PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE REPUBLIQUE
TOGOLAISE
Travail - Liberté - Patrie
MINISTERE DE LA FONCTION PUBLIQUE ET DE LA REFORME
ADMINISTRATIVE
ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION BP : 64,
Tél. : 00 (228) 221 70 46
e-mail :
enatogo@ids.tg
Lomé - TOGO
MEMOIRE POUR L'OBTENTION DU DIPLOME DU CYCLE
III
DE L'ENA
Option : DIPLOMATIE
TRANSPORTS
INTEGRATION
ET
ROUTIERS
DES ETATS
DE
FUEMOA
Présenté et soutenu par : NOYOULEWA Tchoou
Adong
:
Sous la direction de
M. KEREZOUE Badabadi
Docteur en Science Politique,
Directeur des Affaires Politiques au Ministère
des Affaires Etrangères et de l'Intégration
Régionale.
Promotion 2007-2009
AVERTISSEMENT
4 L~ENA N~ENTEND DONNER AUCUNE APPROBATION
NI
IMPROBATION AUX OPINIONS EMISES DANS CE
MEMOIRE. ELLES DOIVENT ETRE
CONSIDEREES
COMME PROPRES A LEUR AUTEUR. >>
LA DIRECTION
NOYOULEWA T. Adong (2009) | Transports routiers et
intégration des Etats de l'UEMOA
|
2
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A Majuitiivê, mon fits lien-aima
REMERCIEMENTS
Au terme de ce travail, je tiens à remercier
certaines personnes pour le rôle qu'elles y ont joué. Il s'agit de
:
- mon Directeur de mémoire qui, en
dépit de ses occupations, a su trouver du temps pour orienter ce travail
;
- mes parents qui ont dû se lasser de ma
volonté de faire toujours plus ;
- tous mes enseignants à l'ENA ainsi que
l'administration de cette école pour la disponibilité et la
rigueur dans le travail de tous les jours ;
- mes collègues de promotion. Je souhaite
à tous une très belle carrière dans la diplomatie
togolaise et internationale ;
- tous les miens, qu'ils le soient par naissance ou
devenus par affection. Un merci particulier et intime à eux
;
- tous ceux dont le nom ne figure pas dans ce document
par ignorance ou par pudeur ;
- M. OLADOKOUN David qui pour nous est devenu au fil
du temps et des évènements plus qu'un enseignant mais un parent
et un guide dans la vie de tous les jours.
RESUME
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NOYOULEWA T. Adong (2009) | Transports routiers et
intégration des Etats de l'UEMOA
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4
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L'analyse des différentes théories
d'intégration révèle que l'UEMOA vise la
réalisation d'une union économique et monétaire ayant pour
fondement l'union douanière et la libre circulation des personnes, des
biens et des services. Dans cette marche vers le développement et plus
encore vers l'intégration, les transports routiers apparaissent comme le
support physique, mieux le facteur déterminant aux yeux des populations
qui les utilisent à 95% pour y assurer leur mobilité et celle des
autres facteurs de production. Or, l'espace est soit faiblement, soit
inégalement doté en infrastructures de transports routiers.
Là où elles existent, les transports subissent le coup de leur
mauvais état ou des pratiques anormales qui s'identifient aux
barrières non tarifaires.
C'est pourquoi une nouvelle approche peut être
définie dans la gestion de la route en mettant un accent particulier sur
tous les usagers, notamment les acteurs privés et les entités
décentralisées. Cette approche participative vise à faire
en sorte que les populations s'approprient la gestion des infrastructures de
transports. Pour y arriver, il y a lieu d'harmoniser les politiques
sectorielles, notamment le volet aménagement du territoire.
Mots-clés: Transports routiers,
réseau routier, intégration, frontière,
développement.
ABSTRACT
The analysis of integration theories reveal that UEMOA aims to
realize monetary and economic union which should take place on costums union
and services, goods and persons circulation. On the way to its development and
integration, trucking appears like the physic support, better, the main factor
which is using by among 95% of the population to assure their mobility and the
movement of their production facts. But this space is either weakly or
unequally equip of roads. When roads exist, trucking involve their poor quality
and some abnormal practices.
Therefore, a new approach should be developing so that giving
an important place to the other actors of the road like private actors and
local collectivities. This approach aims to make so that population will
appropriate themselves the question of road management. In view of attending
this goal, sectorial politics have to be harmonize such us spatial area
developing.
Key words: Trucking, road network, integration,
border, development.
LISTE DES SIGLES, ACRONYMES ET ABREVIATIONS
BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique
de l'Ouest BOAD : Banque Ouest-Africaine de
Développement
CEA : Commission Economique des Nations Unies
pour l'Afrique CEAO : Communauté Economique de
l'Afrique de l'Ouest
CEDEAO : Communauté Economique des Etats
de l'Afrique de l'Ouest CEEAC : Communauté Economique
des Etats de l'Afrique Centrale CEMAC : Communauté
Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale CER :
Communauté Economique Régionale
CFA : Communauté Financière
Africaine
DATC : Département de
l'Aménagement du Territoire Communautaire et des
Télécommunications DGTP : Direction
Générale des Travaux Publics
FER : Fonds d'Entretien Routier
GARI : Fonds de Garantie des Investissements
Privés en Afrique de l'Ouest
IDH : Indice de Développement Humain
NEPAD : Nouveau Partenariat pour le
Développement de l'Afrique OPA : Observatoire des
Pratiques Anormales
OUA : Organisation de l'Unité
Africaine
PACITR : Programme d'Actions Communautaires
d'Infrastructures et des Transports Routiers PER : Politique
Economique Régionale
PIB : Produit Intérieur Brut
PNB : Produit National Brut
PRC : Pistes Rurales Classées
PRNC : Pistes Rurales Non Classées
PUFS : Projet d'Utilisation des Fonds Suisses
RI : Routes d'Interconnexion
RIE : Routes Inter-Etats
RNNR : Routes Nationales Non Revêtues
RNR : Routes Nationales Revêtues
SIG : Système d'Information
Géographique
SYSCOA : Système Comptable
Ouest-Africain
TEC : Tarif Extérieur Commun
UDEAC : Union Douanière et Economique de
l'Afrique Centrale UE : Union Européenne
UEMOA : Union Economique et Monétaire
Ouest-Africaine UMOA : Union Monétaire
Ouest-Africaine
VU : Voirie Urbaine
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE . . 01
1ière Partie : LA CONSTRUCTION DE L'ESPACE
COMMUNAUTAIRE ET LES DIFFICULTES INHERENTES AUX TRANSPORTS ROUTIERS
05
Chapitre 1 : Historique et objectifs de
l'intégration sous-régionale dans l'espace
UEMOA 07
Section 1 : Historique de l'intégration
sous-régionale en Afrique de l'ouest 07
Section 2 : Le cadre institutionnel de l'intégration
sous-régionale dans l'UEMOA 12
Chapitre 2 : Etat des lieux des transports et du
réseau routiers dans l'espace
UEMOA 19
Section 1 : Eléments d'analyse du réseau routier au
sein de l'UEMOA ... 19
Section 2 : Eléments d'analyse des transports routiers
communautaires .. 23
2ième Partie : ROLE DES TRANSPORTS ET DU RESEAU
ROUTIERS DANS LE
PROCESSUS DE L'INTEGRATION DES ETATS DE L'UEMOA
32
Chapitre 1 : Transports et réseau routiers :
véritables outils d'intégration et de développement dans
l'espace UEMOA 34 Section 1 : Rôle des transports et du
réseau routiers dans la régionalisation de l'espace UEMOA 34
Section 2 : Rôle des transports et du réseau routiers dans le
développement des Etats de l'UEMOA 38
Chapitre 2 : Comment viabiliser les infrastructures
routières dans l'espace
UEMOA ? 46
Section 1 : Sur les plans institutionnel et des infrastructures
routières 46
Section 2 : Les défis de la fluidité et de la
sécurité des transports 50
CONCLUSION GENERALE 58
INTRODUCTION GENERALE
L'évolution de l'histoire des hommes a
été de tout temps marquée par leur volonté de vivre
ensemble. Ainsi, au Néolithique, suite à la découverte de
l'agriculture, les hommes se sédentarisent. Les familles, unités
de base de toute organisation, se mettent ensemble pour former des groupements
plus importants. Du coup, on assiste à l'apparition de nouveaux modes
d'organisation pour gérer les affaires collectives.
Au Moyen âge, l'Afrique offre au monde de grands Empires
à l'instar de ceux du Ghana, du Mali et de Songhaï. Leur
rayonnement est allé au-delà de leurs aires géographiques.
Bien plus tard, la fin de la colonisation fait place à de nouveaux
Etats, qui héritent des frontières issues du partage du «
gâteau africain » réalisé lors de la Conférence
qui a eu lieu à Berlin du 15 novembre 1884 au 26 février 1885 ou
d'autres arrangements entre les puissances colonisatrices.
A Bandoeng en 1955 puis à Addis-Abeba en 1963, les
jeunes Etats africains militent pour des regroupements entre eux sans jamais
perdre de vue l'intangibilité des frontières
héritées de la décolonisation. Le panafricanisme
connaît toutefois, déjà à sa proclamation, des
soubresauts en ce qui concerne le modèle à suivre. Deux
thèses s'opposent et prennent corps, l'une autour des Etats «
modérés » (groupe de Monrovia) et l'autre autour des Etats
« révolutionnaires » (groupe de Casablanca)1. C'est
dans ce contexte que naît l'Organisation de l'Unité Africaine
(OUA) le 25 mai 1963 à Addis-Abeba.
Par ailleurs, dans les années 70, on assiste à
la naissance d'ensembles sous-régionaux comme la Communauté
Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'Union Douanière
des Etats de l'Afrique Centrale (UDEAC), etc. qui sont des entités
conçues sur une base géographique. Dans cette logique, on assiste
dans les années 90 à la naissance des unions économique,
monétaire et douanière.
La chute du Mur de Berlin et la dislocation de l'empire
soviétique à la fin des années 80 ont
entraîné, à l'échelle mondiale, une recomposition
des ensembles politiques et socioéconomiques. En Europe, bon nombre de
pays se sont regroupés au sein de l'Union Européenne (UE),
héritière de la Communauté Economique Européenne
(CEE)2. En Afrique,
1 Allusion faite au Groupe de Casablanca qui veut
réaliser l'unité du continent en liquidant le colonialisme et le
néo-colonialisme. Il est caractérisé par son progressisme
et son hostilité au groupe réformiste. Le Groupe de Monrovia,
réformiste est constitué en mai 1961. C'est lui qui, à
Lagos en 1962 puis à Addis-Abeba en 1963 fonde l'OUA après des
concessions faites avec le groupe révolutionnaire dit de Casablanca.
2 Le 1er juillet 1967, le Traité instituant
la CEE entre en vigueur à la suite des mutations voulues pour adapter la
Communauté Européenne de Charbon et d'Acier (CECA) du 25 juillet
1952. En 2008, l'UE compte 27 pays membres.
l'Union Africaine (UA) qui est née le 12 juillet 2000
à Lomé résulte de la volonté des dirigeants de
consacrer les bases du panafricanisme. Selon la Charte de l'OUA et l'Acte
Constitutif de l'UA, l'un des idéaux de l'unité africaine est
l'intégration régionale qui doit désormais sous-tendre
tout processus de développement. Il est alors évident que des
initiatives collectives à l'échelle continentale ou
sous-régionale sont souhaitables. L'adoption du Nouveau Partenariat pour
le Développement de l'Afrique (NEPAD) par les Chefs d'Etat et de
Gouvernement illustre cette nécessité. De ce point de vue,
certains pays africains pauvres optent pour une intégration
régionale, mieux, sous-régionale qui s'assimile à la
formation, sur le continent, des regroupements sous-régionaux,
coordonnateurs dans une large mesure des politiques macro-économique et
monétaire : UEMOA, CEMAC, CEEAC, etc.
En Afrique de l'ouest, le Traité de Dakar du 10 janvier
1994 met en place l'Union Economique et Monétaire des Etats de l'Afrique
de l'Ouest (UEMOA) qui complète l'Union Monétaire de l'Afrique de
l'Ouest (UMOA)3 et remplace la CEAO (Communauté Economique
d'Afrique de l'Ouest), qui a été volontairement dissoute le 15
mars 1994, afin d'éviter qu'elle ne fasse doublon avec la nouvelle
entité ouest-africaine. L'ensemble des institutions de la CEAO seront
liquidées et reversées en bonne partie dans le patrimoine de
l'UEMOA. Cette nouvelle structure qui regroupe, comme l'UMOA, les pays ayant en
partage l'usage du franc de la Communauté Financière Africaine
(CFA) en Afrique de l'ouest cohabite avec la CEDEAO ou la concurrence. En tout
état de cause, elle prône l'égalité souveraine des
Etats membres et travaille à la mise en place d'instruments
communautaires qui visent l'intégration véritable basée
sur la libre circulation des personnes, des biens et des services.
Une telle option suppose que la régionalisation passe
par la construction d'infrastructures de transport viables. Lorsqu'on sait que
dans cette partie du continent, le niveau de vie des populations ne leur permet
pas d'opter pour le transport aérien et qu'il n'existe quasiment pas de
lignes ferroviaires, fluviales ou maritimes, on comprend aisément que la
route terrestre soit non seulement un moyen de transport, mais davantage un
outil intégrateur. KOITA Y.4 affirme que dans l'ensemble de
l'espace UEMOA, 95% du transport intérieur sont assurés par la
route. Par ailleurs, outre la voie aérienne, la quasi-totalité
des pays de cet espace ne sont liés que par la route.
3 L'UMOA est créée le 12 mai 1962 par
les Etats fondateurs de la BCEAO (Côte d'Ivoire, Bénin, Burkina
Fao, Mauritanie, Niger, Sénégal). En 1963, le Togo adhère
à l'Union et la demande du Mali en 1967 n'est effective que le
1er juin 1984.
4 KOITA Y. (2005) : La situation
générale des opérations de transport sur les corridors de
la CommunautéEconomique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest
(CEDEAO), page 6.
Il résulte de ce qui précède que la route
est un facteur déterminant dans la libre circulation des personnes et
des biens dans l'espace communautaire et qu'une importance de plus en plus
accrue doit lui être accordée. A cet égard, l'analyse
des transports routiers en rapport avec l'intégration des pays
de l'UEMOA devient une préoccupation légitime et, sans
dénier le rôle de tous les autres moyens de transports dans le
développement socioéconomique des Etats, met en relief
l'état actuel des transports routiers communautaires, les contraintes
qui s'opposent à leur optimisation et les perspectives qui peuvent
sous-tendre leur rentabilisation.
L'objectif général de notre travail est de mener
une réflexion sur le développement durable en Afrique de l'ouest,
mieux, dans les pays membres de l'UEMOA en lien direct avec la mise en place
des infrastructures routières et le processus de l'intégration.
Il permet de montrer la place et le rôle du réseau et des
transports routiers dans la politique d'intégration régionale de
l'UEMOA et, par conséquent, dans le développement durable de ses
pays membres tel que le Togo.
De cet objectif général découlent plusieurs
autres. Ce sont des objectifs spécifiques. Il
s'agit :
- d'analyser les différentes conceptions de
l'intégration sous-régionale,
- de présenter l'institution sous-régionale dans sa
structure et son fonctionnement, - de présenter l'état actuel de
la route dans l'espace communautaire,
- de ressortir les différents enjeux et contraintes de la
mise en place d'un réseau routier rentable dans l'UEMOA,
- de présenter l'importance de la route dans le processus
d'intégration et de développement des pays de l'Union.
Partant de ces objectifs, il se pose les questions suivantes :
quels sont les enjeux et les contraintes de l'optimisation du réseau et
des transports routiers sur l'intégration sousrégionale et le
développement des pays de l'UEMOA? Sous quelles formes se
présentent les contraintes liées à la libre circulation
des personnes et des biens sur les routes de l'espace communautaire ? Quels
sont les obstacles à surmonter en vue de rentabiliser les transports
routiers dans les huit pays de l'environnement d'étude ? Que peut-on
attendre de l'optimisation des infrastructures routières sur les plans
sécuritaire, politique et économique en matière
d'aménagement du territoire communautaire?
Pour répondre à ces interrogations et atteindre les
objectifs sus-présentés, une approche méthodologique
s'impose. Elle s'articule autour de deux axes.
D'une part, la recherche documentaire permet d'examiner les
différentes théories qui gouvernent l'analyse des questions
d'intégration en Afrique et la réalité de leur application
dans l'espace UEMOA. Dans ce cadre, outre les documents généraux
sur la méthodologie de recherche, nous nous intéresserons aux
rapports d'activités et aux données chiffrées de la
Commission de l'UEMOA, particulièrement du Département de
l'Aménagement du Territoire Communautaire, des Transports et des
Télécommunications (DATC) et de l'Observatoire des Pratiques
Anormales (OPA).
D'autre part, une analyse comparative et statistique du
processus d'intégration dans l'espace communautaire permettra, sur la
base des données relatives à la longueur du réseau
routier, à sa densité et à l'évolution des
échanges intra-régionaux, de montrer la faible dotation de
l'Union en routes. Il s'agit, sur la base d'exemples précis, d'analyser
l'effectivité de la libre circulation des personnes et des biens dans la
zone d'étude dans le cadre de la politique d'aménagement du
territoire communautaire. En ce sens, à partir des
réalités vécues au Togo par exemple, il s'agira de montrer
l'importance que revêtent le réseau routier et les transports
terrestres dans les processus d'intégration et de développement
des huit Etats de l'Union.
En définitive, notre démarche
méthodologique conduit à donner des réponses provisoires
à nos questions. Ces réponses qui s'identifient aux
hypothèses de recherche se regroupent en trois. D'abord, dans un espace
régional où les transports routiers sont le principal moyen de
communication et le seul véritablement accessible à toutes les
couches sociales, l'optimisation du réseau et des transports routiers
favorise l'intégration régionale effective. En outre,
l'optimisation des infrastructures routières dans l'espace UEMOA
favorise le développement socio-économique des pays membres.
Enfin, la création d'un réseau routier viable et efficace suppose
que les Etats doivent surmonter, entre autres contraintes majeures, les
contraintes liées à la sécurité, à la
politique et à l'économie.
Notre travail portera respectivement sur la construction de
l'espace communautaire et les difficultés inhérentes aux
transports routiers (1ière Partie) puis sur l'importance des
transports routiers dans les processus de développement et
d'intégration des Etats de l'UEMOA (2ième Partie).
Première partie :
LA CONSTRUCTION DE L'ESPACE
COMMUNAUTAIRE ET LES
DIFFICULTES
INHERENTES AUX TRANSPORTS ROUTIERS
Suite à la résolution 1514 de l'Assemblée
Générale des Nations-Unies portant sur l'octroi de
l'indépendance aux peuples coloniaux, adoptée le 14
décembre 1960, la majorité des pays africains a
accédé à la souveraineté internationale avec un
très lourd handicap. En effet, les frontières de ces derniers
sont toutes issues des décisions du concert européen qui,
réuni du 15 novembre 1884 au 26 février 1885 à
l'invitation du chancelier allemand Otto Von BISMARK, décida la
balkanisation, communément appelée partage de l'Afrique. Cette
situation a fait que les frontières internationales des Etats africains
correspondent aux limites administratives des anciennes colonies.
On constate alors que la plupart de ces nouveaux Etats sont de
dimension modeste, tant sur le plan démographique, territorial
qu'économique. Enfermés dans un carcan d'espace
socio-économique étroit, les Etats africains se rendent compte de
la nécessité de dépasser le cadre de leur
souveraineté nationale. Bien que de nombreux efforts aient
été fournis en faveur de l'unité africaine en
général, force est de constater que le chemin qui reste à
parcourir est encore long du fait de l'état des infrastructures
routière, notamment.
Dans une telle perspective, l'intégration
régionale apparaît comme la réponse la plus
adéquate, au-delà de l'Etat-nation postcolonial, au défi
de développement. L'analyse de la construction de l'espace communautaire
et des difficultés inhérentes aux transports routiers au sein de
l'espace UEMOA exige de faire l'historique de cette institution et de
présenter la nécessité de l'intégration
sous-régionale en Afrique de l'ouest (Chapitre 1) avant de dresser
l'état des lieux des transports et du réseau routiers dans la
zone d'investigation (Chapitre 2).
Chapitre 1 : HISTORIQUE ET OBJECTIFS DE L'INTEGRATION
SOUS-REGIONALE DANS L'ESPACE UEMOA
De création récente, l'UEMOA est née des
exigences de l'heure. En effet, suite à la dévaluation du franc
CFA en 1994, les pays qui partagent l'usage de cette monnaie décident de
mettre ensemble leurs ressources pour devenir plus compétitifs dans le
cadre de la mondialisation. Le processus qui a conduit à la
création de l'UEMOA et de la CEMAC5 est né lors de la
réunion des ministres de la zone franc tenue à Paris en 1990. Le
présent chapitre vise à mieux circonscrire les différentes
conceptions et les contours historiques de l'intégration
sous-régionale en Afrique de l'ouest (Section 1) et permet de
présenter les raisons qui justifient la mise en place de cette
institution (Section 2).
