CONCLUSIONS
Afin de confirmer ou infirmer notre hypothèse de
recherche, nous nous référons à :
o l'analyse sur l'état des lieux de la médiation en
Suisse romande; o l'analyse du modèle de service de médiation
vaudois;
o l'analyse qualitative sur les effets de la médiation.
Nous estimons que la médiation institutionnelle ne
prévient pas aussi radicalement que nous le présupposions le non
respect des droits du patient, mais qu'elle y contribue sous réserve des
conditions suivantes :
1. les textes de loi prévoient l'ensemble des
conditions requises pour l'instauration d'une instance de médiation
telle que décrite par Jean-Pierre Bonafé-Schmitt :
? indépendance, impartialité,
absence de pouvoir et mode d'action communicationnel du tiers;
2. la mise en oeuvre de la médiation institutionnelle
s'apparente à l'approche normative définie par Jacques Faget :
? processus de construction ou de
réparation du lien social et de gestion
des conflits qui invariablement repose sur la posture du
médiateur;
3. la notion de confidentialité est respectée;
4. la médiation est accessible en mode de saisine
directe;
5. les deux parties montrent une volonté réelle de
résoudre le conflit : ? absence d'hostilité,
sincérité, humilité.
Lorsque l'ensemble de ces pré-requis est
présent, les conditions processuelles et l'agir communicationnel du
tiers créent un espace d'expression particulier dans lequel
s'opèrent des transformations psychologiques et cognitives qui
affermissent les capacités d'autodétermination et de
responsabilisation des parties. Forts de ces nouvelles compétences
sociales et informés de leurs droits, les patients ou leurs proches
s'assureront à l'avenir de participer activement au projet de soins et
revendiqueront auprès des professionnels de la santé le respect
de ces droits. Quant à ces derniers, c'est par la reconnaissance de
leurs manquements et leurs engagements concrets qu'ils participeront activement
au développement d'une prise en soins individualisée et
établiront une relation équitable et bienveillante avec leurs
patients.
Au travers de notre recherche, nous avons pu montrer que la
médiation est une démarche éthique qui contribue à
la reconnaissance réciproque, à la paix sociale, à
l'humanisation des relations soignants-soignés et à la
démocratisation du domaine sanitaire.
La crise identitaire que traversent aujourd'hui les soignants,
ajoutée aux besoins légitimes des patients et à leurs
attentes parfois démesurées à l'égard d'une figure
«Toute puissante» de la médecine, est source de
conflictualité qui va croissante. En témoigne la juridicisation
des conflits qui rompt tout canal de communication, engorge les tribunaux et
laisse fréquemment les plaignants dans l'insatisfaction par le
classement sans suite de leur dossier.
Au même titre que la santé, l'état
d'équilibre précaire des rapports sociaux dans ce domaine
complexe en mutation demande à se stabiliser pour le bien-être et
l'épanouissement de tous. Les progrès de la médecine et
l'apparition des droits des patients appellent la société
à réinventer une relation thérapeutique basée sur
un équilibre des pouvoirs et des responsabilités. La culture
paternaliste a vécu; il s'agit aujourd'hui de passer à une
culture en partenariat dont les pierres angulaires sont la transparence, la
confiance, l'équité, la bienveillance et le respect mutuel.
Par ses effets apaisant et pédagogique, nous sommes
convaincus du bienfondé du développement de la médiation
sanitaire dans cette période de mutation sociale. Cependant, nous avons
constaté une méconnaissance de celle-ci au sein de la
collectivité, tant du point de vue de sa définition que de ses
nombreux avantages. Trop souvent comprise dans le sens d'un moyen amiable de
gérer le conflit ou confondue avec l'approche juridique ou
conciliatoire, il s'agira pour nous de réfléchir à la
manière de promouvoir la culture de la médiation sanitaire dans
notre canton et de proposer, le moment venu, un modèle de service proche
du Bureau cantonal de médiation santé vaudois, ceci dans
l'intérêt général.
L'idéal serait de sensibiliser parallèlement les
politiques, les corporations professionnelles et la population afin que les
intérêts convergent vers un projet pérenne.
Conférences, présentations, articles de presse,
cours de sensibilisation ou encore théâtre forum selon la
méthode d'Augusto Boal sont autant d'outils de diffusion potentiels.
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