Paragraphe II : Un intérêt lié au
développement du marché du carbone
« Le marché du carbone est devenu un catalyseur
important pour lever des flux financiers non
négociables en vue de développer une énergie
propre dans les pays en voie de développement » Warren EVANS,
Directeur de l'environnement de la Banque Mondiale. Cette déclaration
donne tout un sens à l'engagement des pays développés pour
ce mécanisme.
26 Aurélien BERNIER « Faut-il bruler le
protocole de Kyoto » le monde diplomatique, décembre 2007,
p 20 -21
27 Aurélien BERNIER « quand polluer
devient un droit » le monde diplomatique, op.cit
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Le marché du carbone se développe de
manière extrêmement rapide ainsi « les pays en
développement ont contracté en 2006 un milliard de tonnes de
réductions d'émissions de gaz à effet de serre et
devraient contribuaient à hauteur d'un milliard de tonnes
supplémentaires d'ici 2012 »28
Ces chiffres reflètent la participation des pays en
voie de développement dans la lutte contre les changements climatiques
car selon ce rapport « le milliard de tonnes supplémentaire en
provenance des pays émergents représente la moitié de ce
que le Japon et l'Union Européenne réunie doivent réduire,
d'aujourd'hui jusqu'à la fin de la période d'engagement du
protocole de Kyoto » Karan CAPOOR, expert financier de la Banque Mondiale
et coauteur du rapport. Ce rapport permet ainsi de voir l'apport du MDP dans
l'évolution croissante du marché du carbone. Cet état de
fait pousse les développeurs du nord à s'impliquer davantage dans
ce mécanisme qui pourra avoir du même coup des retombées
positives pour les pays du sud qui profiteront de technologies propres pour la
protection de l'environnement et un développement harmonieux. Le MDP par
l'attrait qu'il créé reçoit beaucoup de critiques
liés à son objectif premier qui risque d'1tre
détourné à des fins purement financiers. Ainsi, la
répartition des quotas de carbone aux industriels des pays du nord pose
dès fois des difficultés ou des craintes pour ceux-ci. De ce fait
un nombre important d'industriel européens ont commencé à
utiliser ce mécanisme pour obtenir des crédits additionnels, en
investissant dans des projets de développement propre dans les pays du
sud. Pour l'horizon 2012, plus de « 1800 projets ont déjà
été déposés sur les bureaux des Nations Unies
correspondant à deux milliards de permis d'émissions
»29 au compte de ces industriels. Le développement de ce
mécanisme joue un rôle important dans l'économie mondiale
avec l'existence d'un marché réservé exclusivement aux
ventes et achats de crédits carbones. Le carbone a donné de ce
fait naissance à une bourse du carbone qui suit de très
près l'évolution de ce marché confronté comme le
reste des marchés à des fluctuations importantes dues aux actions
et valeurs boursières trop instables de ses acteurs30. Le
prix du carbone a connu depuis quelques temps des variations importantes qui
peuvent influer sur le comportement des investisseurs tenus maintenant de
suivre avec attention l'évolution de ce marché qui conditionne
alors leurs choix. Le POWERNEXT CARBON qui est l'une des principales
plateformes européennes d'échange du carbone clôturait en
2007 avec 0,88 euros la tonne de CO2 alors que déjà en
28 Rapport « statistiques sur le marché du
carbone dans le monde » Banque Mondiale, mai 2006
29 Cécile DUCOURTIEUX « l'afflux de
vendeurs et le manque d'acheteurs font écouler le prix de la tonne de
Co2 » journal le Monde, 2007
30 Idem
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2005, date de lancement du marché européen des
quotas d'émissions, le prix de la tonne était entre 8 et 10 euros
et avait même atteint 30 euros en 200631. Un tel effondrement
du prix du carbone en moins d'un an donne toute l'importance à
l'attention que les investisseurs prtent actuellement à cette bourse. Le
développement des projets dans les pays du sud devra ainsi rtre
étroitement lié à l'évolution de ce marché
d'où la nécessité de contrôler les allocations de
quotas d'émissions aux entreprises du nord car si elles sont trop
généreuses peuvent entrainer une chute vertigineuse du prix de la
tonne au détriment des pays du sud qui verront le nombre de projets
diminué de façon drastique. La situation à laquelle fait
référence un ralentissement ou un désintérêt
des investisseurs sera très désavantageux pour les pays hors
annexe I qui ont besoin d'un développement soutenu avec l'augmentation
des projets.
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