1.2. Littérature sur les IDE
Le sujet des investissements directs étrangers a
été traité dans plusieurs disciplines économiques.
Les diverses théories existantes qui se sont intéressés
aux IDE évoluent dans le temps en vue de s'adapter avec les
différentes formes que ces flux ont pris depuis le début du
siècle.
En effet, Les auteurs ayant traités de l'IDE ont
tenté de formaliser ses causes en développant ou en appliquant
des approches théoriques. Certains des arguments avancés
s'inspirent des théories de commerce, de l'investissement ou du
marketing. Chaque théorie offre une explication relative à un IDE
particulier ou contribue à l'explication des raisons sous-jacentes
à l'IDE. Il n'existe cependant pas de théorie complète de
l'IDE.
Suivant un ordre chronologique, l'analyse suivante mettra
l'accent sur les théories qui se sont intéressés en
particulier à l'impact des IDE sur la croissance économique.
L'attention sera tiré vers les plus récents études et
tests concernant les pays en développement notamment les pays
méditerranéens.
Koizumi et Kopecky (1977) ont
élaboré, dans le cadre d'un modèle d''équilibre
général calculable, le premier schéma d'effet de diffusion
des IDE sur la croissance. Dans ce modèle, la technologie est
traitée comme un «bien public» et donc sa diffusion est de ce
fait automatique. Ainsi, il existe des états stationnaires
différents pour des pays possédant malgré tout la
même fonction de production. En effet, si leurs ratios d'épargne
évoluent différemment, l'intensité capitalistique au
niveau stationnaire ne sera plus la même. (FOTSO NDEFO, 2003).
Findly (1978) dans le cadre d'un
modèle classique montre que les IDE véhiculent le progrès
technique dans les pays qui les reçoivent.
En étudiant l'effet de l'IDE sur la croissance
économique et industrielle d'un échantillon de 73 pays en
développement, Singh (1988) n'a pas trouvé
d'effet significatif.
Brewer (1991) a montré empiriquement
qu'il existe une corrélation négative entre la croissance
économique et l'IDE. Une telle corrélation revient à
l'effet de domination exercée par la firme étrangère
qu'elle peut décourager la firme locale à développer son
propre activité de R&D, cela veut dire que l'IDE peut avoir un effet
négatif sur la croissance économique.
Blomstom et al. (1992), en étudiant
l'effet de l'IDE sur la croissance, ont démontré que l'ampleur de
celui-ci, dépend du stock de capital humain disponible dans le pays
hôte. Ils ajoutent que cet impact peut se révéler
négatif dans les pays dotés d'un faible niveau de capital humain.
Les auteurs, mettent en lumière, l'effet positif de l'IDE sur la
croissance du revenu, mais cet effet reste cantonné de l'interaction
entre l'IDE et le capital humain. Ceci, confirme l'idée que les
technologies avancées, résultat de l'IDE, ne peuvent accroitre le
taux de croissance du pays hôte, que si elles interagissent avec une
certaine capacité d'absorption de celui-ci. Au niveau de leurs tests ils
démontrent que, la contribution de l'IDE à la croissance surgit
une fois que l'interaction entre le capital humain et l'IDE a eu lieux.
(ALAYA, 2004)
Par ailleurs, en utilisant une fonction de production
néoclassique, Saltz (1992) a trouvé une corrélation
négative entre le niveau de l'IDE et la croissance économique.
Selon l'auteur, l'IDE augmente le niveau global de l'investissement,
améliore dans certains cas la productivité, mais a tendance dans
beaucoup d'autres, à réduire le taux de croissance. Pour
confirmer ses conclusions, il a étudié la relation IDE-taux de
croissance sur un échantillon de plusieurs pays divisés en deux
groupes, selon qu'ils recevaient un IDE élevé ou faible. Il en
conclut la corrélation entre IDE et taux de croissance est toujours
négative dans les pays en développement, qui ont levé
toute contrainte au rapatriement des bénéfices associés
à l'IDE. L'auteur, avance aussi que, si l'IDE se traduit par une
levée des capitaux du marché du pays hôte, ceci
impliquerait une redistribution de capital des industries intensives en travail
vers des industries intensives en capital, créant ainsi, une nette perte
d'emploi et par suite de la demande de consommation. Un autre effet
négatif de l'IDE peut résulter de l'extraction excessive de
minerais ou la concentration de la production sur un bien particulier qui
engendrerait une baisse des prix à l'exportation et une
détérioration des termes de l'échange du pays
hôte. (ALAYA, 2004)
Dans son étude, Hein 1992 n'a
trouvé aucun effet significatif de l'IDE sur la croissance du PIB par
tête de 41 pays en voie de développement.
De même ; en 2000 ; en utilisant un panel de 72 pays,
Crankovic et Levine n'ont pas trouvé un effet
significatif de l'IDE sur la croissance économique. Pourtant, ils ont
constaté un impact positif et significatif de l'IDE sur la formation du
capital domestique, quoique, cette relation semble être peu robuste et
dépend de la spécification des régressions
effectuées.
Dans le cadre de la croissance endogène, la
première analyse des effets des IDE date de 1998, elle était
réalisée par Borensztein.E, De Gregorio.J et
Lee.J-W. Ces auteurs cherchent à tester l'effet de
l'investissement étranger direct sur la croissance économique
dans un cadre de régression cross-country, en utilisant des
données sur les flux d'IDE en provenance des pays industriels et 69 pays
en développement au cours des deux dernières décennies.