Section 1 : Historique de l'intégration
sous-régionale en Afrique de l'ouest
L'historique de l'intégration permet de parcourir les
principales acceptions de l'intégration régionale (Paragraphe 1)
et les étapes importantes qui ont jalonné la construction de
l'espace communautaire à l'échelle de l'UEMOA (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Les différentes acceptions de
l'intégration régionale
Elles s'assimilent aux grandes théories qui
régissent les regroupements régionaux dans le temps et dans
l'espace. Le concept d'intégration présente divers contours, qui
se définissent à la fois par la forme et la dimension qu'on lui
donne. On distingue ainsi l'intégration économique de
l'intégration politique. En réalité, ce sont les travaux
de VINER J. portant sur les effets de l'union douanière sur
l'échange international qui ont donné un sens classique de la
notion. Selon lui, deux conséquences peuvent découler de
l'institution d'un tarif extérieur commun. Il s'agit d'une part du
détournement des échanges au détriment des non membres de
l'union et d'autre part d'un effet de création qui se perçoit
à travers le développement des échanges au
bénéfice des pays membres de l'union. Ce paragraphe sera
axé autour de la diversité des théories de
l'intégration (A) et de leur application à l'UEMOA (B).
A. Une diversité de théories
HASS E. lui, définit l'intégration comme «
le processus par lequel les acteurs politiques dans plusieurs cadres nationaux
distincts sont amenés à transférer leurs
obédiences, attentes et activités politiques vers un nouveau
centre dont les institutions possèdent ou
5 La Communauté Economique et Monétaire
de l'Afrique Centrale (CEMAC) est créée en 1994 et regroupe le
Cameroun, le Tchad, la République Centrafricaine, le Gabon, la
Guinée Equatoriale et le Congo-Brazzaville.
exigent une juridiction sur les Etats nationaux
préexistants». Dans une approche plus économique de
l'intégration, LINDBERG L. définit l'intégration
économique comme un « acte traduisant le consentement entre deux ou
plusieurs nations sur des objectifs communs et sur les politiques qu'elles se
sont assignées».
De ce qui précède, l'on peut déduire que
l'intégration économique est à la fois un processus et un
état6. Dans ce même ordre d'idées, on peut dire
que l'intégration régionale n'est pas seulement un simple acte de
construction d'un espace politique ou économique, encore moins d'un
marché, mais un profond processus de modification et de
transformation structurelle qui s'opère au sein d'un espace
régional formé de plusieurs pays, et qui est en mesure de
déclencher le développement social et économique de ces
pays de manière durable.
A l'évidence, l'intégration ou la
régionalisation a un caractère multiforme et multidimensionnel.
On peut ainsi différencier une entente ou une coopération
(politique, économique, commerciale, diplomatique, ...) d'une
véritable intégration qui résulte des pratiques des
acteurs économiques, financiers, commerciaux, culturels ou
technologiques. En lien direct avec cette dernière approche, on peut
identifier selon HUGON P. quatre principales conceptions de la
régionalisation : libérale, volontariste ancienne, nouvelle
économie industrielle, d'économie géographique.
La conception libérale s'articule autour de la
dimension commerciale de l'intégration. Sur cette base,
l'intégration commerciale est assimilée à la
libéralisation des échanges et des facteurs de production au
regard de la concurrence mondiale. Dans cette optique, intégrer, c'est
réduire les barrières nationales et se rapprocher du
marché mondial.
La conception volontariste ancienne ou protectionniste prend
forme autour de la dimension économique. Les tenants de cette conception
considèrent l'intégration régionale comme un processus de
déconnexion visant à protéger les économies
intégrées de la concurrence mondiale. Elle revient à
protéger un système de production régionale par la mise en
place de politiques convergentes.
La conception de la nouvelle économie industrielle met
l'accent sur la dimension productive. Elle conçoit l'intégration
productive comme la mise en place d'interconnexions par les acteurs en termes
de projets sectoriels, de réseaux transnationaux, d'internationalisation
des relations dans un espace régional.
6 Lire BALASSA B. & STOUTJESDIJ K. (1978):
Economic integration among developing countries in Journal of Common
Markets studies, Vol. 14.
L'économie géographique, de son
côté, met l'accent sur la dynamique spatiale de
l'intégration. Selon cette conception, l'intégration se
caractérise par les effets d'agglomération et de polarisation. Du
fait de la mondialisation, c'est un processus qui permet d'une part de
réduire les distances géographiques en rapport avec les nouvelles
technologies de l'information et de la communication, et d'autre part, de
construire un marché régional compétitif. La
réduction des distances géographiques favorise le
développement des échanges intracommunautaires. Pour que ces
échanges soient effectifs, il faut des infrastructures de communications
intégratrices.
B. L'application théorique à l'UEMOA
Le soubassement de toute théorie de
l'intégration régionale est la mobilité des facteurs de
production, des biens et des services. Il se pose alors, en dépit de la
diversité des acceptions liées à la notion de
l'intégration, la question unique qui pose la problématique de
l'insertion spatiale des sociétés et surtout de la
disponibilité des outils de mobilité. ROBSON P. est plus
affirmatif sur ce point quand il avance que, quelle que soit sa forme ou sa
dimension, l'intégration régionale implique nécessairement
une libre circulation des facteurs de production, ainsi que des biens et des
services.
L'UEMOA est guidée dans sa construction par la logique
de l'union économique qui est un marché commun accompagné
d'une harmonisation ou d'une coordination des politiques économiques,
monétaires, financières et sociales des pays membres. En ce sens,
la mise en place du Tarif Extérieur Commun (TEC) plafonné
à 22% des droits d'entrée dans l'Union fait penser à la
conception volontariste ancienne ou protectionniste de l'intégration.
Par ailleurs, l'institution d'une coordination des politiques sectorielles
nationales par la mise en oeuvre d'actions et de politiques communes dans les
domaines tels que l'aménagement d'un territoire communautaire,
l'agriculture, l'environnement, les transports, les infrastructures. rappelle
la conception de l'économie géographique axée sur
l'intégration spatiale. Dans cette optique, la franchise totale de taxes
pour les produits de l'agriculture, de l'élevage, de l'artisanat et leur
réduction de 30% sur les produits industriels agréés
originaires de l'Union permet de se référer à la
conception libérale de l'intégration. En ce qui concerne la
conception de la nouvelle économie industrielle, elle trouve son
application au sein de l'espace UEMOA dans la politique industrielle commune
lancée en décembre 1999.
Il est évident que les théories telles
qu'énoncées par HUGON P. ne sont ni exclusives, ni exhaustives.
Il convient de dire que, dans la pratique, leur application tient plus compte
des réalités politiques internes et externes de l'espace. Elles
peuvent en ce sens se fondre ou être complétées pour
s'adapter au contexte. L'union monétaire peut donc, contrairement
à ce que
l'on pense au vu de l'exemple européen,
précéder l'intégration économique. D'ailleurs,
l'UMOA a précédé à bien des égards l'UEMOA
qui met l'accent sur une intégration économique et
commerciale7. Cette mutation mérite alors d'être
analysée sous forme de l'historique de la construction de l'espace
communautaire.
Paragraphe 2 : Les grandes étapes de
l'intégration au sein de l'UEMOA
L'UEMOA couvre aujourd'hui un ensemble de huit (8)
Etats8, d'une superficie de 3 509 610 km2 pour une
population de 76 millions d'habitants. Cinq (5) objectifs guident ses actions.
L'UEMOA a l'ambition de « renforcer la compétitivité des
activités économiques et financières des Etats membres
dans le cadre d'un marché ouvert et concurrentiel et d'un environnement
périodique rationalisé et harmonisé ». Mais, pour
mieux cerner les contours de cette ambition, il y a lieu de revisiter le
passé (A) afin de déterminer les réelles motivations qui
sous-tendent sa réalisation (B).
A. Les origines anciennes de l'UEMOA
Le 12 mai 1962, la Côte d'Ivoire, le
Sénégal, le Niger, le Bénin, le Burkina Faso et la
Mauritanie, Etats fondateurs de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de
l'Ouest (BCEAO) créent l'UMOA. L'adhésion du Togo à cette
Union se fait en 1963 puis celle du Mali est acceptée le 1er
juin 1984. L'Union, forte de sept membres, est caractérisée par
l'unité monétaire (le Franc de la Communauté
Financière Africaine, F CFA) dont l'émission est confiée
à la BCEAO qui prête, par ailleurs, son concours aux
économies nationales.
L'année 1973 sera déterminante dans
l'évolution de l'Union. En effet, le 09 juillet, la Mauritanie se retire
tandis que le 14 novembre, un nouveau traité est signé par les
autres Etats membres. Le 04 décembre, un accord de coopération
entre l'UMOA et la République Française sur la base de quatre
principes est conclu. Il s'agit de la convertibilité garantie par le
trésor français, de la fixité des parités, de la
libre transférabilité et de la centralisation des réserves
de change.
La convertibilité garantie par le trésor
français fait appel à la convertibilité des monnaies
émises par la BCEAO et la BCEAC qui sont garanties sans limite par le
trésor français. Les monnaies de la zone sont convertibles entre
elles, à des parités fixes, sans limitation de montants, ce qui
rappelle la fixité des parités. Quant à la libre
transférabilité, elle suppose que les transferts sont libres
à l'intérieur de la zone, qu'il s'agisse des transactions
7 Il faut dire que l'UE est née de la
transformation de la Communauté Economique de Charbon et d'Acier (CECA).
En Afrique de l'Ouest, l'UMOA créée en 1962 avait pour vocation
la gestion de la monnaie (CFA). La dimension économique s'est
ajoutée seulement en 1994 avec la création de l'UEMOA.
8 Il s'agit du Bénin, du Burkina Faso, de la
Côte d'Ivoire, de la Guinée Bissau, du Mali, du Niger, du
Sénégal et du Togo.
courantes ou de transfert de capitaux. Enfin, au nom de la
centralisation des réserves de change, en contrepartie des
échanges illimités garantis par la France, la BCEAO est tenue de
déposer au moins 65% de ses réserves de change, à
l'exception des sommes nécessaires à sa trésorerie
courante et de celles relatives à ses transactions avec le Fonds
Monétaire International (FMI), auprès du trésor
français, sur le compte d'opération ouvert en son nom depuis
1975.
Aux termes de cet accord, la présence française au
sein du Conseil d'Administration de la banque centrale est réduite puis
en 1978, son siège quitte Paris pour Dakar.
B. La mise en place de l'UEMOA
Le 10 janvier 1994, le Traité de Dakar est signé
pour compléter celui de l'UMOA. Il institue l'UEMOA et fait de la BCEAO
et de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) des institutions
spécialisées autonomes de la nouvelle structure. Dès
l'entrée en vigueur du Traité de Dakar, le 1er
août 1994, différents instruments sont mis en place pour la
réalisation des objectifs. En 1997, la Guinée-Bissau en devient
le huitième membre.
L'adoption de divers textes conduit, dans un premier temps,
à l'entrée en vigueur, le 1er juillet 1996, d'un régime
tarifaire préférentiel transitoire suivi le 1er
janvier 1998, du Système Comptable Ouest Africain (SYSCOA) et de
l'Indice Harmonisé des Prix à la Consommation (IHPC). L'Union
veut assurer la convergence des performances et des politiques
économiques des Etats membres par l'institution d'une procédure
de surveillance multilatérale et créer entre eux, un
marché commun basé sur la libre circulation des personnes, des
biens et le droit d'établissement des personnes exerçant une
activité indépendante ou salariée ainsi que sur un tarif
extérieur commun et une politique commerciale commune. Elle entend
harmoniser, pour un bon fonctionnement du marché commun, les
législations des Etats membres et, particulièrement, le
régime fiscal9.
Pour ce faire, l'UEMOA a institué une coordination des
politiques sectorielles nationales par la mise en oeuvre d'actions et de
politiques communes dans les domaines tels que l'aménagement d'un
territoire communautaire, l'agriculture, l'environnement, les transports, les
infrastructures, etc. L'adoption, entre décembre 1999 et décembre
2000, de la politique industrielle commune, du pacte de convergence, de
stabilité, de croissance et de solidarité, entre les Etats
membres, du code de transparence dans la gestion des finances publiques, du
document portant réforme des marchés publics et la politique
minière commune ont lancé les jalons d'un véritable
contexte économique sous-régional. On peut aussi noter
9 Se référer à l'article 4 du
Traité Révisionnel de l'UEMOA adopté le 29 janvier 2003
à Dakar.
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NOYOULEWA T. Adong (2009) | Transports routiers et
intégration des Etats de l'UEMOA
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18
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l'entrée en vigueur du Tarif extérieur commun
(TEC), le lancement du Programme Economique Régional (PER), dont le
financement est estimé à plus de 800 milliards de F CFA et qui
augure une ère nouvelle dans l'espace UEMOA selon la logique « Huit
Etats, un destin commun ».
Section 2 : Le cadre institutionnel de
l'intégration sous-régionale dans l'UEMOA
Il s'agit de passer en revue les structures de l'UEMOA et ses
objectifs (Paragraphe 1) avant d'analyser les dispositions institutionnelles et
juridiques dont elle se dote en vue d'atteindre ses objectifs (Paragraphe
2).
Paragraphe 1 : L'UEMOA : un ensemble
sous-régional aux objectifs multiples
La construction de l'espace communautaire au sein des huit
pays de l'UEMOA passe par la mise en place de structures fonctionnelles (A)
ayant pour mission de travailler à la réalisation des objectifs
définis par le Traité (B).
A. La structure et le fonctionnement des organes de
l'UEMOA
Le fonctionnement de l'UEMOA s'articule autour de la
Présidence de la Commission et des Départements dirigés,
chacun, par un Commissaire, nommé par son pays d'origine. Le
Président de la Commission veille à ce qu'à tout moment,
la Commission exerce, avec l'efficacité voulue, la plénitude de
ses fonctions, avec les prérogatives et responsabilités que lui
confère le Traité. Les organes de direction, consultatifs, de
contrôle juridictionnel, de contrôle parlementaire et les
Institutions spécialisées autonomes participent également
au système institutionnel.
Les organes de direction rappellent d'abord la
Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement. Elle est
l'autorité suprême de l'Union et tranche toute question n'ayant pu
trouver de solution par accord unanime du Conseil des Ministres. Elle se
réunit au moins une fois par an et prend ses décisions à
l'unanimité (Article 5 du Traité de l'UMOA et Article 17 du
Traité Révisionnel). Ensuite, le Conseil des Ministres
définit la politique monétaire et de crédit de l'Union
afin d'assurer la sauvegarde de la monnaie commune et de pourvoir au
financement de l'activité et du développement économique
des Etats membres. La BCEAO organise les séances du Conseil dont elle
assure le Secrétariat10. Le Conseil se réunit au moins
deux fois par an et prend ses décisions à l'unanimité
(Article 6 du Traité de l'UMOA et
10Voir l'article 3 du Traité
Révisionnel : « Le Gouverneur de la BCEAO
participe de plein droit, avec voix consultative, aux réunions de la
Commission. Il peut se faire représenter. Il peut demander l'inscription
d'un point à l'ordre du jour ou suggérer au Conseil d'inviter la
Commission à prendre une initiative dans le cadre de sa mission
».
Articles 20 à 24 du Traité Révisionnel).
Enfin, la Commission de l'UEMOA exerce, en vue du bon fonctionnement et dans
l'intérêt général de l'Union, le pouvoir
d'exécution, délégué par le Conseil des Ministres.
Elle transmet à la Conférence et au Conseil les recommandations
et avis qu'elle juge utiles à la préservation et au
développement de l'Union, exécute le budget de l'Union et peut
saisir la Cour de Justice en cas de manquement des États membres aux
obligations qui leur incombent en vertu du droit communautaire. Il existe sept
Départements au sein de la Commission. Le Département des
politiques économiques (i), le Département des politiques
fiscales, douanières et commerciales (ii), le Département des
fonds structurels et de la coopération internationale (iii), le
Département du développement social (iv), le Département
de l'aménagement du territoire, des infrastructures, des transports et
des télécommunications (v), le
Département du développement rural et de l'environnement (vi) et
le Département de l'énergie, des mines, de l'industrie, de
l'artisanat et du tourisme (vii). Ils siègent à Ouagadougou au
Burkina Faso.
Les Organes de contrôle juridictionnel font appel à
la Cour de Justice et à la Cour des
Comptes (Protocole Additionnel
n°I). La Cour de Justice veille à l'interprétation uniforme
du
droit communautaire, à son application et juge, notamment, les
manquements des Etats à leurs
"obligations communautaires". Elle
assure le respect du droit relativement à l'interprétation
et
à l'application du Traité, arbitre les conflits entre les
Etats membres ou entre l'Union et ses
agents. Elle est composée de
juges, un par État, nommés pour un mandat de six
ans
renouvelable. Son siège est à Ouagadougou. La Cour des
Comptes contrôle les comptes des
organes de l'Union et la
fiabilité des données budgétaires nécessaires
à l'exercice de la
surveillance multilatérale. Trois
conseillers sont mandatés pour six ans renouvelables une fois.
Les
organes de contrôle parlementaire s'identifient au Comité
Interparlementaire,
embryon du futur Parlement de l'Union. Le Comité
Interparlementaire joue un rôle consultatif
et d'animation des
débats sur l'intégration. Il reçoit le rapport annuel de
la Commission et
s'exprime sous forme de rapports ou de résolutions.
Il préfigure le parlement de l'Union qui
sera chargé du
contrôle démocratique des organes de l'Union. Il compte 40 membres
et se
réunit au moins une fois par an. Son siège est à
Bamako au Mali. Les membres du Parlement
portent le titre de «
Députés au Parlement de l'UEMOA ». Actuellement, ils sont
désignés
parmi les députés de leurs pays
respectifs mais ils seront élus au suffrage universel direct,
pour
une durée de cinq ans, selon une procédure électorale qui
sera déterminée par un acte
additionnel de la
Conférence, après consultation du Parlement. Le Parlement se
réunit en deux
sessions. Le nombre des Députés est
fixé à cinq par Etat membre et la présidence du
Parlement est exercée par un Député
ressortissant de l'Etat qui assure la présidence de la
Conférence.
L'Organe consultatif est la Chambre Consulaire
Régionale qui est le lieu privilégié de dialogue entre
l'UEMOA et les principaux opérateurs économiques. La Chambre,
créée par le Traité de l'Union, est chargée de
réaliser l'implication effective du secteur privé dans le
processus d'intégration de l'UEMOA. Chaque Etat y est
représenté par sept (7) membres. Son siège est à
Lomé au Togo.
Les Institutions spécialisées autonomes sont au
nombre de deux. Ce sont : La Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
(BCEAO) et la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD).
La Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO),
institut d'émission commun aux huit Etats membres de l'UEMOA, est un
établissement public international dont le siège est fixé
à Dakar. Outre l'émission des signes monétaires dans les
Etats membres de l'Union dont elle a le privilège exclusif, la BCEAO a
en charge la centralisation des réserves de devises de l'Union, la
gestion de la politique monétaire des Etats membres de l'Union, la tenue
des comptes des Trésors des Etats de l'Union, la définition de la
loi bancaire applicable aux banques et aux établissements financiers.
La Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) est
l'institution commune de financement du développement des Etats de
l'UEMOA. Elle est créée par Traité signé le 14
novembre 1973 par ses Etats membres. Conformément au Traité de
l'UEMOA entré en vigueur le 1er août 1994, la BOAD est
une institution spécialisée commune de l'Union. Elle concourt "
en toute indépendance à la réalisation des objectifs de
l'UEMOA sans préjudice des objectifs qui lui sont assignés par le
Traité de l'UMOA". C'est un établissement public à
caractère international qui a pour objet, aux termes de l'article 2 de
ses Statuts, "de promouvoir le développement équilibré des
Etats membres et de réaliser l'intégration économique de
l'Afrique de l'Ouest," en finançant des projets prioritaires de
développement. Sont membres de la BOAD et participent à son
capital et à son administration: les membres titulaires d'actions de
série A et les membres titulaires d'actions de série
B11. Le capital souscrit, d'un montant de 350
milliards F CFA, est réparti entre les actionnaires de catégorie
A et ceux de catégorie B à concurrence de 95,96 % et 4,04 %
respectivement. La BOAD a en son sein trois structures
spécialisées : Cauris Investissement SA, Fonds de Garantie des
11 Les titulaires des actions de type A sont les
Etats membres de l'UEMOA et la BCEAO alors que ceux qui détiennent les
actions de type B sont la France, l'Allemagne, l'Union Européenne, la
BAD et le Royaume de Belgique.
Investissements Privés en Afrique de l'Ouest (GARI) et le
Projet d'Utilisation du Fonds Suisse (PUFS).
La structure ainsi présentée dans sa composition et
son fonctionnement travaille au quotidien pour l'atteinte d'un certain nombre
d'objectifs.
