de ces mesures dans toute l'étendue du territoire.
La mobilisation partielle rend applicable dans tout ou partie du territoire, certaines mesures de défenses préparées à l'avance.
La mobilisation partielle ou générale entraîne l'état d'urgence pour les parties du territoire concernées.
TITRE II
DE LA DIRECTION GENRALE ET DE LA
DIRECTION
MILITAIRE DE LA DEFENSE
ARTICLE 6 : le président de la république veille à la sécurité intérieure et extérieure de l'Etat. Il définit la politique de défense et pourvoit à sa mise en oeuvre.
Chef suprême de toutes les forces de défenses, il assure la direction suprême de maintien de l'ordre et décide de la préparation et de la conduite générale des opérations militaires.
Il formule des directives pour les négociations concernant la défense et en suit le développement.
Il anime et coordonne à l'échelon national toutes les activités intéressant de la défense.
ARTICLE 7 : Pour l'étude des questions de la défense et pour la coordination de la direction générale de celle-ci, le président de la république est assisté d'un conseil supérieur de la défense nationale, d'un comité technique de la défense nationale et dispose d'un secrétaire permanent à la défense nationale nommé et ayant attributions définis par textes particuliers.
Le secrétaire permanent à la défense est représenté dans les comités techniques spécialisés ayant à connaître des questions de défenses et constitués par différents départements ministériels et différentes directions.
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ARTICLE 8 : En ce qui concerne la direction militaire de la défense, le président de la république dispose d'un comité de défense dont il assume la présidence.
Le ministre des Forces Armées est vice- président du comité
de défense.
Les autres membres du comité sont désignés par le président de la république.
ARTICLE 9 : Les décisions en matière de direction militaire de la défense visent en particulier :
- l'approbation des plans de défense ;
- les mesures destinées à pourvoir aux besoins des forces ;
- les instructions à donner aux unités ou détachements mis à la disposition des organismes internationaux.
ARTICLE 11 : le ministre chargé de l'administration territoriale Fédérale prépare, met en oeuvre et coordonne les mesures de protection civile.
Celles ci concernent les risques courus par les populations civiles du fait des calamités tels que les incendies, inondations, cyclones, tremblements de terre.
ARTICLE 12 : Le ministre des Forces Armées est responsable de :
1/ - L'exécution de la politique militaire de Défense et en particulier de l'organisation, de la gestion, de la mise en condition de l'emploi et de mobilisation des forces régulières, supplétives ou auxiliaires ainsi que de l'infrastructure qui leur est nécessaire ;
2/- La formation appropriée des fonctionnaires et des catégories des citoyens qui ont un rôle à jouer dans la défense.
ARTICLE 13 : Le ministre chargé des affaires économiques organise et coordonne aux fins de la Défense l'action des ministres et secrétaires d'Etats responsables de diverses catégories de ressources matérielles du pays.
Il tient compte dans le plan d'aménagement et d'équipement du territoire, des nécessités découlant de la politique de défense.
ARTICLE 14 : Le ministre des transports, des postes et télécommunications et les secrétaires d'Etat aux travaux publics sont responsables des mesures à prendre pour assurer la satisfaction des besoins de la défense en transport de toutes natures en grands travaux en transmissions. Leur action ne s'étend pas aux moyens et à l'infrastructure militaire.
ARTICLE 15 : Le commissaire général à la santé publique est responsable de la mobilisation des moyens sanitaires en vue des besoins de la Défense. Il a en matière de protection civile, la responsabilité de la formation des secouristes ainsi celle de l'instruction de la population en ce
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qui concerne la parade contre certains dangers résultant de la guerre bactériologique, chimique ou atomique.
ARTICLE 16 : Les responsables des services de sécurités rattachés à la présidence exécutent dans des conditions fixées par des textes particuliers, certaines missions intéressant de la Défense.
