Les Enseignants Marocains : Entre Prise de Distance
et Engagement
Lycée Public dans les Zones Urbaines du
Nord
Par RABIA EL ANTAKI Directeur de recherche : RICHARD
WITTORSKI
JUIN 2010
Remerciements
Je tiens à remercier mon directeur de mémoire dont
l'encadrement précieux m'a initié à la démarche
scientifique.
« Le plus beau sentiment que l'on puisse éprouver,
c'est le sens du mystère. C'est la source de toute vraie science.
Celui qui n'a jamais connu cette émotion qui ne possède pas le
don d'émerveillement, ni de ravissement, autant voudrait qu'il fût
mort, ses yeux sont fermés. »
EINSTEIN
Sommaire
Résumé .5
Introduction 6
Partie 1 Contexte social Marocain 8
Partie 2 Cadre théorique : Les facteurs influant sur
l'Engagement ou le désengagement des enseignants .13
2.1 Parcours professionnel et Itinéraire de formation
.14
2.2 La pratique : les conditions d'exercice du métier
2.2.1- La pratique : Quand, comment, quoi ? 15
2.2.2 La pratique : Evolutions du métier 17
2.2.3Comment les enseignants pensent améliorer leurs
pratiques 18
2.3 vécu quotidien
2.3.1 Environnement physique
2.3.1.1 Vécu quotidien au sein du lycée public
19
2.3.1.2Vécu quotidien entre la centre ville et la
périphérie .20
2.3.2 Environnement socio-affectif .21
2.4 Perception du métier
Perceptions personnelles versus Perceptions sociales 23
Partie 3- Analyse et Interprétation des
Résultats
3.1 Analyse des Données
3.1.1 Méthodologie d'enquête et échantillon
25
3.1.2 L'analyse des données
3.1.2.1 Données concernant l'itinéraire
professionnel et l'itinéraire de
Formation des enseignants
|
27
|
3.1.2.2 Données concernant la perception du métier
|
29
|
3.1.2.3 Données concernant la perception du métier
|
31
|
3.1.2.4 Données concernant le vécu quotidien de
l'enseignant
|
32
|
3.2 Discussion et interprétation des Résultats
|
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3.2.1 Lacunes de formation et parcours non professionnalisant
|
..36
|
3.2.2 La pratique du métier entre amélioration et
immobilisme
|
..37
|
3.2.3 Perception réelle et perception idéale
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.39
|
3.2.4 Vécu pénible et comportement professionnel
démobilisateur
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40
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Conclusion
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44
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Références
|
46
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Annexe 1
|
..51
|
Annexe 2
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..56
|
Résumé
Motivée par des attitudes disparates des
enseignants marocains par rapport a leur travail, cette recherche essaie
d'étudier les facteurs pouvant influer leur engagement ou
désengagement. La présente étude a donc pour but de
vérifier l'hypothèse selon laquelle, au Maroc, les enseignants
peuvent s'engager ou se désengager de leur travail à cause du
parcours professionnel et du parcours de formation, de la pratique du
métier, de la perception individuelle et sociale et du vécu
quotidien. Afin de vérifier cette hypothèse, une enquête
est menée auprès de 16 enseignants et enseignantes,
exerçant dans le lycée public dans les zones urbaines du nord du
Maroc, choisis selon l'ancienneté dans le métier et l'emplacement
de l'établissement scolaire. Les participants doivent répondre
à des questions comprises dans un guide d'entretien semi-directif visant
notamment à identifier leur engagement ou non à partir des 4
facteurs déjà mentionnés. L'analyse des données
révèle que 56,25% des enseignants disent avoir suivi une
formation continue très sporadique et trop théorique, 68,75%
disent sentir une lassitude quant à leurs pratiques, 62,5% ont une
perception idéale de leur image et 93,75% avouent que leur vécu
quotidien est pénible. Ceci dit, seulement 6,25% des enseignants disent
persister dans le métier par amour inconditionnel. L'hypothèse de
cette recherche est donc confirmée. Comment expliquer ces
résultats ? Des études ont montré que l'engagement de
l'enseignant se trouve fortement influencé par des facteurs de contexte
et des facteurs socio-affectifs (Alice F.b. Fracchia , José M. Esteve).
En effet, les enseignants exerçant dans un contexte infrastructurel,
relationnel et professionnel pénible tendent à adopter plus des
attitudes de prise de distance. Et si l'engagement professionnel est à
la base, un processus réflexif et évolutionniste (Lessard et
Tardif 2005), seulement une minorité des enseignants Marocains
s'inscrivent dans cette démarche. La majeure partie des enseignants
Marocains montrent un type d'engagement traditionnel qui axe le recouvrement
des programmes scolaires puisque la réflexivité et
l'évolutionnisme ne peuvent être présents dans le contexte
Marocain. Mais il y a aussi des enseignants dont le désengagement
apparait normal puisque le contexte Marocain est impropre à
l'engagement. D'autres recherches devront être menées afin de voir
si d'autres facteurs peuvent également être à la base de
l'engagement ou du désengagement de l'enseignant Marocain non seulement
dans le lycée mais également dans le primaire et le
collège.
Mots clés : engagement,
désengagement, prise de distance, enseignant, formation, pratique,
perception, vécu quotidien.
Introduction
L'engagement professionnel peut être défini comme
l'élan ou l'attitude psychologique qui poussent l'individu à
s'engager dans son organisation (Mowday, Porter et Steers, 1982). Dans le
domaine de l'enseignement, Lessard et Tardif (Lessard et Tardif 2005)
considèrent que les enseignants s'engagent dans leur travail quand ils
s'investissent dans une démarche individuelle et collective
réflexive et évolutionniste. Mais selon des recherches multiples,
l'engagement professionnel des enseignants présuppose la présence
de plusieurs facteurs dans le champ où ils oeuvrent. Certains chercheurs
font référence à l'environnement socioaffectif de
l'enseignant, notamment les relations de celui-ci avec les
élèves, les collègues et l'administration (Peterson &
Martin, 1990), d'autres avancent la primordialité du sens du travail et
de la satisfaction que l'enseignant peut en tirer (Firestone & Pennell,
1993), alors que d'autres (Hargreaves, 1994) axent le sens de l'engagement sur
des facteurs psychologiques ou existentielles (Claire Duchesne, Lorraine
Savoie-Zajc). La présente recherche opte pour une
perspective « socio-contextuelle ». Il sera question d'étudier
les facteurs se rapportant au contexte et aux rapports professionnels dans le
métier et comment ces facteurs mènent au désengagement ou
à l'engagement.
La problématique de la présente étude
s'interroge sur les raisons qui font qu'une partie des enseignants Marocains
jettent l'éponge parce qu'ils croient que le système
éducatif est stérile alors que certains maintiennent leur foi et
continuent à être productif malgré tout.
Nous postulons donc, qu'un engagement ou au contraire un
désengagement professionnel d'un enseignant est le résultat d'un
impact de facteurs contextuels et socio-affectifs à savoir le parcours
professionnel et le parcours de formation, la pratique, la perception et le
vécu quotidien de l'enseignant Marocain.
Les raisons du choix d'un tel sujet émane d'un souci
personnel d'une enseignante qui peine à comprendre les raisons qui
poussent un certain nombre d'enseignants à se désengager
complètement de leur travail, de leur relations avec les
élèves, du milieu éducatif en bloc ; alors que d'autres
s'accrochent et maintiennent leur motivation, se rattachent aux
élèves et influencent activement leur environnement. Une
volonté de comprendre les motifs des deux comportements disparates a
motivé le choix d'un tel sujet.
Ce mémoire ne prétend, cependant pas avancer une
vue d'ensemble des motifs ayant un impact sur l'implication ou non de
l'enseignant Marocain, il a la simple ambition de tenter la modeste ouverture
d'une interrogation qui cherche des réponses à l'état du
désengagement ou de l'engagement des enseignants par rapport à
leur métier.
La méthode de recherche retenue dans cette étude
est la méthode qualitative puisqu'elle permet à la fois
l'exploration, la description mais également l'explication du
phénomène étudié. En effet, vu le fait qu'il s'agit
dans la présente recherche de l'étude de comportements, de
perspectives individuelles et d'expériences professionnelles, la
méthode qualitative parait la mieux adaptée dans la mesure ou
elle peut rendre plus claires les raisons des démarches des individus
.
L'outil de recherche est un entretien de type semi-directif
choisi pour la facilité qu'il peut engendrer dans la quête de
l'information voulue. Pour atteindre cet objectif, une série de
thèmes et sous-thèmes a été définie avec des
questions prévues pour d'éventuelles relances. Les thèmes
renvoient aux facteurs « socio-contextuels » du parcours
professionnel de l'enseignant, de sa pratique, de son vécu quotidien et
de sa perception de son métier.
Les entretiens ont été conduits sur seize
enseignants dans les zones urbaines de la région du nord du Maroc. Les
répondants sont tous des enseignants et enseignantes de deuxième
degré de disciplines diverses dont l'ancienneté varie entre 5 et
20 ans et dont l'établissement scolaire est situé ou bien dans le
centre ville ou bien dans la périphérie.
Il sera question, en premier lieu, de présenter le
contexte social Marocain de l'enseignement des points de vue des acteurs
sociaux dans le but de donner une vue d'ensemble de la scène
éducative où se meuvent les enseignants qui adoptent des
attitudes différentes dans l'exercice de leur métier. Dans un
deuxième temps, il sera question d'exposer le cadre théorique qui
cernera les contours du sujet à partir des études dans le domaine
de la présente recherche. Enfin, l'analyse et l'interprétation
des données présenteront au début les données
concernant les enseignants Marocains et ensuite discuteront ces données
à la lumière des théories présentées
précédemment.
Partie 1- Contexte social Marocain
Il est estimé que le système éducatif
Marocain vit des difficultés exemplifiées récemment par le
rapport mondial de l'Unesco qui place le Maroc parmi les pays où
l'éducation peine à atteindre les objectifs escomptés. En
effet, ces difficultés du Maroc semblent ne pas s'arrêter aux taux
très élevés d'analphabétisme, à l'abandon
scolaire, aux dégradations infra structurales, mais englobent
également des doutes quant à la qualité des prestations
éducatives qui soulèvent des peurs conséquents d'un
éventuel naufrage. Le constat étant lourd de conséquences
pour un domaine qui puise à peu près le tiers du budget de
fonctionnement de l'Etat, le Maroc essaie par plusieurs moyens, des
réformes et des plans d'urgence, d'améliorer le contexte
éducatif. Ce constat met les enseignants en devant de la scène en
tant que principaux acteurs de mobilisation ou de démobilisation
professionnelle pouvant être liées à des facteurs
contextuels et socio-affectifs relatifs à l'exercice du métier de
l'enseignant. Que ce soit la formation, la pratique, la perception ou le
vécu quotidien, le contexte Marocain est pronostiqué souffrir de
plusieurs problèmes liés à ces quatre facteurs puisqu'une
reconnaissance officielle met en avant leur dysfonctionnement.
Le discours du Roi Mohammed VI lors de l'ouverture de la
première année de la septième législature, vendredi
11 octobre 2002 a bien souligné le souci que les décideurs
politiques ont de l'importance d'une formation de qualité :
« Le décollage économique et la
création d'emplois productifs ne peuvent se faire sans la mise en oeuvre
optimale de la réforme du système d'éducation et de
formation, car malgré les étapes franchies en la matière,
le plus difficile reste encore à faire, à savoir la
réforme qualitative de la
formation».1 En effet, il a
été avancé que cette formation de qualité, quelle
soit initiale ou continue a bien des liens étroits avec le maintien de
prestations éducationnelles appropriées.
De fait, il ya une reconnaissance ouverte de l'importance du
recyclage, du besoin d'assistance qu'éprouvent les enseignants pour
qu'ils puissent s'adapter aux mutations que connait le monde. Les mises
à jour des connaissances ainsi que les bouleversements du champ
didactique font partie des soucis Marocains : « Les
établissements de formation de professeurs
1 - Discours de S.M. le Roi Mohammed VI lors de
l'ouverture de la première année de la 7ème
législature. Vendredi 11 octobre 2002
http://www.map.ma/mapfr/discours/7eme-legislature.htm
sont donc appelés à se prendre en main,
à interagir de façon dialectique avec l'évolution de la
société et avec ses exigences et à se positionner par
rapport à celle-ci dans le but d'interroger leurs méthodes et
leurs choix, leurs programmes, leurs systèmes de formation et, plus
profondément, la pertinence de leur action. Ils pourront
également comparer leur expérience à celle des autres
structures de formation, marocaines ou étrangères dans une
perspective qui tiendrait compte des nouveaux impératifs de
formation »2. Par exemple, le fonctionnement de la
formation initiale des enseignants souffre de troubles que le Maroc veut bien
surmonter: « Le dispositif de formation initiale à la
profession d'enseignant sera repensé en profondeur pour plus
d'efficacité, et pour une meilleure adéquation des profils de
sortie aux besoins du système » 3 . Il n'en demeure pas moins
important, de se demander si cette volonté de transformation a vu ou
peut voir le jour dans la pratique.
La formation continuée est également reconnue
comme primordiale dans la charte nationale de l'éducation et de la
formation qui considère qu'il est temps de considérer la
formation tout au long de la vie une priorité. Les articles 20 et 21
confirment cet intérêt :
20. La décennie 2000-2009 est déclarée
décennie nationale de l'éducation et de la formation.
21. Le secteur de l'éducation et de la formation est
érigé, en première priorité nationale, après
l'intégrité territoriale.4
Au Maroc, Dans le centre de formation des enseignants de
deuxième degré, ENS (le seul qui existe maintenant après
que la faculté des sciences de l'éducation a cessé en 1994
d'assurer la formation des enseignants de deuxième cycle), les
prestations de formation initiale offertes aux étudiants enseignants
mettent l'accent sur des tas de théories éducationnelles. Et
contrairement à beaucoup de pays, le Maroc ne dispense aucune formation
au sein des universités aux enseignants du lycée ou de tout autre
cycle. Dans le plan d'urgence qui s'étale entre 2009 et 2012 il est fait
mention d'une volonté de créer cette relation qui est
sensée exister entre le secteur de l'enseignement et l'université
; « des Filières Universitaires d'Education (FUE) d'une
durée de formation de 3 ans (niveau Licence) seront ouvertes pour
accueillir les étudiants souhaitant suivre une formation axée sur
les sciences de l'éducation et
2 - Royaume du Maroc .Ministère de l'Education
nationale de l'enseignement supérieur de la formation des cadres et de
la recherche scientifique .Ecole normale supérieure de Meknès.
Octobre 2005
3 - rapport de synthèse du programme d'urgence
2009-2012, Ensemble pour l'école de la Réussite 4- Ibid.
les techniques pédagogiques
»5. Cependant, cette relation ne sera crée qu'au niveau
de la formation initiale. Quant à la formation continue, ce sont les
centres de formations qui en seront responsables : « Pour le personnel
enseignant du scolaire, des sessions de formation continue seront
désormais dispensées, dans la plupart des cas, dans les CRF qui
seront dotés de moyens et de ressources ad hoc. Comme le
préconise la Charte, deux types de formation continue obligatoire
devront être suivis par le personnel de l'éducation : une
formation de mise à niveau, annuelle de préférence, et une
formation de requalification. » 6 . Cette reconnaissance officielle
de vouloir instaurer une formation appropriée, implique que
l'état des lieux de la formation des enseignants (du moins avant 2009
puisque le plan d'urgence s'étale entre 2009 et 2012) dresse un
éventuel dysfonctionnement.