B. Les objectifs visés par le Traité
constitutif de l'UEMOA
Au titre de l'article 4 du Traité Additionnel de 2003,
« sans préjudice des objectifs définis dans le Traité
de l'UMOA, l'Union poursuit, dans les conditions établies par le
présent Traité, la réalisation des objectifs
ci-après : renforcer la compétitivité des activités
économiques et financières des Etats membres dans le cadre d'un
marché ouvert et concurrentiel et d'un environnement juridique
rationalisé et harmonisé (i), assurer la convergence des
performances et des politiques économiques des Etats membres par
l'institution d'une procédure de surveillance multilatérale (ii),
créer entre les Etats membres un marché commun
basé sur la libre circulation des personnes, des biens, des services,
des capitaux et le droit d'établissement des personnes exerçant
une activité indépendante ou salariée, ainsi que sur un
tarif extérieur commun et une politique commerciale commune
(iii), instituer une coordination des politiques sectorielles
nationales, par la mise en oeuvre d'actions communes et, éventuellement,
de politiques communes, notamment dans les domaines suivants : ressources
humaines, aménagement du territoire, transports et
télécommunications, environnement, agriculture, énergie,
industrie et mines (iv), harmoniser, dans la mesure nécessaire au bon
fonctionnement du marché commun, les législations des Etats
membres et, particulièrement, le régime de la fiscalité
(v). »
Dans la pratique, la réalisation de l'objectif n°3
relatif à « la création entre les Etats membres d'un
marché commun basé sur la libre circulation des personnes, des
biens, des services, des capitaux et le droit d'établissement des
personnes exerçant une activité indépendante ou
salariée, ... », est confiée au Département de
l'aménagement du territoire, des infrastructures, des transports et des
télécommunications de la Commission. Pour ce faire, le
Commissaire assure l'élaboration, la coordination et le suivi de
politiques sectorielles communes de l'Union, dans les domaines de
l'aménagement du territoire communautaire, du désenclavement des
Etats membres, de la lutte contre les disparités régionales, de
la mise en place des infrastructures de transport et des moyens de
télécommunication.
Dans l'ensemble, un arsenal juridique est mis en place pour
conduire chaque Etat membre au respect des engagements communautaires ou les
contraindre à réaliser les
objectifs collectifs. Il s'agit d'un ensemble de normes dont la
finalité est la réalisation de l'intégration
sous-régionale.
Paragraphe 2 : Les moyens juridiques pour atteindre ces
objectifs
La mise en place d'une institution multilatérale
communautaire passe par l'adoption d'un droit primaire. Il s'agit du
Traité instituant l'UEMOA qui obéit aux règles du droit
international conventionnel classique. Cela signifie que le Traité est
négocié et signé, il est ensuite soumis à une
autorisation de ratification par les parlements nationaux, et enfin à la
publication au journal officiel des Etats parties. Une telle procédure
diffère fortement de celle qui est utilisée pour le droit
dérivé. C'est un ensemble de règles édictées
par l'UEMOA pour amener les Etats à agir en sorte que les objectifs
communautaires soient atteints. Selon leur portée, ces règles de
droit dérivé peuvent être classées en normes de
premier rang (A), et en normes de second rang (B) en rapport avec la latitude
dont disposent les Etats à les mettre en pratique.
A. Les normes de premier rang.
Les actes prévus par le Traité de l'UEMOA sont,
d'une part, le Traité lui-même et les actes additionnels
(protocoles) qui viennent ultérieurement apporter certaines
modifications, en s'incorporant à la norme suprême. Mais, d'autre
part, il y a ce qu'on appelle les sources dérivées qui sont
constituées des actes pris par les autorités de l'Union pour
l'application du traité. Selon l'article 42 du Traité de l'UEMOA,
première disposition du chapitre III intitulé : Du régime
des Actes pris par les organes de l'Union, « pour l'accomplissement de
leurs missions et dans les conditions prévues par le présent
Traité..., le Conseil édicte des règlements, des
directives, et des décisions ; il peut également formuler des
recommandations et/ ou des avis ; la Commission prend des règlements
pour l'application des actes du Conseil et édicte des décisions;
elle peut formuler des recommandations et/ ou des avis ». C'est dire
que les actes du droit dérivé sont constitués d'abord des
règlements et des directives pouvant émaner du Conseil et de la
Commission.
Les règlements sont des textes obligatoires dans tous
leurs éléments. Mais, ce qui fait surtout leur
spécificité, c'est leur valeur normative, car ils sont
directement applicables dans tous les Etats membres dès leur
entrée en vigueur. Ces normes ont donc la même valeur juridique
dans l'ensemble des Etats, et elles s'insèrent dans l'ordre juridique de
chaque Etat, sans nécessiter l'intervention d'un texte législatif
ou réglementaire. On peut citer par exemple le Règlement n°
15/2002/CM/UEMOA relatif aux systèmes de paiement dans les Etats membres
de l'UEMOA. Ce règlement dote aujourd'hui tous les Etats membres de
l'UEMOA
d'une réglementation unique en matière d'effets
de commerce (la lettre de change, le billet à ordre). Ainsi
considérés, les règlements sont les normes suprêmes
du droit dérivé de l'Union. C'est la raison pour laquelle,
lorsque l'entité veut poser un acte fondamental pour réglementer
un domaine déterminé du droit des affaires ou de
l'activité économique de manière générale
elle a toujours recours à un règlement. Le premier
règlement adopté par le Conseil des ministres date de 1996 ;
c'est le règlement n°1/96/CM portant règlement de
procédure de la Cour de Justice de l'Union.
Quant à la directive, c'est un texte certes obligatoire
parce que s'imposant à tous les Etats membres de l'Union, mais, à
la différence du règlement, elle n'est pas d'une application
immédiate. En effet, la directive est un instrument juridique souple,
qui est utilisée de manière générale dans les
cadres communautaires, soit pour faire égard à la
sensibilité de certains domaines, soit pour ménager la
souveraineté des Etats. Mais, la précision qu'il faut surtout
faire, c'est que la directive n'est pas d'une application facultative,
contrairement à l'erreur qui est souvent faite, consistant à
considérer les directives comme des normes non obligatoires. La
directive est obligatoire dans tous ses éléments, même si
une petite marge de manoeuvre est laissée aux Etats. Cela étant,
l'UEMOA utilise la directive pour fixer aux Etats parties un certain nombre
d'objectifs, de buts à atteindre mais dans une fourchette de temps
déterminée. Pour ce faire, par le biais de leurs instances
nationales, les Etats ont donc le choix des moyens et de la forme pour le
respect de l'obligation communautaire révélée par la
directive. Comme exemple de directive UEMOA, on peut citer la Directive
n°08/2002/CM/UEMOA portant sur les mesures de promotion de la
bancarisation et de l'utilisation des moyens de paiement scripturaux. Eu
égard à leur souplesse, les Directives sont aussi
utilisées dans l'UEMOA, par exemple en matière fiscale où
les Etats se montrent très réticents face aux réformes que
leur impose l'entité communautaire. Il en est ainsi de la directive
portant harmonisation des législations des Etats membres en
matière de taxe sur la valeur ajoutée12. La Directive
n°03/2008/CM/UEMOA relative aux fournisseurs de services portuaires est la
dernière adoptée à Dakar le 28 mars 2008.
En plus de ces normes, il existe d'autres
variétés de normes, qui certes, sont d'une valeur
inférieure, mais d'une importance non moindre dans l'ordonnancement
juridique communautaire.
12 Voir Directive n°2/98/CM/UEMOA du 22
décembre 1998.
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NOYOULEWA T. Adong (2009) | Transports routiers et
intégration des Etats de l'UEMOA
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B. Les normes de second rang du droit dérivé
de l'Union
Pour la réalisation de l'objectif d'Intégration,
l'UEMOA est tenue de ménager la souveraineté des Etats. Pour
cette la raison des choix sont faits dans l'emploi des normes ou techniques
juridiques à utiliser pour imposer tel ou tel objectif aux Etats. En
effet, dans certains domaines où l'élaboration d'une
réglementation uniforme peut s'avérer laborieuse dans
l'immédiat, l'Union a recours aux décisions, aux avis ou à
des recommandations ; c'est cet ensemble qui est constitue les normes du second
rang.
La décision est l'obligation imposée à
une personne ou à une catégorie de personnes. Selon l'article 43
du Traité, elle est obligatoire dans tous ses éléments
pour les destinataires qu'elle désigne. Conformément à
l'article 45, les décisions dûment motivées doivent
être notifiées à leurs destinataires et prennent effet
à compter de leur date de notification. La première
décision de l'Union a été prise en 1997. C'est la
Décision n°01/97/COM/UEMOA portant détermination des
informations aux comités nationaux de politiques économiques pour
les besoins de la surveillance multilatérale.
Pour ce qui est des recommandations et avis, c'est
l'invitation faite aux Etats d'agir en vue de telle ou telle mesure. Par
exemple, la dernière recommandation de l'Union est relative aux
orientations de politiques économiques des Etats membres de l'Union pour
l'année 2009, c'est la Recommandation n°01/2008/CM/UEMOA du 26 juin
2008.
Quoi qu'il en soit, recommandations et avis n'ont pas de force
exécutoire, c'est-à-dire qu'ils n'impriment aucun sentiment
obligatoire aux destinataires. Ces normes n'ont pas certes de valeur
contraignante, elles ne créent pas d'obligations juridiques. Mais elles
ont une valeur politique, car elles expriment la position des institutions sur
une question donnée. Par conséquent, en créant une
certaine coutume communautaire, cette catégorie de normes contribue, par
ricochet, à l'élaboration des normes de l'Union.
Des principales acceptions de l'intégration
régionale aux instruments juridiques de sa réalisation dans
l'espace UEMOA, nous avons présenté tour à tour les
grandes étapes de l'intégration communautaire, la structure et le
fonctionnement de l'institution puis ses objectifs. Au total, il en
résulte que l'UEMOA travaille à la mise en place et à la
consolidation de liens forts entre ses Etats membres par l'entremise de la
libre circulation des personnes, des biens et services. La finalité
d'une telle oeuvre reste le développement durable au sein de l'espace.
Cela étant, la route demeure le facteur de mobilité par
excellence dans la zone car, elle seule est accessible à toutes les
couches sociales. C'est ce qui fait d'elle, plus qu'un moyen de transport, un
outil intégrateur. Qu'est-ce qui sous-tend un tel rôle ? Quelles
sont les entraves de sa réelle viabilisation dans l'espace ?
Chapitre 2 : ETAT DES LIEUX DES TRANSPORTS ET DU RESEAU
ROUTIERS DANS L'ESPACE UEMOA
Dans le présent chapitre nous allons faire l'état
des lieux du réseau (section 1) et des transports (section 2) routiers
dans l'espace UEMOA.
Section 1 : Eléments d'analyse du réseau
routier au sein de l'UEMOA
On appelle réseau un entrelacement de lignes. En
aménagement du territoire, le réseau est un ensemble
cohérent de mailles plus ou moins serrées reproduisant une
organisation de l'espace13. En tant que tel, il se construit sur une
surface (un territoire) et se compose de lignes (des voies de communication)
reliant des noeuds (des agglomérations humaines). En lien direct avec la
route, nous pouvons dire que le réseau routier est, sur un territoire
donné, l'ensemble des routes qui desservent les différentes
localités. Dans l'espace UEMOA, le réseau routier est l'ensemble
des routes qui lient les localités d'un pays entre elles puis les huit
pays entre eux.
Dans l'analyse du réseau routier dans l'espace
communautaire, nous aborderons successivement les questions de l'insuffisance
de la dotation de l'Union en routes (Paragraphe 1) et de l'inégale
répartition des infrastructures routières (Paragraphe 2) entre
les différents pays membres.
Paragraphe 1 : Un espace communautaire insuffisamment
doté de routes
La faible dotation de l'espace communautaire UEMOA en routes peut
être analysée en lien direct avec la superficie (A) et l'effectif
de la population (B).
A. Une faible densité du réseau routier
L'espace UEMOA couvre une superficie de 3 509 610
km2. Le réseau de routes classées de l'Union,
constitué de routes inter-Etats (RI) et de routes nationales (RN), a une
longueur de 148.600 km, soit environ 90% du réseau routier total de
l'Union. Un peu plus de 15% seulement de ce réseau est revêtu
(22.530 km). Le réseau communautaire, d'une longueur d'environ 20.930
km, est constitué de routes côtières et de corridors de
désenclavement des pays de l'hinterland. La classification des routes
nationales et celle des collectivités locales reste de la
responsabilité des Etats. Les routes côtières assurent la
liaison des pays côtiers entre eux et les corridors de
désenclavement ou couloirs de transit routier assurent la liaison
13 Lire BRAND D. et DUROUSSET M. (2002) :
Dictionnaire thématique d'histoire et géographie,
6ième Ed., p. 469 et GRAWITZ M. (1999) : Lexique des
sciences sociales, 7ième Ed., p. 354.
Sur la base de ces chiffres, l'on peut estimer à
4,7
km la longueur de routes pour 100
km2 de superficie. Même si cette moyenne est
légèrement supérieure à celle de l'Afrique
prise dans son ensemble (4,2 km/100 km2),
e
lle est loin de celle du Ghana par exemple qui
avoisine
16,75 km/100 km2.
Cette situation reflète également celle qui
prévaut lorsqu'il s'agit de nombre d'habitants.
calculer les moyennes de longueurs de routes
par
B.
La faiblesse des moyennes de routes par
habitant
L'espace UEMOA rassemble 76
millions d'habitants. Leur mobilité pour tous
les
On se rend
motifs suppose que l'Union est dotée
d'infrastructures de transports adéquats.
compte qu'au sein des pays, la mise en place des
infrastructures de transports tient souvent compte des
densités de populations. Or, dans l'UEMOA, à côté
des pays dont les densités de population sont
relativement élevées, subsistent de vastes pays ayant des
densités faibles comme indiqué sur la figure
n°1 sur la base des données de la Commission de
l'UEMOA.
Figure n°1
|
: Densité de population dans les pays de
l'UEMOA
|
100
40
90
80
70
60
50
30
20
10
0
De ce qui ressort de l'analyse de la figure
n°1
, les densités de populations sont
disparates au sein de la communauté. Ainsi, au Togo, on
dénombre environ 93 hab./km2 contre par
exemple 10 et 8 hab./km2 pour le Mali et le Niger respectivement. De
ce fait, la
dépassée par la plu
moyenne régionale de 41 hab./km2 se
trouve part des pays et la dotation en
infrastructures routières s'en trouve tout aussi
affectée. On dénombre du coup dans
l'espace communautaire 2,68 km
pour 1000 habitants.
Mais ces
A l'évidence, l'Union est faiblement dotée
en infrastructures routières.
chiffres globaux cachent des disparités qui
tiennent autant à la situation différenciée entre
les
-
Etats qu'à celle entre les deux sous zones que
constituent les pays côtiers et ceux du Sahel.
Paragraphe 2 : Un réseau routier inégalement
répartiL'analyse d
es données globales
relatives à la dotation de l'Union en
infrastructures routières laisse apparaître des disparités
qui se rapportent à la particularité de
chaque Etat membre (A) et
à la distinction entre pays côtiers et pays
sahéliens (B).
A.
Les disparités
de répartition du réseau routier entre les
Etats
membres
Les disparités entre les différents
Etats
en matière de dotation en
infrastructures
routières s'a
perçoivent d'une part en termes de
densité de routes par unité de surface et
d'autre part de densité par effectif de population. A ce propos,
deux histogrammes sont conçus pour servir de base
d'analyse de ces disparités.
Ils sont présentés sur les
figures n°s 2 et
3.
Ces histogrammes sont conçus sur la base des
données tirées du Document-cadre d'orientations
générales de la politique d'aménagement du territoire
communautaire de l'UEMOA (2003) à la page 51.
Figure n°2
: Densité du réseau routier en km
pour 1 00 km2 par pays de l'UEMOA
30
25
20
15
10
0
5
Benin
Burkina
Faso
Côte
d'Ivoire
Guinée
Bissau
Mali Niger Sénégal
Togo
Au regard de l'histogramme contenu sur la figure
n°2
, certains pays sont mieux lotis en
matière d'infrastructures routières que d'autres. Ainsi, pour la
même unité de surface (100 km2), la Côte d'Ivoire
présente la meilleure
dotation avec 25,23 km de routes contre
respectivement 15,3 km et 14,06 km pour le Togo et le
Bé
nin. Au bas du tableau, on retrouve
le Niger, le Mali et le Burkina Faso avec 1,15
km ; 1,19 km et 4.54 km dans le même ordre.
Cette même disparité s' perçoit
lo
rsqu'on considère la densité du
réseau routier par rapport au
nombre d'habitants.
Figure n°3 : Densité du
réseau routier en km pour 1000 hab.
4
0
6
5
3
2
1
Benin Burkina
Faso
Côte
d'Ivoire
Guinée
Bissau
Mali Niger Sénégal Togo
La Côte d'ivoire, comme dans le cas de la
densité du réseau routier par unité de surface,
se retrouve en tête du peloton lorsqu'il est
question d'apprécier cette densité par rapport
au nombre d'habitants. Dans cette optique, on décompte 5,69
kilomètres de routes pour 1000 habitants en Côte d'ivoire tandis
que la Guinée Bissau et le B énin suivent avec 2,99 km
et 2,79 km respectivement. Pour le même nombre d'habitan ts (1000
hab.), le Burkina Faso et le Niger sont dotés
chacun en ce qui le concerne de 1,25 km, 1,48 km de
routes. Lorsqu'on sait que la moyenne communautaire est de 2,68
kilomètres de routes pour 1000 habitants, on peut facilement
déduire que seuls 37,5% soit 3 pays sont dotés de routes au
-delà de la moyenne sous-régionale.
Il ressort de cette analyse de la densité du
réseau routier par rapport aux unités de
surfaces (100 km2) et par rapport à l'effectif de la
population (1000 hab.) que le réseau routier est
inégalement réparti sur l'ensemble de l'espace
communautaire si l'on considère les Etats
comme base de l'analyse. Cette inégale répartition
se retrouve, par ailleurs, lorsqu'on se situe
dans une analyse basée sur la distinction des
sous
|
-zones, sur la base des
|
conditions naturelles.
|
B. Disparités entre les pays côtiers et les
pays sahéliens
Sur le plan natu
rel, il convient de rappeler que les huit pays de l'Union
disposent de réalités géographiqu es
différentes. A cet égard
, les conditions naturelles classent les Etats
en trois (3) zones écologiques bien
marquées. D'abord, une zone sahélo- guinéenne
ouverte sur la mer, avec le Sénégal et la
Guinée Bissau, qui couvrent 6.60% du territoire de l'Union.
Ensuite,
une zone forestière située au Sud,
également ouverte sur la mer, mais de façon très
inégale, qui concerne le Bénin, la Côte
d'Ivoire et le Togo. Elle repré
sente 14,20% de l'espace
communautaire. Enfin, une zone sahélienne (Burkina
Faso, Niger, Mali) avec des conditions climatiques plus austères,
caractérisées surtout par la rareté de l'eau de surface,
la désertification, une pluviométrie faible intéressant le
Sud et le centre des territoires essentiellement. Ces trois (3) pays font
à eux seuls 79,20% de l'espace communautaire. Contrairement à la
zone CEMAC où la forêt est le premier handicap dans la mise en
place des infrastructures de transports routiers, dans l'UEMOA, ce sont les
pays sahéliens qui sont moins dotés en infrastructures
routières. Ainsi, le réseau routier communautaire est
localisé à 71% dans les pays côtiers plus ou moins
forestiers qui ne couvrent que 20% de l'espace communautaire. Les pays
sahéliens (avec 80% de la superficie) n'ont que 29% du réseau
comme indiqué sur le tableau n°1.
Tableau n°1 : Disparités pays côtiers/pays
sahéliens en matière d'infrastructures routières
dans
l'espace UEMOA.
|
Superficie
|
Réseau routier
|
en km2
|
%
|
en km
|
%
|
Pays côtiers
|
701 922
|
20
|
103 904
|
71
|
Pays sahéliens
|
2 807 688
|
80
|
42439
|
29
|
Total UEMOA
|
3 509 610
|
100
|
146 343
|
100
|
Source : Document-cadre d'orientations
générales de la politique d'aménagement du territoire
communautaire
de l'UEMOA (2003) à la page 24.
Au total, par delà d'être inégalement
réparti, le réseau routier de l'espace communautaire est aussi
d'une mauvaise qualité. L'implication de cette faible dotation en routes
et leur mauvaise répartition dans l'espace sur le parc automobile et le
trafic routier est claire. Le parc automobile dans la zone de l'UEMOA est
estimé en 2002 à près de 800.000 véhicules, non
compris les deux roues motorisés. Le pourcentage de poids lourds varie,
selon les pays, de 5 à 38%. La circulation sur le réseau dans les
Etats de l'UEMOA est caractérisée par des différences
très importantes entre les zones géographiques et les
itinéraires. Depuis 15 ans, les Directions en charge de la planification
routière dans ces Etats collectent régulièrement les
données relatives au trafic routier sur l'ensemble du réseau. Il
en ressort que des taux annuels de croissance du trafic varient entre 3 et 6%
suivant les pays et les catégories de véhicules. Selon les
données relatives aux importations et exportations de marchandises par
les pays enclavés de la sous-région, les échanges
commerciaux représentent environ 4,2 millions de tonnes en 2002, dont 2
millions de tonnes pour le Burkina Faso et 1,8 millions de tonnes pour le Mali.