TITRE IV
De l'organisation territoriale et
opérationnelle de la Défense
ARTICLE 17 : La Défense est préparée conduite et coordonnée par les autorités civiles et militaires, dans le cadre des circonscriptions territoriales militaires définies par décret et ayant en principe les mêmes limites.
ARTICLE 18 : Dans les circonscriptions visées à l'article 17
1- Les chefs de circonscriptions administratives détiennent seuls les pouvoirs nécessaires pour engager toutes les ressources de la Nation dans l'effort de défense et coordonner leur emploi.
Ils sont responsables de la sauvegarde des installations d'intérêt général. Ils veillent à la protection des populations contre les sinistres résultats des actions de guerre (Défense passive)
Ils disposent dans des conditions fixées par des textes particuliers, Force de Police, de fractions déterminées de la Gendarmerie et de l'Armée et les utilisent pour l'exécution des missions défensives, dans le cadre de leurs règlements.
2- Les autorités militaires assurent le commandement des Forces Armées pour leur mise en condition et leur emploi local.
ARTICLE 19 : Le Président de la République, chef des Forces Armées peut constituer par décret des commandements opérationnels dont il fixe les moyens et les relations avec l'organisation territoriale civile et militaire.
TITRE V
Définition des moyens de
défense
ARTICLE 20 : Les moyens de défense comprennent : - les forces régulières,
- les forces supplétives,
- les forces auxiliaires,
L'ensemble des Forces est constitué pour défendre la Nation contre les ennemies du dehors et assurer au-dedans le maintien de l'ordre et l'exécution des lois.
ARTICLE 21 : Les forces régulières comprennent : - La gendarmerie National,
- L'Armée de terre,
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- La Marine Nationale,
- L'Armée de l'Air,
- Les polices des Etats Fédérés.
ARTICLE 22 : Les forces auxiliaires sont éléments civils armés qui ne sont pas employés à plein temps à des missions de Défense
Les forces supplétives sont des éléments civils armés, organisés en unité, employés à plein temps à des missions de Défense.
Les conditions de recrutement, les missions, l'organisation, l'administration, la tutelle, les modalités d'emploi des forces supplétives et auxiliaires sont fixées par décret.
ARTICLE 23 : Pour la Défense, les formations des forces régulières sont reparties en :
- unités de réserve générale,
- unité d'intervention,
- unité territoriale,
Les formations des forces supplétives et les forces auxiliaires sont des unités territoriales.
ARTICLE 24 : Les unités de réserve générales ne peuvent être employées que sur ordre ou autorisation du Président de la République.
ARTICLE 25 : Les unités d'intervention reçoivent normalement leurs missions du Ministre des Forces Armées après approbation du Président de la République.
Elles peuvent être mises temporairement à la disposition d'un commandement territorial.
ARTICLE 26 : Pour l'emploi des unités territoriales, il faut distinguer :
- la Gendarmerie départementale et les Polices,
- la Gendarmerie mobile,
- l'Armée de terre, la Marine Nationale et l'Armée de l'Air.
L'autorité civile dispose normalement pour le maintien de l'ordre de la Gendarmerie départementale et des Polices.
L'emploi des missions normales de maintien de l'ordre de la Gendarmerie Mobile et des Forces terrestre, aériennes et maritimes est subordonné à leur réquisition préalable et fait l'objet des textes particuliers. L'emploi des Forces terrestre, Aériennes et Maritimes pour le maintien de l'ordre n'est justifié qu'en cas d'insuffisance des moyens de la Gendarmerie et des Polices.
La conduite des opérations intérieures sortant du cadre traditionnel de maintien de l'ordre est assurée par le commandement militaire territorial ou par les Commandements opérationnelles spécialement constitués qui prennent toutes les mesures nécessaires pour l'exécution des missions qui leurs sont fixées.
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ARTICLE 27 : l'organisation générale et les missions de la Gendarmerie Nationale, de chacune des Armées et de la Polices sont fixées par décret.
L'organisation des unités fait l'objet, suivant le cas de décisions ministérielles ou présidentielles.