Quant à la pratique du métier, l'utilisation des
technologies de l'information et de la communication peut être
considérée comme restreinte. Dans le rapport Marocain annuel
d'évaluation 2009 « L'Internet apparaît comme
étant à la fois un moyen de documentation (recherche des
informations pour les cours ou des renseignements pratiques) et d'information
générale (suivre l'actualité) et peu comme outil de
communication (envoyer et recevoir des emails ou téléphoner).
Pour les enseignants du secondaire, l'Internet est d'abord un outil de
recherche d'information pour la préparation des cours (67%). »
7. De même, les méthodes didactiques et
pédagogiques utilisées par la plus grande partie des enseignants
Marocains semblent être « incapables de répondre aux
besoins et attentes de nos élèves qui vivent dans un monde soumis
à des changements perpétuels sur le plan cognitif et
socioculturel. »8 Cette pratique, dite dépourvue de
supports éducatifs, peut se faire aussi de manière peu
réflexive et peu inventive. Ceci peut ne pas provenir seulement des
enseignants eux-mêmes mais également de la politique de la
fonction publique. Au Maroc, le fait qu'on n'embauche pas les enseignants sur
une base contractuelle fait que ceux-ci jouissent d'une sécurité
de l'emploi. Alors, ces agents qui, apriori, peuvent s'activer continuellement,
se trouvent dans des zones de confort ou personne n'a le droit de leur demander
des comptes sur leurs pratiques pédagogiques.
5 - rapport de synthèse du programme d'urgence
2009-2012, op.cit 6- Ibid.
7 - Royaume du Maroc Commission Spéciale
Education Formation CHARTE NATIONALE D'EDUCATION ET DE FORMATION
http://www.uh2c.ac.ma/uh2c/loi/charte_fr.pdf
8 -Ibid.
Mais la pratique du métier au Maroc se fait
également dans un environnement pouvant être décrit comme
désagréable. En fait, le peu d'équipements qui existent au
sein du lycée public Marocain est sujet à des dégradations
à cause d'une absence d'entretien et de renouvellement. Le
ministère de l'éducation est bien conscient de ces
problèmes puisqu'il en fait l'état des lieux: « Faute de
référentiel normatif précis et adapté, et à
défaut de maintenance et d'entretien réguliers, les
établissements d'enseignement présentent aujourd'hui trop souvent
un état dégradé et un niveau d'équipement
déficitaire qui influent négativement sur les conditions
d'apprentissage et d'enseignement. Par ailleurs, il n'existe pas de
système normalisé et systématisé de maintenance
préventive des établissements scolaires. Au cours de la
décennie, les efforts ont été principalement axés
sur la construction de nouveaux établissements, au détriment de
la réhabilitation et de la mise à niveau des
établissements existants. Par conséquent, les
établissements scolaires souffrent d'un manque d'entretien manifeste.
» 9 Cette négligence d'investissement dans les
équipements scolaires peut éventuellement agir sur le travail de
l'enseignant : « Il existe une relation évidente et
étroite entre l'infrastructure du système scolaire et la
qualité de l'enseignement »10. C'est ainsi qu'au
Maroc, les lycées publics sont considérés comme des lieux
impropres à l'enseignement, ce qui peut influencer de manière
conséquente le vécu de l'enseignant (Laetitia Grotti, 2004).
Outre cet environnement infrastructurel apparemment
décourageant, l'environnement socioaffectif de l'enseignant Marocain
peut le plonger dans un isolement professionnel. Cet isolement s'est tellement
amplifié que pendant l'année 2009 une vraie volonté de la
part des décideurs politiques Marocains d'encourager la
coopération en vue d'améliorer l'enseignement s'est
manifestée. Le Projet ALEF de l'USAID a introduit dans ses 337
écoles
9 - Royaume du Maroc Commission Spéciale
Education Formation CHARTE NATIONALE D'EDUCATION ET DE FORMATION,
op.cit.
10 - forum Mondial sur l'éducation, Dakar,
Sénégal 26-28 avril 2000,
http://www.unesco.org/education/wef/frconf/coverage
s%E9ance%20I.8.shtm
pilotes un modèle innovant de soutien par les pairs,
fondé sur la collaboration et la concertation entre éducateurs :
les «Ateliers de Partage, d'Approfondissement et de
Régulation» (APAR). Ces ateliers de réflexion et
d'organisation permettent aux enseignants, aux directeurs
d'établissements et à leurs superviseurs locaux de se
réunir pour partager et évaluer les projets, les leçons,
les stratégies et matériels pédagogiques qu'ils
créent et utilisent en classe dans le cadre de leur participation au
Projet ALEF. » 11
C'est aussi dans cette optique, que la charte nationale de
l'enseignement redéfinit les rôles des gestionnaires des
établissements qui jusqu'ici favorisaient la relation verticale
« La gestion très hiérarchisée au sein des
établissements scolaires ne favorise pas la tenue de réunions
pédagogiques permettant l'échange d'expériences entre les
enseignants »12. Le rôle puissant de l'inspecteur
est tout aussi redéfinit. Celui-ci entretenait des relations tendues
avec l'enseignant caractérisées par une supériorité
et des évaluations dénigrantes : « La
Charte fixe les nouvelles orientations concernant le rôle et les
responsabilités de l'inspection, visant à instaurer une relation
d'accompagnement et d'encadrement entre l'inspecteur et l'enseignant. Elle
redéfinit également les principes d'évaluation du
personnel » 13
Pareillement, la relation enseignant-administration pourrait
dévoiler une dominance du contrôle administratif. Le fait aussi
que l'administration centrale détient tous les pouvoirs
décisionnels, fait que l'initiative locale se fait rare (R du Maroc -
Commission Spécial Education Formation, 1999). Il est vrai qu'il ya une
volonté de déconcentrer et d'octroyer plus d'autonomie aux
lycées et au corps enseignant, mais il n'en demeure pas moins que cette
déconcentration peut sembler limitée et n'arrive pas à
instaurer un vrai climat de dialogue et de réelle volonté de
changements (B Zyani 2002)
11- ROYAUME DU MAROC Ministère de l'Education
Nationale, de l'Enseignement Supérieur, de la Formation des Cadres et de
la Recherche Scientifique. Pour un nouveau souffle de la réforme
Présentation du Programme « NAJAH 2009-2012 » Rapport de
synthèse Drift - Juin 2008. P16
12- Ibid
13 -Ibid
Un autre facteur qui pourrait jouer un rôle dans le
dialogue difficile qui caractérise le contexte éducatif Marocain
est la relation des enseignants avec les parents d'élèves.
Beaucoup d'acteurs sociaux évoquent le fait que les parents ont
démissionné pour différentes raisons.
La perception sociale de l'enseignant Marocain n'est pas des
meilleures non plus. La communauté nationale et internationale pointe du
doigt l'enseignant comme cause de beaucoup de problèmes. L'UNICEF a
conduit une enquête en 2004 qui a démontré que la
démotivation et l'absentéisme des enseignants Marocains sont
parmi les causes de l'abandon scolaire. L'enquête a annoncé aussi
que « les mauvaises relations entre enseignants-élèves
basées sur les inégalités, les violences et
l'exploitation, le manque d'activités parascolaires et ludiques, la
carence de matériel pédagogique et l'inadaptation de
l'infrastructure » 14 (Nicolas Brejon de Lavergnée 1991) sont
à la base des défaillances du système scolaire.
Tous ces enjeux sociaux présentent la scène
éducative et le contexte où se meut l'enseignant Marocain ainsi
que les facteurs pouvant orienter ses attitudes d'engagement ou de
désengagement.
Partie 2- Cadre théorique : les facteurs influant
sur l'engagement ou le désengagement des enseignants.
Comment et pourquoi les enseignants viennent-ils à agir
ou à ne pas agir, à s'engager ou à se désengager de
leur travail ? Et comment et pourquoi arrivent-ils à se maintenir ou
à abandonner ? Telles sont les questions que la présente
recherche essaie d'investiguer. La théorie de l'engagement professionnel
renvoie à des compétences que l'enseignant est tenu d'avoir afin
de s'inscrire dans un processus professionnalisant. Certaines
compétences devraient être mises en oeuvre, à savoir une
compétence de pouvoir analyser les situations, une compétence de
restructurer les objectifs et de pouvoir faire les choix adéquats selon
les situations, une compétence d'adopter les procédures, les
techniques et les outils appropriés, une compétence
d'évaluation et d'autoévaluation qui ne sont possibles que si
l'individu accepte de s'assujettir à un apprentissage tout le long de sa
carrière (Dannay et Charlier 1990). Ainsi, la théorie de
l'engagement professionnel fournit maintes références aux
facteurs capables de propulser l'engagement : une formation incessante, une
pratique
14-Johanne Gaudet, Rosane Valois et Yvonne da Silveira
« Représentation du soi professionnel des enseignants »
op.cit
réflexive, une perception du métier
équilibrée et un environnement « socio-contextuel » qui
favorise l'investissement dans le métier. Le constat de la
présente recherche met en relief ces mêmes facteurs en essayant
d'investiguer leur corrélation avec l'engagement ou le
désengagement des enseignants Marocains exerçant dans les zones
urbaines du nord.
Il est question, dans ce cadre théorique, d'examiner
les quatre facteurs de : la formation, la pratique, la perception et le
vécu quotidien des enseignants, à la lumière des
théories existantes dans le domaine des sciences de l'éducation
et des approches sociales du métier de l'enseignant.
2.1 Parcours professionnel et Itinéraire de
formation
La formation initiale et continuée des enseignants
semble être au coeur de la pratique comme elle assiste ces enseignants
à se construire professionnellement en les engageant dans une
perspective d'appropriation de savoirs qui permettent d'analyser, d'adopter,
d'adapter et de se remettre en question (Evelyne Charlier, Bernadette Charlier
1998). Que ce soit dans la littérature Anglo-Saxonne ou
Européenne, la formation peut être, en fait, une pierre angulaire
dans une éventuelle productivité qualitative. Dans maintes
recherches, il a été démontré que cette formation
académique et formelle agit sur le rendement:
«There is evidence on the effects of teacher pre-service
formal education and in-service professional development training on teacher
productivity».15 (Douglas Harris Tim R. Sass 2006). Cette
productivité dont parlent les acteurs sociaux implique une
volonté incontournable de la part de l'enseignant d'offrir des services
de valeur. Mais avant d'atteindre ce but, il est important d'avoir les outils
adéquats pour mener à bien sa mission.
Les deux formations, initiale et continue semblent être
d'une importance primordiale dans les débuts et la continuité du
travail de l'enseignant. Les deux formations peuvent être pensées
comme interdépendantes pour qu'il y ait continuité et non pas
rupture dans la formation de l'enseignant. En effet, la tendance actuelle
concernant la formation met l'accent sur cette relation étroite : «
La FI et la FC sont les deux faces d'une même pièce,
d'où l'absolue nécessité de les concevoir et
développer l'une par rapport à l'autre, l'une pour l'autre et les
deux au service et pour bâtir l'école que l'on désire
construire. La cohérence, la qualité,
15-Douglas Harris Tim R. Sass, Dept of Educational
Leadership & Policy Studies Dept. of Economics Florida, State University
Florida State University. March 9, 2006
harris@coe.fsu.edu
tsass@coss.fsu.edu
l'efficacité des deux formations reposent sur un
système de suivi-évaluation pré-étudié et
régulièrement remis en question, en fonction des
résultats. » 16
Si les buts de la formation initiale et continue impliquent
une conscience ardue de la part de l'enseignant des rôles multiples qu'il
doit jouer en s' assujettissant à des réflexions et des analyses
de ses propres pratiques, en encourageant des apprenants et en éveillant
chez eux la volonté d'apprendre tout en respectant leurs penchants, en
se développant professionnellement, il reste de voir si au Maroc la
formation se fixe réellement ces objectifs et met au service des
enseignants tous les outils capables de les assister à se mouvoir dans
le milieu éducationnel de la manière la plus convenable .
La formation et le développement professionnel de
l'enseignant impliquent une volonté des enseignants de repenser leurs
pratiques de manière continue afin de les améliorer. La formation
ne s'arrête pas aux apports académiques mais va à une prise
de conscience de la part de l'enseignant de se développer
professionnellement tout au long de sa carrière. Actuellement, le
principe de la formation tout le long de la vie semble un impératif
incontournable. En Europe, cette volonté de ce genre de formation a
été réaffirmée par le rapport de 1995 «
pour une société cognitive ». La France à son
tour, a adhéré à cette idée à travers «
l'accord interpersonnel sur la formation professionnelle continue des
salariés »17.
Ce souci de formation permanente peut conférer à
l'enseignant une certaine prise de conscience capable de lui fournir les
stratégies de diagnostics de problèmes éducatifs dans
l'intention d'implémenter les améliorations significatives
appropriées, et par là même à se développer
et s'impliquer dans son métier (Perrenoud 1994)
Mais alors qu'en Europe, l'enseignant peut avoir accès
à l'université à n'importe quel moment de sa
carrière pour valider ses acquis ou bénéficier des
dispositifs de formation diplômante ou autre, au Maroc ces options sont
absentes. En France par exemple, depuis 1990, Les IUFM sont
créées dans le domaine de la formation des enseignants. «
Créés en deux phases (1990 et 1991), les instituts
universitaires de formation des maîtres (IUFM) sont des
établissements d'enseignement supérieur chargés de la
formation des professeurs (qu'ils enseignent dans les écoles, les
collèges ou les lycées) et des conseillers principaux
d'éducation. »18.
16-Stangeline Ralambomanana, jan08
http://www.ibe.unesco.org/fileadmin/user_upload/Poverty_alleviation/Seminaires/ForumInternational_Madrid
17- IUFM, Présentation
http://www.iufm.fr/connaitre-iufm/presentation.html
18 - IUFM, Présentation
http://www.iufm.fr/connaitre-iufm/presentation.html
C'est ainsi que, la formation quelle soit initiale, continue,
officielle ou personnelle pourrait jouer un rôle dans les manières
d'agir des enseignants.
2.2 La pratique : les conditions d'exercice du
métier
2.2.1- La pratique : Quand, comment, quoi ?
