1.1.3. Firmes multinationales
Une multinationale se compose d'une société
mère et de filiales ou sites dans au moins un autre pays,
généralement dans de très nombreux pays même. Il
importe que la société mère contrôle
complètement ou en partie ces sites.
L'expression firme ou société «
multinationale » apparut pour la première fois en 1960 sous la
plume de D.E. Lilienthal (1960) : « De telles sociétés, qui
ont leur siège dans un pays, mais qui fonctionnent et vivent
également soumises aux lois d'autres pays, j'aimerais les définir
ici sous le nom de sociétés multinationale ». Le sujet
allait ensuite susciter une riche floraison de travaux. L'intrusion des «
multinationales » dans la science économique correspondait au
développement des activités des grandes entreprises
américaines dans le monde au lendemain de la seconde guerre mondiale,
ressenties souvent par les Européens ou les Latino-américains
comme une atteinte à leur indépendance économique
nationale.
En 2004, l'UNCTAD estimait le nombre d'entreprises
multinationales dans le monde à 64 000, comptant quelque 866 000
filiales occupant 53 millions de travailleurs. Avant, les filiales
étaient surtout des répliques de la société
mère et servaient leur marché régional. Aujourd'hui, les
firmes multinationales se forment et croissent par annexions
d'entreprises, rachats, fusions et autres alliances
stratégiques sont des conglomérats représentant une
concentration énorme de capital. Elles évoluent pour devenir des
chaînes de production complexes, les filiales se spécialisant dans
l'un ou plusieurs maillons de la chaîne.
Ce sont aussi des structures qui permettent des transferts de
capitaux et de technologies. On peut ainsi produire des composantes
différentes dans des pays très variés en vue d'optimiser
les potentialités de chaque contexte de production.
Pour développer leur stratégie à
l'échelle mondiale, les FMN réalisent des Investissements Directs
à l'Etranger. A travers les quels la
multinationalisation entrainent des conséquences plus ou moins positives
; selon que le pays soit indépendant ou en développement ;
à savoir : les firmes peuvent créer des emplois
grâce à l'implantation et aux petites entreprises soustraitantes,
elles introduisent de nouvelles technologies , elle stimulent
la concurrence et obligent les entreprises nationales à être plus
dynamiques ,elles se maintiennent à la pointe du progrès en
matière de salaire, d'avantages sociaux, de formations... ,
elles offrent un plus grand choix pour le consommateur parce que la
production est diversifiée. En outre, il est fort de constater que
l'activité croissante des firmes multinationales à
l'étranger ainsi que la multiplication de ces implantations
entraînent le développement des échanges intra-firmes.
Toutefois, ces firmes disposent de capitaux si importants
qu'elles peuvent imposer des prix ou obliger le gouvernement à mener des
actions déterminées. La concentration du capital amène
ainsi un pouvoir concurrentiel à l'État -un contre pouvoir- que
l'économie marché initiale, faite de petits entrepreneurs, ne
connaissait que fort peu, du moins jusqu'à la fin du XIXe siècle.
Certains critiques de la société contemporaine estiment que le
poids de ces entreprises est si grand qu'elles transforment le pouvoir
législatif et le pouvoir exécutif en des marionnettes des
volontés des firmes multinationales.
De plus, Le but poursuivi par une FMN est toujours dans la
logique d'une politique de firme : le profit. Ce n'est jamais de
résoudre les problèmes : ce qui est nécessaire aux pays
n'est pas conciliable avec les intérêts des firmes.
En 1993, Dunning dans ses études sur les FMN
considère cinq types de firmes multinationales selon leur comportement
vis-à-vis le choix de leurs lieux d'implantation.
-Elles s'implantent dans une économie afin
d'acquérir des ressources particulières, la main d'oeuvre
à moindre coût par exemple.
- Elles recherchent la rentabilité de
l'approvisionnement sur le marché local. En tenant compte de la taille
du marché dans l'arbitrage entre exporter vers une économie
à l'étranger ou s'y implanter.
- Elles recherchent la diversification des risques
l'efficacité de l'économie d'échelle.
-Elles cherchent à renforcer leur
compétitivité ou profiter de la baisse de
compétitivité de leurs concurrents en achetant des actions
à l'étranger dans le but de promouvoir leurs objectifs de long
terme.