Par voie de conséquence, l'inexistence ou la mauvaise qualité des
routes se conjuguent pour porter un frein à la fluidité des
transports routiers.
Section 2 : Eléments d'analyse des transports
routiers communautaires
Le transport est l'action, la manière de faire mouvoir
quelque chose ou quelqu'un d'un lieu à un autre. Mis au pluriel, les
transports sont l'ensemble des moyens permettant de déplacer des
personnes et des marchandises. On parle ainsi des transports aériens,
des transports routiers ou de politique de transports. Nous utiliserons le
concept « transports routiers » pour désigner l'action de
transporter des personnes et des marchandises à l'aide d'automobiles
(voitures, camions, cyclomoteurs, etc.) par l'usage de la route.
L'appréciation de la fluidité des transports
passe par la prise en compte des flux de circulation qui eux-mêmes sont
tributaires de l'état de praticabilité de la route (Paragraphe 1)
et des tracasseries observées par les usagers de la route (Paragraphe
2).
Paragraphe 1 : Des transports routiers entravés
par la mauvaise qualité des routes
La contrainte que constitue le mauvais état des routes
est examinée autour de deux axes qui s'énoncent autour des
réalités observées entre les huit pays de la zone
d'investigation (A) et au sein de chacun de ces pays (B).
A. La question de la qualité des routes entre les
Etats de l'UEMOA
Cette analyse ne saurait se faire sans des données
précises sur les flux de marchandises et de personnes entre les huit
pays d'autre part. Or, dans l'espace UEMOA, ces données sont
inexistantes. Mais à l'évidence et en dépit de leur
mauvais état, les routes africaines permettent de faire mouvoir de
grandes quantités de marchandises et de nombreuses populations. A titre
indicatif, au Cameroun (zone CEMAC), la Commission Economique pour l'Afrique
(CEA) estime à 14 millions de tonnes les marchandises
transportées par an sur le réseau routier, dont 400 000 tonnes de
trafic de transit14.
Dans la zone UEMOA, le Mali est une plate-forme idéale
pour mesurer les besoins et les enjeux liés au transport et surtout la
nécessité de les maintenir dans un bon état. En effet, 95%
des exportations et des importations de ce pays ainsi que 90% du transport
intérieur se font par la route. De même 35% du coût de
revient de la plupart des produits de première nécessité
et de biens de consommation est tributaire du transport routier d'où la
nécessité d'entretenir nos routes et de lutter contre les abus de
la surcharge sur les routes de l'espace communautaire.
14 KOULAKOUMOUNA E. (2006) : Transport routier et
effectivité de l'intégration régionale dans l'espace CEMAC
: enjeux et contraintes pour le développement durable du Congo,
CERAPE, page 8.
Les conséquences de la surcharge sont graves et
réduisent la durée vie des routes. Une surcharge de 48% sur 96%
du trafic réduit la durée de vie d'une route de 15 ans à 4
ans15. C'est de ce constat qu'il devient impérieux de
travailler à la mise en place du contrôle de la charge à
l'essieu dans les pays.
Il est alors évident que « la route reste le
mode de transport dominant en Afrique. L'activité de ce mode de
transport représente 80 à 90% du trafic interurbain et
inter-Etats de marchandises. En termes de déplacements quotidiens, il
apparaît de même comme le mode de transport qui assure le plus de
voyages, tous motifs confondus »16. De par son coût,
il reste le seul moyen accessible aux populations. Cependant, les transports
dans l'Union sont entravés par la mauvaise qualité des routes.
Ainsi, à l'intérieur de chaque pays, les réalités
ne sont pas meilleures comme nous le montrent les données nationales du
Togo.
B. Les réalités internes aux Etats membres de
l'UEMOA : le cas du Togo
La nomenclature des routes au Togo permet de scinder le
réseau routier national en trois types. Il s'agit des routes nationales,
des voiries urbaines(VU) et des pistes rurales (PR). Au total, ce réseau
s'étend sur 11 272 km donnant des densités de 20,70 km/100
km2 et de 1,87 km pour 1000 habitants17.
D'abord, le réseau des routes nationales comprend les
routes nationales revêtues (RNR) et les routes nationales non
revêtues (RNNR). La longueur totale des RNR répertoriées en
décembre 2007 est d'environ 1 718,8 km, soit 21,7% de l'ensemble du
réseau routier. Quant aux routes nationales non revêtues, elles
sont longues de 1 354,3 km et équivalent à 17,1% de l'ensemble du
réseau routier national.
Ensuite, la longueur totale des pistes rurales en
décembre 2007 est de 6 802 km. Il s'agit des pistes rurales
classées (PRC) et des pistes rurales non classées (PRNC) longues
respectivement de 892 km et 5 910 km soit 8,7% et 57,3% du réseau
routier national dans le même ordre.
Enfin, le dernier inventaire réalisé par
l'Agence de Développement Urbain et Municipal CITAFRIC en 2007 estime la
longueur de la voirie urbaine au Togo à 434 km. Sur cet ensemble, 60%
environ relèvent de la seule commune de Lomé. Comme on le voit,
les
15 Actes de la première édition du Salon
International des Transports en Afrique de l'Ouest (SITRAO) tenu à
Bamako le 12 mars 2009 sur le thème : les transports, facteur
majeur de développement et d'intégration.
16 Note conceptuelle de la Conférence des
Ministres Africains en charge du transport routier, Durban (Afrique du sud), 15
- 19 octobre 2007, page 2.
17 Ces données comme celles qui suivent sont
tirées de Rapport économique, financier et social 2008,
Loi de finances 2009 (Togo) page 72. Elles sont en nette progression par
rapport à celles des tableaux précédents qui datent de
décembre 2007. On peut noter une légère augmentation de la
longueur des routes nationales due au bitumage de la route Sokodé
-Tchamba-Frontière Bénin et de l'aménagement des VU.
pistes rurales non classées sont au prorata de 57,
3% de l'ensemble du réseau. A l'évidence, la
qualité du réseau dans son
ensemble se détériore surtout en saison
des pluies, limitant du coup les possibilités de
mobilité des personnes et des biens. Sur la base des travaux de la
Direction Générale des Travaux Publics (DGTP)
datés de 2007 et du
Rapport économique, financier et , page
70
social 2008, Annexe 2, Loi de finances 2009 (Togo) , il
est possible de dresser le
4
tableau global de l'état du réseau routier
au Togo à travers la figure n° .
Figure
n° 4 : Etat du réseau routier
togolais par Région et par type
POURCENTAGES
40
20
70
60
50
30
10
0
|
Routes Nationales Revêtues
|
Routes Nationales Non Revêtues
|
Pistes Rurales Classées
|
Voies Urbaines
|
Etat du réseau: Bon
|
33
|
13
|
4,8
|
2,4
|
Etat du réseau: Moyen
|
50
|
67,6
|
37,4
|
42,8
|
Etat du réseau: Mauvais
|
17
|
19,4
|
57,8
|
54,8
|
A
l'évidence est que le réseau routier
togolais n'est pas
de bonne qualité. En effet,
13 % seulement de ce réseau sont bons
contre 49% de qualité moyenne. Quant aux 37%, ils
alité. Mais
sont simplement de mauvaise qu , au regard de la figure
n°4, dans ces réalités
le type
globales se cachent des disparités selon du
réseau. Ainsi, les voies urbaines sont celles
qui présentent la plus mauvaise qualité
avec un pourcentage de 54,8%. Elles sont suivies des PRC (5
7,8%), des RNNR (19,4%) et des RNR (17%). Par ailleurs,
on note que les RNR en bon état représentent 3
3% contre respectivement 13% ; 4,
8% et 2,4% pour les RNNR, les PRC et les VU. Le reste
du réseau routier est de qualité moyenne. Un tel visage du
réseau routier a nécessairement une
incidence négative sur les transports
routiers. De plus, les
tracasseries qui
usagers des routes dans l'Union doivent surmonter un
certain nombre de
.
s'identifient aux barrières non
tarifaires
Paragraphe 2 : Les tracasseries routières :
véritables barrières à la circulation
A l'instar de la mauvaise qualité des voies de
communication, les tracasseries constituent une véritable entrave
à la circulation des personnes, des biens et des services autant au sein
des territoires nationaux que dans l'espace communautaire. Elles sont
perçues sous le double plan administratif et sécuritaire (A) et
des pertes financières enregistrées (B).
A. Les tracasseries administratives et
sécuritaires
Les tracasseries administratives rappellent les
difficultés que rencontrent, d'une part, les transporteurs et, d'une
autre, les commerçants dans le convoyage de leurs marchandises ainsi que
dans leurs propres déplacements. Sur cet aspect, en dépit de la
Décision n° 7/2001/CM/UEMOA du 20 septembre 2001 portant adoption
de la stratégie communautaire et d'un réseau d'infrastructures
routières au sein de l'UEMOA, il est à noter que, de nos jours,
des formalités administratives sont encore exigées aux
ressortissants des pays de l'Union lors de la traversée de certaines
frontières.
En ce qui concerne les tracasseries douanières,
policières et de gendarmerie, elles s'entendent des difficultés
qu'éprouvent biens et personnes aux traversées des postes de
contrôle policier, gendarme ou douanier à l'intérieur et
aux frontières des Etats.
Globalement, ces tracasseries relèvent davantage du
comportement des hommes qui ont du mal à accepter des dispositions qui
les privent de menus avantages illégaux. Ainsi, le personnel des douanes
et celui de la police, ainsi que de la gendarmerie transforment les barrages
destinés à contrôler le bon déroulement des voyages
en points de rackets.
L'espace UEMOA révèle un ensemble de corridors
prioritaires du fait de la fréquence de la circulation sur ces voies
dans l'optique de desservir les différents Etats. Sur ces corridors qui
sont le support physique des échanges sous-régionaux, des points
de contrôles ont été installés. Certains sont
légaux, d'autres par contre résultent de pratiques anormales
tendant à entraver la fluidité des échanges.
L'Observatoire pour les Pratiques Anormales (OPA) dans la zone a, au fil des
années, procédé à des observations par des
enquêtes dissimulées en faisant voyager des individus à
l'insu de tous.
Il résulte des travaux de la Commission sur la
localisation des postes de contrôle effectués en octobre 2005 lors
de la Conférence des ministres en charge des transports entrant dans le
cadre de la mise en place d'un plan régional de contrôle sur les
onze axes routiers inter-Etats prioritaires de l'espace UEMOA la carte
ci-dessous.
Carte des corridors et points d'emplacement des postes de
contrôle routier au départ, aux passages frontaliers et à
la destination finale de
l'UEMOA
Source : Plan Régional de contrôle sur les onze axes
routiers inter-Etats prioritaires de l'UEMOA, Octobre 2005
Selon le rapport de l'Observatoire des Pratiques Anormales
(OPA) établi sur la période du 16 juin au 30 septembre 2008, le
corridor Ouagadougou-Bamako a la plus forte densité de barrières.
Soit au total près de 36 arrêts par voyage avec un ratio de 3,95
arrêts aux 100 km pour ce 3ème trimestre de l'année 2008.
Il faut préciser que cette forte densité provient surtout du
nombre élevé de barrières du côté malien, qui
enregistre 29 barrières alors qu'il y en a 7 du côté
Burkinabé. Le corridor Lomé-Ouagadougou s'est illustré, ce
trimestre, par le nombre le moins élevé de barrières avec
18,3 arrêts pour un ratio de 1,80 arrêt aux 100 km. Il est à
noter que les arrêts intempestifs sont dus en grande partie et par ordre
de grandeur décroissant, à la gendarmerie, à la police et
à la douane au Mali.
Ces données récentes contrastent dans bien des
cas avec celles qui résultent des enquêtes réalisées
il y a cinq ans au moins. C'est d'ailleurs ce qui explique le fait que l'OPA
évoque des avancées en matière de réduction des
tracasseries routières dans l'espace communautaire. Le tableau n°3
présente la fréquence de ces barrières sur certains axes
routiers principaux dans la zone CEDEAO entre 1999 et 2000.
Tableau n°3 : Fréquence des postes de
contrôles sur quelques axes routiers entre 1999 et 2000
Parcours
|
Distance (km)
|
Nombre de postes
|
Fréquences (1/100km)
|
Lagos-Abidjan
|
992
|
69
|
14
|
Niamey-Ouagadougou
|
337
|
20
|
17
|
Lomé-Ouagadougou
|
989
|
34
|
29
|
Cotonou-Niamey
|
1 036
|
34
|
30
|
Abidjan-Ouagadougou
|
1 122
|
37
|
30
|
Accra-Ouagadougou
|
972
|
15
|
65
|
Source : CEDEAO, (2000).
Il ressort du tableau n°3 que l'on dénombrait au
moins 14 postes de contrôles sur 100 km et au plus 65 sur la même
distance en 2000. Même si ces données confirment des
avancées évidentes en rapport avec les réalités
actuelles, il n'en reste pas moins que les barrières qui subsistent sont
à la base de dépenses énormes pour les conducteurs.
B. Les implications financières des tracasseries
routières
Les tracasseries induisent une perte de temps pour les passagers
mais aussi elles ont une réelle implication sur les pertes d'argent
comme indiqué sur le tableau n°2.
Tableau n°2 : Coûts des barrages routiers
illégaux sur quelques axes routiers de l'espace UEMOA
|
Togo :
Lomé - Cinkansé
|
Burkina Faso:
Cinkansé - Ouaga - Bobo
|
Mali :
Frontière Burkina F. - Bamako
|
Total
|
Barrages routiers
|
5
|
32
|
15
|
52
|
Coût (FCFA)
|
125.900
|
387.065
|
243.717
|
756.682
|
Source : KOITA Y. (2005) : La situation
générale des opérations de transport sur les corridors de
la Communauté
Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO),
page 6.
En nous référant à cette même
source, on compte au total quatre (4) barrages entre Lomé et Malanville
en République du Bénin. Le coût induit par ces 4 barrages
est de 20 000 francs CFA, une somme qui est inférieure aux 125 900 FCFA
que perdent les passagers entre Lomé et Cinkansé. Les
données collectées et analysées indiquent également
que les perceptions illicites moyennes par corridor, les plus
élevées, ont été effectuées sur le corridor
Ouagadougou-Bamako, avec 40.850 FCFA par voyage. Cette situation est
essentiellement imputable au Mali, qui, avec 31.509 FCFA, bat le record des
perceptions les plus élevées par pays et par corridor au cours
d'un voyage. Au contraire, le corridor Tema-Ouagadougou enregistre les niveaux
de prélèvement les moins élevés, avec 13.770 FCFA,
mais il demeure malgré tout assez contraignant en matière de
tracasseries.
Ainsi, les prélèvements illégaux
participent à l'augmentation des prix de revient des marchandises dans
les pays sahéliens. En effet, compte tenu de leur situation
d'enclavement, le commerce extérieur de ces pays est influencé
par les coûts des transports de leurs marchandises. Par exemple, pendant
que les coûts de transports interviennent pour 10% à 15 % dans le
prix de revient des marchandises dans les pays à façade maritime
de la sous-région, il est de 25% à 45%, voire 60% dans certains
cas comme au Burkina Faso18. C'est dire que l'essentiel de ces
coûts provient du passage portuaire et du transport terrestre. On
dénombre dans la zone environ un barrage tous les 38 km avec un
coût moyen de dépenses par barrage estimé à 2 000 F
CFA.
Les résultats d'un exercice de simulation des manques
à gagner dus à la non-application de la Convention TRIE de 1997,
dans les huit (8) Etats membres de l'UEMOA, sont récapitulés dans
le tableau n°4. Il s'agit des études réalisées par la
Commission Economique Africaine (CEA) en 2006 et portant sur une estimation du
transit routier du Burkina Faso, du Mali, du Niger passant par les ports de
Dakar, d'Abidjan, d'Accra, de Lomé et de Cotonou. Le tonnage est
d'environ 1.125.000 tonnes de marchandises.
18 Ali TRAORE, Directeur Général du
Conseil Burkinabé des Chargeurs dans Fluidité et
encombrement des transports terrestres, document pdf
téléchargé le 20 novembre 2008.
Tableau n°4 : Principaux déterminants des pertes
induites par les barrages routiers par an
Rubriques
|
Unités
|
Nombre de camions chargés de 30 tonnes pour
l'évacuation des marchandises
|
37.500 camions
|
Distance moyenne parcourue par camion et par voyage
|
1.100 km
|
Total kilomètres parcourus par rapport au Tonnage
annuel
|
41.250.000 km
|
Nombre de barrages routiers : à raison de 1 par 40 km
|
1.031.250
|
Coût moyen par barrage
|
2.000 F CFA
|
S/Total coût global des barrages routiers
|
2.062.500.000 F CFA
|
Nombre de camions correspondants au coût global des
barrages routiers à raison de 80 millions de FCFA/camion
|
27 camions neufs
|
Nombre d'heures perdues à raison de 10 mn par barrage
.soit
.soit
|
171.875 heures 7.161 jours
239. mois
|
Coût directs correspondants au nombre de mois perdus :
· Chauffeur : 100.000 F/mois
· apprenti : 20.000 F/ mois
|
23.900.000 FCFA 4.780.000 FCFA
|
S/Total coût supplémentaire du personnel roulant
|
28.680.000 FCFA
|
Coût global du transit en termes de manque à
gagner
|
2.091.180.000 FCFA
|
Source : CEA (2006) cité par KOITA Y., Animateur du sous
groupe 2.4.1 de l'AIPCR in La situation générale
des
opérations de transport sur les corridors de la Communauté
Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest
(CEDEAO).
Au regard du tableau n°4, sur une année de trafic
en provenance des ports de Dakar, d'Abidjan, d'Accra, de Lomé et de
Cotonou et à destination du Burkina Faso, du Mali et du Niger, 2 062 500
000 F CFA de frais supplémentaires sont perdus à raison de 2 000
francs par barrage routier. Ce montant équivaut au prix d'achat de 27
camions neufs à raison de 80 millions de F CFA l'un. Dans le même
temps, on a essayé d'évaluer le montant perdu par les conducteurs
et leurs apprentis du fait du temps qu'ils perdent à ces barrages. Pour
ce faire, en supposant qu'un camion perd 10 mn par barrage, l'incidence
financière globale annuelle pour l'ensemble des camions, en ce qui
concerne le personnel roulant, est de 28 680 000 F CFA. Sur cette base, le
coût global du transit en termes de manque à gagner annuellement
est estimé à 2 091 180 000 F CFA. Ces résultats confirment
les données du Rapport de l'OPA en 2008, qui stipule que « de
tels rackets induisent aussi des pertes de temps sur la route pour les
conducteurs. Le retard dû aux nombreux arrêts se décline par
ordre de grandeur comme suit : sur le corridor Tema-Ouagadougou, long de 1057
km, les pertes totales de temps sont
estimées à 249 mn soit 24 mn de retard aux
100 Km. Sur l'axe Bamako-Ouagadougou, long de 920 km, on enregistre une perte
de temps de 181 mn soit 20 mn de retard aux 100 km. Enfin,
Lomé-Ouagadougou, distant de 1020 km, compte 75 mn de retard soit 7,3 mn
aux 100 km.»
Au total, le réseau routier de l'ensemble de la
sous-région est non seulement en mauvais état, mais aussi souffre
de fluidité du fait de l'existence des barrages routiers ainsi que de la
complexité des démarches administratives. Toutefois, la route
reste un instrument important dans le développement économique du
Togo ainsi que de son insertion dans l'espace communautaire. Voyager donc sur
les routes de l'Union coûte cher, sans doute au moins aussi cher que de
parcourir les grandes autoroutes payantes européennes.
En 2005 par exemple, un poids lourd doté d'une remorque
doit payer 293 € (environ 192 200 F CFA) pour 100 km. En 2000, un poids
lourd faisant la route Bamako-Dakar (1 245 km) devait payer en moyenne de 217
à 220 € pour 200 km « de péage sauvage ». A la fin
des années 90, il en coûtait 122 € pour 100 km entre Lagos et
Maiduguri (ville frontalière du Cameroun située au Nord du
Nigeria). On paye donc pratiquement aussi cher pour rouler sur une autoroute
européenne à 4 voies ou plus, que sur les routes ouest-africaines
à 2 voies traversant villages et villes et pleines de nids de poules.
Seulement, à la différence de la pratique en vigueur en Europe,
les « péages » ouest-africains sont le plus souvent de simples
« taxations informelles » qui n'alimentent aucun fonds de
construction ou d'entretien routier.
Ainsi, de la présentation de l'historique et des
objectifs de l'intégration des Etats de l'UEMOA à celle des
transports et du réseau routiers comme véritable outil de
l'intégration physique en Afrique de l'ouest, nous avons pu montrer que
pour atteindre véritablement les objectifs assignés à ce
regroupement sous-régional, les Etats membres doivent pouvoir mettre en
pratique les différentes normes dans le but d'augmenter la dotation de
l'Union en routes et d'en améliorer la qualité. Dans cette
logique, l'importance des transports et du réseau routiers dans
l'intégration des Etats de l'UEMOA mérite d'être
présentée.
