3.6. Les limites de la médiation
L'hostilité et l'indifférence aux
préoccupations de l'autre, manifestées par certaines attitudes et
comportements obligent parfois la médiatrice à mettre fin
à la séance de médiation.
Les manifestations inhibitrices de la médiation se
caractérisent chez les professionnels par :
o «un manque d'authenticité et
d'humilité;
o une impossibilité de se remettre en question et
d'améliorer ses prestations (relationnelles et/ou techniques);
o un manque de volonté à résoudre
durablement les problèmes énoncés et à faire
évoluer ses propres comportements et/ou voire ceux de
l'équipe108».
Concernant les plaignants, nous retenons les attitudes et
comportements inadéquats suivants :
o «non-observation des règles et principes de
participation : manifestation exacerbée et prolongée de
colère, manque d'écoute, refus d'entendre les explications
données, impossibilité de progresser, difficultés à
accepter les excuses;
o tendances manipulatrices et fausses accusations à
l'égard des médecins dans l'espoir d'obtenir des
indemnités financières;
o méfiance persistante et enfermement dans des
scénarios très négatifs [...] entraînant un rejet
des explications données;
o désir de prolonger une situation dramatique qui
semble être une raison de vivre ou un moyen de survie;
o incapacité à changer d'avis ou à
adopter le point de vue de l'autre;
o comportement paradoxal : satisfaction à l'issue de
la médiation, puis refus de signer l'accord109».
108 BCMS, Rapports d'activités 2004, 2005, 2006,
2007
109 C. Thouverez, «Présentation du fonctionnement
et de l'activité du BCMS», cours IUKB, 2007, p. 8
D'autre part, les plaintes émanant de personnes
atteintes d'une pathologie psycho-organique qui contestent leur traitement ou
leur hospitalisation forcée à des fins d'assistance posent la
question de leurs facultés de discernement et des risques pour
eux-mêmes et autrui. L'analyse de situation demande une approche
particulièrement prudente :
«Réflexion et précaution s'imposent
d'autant que des démarches ont parfois
étéentreprises conjointement par les médecins
psychiatres auprès de la Justice de Paix, en cours d'hospitalisation,
afin de renforcer la protection du patient110».
Dans ces cas de figure, une proposition de médiation n'est
simplement pas envisageable.
Enfin, par manque de structures spécifiques dans le
canton, certains patients psychiatriques de 40 à 60 ans résident
dans des EMS dont la moyenne d'âge dépasse les 80 ans. Ces
personnes ressentent une profonde injustice qui les motive à
déposer plainte au BCMS. La problématique étant
liée à des orientations politiques, une médiation ne
remédierait pas à leur condition de vie pénible.
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