Mais est ce que la formation prépare aux
réalités du terrain ? L'analyse de la pratique de l'enseignement
dévoile un vrai problème de la mise en oeuvre des pratiques de
l'enseignement. La construction d'un vrai dispositif d'adaptation de ces
pratiques, de leur innovation, de leur recréation en vue
d'éveiller les intérêts des élèves peut
être dans la ligne de mire des enseignants. Cependant, les enseignants
conçoivent la pratique différemment. Certains la
conçoivent en tant qu'implémentation pure et simple des
programmes, d'autres l'entendent comme la gestion de la classe ajoutée
à cette même implémentation. Ceci est dû à une
conception considérée par les chercheurs, restreinte de la notion
de la pratique. La définition de la pratique de l'enseignement, par
contre, englobe plus d'un élément : « On peut
définir la pratique enseignante comme la manière de faire
singulière d'une personne, sa façon réelle, propre,
d'exécuter une activité professionnelle: l'enseignement. La
pratique, ce n'est pas seulement l'ensemble des actes observables, actions,
réactions mais cela comporte les procédés de mise en
oeuvre de l'activité dans une situation donnée par une personne,
les choix, les prises de décision : C'est la double dimension de la
notion de pratique qui la rend précieuse » (Altet M. 2002)
19. En conséquence, la pratique de l'enseignement n'est pas
chose aisée. Il s'agit d'articuler plusieurs éléments en
même temps. En effet, l'enseignant, dans sa pratique de tous les jours,
procède d'une manière plus au moins planifiée, mais les
imprévus ne sont nullement rares. L'enseignant est tenu, par des textes
officiels, d'implémenter des activités selon des méthodes
bien précises. Et il n'est pas inaccoutumé du tout de trouver des
enseignants qui ne font qu'exécuter les ordres en mettant en oeuvre au
sein de la classe les activités planifiées pour eux. Ces
enseignants « se plaisent à être les dociles
exécutants d'une tâche étroitement définie par leur
cahier des charges, les programmes, les procédures et le
19 - ALTET M., « Une démarche de recherche
sur la pratique enseignante : l'analyse plurielle», dans Revue
Française de pédagogie, n° 138, 2002, p. 85-93.
calendrier de l'évaluation formelle, les horaires et
la disposition des lieux, le règlement de l'école, les directives
de l'autorité...» (Philippe Perrenoud 1996)20
Le travail de certains enseignants peut souvent se
réduire à une simple application d'activités
planifiées laissant très peu de marge au bricolage, aux
recherches action et à la créativité et bien entendu aux
pratiques réflexives. En revanche, d'autres enseignants analysent leurs
pratiques, diagnostiquent ce qui marche mieux ou moins et procèdent
ensuite à une expérimentation avec d'autres méthodes,
d'autres activités et d'autres approches en vue d'une
amélioration de la pratique. Cette amélioration rentre en
relation causale avec ce que Philippe Perrenoud appelle « La
réflexion dans le feu de l'action, la réflexion hors du feu de
l'action, la réflexion sur le système d'action»
(Philippe Perrenoud 2001)21. Donc la pratique
réflexive semble faire partie intégrante d'une action
appropriée qui peut influer sur l'accroissement de l'engagement de
l'enseignant. D'un autre côté, son absence risque d'impliquer
l'exécution aveugle d'activités, ce qui peut mener à des
pratiques monotones, et éventuellement à un
désinvestissement professionnel.
2.2.2 La pratique : Evolutions du métier
Les évolutions du métier ajoutent plus de
complexités à la pratique de l'enseignement et peuvent
probablement agir sur l'engagement ou le désengagement de l'enseignant.
Cependant, est-ce que les évolutions du métier tendent vers une
professionnalisation ou simplement vers des recettes préparées
dans le but de faire comprendre que tous les problèmes se trouveront
résolus par une baguette magique ? Perrenoud (1996) parle des
évolutions qui vont dans deux directions : une direction de
prolétarisation ou déprofessionnalisation et une direction de
professionnalisation. Les enseignants peuvent être ou bien des agents qui
: « se trouvent progressivement dépossédés de
leur métier »22 car ils
20 - Philippe Perrenoud, Le métier d'enseignant
entre prolétarisation et professionnalisation : deux modèles
du changement. Faculté de psychologie et de sciences de
l'éducation
Université de Genève 1996
http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_1996/1996_16.rtf
21-Philippe Perrenoud. Développer la pratique
réflexive dans le métier d'enseignant. Professionnalisation et
raison pédagogique Paris, ESF, 2001
http://www.unige.ch/fapse/life
22 - Philippe Perrenoud. Le métier d'enseignant
entre prolétarisation et professionnalisation. Ibid.
ne font que réaliser ce qui a été
planifié par des décideurs, comme il a été
déjà mentionné, qui ne font pas vraiment partie du domaine
de la pratique de l'enseignement ; ou ils peuvent être «de
véritables professionnels, orientés vers la résolution de
problèmes, autonomes dans la transposition didactique et le choix des
stratégies pédagogiques (Tardif, 1992), capables de travailler en
synergie dans le cadre des établissements et d'équipes
pédagogiques, organisés pour gérer leur formation continue
; c'est la voie de la professionnalisation. »23
Ces évolutions vont avec une rapidité
indéniable. La technologie de l'information et de la communication, les
mutations dans la gestion des lycées publics, les programmes scolaires,
les matières et éventuellement d'autres évolutions sont le
signe d'une transformation ininterrompue dans l'environnement scolaire. Le
métier ne peut plus se faire dans un processus traditionnel. Il s'agit
aujourd'hui de faire face à une population
hétérogène, à un renouvellement de contenu qui met
l'accent sur des compétences assez complexes comme le
développement de l'esprit critique, des outils communicationnels, du
pouvoir d'argumenter et d'anticiper. Toutes ces exigences peuvent
préparer à une remise en question constante des pratiques prenant
en considération les nouvelles connaissances et expériences.
L'utilisation de la technologie est un autre outil qui peut
s'intégrer dans la pratique et l'améliorer. Ceci dit, ces
technologies peuvent ne pas être utilisées au sein de la classe
à cause essentiellement d'une absence de matériel (data show,
matériel informatique, connexion internet dans les lycées,) mais
aussi à cause d'un certain rejet que montrent quelques enseignants
vis-à-vis de ces moyens de technologie qui semblent pour eux sans valeur
ajoutée. On perçoit aussi qu'aucune volonté politique ne
met les moyens nécessaires qui peuvent accompagner ces réformes
concernant les pratiques professionnelles (Frédéric BOURDEREAU
2006)
2.2.3Comment les enseignants pensent améliorer leurs
pratiques
Il est question d'articuler ces évolutions avec les
pratiques et éventuellement de s'adapter à un monde en pleine
mutation dont l'enseignement ne fait pas exception en vue de déceler
les
23 - Ibid.
voies qui peuvent mener à un investissement dans le
métier. L'enseignant est appelé à introduire des pratiques
spécifiques en vue d'une éventuelle amélioration. Il
s'agit de varier les supports, de ne plus considérer l'enseignant comme
le seul détenteur de savoir et de prendre conscience des modes
d'interactions entre enseignant et apprenants qui ont largement changé.
Aujourd'hui le discours pédagogique tourne autours de l'enseignant en
tant qu'animateur et guide, en tant qu'agent conscient des différents
styles d'apprentissage des élèves et de ce fait capable
d'implémenter une pédagogie de différentiation. Le livre
scolaire et le tableau ne semblent plus être les seuls supports
éducatifs. Les technologies de l'information et de la communication sont
estimées aujourd'hui en tant qu'outils incontournables du processus
d'apprentissage. Les activités implémentées ne peuvent
plus se répéter de manière monotone jour après jour
et par conséquent, l'enseignant est tenu d'innover
régulièrement (ALTET, M.1996).
Un enseignant qui ne cesse de s'inscrire dans une
démarche de recherche de nouvelles voies d'enseignement, de nouvelles
activités, de nouvelles approches expérimentales peut avoir plus
de chance de s'engager de plus en plus dans son métier. Par contre, dans
le cas d'un enseignant qui ne met en avant que les failles du système
éducatif, qui adopte une approche plutôt défaitiste et
subit son environnement s'orientera plus probablement dans une
démotivation qui peut mener à un éventuel
désengagement. Dès que l'enseignant se détache et
n'adhère plus à son métier, le sens même de son
métier peut devenir discutable « on ne doit jamais
désespérer de quiconque ni dire qu'il ne peut plus progresser.
Voilà ce qui donne sens au métier d'enseignant : croire en
l'éducabilité de tous, refuser la fatalité, refuser
l'exclusion» (Philippe Meirieu L'éducation et le rôle
des enseignants à l'horizon 2020)24
Les attitudes qu'adoptent les enseignants par rapport à la
pratique de leur métier pourraient ainsi être liées
à une prise de responsabilité ou à un éventuel
détachement.
2.3 VECU QUOTIDIEN
2.3.1 Environnement physique
2.3.1.1 Vécu quotidien au sein du lycée
public
24 - Philippe Meirieu L'éducation et le
rôle des enseignants à l'horizon 2020.
http://www.meirieu.com/RAPPORTSINSTITUTIONNELS/UNESCO2020.pdf
La pratique du métier de l'enseignement est
sensé aussi se faire dans un environnement adéquat afin de rendre
le vécu de l'enseignant confortant et d'optimiser son rendement.
Cependant, on assiste parfois à des dérégulation scolaires
qui peuvent découler de plusieurs facteurs comme le manque de moyens et
de ressources et le déficit d'équipements et d'outils de travail,
ce qui risque d'influencer l'acte éducatif « La qualité
de l'enseignement commence par la qualité de l'environnement dans lequel
travaillent et se meuvent les professeurs. » (Philippe Meirieu
L'éducation et le rôle des enseignants à l'horizon 2020).
L'engagement et la conservation de la motivation semblent aussi être le
résultat d'un bon environnement physique : « La relation
évidente entre la motivation et les bonnes conditions de travail est
donc un argument de poids en faveur de l'amélioration de la situation et
des conditions de travail des enseignants »25. Ces bonnes
conditions de travail peuvent présupposer l'existence à la fois
d'équipements scolaires adéquats et l'existence de lieux
d'extension de l'apprentissage. De fait, l'absence de bibliothèque ou
médiathèque où le renforcement de l'apprentissage et les
activités parascolaires peuvent être effectués est un autre
élément qui peut influencer le travail de l'enseignant. Le
dernier Manifeste pour les bibliothèques scolaires de l'UNESCO (1999)
affirme : "Il a été démontré que lorsque les
bibliothécaires et les enseignants travaillent en collaboration, les
élèves font des progrès en écriture et en lecture,
savent mieux apprendre, résolvent mieux différents
problèmes et acquièrent une expérience des techniques de
l'information et de la communication". 26 Par
conséquent, l'environnement peut faciliter ou ne pas faciliter le
vécu quotidien et l'engagement de l'enseignant.
2.3.1.2Vécu quotidien entre la centre ville et la
périphérie
Pareillement, le vécu de l'enseignant peut se trouver
influencé selon que le travail se fait dans la périphérie
ou dans le centre ville. Beaucoup de pays développés ont
constaté le fait que l'apprentissage se fait différemment quand
il s'agit de zones populaires ou de zones plus favorisées. En France la
politique des ZEP et des REP a introduit dans l'espace éducatif des
programmes destinés aux élèves en difficultés et a
également opté pour la formation
25-Ibid.
26 - Donatella Lombello, Savoirs CDI. Des ressources
Professionnelle, Décembre 2001. s
http://www.savoirscdi.cndp.fr/index.php?id=373
d'enseignants ou éducateurs spécialisés
dans le but de faire face aux problèmes éducatifs d'un certains
nombre d'élèves. En revanche, dans le cas où aucune
différenciation n'est introduite dans le système éducatif
que ce soit pour les élèves, les quartiers ou les enseignants, un
certain nombre de problèmes peuvent surgir. Des obstacles peuvent de
fait, se dresser à cause de ce manque d'intérêts pour les
dissemblances qui existent au sein des quartiers, dans la manière
d'apprendre, et dans la manière d'approcher l'enseignement et de
gérer les difficultés.
Les enseignants qui travaillent dans une
périphérie difficile rencontrent des problèmes
épineux auxquels ils doivent être préparés et
formés pour y faire face. « Les enseignants de REP, sans doute
plus que d'autres, pensent qu'ils doivent assurer une double fonction
d'éducateur et d'enseignant. En effet, le public d'élèves
auxquels ils s'adressent comporte un nombre important d'enfants souvent
violents ou au contraire très « inhibés » qui
n'adhèrent pas facilement à la culture de l'école. Les
professeurs se sentent donc contraints, sans doute à juste titre, de
faire un travail de socialisation, de développement de l'autonomie et du
respect des autres, qu'ils considèrent comme fondamental et
éventuellement préalable à toute forme d'enseignement.
» (D Butlen - 2002)27. Le fait qu'un enseignant ne
possède pas les outils nécessaires l'assistant à faire
face aux difficultés de ce genre peut l'amener à jeter
l'éponge en se désinvestissant, peut être pas par
volonté obstinée, mais plutôt par inaptitude à
gérer ce à quoi il n'est pas préparé.
2.3.2 Environnement socio-affectif
A coté de cet environnement physique assez
conséquent, l'environnement socio-affectif de l'enseignant peut
influencer également son vécu de manière substantielle.
L'enseignant ne se meut pas tout seul au sein de l'école, il influence
et se trouve influencé par les autres protagonistes de la scène
scolaire, à savoir les élèves, les collègues, les
gestionnaires administratifs dont le proviseur, l'inspecteur, et bien entendu
les parents d'élèves.
Les élèves constituent le maillon primordial de
l'acte éducatif. Ceux-ci sont, en fait, sensés venir à
l'école dans un but bien précis qui est celui d'apprendre des
savoirs, des savoirs faire et des savoirs être. Néanmoins, ce
sont des comportements perturbateurs, de la violence et de
27 - D Butlen, Nommés en REP, comment
font-ils ? Pratiques de professeurs d'école enseignant les
mathématiques en REF. Contradictions et cohérence, 2002
www.persee.fr/web/revues/.../rfp_0556-
7807_2002_num_140_1_2898
l'absentéisme qui peuvent souvent apparaitre dans le
milieu scolaire. Par conséquent, l'enseignant, souffre de ces
comportements importuns: « Déjà, des
cas de violences commises par des élèves envers leurs enseignants
ont été remarqués dans nos collèges et
lycées»28. Dans ce cas, le contrat didactique que
tout le monde aspire accomplir peut se trouver compromis à cause de
violence, d'incertitude, de rancoeur et de crainte qui s'installent entre
l'enseignant et ses élèves faisant ainsi de l'environnement
scolaire un lieu qui peut être peu propice à une éducation
fructueuse et efficiente.
Et comme l'enseignant a besoin de support moral dans la
gestion de ce genre de problèmes, le meilleur support peut, en principe,
se manifester chez les collègues, car qui peut comprendre un enseignant
mieux qu'un autre enseignant ? En effet, ce travail en équipe et
fonctionnement coopératif au sein des établissements s'est
déjà installé dans beaucoup de pays
développés. Aux Etats Unis, cette coopération est devenue
un état de fait, et aujourd'hui beaucoup de recherches se font en vue de
parfaire ce travail d'équipe qui stipule que quand les enseignants
travaillent ensemble, leurs connaissances et leurs rapports s'améliorent
et progressent : « Learning teams enable teachers to keep up with the
knowledge they need to do their jobs well. They also help teachers support each
other as they change their practices». (Joan Richardson
2001)29
En revanche, le travail d'enseignant n'offre pas toujours
à l'enseignant des occasions de réflexions, d'observation, de
planification ou de discussion de manière individuelle et collective.
(FULLAN M. (1982). Et c'est dans le but de surmonter ces obstacles que la
coopération est un but escompté, car il peut être difficile
de connaitre ses forces, ses lacunes, ses difficultés et ses
expériences sans pouvoir les juxtaposer avec d'autres expériences
d'enseignants. En réalité, l'apprentissage permanent et
l'amélioration des pratiques peut se faire non seulement
individuellement, mais aussi à travers la collaboration avec les pairs.