Deuxième partie :
ROLE DES TRANSPORTS ET DU RESEAU ROUTIERS DANS LE
PROCESSUS DE L'INTE GRATION DES ETATS DE L'UEMOA
La présentation du rôle des transports et du
réseau routiers dans le processus d'intégration ouest-africaine
part du fait que l'UEMOA, outil d'intégration économique et
monétaire, fait aussi de l'interconnexion entre ses Etats membres une
priorité. En effet, depuis sa mise en place en 1994, cette organisation
sous-régionale prend de plus en plus d'importance dans le processus de
l'intégration de l'Afrique de l'Ouest dans son ensemble. Au niveau de
l'Union Africaine (UA), même si c'est la CEDEAO qui est retenue comme la
Communauté Economique Régionale (CER) devant régir
l'intégration dans cette partie du continent, il est évident que
les efforts réalisés par l'UEMOA constituent, de loin, un exemple
d'intégration sous-régionale. C'est pourquoi depuis 1994, elle a
fait de la phrase « la route du développement passe par le
développement de la route » un cheval de bataille. Cette
phrase à elle seule est un indicateur du rôle qu'entendent confier
les dirigeants de cet espace à la route dans le processus
d'intégration qu'ils réalisent.
Dans tous les cas, l'intégration en question prend en
compte la libre circulation des personnes et des biens pour des raisons
économiques et touristiques. Dans ces conditions, la réalisation
de la libre circulation des personnes et des biens passe par l'existence des
facteurs de mobilités. Un des plus importants, car accessible à
tous, reste la route. En tant que telle, elle reste dans l'espace UEMOA le
moyen de transport le plus utilisé par les populations. Ce faisant, les
infrastructures routières deviennent, plus qu'un moyen de transports, un
véritable outil intégrateur (Chapitre 1), dont la rentabilisation
passe par la levée de trois défis principaux (Chapitre 2).
Chapitre 1 : TRANSPORTS ET RESEAU ROUTIERS :
VERITABLES OUTILS D'INTEGRATION ET DE DEVELOPPEMENT DANS L'ESPACE
UEMOA
La route reste le mode de transport dominant en Afrique.
L'activité de ce mode de transport représente 80 à 90% du
trafic interurbain et inter-Etats de marchandises19. En termes de
déplacements quotidiens, il apparaît de même comme le mode
de transport qui assure le plus de voyages, tous motifs confondus. De par son
coût, il reste le moyen le plus accessible aux populations. Pour ce
faire, les transports et le réseau routiers présentent dans la
sousrégion des enjeux multiples dans les processus d'intégration
et de développement. Une étude de la Banque Mondiale
réalisée en 2006 montrait qu'une diminution de 10% du prix des
transports entraînerait 25% d'augmentation du commerce africain. Du coup,
la route, plus qu'un simple moyen de transport, est un facteur
intégrateur (section 1) et un facteur de développement
socio-économique (section 2).
Section 1 : Rôle des transports et du réseau
routiers dans la régionalisation de l'espace UEMOA
Selon BIGNICOURT J., « la régionalisation a deux
significations. D'une part, elle est un processus d'analyse,
c'est-à-dire l'emboîtement d'unités territoriales
subalternes au sein de cadres géographiques progressivement
étendus. D'autre part, la régionalisation est une action ».
Elle est alors perçue comme une politique de décentralisation
confiant à des autorités régionales représentatives
une partie des prérogatives administratives de l'Etat. Dans un sens
comme dans l'autre, elle diffère fondamentalement du régionalisme
qui revêt un caractère idéologique visant à
l'autonomisation régionale axée sur la contestation du pouvoir
centralisateur de l'Etat qui fait très souvent référence
aux revendications identitaires et sécessionnistes.
A l'échelle communautaire, la régionalisation
prend d'abord le sens d'un processus d'analyse qui vise, en dernier ressort,
l'emboîtement des territoires nationaux des huit Etats membres de l'Union
dans un ensemble plus grand. On s'accorde alors à dire que le processus
d'intégration sous-régionale doit aboutir à une
réorganisation spatiale, c'est-à-dire à la création
d'un espace communautaire. C'est ici qu'intervient le second sens qui est
relatif à la perception de l'intégration comme une action. En
effet, l'UEMOA vise, dans le cadre de sa
19 Note conceptuelle de la Conférence des
Ministres Africains en charge du transport routier, Durban (Afrique du sud), 15
- 19 octobre 2007, page 2.
politique d'aménagement du territoire communautaire,
à créer un espace harmonisé dont les principaux
déterminants se rattachent plus au niveau sous-régional qu'au
niveau national.
Il convient alors, au regard des dispositions du Protocole
additionnel n° II au Traité de 1994 en son article 6, de dire que
les Etats membres doivent harmoniser les plans nationaux d'infrastructures en
vue de l'équilibre des différentes composantes du territoire
communautaire et du désenclavement des zones frontalières.
L'objectif de cette vision est de créer un territoire homogène
dont l'appréciation tient plus compte de l'UEMOA que de ses Etats
membres. Cependant, l'intégration véritable passe par la
constitution de Nations fortes et économiquement viables.
Notre approche nous conduit à montrer en quoi la route
peut être un réel facteur d'unité nationale (paragraphe 1)
et stimuler du même coup l'intégration sous-régionale entre
les huit Etats de l'UEMOA (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Transports et réseau routiers
comme facteur d'unité nationale
Le mauvais état des routes, en général,
et leur praticabilité saisonnière, en particulier, sont
vécus de façon différentielle selon les pays à
l'échelle régionale. Au sein d'un même pays, cette
disparité permet de faire une typologie qui distingue les zones
frontalières du reste du territoire. Il en est de même de la
distinction à faire entre zones enclavées et zones
désenclavées, milieux ouverts et milieux fermés,
localités spatialement insérées et localités
spatialement non insérées. Il en résulte une analyse
axée sur la situation d'enclavement au niveau des Etats (A) et
l'approche « pays-frontière » comme solution plausible de
désenclavement des zones transfrontalières (B).
A. L'enclavement, expression géographique de la
discontinuité des réseaux routiers
Dans les pays de l'UEMOA, comme partout ailleurs, la plupart
des zones frontalières souffrent d'une absence chronique de voies de
communication qui induit une extraversion de leur économie. En fait,
dans les zones transfrontalières, le problème de l'inexistence de
routes ou de leur mauvais état prend une forme particulière. En
lien direct avec les frontières héritées de la
colonisation, les zones frontalières sont très souvent les plus
enclavées. Cette situation relève non seulement de leur
éloignement par rapport à la capitale, mais davantage de la
question de la sécurité. A cet égard, l'Est de la
région des Plateaux au Togo avec les localités de
Kpékplémé, Glitto ou Igboloudja constitue un exemple
éloquent. Dans ces localités rurales, on assiste à un
développement des échanges transfrontaliers qui prennent corps
autour de la théorie des avantages comparatifs qui fait que les
Béninois achètent des céréales du
côté
togolais alors que les Togolais importent des produits
pétroliers du Bénin. Néanmoins, il est à
préciser le caractère purement informel de ces
transactions20.
A une toute autre échelle, des contrées quoique
situées loin des frontières souffrent des retombées
négatives de l'enclavement. On a pu parler à juste titre de
localités enclavées qui rappellent le sens de «
landlock » qui signifie « enfermer à
l'intérieur des terres » puisque d'après le Dictionnaire
Harcourt (
www.harcourt.com), en
géographie, l'enclavement rappelle « un région qui n'a pas
d'accès à la mer 21». Plus encore que
l'accès à la mer, l'enclavement des localités dans les
pays de l'espace UEMOA s'assimile à « l'isolement dans lequel
se trouve une aire plus ou moins étendue, souvent dans un milieu
montagneux ou désertique, du fait de l'absence ou de l'insuffisance des
moyens de communication»22.
L'idée qui sous-tend notre analyse est que, en
l'absence de routes pour relier les localités frontalières au
reste du territoire national, ou les localités d'un même Etat
entre elles, l'on peut réfléchir à la mise en place
d'infrastructures de transports dans une logique nationale ou communautaire. Si
au niveau interne des différents Etats, c'est la notion de
centralité qui doit régir la mise en place de ces
infrastructures, au niveau communautaire, le concept de «
pays-frontière » tel qu'énoncé par les conclusions du
Séminaire de Sikasso en 2002 nous paraît pertinent.
B. Le concept « pays-frontière », une
innovation dans l'aménagement des zones frontalières
Aux termes du séminaire sous-régional de Sikasso
le «pays-frontière» a été définit comme
un espace géographique à cheval sur les lignes de partage de deux
ou plusieurs États limitrophes où vivent des populations
liées par des rapports socio-économiques et culturels. Cette
définition du «pays-frontière» reconnaît
l'existence des lignes frontières entre les différents pays et
s'appuie sur une communauté dynamique vivant des mêmes
réalités socioéconomiques et culturelles. Il vise à
renforcer la politique d'intégration sous-régionale
ouest-africaine par la création de zones d'intégration de
proximité.
A partir de sa mise en oeuvre, les populations commenceront
par se sentir membres d'une entité unique à laquelle elles
peuvent s'identifier. De plus, la notion de Nation prend tout son sens et les
obstacles liés à la suspicion d'exclusion de certaines
communautés seront
20 NOYOULEWA T. A. (2006) : Enclavement et
développement des zones rurales d'Afrique subsaharienne : Recherche
bibliographique, Mémoire de DEA, Société -
Environnement - Aménagement, Laboratoire de Recherche sur la Dynamique
des Milieux et des Sociétés (LARDYMES), Université de
Lomé, 111 pages.
21 Traduit de l'anglais « a land region
having no access to a waterway » tel que présenté dans
le dictionnaire cité
22 RABALLAND G. et ZINS M. (2003) : "La
question de l'enclavement en Asie centrale", in Cahiers d'Etudes sur la
Méditerranée Orientale et le Monde Turco-Iranien (CEMOTI),
n° 35 de janvier - juin 2003.
http://www.cemoti.revues.org/document759.htlm,
document téléchargé le 28 juin 2005.
franchis afin que la marche des nouveaux Etats de l'Afrique de
l'Ouest vers la constitution des Nations aboutisse plus rapidement.
L'avantage de cette approche est que, dans le plus grand
nombre de pays au monde, les revendications identitaires commencent toujours
autour d'une question d'exclusion par rapport aux richesses du pays. Dans cette
logique, que ce soit chez les Touaregs du Niger, dans la Région du Delta
au Nigeria, chez les Basques en Espagne ou en France, les mouvements de
revendication ou de sécession commencent par le fait que des peuples se
sentent exclus de l'entité territoriale à laquelle ils sont
supposés appartenir. Dans certains cas, les difficultés de
ralliement de la capitale par les voies de communication conventionnelles
restent la preuve physique de cette exclusion.
En conséquence, les populations qui le peuvent, du fait
de leur situation géographique, se tournent vers les pays voisins pour
s'approvisionner en produits de base. L'absence des routes qui permettraient
l'insertion spatiale de ces sociétés dans le réseau de
leur pays se conjugue avec l'unité linguistique et
monétaire23 pour entraîner un fait nouveau. Il s'agit
du fait que les populations des zones frontalières enclavées
développent une logique qui traduit une exclusion par rapport au reste
du pays. La conséquence de cette situation est que, à long terme,
l'unité nationale risque d'être menacée.
Autant dire que la route, plus qu'un simple moyen de
transport, est un outil d'unité nationale. Elle permet à toutes
les communautés de se sentir proches à travers les
échanges qu'elles entretiennent. C'est pourquoi, il a été
souvent reproché aux dirigeants politiques de certains pays de ne se
rendre dans certaines localités qu'en période électorale
et de ne s'en souvenir que quand approchent des élections du fait de
l'impraticabilité des routes. Une telle situation n'est pas de nature
à conforter l'unité nationale qui, en définitive, est la
base de toute intégration régionale véritable et
durable.
Paragraphe 2 : Transports et réseau routiers
comme facteur d'intégration régionale
L'intégration régionale s'entend dans cette
analyse de la formation d'espaces communautaires au sein desquelles les
pratiques sont harmonisées (A) puis de la possibilité offerte
à chaque citoyen des Etats membres de cette entité à
mouvoir sans contraintes majeures (B).
23 Allusion au fait que dans la plupart des cas, les
frontières ont divisé des familles qui sont dorénavant
à cheval sur une frontière. Aussi, l'usage du F CFA dans les pays
frontaliers encourage-t-il les échanges commerciaux.
A. Le rôle des transports et du réseau
routiers dans la réalisation d'un ensemble
communautaire homogène
A la première Session de la Conférence des
Ministres Africains des transports tenue à Alger du 21 au 25 avril 2008
sur le thème «Transport, moteur de l'intégration et du
développement durable de l'Afrique», les Ministres en charge
des transports du continent ont adopté une série d'initiatives
connues sous le vocable de « Déclaration d'Alger ». Sur la
base de ce texte et au vu de la Décision
EX.CL/Dec.294 de la IXème
Session du Conseil Exécutif tenue à Banjul en juillet 2006
instituant la Conférence des Ministres Africains des Transports, les
Ministres des transports réunis ont réaffirmé «
le rôle des infrastructures et des services de transport, dans le
développement politique, économique et social ainsi que pour
l'intégration de l'Afrique, afin de lui assurer une participation
significative à la mondialisation.»
Pour ce faire, les Communautés Economiques
Régionales (CER), en tant que piliers de l'intégration africaine,
sont appelées à la mise en oeuvre des programmes de
développement des infrastructures et des services de transport.
L'idée qui sous-tend cette préoccupation est que
l'intégration au niveau des CER passe par l'existence d'un
système de transport fiable, sûr, efficace et abordable en
Afrique.
Le phénomène du transport en commun reste un
défi à relever en Afrique de l'Ouest et dans l'espace UEMOA en
particulier. Pour relever ce défi qui ouvrirait la voie à une
intégration réelle des peuples, la construction d'une
infrastructure routière de bonne qualité et en quantité
suffisante est un impératif. A cet égard, l'universitaire et
Secrétaire Général du Centre d'Etudes Européennes
et de l'Intégration (CEEI), Luc Marius IBRIGA s'interroge sur
l'utilité de l'Union africaine et des institutions
sous-régionales si elles ne fondent pas les projets d'un
développement durable du continent sur les réalités
sociales diverses ; elles mêmes tributaires de la possibilité
qu'ont les peuples à se déplacer facilement sur des routes bien
faites.
De fait, si l'UEMOA, entité faisant partie
intégrante de la CEDEAO, veut, à terme, réaliser ses
objectifs en matière d'intégration, il va falloir qu'elle puisse
au préalable mettre en place les infrastructures adéquates
à la libre circulation des personnes et des biens.
B. Les transports et le réseau routiers, facteurs
de la libre circulation dans
l'UEMOA
La libre circulation des personnes et des biens est la
clé de l'intégration. Les chefs d'Etat en ont conscience. Pour
réussir l'intégration, il va falloir que les gens se sentent
libres de circuler. Sur cette base, la route apparaît comme l'un des
meilleurs outils véritables dans l'intégration effective des
populations de cette sous-région. En fait, comment des peuples
peuvent-ils se sentir membres d'une même entité
sous-régionale si, au préalable, ils ne peuvent pas facilement
accéder aux lieux qu'ils désirent visiter ?
De nouvelles théories devraient prendre corps pour
guider la mise en place des infrastructures de transport dans l'espace
communautaire. En effet, la mise en commun des ressources communautaires
permettra de viabiliser les routes qui relient des localités voisines,
habitées très souvent par un même peuple mais à
cheval sur deux entités nationales différentes. La viabilisation
de ces infrastructures permettra de rapprocher davantage les populations des
Etats membres de l'UEMOA et induira à coup sûr un plus grand
contrôle en matière de sécurité. Cette
conséquence est aussi perceptible en cas de ralliement des zones de
production à celles de consommation afin de créer une plus-value
morale du fait de la prise de conscience de la complémentarité
entre les régions et entre les pays d'un même espace. Autant
d'éléments qui peuvent stimuler l'intégration à la
base et entre les peuples.
Dans cette optique, l'UEMOA s'attelle à coordonner,
harmoniser et intégrer les réseaux et les services des transports
et à faciliter le transport et le transit routiers au niveau des
corridors conjointement identifiés avec la CEDEAO. Le Programme
d'Actions Communautaires des Infrastructures et des Transports Routiers
(PACITR) prévoit dans cette même logique, l'installation des
postes de contrôle juxtaposés et l'élimination des
pratiques anormales.
Au total, l'importance et le rôle des infrastructures et
des services de transport dans le développement politique,
économique et social, ainsi que pour l'intégration de l'Afrique
sont évidents. Les infrastructures assurent à terme à la
sous-région et plus encore à l'Afrique une participation plus
significative à la mondialisation. C'est pourquoi, pour que
l'intégration régionale soit effective, il faut avant tout
construire de véritables Nations économiquement viables.
Ainsi, l'état des économies nationales et
communautaire demeure le fondement de la politique d'intégration ; mais
il paraît nécessaire d'analyser le rôle que peuvent jouer
les transports routiers dans leur développement.
Section 2 : Rôle des transports et du réseau
routiers dans le développement des Etats de l'UEMOA
En adoptant en avril 2008 un Plan d'action pour les Transports
Routiers sur la période 2008-2012, les Ministres Africains des
transports traduisaient dans les faits l'attachement des Gouvernements de leurs
pays respectifs à un développement durable du continent pour le
bien-être des populations.
A l'échelle du continent, les chantiers
d'infrastructures requièrent un budget de 5 milliards de dollars par an
soit près de 3 000 milliards de F CFA. Dans la sous-région
ouestafricaine, les investissements au titre du Programme Communautaire des
Infrastructures Routières est de 1 195 milliards de F CFA. Au niveau
national, les Etats devront leur consacrer 5% du PIB sans compter les sommes
nécessaires pour la maintenance des routes. Ce faisant, les
retombées de ces engagements sont considérables. Selon une
étude datant de 2006, les entreprises africaines sont
compétitives lorsque seule la productivité de l'usine est prise
en compte. Mais elles perdent leur compétitivité lorsque le
surcoût lié à la médiocrité des moyens de
transport est pris en compte. En ce sens, ne pas investir dans les
infrastructures ne fait que perpétuer le fardeau. En Ouganda par
exemple, on estime que les exportations du secteur des textiles coûtent
80% de plus en raison des coûts élevés des transports.
Pour cela, il y a lieu de montrer le rôle des transports
et du réseau routiers dans les économies nationales des Etats
(Paragraphe 1) puis, partant, dans l'économie de la communauté
tout entière (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : L'importance des transports et
réseau routiers dans les économies
nationales
L'importance des transports et du réseau routiers dans
les économies nationales est examinée à travers le fait
que la route est à la fois un vecteur de liaison entre bassins de
production et points de commercialisation (B) d'une part, et entre les ports
côtiers et pays de l'hinterland (B) d'autre part.
A. La route, vecteur de liaison entre bassins de production
et centres de
commercialisation
La déconnexion de certaines contrées rurales par
rapport à l'espace territorial joue contre la solidarité
nationale en dépit des efforts qui sont faits jusqu'ici pour promouvoir
un développement intégral. Ainsi, les zones enclavées,
très souvent rurales, apparaissent comme les zones les plus pauvres
à l'échelle des Etats. Eu égard aux difficultés des
transports qui y prévalent, les paysans de ces contrées sont
obligés de vendre leurs récoltes à des prix
dérisoires du fait de l'impossibilité d'accès aux points
de commercialisation. On assiste dès lors à une augmentation des
prix des opérations culturales de l'ordre de 44% à 75%. Dans le
même temps, le prix des intrants agricoles connaît une hausse qui
avoisine 16% contre 50% pour les prix d'achat des outils de travail. Lorsqu'on
sait que, contrairement à la tendance des prix d'achat des diverses
composantes du prix de production, les prix de vente des produits
récoltés connaissent plutôt une tendance à la baisse
par rapport à ceux pratiqués dans les marchés plus
intégrés au réseau national, on peut aisément
déduire que les populations vivant
dans ces localités rurales frontalières et/ou
enclavées sont plus exposées à la pauvreté. En ce
sens, l'on a pu estimer à 65% la variation des prix des
céréales à Koutougou, localité frontalière
avec le Bénin, située au sud-est de la préfecture de la
Kéran au Togo, durant la campagne agricole 2004-200524. Une
telle faiblesse des prix des céréales à Koutougou
découle de sa situation enclavée entre la rivière Binah au
Sud, la chaîne de l'Atakora au Nord et à l'Ouest puis la
frontière béninoise à l'Est.