TITRE VI
De l'emploi des personnes et des
ressources
ARTICLE 28 : Il est institué un « Service National » comprenant : - le service Armée destiné à répondre aux besoins des Forces régulières supplétives ou auxiliaires ;
- le service de Défense destiné à pourvoir aux besoins de Défense civile ;
Le service de Défense concerne les personnels destinés à la protection civile, aux fonctionnements des organisations, installations et entreprises vitales pour la défense et survie du pays, aux concours de maind'oeuvre demandé par les forces Armées ou aux travaux de Défense prescrit par les autorités militaires et civiles.
ARTICLE 29 : Les besoins en personnels du service national sont couverts par :
- la mobilisation des réserves du service armé ;
- le rappel des anciens fonctionnaires ou employés divers de l'Etat et des administrations publiques,
- l'appel au volontariat,
- la réquisition.
La préparation et l'exécution de ces mesures font l'objet de textes particuliers
ARTICLE 30 : Sont assujettis au service national les citoyens masculins âgés de 18 à 55 ans, s'ils possèdent la capacité physique nécessaire.
Les personnels de sexe féminin, physiquement aptes peuvent être volontaires ou requises pour certaines branches du service de Défense.
ARTICLE 31 : Il sera institué une formation préliminaire masculine et féminine dont l'organisation sera réglée par des textes particuliers.
La préparation militaire pourra, par décret, être rendu obligatoire pour les élèves de certaines écoles, les candidats à certaines fonctions, certaines catégories de citoyens.
ARTICLE 32 : Il sera crée un fichier national de Défense pour suivre la situation de toutes les personnes admises à recevoir ou ayant reçu une formation prémilitaire et celle de tous les hommes âgés de 18 à 55 ans susceptibles de participer au service national.
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Un décret précisera les conditions de fonctionnement du fichier national et les modalités selon lesquelles les citoyens seront tenus de fournir les renseignements les concernant.
ARTICLE 33 : La durée du service national est établie sur 37 années soit de 18 à 55 ans.
- les sept premières années constituent la disponibilité,
- les quinze années suivantes constituent la réserve,
- les quinze dernières années constituent la deuxième réserve. Toutefois, les personnels :
- libérés des forces régulières font parties soit leur âge de la disponibilité durant cinq ans après la date de leur libération,
- pourvus d'un grand Officier ou de Sous-officier de réserve font partie de la disponibilité jusqu'à la limite d'âge statuaire de leur grade augmenté de 5 ans.
Les personnels nécessaires au service armé sont pris en priorité parmi ceux de la disponibilité.
Les personnels de la disponibilité et de la première réserve peuvent être tenus d'effectuer des périodes d'instruction militaire.
Les personnels assujettis au Service National et qui n'ont pas effectué une période d'instruction militaire peuvent être tenus d'effectuer des périodes d'instruction ou de travaux de Défense.
ARTICLE 34 : Les assujettis au Service National lorsqu'ils ne sont pas appelés dans les forces régulières supplétives ou auxiliaires peuvent être :
- organisés en corps de Défense régionaux chargés d'assurer certains service ou travaux utiles à la Défense ;
- organisés en milice de Défense locale ou d'entreprise ;
- maintenus sans affectation.
Dans les deux premières éventualités ci-dessus, les assujettis du Service National relève de la discipline générale et des juridictions militaires dans les mêmes conditions que les personnels des Forces Armées.
ARTICLE 35 : Le régime de la rémunération des assujettis au Service National est :
- celui des forces supplétives lorsqu'il est employé en corps de Défense ;
- fixé par décret lorsqu'ils sont employés dans le cadre des milices de défense locale ou d'entreprise
ARTICLE 36 : Le régime des pensions d'invalidité des assujettis au Service National est celui :
- des forces supplétives lorsque, appartenant à un corps de Défense ou à une milice locale, ils ont été pourvus d'armes par les autorités
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civiles ou militaires et sont blessés dans l'exécution ou à l'occasion de leur mission ;
- des salariés relevant du code du travail dans tous les autres cas où ils sont blessés en service de Défense.
