Introduction
Au début des années 2000, le gouvernement
américain a mis en oeuvre une politique de relance économique
dont l'un des piliers était l'accès à la
propriété immobilière. Il a donc permis l'accès au
crédit en faisant baisser de manière significative les taux
d'intérêts en période de récession, ce qui a
ultimement débouché sur la crise financière internationale
que nous connaissons actuellement. En effet, les banques et les
intermédiaires financiers se sont lancés dans une distribution
volontariste de prêts hypothécaires à taux variables
majorés d'une prime substantielle de risque appelée «
Subprimes ». Ces prêts ont particulièrement
bénéficié à un grand nombre de ménages
américains qui n'avaient pas accès aux crédits classiques
en raison de la faiblesse de leurs revenus et des insuffisances de garanties
qu'ils offraient. Il s'en est suivi un défaut de paiement de la part de
nombreux emprunteurs et donc de la mise en situation de faillite de certains
établissements de prêts hypothécaires à cause de la
baisse des prix de l'immobilier aux États-Unis et surtout de la
remontée progressive des taux d'intérêt. Les grandes
banques américaines qui finançaient ces établissements ou
en étaient actionnaires ont subi à leurs tours de grosses pertes
ou une dépréciation de leurs actifs. Cette crise qui était
donc à la base une crise immobilière est devenue une crise
financière mais vu l'importance de la titrisation1 de ces
créances à risque et de l'engouement qu'elles ont suscité
du fait de leurs forts taux de rendement, elle s'est ensuite muée en
crise économique mondiale en atteignant tous les marchés et tout
le système bancaire international. Par ailleurs, les incertitudes sur le
niveau d'engagement des banques sur les titres de créance
intégrant ces crédits à risque ont entraîné
une crise de confiance qui a induit une réticence des banques à
se prêter entre elles. Il s'en est suivi un assèchement de la
liquidité bancaire et un durcissement des conditions de crédit.
Les entreprises n'ayant plus de crédits pour financer leurs plans de
développement réduisirent leurs activités et
licencièrent un nombre plus ou moins important de leur personnel. La
montée des incertitudes s'est également traduite par une
dépréciation des actifs financiers sur les places
boursières mondiales. Les acteurs des marchés notamment les fonds
spéculatifs, confrontés à l'ampleur des pertes subies, se
sont engagés dans un processus de désendettement, accentuant les
baisses des prix des actifs. L'aversion au risque a poussé les marges
des taux d'intérêt par rapport aux taux sans risque à des
niveaux très élevés. Quant aux indices boursiers, ils ont
accusé des baisses de l'ordre de 25% à 30% durant le seul mois
d'octobre 2008. Au fur et à mesure que la crise financière
s'accentua, l'activité économique fut freinée par la perte
de confiance des ménages et des entreprises. Comme nous l'avons vu, la
crise financière est donc l'effet conjugué de plusieurs facteurs
dont la spéculation à outrance et en s'étendant au reste
du monde, elle a aussi eu des effets sur les pays en voie de
développement, particulièrement les pays d'Afrique
subsaharienne.
L'objectif de ce mémoire est de mesurer de
manière quantitative les effets de cette crise économique sur
l'économie ivoirienne (pays francophone d'Afrique subsaharienne), plus
précisément sur les variables macroéconomiques. L'approche
se fera à l'aide d'un modèle d'équilibre
général calculable (MEGC) et en simulant les différents
canaux de
1 La titrisation (Securitization en anglais) est une
technique qui consiste à transférer à des investisseurs
des actifs financiers tels que des créances en les transformant par le
passage à travers une société ad hoc en titres financiers
émis sur le marché des capitaux.
transmissions par lesquels les pays d'Afrique subsaharienne sont
influencés par la crise économique.
Pour atteindre cet objectif, le document s'articulera autour
de deux grandes parties. La première partie est une présentation
synthétique de la jeune économie ivoirienne au travers d'un bref
historique et des canaux de transmission par lesquels cette crise touche les
pays en voie de développement, plus précisément ceux
d'Afrique subsaharienne. La seconde partie est tout d'abord une description de
la structure économique de la Côte d'Ivoire2 ensuite
une présentation du Modèle Ivoire (MI) que nous avons
utilisé pour simuler nos chocs, suivis d'une présentation et
d'une interprétation des résultats des simulations
effectuées.
2 Description basée sur la matrice de
comptabilité sociale que nous avons utilisé.
I. La Côte d'Ivoire et la crise économique
mondiale
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