Pour inverser cette situation, la mise en place des
infrastructures de communication devient un impératif. Ainsi, un nouveau
maillage doit voir le jour afin de permettre de relier les pôles de
productions et les centres urbains ou semis-urbains commerciaux. Cette
initiative a pour but de faciliter l'accès des paysans aux points de
vente de leurs produits afin d'accroître leurs possibilités
financières. Quoiqu'il en soit, c'est l'économie nationale qui en
ressentira les retombées puisqu'elle pourra profiter des investissements
réalisés par la masse paysanne qui, il faut le rappeler,
représente 60 à 90% de la population active dans les Etats de
l'UEMOA.
B. La route, vecteur d'échanges entre pays
côtiers et ceux de l'hinterland
Le rôle des infrastructures routières dans le
développement économique de ces Etats peut s'apercevoir à
travers l'importance que revêt la route dans les liaisons entre les pays
côtiers et ceux enclavés du sahel. Ainsi, la route assure le
transport de plus de 95% des marchandises entre les ports des pays de la
côte et les pays enclavés (Burkina Faso, Niger et Mali).
Par ailleurs, autant dans les pays côtiers que dans ceux
de l'hinterland, on remarque que la part prise par les droits et taxes à
l'importation dans les recettes nationales n'est pas négligeable. Elle
varie en effet de 03% et 05% selon les années et les pays25.
De ce point de vue, les exportations togolaises vers les pays de l'UEMOA - qui
se font à 95% par la route - représentent 43,3% de la valeur
totale des exportations et se chiffrent à 61,3 milliards de F CFA. Ces
transactions se font essentiellement dans l'ordre d'importance avec le Niger
(17,1 milliards soit 12% des exportations) et le Bénin (14,6 milliards
soit 10,3% des exportations) suivis par le Burkina Faso avec 9,2% de la part
des exportations26. En 2004 par exemple, le transit en import et
export au port de Lomé en provenance et à destination des pays du
Sahel
24 Ces données sont tirées de NOYOULEWA
T. A. (2005) : Koutougou, un terroir Temberma enclavé dans la
Kéran, Mémoire de Maîtrise de géographie
rurale, Université de Lomé, pp. 85-87.
25 Au Togo, les droits et taxes à
l'importation (DTI hors TVA) sont de 40 738,7 milliards, 48 037 milliards et 42
831,6 milliards en 2006, 2007 et 2008 respectivement et représentent
4,01%, 4,64% puis 4,10% du PIB durant les mêmes années dans le
même ordre selon le Rapport économique, financier et
social, Annexe n°2, Loi de finances 2009, pages 13-27.
26 Données tirées du Rapport
économique, financier et social, Annexe n°2, Loi de finances
2009, page 35.
membres de l'UEMOA était de 914 mille tonnes de
marchandises. Or, le seul moyen de transport de marchandises reliant ces pays
et le port de Lomé est la route terrestre.
A l'évidence, les défaillances des
infrastructures routières sont ressenties de manière
disproportionnée par les populations les plus démunies et les
plus enclavées dans les Etats. Ainsi, une mobilisation visant à
améliorer l'état des routes permettra aux personnes
marginalisées de participer au développement de leur pays.
Autant dire que pour que l'Union joue pleinement son
rôle d'intégration, il est urgent de mener des politiques qui
favorisent la promotion de pôles de développement et qui
contribuent à un meilleur rééquilibrage du peuplement et
à l'émergence de véritables réseaux routiers
fonctionnels basés sur les intérêts comparés de
chaque Etat.
Paragraphe 2 : L'importance des transports et
réseau routiers dans l'économie communautaire
En matière d'infrastructures, rappelons que l'Union en
est faiblement dotée. Elle accuse un retard important par rapport
à la plupart des autres régions du monde en termes de
quantité, qualité, coût et égalité
d'accès des populations aux infrastructures de communication. Il en
résulte une faible compétitivité des économies, une
imparfaite intégration des marchés, des difficultés de
circulation des personnes, des biens et services et une faible croissance
économique, obstacle majeur à la réduction de la
pauvreté. Alors que le minimum requis pour induire le
développement en termes de densité du réseau routier est
d'au moins 20 à 25 km de route pour 100 km2, la zone de
l'UEMOA n'est qu'à une moyenne de 4,73 km. Il s'en suit un blocage
manifeste de la production et des échanges, puisque beaucoup de zones ne
sont pas desservies. C'est pourquoi ce paragraphe prend en compte la route
comme facteur de l'intégration de l'économie (A) et comme
stimulateur du développement (B).
A. La route, facteur d'une économie
sous-régionale intégrée
On note en Afrique occidentale une forte proportion de la part
du coût des transports dans la valeur marchande des produits à
l'exportation avec par exemple 36% pour le Mali contre 9% dans les pays
développés et 17% pour l'ensemble des pays les moins
avancés. Ce faisant, l'implication de cette situation est la hausse des
prix des produits de consommation de base.
L'espace UEMOA est loin d'être un îlot de
prospérité socio-économique tel qu'en rêvent les
dirigeants. Actuellement, les approches adoptées par les Etats sont
plutôt celles d'économies concurrentielles, essentiellement
basées sur des activités de rentes. Celles-ci sont soit d'origine
agro-exportatrice, soit d'exploitation minière à l'état
brut, soit de commerce de
réexportation avec une économie d'entrepôt
qui tend à transformer la région en de véritables «
poubelles » des pays industrialisés. Par ailleurs, les
échanges entre les Etats de la région sont estimés
à seulement 15%. Le reste (85%) se fait avec l'extérieur, mais
à des conditions qui ne permettent pas de tirer profit de ces
activités commerciales27. Cette désintégration
de l'économie sous-régionale est non seulement le fait de la
similitude des conditions naturelles et humaines mais davantage découle
de l'inexistence des voies de communications terrestres pour le
déplacement des moyens de production et des produits.
Il est temps d'inverser cette tendance extravertie de
l'économie de la sous-région par la diversification des
productions et par le renforcement du support physique des échanges. La
politique d'aménagement du territoire devrait également mettre
l'accent sur la création de meilleures opportunités de
développement en renforçant la complémentarité des
économies. Par exemple, la crise ivoirienne a mis en évidence
l'insuffisance et les grands déséquilibres du maillage et des
liaisons entre les villes côtières et celles de l'intérieur
de la région. En effet, l'analyse du fonctionnement de l'espace montre
que les réseaux urbains sont déséquilibrés et mal
connectés, faute de réseaux routiers intégrés, de
chemins de fer achevés et de moyens de transport adéquats.
B. La route, véritable stimulateur du
développement communautaire
Sur le plan social, la pauvreté demeure une
préoccupation quotidienne dans les Etats membres. Le
phénomène est aggravé par d'autres fléaux tels que
le Sida, le paludisme et l'analphabétisme. En effet, la plupart des
indicateurs sociaux de l'Union sont à des niveaux peu satisfaisants. Le
nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté se situe
à 45 % en moyenne de la population totale. Le taux de mortalité
infantile (0 à 1 an) est estimé à 103 %o contre 92 %o pour
l'Afrique subsaharienne. Les taux de scolarisation primaire et secondaire se
situent, respectivement, à 64 % et 15 %, contre 77 % et 27 % pour
l'Afrique Subsaharienne. L'espérance de vie à la naissance y est
de 47 ans, au même niveau que celui de l'Afrique Subsaharienne.
Dans l'ensemble de l'espace UEMOA, la question du
développement reste une préoccupation majeure. Les graphiques
n°s 4 et 5 conçus à partir des données du
Bilan du monde 2007 : L'Atlas de 174 pays, la situation économique
internationale28, présentent les principaux
déterminants socio-économiques dans les différents pays et
dans l'ensemble de
27 Cette situation découle d'une situation
différenciée entre pays côtiers et pays de l'hinterland.
Les premiers, du fait de leurs ports, sont des lieux de transit au profit des
seconds qui ne peuvent échanger essentiellement qu'avec le moyen
portuaire.
28 Le Monde : Bilan du monde 2007 : L'Atlas de 174
pays, la situation économique internationale, Le Monde, Hors
série, pp. 41, 89 et 125
l'espace communautaire. Ces graphiques établissent
respectivement le PNB par habitant et l'indice du développement humain
dans les différents Etats de l'espace.
Figure n° 5: PNB/hab. dans les pays de l'UEMOA
0
Bénin
900
800
700
PNB/Hab.
600
500
400
300
200
100
Burkina
Faso
Côte
d'Ivoire
Guinnée
Bissau
Mali
Niger
Sénégal
Togo
UEMOA
510
400
840
370
380
240
710
350
475
PNB/hab.
Pour évaluer le niveau de développement des pays
du monde, l'on a recours à des indices qui sont soit le Produit
Intérieur Brut (PIB) soit le Produit National Brut (PNB). Le PIB, en
comptabilité nationale, est la somme des valeurs ajoutées (biens
et services) réalisées annuellement sur le territoire national
par les entreprises d'un pays, quelle que soit leur nationalité. Quant
au PNB, c'est la somme totale du PIB et du solde des revenus de facteurs de
production transférés par l'étranger et/ou à
l'étranger. Il est souvent retenu pour caractériser la puissance
économique d'un pays. Dans l'UEMOA et au regard du graphique n°5,
il est en moyenne de US 475 $. Sur cette base, seuls la Côte d'Ivoire, le
Sénégal et le Bénin avaient en 2007 un PNB
supérieur à la moyenne communautaire avec 840, 710 et 510 dollars
US dans le même ordre. Dans le même temps, le Niger et le Togo, par
exemple, ne présentent que 270 et 350 dollars US par habitant et par an
respectivement.
A l'évidence, la moyenne régionale reste encore
bien loin de celle des autres pays en développement, des pays
émergents ou des pays développés. On peut ainsi noter que
l'Angola et le Cameroun ont un PNB de 1350 et 1010 dollars US contre 3460 et
1740 dollars US pour le Brésil et la Chine. En ce qui concerne les pays
développés, ils ont un PNB plus élevé, se situant
autour de 38 980 et 34 810 dollars US pour le Japon et la France à titre
indicatif.
Cependant, cette donnée qui caractérise la
puissance économique ne traduit pas réellement le niveau de
développement du pays. Aussi a-t-on recours à l'Indice de
Développement Humain (IDH) dont la valeur par pays est
présentée sur la figure n° 6.
Figure n° 6: IDH dans les pays de l'UEMOA
0,5
0,4
IDH
0,3
0,2
0,1
0
Bénin
IDH
0,44
0,33
0,4
0,34
0,49
0,46
0,42
0,42
0,31
0,6
Burkina
Faso
Guinnée
Bissau
Niger
Sénégal
Togo
UEMOA
Côte
d'Ivoire
Mali
L'Indice de Développement Humain (IDH), est un
indicateur économique servant à évaluer le niveau de
développement d'un pays et reposant sur trois éléments
fondamentaux : la longévité (espérance de vie à la
naissance), le savoir (taux d'alphabétisation et de scolarisation) et le
niveau de vie (PNB par habitant). Dans son appréciation, plus il se
rapproche de 1, plus le niveau de vie du pays est élevé. Il est
en moyenne de 0,405 dans l'UEMOA et dénote du niveau de pauvreté
qui y règne.
Mais, la situation diffère d'un pays à un autre.
Ainsi, le Togo, le Sénégal, la Guinée, le Bénin et
la Côte d'Ivoire ont un IDH respectif de 0,495 ; 0,460 ; 0,445 ; 0,428 et
0,421. Quant aux autres pays, leur IDH est inférieur à la moyenne
communautaire.
Toutefois, il faut préciser que l'IDH des pays de
l'UEMOA les placent très loin dans le classement mondial des pays
riches. A ce titre, on peut citer la France et les Etats-Unis qui ont un IDH de
0,942 et 0,948 dans le même ordre. Avec l'IDH le plus élevé
de la zone, le Togo, par exemple, est classé 143ième
pays sur 177 classés. Quant au Niger, son IDH de 0,311 le place
simplement en dernière position du classement mondial.
En définitive, notre analyse nous permet d'avancer que
la zone UEMOA constitue une véritable poche de pauvreté dans le
monde et que des efforts doivent être faits en vue de la rendre plus
viable économiquement. A ce sujet, le développement des
infrastructures de transports routiers constitue une voie idoine pour y
parvenir.
Dans un article intitulé « Des infrastructures
pour le développement » paru dans Jeune Afrique hors série
n°12 : l'état de l'Afrique en 2006, Gobind NANKANI,
vice-président de la Banque Mondiale pour l'Afrique, pense qu'à
l'heure où l'Afrique et ses partenaires élaborent des
stratégies pour réduire la pauvreté et doper la
croissance, la construction d'infrastructures fait figure de priorité.
Elles conditionnent à son avis autant le bien-être des hommes que
la croissance économique.
A cet effet, il affirme que les infrastructures de transport
sont au coeur de la stratégie de la Banque Mondiale pour l'Afrique. Leur
amélioration devrait accroître la productivité,
libérant les potentialités pour l'agriculture, une
activité qui emploie près de 75% d'Africains.
Dans cet ordre d'idées, pour réduire la
pauvreté en Afrique d'ici 2015, les pays africains devront porter leur
niveau de croissance à 7% par an. Une infrastructure inadéquate
rendra plus difficile cet objectif. Une étude de la Banque Mondiale
montre que si le niveau des infrastructures de communication avait
été dans les années 1980 comparable à celui de
l'Asie de l'Est, le taux de croissance annuel en Afrique afficherait
aujourd'hui 1,3 point de plus. Dans la réalité, au cours de ces
années, l'aide au développement provenant de l'étranger
consacrait 4 milliards de dollars aux infrastructures. Cette enveloppe a
été réduite, pour n'atteindre que 2,4 milliards de dollars
en 2003. Dans le même temps, l'élan attendu par le secteur
privé ne s'est jamais concrétisé et les investissements
privés ont été plutôt absorbés par les
télécoms et se sont focalisés sur l'Afrique du
Sud29.
Cependant, outre la nécessité de mettre en place
les infrastructures routières pour conforter l'unité nationale,
doper l'économie des Etats, réaliser l'intégration de ces
Etats et la croissance de l'économie communautaire, il y a lieu de noter
que la levée des barrières tarifaires et non tarifaires ainsi que
des autres obstacles à la fluidité des transports participe
à la construction d'un espace communautaire économiquement viable
et homogène.
29 NANKANI G. (2006) : Des infrastructures pour le
développement, in Jeune Afrique : L'état de l'Afrique en 2006
: 53 pays à la loupe, hors série n°12, page 75.
Chapitre 2 : COMMENT RENTABILISER LES INFRASTRUCTURES
ROUTIERES DANS L'ESPACE UEMOA ?
La Recommandation n°04/97/CM du 21 juin 1997 du Conseil
des Ministres en charge des transports de l'UEMOA énonçait dans
son préambule le rôle primordial des infrastructures et des
transports routiers dans la réalisation de l'intégration
économique des Etats membres de l'UEMOA. Aussi ajoutait-elle la
nécessité d'entreprendre, à court et moyen termes, des
actions prioritaires, en matière d'infrastructures et de transports
routiers, dans la perspective de l'élaboration et de la mise en oeuvre,
à terme, d'une politique sectorielle commune des transports.
Pour la Commission Economique pour l'Afrique (CEA), les
transports sont indispensables pour la réalisation des Objectifs du
Millénaire pour la Développement (OMD) et de ceux de
l'intégration en Afrique. Il faut, pour ce faire, absolument renforcer
la compétitivité de l'Afrique sur les marchés mondiaux et
régionaux en réduisant le coût élevé des
transactions qui est aggravé par le mauvais état des
infrastructures de transport30.
En s'inspirant des conclusions du Conseil des Ministres des
Travaux Publics et des Transports des Etats membres de l'UEMOA, réuni le
30 mai 1997 à Ouagadougou (Burkina Faso), la Recommandation invite les
Etats membres de l'UEMOA à mettre en oeuvre, à court et moyen
termes, un Programme d'Actions Communautaires des Infrastructures et des
Transports Routiers (PACITR), s'articulant autour des axes qui prennent en
compte le plan institutionnel, ceux des infrastructures routières, des
transports et de la sécurité.
Sur cette base, pour tirer un plus grand profit de la route
dans l'environnement d'étude, l'Union doit renforcer ou mettre en place
les institutions et les infrastructures routières (Section 1) puis lever
les obstacles liés à la fluidité des transports tout en
renforçant la sécurité sur les routes (Section 2).
Section 1 : Sur les plans institutionnel et des
infrastructures routières
Tout comme à l'échelle des Etats, toute
politique visant à améliorer le secteur des transports dans
l'Union doit se fonder sur des institutions adaptées et dotées de
personnalité morale et juridique (Paragraphe 1). C'est à elles
que revient la mission de mettre en place et d'exécuter les
différents projets en matière de réhabilitation, de
construction et d'entretien des infrastructures routières (Paragraphe
2).
30 CEA et UA (2008) : Etat de
l'intégration régionale en Afrique III, page 44.
|
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NOYOULEWA T. Adong (2009) | Transports routiers et
intégration des Etats de l'UEMOA
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55
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Paragraphe 1 : Des réformes
institutionnelles
Les réformes institutionnelles en matière de
gestion des infrastructures routières dans l'espace UEMOA doivent se
faire à une échelle nationale (A) d'une part et à une
échelle communautaire (B) d'autre part.
A. Les réformes institutionnelles à
l'échelle nationale
En général, l'option faite par un organe
national ou interétatique d'améliorer la dotation de son
territoire en une infrastructure donnée provient de ses dirigeants. Il
en est de même pour les infrastructures de transports routiers qui,
inscrites dans une logique concurrentielle, peuvent faire l'objet d'une
marginalisation par rapport à d'autres moyens de transports.
Pour que l'Union opte pour de grands efforts de construction,
de réhabilitation et d'entretien de routes, il faut d'abord que ses
responsables soient convaincus du bien-fondé d'une telle option. En
effet, bien d'autres moyens de transports existent ou peuvent exister dans
l'espace communautaire. Il s'agit, entre autres, de la voie ferroviaire et de
la voie aérienne.
Mais, il faut encore souligner que la route reste le moyen le
plus efficace et le plus accessible dans l'espace communautaire. Pour ce faire,
les dirigeants doivent résolument s'engager sur la voie de
l'amélioration des performances des routes nationales. C'est dans cette
perspective que doivent s'inscrire les réformes institutionnelles qui
visent à doter les Etats d'institutions capables de recentrer la
question des transports routiers ou à renforcer celles
déjà existantes.
De ce fait, des améliorations institutionnelles devront
permettre aux Etats de favoriser :
- la création de comités nationaux, sectoriels et
sous-sectoriels en matière de transport au niveau des Etats,
- la création et/ou le renforcement des banques de
données routières avec l'introduction des Systèmes
d'Informations Géographiques (SIG),
- la mise en place d'un mécanisme de suivi et
d'évaluation du Programme au sein des
Etats.
En définitive, cet ensemble d'aménagements au
niveau des Etats membres de l'UEMOA permettront à terme la mise en place
d'un système d'échanges d'informations sur le secteur au niveau
communautaire.
B. Les réformes institutionnelles à
l'échelle communautaire
Les projets actuels visant à l'harmonisation des normes
de construction et d'entretien du réseau inter-Etats, à la
définition et à l'adoption d'un statut juridique communautaire du
réseau inter-Etats, à l'élaboration d'un Code
communautaire de la route et à la mise en place d'un système
d'information sur les accidents de la route sont à encourager. Ces
projets devraient dépasser à présent leur stade de voeux
pour connaître une réelle application dans les faits.
C'est pourquoi nous recommandons la mise sur pied de
comités inter-cantonaux à cheval sur les frontières. Une
telle initiative permet que des cantons voisins appartenant à deux pays
différents puissent collaborer à travers les comités
inter-cantonaux dans la recherche de solutions aux questions de transport.
Aussi, ce comité, reconnu par les administrations des Etats auxquels ils
appartiennent, seront-ils actifs dans tous les domaines relevant du domaine de
l'aménagement du territoire frontalier.
En somme, la création de ce nouvel acteur en
matière de gestion des questions relevant de l'Union permet de combler
le vide depuis longtemps laissé par les dirigeants. En effet,
très souvent, les populations à la base, qui sont censées
vivre l'intégration au quotidien sont mises à l'écart dans
la gestion des problèmes qui les concernent. Il en est ainsi des
populations frontalières qui vivent tous les jours toutes les formes
d'intégration sans trop savoir qu'il existe à l'échelle du
pays des structures en charge de ces questions.
L'objectif pratique de cette réforme institutionnelle
est de résoudre la question du procès qui est souvent fait
à l'UEMOA et qui fait d'elle une institution aux mains des
élites. L'association des peuples à la gestion de leurs
problèmes quotidiens à une échelle supérieure
à celle de leurs Etats leur fera prendre conscience de la
réalité de l'intégration.
Ce choix de renforcement institutionnel au sein des Etats
devrait induire un meilleur équilibre afin que le projet communautaire
en matière d'aménagement du territoire ne souffre des
disparités perpétuelles qui existent entre les Etats. C'est
d'ailleurs cette prédisposition qui permettrait aux Etats de se
mobiliser au même titre et avec un même engagement dans la
recherche des moyens économiques pour réaliser les projets en
matière d'infrastructures de transports.
Paragraphe 2 : Renforcement de la dotation en
infrastructures routières La dotation de l'espace communautaire
en routes, en quantité (A) et en qualité (B) suffisantes est une
nécessité.
