Plusieurs définitions possibles pour définir le
système d'information, dans leur ouvrage Systèmes d'information
organisationnels, VIDAL et PETIT en font une agrégation à partir
de définition d'experts en management de systèmes d'information
comme REIX, KELLY ou encore COURBON : « un système d'information
[...] un ensemble organisé de ressources, une combinaison d'hommes et de
moyens informatiques, un ensemble de moyens humains, technologiques,
méthodologiques et organisationnels " (Systèmes d'information
organisationnels, 2009, p. 4).
On peut établir qu'un système d'information
comporte des dimensions techniques et humaines pour la partie ressources qui
permettent d'assister l'opérationnel et fournir les informations
nécessaires et stratégiques au service du bon fonctionnement
d'une organisation. VIDAL et PETIT rappelle les rôles fondamentaux et
invariants des systèmes d'informations : acquisition, stockage,
traitement et sortie des données pour faciliter les opérations et
la prise de décision.
5 SLA : Service Level Agrement, ici afin de
vérifier la qualité de service du prestataire
6 PAQ : plan d'assurance qualité afin de
s'assurer de la bonne application des dispositions décrites dans le
plan.
Aussi bien par ses apports techniques via l'IAAS et le PAAS
et via le SAAS, par ses moyens d'enregistrer, d'utiliser et de délivrer
de l'information, le Cloud est à méme de modifier le rôle
des individus qui la composent comme l'écrivent VIDAL et PETIT pour les
systèmes « qui intègrent sans cesse de nouveaux outils ". Le
Cloud Computing constitue bien une nouvelle donne pour les systèmes
d'informations qui seront donc impactés.
Le système d'information n'est pas uniquement
constitué du système informatique et des équipes
informatiques, un système d'information peut exister sans le
système informatique l'inverse n'étant pas vrai. De la même
manière, les ressources humaines qui composent le système
d'information ne sont pas constituées uniquement des équipes
informatiques mais c'en est une des composantes importantes qui ne
relève pas du « métier " de l'entreprise. Par contre, on
n'imagine plus aujourd'hui un système d'information sans ses composantes
informatiques tant fonctionnel que technique.
Les précédentes définitions nous
permettent d'affirmer que les équipes informatiques sont au coeur du
système d'information global et « l'informatique fait
désormais partie intégrante de l'entreprise au méme titre
que chaque direction opérationnelle " comme l'affirme NAWROCKI dans son
ouvrage Les Services informatiques. Ce sont ces équipes qui
mettent en oeuvre et assure le pilotage des technologies de l'information.
Encore plus important, le bon usage de ces technologies apporte performance et
avantages de compétitivité aux entreprises : « Les
entreprises qui réussissent ainsi que leurs managers comprennent le
potentiel que recèlent les technologies de l'information et la
manière de s'en servir » (LAUDON et al., 2010, Management des
systèmes d'information, p. 110).
Les craintes ressenties par les équipes informatiques
semblent donc toutes légitimes face à l'arrivée du Cloud
Computing car ce dernier impacte fortement les technologies de l'information,
de l'infrastructure technique à la proposition logicielle (de l'IAAS au
SAAS). Les membres informatiques des DSI l'ont bien compris, le Cloud Computing
apporte avec lui une perte de contrôle, de connaissances, de pouvoirs.
Son offre va permet à l'entreprise de délocaliser des services
gérés auparavant en interne, on pense en premier lieu à
l'informatique dite de commodité et aux profils informatique purement
technique.
L'organisme SYNTEC NUMERIQUE7confirme cela dans un
rapport du second trimestre 2010 : « En terme de métiers, et
notamment dans le cadre d'un Cloud externe, les informaticiens des entreprises
clientes vont se voir déchargés de nombreuses tâches
liées à la gestion quotidienne des applications, des
environnements et des infrastructures ". Si cela permet aux informaticiens de
se concentrer davantage sur les projets importants et stratégiques de
l'entreprise, certaines compétences internes très
spécifiques seront davantage impactées et pour celles-là,
les effectifs pourraient être en sur nombre, certains auront donc
intérêt à se convertir ou à se tourner vers les
fournisseurs ou opérateurs de services vers qui le besoin de ces
compétences va se déplacer. Même s'il est évident
que cette migration ne pourra être totale comme l'indique encore
SYNTEC
7 SYNTEC NUMERIQUE est la chambre professionnelle des
SSII, des éditeurs de logiciels et des sociétés de conseil
en technologies (
www.syntec-numétique.fr)
NUMERIQUE dans son étude : « L'équation ne
risque toutefois pas d'être tout à fait égale (un emploi
supprimé chez un client ne donnera pas lieu à un emploi
créé chez un fournisseur de services Cloud). En effet, la
mutualisation joue autant pour les aspects matériels et
équipements que pour le personnel en charge de son bon fonctionnement
».