C'est dans une démarche de partage, d'enrichissement que le travail
d'équipe des enseignants peut aboutir : « Faire équipe,
c'est vérifier qu'en matière d'apprentissage chacun a
intérêt à l'enrichissement intellectuel et moral d'autrui,
s'enrichit et apprend en contribuant à la
28 - Abdelali Bouha, La crise de l'école
publique marocaine: Réussir ou Périr ?, Aljamaa journal. Mardi
29, Avril 2008
29 - Joan Richardson. Learning teams: When teachers
work together, knowledge and rapport grow Tools for School, National Staff
Development Council, August-September
2001.
www.plcwashington.org/studygroups/.../team-models.doc
réussite de l'autre, peut considérer autrui
comme une chance et se faire chance pour autrui. »30
La coopération des enseignants semble être
bénéfique pour l'enseignant lui-même et par
conséquent pour l'action éducative en général car :
« les enseignants coopèrent, s'interrogent,
expérimentent, rendent visibles leurs projets, rendent visible aux
élèves qu'ils sont une équipe (et leur rendent ainsi
visible l'institution scolaire), partagent leurs perspectives sur les
élèves et, ainsi, les enferment moins dans des
catégorisations figées qui risquent de les conditionner
»31 . Quand il ya peu de rapports et de
collaboration entre les enseignants, ceuxci sont livrés à
eux-mêmes et semblent favoriser un travail individuel plus limitatif et
égocentrique qu'une démarche coopérative qui fait
plutôt peur malgré l'expérience et les échanges
qu'elle peut générer.
Henry Ford a dit, "Coming together is a beginning, staying
together is progress and working together is success." En effet, le
travail de l'enseignant quand il se fait dans la coopération,
l'encadrement d'égal à égal, il se peut qu'il y ait
élan motivationnel, efficacité et vraisemblablement
engagement.
Il apparait que l'avenir de la scolarisation se base
également sur l'engagement actif des parents dans la scolarisation de
leurs enfants. De fait, le fonctionnement de l'école peut prendre les
parents comme vecteur principal de l'enseignement à coté des
autres acteurs. Dans les pays développés, les parents ont
conscience de leur rôle moteur dans l'éducation de leurs enfants.
Plusieurs recherches ont démontré que l'implication, la
démission et l'origine sociale des parents et leurs niveaux
d'instructions sont des facteurs qui influent sur leurs engagement parentales
vis-vis l'éducation de leurs enfants (Becker et Epstein 1982 ; Benavente
et al. 1991 ; Henriot-Van Zanten, 1990)32 .
2.4- Perception du métier
30 - Claire Héber-Suffrin. Le travail en
équipe,
http://www.pedagopsy.eu/le
travail en equipe.htm
31 - Ibid.
32-Cléopatre Montandon, les relations des
parents avec l'école, Lien Social et Politique- Riac, 35. 1996
http://www.isp-formation.fr/IMG/pdf/relations_ecole_famille_Montandon.pdf
Perceptions personnelles versus Perceptions
sociales
Quand un enseignant se trouve enfermé dans une pratique
monotone, une formation caduque et déficiente et un vécu
laborieux, il peut devenir sujet à de nombreuses tensions provenant des
attentes des familles, des exigences des institutions scolaires, des devoirs de
réajustements aux réformes continues et aux impératifs de
missions plurielles (C. DEJOURS 2000). Ces tensions créent chez
l'enseignant une perception défensive qui se manifeste en une image trop
valorisante de soi. Souvent, les enseignants peuvent mettre en avant un
égo idéal qui met en oeuvre tous les moyens pour servir ce
métier et s'y dévouer entièrement. Il s'agit d' «
une tendance à une présentation de soi fortement
idéalisée et stéréotypée [...],
c'est-à-dire la présentation d'une image de soi professionnelle
qui corresponde à la norme idéale, d'un besoin de paraître
"tel qu'il faut être" et non pas "tel qu'on est" » ( Johanne
Gaudet, Rosane Valois et Yvonne da Silveira 1996)33
Cette image de soi idéalisée n'est cependant pas
générale chez tous les enseignants. Il ya ceux dont l'estime de
soi est constant alors que d'autres se trouvent sujets à des crises
existentielles et de remise en question, de déception ou de ce que
Huberman appelle ` Burn-out ' (M. Huberman, 1989, b). La complicité avec
le métier peut laisser la place à l'épuisement
professionnel et à une image plus incertaine de son métier.
Certains enseignants peuvent même se dévaloriser et vivre mal
leurs images au point que certains souffrent de dépressions à
cause, entre autre, de cette crise d'identité d'autant plus qu'il existe
une certaine divergence entre l'image sociale de l'enseignant, et l'image que
l'enseignant lui-même a de son image. Tandis que certains enseignants ont
de l'estime de soi, un sentiment fort de compétence, et ne cessent
d'avancer le fait qu'ils assument leurs responsabilités pleinement, la
société ne leur reconnait souvent pas ce statut qu'ils jugent
idéal. (J. M. Esteve ; F. B. A. Fracchia 1984). Ces enseignants sont
parfois conscients mais souvent inconscients de cette image
dévalorisante des élèves, de l'administration, des parents
et de la société en général.
La perception que peuvent avoir les élèves de
leurs enseignants peut être dévalorisante. La relation
enseignant-élève connait partout dans le monde une tension
indéniable. Beaucoup d'élèves manquent de respect à
l'égard de leurs enseignants et n'hésitent pas à se
comporter avec arrogance ou insolence. Ceci peut provenir partiellement de la
perception qu'ils ont de
33 - Johanne Gaudet, Rosane Valois et Yvonne da
Silveira « Représentation du soi professionnel des enseignants
» Revue des sciences de l'éducation, version numérique
http://id.erudit.org/iderudit/031849ar
leurs enseignants. Pour ces élèves, il existe
des enseignants qui font du favoritisme, d'autres qui profèrent des
agressions verbales et d'autres qui commettent des actes de violence à
l'égard des élèves. D'autres enseignants, pour les
élèves, manquent de personnalité au sein de la classe et
laissent le control échapper de leurs mains (É DEBARBIEUX
2004).
Cette perception diffère selon les points de vue des
élèves, des parents, de l'administration, des médias ou de
tout autre acteur social, mais il n'en demeure pas moins qu'elle est encline
à être pleine de stéréotypes et de
préconceptions (PB Joseph, GE Burnaford. 2001). Une perception trop
idéale de soi et une perception sociale plutôt négative
pourraient-elles agir sur l'engagement ou le désengagement de
l'enseignant ?
A la lumière de tout ce qui a
précédé, on peut toujours se demander si l'engagement de
l'enseignant provient effectivement d'une formation appropriée, de
pratiques à la hauteur des exigences actuelles, d'un environnement
favorable à rendre le vécu quotidien de l'enseignant
agréable et d'une perception personnelle et sociale compréhensive
et réelle. Comme on peut pareillement se demander si l'absence de ces
facteurs joue un rôle fondamental sur le désengagement de
l'enseignant Marocain. Philippe Meirieu pense qu': « Un monde qui ne donne
pas la priorité à l'éducation s'englue dans son
présent. Il n'a pas d'avenir. Un monde qui ne fait pas à ses
enseignants la place qui leur est dû est un monde perdu. En revanche, un
monde qui parie sur ses enseignants peut retrouver l'espérance »
(Philippe Meirieu L'éducation et le rôle des enseignants à
l'horizon 2020)34
Partie 3- Analyse et Interprétation des
Résultats
3.1 Analyse des Données
3.1.1 Méthodologie d'enquête et
échantillon
L'analyse des données porte sur une recherche de
terrain qualitative ayant comme outil un guide d'entretien de type
semi-directif car, il parait le mieux adapté dans une telle recherche.
En effet, ce guide a servi à la fois à recueillir les
informations, à les recentrer et à les relancer, ce qui a permis
de mieux cerner le sujet et en même temps d'étaler ce qui reste
flou ou non répondu en vue d'obtenir les informations voulues. Cette
recherche vise la
34- Nicolas Brejon de Lavergnée, Equipements
collectifs et système scolaire au Maroc
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1991_num_32_125_4582
compréhension des facteurs qui animent l'engagement ou
le désengagement des enseignants Marocains du lycée public.
Quatre facteurs clés sont retenus pour identifier la relation
éventuelle qui peut exister entre eux et cet engagement ou
désengagement. Il est question du parcours professionnel et de
l'itinéraire de formation académique et informelle que
les enseignants ont suivie, de leurs pratiques au sein de la
classe et de tout ce qui s'y rapporte, de la perception
personnelle et sociale du métier d'enseignant et enfin du
vécu quotidien de ces enseignants impliquant
l'environnement physique et socio-affectif dans lequel ils se meuvent.
En effet, le guide d'entretien englobe plusieurs
interrogations sur chacun des thèmes mentionnés auparavant. Il
est question, dans le thème de la formation et du parcours
professionnel, de la formation initiale, continue et personnelle ainsi que des
motivations du choix initiale et des motivations de la persistance dans le
métier. Ces contours peuvent aider à identifier s'il ya relation
ou non entre l'engagement, le désengagement et le parcours professionnel
de l'enseignant. Le thème de la pratique traite de quatre
sous-thèmes. Le premier concerne les méthodes, les outils et les
activités que les enseignants implémentent dans leur pratique, le
deuxième renvoie aux évolutions méthodologiques et
technologiques que connait le champ éducatif, le troisième se
rapporte aux sentiments de renouveau ou de lassitude que les enseignants
éprouvent lors de l'exercice de leur métier et le dernier renvoie
aux voies capables d'améliorer la pratique du métier. Ces
questions peuvent mettre en relief la volonté ou non des enseignants de
s'inscrire dans une démarche évolutive et engageante ou opter
pour l'immobilisme et le recul. La perception est un autre thème qui a
été choisi parce qu'il peut mettre la lumière sur l'image
de soi valorisante ou non de l'enseignant ainsi que l'image que la
société porte sur lui. Cette perception peut ou bien susciter
l'implication de l'enseignant ou au contraire l'inhiber. Le vécu
quotidien de l'enseignant est le dernier thème soulevé dans ce
guide d'entretien. Les questions focalisent l'environnement physique et
socio-affectif ou l'enseignant exerce son métier, et ce dans le but de
savoir si l'infrastructure et l'emplacement de l'établissement scolaire
et les relations avec les autres acteurs du champ éducatif ont une
quelconque influence sur l'engagement ou non de l'enseignant.
Cet entretien a été conduit sur la région
urbaine du nord du Maroc au niveau des lycées publics. Il s'agit d'un
échantillon de 16 enseignants (hommes et femmes toutes disciplines
confondues) divisés en 3 catégories :
1- Une tranche d'enseignants qui ont travaillé entre 5 et
10 ans
2- Une tranche entre 10 et 15 ans
3- Une tranche entre 15 et 20 ans
Le but est de dégager les différents
itinéraires et vécus chez les « nouveaux » et «
les anciens » d'une part, et d'obtenir, le mieux possible, un
échantillonnage représentatif.
3.1.2 L'analyse des données
3.1.2.1 Données concernant l'itinéraire
professionnel et l'itinéraire de formation des enseignants
Pour comprendre l'itinéraire de la formation et
l'itinéraire professionnel des enseignants dans le but de diagnostiquer
leur relation avec l'engagement ou le désengagement, une question sur la
formation initiale des enseignants s'imposait. 25% des enseignants ont
été embauchés directement selon le système du
service civil, 12,5% ont suivi une formation initiale d'une année au
sein du CPR (Centre Pédagogique Régional). Ce centre, en
principe, offre des prestations de formation pour les enseignants du premier
degré, mais ces mêmes enseignants sont parfois appelés
à travailler au sein du lycée. 62,5% ont suivi une année
de formation dans ENS (Ecole Normale Supérieure) qui forme les
enseignants de deuxième degré. Tous les enseignants
interviewés qui ont suivi une formation initiale affirment ne pas
bénéficier trop de cette formation assez abstraite.
Quant à la formation continue, les réponses
varient entre une absence totale de formation et une formation de quelques
jours. 43 ,75% ont répondu ne jamais avoir suivi de formation continue
durant toute leur carrière tandis que 56,25% ont affirmé avoir
suivi une formation continue de quelques jours tout en signalant que cette
formation s'éloignait énormément de la
réalité du lycée et ne fournissait que de la
théorie impropre à la pratique du métier.
Une question sur la formation personnelle des enseignants a
démontré que 50% des enseignants affirment s'auto former par des
lectures et des cumuls d'expériences, alors que 37,5% disent ne jamais
se souscrire dans une démarche d'autoformation « je n'ai jamais
fait d'autoformation, je ne lis pas beaucoup, j'ai des responsabilités
familiales ». Seulement 12,5% annoncent avoir poursuivi une formation
académique par initiative personnelle pour l'obtention d'un Master ou
d'un DESA (Diplôme d'Etudes Supérieures Approfondies)
En s'interrogeant sur les raisons qui ont poussé ces
enseignants à choisir ce métier, 56,25% ont répondu que
c'est un choix personnel émanant d'un amour du métier. 37,5% ont
dit avoir été forcé « je n'avais rien d'autre
à faire. L'horizon était limité, qu'est ce que je pouvais
faire d'autre ? »; « Mon père voulait que je devienne
enseignant » ; et 6,25% ont dit qu'ils
sont devenus enseignants par accident « C'est le
métier qui m'a choisi, j'ai été appelé pour le
service civile »
Si le choix initial est parfois volontaire parfois pas, une
question concernant la persistance dans le métier permettrait de
connaitre les raisons qui retiennent ces enseignants dans ce métier.
Seulement 6,25% disent persister dans le métier par amour pur et simple
alors que 37,5% affirment continuer parce qu'ils pensent pouvoir être
positifs mais aussi parce que c'est un gagne pain. Mais il ya également
ceux qui se sont engagés dans le métier par amour au début
et ne persistent que pour des raisons matérielles (18,75%). Le
même pourcentage concerne ceux qui ont choisi le métier au
début à défaut d'autre chose et persistent pour la
même raison.
Comme la formation, les aides et encouragements que les
enseignants reçoivent tout le long de leur carrière pourraient
mettre la lumière sur une présence d'investissement dans le
métier et vice versa. 18,75% des enseignants interviewés
déclarent avoir reçu parfois des aides de leurs inspecteurs. Mais
aucun enseignant n'a jamais reçu d'aides matérielles pour des
activités ou des projets qu'il voulait effectuer « Jamais je
n'ai reçu d'aides ou d'encouragement, au contraire le ministère
nous donne des affectations horribles. Pas de relations de dialogue entre le
ministère et l'enseignant », et de
même, aucun enseignant n'a jamais reçu de félicitations ou
de remerciements pour un travail distingué.
Le tableau suivant récapitule le parcours professionnel et
le parcours de formation des enquêtés selon l'ancienneté
dans le métier.
Ancienneté
|
Formation initiale
|
Formation continue
|
Auto formation
|
Assistance professionnelle
|
Choix initial volontaire
|
Persistance volontaire
|
Enseignants entre 5-10
ans d'ancienneté
|
100%
|
0%
|
20%
|
0%
|
20%
|
20%
|
Enseignants entre 10-15
ans d'ancienneté
|
50%
|
0%
|
50%
|
0%
|
50%
|
50%
|
Enseignants entre 15-20 ans
|
77,77%
|
11,11%
|
44,44%
|
11,11%
|
77,77%
|
88,8%
|
Une analyse croisée démontre que le parcours
professionnel des enseignants diffère selon l'ancienneté. Les
débutants dans le métier, malgré le fait qu'ils ont tous
reçu une formation initiale, aucun d'entre eux n'a suivi de formation
continue et seulement 20% disent s'autoformer. 20% est aussi le pourcentage de
ceux dont le choix initial et la persistance dans
le métier sont volontaires. Par contre, seulement 50%
des enseignants en mi-carrière ont eu une formation initiale, ont choisi
le métier et y persistent volontairement. Les enseignants anciens
devancent les autres quant à la volonté du choix initial avec
77,77%. Et alors que pour la première et la deuxième
catégorie les mêmes pourcentages caractérisent le choix et
la persistance dans le métier, avec la dernière catégorie,
le pourcentage de la persistance volontaire augmente à 88,88%.