A. De la dotation en infrastructures routières en
quantité suffisante
Celle-ci résulte du fait que les indicateurs
relevés autant en termes de longueur des routes par unité de
surface que par effectif de population sont très faibles dans l'Union.
Les seuils enregistrés de nos jours sont de 20,70 km/100 km2
et de 1,87 km pour 1000 hab. Cette dotation a pour objectifs de moderniser tous
les maillons manquants du réseau routier interEtats, d'harmoniser les
programmes d'entretien périodique et courant des routes bitumées
inter-Etats et d'uniformiser le niveau de service des routes revêtues du
réseau inter-Etats.
La démarche actuelle qui régit la
réalisation de ces objectifs dans l'Union est conçue autour de
l'élaboration d'un programme d'action communautaire à partir des
programmes nationaux, de la répartition des axes routiers en routes
inter-Etats et internationales (RIE) et en réseau de routes
d'interconnexion (RI). Dans ce cadre, le programme d'action commune prend en
compte deux composantes majeures, à savoir les routes bitumées et
les routes en terre. Sur chacune de ces routes, trois sous-composantes seront
exécutées. Il s'agit de l'entretien, de la réhabilitation
et de l'aménagement. De plus, un programme spécifique couvre le
volet ouvrages d'art.
Selon le communiqué final rendu public à
l'issue des travaux du Conseil des Ministres chargés des Infrastructures
et des Transports Routiers des Etats Membres de l'UEMOA réuni le 31
juillet 2009 à Ouagadougou, les différents problèmes qui
se posent dans le cadre de la définition et de la mise en place d'un
schéma d'amélioration des infrastructures de transport routier
dans l'espace UEMOA ont été analysés. Ces
difficultés concernent, notamment l'inexistence de textes communautaires
harmonisés devant faciliter et améliorer la construction,
l'entretien, l'exploitation et la gestion de ces infrastructures, conditions
indispensables devant permettre à celles -ci de jouer pleinement leur
rôle crucial dans le développement économique de la sous
-région31.
En son état actuel, le programme d'action
communautaire vise essentiellement à relever les seuils de dotation de
la zone en routes. Mais il ne sert à rien de construire des routes sans
pouvoir les entretenir ou pour les laisser se dégrader rapidement du
fait du mauvais usage qui en est fait.
B. Des infrastructures routières de
qualité
Le programme d'action communautaire en matière
d'infrastructures routières met un accent particulier sur la
réhabilitation et l'aménagement par les Etats du réseau
routier interEtats de l'Union, l'affectation par les Etats de ressources plus
importantes à l'entretien de
31 La Semaine de l'UEMOA, bulletin hebdomadaire de
l'UEMOA, N° 247 Du 03 au 09 août 2009, document Bull247.pdf
téléchargé le 08 septembre 2009 sur www.uemoa.int.
l'ensemble du réseau routier. Par ailleurs, il est
indispensable d'oeuvrer pour le respect par les Etats de la charge à
l'essieu d'exploitation de 11,5 tonnes sur le réseau routier et la mise
en oeuvre par les Etats d'une politique nationale de recherche sur les
matériaux de construction routière.
Là encore, l'Union jette tout son dévolu sur les
réalisations qu'elle peut faire et celles réservées aux
Etats. Il se pose du coup la question de la pérennité des
infrastructures. Les Etats ne peuvent-ils pas associer les populations à
la gestion des routes ? Comment les Etats peuvent-ils mobiliser les ressources
nécessaires à la construction des routes ?
Généralement, la mise en place des
infrastructures routières dans les pays du Sud répond aux besoins
économiques. Ainsi, certaines régions à l'intérieur
d'un même pays ont été plus dotées en routes que
d'autres, créant des disparités énormes, qui
elles-mêmes sont porteuses de disparités sociales. A titre
indicatif, dans la Région des Plateaux au Togo, la zone Ouest, zone
d'économie de plantation par excellence présente les seuils les
plus élevés en routes par opposition à la zone
orientale.
Lorsqu'on sait le niveau toujours élevé
d'investissement que requiert la construction des routes, ce choix paraît
raisonnable. Cependant, l'évidence est que moins une région est
desservie, moins elle se développe. C'est donc un grand défi
financier que doit relever l'Union dans sa marche vers le
développement.
A titre d'exemple, le coût initial du volet relatif aux
infrastructures routières interétatiques au titre du Programme
d'Actions Communautaires des Infrastructures et du Transport Routiers (PACITR)
adopté en 2001 par l'UEMOA est de 11 237 milliards de F CFA pour couvrir
13 300 km de routes. Dans le même temps, le programme quinquennal
prioritaire qui concerne 8 610 km de routes devait coûter 637 milliards
de F CFA. Quant à la composante des routes secondaires rurales qui vise
à mettre en place un réseau routier rural transfrontalier de 750
km, il devait engloutir 3,75 milliards de F CFA sur trois ans.
Il ressort de ces composantes et autres que le coût
total du PACITR est de 1 253,5 milliards de francs CFA. De cet ensemble, seuls
281 milliards, soit 22,4% ont été débloqués alors
que 972,5 milliards restent à rechercher. Il est alors clair que le
défi de la mise en place des infrastructures routières s'assimile
à bien des égards à une question budgétaire. Par
ailleurs, quand elles existent, les routes dans l'Union doivent servir aux
transports de plus en plus fluides et en sécurité.
Section 2 : Les défis de la fluidité et
de la sécurité des transports
Il s'agit de présenter les dispositions à mettre
en oeuvre au sein de l'UEMOA pour lever les obstacles relatifs aux transports
routiers (Paragraphe 1) et à la sécurité sur les routes
(Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : La fluidité des transports
routiers dans l'espace UEMOA
La question de la fluidité des transports routiers dans
l'UEMOA est un élément essentiel dans la viabilisation de la
route afin d'en faire un outil de développement et d'intégration.
C'est en ce sens qu'il y a lieu d'examiner l'amélioration de
l'état de la route (A) et les défis liés aux tracasseries
dont font l'objet les usagers de la route (B), pour démontrer comment
leur amélioration peut être décisive dans l'économie
communautaire.
A. L'amélioration de l'état des routes
De tout le réseau routier dans l'espace UEMOA, seuls
21,7% sont constitués de routes nationales revêtues (RNR). Le
reste rassemble, comme on l'a déjà dit, les routes nationales non
revêtues, les pistes rurales classées et les pistes rurales non
classées. Ainsi, le mauvais état des routes n'est plus à
démontrer. Même les routes nationales revêtues, qui font
toujours l'objet d'un entretien, sont en mauvais état par endroit.
Tout comme la construction, l'entretien des routes
nécessite des investissements aussi élevés qu'il est
parfois difficile aux Etats de les assumer.
Au Togo par exemple, le Fonds d'Entretien Routier (FER) a,
entre 1997 et 2006, dépensé 58 086 712 617 francs CFA pour
assurer l'entretien des routes sous son ressort. Durant ces dix années,
à travers les postes de péages et d'autres activités, le
Fonds a fait des recettes d'une valeur de 59 583 642 949 francs CFA. La marge
brute de bénéfices sans les charges administratives sur dix ans
s'élève donc à 1 496 930 330 francs CFA, soit moins de 150
millions de francs CFA par an32.
L'idée qui sous-tend cette analyse est que, si l'on ne
peut contester aux Etats leur rôle dans la construction des routes,
l'entretien de celles-ci peut faire l'objet d'une nouvelle approche. Celle-ci
doit associer les différents usagers à la gestion de la route et,
par conséquent, à son entretien. Dans cette optique, le tableau
n°5 ci-après propose une nomenclature des routes dans l'espace et
les acteurs qui peuvent être associés à leur gestion.
32 Données tirées de FER MAGAZINE
n°01, mai - juillet 2007, page 16.
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NOYOULEWA T. Adong (2009) | Transports routiers et
intégration des Etats de l'UEMOA
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60
|
Tableau n°5 : Esquisse d'une gestion participative de la
route dans l'espace UEMOA
Echelle d'analyse
|
Nomenclature des routes dans l'espace UEMOA
|
Sous-composantes de la gestion de la route
|
Construction
|
Entretien périodique
|
Réhabilitation et renforcement
|
Aménagement et bitumage
|
Construction des ouvrages d'art
|
Commu- nautaire
|
Routes Interétatiques
|
UEMOA
|
UEMOA
|
UEMOA
|
UEMOA
|
UEMOA
|
Routes d'interconnexion
|
ETATS/UEMOA
|
ETATS/PRIVES
|
ETATS/PRIVES
|
ETATS
|
ETATS
|
Nationale
|
Routes Nationales
|
ETATS
|
ETATS/PRIVES
|
ETATS/PRIVES
|
ETATS
|
ETATS
|
Routes régionales
|
ETATS
|
PRIVES
|
PRIVES
|
ETATS
|
ETATS
|
Routes préfectorales
|
ETATS
|
REGIONS
|
REGIONS
|
-
|
REGIONS
|
Routes cantonales
|
ETATS
|
COMMUNES
|
COMMUNES
|
-
|
COMMUNES
|
De ce qui ressort de l'analyse du tableau n°5, la
nomenclature en vigueur et qui permet de distinguer les routes nationales
revêtues de celles qui ne le sont pas, les pistes rurales classées
de celles qui ne le sont pas, ne permet pas de traduire les différents
niveaux d'échelles dans lesquelles se posent les questions des
transports.
Pour pallier cette insuffisance, à défaut de
changer complètement ladite nomenclature, il y a lieu d'introduire une
nomenclature propre lorsqu'il est question de percevoir le problème des
moyens de transport sous l'angle de leur gestion. De cette nouvelle approche,
l'on pourra distinguer aisément les routes et les entités
auxquelles elles sont rattachées. L'analyse doit alors se situer
à deux niveaux : au niveau communautaire et au niveau national.
Le niveau communautaire permet de distinguer les routes
interétatiques et les routes d'interconnexion. Les routes
interétatiques s'identifient aux routes à vocation
internationale. Elles permettent dans l'espace UEMOA de relier les huit pays.
Leur gestion devrait revenir dans toutes ses composantes à la Commission
de l'UEMOA à travers son Département de l'Aménagement du
Territoire Communautaire, des Transports et des
Télécommunications. Quant aux routes d'interconnexion, ce sont,
à l'échelle des Etats, les routes nationales. L'UEMOA peut
participer à leur construction à travers des financements
remboursables à long terme sur les bénéfices
dégagés de la gestion des routes. Cependant, son rôle doit
s'arrêter à ce niveau, le reste de leur gestion devant revenir aux
organes nationaux de gestion des routes.
Le niveau national regroupe l'ensemble du réseau
routier sur le territoire national. Comme tel, il se subdivise en quatre types
de routes, toutes devant être construites par les Etats à travers
un organe central en charge des routes.
NOYOULEWA T. Adong (2009) | Transports routiers et
intégration des Etats de l'UEMOA
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61
|
Les routes nationales sont celles qui ont pour vocation de
relier les différentes régions au sein du pays. En ce qui
concerne leur entretien courant, leur réhabilitation et leur
renforcement, les Etats doivent établir un partenariat avec le secteur
privé. Ici, le secteur privé est entendu comme des personnes
physiques et morales représentant toute ou partie des usagers de la
route. Il s'agit, entre autres, des conseils des chargeurs, des syndicats des
conducteurs, des commerçants... Mais lorsqu'elles doivent faire l'objet
d'aménagements ou de bitumage, c'est principalement l'Etat qui en est
l'acteur.
Par ailleurs, on distingue au niveau des Etats les routes
régionales. Elles lient les préfectures d'une région entre
elles. Leur gestion quotidienne doit faire l'objet de consortiums entre le
public et le privé sur la même base que dans le cas des routes
nationales.
Dans ces deux cas, l'Etat assure la construction des ouvrages
d'art, notamment les ponts et autres ouvrages de franchissement ainsi que le
bitumage en cas de besoin.
Les routes préfectorales lient les cantons d'une
même préfecture. Ce sont les conseils régionaux qui doivent
être les premiers responsables dans leur gestion alors que les communes
devraient s'occuper de la dernière catégorie constituée de
routes cantonales. Dans ces deux cas, la construction des ouvrages d'art qui
sont des ponceaux et des radiers d'une valeur pas très importante, peut
revenir respectivement aux régions et aux communes.
La mise en place de cette approche ne va pas sans
difficultés. La première relève du
fait que les entités citées pour participer
à la gestion de la route n'existent pas partout et, là
oüelles existent, elles ne sont pas dotées d'une
même personnalité juridique. C'est d'ailleurs ce
qui appelle à l'harmonisation au préalable des
politiques sectorielles, notamment dans le domaine de l'aménagement du
territoire. En ce qui concerne les terminologies, elles peuvent bien s'adapter
aux réalités de chaque pays. Ainsi, on pourra reconnaître
facilement les routes préfectorales à travers les routes
départementales, etc.
Dans l'ensemble, l'ambition qu'a l'approche participative
proposée est la mobilisation de ressources suffisantes pour entretenir
les routes. Elle résulte du fait que, dans leur état actuel, les
routes sont très peu entretenues par les Etats. Il revient alors
à chacune des structures désignées de mettre en place un
mécanisme pour rentabiliser la route. Le système des postes de
péages devrait donc faire l'objet d'une analyse pour être
introduit et/ou étendu avec les assouplissements nécessaires
selon le type de route. D'ailleurs, une telle autonomisation de la gestion des
routes responsabiliserait davantage les usagers et permettrait aux
collectivités locales et régionales de dégager des
ressources à investir dans d'autres domaines puisque la route doit
à terme devenir une véritable industrie rentable.
Outre les défis liés à l'amélioration
de l'état des routes, la réduction des tracasseries sur les
routes est un élément important dans la fluidité des
transports routiers de l'espace.
B. Les défis liés aux pratiques anormales
Les tracasseries s'identifient aux entraves humaines
rencontrées par les usagers de la route. Dans l'espace UEMOA, ce sont
les contrôles administratifs effectués par les gendarmes, les
policiers et les douaniers. Il s'agit pour nous de montrer les dispositions qui
peuvent être prises en vue de faciliter la circulation sur les routes de
l'Union étant entendu que les tracasseries ont été
identifiées comme un frein à la fluidité des transports.
Ainsi, outre l'OPA au niveau communautaire, il faut mettre un accent sur la
création d'observatoires nationaux des transports, indépendants
et dont le financement proviendrait des Etats et des autres acteurs du domaine
des transports.
Par ailleurs, la limitation au niveau des Etats des postes de
contrôles routiers, permettrait aux usagers de passer moins de temps sur
le territoire national. Ainsi, les services de police, de gendarmerie et de
douane pourraient harmoniser leurs méthodes de travail afin de mener
conjointement les contrôles. Cette option permettrait de réduire
le nombre de contrôles qui ont lieu entre deux frontières
nationales.
Enfin, la création par les Etats de postes frontaliers
juxtaposés de contrôle est identifiée comme solution
plausible au temps perdu à la frontière lorsque les conducteurs
sont obligés de passer deux contrôles de part et d'autre d'une
même frontière. Dans cette logique, un programme communautaire de
construction de postes de contrôle juxtaposés aux
frontières a été mis en place. Dans sa phase pilote
lancée depuis 2007, ledit programme s'attelle à construire trois
postes, notamment aux frontières Togo -Burkina (Cinkanssé),
Côte d 'Ivoire - Burkina (La Léraba) et Bénin - Niger
(Malanville). La poursuite du programme tient sur huit postes. Il s'agit des
postes aux frontières Bénin - Burkina, Bénin - Togo
(Hillacondji), Burkina - Mali (Hérémankono), Burkina - Niger,
Côte d'Ivoire - Mali, Mali - Niger (Labizanga), Sénégal -
Guinée Bissau (Mpack) et Sénégal -Mali (Diboli).
De plus, l'UEMOA travaille à la mise en place de
Comités Techniques de Suivi en vue de lever les barrières non
tarifaires sur les routes de l'espace. Ces comités pourraient
également encourager les Etats à harmoniser leurs dispositions
nationales en la matière. De ce point de vue, il est question de mettre
en place un tableau de bord qui permettra une évaluation
périodique des composantes à base d'indicateurs précis
retenus. Ces comités pourront en outre mener des actions de
sensibilisation et de communication dans les Etats au plus haut niveau ainsi
qu'au niveau des acteurs des transports.
Si toutes ces actions conduisent à des résultats
relativement intéressants, il faut néanmoins dire
qu'au-delà de ces initiatives communautaires, les Etats doivent
intègrer la dimension de fluidité des transports dans toutes les
politiques de développement. En ce sens, l'association des autres
acteurs des transports, notamment les usagers à travers les syndicats et
les conseils des chargeurs, aux missions improvisées de contrôle,
serait salutaire. Il s'agit par cette approche participative de responsabiliser
les conducteurs en leur donnant la possibilité de découvrir les
nombreuses irrégularités constatées et qui justifient dans
une certaine mesure la réticence des Etats à lever les
barrières.
L'approche participative ainsi évoquée a pour
intérêt d'associer les populations dans leurs diverses composantes
aux actions de l'Union. L'objectif visé est de faire en sorte que les
différentes instructions données aux utilisateurs de la route ne
prennent pas toujours la forme d'injonctions punitives, surtout lorsqu'on sait
que dans la plupart des cas, il n'y a pas que les irrégularités
qui ouvrent la voie aux sanctions pécuniaires.
En définitive, notre approche permet d'inscrire les
contrôles effectués dans une dimension de
«contrôleurs-contrôlés». En fait, le cadre mixte
de contrôle composé de tous les acteurs du secteur des transports
chargé de mener des descentes improvisées sur le terrain pour
suivre comment les conducteurs se conforment aux normes et comment les
contrôleurs se prennent pour faire exécuter les directives, permet
d'éviter les abus. C'est aussi en ce sens que se situent les voies de
recours à mettre en place. Il faut, pour ainsi dire, donner la
possibilité aux conducteurs et autres acteurs de disposer des voies de
recours quand ils se sentent victimes d'abus de la part des
contrôleurs.
A terme, une plus grande organisation de ce volet permet de
résoudre dans une large mesure les problèmes
d'insécurité qui sont observés sur les routes.
Paragraphe 2 : Les défis liés à
l'insécurité
L'insécurité sur la route désigne
l'ensemble des facteurs qui mettent en danger les usagers de la route. Elle
peut découler de l'état physique des routes et la formation des
conducteurs (A) ou/et des actes des bandes criminelles (B).
A. L'insécurité liée au mauvais
état de la route et à la formation des
conducteurs
La question de l'état des routes a été
abordée plus haut comme un véritable obstacle à la
fluidité de la circulation. En effet, elle constitue un facteur
important dans la sécurité des usagers de la route. En ce sens,
il est à retenir que, plus les routes sont en bon état, moins les
accidents surviennent. L'état de la route est un facteur important dans
la sécurité des
passagers et des marchandises. De plus, le bon état de
la route augmente la durée de vie des moyens de transports et du coup la
rentabilité de l'activité routière. C'est aussi dans cette
perspective qu'il faudra créer et améliorer les centres de
visites techniques dans tous les Etats de l'Union afin de maintenir
l'état du matériel roulant dans des conditions optimales.
Par ailleurs, les accidents de circulation dans la zone
tiennent quelques fois à la mauvaise formation des conducteurs. Pour
remédier à cette situation, il y a lieu de passer par
l'introduction par les Etats de l'enseignement du code de la route dans les
programmes scolaires jusqu'au collège, la formation des formateurs, des
conducteurs et des évaluateurs dans les Etats de l'Union,
l'intensification du contrôle du respect de la signalisation sur les
véhicules, le renforcement de la signalisation routière et le
contrôle l'observation de la limitation de vitesse surtout dans les zones
à risque.
Quelque 5 000 personnes sont tuées par an des suites
d'accidents sur les routes dans les
huit pays membres de l'UEMOA. « Les systèmes
d'information sur le niveau de sécuritéroutière
au niveau de l'UEMOA ne sont pas bons », a déclaré
Gouali Emmanuel YORO,
responsable de la sécurité routière à
la Commission de l'UEMOA à Ouagadougou.
« Mais on a une moyenne de 30.000 accidents par an avec
à peu près 50.000 blessés et 5.000 tués environ
dans l'espace communautaire », a ajouté M. Yoro cité par le
site officiel du gouvernement togolais. De plus, ces chiffres sont «
totalement en deçà de la réalité », selon M.
Yoro. Le mauvais état des routes, les fautes humaines, le mauvais
entretien des véhicules, des réglementations insuffisantes et peu
appliquées sont les principales raisons de cette hécatombe, selon
cet expert. L'idée est de remettre les routes en l'état et d'en
construire d'autres de façon à avoir un réseau routier qui
permette à l'ensemble de l'espace d'être opérationnel au
plan économique.
A titre indicatif, le 15 novembre 2008, un car transportant 92
personnes, soit 27 de plus que sa capacité, avait quitté
Koudougou (Burkina Faso) pour San Pedro (Côte d'Ivoire) lorsqu'il est
entré en collision avec un camion transportant du sucre à Boromo
(Burkina Faso) faisant 69 morts. Cet accident est considéré comme
l'un des plus meurtriers de ces dernières années en Afrique de
l'ouest.