Pour les TPE/TPI voir certaines PME/PMI non
nécessiteuses de moyens informatiques conséquents ou très
spécifiques, le Cloud Computing semble très approprié et
peut donc éviter le recrutement de collaborateurs informatiques. Pour
les autres, le tableau n'est pas si noir qu'il semble l'être de prime
abord. En effet, le Cloud Computing, à l'heure actuelle est loin de
répondre à toutes les solutions informatiques métiers
encore moins lorsqu'elles comportent beaucoup de spécificités.
Pour ce premier point, des infrastructures internes à même
d'héberger les données et les solutions informatiques sont donc
nécessaires. De plus l'information de commodité comprend la
messagerie et peu d'entreprises sont prêtes à migrer vers des
solutions Cloud à cause des données que les mails
véhiculent sur l'entreprise. De plus, la migration de tout le SI d'une
entreprise semble très peu probable, l'adoption du mode de
déploiement hybride est davantage envisagée.
Si tel n'est pas le cas, si l'entreprise trouve dans l'offre
Cloud la complétude de ses besoins informatiques et s'y complait,
l'orientation du SI doit changer pour se rapprocher davantage des directions
métiers afin de les aider et les guider dans le choix des solutions et
la rédaction des documents d'usage lorsque l'on décide de migrer
vers le Cloud comme c'est le cas pour l'externalisation. Dans tous les cas, la
DSI doit rester le garant du système d'information, on doit
éviter les déviances des directions métiers qui
prendraient le pouvoir en décidant d'adopter telle ou telle solution :
« L'un des enjeux essentiel pour la DSI sera de maîtriser le
phénomène, à l'instar du pullulement des applications
départementales devant lequel beaucoup de DSI étaient
restées impuissantes à l'époque de l'architecture
client-serveur [...] avec l'offre SaaS, il se rajouterait à la
prolifération incontrôlée de Webservices » (
CHALLANDE, LEQUEUX, Le grand livre du DSI, 2009, p.295). On imagine rapidement
le désordre, le manque de cohérence et le mode non transversale
que ce type de comportement engendrerait, cela entraînerait une
augmentation des coûts de fonctionnements par manque de vision
globale.
Cette modification d'orientation face à l'adoption du
Cloud forcera donc la DSI à mobiliser des ressources nouvelles ou former
et accompagner ses collaborateurs informatiques vers ses nouveaux profils. Par
les caractéristiques du Cloud Computing, on peut envisager ses nouveaux
métiers ou le renforcement de certains profils :
· Qualiticien : pour le suivi des contrats de service, la
coordination technique, la vision des impacts d'un formalisme externe
· Expert en processus : pour redessiner et suivre les
modèles et les workflows mis en oeuvre à travers le Cloud.
· Juriste : pour les aspects contractuels et juridiques
· Architecte : pour l'urbanisation et la
modélisation des systèmes dans leur ensemble (interne et
externe), afin de codifier les règles d'échange et
d'interfaçage et suivre la documentation
· Expert en Sécurité : besoin de
contrôles des fournisseurs et de leurs règles de
sécurité (spécifiées au contrat), de mises en place
et de tests des solutions de secours, il vérifie l'accessibilité
et la sécurité des données, des applications et des
infrastructures
· Exploitant : qui doit suivre et effectuer un
monitoring des opérateurs du Cloud
· Intégrateur : afin de s'assurer de la bonne
interaction des différentes composantes du système d'information,
notamment en cas de Cloud hybride
· Conseil : afin d'assister et choisir les produits
à méme de répondre au mieux aux fonctionnalités du
métier
· Gestionnaire : pour le suivi et la garantie de
cohérence du système d'information
· Formateur : pour l'assistance de proximité et la
formation délivrée aux utilisateurs
La tendance des métiers des services informatiques va
donc de plus en plus être tournée vers le coeur de métier,
dans certaines organisations, cela était déjà le cas mais
avec l'arrivée du Cloud Computing cela va s'amplifier. Les contraintes
levées par cette technologie permettent de se porter davantage vers les
utilisateurs et investir dans des projets à forte valeur
ajoutée.