Les résultats suggèrent que l'IDE est un vecteur important pour
le transfert de technologie, contribuant ainsi à la croissance
relativement plus que les investissements intérieurs. Cependant, la
productivité plus élevée de l'IDE ne vaut que lorsque le
pays hôte dispose d'un stock seuil minimal de capital humain. En outre,
l'IDE a pour effet d'accroître l'investissement total dans
l'économie de plus de un pour un, ce qui suggère la
prédominance des effets de complémentarité avec les
entreprises nationales (Journal of International Economics,
1998).
Dans un autre article paru en 2003, Blomstrom et
Kokko signalent l'importance des firmes multinationales dans
l'enseignement supérieur, ils montrent que les IDE pourrait avoir un
effet significatif sur l'enseignement supérieur dans les pays
hôtes à travers l'augmentation de la demande de travail, cela va
pousser les gouvernements à investir davantage dans la formation et
l'éducation.
Dans une étude plus récente, qui a porté
sur 67 pays en voie de développement, Hermes et Lensink
(2003), ont constaté un impact négatif de l'IDE sur la
croissance. Cependant, cet effet devient positif lorsque la variable IDE est
combinée avec le taux de scolarisation ou la variable décrivant
le marché financier.
En adoptant la même logique, Durham
(2004) et Alfaro et al. (2004) ont examiné la trilogie:
efficacité et règlementation des marchés financiers- IDE -
et croissance. Ils constatent que les pays dotés d'un meilleur
système et une meilleure réglementation du marché
financier sont mieux placés pour exploiter plus efficacement l'IDE et
atteindre un taux de croissance plus élevé.
La Méditerranée : Etudes et
résultats
Dans le cadre d'une étude basée sur des
données portant sur six pays arabes (Arabie Saoudite, Oman, Maroc,
Jordanie, Tunisie, et l'Egypte) sur la période 1978-98, Sadik et
Bolbol (2001) ont constaté un effet significativement
négatif de l'IDE sur la productivité globale des facteurs dans le
cas de l'Arabie Saoudite, la Tunisie, et l'Egypte. Pour la Jordanie l'effet
est
statistiquement insignifiant, alors que pour le Maroc et Oman,
les résultats ne sont pas clairs. Les deux auteurs expliquent ceci par
une grande vulnérabilité des taux de croissance de ces deux pays
aux facteurs externes (la volatilité des prix du pétrole pour
Oman et les aléas climatiques pour le secteur agricole marocain).
(ALAYA, 2006)
Dans une étude qui a porté sur 9 pays du bassin
sud et est de la Méditerranée (PSEM), Bouklia et
Zatla (2001), ont abordé l'évaluation de l'effet de
l'IDE sur la croissance économique. Ils ont constaté que l'IDE
agit de façon faiblement significative sur la croissance des
économies sud méditerranéennes.
Menegaldo et Moustier (2002) ont
analysé les flux bilatéraux d'investissement direct
étranger entre l'Europe et les pays du sud de la
méditerranée entre 1985 et 1997.Ils ont proposé de tester
la relation entre l'IDE et le commerce « les exportations et les
importations ». Leur étude a fait apparaître une relation de
cointégration dans le cas marocain, tunisien et turc ce qui a permis de
conclure à l'existence d'une relation de long terme entre les
investissements directs étrangers, d'une part, et les exportations et
les importations, d'autre part.
Soliman (2003) applique un modèle
économétrique sur 4 pays méditerranéens (l'Egypte,
le Maroc, la Tunisie et la Turquie) sur une période de 23 ans de 1975
à 1997, il constate que l'IDE semble avoir un effet positif sur les
exportations manufacturières, malgré que cet effet reste si
faible pour générer une amélioration de la performance
à l'exportation.
Pour tenter d'étudier l'effet de l'IDE sur la
croissance économique, Darrat et al. (2005) ont
mené une analyse comparative qui a porté sur 23 pays appartenant
à deux régions différentes à savoir l'Afrique du
Nord et le Moyen Orient (MENA) et l'Europe Centrale et Orientale.
A travers une estimation par les doubles moindres
carrées ordinaires et en utilisant des données sur la
période 1979-2002, ils constatent que les flux d'IDE stimulent la
croissance économique seulement dans les pays candidats à l'UE.
Alors que, l'effet de l'IDE reste négatif voire inexistant au niveau des
pays du MENA et les pays non candidats à l'UE. Les auteurs expliquent
ceci par la contribution de la candidature pour devenir membre de l'UE à
la création d'effets positifs des flux IDE sur la croissance
économique.
Dans le même cadre d'étude,
Meschi (2006) conclue que l'IDE n'a pas d'effet positif sur la
croissance économique des pays du Nord Afrique et du Moyen Orient. Elle
attribue ce résultat à la forte concentration des IDE dans ces
pays dans le secteur primaire et particulièrement le secteur des
hydrocarbures.
A l'instar de ces résultats, malgré qu'il y a
tendance à affirmer le lien positif entre la croissance
économique et l'investissement direct étranger. La relation entre
ces deux variables n'est pas dépourvue d'ambigüité.
L'image donnée par les analyses qui ont
été effectués notamment sur les pays
méditerranéens confirme davantage l'incertitude de l'effet
positif de l'IDE sur la croissance de l'économie des pays en question.
Ce manque de certitude peut s'expliquer par la faiblesse liée aux pays
d'accueil d'une part, et la nature des IDE d'autre part.
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