En définitive, si le réseau routier est
amélioré en termes de qualité et si les conducteurs sont
mieux outillés dans le respect des signalisations, le dernier
défi auquel devra faire face l'Union est l'insécurité
liée au grand banditisme.
B. L'insécurité liée aux bandes
criminelles
Un des défis à lever en matière de
sécurité des usagers de la route reste la prolifération
des bandes organisées. Les braquages deviennent depuis les années
1990 de plus en plus
fréquents sur les routes communautaires. C'est pourquoi
les Etats doivent faire face à cette question afin d'en trouver des
solutions autant en leur sein qu'au niveau communautaire.
La mise en place des convois escortés dans le cadre du
projet « Solidarité sur la mer » du Port Autonome de
Lomé en partenariat avec les pays de l'hinterland est de ce point de vue
une initiative à encourager et à étendre. On note
d'ailleurs sur ce point que tous les pays se sont conjointement engagés
dans cette perspective. C'est pourquoi, dans la coopération des services
de sécurité des huit Etats de l'UEMOA, la collaboration
frontalière occupe une place importante et permet aux forces de
sécurité des différents pays de relayer leurs
collègues dès qu'ils convoient les camions jusqu'à leur
entrée sur le territoire voisin. Un renforcement de cette
coopération peut passer par la mise en place d'un mécanisme
efficace de financement des structures chargées de la
sécurité routière dans les Etats, la création et/ou
le renforcement dans les Etats de l'Union d'un organe national de
sécurité routière regroupant les structures
administratives et les partenaires privés.
En ce sens, le Conseil des Ministres en charge des transports
de l'Union a pris acte des préoccupations exprimées par la
Commission de l'UEMOA relatives à l'insécurité
routière grandissante dans l'espace de l'Union. En effet, le Conseil a
été informé de ce que 90% des victimes d'accidents de la
route sont concentrées dans les pays à revenu faible et moyen,
notamment les Etats membres de l'UEMOA qui ont enregistré pour
l'année 2007, 32 tués pour 100 000 habitants, bien au-delà
de la moyenne mondiale qui se situe à 18 tués pour 100 000
habitants. Le Conseil a noté que cette situation préoccupante
s'explique par la faiblesse des dispositifs nationaux de maîtrise et
d'amélioration de la sécurité routière. Le Conseil
a donc jugé pertinent d'examiner les projets de textes communautaires de
sécurité routière proposés par la Commission et qui
visent à harmoniser les domaines de gestion nationale et
régionale de la sécurité routière et d'audit de
sécurité routière.
Mauvais état des routes, grand banditisme et mauvaise
formation des conducteurs se conjuguent pour faire des routes africaines, en
général, et celles de l'espace UEMOA en particulier, les plus
meurtrières du monde. Ainsi, selon le Global Road Safety Partnership, en
2006, on a dénombré 339 décès pour 10 000
véhicules en Afrique contre 2,3 décès pour le même
nombre de véhicules dans les 10 pays les plus motorisés du monde.
L'option faite dans l'UEMOA de moderniser la route et ses moyens devrait
permettre de réduire ces seuils alarmants.
Dans l'ensemble, la rentabilisation des transports routiers
dans l'espace UEMOA passe par la capacité de l'Union à surmonter
les difficultés d'ordre institutionnel, de mise en place et d'entretien
des routes, de fluidité des transports et de sécurité pour
les usagers. Dans
un cas comme dans l'autre, le financement apparaît comme la
principale difficulté à résoudre. Toutefois, la
volonté politique et le choix de l'approche paraissent tout aussi
pertinents.
Dans cette logique, l'Union doit, plus que par le
passé, souscrire à une approche participative qui associe
directement les bénéficiaires à toutes ses initiatives.
Elle se fonde sur le secteur privé et les collectivités
décentralisées comme nouveaux acteurs dans la gestion de la
route. C'est ce qui soulève la question de l'harmonisation des
politiques sectorielles dont celle de l'aménagement du territoire
communautaire.
Cependant, il est à retenir aux termes de cette partie
que, autant les transports routiers jouent un rôle de premier plan dans
le développement et l'intégration des huit Etats de l'UEMOA,
autant ils font face à des défis multiples. Mais compte tenu de
leur caractère primordial dans la vie économique et sociale de
l'Union, les transports routiers doivent, plus que jamais, devenir la
priorité dans la construction de l'espace communautaire. C'est seulement
à ce prix que l'on en tirera le plus grand profit afin que les citoyens
de l'espace UEMOA se sentent collectivement membres de cet ensemble qui se veut
homogène et en bâtir un destin commun.
CONCLUSION GENERALE
L'étude faite sur les transports routiers et
l'intégration de l'espace UEMOA nous a permis de présenter dans
une première partie les grandes étapes de la construction de
l'espace communautaire avant de faire l'état des lieux du réseau
et des transports routiers. En ce sens, il s'est révélé
que l'UEMOA est de création récente, car datant de 1994. Elle
vise essentiellement la réalisation d'une union économique
à travers des politiques sectorielles. Fondée sur la libre
circulation des personnes et des biens, l'UEMOA s'est dotée
d'instruments juridiques de nature diverse afin de faciliter son
fonctionnement. Aussi distingue-t-on, au-delà des organes, des normes du
droit primaire et celles du droit dérivé.
Dans cet espace juridiquement organisé, il est
établi que les hommes, les services et les biens peuvent circuler sans
entraves. Encore faut-il que l'espace soit doté en infrastructures de
transports conséquentes. Dans ce contexte, la route est assimilée
au moyen de transport utilisé pour assurer le déplacement de 95%
de marchandises. En tant que tel, un état des lieux nous a permis de
présenter le faible niveau de dotation de l'espace en routes.
Ainsi, nous avons vu que l'ensemble des huit pays de l'UEMOA
sont inégalement dotés de routes. A côté des Etats
comme la Côte d'Ivoire et le Togo qui présentent des moyennes de
25,23 et 15,3 km de routes pour 100 km2 et 5,69 puis 01,7 km de
routes pour 1000 hab., survivent des pays comme le Niger et le Mali dont les
dotations en routes sont de 1,19 et 1,15 pour la même unité de
surface et 1,48 km de routes pour le même nombre d'habitants.
Globalement, il se dégage des seuils sous-régionaux
inférieurs aux normes requises pour enclencher tout processus de
développement.
On en est arrivé à conclure que l'espace UEMOA
doit pouvoir jauger l'importance des transports routiers dans sa marche vers le
développement socio-économique puis vers une intégration
réussie et durable au service des populations.
La seconde partie de notre travail a consisté à
montrer dans un tout premier chapitre le rôle des transports dans le
développement et l'intégration au sein de l'espace UEMOA. Au
terme de celui-ci, la route est apparue comme dépassant son rôle
classique d'outil de transport pour devenir un véritable outil
d'intégration et de développement.
Une approche analytique a donc permis de dresser la carte du
développement dans la zone pour en arriver à la conclusion selon
laquelle l'espace UEMOA est encore loin de ses objectifs de viabilité et
de performance économiques. A partir d'exemples précis
tirés des cas du Togo ou d'ailleurs, nous avons pu constater que le
niveau de développement dans la zone était encore faible. De
fait, les économies de la zone restent largement tributaires de
l'extérieur au regard des faibles taux
d'échanges entre les Etats de l'UEMOA. Dans cette optique, il nous
été possible de monter l'interaction entre les transports et le
développement des économies nationales et communautaire. En nous
fondant sur une étude de la Banque Mondiale, nous en sommes
arrivé à la conclusion qu'une baisse de 10% du coût des
transports engendrerait sur le continent et dans la sous-région 25%
d'augmentation du commerce.
De plus, nous avons abordé le rôle que peuvent
jouer les transports dans l'intégration physique et économique de
la zone. De ce point de vue, la route est apparue comme pouvant
réconforter l'unité nationale dans les Etats de l'UEMOA avant de
jouer son rôle dans l'intégration régionale. Ainsi, en
reliant les bassins de production aux centres urbains et semiurbains de
consommation, les routes créent des relations de
complémentarité entre toutes les régions d'un pays et une
plus-value morale qui rejaillit sans aucun doute sur la cohésion de la
Nation.
En ce qui concerne l'intégration sous-régionale,
elle tire son profit des routes viables à travers le fait que, lorsqu'on
se situe dans une analyse comparative qui distingue la sous-zone
côtière de celle sahélienne, la route reste le premier
moyen pour les pays sans littoral d'importer et d'exporter les produits
à partir des ports côtiers. Aussi, pour les pays appartenant
à une même sous-zone, les frontières vivent dans une sorte
de dualité qui laisse apparaître, d'une part, des populations
parentes à cheval sur deux territoires nationaux différents et,
d'autre part, des Etats qui veulent réduire leurs prérogatives
nationales en confiant plus de responsabilité à l'entité
sous-régionale. De cette dualité découle la
nécessité de permettre aux populations de recourir
indifféremment aux services de meilleure qualité, plus vite et
moins cher sur la base des avantages comparatifs sans se sentir liées
par leur appartenance à un pays. C'est justement la dimension que
devrait prendre l'intégration dans l'espace UEMOA afin d'en faire
profiter les hommes et les femmes qui y vivent.
La route reste donc le support physique de cette entreprise et
il y a lieu de la rentabiliser car, du fait de l'insuffisance des
infrastructures de communication, le flux des échanges commerciaux est
demeuré faible et ne représente que moins de 3% des importations
et environ 5% des exportations entre les Etats membres. La sous-région
nourrit de ce fait un véritable paradoxe. Alors que le secteur des
transports représente une part importante des investissements publics
atteignant 25 à 40% suivant les pays, il ne contribue qu'à
hauteur de 5 à 10% dans la formation du PIB.
La rentabilisation des infrastructures routières dans
l'espace communautaire doit alors passer par plusieurs grands défis
à relever. Il s'agit, entre autres, du renforcement institutionnel qui
doit permettre à l'Union de mettre en place de nouvelles institutions
tant à
l'échelle des nations qu'à celle communautaire.
Ensuite, une plus grande dotation de l'Union en infrastructures de transports
permettrait de relever les faibles niveaux qui y sont observés de nos
jours. Pour ce faire, il y a lieu d'harmoniser les projets nationaux
d'aménagement du territoire pour un meilleur équilibrage des
potentialités disponibles.
En outre, la rentabilisation des routes communautaires passe
par la résolution des difficultés inhérentes à la
fluidité des transports. Dans cette optique, l'Union doit mettre en
place une stratégie participative afin de générer des
ressources pour maintenir les routes dans un bon état. Il s'agit pour
l'Union et les Etats de considérer les autres acteurs du secteur dans la
gestion des questions liées à la route. Dans cette logique,
autant la Commission, à travers le DATC, que les Etats, à travers
les organes nationaux des transports routiers, devraient associer les
partenaires tels que les conseils nationaux des chargeurs, les syndicats des
transporteurs et des commerçants puis les collectivités
décentralisées (Conseils régionaux et collectivités
locales) aux comités de gestion des routes. Ce faisant, les nouvelles
structures collégiales pourraient étudier et introduire ou
étendre l'usage des postes de péages pour en adoucir les effets
nuisibles sur les usagers selon les réalités de chaque milieu.
Enfin, la question de la sécurité des usagers de
la route reste en dernier ressort un des principaux défis à
relever. En ce sens, il y a lieu de distinguer la sécurité
liée à l'état des routes, celle liée aux bandes
criminelles organisées et celle qui prend en compte la formation des
conducteurs.
S'agissant de la sécurité qui fait intervenir
l'état de la route, nous avons identifié l'entretien courant et
périodique des routes comme solution plausible à la
réduction des accidents de circulation. Sous un autre angle, la
coopération des services de sécurité des huit Etats de la
région permettrait de lutter contre les bandes organisées qui,
depuis le début des années 1990, multiplient les braquages sur
les routes. Pour contribuer à lutter efficacement contre ces bandes,
l'Union doit aider financièrement à la mise en place des
organismes interétatiques de sécurisation des transports. En la
matière, les résultats enregistrés sur le corridor
Lomé-Ouagadougou-Bamako à travers le projet «
Solidarité sur la mer » sont encourageants et ledit projet
mérite d'être systématiquement étendu sur toutes les
autres routes.
Pour ce qui est de la formation des conducteurs,
l'instauration des cours de conduite et de connaissance du code de la route
dans les programmes scolaires jusqu'au collège devrait permettre de
former des citoyens plus enclins aux questions de la route. Cette option
résoudra du coup les nombreuses insuffisances constatées dans
l'application du code de la route dans tous les pays.
Au total, à travers l'étude sur les transports
routiers et l'intégration des Etats de l'UEMOA, nous avons montré
l'importance que revêt la route dans la vie de ces Etats. Elle est de ce
point de vue l'instrument qui porte les échanges qui se
développent au sein des territoires nationaux et en même temps
l'outil qui favorise les échanges quotidiens entre les populations de
l'espace communautaire. C'est pourquoi la logique selon laquelle « la
route du développement passe par le développement de la
route » doit, plus que jamais, sous-tendre toutes les actions de
l'Union.
Pour tout dire, construire les routes devient une
nécessité pour l'UEMOA et ses Etats membres. C'est à ce
prix seulement que les Etats pourront développer le commerce
intérieur de l'Union et favoriser de façon durable la libre
circulation des personnes, des biens et des services.
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SITES INTERNET
TABLE DES FIGURES, TABLEAUX ET DES CARTES
N° d'ordre
|
Titres
|
N° de pages
|
|
FIGURES
|
1
|
Densité de population dans les pays de l'UEMOA
|
20
|
2
|
Densité du réseau routier en km pour 100
km2 par pays de l'UEMOA
|
21
|
3
|
Densité du réseau routier en km pour 1000
habitants
|
22
|
4
|
Etat du réseau routier par Région et par nature des
routes
|
26
|
5
|
PNB/hab. dans les pays de l'UEMOA
|
42
|
6
|
IDH dans les pays de l'UEMOA
|
45
|
|
TABLEAUX
|
1
|
Disparités pays côtiers/pays sahéliens en
matière d'infrastructures routières dans l'espace UEMOA
|
23
|
2
|
Coûts des barrages routiers illégaux sur quelques
axes de l'espace UEMOA
|
29
|
3
|
Fréquence des postes de contrôles sur quelques axes
routiers entre 1999 et 2000
|
30
|
4
|
Principaux déterminants des pertes induites par les
barrages routiers par an
|
31
|
5
|
Esquisse d'une gestion participative de la route dans l'espace
UEMOA
|
52
|
|
CARTE
|
|
Corridors et points d'emplacement des postes de contrôle
routier au départ, aux passages frontaliers et à la destination
finale de l'UEMOA
|
28
|
TABLE DES MATIERES
N° d'ordre
|
TITRES
|
N° de pages
|
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Avertissement
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i
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Dédicace
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ii
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Remerciements
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iii
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Résumé et abstract
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iv
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Liste des sigles et abréviations
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v
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Sommaire
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vi
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INTRODUCTION GENERALE
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1
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1ière Partie
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LA CONSTRUCTION DE L'ESPACE
COMMUNAUTAIRE ET LES DIFFICULTES INHERENTES AUX
TRANSPORTS ROUTIERS
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5
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Chapitre 1
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HISTORIQUE ET OBJECTIFS DE L'INTEGRATION SOUS-REGIONALE
DANS L'ESPACE UEMOA
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7
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Section 1
|
Historique de l'intégration sous-régionale
en Afrique de l'ouest
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7
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Paragraphe 1
|
Différentes acceptions de l'intégration
régionale
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7
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A
|
Une diversité de théories
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7
|
B
|
L'application théorique à l'UEMOA
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9
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Paragraphe 2
|
Les grandes étapes de l'intégration au sein de
l'UEMOA
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10
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A
|
Les origines anciennes de l'UEMOA
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10
|
B
|
La mise en place de l'UEMOA
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11
|
Section 2
|
Le cadre institutionnel de l'intégration
sous-régionale dans l'UEMOA
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12
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Paragraphe 1
|
L'UEMOA : un ensemble sous-régional aux objectifs
multiples
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12
|
A
|
La structure et le fonctionnement des organes de l'UEMOA
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12
|
B
|
Les objectifs visés par le Traité constitutif de
l'UEMOA
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15
|
Paragraphe 2
|
Les moyens juridiques pour atteindre ces objectifs
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16
|
A
|
Les normes de premier rang.
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16
|
B
|
Les normes de second rang du droit dérivé de
l'Union
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18
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Chapitre 2
|
ETAT DES LIEUX DES TRANSPORTS ET DU RESEAU ROUTIERS DANS
L'ESPACE UEMOA
|
19
|
Section 1
|
Eléments d'analyse du réseau routier au
sein de l'UEMOA
|
19
|
Paragraphe 1
|
Un espace communautaire insuffisamment doté de routes
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19
|
A
|
Une densité de route faible
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19
|
B
|
La faiblesse des moyennes de route par habitant
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20
|
Paragraphe 2
|
Un réseau routier inégalement reparti
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21
|
A
|
Les disparités entre les Etats membres
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21
|
B
|
Disparités entre les pays côtiers et les pays
sahéliens
|
22
|
Section 2
|
Eléments d'analyse des transports routiers
communautaires
|
24
|
Paragraphe 1
|
Des transports routiers entravés par la mauvaise
qualité des
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24
|
|
routes
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|
A
|
La question de la qualité des routes entre les Etats de
l'UEMOA
|
24
|
B
|
Les réalités internes aux Etats membres de l'UEMOA
: le cas du Togo
|
25
|
Paragraphe 2
|
Les tracasseries routières : véritables
barrières à la circulation
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26
|
A
|
Les tracasseries administratives et sécuritaires
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27
|
B
|
Les implications financières des tracasseries
routières
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29
|
2ième Partie
|
ROLE DES TRANSPORTS ET DU RESEAU ROUTIERS DANS LE
PROCESSUS DE L'INTEGRATION DES ETATS DE L'UEMOA
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33
|
|
Chapitre 1
|
TRANSPORTS ET RESEAU ROUTIERS : VERITABLES OUTILS
D'INTEGRATION ET DE DEVELOPPEMENT DANS L'ESPACE UEMOA
|
35
|
Section 1
|
Rôle des transports et du réseau routiers
sur la
régionalisation dans l'espace UEMOA
|
35
|
Paragraphe 1
|
Transports et réseau routiers comme facteur d'unité
nationale
|
36
|
A
|
L'enclavement, expression géographique de la
discontinuité des réseaux routiers
|
36
|
B
|
Le concept « pays-frontière », une innovation
dans
l'aménagement des zones frontalières
|
37
|
Paragraphe 2
|
Transports et réseaux routiers comme facteur
d'intégration régionale
|
38
|
A
|
Le rôle des transports et du réseau routiers dans la
réalisation d'un ensemble communautaire homogène
|
39
|
B
|
Les transports et le réseau routiers, facteurs de la libre
circulation des personnes et des biens
|
39
|
Section 2
|
Rôle des transports et du réseau routiers
sur le
développement des Etats de l'UEMOA
|
40
|
Paragraphe 1
|
Transports et réseaux routiers dans les économies
nationales
|
40
|
A
|
La route, vecteur de liaisons entre bassins de production et
centre de commercialisation
|
41
|
B
|
La route, vecteur d'échanges entre pays côtiers et
ceux de l'hinterland
|
42
|
Paragraphe 2
|
Transport et réseau routiers dans l'économie
communautaire
|
42
|
A
|
La route, facteur d'une économie sous-régionale
intégrée
|
43
|
B
|
La route, véritable stimulateur du développement
communautaire
|
44
|
Chapitre 2
|
COMMENT VIABILISER LES INFRASTRUCTURES ROUTIERES DANS
L'ESPACE UEMOA ?
|
48
|
Section 1
|
Sur les plans institutionnel et des infrastructures
routières
|
48
|
Paragraphe 1
|
Sur le plan institutionnel
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49
|
A
|
Les réformes institutionnelles à l'échelle
nationale
|
49
|
B
|
Les réformes institutionnelles à l'échelle
communautaire
|
50
|
Paragraphe 2
|
Sur le plan des infrastructures routières
|
50
|
A
|
De la dotation en infrastructures routières de
quantité suffisante
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51
|
B
|
Des infrastructures routières de qualité
|
51
|
Section 2
|
Les défis de la fluidité des transports et
de la sécurité
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53
|
Paragraphe 1
|
La fluidité des transports routiers dans l'espace UEMOA
|
53
|
A
|
L'amélioration de l'état des routes
|
53
|
B
|
Les défis liés aux tracasseries
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54
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Paragraphe 2
|
Les défis liés à
l'insécurité
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57
|
A
|
L'insécurité liée au mauvais état des
routes et à la formation des conducteurs
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57
|
B
|
L'insécurité liée au grand banditisme
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58
|
|
|
CONCLUSION GENERALE
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61
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|
Bibliographie
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65
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|
Table des figures, tableaux et carte
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68
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Table des matières
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69
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