3.1.2.2Données concernant la pratique du
métier
Pour comprendre comment la pratique du métier peut
être liée à l'engagement ou le désengagement des
enseignants, les interviewés devaient répondre à quatre
questions. La première concerne les méthodes, les outils et le
genre d'activités utilisés au sein de la classe. 50% des
enquêtés on répondu qu'ils n'utilisent pas une seule
méthode mais des méthodes diverses, 37,5% Disent utiliser les
méthodes traditionnelles. Mais alors que l'approche par
compétence, qui est l'approche adoptée par le ministère de
l'éducation, est sensée être implémentée dans
le lycée public, seulement 12% disent l'adopter. Quant aux outils
utilisés, 62,5% disent utiliser des outils traditionnels : tableau noir,
craie et livre scolaire. 31,25% affirment utiliser ces mêmes outils
traditionnels avec une utilisation sporadique de la télévision et
des présentations effectuées par les élèves. Les
outils technologiques ne sont utilisés que par 6,25% des enseignants
interviewés. Cependant, 80% des enseignants dont l'ancienneté
varie entre 5 et 10 ans sont plus favorables à des méthodes
actives qui centrent l'apprentissage sur l'apprenant en utilisant l'approche
par compétence ou l'approche communicative contre seulement 36% des
enseignants anciens (entre 15 et 20 ans) qui disent essayer
d'implémenter parfois ces méthodes mais sans conséquence
à cause d'une absence d'outils éducatifs.
La deuxième question se focalise sur les
évolutions dans la pratique du métier et ce que les enseignants
en pensent. 85% des interviewés disent ne pas utiliser les
méthodes nouvelles, dites actives, et les nouvelles technologies de
l'information et de la communication contre 12% qui affirment les utiliser sur
une initiative personnelle. Cependant, seulement 25% pensent que ces outils et
évolutions sont sans valeur ajoutée alors que 75% disent ne pas
les utiliser parce qu'elles sont inutilisables dans la classe Marocaine
(absence d'équipement, trop d'élèves dans la classe,
parfois pas d'électricité...)
La troisième question se rapporte aux sentiments de
renouveau ou de lassitude dans la pratique du métier. Il ya 68,75%
d'enseignants qui disent sentir une lassitude parce que les pratiques sont
répétitives et le travail n'est pas conséquent, contre
18,75% qui avancent qu'il ya renouveau parce qu'ils varient leurs pratiques,
implémentent parfois des innovations, et sont de plus en plus
enthousiastes. Il reste que 12,5% des enquêtés sentent parfois un
renouveau et parfois une lassitude dépendant des situations
d'enseignement.
Il est important de noter que la pratique du métier
ainsi que le sentiment qu'éprouvent les enseignants vis-à-vis
cette pratique se fait différemment suivant l'ancienneté comme le
montre le tableau suivant :
ancienneté
|
Méthodes actives
|
Utilisation des supports et outils technologiques
|
Lassitude
|
Enseignants entre 5-10 ans
|
40%
|
0%
|
80%
|
Enseignants entre 10-15
ans d'ancienneté
|
50%
|
50%
|
50%
|
Enseignants entre 15-20 ans
|
22,22%
|
11,11%
|
66,66%
|
Les enseignants qui éprouvent le plus de lassitude 80%
(Enseignants entre 5-10 ans) sont ceux qui n'utilisent aucun support
technologique malgré le fait que 40% d'entre eux confirment utiliser des
méthodes actives. Par contre, les enseignants qui ressentent le moins de
lassitude 50% (Enseignants entre 10-15 ans) sont ceux qui utilisent les
méthodes actives et les outils technologiques à 50%.
Comment pouvoir améliorer vos pratiques ? Est
la dernière question qui se rapporte à la pratique et qui a comme
but de faire ressortir ce que les enseignants pensent primordial à
l'amélioration de la pratique. 50% annoncent que la formation continue,
l'autoformation et les mises à jour sont essentielles à une
éventuelle amélioration de la pratique du métier. 25%
pensent que l'amélioration de l'infrastructure du lycée publique
est vitale pour un perfectionnement des pratiques d'enseignement. 18,75%
pensent que le fait de nouer des relations avec les élèves, les
parents, les collègues et la société civile
améliorera la pratique, alors que 43,75% penchent vers une
amélioration qui vise un curriculum approprié et une
intégration des dispositifs innovants. La réduction du nombre
d'élèves dans la classe et l'allègement de la charge
horaire de l'enseignant semblent être les éléments qu'il
est indispensable de traiter pour 37,5% des enquêtés.
L'implication de l'enseignant dans les prises de décisions
éducatives est considérée comme étant indispensable
pour des pratiques mélioratives pour 12,5%. Mais ce sont les conditions
matérielles et morales de l'enseignant
qui sont, selon les interviewés, à la base d'une
amélioration de la pratique puisque 75% d'entre eux ont focalisé
ce point.
3.1.2.3 Données concernant la perception du
métier
Pour savoir s'il y a une quelconque relation entre la
perception personnelle et sociale du métier de l'enseignant et son
engagement ou désengagement plusieurs questions ont été
posées sous différents angles en vue d'extraire l'information
voulue. A la question : Y'a-t-il une complicité entre vous et votre
travail ? Comment? 62,5% ont répondu Oui, « parce que mes
élèves m'aiment et je fais mon travail comme il faut ».
31,25% ont répondu Oui, « mais parfois je sens qu'il ya
échec professionnel » ; et seulement 6,25% on répondu
non, « parce qu'il ya des déceptions »
A la question : Croyez-vous que vous êtes un
enseignant efficace ? 56,25% ont répondu Oui, « je fais
mon devoir et les élèves comprennent », 31,25% ont
aussi répondu oui, mais avec une certaine retenue : « Moi je
crois que je suis efficace mais pas à 100% à cause des conditions
de travail et des résultats qui ne le sont pas ». Seulement
12,5 % croient qu'ils ne sont pas efficaces. Et dans le but de pousser les
questions un peu plus loin, les enseignants étaient interrogés
s'ils se voyaient enseignant encore longtemps. Le pourcentage des enseignants
qui ont répondu qu'ils aiment leur travail et ne savent faire autre
chose est de 68,75% tandis que le pourcentage de ceux qui avancent vouloir
changer de métier s'ils trouvent mieux est de 31,25%.
Il est important de noter également que les enseignants
ayant travaillé entre 5 et 10 ans montrent une différence quant
à leur perception par rapport aux anciens. 80% d'entre eux disent faire
leur travail comme il faut, avouent se respecter mais signalent
également que l'efficacité dans les résultats est absente.
Cependant, 100% des enseignants qui ont exercé le métier pendant
plus de 11 ans confirment leur efficience et leur productivité.
Ancienneté
|
Perception moins valorisante
|
Perception valorisante
|
Enseignants entre 5-10 ans
d'ancienneté
|
80%
|
20%
|
Enseignants entre 10-15 ans
d'ancienneté
|
0%
|
100%
|
Enseignants entre 15-20 ans
|
0%
|
100%
|
Le tableau suivant résume la perception des
enseignants de leur métier
Une autre question au sein du thème de la perception
essaie d'examiner la perception de l'enseignant de son métier entre le
passé et le présent. Ce sont 75% qui pensent qu' « Au
début, il y avait plus de respect pour l'enseignant, les programmes
étaient meilleurs et les élèves travaillaient mieux
» contre 12,5% qui croient « Aujourd'hui c'est mieux, il ya plus
de liberté pédagogique pour l'enseignant ». D'autres
croient qu'il ya eu des changements dans la perception du métier mais ce
sont des changements négatifs 6,25% ; le même pourcentage
d'enseignants croient qu'il n ya pas vraiment eu de changements.
Sur une question portant sur la perception qu'a la
société de l'enseignant, 56,25% des interviewés
répondent que la société valorise l'enseignant «
les gens pensent toujours que c'est un métier noble, l'enseignant
est considéré comme un modèle de culture par la
société ». Cependant 31,25% croient que la
société ne valorise plus l'enseignant comme elle le faisait dans
le passé « les gens pensent que le prof ne travaille pas, il a
trop de vacances, il se concentre plus sur les heures supes qu'il fait hors du
lycée public ». 12,5% des enseignants considèrent que
l'image de l'enseignant dans la société est incertaine, elle est
parfois valorisante et parfois méprisante.
3.1.2.4 Données concernant le vécu quotidien
de l'enseignant
L'examen de la relation qui peut exister entre Le vécu
quotidien de l'enseignant et son engagement ou son désengagement a fait
ressortir les résultats suivants : 93,75% disent que c'est un
vécu « pénible sans issues qui se déroule dans un
climat de non confiance et de tensions, de mauvaise foi, conflits...
» ; 6,25% cependant, pensent qu'il s'agit d'un vécu plus au moins
agréable. Pour 68,75% de ces interviewés, ce vécu a
changé en pire à cause de la politique éducative, du boom
technologique et des nouveaux rôles que doit jouer l'enseignant. En
revanche, pour 6,25% le vécu a changé en mieux car il ya des
réformes en faveur de l'enseignant « plus de
responsabilités incombent aux élèves qui sont devenus
responsables de leurs propres apprentissage, donc moins de taches pour
l'enseignant ». Il demeure que 25% des enseignants disent qu'il n ya
pas eu de changements.
D'autres questions étaient posées sur
l'environnement scolaire dont lequel ce vécu se façonne. Il a
été question d'abord d'environnement physique à savoir :
l'infrastructure du lycée, les équipements et les supports
éducatifs. 100% des enquêtés ont affirmé «
qu'il n ya pas d'équipements et qu'il ya dégradation du peu
d'équipement qu'il ya. Les méthodes, les
programmes, les outils ont changé mais pas
l'équipement. Par exemple, les élèves grandissent, mais
ils s'assoient sur les mêmes tables durant toute leur scolarité
(de 6 à 18 ans). On nous demande beaucoup, mais on n'offre aucuns moyens
: c'est un environnement physique catastrophique». En ce qui concerne
l'environnement socio-affectif 93,75% voient que « tout le monde fuit
ses responsabilités et il n ya aucune coopération entre les
collègues » les 6,25% restants disent qu'il ya une
coopération moyenne.
La coopération avec l'administration a
été aussi l'une des questions clés de cette recherche. Il
en ressort que 81,25% confirment que « L'administration ne fournit
jamais d'aides, c'est une administration très conservatrice qui
n'accepte pas l'innovation » « la relation entre l'enseignant et
l'administration est une relation verticale ». Toutefois 18,75% des
enseignants considèrent que l'administration fournit parfois de
l'assistance « si je suis malade, je téléphone, et le
proviseur me donne le temps d'apporter un certificat médical »
« quand j'ai besoin de la télé, l'intendant me la donne sans
problème». Et sous ce même angle de coopération,
les enseignants étaient interrogés sur leur coopération
avec les parents d'élèves. 100% disent qu'ils n'ont jamais pu
collaborer avec aucun des parents de leurs élèves.
Est-ce que ce vécu se façonne également
par un autre facteur qui est l'emplacement du lycée ? Est-ce que le
fait de travailler dans la périphérie ou dans le centre est
important ? Dans quel sens ? 81,25% révèlent que le
vécu de l'enseignant se trouve influencé par l'emplacement «
dans la périphérie les élèves sont plus
disciplinés : (même si leur niveau est bas), ceci facilite le
travail de l'enseignant, par contre dans le centre même si le niveau des
élèves est bon, ils sont indisciplinés, ce qui influe
négativement sur le travail de l'enseignant. Il ya moins de discipline
dans le centre mais les élèves sont plus éveillés,
plus audacieux et plus entreprenants» « L'image de
l'enseignant est moins valorisée dans le centre ». 12,5%
avancent que la périphérie est marginalisée : «
La périphérie est stagnante, rien ne bouge. Les filles ne
continuent pas car elles doivent se marier. Les élèves dans le
centre sont au courant de ce qui se passe, des nouveautés. Dans La
périphérie tout le monde est marginalisé ».
Néanmoins 6,25% disent qu'il n'ya aucune différence entre le
centre et la périphérie « dans les deux, l'enseignant
travaille dans les mêmes conditions : un tableau noir et de la craie
»
Il est quand même assez important de noter qu'entre le
travail de l'enseignant dans la périphérie ou dans le centre, il
ya des différences très significatives. 92,18% des
enquêtés qui travaillent dans la périphérie se
disent déçus, méfiants et pessimistes. Seulement 7,14%
d'entre eux se disent optimistes. En revanche, dans le centre 50% des
interviewés disent
pouvoir implémenter des changements et adoptent une vision
plus optimiste en se disant plus au moins satisfaits de leur travail et de leur
vécu.
Emplacement
|
Vécu agréable
|
Vécu pénible
|
Périphérie
|
7,14%
|
92,18%
|
Centre
|
50%
|
50%
|
Tableau décrivant le vécu quotidien des
enseignants selon l'emplacement de l'établissement
Les enseignants étaient loquaces sur la question de
l'instauration d'un bon climat plus propice à un travail efficace.
56,25% pensent qu'il faut instaurer le dialogue et la coopération
professionnelle en impliquant tous les acteurs du champ éducatif y
compris les parents « Il faut onjuguer les efforts de tous les acteurs
sociaux, répandre une culture positive qui valorise l'enseignant
». 37,5% disent qu'il faut « réduire la surcharge des
élèves dans les classes, adapter les méthodes et les
programmes aux réalités du lycée Marocain et impliquer les
enseignants dans la prise de décisions éducatives »
« il faut travailler au niveau national et local pour la
résolution des problèmes. Il faut opter pour une bonne
orientation des élèves, imposer la discipline, réduire les
leçons et changer les programmes actuels par des programmes qui sont en
harmonie avec la réalité du pays, il faut aussi changer des
méthodes incompatibles avec la réalité de la classe
Marocaine » « il faut arrêter d'aggraver les problèmes
des enseignants avec des affectations qui perturbent les familles des
enseignants, les enseignants ne se concentrent pas sur leur travail
». 37,5% disent qu'il est temps de « Valoriser l'enseignant
matériellement et l'accompagner moralement « l'accompagnement
de l'enseignant est une urgence, il ne faut plus qu'il soit isolé : par
exemple quand l'enseignant a des problèmes avec un élève,
on n'arrête pas de dire que l'élève est un gentil, qu'il
faut l'excuser. L'administration est toujours à coté de
l'élève » 31,25% des enseignants disent qu'il faut que
les enseignants doivent se dresser comme des agents de changements, de
liberté et d'ouverture et introduisent dans leurs pratiques des
innovations. 25% croient qu'il faut déstresser l'environnement scolaire,
encourager le parascolaire, soutenir les projets éducatives et offrir
des équipements adéquats. 18,75% pensent qu'il faut offrir une
formation de qualité avec des visées pragmatiques bien claires,
ce même pourcentage des enquêtés évoque le fait qu'il
est indispensable d'imposer la discipline aux élèves.
L'analyse des données a révélé que
le parcours professionnel, la pratique, la perception et le vécu
quotidien sont vus tantôt de la même façon par tous les
enseignants, tantôt vus différemment selon l'ancienneté
dans le métier.