ARTICLE 37 : Les modalités de l'exercice et de la délégation du droit de réquisition des personnels et des biens ouverts en vertu de l'article 3 de la présente loi seront fixées par décret.
ARTICLE 38 : Dans le cadre du Service National :
- les fonctionnaires sont chargés de suivre les questions de Défense dans les différents ministères, secrétariat d'Etat et services ou dans les circonscriptions territoriales,
- certaines personnalités de secteurs publics ou privés peuvent être astreints à effectuer des stages de formation ou d'information sur les questions de Défense.
ARTICLE 39 : Des décrets fixeront en tant que de besoin les, modalités d'application de la présente loi.
ARTICLE 40 : La présente loi sera enregistrée publiée en français et en anglais au journal officiel et exécutée comme loi de la République Fédérale du Cameroun.
Fait à Yaoundé, le 12 juin 1967
LE
PRESIDENT DE L REPUBLIQUE FEDERALE
(é) EL HADJ AHMADOU AHIDJO
Pour ampliation : LE SECRETAIRE GENERAL ;
(é) Z. MONGO SOO
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REPUBLIQUE DU CAMEROUN
PAIX- TRAVAIL- PATRIE
DECRET N° 68/DF/33 du 29 janvier 1968
-=--ooOoo=-=-
Fixant les missions de défense des Forces
Régulières
Supplétives et auxiliaires
LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE,
Vu la constitution du 1er septembre 1961 ;
Vu la loi n° 67/LF/9 du 12 Juin 1967 portant organisation générale de la Défense et notamment l'article 27 ;
Vu le décret 61/DF/11 du 20 octobre 1961 relatif à la Sûreté intérieure de l'Etat Fédéral ;
Vu le décret 67/DF/184 du 26 Avril 1967 fixant les attributions de chef de circonscriptions administratives ;
DECRETE :
ARTICLE 1 : GENERALITES
1°) - Le maintien de l'ordre à pour objet de prévenir les troubles afin de n'avoir pas à les réprimer. Il comporte également si
l'ordre vient à être troublé, des mesures destinées à le rétablir. On distingue le Maintien de l'Ordre :
- PREVENTIF, à base de renseignements et pouvant entraîner des Forces territoriales avec ou sans réquisition ;
- ACTIF, en cas de menaces, de troubles justifiant la mise en application des plans de protection ;
- RENFORCE, en cas de troubles graves et généralisés justifiant la proclamation de l'état D'URGENCE.
2°) - La Défense Opérationnelle a pour objet de s'opposer à des Forces généralisées militairement, étrangères ou non.
Elle peut aussi faire suite au maintien de l'ORDRE RENFORCE, lorsque les mesures résultant de l'état D'URGENCE avèrent insuffisantes.
La Défense Opérationnelle est conduite par de commandement spécialement constitués. Elle nécessite généralement des mesures de mobilisation. Elle peut être menée tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du territoire.
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3°) - La résistance intérieure s'exerce dans les parties du Territoire National occupées par des Forces ennemies. Elle vise la libération du territoire et le rétablissement des Autorités nationales légales dans la plénitude de leurs attributions.
ARTICLE 2 : PRINCIPES
1. La direction Supérieure du Renforcement du Maintien de l'ordre de la défense opérationnelle et éventuellement celle de la résistance intérieure est assurée par le chef de l'Etat.
2. Les autorités administratives sont responsables du maintient de l'ordre dans leur circonscription.
3. les commandements constitués conformément aux dispositions des articles 19 et 26 de la loi 67/LF/9 du 12 Juin 1967 ont la responsabilité de la défense opérationnelle.
4. La résistance intérieure organisée dans la clandestinité est dirigée par les personnalités civiles, militaires ou de police ayant pu conserver leur liberté d'action ou par toute autre personne en ayant reçu mandat du chef de l'Etat.
