Conclusions
Validité interne des résultats
Nous avons utilisé des données issues d'une
étude de cohorte basée sur un essai clinique randomisé,
donc robuste. L'étude elle-même a utilisé un questionnaire
validé et la méthode que nous avons choisie pour analyser les
données (GEE) correspond bien à l'étude des données
corrélées. Tels sont les points forts de notre étude
démontrant ainsi la fiabilité de nos résultats. Notre
étude montre l'impact positif des ARV sur une moindre prise de risque
sexuel chez les PVVS. Comme pour toutes les études utilisant les
données déclaratives, notre étude peut comporter un biais
d'information. Il faut pour cela tenir compte de deux situations possibles
quant à l'utilisation de nos résultats: si un nombre
élevé des patients qui déclarent ne pas prendre de risque
sexuel ne le sont pas vraiment, dans ce cas, il y a une sous estimation de la
proportion des patients ayant pris de risque sexuel. Au contraire, si un nombre
élevé des patients qui déclarent avoir pris de risque de
sexuel se trompent, dans ce cas, il y a une surestimation de la proportion des
sujets ayant pris de risque sexuel. Dans chacune des deux situations, le lien
entre les ARV et les comportements sexuels peut être modifié.
Nous pouvons dire sans se tromper qu'avec la randomisation,
les biais de sélection ont été minimisés. De
même, l'analyse multivariée en ajustant sur des facteurs de
confusion potentiels permet de limiter les biais de confusion, mais pour les
variables prises en compte uniquement. D'autres variables d'ajustement ont pu
certainement être omises dans cette analyse notamment les données
cliniques au cours du suivi qui elles n'étaient pas disponibles pendant
la durée de notre stage.
Conclusions en termes de santé publique
A notre connaissance, notre étude sur l'impact de la
mise sous ARV sur les comportements sexuels des bénéficiaires,
dans un contexte de «passage à l'échelle» à
l'accès aux ARV, est la première menée en Afrique
subsaharienne. Les résultats de notre étude ne soutiennent pas un
rapport de causalité entre la mise sous traitement ARV et une
augmentation de la prise de risque sexuel chez les patients infectés par
le VIH au Cameroun. Nous mettons en évidence la pratique
fréquente des rapports sexuels non protégés chez les PVVS
et le rôle de la consommation d'alcool, de la non divulgation du statut
VIH au partenaire sexuel, dans cette prise de risque. La mise en exergue de ces
facteurs par notre étude constitue un point de départ pour la
planification des projets en santé publique visant la prévention
secondaire de la transmission sexuelle du VIH au Cameroun dans un contexte
d'accès élargi aux ARV.
Perspectives de recherche
Notre étude soulève des interrogations pour
lesquelles des études seraient nécessaires : Comment
contrôler les facteurs associés aux comportements sexuels à
risque chez les PVVS? Il serait important de se servir de nos résultats
pour mettre en place des interventions qui permettront d'identifier des
stratégies adaptées pour contrôler les facteurs
associés aux comportements à moindres risques chez les PVVS.
Quelle sera l'impact
des ARV à long terme quand leur accès sera
réellement élargi en Afrique subsaharienne? Compte tenu de
l'échelle actuelle des traitements antirétroviraux en Afrique
sub-saharienne, plus de recherche est nécessaire afin d'examiner cette
question plus en profondeur.
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