Ancienneté
|
Parcours professionnel
|
Pratique
|
Perception
|
Vécu quotidien
|
Parcours professionnel plutôt
formateur
|
Parcours non
formateur
|
Réflexive mais rarement
évolutionniste
|
Diverses mais traditionnelle pas de supports technologiques
|
Moins valorisante
|
idéaliste
|
agréable
|
pénible
|
Enseignants entre 5-10 ans
d'ancienneté
|
20%
|
80%
|
10%
|
90%
|
80%
|
20%
|
10%
|
90%
|
Enseignants entre 10-15 ans
d'ancienneté
|
0%
|
100%
|
50%
|
50%
|
0%
|
100%
|
0%
|
100%
|
Enseignants entre 15-20 ans
d'ancienneté
|
10%
|
90%
|
40%
|
60%
|
0%
|
100%
|
10%
|
90%
|
Tableau récapitulatif des 4 facteurs influant
l'engagement ou le désengagement des enseignants selon
l'ancienneté
Il est important de noter que le parcours professionnel et le
parcours de formation de tous les enseignants est plutôt non formateur
puisque seulement 20% des enseignants qui sont au début de leur
carrière, 10% des enseignants expérimentés disent avoir un
parcours professionnalisant. Ceux qui sont à la mi-carrière
avouent que leur parcours est non professionnalisant. Les enseignants les plus
expérimentés présentent un pourcentage assez
conséquent quant à la réflexivité qu'ils
introduisent dans leurs pratiques 40%, ceux qui sont à la
mi-carrière affirment également adopter cette démarche
50%. Cependant, les nouveaux venus dans le métier affirment que leurs
pratiques manquent de réflexivité et d'innovations. Les
enseignants dont l'ancienneté varie entre 10 et 20 ans affirment qu'ils
sont satisfaits de leurs image à 100%, il n'ya que ceux qui sont dans le
début de leur carrière qui disent douter de cette image
idéale 80%. Quant au vécu quotidien, tous les enseignants sont
d'accord qu'il s'agit d'un vécu pénible, un pourcentage infime
renvois à un vécu plus au mois agréable 10%.
Une analyse croisée permet, en fait de monter que les
enseignants dont la formation est quasi absente, malgré une pratique que
50% d'entre eux disent non traditionnelle, mettent en avant une image de soi
trop idéaliste et soufrent énormément d'un vécu
pénible à 100% (les enseignants entre 10-15 ans
d'ancienneté). Ceux, qui ont un parcours professionnel relativement
formateur mais dont la pratique est traditionnelle, ont une perception
réaliste de
leur métier et leur vécu est un peu moins
pénible (90%) (Enseignants entre 5-10 ans d'ancienneté). Ceux
dont le parcours n'est pas vraiment professionnalisant (seulement 10% ont
reçu des formations) mais dont la pratique présente un taux assez
important de réflexivité (40%) disent également souffrir
d'un vécu pénible (90%). Leur perception est aussi trop
idéaliste (Enseignants entre 15-20 ans d'ancienneté)
3.2 Discussion et interprétation des
Résultats
3.2.1 Lacunes de formation et parcours non
professionnalisant
L'analyse des données révèle que la
formation initiale et continue, les aides et encouragements ainsi que les
raisons du choix initial ou la persistance dans le métier semblent
être en rapport avec l'engagement ou le désengagement des
enseignants comme il a été avancé dans l'hypothèse
de la présente recherche.
En effet, Il est important de signaler qu'une grande partie
d'enseignants qui n'ont pas bénéficié d'une formation
initiale appropriée, ou qui n'ont pas reçu de formation initiale
les préparant à travailler au sein des lycées (comme ceux
qui étaient formés dans les CPR), expriment un manque de savoir
faire incitatif. Par exemple, dans le cas des nouveaux venus dans le
métier, malgré le fait qu'ils ont tous reçu une formation
initiale, seulement une très petite minorité d'eux avoue
introduire une conduite réflexive dans sa pratique. De plus, il semble
que la formation continue, qui est ou bien absente ou bien très souvent
sporadique souffre d'un manque d'articulation avec la formation initiale d'une
part, et d'un dérèglement quant à l'alternance entre
théorie et pratique d'autre part. « La formation en alternance
est à la mode. Mais qu'entend-on au juste par là ? L'alternance
peut se borner à la juxtaposition de moments de cours et de moments de
stages. Elle peut devenir une forte articulation, non seulement entre des lieux
de formation, mais entre des postures : agir, réfléchir dans
l'action, réfléchir sur l'action ; planifier ou anticiper
l'expérience à la lumière des savoirs disponibles,
l'analyser sur le vif ou après coup, pour comprendre ce qui s'est
passé, introduire des régulations et acquérir de nouveaux
schèmes, élargir ses compétences, diversifier ses modes
d'action ou de représentation. » (Philippe Perrenoud 1994)
35 . Cette alternance parait
35- Philippe Perrenoud, Pédagogies,
Revue du Département des sciences de l'éducation de
l'Université de Louvain, Actes du colloque du REF " Former des
enseignants. Pratiques et recherches " 1994.
http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_1994/1994_23.html
nécessaire et peut mener à plus de
réflexivité, à plus de formation formatrice et
éventuellement à plus d'engagement.
Dans le même cadre, Philippe Meirieu (1990)
considère que la formation initiale et continue est à la base
d'une construction de compétence chez l'enseignant. La
professionnalisation de celui-ci se fait à travers cette formation dans
la mesure où elle l'assiste énormément à construire
ses savoirs, savoir faire et savoir être. En outre, à cause de
raisons différentes, beaucoup d'enseignants n'optent que rarement pour
une autoformation, et même ceux qui disent s'auto former, ils ne
s'assujettissent aucunement à une formation structurée, en fait
ils avouent qu'il ne s'agit que de lectures libres et de cumuls
d'expériences (Maurice Tardif, Claude Lessard et Louise Lahaye 1991).
Il peut s'avérer, de ce fait, qu'une telle carence de
formation ne peut que pousser les enseignants à se désinvestir
car presque la moitié d'entre eux, outre le fait que leur choix initial
n'est pas totalement volontaire, ne persistent dans le métier que pour
des raisons matérielles. Pareillement, l'absence totale de soutien
matériel et moral dans l'accomplissement de projets éducatifs
peut être l'une des causes d'un désengagement éventuel.
Des différences significatives ont été
remarquées lors d'une analyse croisée concernant le parcours
professionnel des enseignants. Les enseignants qui persistent volontairement
dans le métier sont ceux dont le choix initial est tout aussi
volontaire. Ce qui est assez frappant, c'est que ce sont les enseignants
anciens qui confirment cette attitude alors que les nouveaux semblent avoir
choisi le métier pour des raisons matérielles ou à
défaut d'autre chose, ce qui fait que seulement une minorité
d'eux persistent dans le métier volontairement. La persistance
volontaire peut impliquer l'engagement alors que le contraire peut renvoyer
à un retrait.
3.2.2 La pratique du métier entre
amélioration et immobiisme
L'articulation qui peut s'opérer entre la
théorie et la pratique du métier d'enseignant est la phase qui
prépare l'enseignant aux réalités du terrain (Altet, 1996
; Perrenoud, Altet, Charlier et Paquay, 1996). La recherche a
démontré qu'une fois l'enseignant dans sa classe, il se trouve
confronté à des problèmes épineux concernant la
mise en oeuvre des connaissances. La
majorité des enseignants préfèrent
persister dans une démarche routinière « l'enseignant
nie la réalité qui est une source d'anxiété
insupportable. Il développe des attitudes de fuite telles que
l'inhibition ou l'enlisement dans la routine, afin de se désengager de
son travail » (Alice F.b. Fracchia , José M. Esteve
1988)36
La recherche a démontré également que la
majeure partie des enseignants n'optent pas pour ces méthodes et
approches actives non pas parce qu'ils pensent qu'ils sont sans valeur
ajoutée, mais surtout parce qu'ils pensent qu'ils manqueraient d'outils
et d'équipement dans le cas d'une volonté d'implémentation
au sein des classes d'une part, « Les enseignants motivés par
des innovations pédagogiques sont souvent découragés par
le manque de moyens et de matériel pédagogique
»37 (Alice F.b. Fracchia , José M. Esteve 1988), et
d'autre part, parce qu'ils sont tenus par des programmes, des cahiers de charge
et des dates limites qu'il faut respecter. Ceci, pour eux, laisse peu de marge
pour l'expérimentation et les condamne à opter pour le
traditionnel qui est plus sur (Philippe Perrenoud 1996).
Il semble toutefois important de signaler qu'une analyse
croisée de la pratique selon l'ancienneté révèle
que les nouveaux enseignants sont ceux qui s'ennuient le plus dans leur
travail. Aucun d'eux n'utilise de support ou d'outil technologique
éducatif. Les enseignants en mi-carrière sont ceux qui sentent
qu'il ya moins de routine dans leur pratique, et ce sont eux qui utilisent le
plus les méthodes actives de communication et de compétence et
qui introduisent dans leur pratiques des technologies d'information et de
communication.
Les évolutions que connait le métier sont
plutôt des régressions pour les enseignants Marocains. La
présente recherche a démontré qu'au sein de la classe du
lycée public, tant qu'il est toujours question d'un tableau noir, de la
craie, de 50 élèves dans la classe, il serait vain de parler
d'évolutions. D'après les résultats de la recherche, la
plupart des enseignants se démobilisent d'essoufflement et de fatigue
à cause de cette pratique trop archaïque et de ce décalage
technologique par rapport à ce qui se passe dans d'autres pays, ce qui
fait qu'ils n'arrivent plus à se réaliser complètement
dans leur rôle d'enseignants comme l'hypothèse de la
présente recherche affirme.
Ce qui confirme l'hypothèse avancée dans cette
recherche aussi c'est que, les enseignants avancent que leur engagement dans
une pratique concluante se trouvera indéniablement influencé par
l'amélioration des conditions matérielles et morales de
l'enseignant en premier lieu, l'amélioration de la formation, de
l'autoformation et des mises à jour pratiques en second
36 -Alice F.b. Fracchia , José M. Esteve , LE
MALAISE DES ENSEIGNANTS,
1988.
www.persee.fr/web/revues/home/.../rfp_0556-7807_1988_num_84_1_1444
37 -Ibid.
lieu, et enfin l'intégration de dispositifs innovants ,
la réduction de l'effectif des élèves dans les classes et
l'allègement de la charge horaire. Il semble par conséquent, que
la pratique de l'enseignement est liée à la mobilisation ou au
défaitisme des enseignants (Philippe Meirieu L'éducation et le
rôle des enseignants à l'horizon 2020)
3.2.3 Perception réaliste et perception
idéaliste
L'analyse des données révèle que les
enseignants Marocains, à l'instar de beaucoup de leurs confrères
dans le monde entier, semblent avoir une image trop idéalisée de
leur égo (Johanne Gaudet, Rosane Valois et Yvonne da Silveira 1996). La
majorité pensent qu'ils sont à la fois efficaces, en harmonie
avec leur travail et ne changeraient pas leur métier parce qu'ils
pensent être positifs et pensent faire leur travail comme il faut.
Même ceux qui disent vouloir changer de métier s'ils le pouvaient,
s'inscrivent dans la catégorie de ceux qui croient être
compétents.
L'analyse des données a démontré aussi
que les nouveaux venus dans le métier montrent plus de pragmatisme quant
à la perception du métier. Il est vrai qu'ils pensent qu'ils sont
efficients, mais ils n'ont pas honte à faire référence
à une déficience de résultats positifs au sein d'un
environnement inadéquat à l'apprentissage.
Cette image idéale peut influer sur l'engagement ou le
désengagement de l'enseignant. Si celui-ci pense qu'il est efficace
malgré les résultats inefficaces et malgré les
méthodes, les outils et les activités traditionnelles dans
lesquelles il persiste, il risque de ne pas s'engager dans le métier en
s'inscrivant dans une démarche de contentement. Inversement, quand
l'enseignant a une image moins valorisante de soi, ceci également peut
influer l'engagement dans la mesure où un éventuel
détachement qui peut surgir à cause d'un manque de confiance en
ses propres capacités, il pourra en fait s'agir pour lui d'un certain
fatalisme professionnel (Philippe Perrenoud 1998)
L'image sociale de l'enseignant joue aussi un rôle
déterminant dans l'engagement de celui-ci. L'analyse des données
a démontré que les enseignants pensent que la majorité des
gens ont une image valorisante de l'enseignant. Cette image renvois à un
métier noble, respectueux car l'enseignant pour la société
est un bon modèle pour ses élèves et pour le reste de la
société. Toutefois, un pourcentage non négligeable des
interviewées doutent de cette image haussant l'enseignant à un
statut distinguée ((J. M. Esteve ; F. B. A. Fracchia 1984). Cette image,
selon les données, était plus valorisante dans le passé
qu'aujourd'hui. Les élèves étaient plus respectueux envers
leurs enseignants et l'enseignant avait plus d'autorité et donc plus de
poids
(Philippe Perrenoud 1998). Cette nostalgie peut avoir une
certaine emprise sur le travail de l'enseignant qui, à cause de cette
image perdue, peut s'abriter dans une zone de défaitisme en se
désengageant car il serait vain de s'investir puisque la
société ne lui reconnait pas un statut positif.
3.2.4 Vécu pénible et comportement
professionnel démobiisateur
L'analyse des données révèle que le
vécu des enseignants Marocains est loin d'être plaisant à
cause à la fois, d'un environnement physique désastreux et d'un
environnement socio-affectif inaccessible et non coopérant. Sous le
titre des facteurs causant le malaise des enseignants, Alice F.b. Fracchia ,
José M. Esteve (1988) parlent des « facteurs qui agissent
directement sur le travail de l'enseignant dans sa classe, suscitant alors des
sentiments désagréables ; et des facteurs structuraux ou de
contexte qui agissent indirectement en diminuant l'efficacité et la
motivation de l'enseignant »38 Tous les enseignants
enquêtés montrent leur mécontentement de l'infrastructure
du lycée. Leur engagement peut se trouver compromis en raison d'une
absence quasi-totale d`équipements, de bibliothèque et d'outils
éducatifs adéquats. Pour ces enseignants, il s'agit d'un contexte
qui s'abstient de proposer les fournitures et les supports éducatifs
capables de faciliter leur travail et de fortifier leur élan
professionnel.
Pareillement, selon l'analyse des résultats, les
changements qui se sont introduits dans ce vécu l'on rendu de plus en
plus insupportable car ils attribuent plus de rôles auxquels l'enseignant
n'est pas préparé. Doit-il gérer une classe de 50
élèves de niveaux disparates, introduire des TIC dans ses
activités, centrer l'apprentissage sur l'apprenant, implémenter
les pédagogies de projet et de compétence; ou se soumettre aux
circulaires ministérielles et exécuter les activités
planifiées afin de couvrir le programme scolaire ? Ces charges multiples
peuvent occasionner une démotivation de la part de l'enseignant
étant donné qu'il peut s'agir pour lui de buts inaccessibles. (
Philippe Perrenoud 1993)
Plus ce contexte physique pénible, les enseignants se
meuvent dans un contexte relationnel plein de soupçons, de divisions,
d'incertitudes et de malaise. La majorité affirment qu'il n y a pas de
coopération au sein du lycée. Les collègues ne
coopèrent presque jamais « les enseignants sont des solitaires
: ils ont tendance à partager beaucoup moins leur expérience
professionnelle que les personnes d'autres professions dont la nature du
travail impose une activité collective » (Marc Durand, Luc Ria
et Éric Flavier 2002)39 Ensuite, les enseignants
38 -Op.cit
39 - Marc Durand, Luc Ria et Éric Flavier, La
culture en action des enseignants, Revue des sciences de l'éducation,
Volume 28, numéro 1, 2002,
http://id.erudit.org/iderudit/007150ar
n'entretiennent pas une relation d'égal à
égal avec l'inspecteur ou l'administration qui favorisent le control
à la collaboration. Beaucoup de proviseurs, au lieu d'engager et de
soutenir une culture de coopération au sein des lycées,
choisissent la relation verticale (M Fullan 1984). De même, les
enseignants pointent du doigt les parents qui n'ont aucun rôle dans la
scolarisation de leurs enfants. Il est assez étonnant de savoir que
d'après les interviewés, aucun parent n'a jamais pris contact
avec un enseignant pour prendre connaissance du parcours scolaire de son
enfant. Cette démission parentale peut provenir de stratégies
parentales de résistance (Van Zanten 2001), de
désintérêt ou de manque de confiance dans le
système. Mais ces attitudes parentales au Maroc, ne concernent pas
seulement la périphérie, il concerne également le centre.