5. Dans les situations de maintient de l'ordre, de défense opérationnelle, de résistance intérieure, le renseignement revêt une importance capitale. Sa recherche au bénéfice des autorités responsables est une mission permanente pour les Forces.
ARTICLE 3 : MISSION DES FORCES
1. Du point de vue de leurs missions pour le maintien de l'ordre, les Forces régulières sont divisées en trois catégories qui sont :
1ère catégorie : Gendarme et Police
2ème catégorie : Gendarme mobile et unité mobile de police
3ème catégorie : Armée de terre, Marine nationale, Armée de
l'air
Les Forces supplétives et auxiliaires appartiennent à la deuxième catégorie
2. Emploi des Forces pour l maintient de l'ordre :
a) - Les Forces de premières catégories sont à la disposition des
autorités administratives pour le maintient de l'ordre préventif ;
Elles agissent dans les conditions prévues par leurs règlements, soit à leur initiative, soit en exécution de l'ordre de leurs chefs ou sur réquisition des autorités administratives.
b) - Les Forces de deuxième catégorie sont spécialisées dans le maintien de l'ordre. Elles agissent à la demande et eu besoin sur réquisition des autorités habilitées.
- c) - Les Forces de troisième catégorie ne
doivent être utilisées au
maintient de l'ordre
qu'exceptionnellement et seulement en cas
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d'insuffisance des Forces de première et de deuxième catégorie. Elles sont mises en oeuvre sur réquisition.
- d) - Des textes particuliers à la Sûreté intérieure de l'Etat fédéral, précise les autorités habilitées à requérir des Forces Armées, les règles de commandement et les conditions d'emploi de l'armement.
- 3. En situation de défense opérationnelle à l'intérieure du territoire
- a) - Les Forces territoriales de gendarmerie et de police conservent leurs missions normales de renseignements, de maintien de l'ordre, de police judiciaire, administrative et militaire.
- b) - Les unités territoriales des Armées, les unités de Forces supplétives et auxiliaires agissent dans le cadre de leur circonscription territoriale comme moyen de première intervention, de combat retardateur de protection des objectifs importants, de protection des unités du corps de bataille. Elles préparent l'entrée en action des Forces d'intervention et de réserve générale.
- c) - Les unités d'intervention et de réserve générale de la gendarmerie et de la police peuvent être appelées à participer aux actions de combat avec les unités du corps de bataille. Elles sont plus particulièrement consacrées à celles de ces actions comportant des contacts avec les populations.
- d) - Les unités d'intervention et de réserve générale des Armées mènent le combat ayant pour but la mise hors d'état d'agir par capture ou anéantissement des Forces ennemies étrangères et des nationaux qui les appuient.
- 4. Lorsque les Forces sont appelées à agir hors du territoire national, soit en cas de conflit direct, soit dans le cadre d'accords internationaux, des instructions particulières du chef de l'Etat définissent leurs missions et les conditions d'exécution.
- 5. En cas d'occupation partielle ou totale du territoire national par des Forces ennemies.
- a) - La gendarmerie et la force territoriale conservent leurs missions normales de maintien de l'ordre. Elles s'efforcent avec celles des autorités nationales demeurées en place de protéger au mieux les populations contre les services ou l'emprise de l'occupation.
- b) - Toutes les Forces en mesure d'agir poursuivent le combat, les unités territoriales des Armées, les Forces supplétives et auxiliaires organisent et mènent une résistance intérieure locale. Les unités d'intervention et de réserve générale rejoignent les zones de regroupement prévues à partir desquelles elles harcèlent l'ennemi et soutiennent les organisations locales de résistance.
- 6. La préparation de l'exécution des mesures de maintien de l'ordre constitue.
- a) - La mission principale de la gendarmerie, de la police, des formations supplétives et auxiliaires.
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- b) - Une mise éventuelle pour l'Armée de Terre, la marine nationale, l'Armée de l'air.
- 7. La préparation et l'exécution des actions de défenses opérationnelles constituent :
- a) - La mission principale de l'Armée de Terre, de la marine nationale, de l'Armée de l'air.