-Le dernier type regroupe les firmes qui adoptent des
stratégies d'investissement pour échapper à des
restrictions afin de soutenir l'activité d'autres filiales ou tout
simplement des investissements passifs dans le but d'accroître le
capital.
1.1.4. Croissance économique
Le terme « croissance » désigne
l'augmentation du volume de la production de biens et de services d'une
année sur l'autre. Les chroniqueurs économiques parlent ainsi
d'accélération ou de ralentissement de la croissance pour
caractériser une année particulière.
Si, dans le langage courant, on emploie souvent le terme de
« croissance » dans le cadre d'évolutions à court
terme, les économistes l'utilisent conventionnellement pour
décrire une augmentation de la production sur le long terme. À
court terme, les économistes utilisent plutôt le terme d'«
expansion », qui s'oppose à « récession », et qui
indique une phase de croissance dans un cycle économique.
Selon François Perroux, la croissance économique
est «l'augmentation soutenue durant une ou plusieurs périodes
longues d'un indicateur de dimension : pour une nation, le produit global brut
ou net, en termes réels». La croissance économique
correspond donc à l'accroissement de la quantité de biens et de
services produits dans un pays au cours d'une période donnée.
La croissance décrit ainsi un phénomène
plus restreint que le processus de développement, lequel intègre
généralement, au-delà du revenu par tête,
l'espérance de vie et le niveau d'éducation. Sur la base de
l'histoire des pays dits développés, la croissance apparaît
comme la condition sine qua non du développement. Par ailleurs, la
croissance n'est qu'une des composantes du développement qui est une
notion plus abstraite et qualitative. Il peut donc y avoir croissance sans
développement et inversement.
Au sens strict, la croissance décrit un processus
d'accroissement de la seule production économique. Elle ne renvoie donc
pas directement à l'ensemble des mutations économiques et
sociales propres à une économie en développement. Ces
transformations au sens large sont, conventionnellement,
désignées par le terme de développement économique.
Selon François Perroux, « le développement est la
combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rend
apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit
réel global. ».Le terme de « croissance » s'applique
alors plus particulièrement aux économies déjà
développés.
La croissance économique est généralement
mesurée par l'utilisation d'indicateurs économiques dont le plus
courant est le Produit intérieur brut (PIB). Il offre une certaine
mesure quantitative du volume de la production. Afin d'effectuer des
comparaisons internationales, on utilise également la parité de
pouvoir d'achat, qui permet d'exprimer le pouvoir d'achat dans une monnaie de
référence. ). Pour éviter le problème dû
à l'augmentation des prix, la croissance est calculée en "monnaie
constante" (hors inflation), le P.I.B. étant corrigé de
l'augmentation de l'indice des prix. Ceci permet de calculer une croissance en
volume.
Croissance = [PIB(n) - PIB (n-1)] / PIB (n-1)
L'indicateur du PIB reste cependant imparfait comme mesure de
la croissance économique. Il est pour cela l'objet de plusieurs
critiques : il ne mesure ainsi pas, ou mal, l'économie informelle.
D'autre part, s'il prend en compte la production des services publics gratuits,
il ne mesure pas l'activité de production domestique (ménage,
potagers, etc.).
En outre, Une croissance du PIB n'implique pas
nécessairement une élévation du niveau de
vie. En effet, si la croissance démographique est plus
rapide que la croissance du PIB, le PIB par habitant diminue.
Rostow.W, économiste et historien américain,
dans son livre célèbre datant de 1960 « Les étapes de
la croissance économique - un manifeste anti-communiste » affirme
qu'un pays voulant connaître une forte croissance devait progressivement
5 étapes.
La première est le point de départ ; il
l'appelle la société traditionnelle et est
caractérisée par une faible croissance du fait d'un
progrès technique très limité. La deuxième
étape, appelée conditions préalables au démarrage,
voit le progrès technique valorisé et l'apparition d'un esprit
d'entreprise.
Ensuite, le démarrage correspond à une tendance
à la généralisation des changements de l'étape
précédente à l'ensemble des activités
économiques; de nouvelles industries se développent, le
progrès technique se généralise. C'est la période
de la révolution industrielle qui nécessite un taux
d'épargne et un taux d'investissement de plus de 10%. Puis, c'est la
marche vers la maturité grâce à des taux d'épargne
et d'investissement qui peuvent atteindre 20%, au développement d'une
multitude d'autres secteurs d'activité ; dès lors, un
progrès soutenu est possible qui permet à la croissance
économique de dépasser celle de la population. Enfin, la
dernière phase est celle de l'ère de la consommation de masse au
cours de laquelle se développent les industries de biens de consommation
durables et les activités de service.