Cet état de fait peut probablement mener à l'isolement de
l'enseignant qui a le devoir de faire face tout seul aux situations
épineuses de chaque jour. Cet isolement est l'une des raisons possibles
d'un éventuel désengagement.
L'analyse des données dévoile que le vécu
quotidien de l'enseignant se trouve également influencé par le
lieu où s'exerce le métier. S'il s'agit d'une
périphérie (D Butlen - 2002), ce vécu se complexifie avec
des élèves qui ont un niveau assez bas et souffrent d'inhibitions
même s'ils sont plus disciplinés par rapport aux
élèves du centre qui, quand à eux sont plus entreprenants
vis-à-vis leur apprentissage. Et comme il a été
avancé dans le cadre théorique de la présente recherche,
une approche unidimensionnelle caractérise le système
éducatif Marocain : aucune différentiation entre la
périphérie et le centre n'est prise en considération.
Toutefois, selon les données de la présente recherche,
l'enseignant Marocain préfère avoir de l'autorité et
travailler dans la périphérie avec des élèves
respectueux qu'avoir des élèves moins respectueux mais avec des
attitudes entreprenantes. Son souci d'une image valorisante prend le dessus sur
le but essentiel de son travail qui est celui de centrer l'apprentissage. La
marginalisation de la périphérie est l'un des
éléments qui a été également
mentionné. L'analyse des données dévoile que cette
marginalisation implique un éloignement des élèves des
nouveautés et un abandon des filles du lycée en vue de se marier
ou tout simplement de rester à la maison (Naïma Chikhaoui
2007)40. Une telle atmosphère de retrait, pourrait influer
sur la qualité de l'apprentissage d'une part et sur des attitudes de
retrait de l'enseignant à l'instar du lieu ou il travaille puisque
l'analyse des données a démontré qu'entre le travail de
l'enseignant dans la périphérie ou dans le centre, il ya des
différences très significatives dont
40 - Naïma Chikhaoui, Du droit à
l'école à la reconnaissance de l'adolescence pour la jeune fille
marocaine dans N Chikhaoui - Carrefours de l'éducation : cairn.info,
2007
les enseignants ne sont peut être pas conscients. Une
très grande majorité des enseignants travaillant dans la
périphérie adoptent des attitudes de démobilisation
à cause de ce retrait et de cette marginalisation qu'ils sentent. En
revanche la moitié des enseignants travaillant dans le centre
s'accrochent et disent pouvoir être positifs en montrant plus de
satisfaction et d'engagement vis-à-vis leur métier.
L'analyse des données révèle aussi que
les enseignants sont conscients des éléments capables de pouvoir
les engager plus dans leur métier. D'après l'analyse, ce qu'il
leur faudrait, c'est d'abord une coopération de tous les acteurs sociaux
au sein d'un contexte éducatif déstressé. Ensuite il
faudrait opter pour une conduite éducative appropriée qui
avantage la qualité et non la quantité des apprentissages, qui
prend en considération les réalités de l'enseignement
Marocain et qui implique l'enseignant dans la prise de décisions
éducatives. L'analyse révèle aussi que les affectations
lointaines auxquelles les enseignants doivent s'assujettir pourraient agir sur
leur démotivation. En outre, les enseignants confirment leur
requête de valorisation morale et matérielle, ils avouent aussi
qu'une ouverture et des conduites innovatrices de leur part pourraient
améliorer leur vécu et par conséquent agir sur leur
engagement de manière positive. L'amélioration de ce vécu
peut se faire aussi à travers des investissements dans les projets
éducatifs, des activités parascolaires et des formations à
la hauteur des besoins éducationnels Marocains. Tous les
éléments cités ci-dessus résument les quatre
facteurs avancés dans l'hypothèse comme pouvant influer
l'engagement ou le désengagement des enseignants Marocain à
savoir : la formation, la pratique, la perception et le vécu
quotidien.
Ce qui confirme l'hypothèse de la présente
recherche c'est que les données montrent que les jeunes enseignants ne
persistent pas vraiment dans le métier volontairement à cause
d'un parcours non formateur, d'une pratique désuète, d'une vision
trop défaitiste et d'un vécu considéré sans issue.
Par contre, les enseignants en mi-carrière, malgré leur parcours
non formateur, leur image trop idéalisée de leur égo, et
une vision trop pessimiste de leur vécu, la moitié d'entre eux
disent implémenter des méthodes réflexives, et disent
persister dans le métier parce qu'ils peuvent être positifs.
Serait ce que l'implémentation de pratiques réflexives augmente
l'engagement ? Quand aux anciens, il s'agit d'un pourcentage très
élevé renvoyant à la persistance volontaire bien que La
majorité d'entre eux n'ont pas eu de parcours professionnel formateur,
utilisent des méthodes traditionnelles, se considèrent comme
inéluctablement efficaces et ont les mêmes attitudes quand au
vécu pénible. Pourquoi cette volonté de persistance alors
? L'analyse démontre donc, que la première catégorie se
désengage car ni le choix initial, ni la persistance ne sont
volontaires. Le parcours non
professionnalisant renforce ce désengagement dans la
mesure où ces enseignants ne sont pas préparés aux
réalités du terrain d'une part, et ne sont pas non plus
initiées aux évolutions du métier. En outre, leur vision
négative de leur travail fait qu'ils sentent que leur vécu est
douloureusement malheureux. La deuxième catégorie appartient
à ce qu'on peut appeler « catégorie plutôt
engagée ». Il s'agit là d'enseignants dont la moitié
a choisi le métier consciemment et y persistent de la même
manière. Ils savent qu'il s'agit d'un métier difficile et d'un
vécu laborieux, mais ceci ne les empêche pas de continuer à
se voir comme efficaces puisqu'ils essaient par le peu de moyens qu'ils ont de
pratiquer la réflexivité et d'introduire dans leurs classes des
méthodes capables de faire une différence pour leurs
élèves et pour euxmêmes. La dernière
catégorie est celle qui opte pour un « engagement traditionnel
». Ces enseignants expérimentés se sont armés, avec
le temps, de méthodes traditionnelles enracinées qui sont pour
eux opérantes puisqu'ils affirment pouvoir faire leur travail
efficacement en gardant une image bien valorisante de leur égo et en
persistant délibérément dans le métier.
Si l'hypothèse de la présente recherche avance
que la formation, la pratique, la perception du métier et le vécu
quotidien peuvent jouer un rôle déterminant dans l'engagement ou
le désengagement des enseignants Marocains, l'analyse des données
a démontré qu'en effet, ce qui peut engager les enseignants c'est
une formation adéquate qui fournit des remises à niveaux et des
compétences capables de préparer les enseignants à faire
face à une pratique évolutive et transformatrice, car la
formation présentée au enseignants Marocains a montré
qu'elle n'agit pas sur leurs pratique puisqu'elle demeure trop
théorique. En outre, les deux perceptions individuelle et sociale de
l'enseignant sont plutôt catégoriques : elles sont ou bien
valorisante ou dévalorisante. C'est peut être une perception plus
réaliste qui manque aux enseignants. Celle-ci peut les aider à
faire face aux difficultés d'un tel métier en acceptant leur
vécu et en s'inscrivant dans des démarches mélioratives
engageantes. Cependant, une mobilisation se basant sur les ressources
subjectives (Wittorski 2007) de l'enseignant, n'est pas suffisante,
l'amélioration du contexte sociale impliquant l'infrastructure et les
relations professionnelles peuvent tout aussi engager les enseignants.
Conclusion
Cette recherche a permis d'investiguer les facteurs qui
pourraient orienter et agir sur le processus de l'engagement ou du
désengagement professionnel des enseignants de deuxième
degré. Et malgré le fait que c'est un champs des
science de l'éducation assez bien connu dans les pays
développés, c'est un domaine de recherche qui demeure
relativement méconnu au Maroc.
L'échantillonnage s'est fait sur seize enseignants de
lycées publics situés dans la zone urbaine du nord du Maroc. Le
fait que l'échantillonnage s'est fait sur des femmes et des hommes
travaillant dans le centre ou dans la périphérie et dont
l'ancienneté varie entre 5 et 20 ans a permis de faire ressortir des
catégories d'enseignants différents, et ce dans un souci de
représentativité plus au moins fiable.
Les thèmes abordés dans cette recherche ont
été étudiés séparément par maints
chercheurs, le fait de les assembler et d'investiguer leur articulation avec
l'engagement ou le désengagement et de les explorer dans le contexte
Marocain peut impliquer une tentative de contribution novatrice.
L'impact des facteurs contextuels et socio-affectifs sur
l'engagement ou le désengagement professionnel des enseignants Marocains
a été établi puisque les thèmes de la formation et
du parcours professionnel, la pratique, la perception et le vécu
quotidien ont été indiqués par les enseignants comme ayant
des impacts divers sur leur engagement ou désengagement, ce qui confirme
l'hypothèse de la présente recherche. D'autres résultats
significatifs ont pu être dégagés lors de la conduite de la
recherche. En fait, trois types d'enseignants Marocains ont pu être
identifiés : il y a le type « engagement professionnel » qui a
tendance à s'investir dans le métier en s'inscrivant dans une
démarche réflexive et évolutionniste. Il y a le type
« engagement traditionnel » qui a tendance à penser que vu les
conditions de travail au Maroc, leur engagement focalise le recouvrement du
programme et centre la compréhension des élèves de leurs
leçons. Et enfin, il y a le type « désengagement
professionnel » qui a tendance à mettre en relief
l'impossibilité de s'investir professionnellement dans un entourage qui
à la fois approuve et encourage le désinvestissement.
Il est toutefois indispensable de noter qu'un
élargissement de recherche dans le champ de l'investissement
professionnel dans le domaine de l'enseignement au Maroc peut s'ouvrir
éventuellement sur d'autres voies de recherches ultérieures
particulièrement sur l'influence de ces mêmes facteurs sur les
enseignants du primaire et du premier degré. Pareillement, le
phénomène mérite plus de précision quant à
l'impact que peuvent avoir d'autres facteurs, notamment psychiatriques, sur le
phénomène. Ces facteurs mériteraient d'être
investigués et étudiés de façon plus
approfondie.
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Présentation du Programme « NAJAH 2009-2012 »
Rapport de synthèse Draft - Juin 2008 P16
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CHARTE NATIONALE D'EDUCATION ET DE FORMATION
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recherche scientifique .Ecole normale supérieure de Meknès.
Octobre 2005
- Royaume du Maroc Conseil supérieur de l'enseignement
Etat et perspectives du système d'éducation et de formation
Volume 4 : Métier de l'enseignant Instance nationale d'évaluation
du système d'éducation et de formation Rapport annuel 2008
Annexe 1
Guide d'entretien
I-Trajectoire de formation et trajectoire
professionnelle
1- Parlez moi de votre itinéraire de formation initiale et
éventuellement continue
2- Parlez moi maintenant de votre itinéraire
professionnel
3- Quel regard portez-vous sur votre trajectoire? Pourquoi
êtes-vous devenu enseignant?
4-Est-ce que les raisons qui vous ont
poussé à faire ce choix sont les mêmes raisons qui vous
retiennent dans le métier ?
5-Quelles aides ou encouragements avez-vous reçu au
début et tout le long de votre carrière ?
RELANCE :
-Y'a-t-il une relation quelconque entre l'adolescence et le
choix du métier ? (vos parents ou connaissances étaient peut
être des enseignants ou vous avez rencontré des enseignants
modèles lors de votre scolarité) ?
-Qui sont les gens qui vous ont aidé dans votre
carrière ? (Inspecteur, proviseur, collègues...)
- Avez-vous déjà reçu des encouragements ou
félicitations pour un travail distingué ? -Avez-vous
exercé un autre métier ?
II-PRATIQUE
1- Si on vous demandait de dire ce qui caractérise votre
pratique d'enseignant, que diriezvous?
2- Que diriez-vous des évolutions du métier? Qu'en
pensez-vous ?
3-Comment voyez-vous aujourd'hui votre métier (lassitude
ou renouveau)? Pourquoi?
4-Comment croyez- vous pouvoir améliorer
vos pratiques d'enseignant ?
RELANCE :
-Quelles méthodes, activités et outils
pédagogiques utilisez-vous ?
- Que pensez-vous des changements concernant les programmes, la
charge horaire, les TIC, les nouveaux livres scolaires axant les
compétences ?
-L'amélioration est-elle possible avec les nouvelles
technologies d'information et de communication, moins de surcharge dans les
classes, plus d'outils...)
III-PERCEPTION
1-Y'a-t-il une certaine complicité entre
vous et votre travail ?
2-Croyez- vous que vous êtes un enseignant
efficace ?
3-Est-ce que vous vous voyez enseignant encore longtemps ?
Pourquoi ? (Liberté pédagogique/-ils veulent éduquer et
transmettre un savoir/ relation avec les élèves)
4-Si quelqu'un vous demandait de lui expliquer
comment vous considériez le métier avant et comment vous le
considérez maintenant qu'est-ce que vous lui diriez ?
RELANCE :
-Croyez vous que vous vous réalisez en faisant ce travail.
Est-ce un métier gratifiant ? (vous voulez éduquer, transmettre
le savoir, avoir de bonnes relations avec les élèves....)
-croyez-vous que vous êtes un agent de changements (d'un
point de vue pédagogique, social et individuel)
-Pensez-vous avoir une liberté pédagogique
IV-VECU QUOTIDIEN
1-Comment qualifieriez-vous votre vécu quotidien ?
2-Est-ce que ce vécu a changé ? Pourquoi à
votre avis ?
3-Comment dériveriez-vous l'environnement
scolaire ?
4-Est-ce que le fait de travailler dans la
périphérie ou dans le centre est important ? Dans quel sens ?
5-y'a-t-il à votre avis des voies qui
peuvent conduire à l'instauration d'un bon climat plus propice à
un travail efficace.
RELANCE :
-Quelles activités scolaires ou parascolaires vous faites
en dehors des heures obligatoires ?
-Que pensez-vous du milieu scolaire ? (Y a-t-il ou pas d'issue,
de remède, l'enseignement est-il voué à l'échec,
les sont t-ils buts difficiles et inaccessibles ou le contraire ?)
-Quelle infrastructure dans votre lycée ?
-Quel climat entre les acteurs au sein de l'école public
(confiance, non confiance ; coopération, isolement, tensions...) ?
Informations générales
AGE
|
SEXE
|
ANCIENNETE DANS LE METIER
|
DIPLOME OBTENU
|
ETABLISSEMENT
|
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|
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|
|
Annexe 2
Exemple d'entretiens : 3 exemples d'entretiens intégraux
d'enseignants avec des modalités différentes.
Entretien 4
Questions
|
Itinéraire professionnel et de
formation
|
Parlez-moi de votre itinéraire de
formation initiale et éventuellement continue
|
J'ai fais un an de formation initiale dans l'ENS. Pour la
formation continue : durant toute ma carrière j'ai fais quelques jours.
