Dans les zones périurbaines de la Ville de Gikongoro,
la terre demeure le facteur le plus important de production et l'agriculture
demeure le secteur le plus important d'obtention de revenus pour la population.
Avec la pression démographique à la hausse et les changements des
méthodes culturales qui ne changent pas, la capacité
d'autosuffisance des exploitations se trouve en voie de régression du
fait de la réduction des surfaces agricoles utiles. Ce
phénomène s'accompagne d'une dégradation
accélérée de la surface cultivée qui est due
à l'érosion du sol et à une mise en culture permanente des
terres sans que soient prises des mesures suffisamment efficaces de maintien de
la fertilité des sols. Ainsi la gestion durable des ressources
naturelles, surtout du sol qui est le facteur principal de production agricole,
devient compromise.
Compte tenu de la faiblesse des investissements, les
perspectives de développement des activités extra-agricoles sont
très minces et la pression exercée sur les terres ne devrait pas
s'atténuer. La diminution progressive des surfaces agricoles au sein de
la famille qui s'accompagne de la diminution du temps nécessaire aux
activités de leurs exploitations provoque le chômage de la
population active et évidemment la diminution de la production agricole.
Le nombre d'exploitants périurbains qui entrent dans la catégorie
des « quasi sans terres» devient de plus en plus croissant.
A défaut de surfaces cultivables, le fait de pouvoir offrir à la
génération montante une perspective d'avenir fondée sur
l'exploitation parentale est devenu un rêve pour de nombreuses
familles.
Les méthodes et les techniques de développement
des systèmes agraires dans les paysages périurbains de la ville
de Gikongoro devraient viser avant tout à accroître la
productivité des exploitations paysannes tout en garantissant en
même temps la sauvegarde et l'amélioration du sol. Les
recommandations proposées sont résumées en quatre domaines
:
· L'intensification des modèles de production
existants : l'intensification doit être orientée vers
l'accroissement de la productivité physique ou financière
comprenant les cultures, l'élevage et d'autres activités
productives à travers le renforcement de certaines mesures comme
l'utilisation des intrants agricoles suffisants, introduction des
variétés ou des races améliorées pour un meilleur
élevage en stabulation. Tout cela doit être accompagné
d'une meilleure gestion agricole par des pratiques adaptées de
contrôle de l'érosion.
· L'augmentation de la valeur ajoutée des produits
agricoles notamment par :
o La technologie alimentaire qui permettrait une conservation
plus
longue et une meilleure richesse alimentaire.
o La transformation qui permettrait de remplacer les produits
importés
(les vins, confitures, pâtes, chaussures, ceintures,
sacoches de peau).
o L'élevage en stabulation qui fournirait à
Gikongoro du lait et de la viande
nécessaire ainsi que le fumier aux exploitations
agricoles,
· Encourager la recherche de revenus hors de
l'exploitation agricole grâce à certaines activités non
agricoles qui permettent d'augmenter la capacité économique des
ménages périurbains de la ville de Gikongoro. Ceci ne sera
possible que si les agriculteurs sont encouragés et initiés
à l'accès et à l'utilisation des micro-crédits.
· Renforcer les mesures de mise en disposition des
agriculteurs des explications concernant les méthodes techniques,
commerciales et institutionnelles prises, par exemple la stabulation des
vaches, la régionalisation des cultures pour que la compréhension
de leur importance encourage elle-même la mise en place et la
réussite de ces méthodes.
· Introduction des nouvelles technologies de l'information
pour améliorer la production ainsi que la commercialisation des produits
agricoles.
Tout cela ne serait possible que si l'accent est mis sur
l'éducation en général et en particulier sur la formation
professionnelle formelle dans les CFJ ou informelle sur le tas. Ce
développement du capital humain permettra de diminuer le nombre de la
population plaçant leur avenir dans des petites unités familiales
de production et de prendre des mesures pour certaines contraintes qui
entravent le développement du monde agricole comme la dégradation
du sol et la démographie galopante.