Robert Solow a été le premier à proposer
un modèle formel de la croissance. D'inspiration néoclassique, ce
modèle se fonde sur une fonction de production à deux facteurs :
le travail et le capital. La production résulte donc exclusivement de la
mise en combinaison d'une certaine quantité de capital (moyens de
production) et de travail (main d'oeuvre).
Le modèle de Solow se fonde sur l'hypothèse que
les facteurs de production connaissent des rendements décroissants,
c'est-à-dire qu'une augmentation de ceux-ci dans une certaine proportion
engendre une augmentation dans une proportion plus faible de la production. Il
pose également comme hypothèse que les facteurs de production
sont utilisés de manière efficace par tous les pays. En posant
que la population connaît un taux de croissance que Solow qualifie de
« naturel » (non influencé par l'économie).
Le modèle déduit trois prédictions :
Augmenter la quantité de capital augmente la
croissance.
Les pays pauvres auront un taux de croissance plus
élevé que les pays riches. Ils ont en effet accumulé moins
de capital, et connaissent donc des rendements décroissants plus
faibles.
Les économies vont atteindre un point où toute
augmentation des facteurs de production n'engendrera plus d'augmentation de la
production. Ce point correspond à l'état stationnaire. En fait,
les économies n'atteignent jamais ce stade, en raison du progrès
technique qui accroît la productivité des facteurs.
Autrement dit, pour Solow, sur le long terme, la croissance
provient du progrès technologique. Toutefois, ce progrès
technologique est exogène au modèle, c'est-à-dire qu'il ne
l'explique pas mais le considère comme donné.
Ce constat a incité les économistes à
développer des modèles dans lesquels la déterminants de la
croissance sont endogènes, donc l'apparition de la nouvelle
théorie de la croissance ou la théorie de croissance
endogène a mis l'accent sur l'existence des externalités
technologiques et de connaissances qui viennent contrebalancer les effets des
rendements décroissants, donc l'accumulation du capital peut bien rendre
compte d'une croissance soutenue.
Parmi les déterminants de la croissance à savoir
: richesses naturelles, environnement extérieur, population, innovation,
connaissance, cohérence du développement, on retrouve
l'investissement. Alors que, les principales conclusions des travaux des
économistes, confirment qu'il n'y a pas qu'un seul déterminant
simple de la croissance économique.
Dans le cadre des modèles de croissance
néoclassique de type Solow, vu l'hypothèse des rendements
décroissants, l'effet des IDE est limité, il affectera la
croissance uniquement à court terme, tandis que la croissance à
long terme ne peut résulter que du progrès technique et/ou la
croissance de la population qui sont exogènes. Par contre, L'IDE peut
contribuer significativement à l'accroissement du stock des
connaissances dans le pays d'accueil, en améliorant le niveau des
qualifications aux firmes locales tout en offrant un nouveau savoir faire en
management.
L'amélioration des qualifications peut avoir lieu par
une formation formelle des travailleurs ou par le Learning-by-doing au sein des
filiales étrangères. L'IDE en améliorant le stock des
connaissances du pays hôte, aura aussi bien un effet à court terme
qu'à long terme sur l'économie d'accueil, et augmente le taux de
croissance de long terme (OCDE, 2001).
Plusieurs facteurs (capital humain, l'accumulation du capital,
le commerce international et la politique gouvernementale), qui selon la
théorie de la croissance endogène expliquent la croissance
à long terme, peuvent être véhiculés par l'IDE.
L'IDE, est supposé, stimuler la croissance, par la création
d'avantages comparatifs dynamiques conduisant au transfert de technologie,
l'accumulation du capital humain et l'intensification du commerce
international. Ces avantages dynamiques, souvent connus sous le nom des
spillovers, sont liés les uns des autres, complémentaires, et ne
doivent pas être étudiés séparément. E n
effet, le gain engendré par l'IDE sur un facteur de la croissance est
susceptible de stimuler le développement des autres facteurs, formant
ainsi, une sorte de synergie (Bende et al.2000).
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