Mais la formation n'a pas de relation avec le réel pas de valeur
ajoutée
|
Parlez-moi maintenant de votre
itinéraire professionnel
|
A part l'expérience de chaque jour, je ne fais aucune auto
formation
|
Quel regard portez-vous sur votre
trajectoire? Pourquoi êtes-vous devenu enseignant?
|
Ce n'est pas un chois voulu, je pense que c'est un métier
bon pour la femme à cause de l'horaire.
|
Est-ce que les raisons qui vous ont poussé à
faire ce choix sont les mêmes raisons qui vous retiennent dans le
métier ?
|
Oui ce sont les mêmes raisons. mais je pense aussi
pouvoir être positive. je pense que dans ce domaine de l'enseignement je
peux donner pas mal de choses pour les élèves.
|
Quelles aides ou encouragements avez- vous reçu au
début et tout le long de votre carrière ?
|
Jamais je n'ai reçu quoi que ce soit ; au contraire le
ministère nous donne des affectations horribles. En fait il n ya pas de
relations de dialogue entre le ministère ou l'administration en
général et l'enseignant
|
Questions
|
Pratique
|
Si on vous demandait de dire ce qui caractérise votre
pratique d'enseignant, que diriez-vous?
|
Dans le contexte Marocain, on est sensé
implémenter les compétences. Mais les
compétences sont impropres à l'usage dans un tel contexte de
surcharge, d'absence d'outils et de supports éducatifs. J'essaie de
trouver la meilleure façon d'ajuster les programmes aux niveaux des
élèves, c'est tout.
|
Que diriez-vous des évolutions du
métier? Qu'en pensez-vous ?
|
En apparence il ya évolutions, mais en
réalité il ya régression. Le tableau noir, la craie,
malgré les réformes (tic), il n'en n'est rien. Dans le
passé, au moins on travaillait avec un tableau non troué.
|
Comment voyez-vous votre métier ? (lassitude ou renouveau
pourquoi ?)
|
Avec les changements des programmes, on s'active un peu,
sinon, il ya lassitude ; on répète les mêmes choses avec
les classes pendant des années au moins 5 ans avant le changement du
programme. Mais le cycle reprend encore une fois.
|
Comment croyez-vous pouvoir améliorer vos pratiques ?
|
On a besoin d'avoir moins d'élèves dans la
classe si on veut vraiment qu'ils comprennent quoi que ce soit. Comment pouvoir
implémenter une pédagogie de différenciation quand il ya
au moins 45 élèves dans la classe. On ne peut pas être sur
que tout le monde a compris. Moi je pense que seulement 4 ou 5
élèves peuvent comprendre dans un environnement pareil. Il faut
aussi un horaire allégé, moins de leçons, ceci est
|
|
capable d'alléger le stress sur le prof, et bien sur il
travaillera mieux.
|
Questions
|
Perception
|
Y a-t-il une Complicité entre vous et votre
métier ? (quelle image avez-vous de vous et quelle image croyez vous que
la société a de l'enseignant ?)
|
Oui, je fais mon tout mon possible pour faire réussir
la leçon et je pense qu'elle réussit dans la majeure partie des
cas. En plus la société considère l'enseignant comme un
modèle, si un enseignant fait quelque chose qui n'est pas bien on est
choqué mais la société considère que l'enseignant
est pauvre matériellement parlant
|
Croyez-vous que vous êtes un enseignent
efficace ?
|
Oui, les élèves m'aiment, ils ont de bonnes notes
et ils participent dans la classe.
|
Est-ce que vous vous voyez enseignant
encore longtemps ? Pourquoi ? (Liberté
pédagogique/-ils veulent éduquer et
transmettre un savoir/ relation avec
les élèves)
|
Oui, c'est le métier que j'aime et je ne
saurais faire autre chose.
|
Si quelqu'un vous demandait de lui expliquer comment vous
considériez le métier avant et comment vous le considérez
maintenant qu'est-ce que vous lui diriez ?
|
Dans le passé c'était mieux, la relation avec
les élèves était meilleure, les programmes aussi
étaient meilleurs parce que beaucoup de chose étaient
expliqués. Aujourd'hui, ce qui importe c'est la quantité,
l'apparence et pas la réalité, on demande à l'enseignant
plus qu'il peut en donner.
|
Questions
|
Vécu quotidien
|
Comment qualifieriez-vous votre vécu
quotidien ?
|
Il ya trop de tensions, et moins de confiance ; on n'est pas
vraiment bien
|
Est-ce que ce vécu a changé ?
|
Oui, changement au pire, à cause de la politique du
gouvernement : la carte scolaire : les élèves doivent rester
à l'école jusqu'à l'âge de 15 ans, réussite
par quota, de plus les niveaux descend, de plus ils sont obligé de faire
passer les élèves au niveau supérieur même s'ils
sont nuls, et ceci créent des problèmes pour l'enseignant qui se
trouvent face à des élèves nuls et sans aucun rapport avec
le niveau où ils sont
|
Comment dériveriez-vous l'environnement scolaire ?
|
Environnement mauvais : il n ya aucune infrastructure, pas de
propreté. Il ya aussi le contrôle de l'administration pas de
coopération, et il n ya aucune relation avec les parents
|
Est-ce que le fait de travailler dans la
périphérie ou dans le centre est important ? Dans
quel sens ?
|
Les élèves dans le centre ont plus d'audace
|
Y a-t-il à votre avis des voies qui peuvent conduire
à l'instauration d'un bon climat plus
|
Il faut déstresser l'environnement
scolaire, encourager le parascolaire, encourager les
|
propice à un travail efficace ?
|
projets éducatives, et il faut qu'il y a
coopération entre profs et administration
|
AGE
|
SEXE
|
ANCIENNETE DANS LE METIER
|
DIPLOME OBTENU
|
ETABLISSEMENT
|
46 ans
|
féminin
|
16 ans
|
Licence
|
Périphérie
|
Entretien 12
Questions
|
Itinéraire professionnel et de
formation
|
Parlez-moi de votre itinéraire de
formation initiale et éventuellement continue
|
J'ai passé le concours de l'ENS et j'ai passé
une année de formation au sein de cet établissement. pour la
formation continue, juste quelques jours.
|
Parlez-moi maintenant de votre
itinéraire professionnel
|
Eh bien, rien de spécial. Je ne pense pas que je
progresse vraiment. A part l'expérience, rien de spécial
|
Quel regard portez-vous sur votre
trajectoire? Pourquoi êtes-vous devenu enseignant?
|
J'ai choisi ce métier par amour. Mes parents
étaient enseignants, et même toute ma
famille travaille dans le domaine de
l'éducation. j'ai voulu être comme eux.
|
Est-ce que les raisons qui vous ont poussé à
faire ce choix sont les mêmes raisons qui vous retiennent dans le
métier ?
|
Tout à fait. J'ai toujours de l'amour pour ce
métier malgré toutes les difficultés.
|
Quelles aides ou encouragements avez- vous reçu au
début et tout le long de votre carrière ?
|
Jamais. Je n'ai jamais rien reçu. Même pas un
merci
|
Questions
|
Pratique
|
Si on vous demandait de dire ce qui caractérise votre
pratique d'enseignant, que diriez-vous?
Relance : pourquoi pas l'approche par compétence ?
|
Même si l'approche par compétence
est imposée par le ministère je ne l'utilise pas, mais
l'apprentissage est centré sur
l'apprenant. Je fais des activités
de présentations, des jeux de rôle.
Ce n'est pas possible dans le contexte : j'ai 50
élèves dans la classe et 5 classes, ce qui fait 250. Croyez-vous
que c'est possible une approche par compétence sans supports
éducatifs ?
|
Que diriez-vous des évolutions du
|
Trop ambitieuses, et viennent d'en haut ne sachant pas
vraiment les réalités du terrain, il
|
Comment voyez-vous votre métier ? (lassitude ou renouveau
pourquoi ?)
Comment croyez-vous pouvoir améliorer vos pratiques ?
Pas de vrai renouveau, mais on s'accroche malgré tout
Je pense qu'il faut une vraie Mise à jour, des
coopérations entre les collègues, une autoformation, et
l'utilisation d'internet et d'autres outils technologiques
Questions
Y a-t-il une Complicité entre vous et votre
métier ? (quelle image avez-vous de vous et quelle image croyez vous que
la société a de l'enseignant ?)
Perception
Oui, il ya une réalisation de soi, des valeurs
d'enseignement, la société considère l'enseignant comme un
modèle
Croyez-vous que vous êtes un enseignent efficace ?
Est-ce que vous vous voyez enseignant encore longtemps ?
Pourquoi ? (Liberté pédagogique/-ils veulent éduquer et
transmettre un savoir/ relation avec les élèves)
Il n ya pas de résultats immédiats. La note de
l'inspecteur ne juge pas vraiment l'enseignant, mon efficacité se voit
dans la formation des individus
Oui, je crois pouvoir faire des changements dans la vie de mes
élèves et dans le lycée.
|
Questions
Comment qualifieriez-vous votre vécu quotidien ?
Vécu quotidien
Je dirai que c'est un vécu pénible, le climat
qui règne dans le lycée est un climat de non confiance, en
réalités tout le monde pense qu'il n ya pas d'issues
Est-ce que ce vécu a changé ?
Comment dériveriez-vous l'environnement scolaire ?
|
Oui, énormément, l'enseignant n'est plus le seul
détenteur du savoir : avec la technologie, les nouvelles approches, tout
a changé
On nous demande beaucoup, mais on n'offre aucuns moyens :
environnement physique catastrophique, tout le monde fuit ses
responsabilité et aucune coopération ente les acteurs
Est-ce que le fait de travailler dans la
périphérie ou dans le centre est important ? Dans quel sens ?
Y a-t-il à votre avis des voies qui peuvent conduire
à l'instauration d'un bon climat plus propice à un travail
efficace ?
L'image de l'enseignant est moins valorisée dans le
centre, et il ya plus de discipline dans la périphérie
Il faut plus de fermeté avec les acteurs, il faut des
vrais investissements pour offrir des conditions de travail
AGE
|
SEXE
|
ANCIENNETE DANS LE METIER
|
DIPLOME OBTENU
|
ETABLISSEMENT
|
33 ans
|
féminin
|
10 ans
|
Licence
|
Centre
|
Entretien 14
Questions
|
Itinéraire professionnel et de
formation
|
Parlez-moi de votre itinéraire de
formation initiale et éventuellement continue
|
Formation initiale: 1 an ENS Formation
continue : presque rien, quelques jours. Ces quelques jours
restent théoriques et ne m'ont jamais aidé dans la pratique
|
Parlez-moi maintenant de votre
itinéraire professionnel
|
Rien, pas d'autoformation, je ne lis pas
beaucoup, j'ai des responsabilités familiales
|
Quel regard portez-vous sur votre
trajectoire? Pourquoi êtes-vous devenu enseignant?
|
C'est le métier qui m'a choisi, je ne pouvais pas faire
autre chose ; c'était le seul débouché pour moi
|
Est-ce que les raisons qui vous ont poussé à
faire ce choix sont les mêmes raisons qui vous retiennent dans le
métier ?
|
Oui, je reste car je ne peux pas trouver autre chose, le
marché du travail n'est pas facile.
|
Quelles aides ou encouragements avez- vous reçu au
début et tout le long de votre carrière ?
|
Jamais, chacun pour soi. Personne ne se souci de personne,
personne ne remercie personne, personne ne s'inquiète pour personne
|
Questions
|
Pratique
|
Si on vous demandait de dire ce qui caractérise votre
pratique d'enseignant, que diriez-vous?
|
Pas d'approche par compétence, après pratique et
expérience j'utilise ma méthode. En ce qui concerne les outils et
les supports éducatifs, il n ya que le livre scolaire et le tableau
noir
|
Que diriez-vous des évolutions du
métier? Qu'en pensez-vous ?
|
Il n ya aucune évolution, au contraire c'est une
dégradation, aucune utilisation de tic, et le livre scolaire est
très pauvre c'est pire que les livres scolaires dans le passé. Au
moins dans la passé, le livre scolaire donnait les méthodes
d'analyse, des exemples, maintenant c'est l'élève qui est
supposé tout faire. Comment peut-il faire ceci alors qu'il n'a aucune
aptitude.
|
Comment voyez-vous votre métier ? (lassitude ou renouveau
pourquoi ?)
|
Il ya routine, monotonie et fatigue car je ne suis pas satisfait
de ce qui se passe dans la classe
|
Comment croyez-vous pouvoir améliorer vos pratiques ?
|
Il faut moins d'heures de travail, plus de salaire (je dois me
concentrer sur mon travail en n'ayant pas de soucis matériels),
l'enseignant doit avoir moins de classes, moins d'élèves,
j'enseigne à 500 élèves, il faut aussi une formation
continue réelle, pratique et effective
|
Questions
|
Perception
|
Y a-t-il une Complicité entre vous et votre
métier ? (quelle image avez-vous de vous et quelle image croyez vous que
la société a de l'enseignant ?)
|
Non, il ya déception, en plus l'image de la
société est dévalorisante. On dit que le prof ne travaille
pas, il a beaucoup de vacances, il reçoit un salaire sans rien faire.
|
Croyez-vous que vous êtes un enseignent efficace ?
Est-ce que vous vous voyez enseignant encore longtemps ?
Pourquoi ? (Liberté pédagogique/-ils veulent éduquer et
transmettre un savoir/ relation avec les élèves)
Je fais des efforts avec les élèves qui
travaillent. mais en ce qui concerne les résultats : pas
d'efficacité
Non, il ya lassitude et aucuns résultats positifs,
c'est un domaine sans issue, je dois le reconnaitre.
|
Si quelqu'un vous demandait de lui expliquer comment vous
considériez le métier avant et comment vous le considérez
maintenant qu'est-ce que vous lui diriez ?
Il y avait plus de respect pour le prof dans le passé. Les
livres scolaires étaient meilleurs.
|
Questions
Comment qualifieriez-vous votre vécu quotidien ?
Vécu quotidien
Mon vécu est pénible. C'est un climat difficile
plein de déceptions et dans aucunes solutions en vue.
Est-ce que ce vécu a changé ?
Comment dériveriez-vous l'environnement scolaire ?
|
Non, rien n'a changé, au moins pour moi. C'est la
même chose
Environnement physique mauvais, il ya contrôle de
l'administration (parfois des aides) il n ya pas de coopération, il n ya
aucune relation avec les parents, mais j'ai une bonne relation avec les
élèves
Est-ce que le fait de travailler dans la
périphérie ou dans le centre est important ? Dans quel sens ?
Y a-t-il à votre avis des voies qui peuvent conduire
à l'instauration d'un bon climat plus propice à un travail
efficace ?
|
Dans le centre les élèves sont
indisciplinés, la vie est plus facile pour eux.
Voici ce qu'il est impératif de faire tout de suite
sinon le « Knock out » pour l'enseignement au Maroc :
changements des programmes pour des programmes qui sont en harmonie avec la
réalité du pays, changements des méthodes incompatibles
avec la réalité de la classe Marocaine, plus de fermeté
avec les élèves, donner plus de valeur matérielle aux
enseignants, arrêter d'aggraver les problèmes des enseignants avec
des affectations qui perturbent les familles des enseignants, les enseignants
ne se concentrent pas sur leur travail
AGE
|
SEXE
|
ANCIENNETE DANS LE METIER
|
DIPLOME OBTENU
|
ETABLISSEMENT
|
36 ans
|
Masculin
|
11 ans
|
Licence
|
Périphérie
|
|