- b) - Une mission importante pour la gendarmerie mobile, les unités de polices, les gardes civiques, les formations auxiliaires d'aide.
- c) - Une mission éventuelle pour la gendarmerie territoriale, la garde républicaine, la police territoriale, les formations auxiliaires de garde.
- 8. La résistance intérieure en cas d'occupation du territoire national est un devoir pour toute es Forces qui peuvent y participer.
- 9. La force républicaine est chargée d'assurer par priorité la sécurité du président de la république fédérale et de l'assemblée nationale fédérale. Cette mission peut revêtir toutes les formes de maintien de l'ordre, de la défense opérationnelle de la résistance intérieure.
- 10) Dans les situations de défenses opérationnelles, la gendarmerie nationale assure le service de la prévôté des Armées. Les polices prêtent leur concours aux commandements opérationnels.
- ARTICLE 4 :
- Des instructions présidentielles prisent sur proposition du Ministre des Forces Armées ou des autorités dont dépendent les polices, développent en tant que besoin des modalités d'exécution des missions de maintien de l'ordre et de défense de chacune des Forces.
- ARTICLE 5 :
- Le présent décret sera enregistré et publié au journal officiel de la république fédéral du Cameroun en français et en anglais.
-
- Yaoundé, le 26 janvier 1958
-
- Le président de la république
-
- EL HADJ AHMADOU AHIDJO
-
- Pour ampliation
-
- Le Secrétaire Général
- P. BIYA
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LISTE DES DECRETS RELATIFS A LA REORGANISATION DE LA DEFENSE NATIONALE SIGNE PAR MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
(Cf Cameroon Tribune n°7398/3687 du 26 Juillet 2001)
1-Décret n°2001/177 du 25 Juillet 2001, portant organisation générale de la Défense ;
2- Décret n°2001/178 du 25 Juillet 2001, portant organisation générale de la Défense et des Etats-majors centraux ;
3-Décret n°2001/179 du 25 Juillet 2001, portant définition du Commandement organique et opérationnel ;
4- Décret n°2001/180 du 25 Juillet 2001, portant réorganisation du Commandement militaire territorial ;
5- Décret n°2001/181 du 25 Juillet 2001, portant organisation de la Gendarmerie Nationale ;
6- Décret n°2001/182 du 25 Juillet 2001, fixant les attributions des Chefs d'Etat-Major ;
7- Décret n°2001/183 du 25 Juillet 2001, portant réorganisation des formations de combat de l'Armée de Terre ;
8- Décret n°2001/184 du 25 Juillet 2001, portant réorganisation du Corps National des Sapeurs Pompiers ;
9- Décret n°2001/185 du 25 Juillet 2001, portant organisation des services extérieurs de la Santé militaire ;
10- Décret n°2001/186 du 25 Juillet 2001, portant organisation de la Division de la Sécurité militaire ;
11- Décret n°2001/187 du 25 Juillet 2001, fixant les conditions de recrutement et d'admission dans les écoles militaires de formation des officiers ;
12- Décret n°2001/188 du 25 Juillet 2001, portant statut particulier du corps des officiers d'active des Forces de Défense ;
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13- Décret n°2001/189 du 25 Juillet 2001, portant organisation du cadre des officiers généraux des Forces de Défense ;
14- Décret n°2001/190 du 25 Juillet 2001, portantstatut particulier des personnels militaires non officiers des Forces de Défense ;
15- Décret n°2001/191 du 25 Juillet 2001, modifiant et complétant les dispositions du Décret n°84/010 du 13 Juillet 1984, fixant les avantages attachés au Commandement militaire ;
16- Décret n°2001/192 du 25 Juillet 2001, déterminant le taux de l'indemnité pour charges militaires des officiers d'active des Forces Armées ;
17- Décret n°2001/193 du 25 Juillet 2001, déterminant le taux de l'indemnité pour charges militaires de personnels non-officiers des Forces de Défense ;
18- Décret n°2001/194 du 25 Juillet 2001, modifiant et complétant certaines dispositions du Décret n°091/133 du 22 Février 1991, réglementant les modalités de prise en charge sur le budget de l'Etat des frais de missions et de transport des personnels militaires en cas d'affectation administrative, bourse, stage, mission, tournée, visite des chantiers, permission, retraite et décès ;
19- Décret n°2001/195 du 25 Juillet 2001, portant création de l'Office National des Anciens Combattants, anciens militaires et victimes de guerre du Cameroun ;
20- Décret n°2001/196 du 25 Juillet 2001, portant création du Comité de pilotage pour la mise en place des textes réorganisant et modernisant les Forces de Défense ;
21- Décret n°2001/197 du 25 Juillet 2001, portant réorganisation de l'EtatMajor Particulier du Président de la République ;
22- Décret n°2002/036 du 04 Février 2002, portant création et organisation des Forces de la Marine Nationale ;
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23- Décret n°2002/091 du 04 Février 2002, portant création et organisation des Forces
24- Décret n°2002/037 du 04 Février 2002, portant création et organisation de Défense.
