II. Quels obstacles à l'accord ?
L'échec des expériences d'intégration
économiques arabes semble l'un des facteurs de blocage de la mise en
place de la Grande Zone Arabe de Libre Échange. A cet égard, il
fallait que les pays du Sud de méditerranée, membres de la GZALE
surmontent nombreux défis.
II.1.Enjeux et limites
L'incapacité des institutions arabes notamment la Ligue
Arabe à résoudre les problèmes de la région
apparait comme une cause principale paralysant tout projet d'intégration
du monde arabe. Ces pays qui restent divisés malgré leur
patrimoine religieux, linguistique et culturel commun, doivent viser comme
objectif un projet basé sur l'équilibre, la
réciprocité d'intérêt et la solidarité, cela
suppose la nécessité de renforcer l'efficience des institutions
communautaires et l'amélioration des cadres réglementaires et
législatifs.
Comme il a été déjà
précisé, les flux d'investissement arabes et étrangers en
direction des pays arabes est élément crucial du
développement de la GZALE.
Or, le niveau actuel des investissements dans le Monde Arabe,
l'un des plus faibles de la planète est suffisamment inquiétant
face à la mondialisation et à la perspective d'ouverture de la
future zone de libre échange euro-méditerranéenne
prévue en 2010. L'absence d'un marché Sud-Sud décourage
les investissements extérieurs.
Les marchés restent presque totalement nationaux. Le
commerce intra zonal ne représente que 5 à 8% dans les pays du
Maghreb avec une légère différence en faveur du Machrek.
Un investisseur étranger n'a donc accès qu'au marché soit
marocain, soit algérien, soit tunisien, alors qu'il devrait
accéder au minimum aux trois pays ensemble. Rappelons que les
marchés de ces trois pays réunis représentent à
peine celui du Portugal. « M. Hadri, 2001
».
La faiblesse des infrastructures (routes, eau,
électricité, communications); est l'un des défis graves
qui menacent le progrès économique de l'espace régional
arabe .Quelque soit les efforts déployés par les Etats arabes, le
transport maritime entre ces pays demeure prohibitif, complexe et
irrégulier.
Les besoins en infrastructures des pays arabes sont importants
: à titre d'exemple la Banque Mondiale estime à 2 milliards de
dollars pour l'Egypte et à 500 millions de dollars pour la Jordanie le
montant des investissements annuels nécessaires à la
modernisation des infrastructures. Autre chiffre révélateur de ce
type de besoin, on estime que moins de 50% des routes de la région sont
en bon état; à titre de comparaison cette proportion avoisine 85%
pour les pays développés « The World Bank,
claiming the Future - opcit ».
D'autres obstacles sont reflétés par le retard
dans l'application des règles d'origine relatives aux produits arabes,
le non-respect des décisions relatives à la réduction
progressive des impôts et taxes similaires aux droits de douanes dans
certains pays, l'existence d'obstacles non tarifaires (les obstacles d'ordre
technique, administratif ou financier qui peuvent entraver l'accès des
produits sur les frontières arabes). L'absence d'harmonisation des
règles de concurrence ainsi que l'absence de protection des droits de
propriété intellectuelle. De plus, il n'existe pas d'accord sur
la libre circulation du travail.
Il est également important de noter que parmi les
obstacles entravant le développement d'un espace régional arabe,
on trouve : l'augmentation de la pauvreté et du taux de chômage
des citoyens arabes; la détérioration du niveau de vie en
général; la migration des cerveaux, des compétences et des
capitaux arabes vers l'étranger et l'inadéquation des contenus de
l'enseignement avec les exigences du développement et de la
compétitivité internationale.
L'expérience récente montre que la multiplication
des accords euro-méditerranéens et autres accords
bilatéraux liant les pays de la région est un véritable
obstacle à l'unité régionale.
La figure ci-dessous montre la prolifération des
accords, qui rend le contexte coopératif problématique et nuit
à la constitution d'une unité régionale. Dans une
configuration d'une telle complexité, il est difficile
d'appréhender la réalité des échanges entre les
nations. L'opacité du système augmente les coûts
liés à l'information. De même, les règles
définies par un partenariat peuvent se révéler en
contradiction avec des accords parallèles. Les traités
bilatéraux viennent se chevaucher sur des accords multilatéraux.
« M. Boussetta, 2004 ».
Les accords entre les nations
Source : BHAGWATI [1995], Phénomène du
« Spaghetti Bowl »
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