SECTION 4 : QUELQUES
RECOMMANDATIONS
Pour donner une lumière à nos recherches, nous
suggérons ce qui suit aux acteurs des conflits en RDC en
général et à l'Est en particulier afin d'éviter
toute reprise des violations de droit humanitaire, des droits de l'homme,
tueries, massacres et autres modes de violation des droits de l'homme.
Dans le district de l'Ituri, nous recommandons de :
- Passer au désarmement des derniers groupes
armés encore actifs et récupérer l'armement
disséminé en grand nombre au sein des différentes
communautés. Ce désarmement doit passer par l'instauration d'un
minimum de confiance entre les communautés locales et l'administration.
- Au delà du désarmement et la restauration de
l'autorité de l'Etat et face au risque de voir les futures
élections locales servir de détonateurs à des nouveaux
troubles, trois défis majeurs se posent et doivent être
traités de façon simultanée.
En premier lieu, il y a la question des
conflits fonciers qui est à l'origine de l'explosion de la violence.
Ces conflits n'ont jamais été réglés et menacent
constamment de déboucher sur des nouveaux affrontements inter ethniques.
Avec le retour des réfugiés et des déplacés ainsi
que la reprise attendue des activités économiques, la
résurgence des conflits fonciers est quasi inévitable. Des
actions de prévention et une clarification de l'imbroglio juridique
lié à la loi foncière et au statut des chefferies sont
indispensables.
Deuxièmement, l'absence de
transparence et de justice dans la répartition ou gestion des ressources
naturelles et minières surtout. Alors que le népotisme
imprègne encore fortement les pratiques politiques locales, le partage
inégal et peu transparent des revenus tirés de l'exploitation de
l'or, des douanes, où plus encore du pétrole du lac Albert,
risque de déboucher sur de nouvelles tensions.
La mise en place d'un cadre de gestion transparente des
ressources du district, le démantèlement des réseaux
mafieux de détournement des ressources minières et
forestières ainsi que la gestion prudente des attentes suscitées
par la découverte du pétrole du lac Albert s'avèrent
capitale.
Troisièmement et enfin, la
réconciliation intercommunautaire reste superficielle et la justice
locale est toujours incapable de lutter de manière satisfaisante contre
l'impunité. Alors, la poursuite des enquêtes de la CPI et la mise
en place des chambres mixtes (nationales et internationales) et d'une
commission vérité et réconciliation apparaissent plus que
jamais nécessaires si l'on souhaite que l'Ituri parvienne
réellement à tourner la page de la guerre qui l'a
dévasté pendant près de dix ans.
Bref, terminer le désarmement et restaurer
l'autorité de l'Etat, prévenir le conflit foncier,
améliorer la gestion sous toutes ses formes et autres...
- Aux gouvernements ougandais, rwandais de cesser de fournir
une assistance militaire, financière ou d'une autre nature à des
groupes armés ayant commis de graves violations du DIH et des droits
humains en Ituri. Ceci concerne les milices Lendu, Ngiti et Hema, les partis
tels que l'UPC, PUSIC, FNI, FAPC ainsi que le RCD/K-ML, RCD-N, RCD Goma, et
MLC.
- Au gouvernement Ougandais ; d'enquêter sur les
supposés violations des droits de l'homme par les forces Ougandaises et
traduire en justice les personnes accusées d'avoir commis de tels crimes
ou d'avoir facilité ou toléré la réalisation de
tels crimes par des groupes locaux sur lesquels elles exerçaient un
contrôle.
- Aux bailleurs de fond ; d'exercer des pressions
politiques, diplomatiques et économiques sur les gouvernements de
l'Ouganda, du Rwanda à fin de dissuader de soutenir des groupes
armés locaux responsables de crimes contre l'humanité et crimes
de guerre. Dénoncer publiquement les violations des droits humains, y
compris le recrutement d'enfants soldats, par tous les groupes politiques
armés locaux et ceux qui les soutiennent en Ituri. Soutenir les efforts
du Conseil de Sécurité pour établir un mécanisme
judiciaire international, crédible et efficace.
Au Kivu nous appelons à:
- La dénonciation et à la sanction effective de
tous les fils et toutes les filles impliqués de près ou de loin
au maintien de la guerre à l'Est du pays ainsi qu'à l'exclusion
sans aucune forme de procès de ceux et de celles qui se retrouvent dans
les institution de la république conformément aux dispositions
constitutionnelles ;
- S'il est établi aujourd'hui que la guerre en RDC est
entrain de prendre de l'ampleur suite à la convoitise de nos
matières premières par les puissances occidentales et
régionales, nous exigeons qu'il y ait des négociations franches
entre ces puissances et le gouvernement congolais afin d'éviter le taux
élevé de viols, d'enrôlements par force des enfants, le
déplacement massif des populations et de nombreuses tueries que nous
déplorons.
- Ce conflit doit éveiller les congolais à se
lever courageusement comme un seul homme pour chasser l'imposteur et prendre
définitivement en main le destin de notre pays. Un pays
complètement détruit où les enfants dorment dans la rue,
affamés et à même le sol, où les femmes sont
régulièrement violées par les soldats étrangers qui
occupent le territoire national, mais également par les soldats de la
MONUC sans que la communauté internationale crie haro.
- Que les acteurs comme Laurent N'KUNDA, Bosco TAGANDA soient
poursuivis en justice jusqu'à payer de leurs actes.
- Que le gouvernement Rwandais coopère avec le
gouvernement congolais dans la livraison des criminels se trouvant sur son sol,
tâche aujourd'hui impossible.
Le conflit congolais en général et de l'Est en
particulier, repose sur des rapports de force
déséquilibrés et sur une anticipation de la part des
puissances étrangères qui surprennent les congolais à
chaque étape de leur histoire nationale.
Il est temps d'inverser le courant en poussant les congolais
à devenir maîtres de leur histoire et de leur destin.
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