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LA STRATÉGIE DE SÉCURITÉ NATIONALE
DES ÉTATS-UNIS
D'AMÉRIQUE

MAISON BLANCHE
WASHINGTON
Mes chers compatriotes,
L'Amérique est en guerre. Il s'agit là d'une stratégie de sécurité nationale de temps de guerre commandée par le terrible défi qui nous est posé : celui de la montée en puissance d'un terrorisme nourri par une idéologie agressive de haine et de meurtre, révélée aux Américains en ce 11 septembre 2001. Cette stratégie reflète notre obligation la plus solennelle : protéger la sécurité du peuple américain. L'Amérique se voit également offrir une opportunité sans précédent de jeter les fondements d'une paix future. Les idéaux qui ont inspiré notre histoire, à savoir la liberté, la démocratie et la dignité humaine, enthousiasment de plus en plus d'individus et de nations à travers le monde. Et parce que les nations libres ont une propension naturelle à la paix, la progression de la liberté ne fera que rendre l'Amérique plus sûre. Ces priorités indissociables - lutter et remporter la guerre contre le terrorisme et promouvoir la liberté comme une alternative à la tyrannie et au désespoir - orientent la politique américaine depuis bientôt plus de 4 ans. Nous avons maintenu l'offensive contre les réseaux terroristes, laissant notre ennemi affaibli mais hélas pas encore vaincu. Nous nous sommes unis au peuple afghan pour faire chanceler le régime Taliban - ces protecteurs du réseau Al-Qaida - et les avons aidé à le remplacer par un nouveau gouvernement démocratique. Nous avons attiré l'attention du monde sur la prolifération des armes dangereuses bien que ce
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domaine présente encore d'énormes défis. Nous nous sommes battus pour la démocratisation du Moyen-Orient, relevant des défis et réalisant des avancées que peu auraient pu prédire ou espérer. Nous avons entretenu des relations stables et de coopération avec toutes les grandes puissances de ce monde.
Nous avons décuplé nos efforts pour encourager le développement économique et l'espoir qu'il fait naître, et avons concentré ces efforts sur la promotion de la réforme et l'obtention de résultats. Nous avons dirigé une coalition internationale chargée de destituer le dictateur irakien, un dictateur coupable d'avoir brutalisé son propre peuple, terrorisé sa région, défié la communauté internationale, et de s'être procuré et d'avoir utilisé des armes de destruction massive. Et nous nous battons aux côtés des Irakiens pour garantir un Irak uni, stable et démocratique, un nouvel allié dans cette guerre contre le terrorisme au coeur même du Moyen Orient. Nous avons réalisé de grandes choses, relevé de nouveaux défis et peaufiné notre approche au gré des conditions changeantes. Nous avons découvert également que la défense de la liberté amène perte et chagrin, parce que la liberté a ses ennemis. Nous avons toujours su que la guerre contre le terrorisme exigerait de gros sacrifices, et au cours de cette guerre, nous avons dit adieu à des hommes et des femmes d'exception. Les terroristes ont eu recours à des actes extrêmement meurtriers depuis les rues de Fallujah jusqu'au métro de Londres. Tous ces actes étant destinés à mettre notre volonté à rude épreuve. La lutte contre cet ennemi, un ennemi qui vise les innocents sans conscience ni hésitation - a été difficile. Et notre travail est loin d'être terminé.
