Politique fiscale et informalités économiques au Niger( Télécharger le fichier original )par Moussa Sahirou Tchida Institut universitaire d'études en développement de Genève - Diplôme d'études approfondies (DEA) 2005 |
3.3 Cohérence des politiques économiques et fiscalesLa définition d'une bonne politique fiscale et la mise en oeuvre d'un systeme efficace d'imposition et de recouvrement des taxes et impots, suppose sans nul doute une bonne clarification des orientations économiques. Dans le cas du Niger, au regard des différents indicateurs économiques et financiers, il se révéle que la politique budgétaire et la réalité économique sont largement éloignées l'une de l'autre. Ce constat peut etre illustré par le paralléle qui s'établit trés souvent entre par exemple, le taux de pression fiscale et le Pll3 nominal du pays. Autrement dit, le montage budgétaire tel qu'il est effectué, ne repose sur pratiquement aucune base objective de la conjoncture économique et partant sur aucune tendance pertinente de l'évolution de l'économie nationale en terme, entre autres, de croissance économique. La cohérence des politiques économique et financiére devait se traduire non seulement par l'adoption d'un arsenal de textes législatifs et réglementaires devant permettre un meilleur développement des activités productives et commerciales, mais aussi un dispositif permettant aux pouvoirs publics d'en tirer le meilleur profit. Cependant, est-il cohérent pour un pays souffrant des graves déficits budgétaires d'accorder des exonérations d'impots sur des périodes relativement longues(3 ans-5ans) a des entreprises et sociétés s'installant ? En effet, le code des investissements, qui se veut un instrument stimulateur en matiére d'investissements, accorde des exonérations d'impots a des initiatives privées, censées par ailleurs prendre un certain risque. L'Etat du Niger s'est ainsi engagé a rendre attrayant l'espace économique national en accordant des facilités aux investisseurs potentiels et autres opérateurs économiques, car il lui est reproché, malgré le fait d'offrir le plus bas salaire de la sous-région, de ne pas o réussir a susciter les investissements en raison de sa fiscalité trop élevée sur le revenu et les sociétés. >>143 143 Club du Sahel(Organisation de Coopération et de Développement Economiques), Intégration régionale en Afrique de l'Ouest : Options et risques, SAH/GMAP(2000)13. Document a usage officiel préparé pour la réunion du Groupe Ministériel d'Animation et de Proposition qui s'est tenue a Paris du 2 au 3 octobre 2000, p.5 Conditions et avantages liés a l'investissement au Niger/44 « A » - toute entreprise exercant une activite dans un des secteurs couverts par le Code ;
Régime Conditions Avantages Note : 1. La duree des avantages afferents aux differents regimes est bonifiee de trois ans pour les entreprises qui s'implantent dans les departements d'Agadez, de Diffa, de Tahoua ou de Zinder.
les affaires realisees pendant la duree du regime, y compris l'acquisition de biens et de services, en cas d'activite dans les secteurs du transport aerien ou de la construction d'hotels. C'est donc pour remedier a cette lacune, si elle en est une, et minimiser les risques pour les operateurs economiques que le Niger a l'instar des autres pays de la sous-region, adopta « de reglementations fiscales et douanieres favorables »145, a leur egard. Pourtant, celui qui court le plus de risque, c'est bien l'Etat qui pourrait perdre des ressources auxquelles il a legitimement droit du fait de la mauvaise foi de certains investisseurs qui pourraient 144 Organisation Mondiale du Commerce, Examen des politiques Commerciales - Niger/ Rapport du Secretariat, www.wto.org/french/tratop_f/tpr_f/s118-3_f.doc., 30 juin 2003, p.47 145 Bernard CONTAMIN et Yves-Andre FAUR, (1992), Des economies et des Etats en Afrique francophone : pour comprendre l'interventionnisme, Cah. Sci. Hum. 28 (2) 1992 : 3632U, p.315, (22 pages), visualise sur www.bondy.ird.fr/pleins_textes/ pleins_textes_4/sci_hum/35893.pdf. falsifier leur bilan économique au terme de la période de grace fiscale pour se déclarer en faillite aprés avoir engrangé d'importants bénéfices. Par ailleurs, la liste assez longue des exonérations de la TVA pour certains agents économiques en matiére d'importation, d'exportation et réexportation ou de prestations de services ne semble pas, a notre avis, assez réaliste pour un pays en quête de ressources. Ainsi, pouvons-nous observer que le régime fiscal et douanier de la République du Niger exonére de la TVA, entre autres, les transports aériens a destination ou en provenance de l'étranger, les commissions de gestion de portefeuille per9ues par les agents généraux d'assurances agrées par le Ministére chargé des finances, les honoraires per9us par les membres de professions médicales, paramédicales et par les vétérinaires, les ventes et reventes a l'intérieur des minerais d'uranium et substance connexe et dérivée, etc.. Les exonérations constituent un des reproches que la commission de l'U.E.M.O.A fait au Niger. Dans cette perspective, le Niger s'est engagé dans son programme 2002-2004 de maitriser et de réduire les exonérations relatives aux marchés publics sur financement extérieur146. Mais, cette mesure ne suffira pas, car le Niger comme beaucoup d'autres pays doivent également étendre la TVA sur certains produits alimentaires comme le riz. Au-dela des recettes fiscales attendues de cet élargissement de la TVA, il s'agit aussi de protéger et de promouvoir la production céréaliére nationale qui subit les contre-coups de la concurrence de certaines denrées importées, comme le riz. Il s'est avéré que « les exonérations de TVA relatives aux produits agricoles ont des effets nefastes sur les agriculteurs et sont contraires aux objectifs de strategies de lutte contre la pauvreté »147. En d'autres termes, les équations a résoudre seraient de faire en sorte que l'Etat exploite toutes les possibilités pour mobiliser plus de ressources sans pour autant décourager les initiatives privées, mais aussi de réduire les dépenses publiques tout en préservant certains acquis sociaux, notamment les subventions et autres facilités accordées au secteur agricole. En somme, l'Etat doit s'engager dans des réformes économiques et financiéres avec des objectifs clairement définis en moyen et long terme, en essayant d'harmoniser au mieux les objectifs des différents programmes qu'il initie lui-même ou sous l'égide d'institutions financiéres internationales ou des organismes des nations-unies. A cet égard, il y a lieu de définir des orientations claires au programme de lutte contre la pauvreté, au programme d'actions pour les objectifs du millénaire, et d'autres comme ceux du NEPAD. Il appartient a 146 République du Niger/MF/E/ CNPE, (2002-2004), Programme pluriannuel de Convergence, de Stabilite, de Croissance et de Solidarite, p.12, (20 pages), visualisé sur www.izf.net. 147 CHAMBAS, G., (2004), op.cit., p.99. l'Etat de tracer la route du développement économique aux différents acteurs internes, externes ou issus de l'immigration en leur laissant le soin de les I*tir par leurs initiatives propres. |
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