Le Cameroun est situé dans une zone
épidémiologique propice à l'éclosion de
l'endémie palustre. Il se trouve dans une zone rouge climatique
d'adéquation maximale pour la transmission du paludisme. La
diversité climatique, géographique et culturelle du Cameroun fait
d'elle une Afrique en miniature. Ce statut est aussi vérifié par
la presque représentativité de tous les faciès
épidémiologiques au niveau du Cameroun.
Vu que les différents faciès
épidémiologiques définissent un ensemble de lieux dans
lesquels le paludisme présente les mêmes caractéristiques
de transmission, de développement de l'immunité et de
manifestations pathologiques, et au vu des effets négatifs que produit
le paludisme, une connaissance de la transmission du paludisme pourra aider
à mieux orienter les actions de lutte contre cette maladie
endémique dans chaque région du Cameroun à des
périodes précises afin de l'éradiquer ou tout au plus
atteindre les objectifs définis dans le PSNLP. Il serait donc
intéressant d'examiner et d'analyser la transmission du paludisme au
Cameroun pour apporter un élément de solution à ce
problème.
La dernière étude menée par l'OMS, RBM,
MARA a permis de segmenter le pays en plusieurs faciès
épidémiologiques. Cependant, cette étude date de 1999.
Après une décennie marquée par diverses interventions du
PNLP, après les changements climatiques dont subit le monde et le
Cameroun en particulier, il s'agit de s'interroger sur l'impact potentiel de la
transmission du paludisme dans les différents faciès.
Mais avant de répondre à cette
préoccupation, il serait judicieux pour nous de faire un inventaire des
aspects théoriques relatives à notre étude.
La transmission et la saisonnalité du paludisme au
Cameroun reste mal connues. Si les niveaux d'endémicités
palustres en milieu urbain sont plus faibles qu'en milieu rural, la croissance
de la population et l'hétérogénéité spatiale
des régions du Cameroun sont telles que le risque d'infection palustre
et tout ce qu'il entraîne (maladie, mortalité) diffère
selon les faciès épidémiologiques et les périodes
de l'année.
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Rapport rédigé par Nankia Djoumetio Sandrine,
Elève ingénieur d'Application de la Statistique
3ème Année.
Les recherches biométéorologiques ont
démontré que la pluviométrie favorise les sites de
reproduction des moustiques et augmente l'humidité ambiante, ce qui
améliore la survie des moustiques responsables du paludisme.
Les variations géo-climatiques permettent de diviser
le Cameroun en trois principaux faciès épidémiologiques de
paludisme1 :
- Le faciès soudano-climatique dans le nord du
Cameroun : elle se trouve dans la région de l'Extrême-nord et une
grande partie de la région du Nord. La transmission dure 1 à 3
mois et est perceptible pendant la période pluvieuse (Septembre,
Octobre, Novembre).
- Le faciès des plateaux intérieurs de savane:
elle se trouve dans les régions de l'Adamaoua et une petite partie du
Nord et correspond à la zone de savane boisée de l'Adamaoua et de
la Bénoué. Elle est caractérisée par une saison de
pluies et une saison sèche. La transmission dure 4 à 6 mois et
est intense pendant la période pluvieuse.
- Le Faciès équatorial forestier du sud
Cameroun : elle se trouve dans toute la grande partie Sud Cameroun. La
transmission du paludisme dure 7 à 12 mois. La pluviométrie y est
abondante (jusqu'à 5 000 mm). On y distingue quatre saisons : deux
saisons de pluies et deux saisons sèches. Le réseau
hydrographique est dense et les principaux fleuves sont : le Wouri, la Sanaga,
le Nyong, le Ntem, la Ngoko et le Kadeï.
Il existe également des biotopes particuliers donnant
lieu à des faciès épidémiologiques
spécifiques: les hauts plateaux de l'ouest, la zone de transition
savane-forêt, la zone littorale, les zones urbaines, les abords des
barrages et les zones de rizières.
La transmission du paludisme par l'anophèle femelle
à l'homme ne se fait pas de manière uniforme tout le long d'une
année ; ceci est dû en partie aux conditions climatiques qui
influencent le cycle de vie du vecteur.
Les études entomologiques disponibles
révèlent qu'au Cameroun, la dynamique de la transmission se fait
suivant trois principales modalités2 :
- transmission continue dans la zone forestière du sud
où les taux d'inoculation3 sont de l'ordre d'une centaine de
piqûres infectantes par homme par mois ;
1 www.afro.who.int/omscam/paldepidem.html
2 Plan stratégique National de lutte contre le
Paludisme au Cameroun 2007-2009,PNLP, P.46
3 S'utilise essentiellement pour traduire la
pénétration dans l'organisme de germes ou de toxines. (
www.vulgarismedical.com/encyclopedie/incoculation-2532.html)
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Rapport rédigé par Nankia Djoumetio Sandrine,
Elève ingénieur d'Application de la Statistique
3ème Année.
- transmission saisonnière longue (6 à 9 mois)
dans les zones du centre du pays
(Plateaux de l'ouest et Adamaoua) : La transmission est intense
pendant la période
pluvieuse et peut atteindre une vingtaine de piqûres
infectantes par homme par mois ;
- transmission saisonnière courte (3 à 4 mois)
dans la zone soudano sahélienne du nord
où les taux d'inoculation sont, durant la courte saison
des pluies, en moyenne de 10
piqûres infectantes par homme par mois.
Du rapport d'activité 2008 du PNLP1, il
ressort d'une analyse temporelle, le nombre de cas de paludisme qui permet de
constater que la transmission du paludisme en 2008 a deux pics : Un premier pic
entre Avril- Mai et un deuxième en Septembre-Novembre.