L'Amérique doit aujourd'hui choisir entre la voie de la peur et la voie de la confiance. La voie de la peur, celle de l'isolationnisme et du protectionnisme, de la fuite et du retranchement, est tentante pour ceux qui estiment nos défis trop ambitieux et qui restent aveugles à nos opportunités. L'histoire est cependant là pour nous rappeler qu'à chaque fois que les
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dirigeants américains ont emprunté ce chemin, les défis n'en sont devenus que plus grands et les occasions manquées ont nuit à la sécurité des générations suivantes. Cette Administration a choisi la voie de la confiance. Nous préférons le commandement à l'isolationnisme et la poursuite du libre échange et de l'ouverture des marchés au protectionnisme.
Nous choisissons de relever les défis qui se posent à notre pays maintenant, plutôt que les laisser aux mains des générations futures. Nous allons combattre nos ennemis à l'étranger plutôt qu'attendre de les voir venir frapper à nos portes. Nous souhaitons façonner le monde et pas simplement épouser la forme qu'il souhaitera nous donner ; nous voulons influencer les événements dans un sens favorable plutôt que les subir. La voie que nous avons choisie est dans la droite ligne de la grande tradition de politique étrangère américaine. À l'instar des politiques d'Harry Truman et de Ronald Reagan, notre approche est idéaliste en ce qui concerne nos objectifs nationaux et réalistes pour ce qui est des moyens d'y parvenir.
Pour suivre cette voie, nous devons conserver et étendre notre force nationale afin de pouvoir saisir ces menaces et défis à bras le corps, avant qu'ils ne nuisent irrémédiablement à notre peuple ou à nos intérêts. Nous devons conserver une force militaire sans pareil malgré que notre force ne repose pas que sur la seule puissance des armes. Elle se nourrit également de la prospérité économique et de valeurs démocratiques dynamiques. Et elle repose sur des alliances solides, sur des amitiés et des institutions internationales qui nous aident à promouvoir ensemble la liberté, la prospérité et la paix.
Notre stratégie de sécurité nationale repose sur deux piliers :
· Le premier consiste à promouvoir la
liberté, la justice et la dignité humaine en oeuvrant pour mettre
fin à la tyrannie, promouvoir des démocraties efficaces et
étendre la prospérité au travers d'échanges
commerciaux libres et équitables et de politiques de
développement bien senties. Les gouvernements libres sont responsables
de leurs
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actes devant leur population, ils gouvernent leur territoire efficacement et poursuivent des politiques économiques bénéficiant à leurs citoyens. Les gouvernements libres n'oppriment pas leur peuple ou n'attaquent pas d'autres nations libres. La paix et la stabilité internationales s'affermissent davantage lorsqu'elles se fondent sur la liberté.
· Le second pilier de notre stratégie consiste
à relever les défis de notre époque en dirigeant une
communauté croissante de démocraties. Bon nombre des
problèmes qui nous rongent aujourd'hui, depuis les pandémies, en
passant par la prolifération des armes de destruction massive, le
terrorisme, le trafic des êtres humains, jusqu'aux catastrophes
naturelles, ne s'arrêtent pas à nos frontières. Des efforts
multilatéraux efficaces sont absolument indispensables pour
résoudre ces problèmes. Et l'histoire nous a montré que ce
n'est que lorsque nous remplissons notre part du contrat que le monde suit.
L'Amérique doit continuer à diriger le monde.
